La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique( Télécharger le fichier original )par Camille Favre Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007 |
3.3 Les lieux communs de l'érotisme.Après avoir survolé rapidement l'histoire des débuts de la photographie érotique, il est temps de voir en quoi nos pin-up possèdent des traits communs avec celle-ci. On retrouve tout d'abord l'utilisation presque systématique des mêmes accessoires de séduction : chaussures à talons, bas, jarretière et ensuite porte-jarretelles, sous-vêtement en dentelles (Ill. 13, 14, 15, 16)... De même les thèmes des mises en scène sont communs : femmes se regardant dans un miroir (Ill. 17, 18), jeune soubrette (Ill. 19), femme déguisé en petite fille (socquettes, présence d'un cerceau...), secrétaire, institutrice ou écolière (Ill. 20), vêtements de marin rendu sexy, exotisme (costumes orientaux) (Ill. 21), présence d'animaux de compagnie (petit chien ou chat), mariée se préparant, scène de bain (Ill. 22), de voyeurisme (Ill. 23) ou saphisme (Ill. 24)... Il est important de souligner qu'il faudra attendre les années 1910 pour que les hommes apparaissent plus souvent dans les photographies pornographiques, et contrairement au corps féminin, le corps masculin est rarement entièrement nu. C'est dans les intitulés des séries photographiques ou des albums que l'on retrouve le monde léger et insouciant des pin-up. Nous avions remarqué que l'humour provenait également des légendes ou titres accompagnant les dessins de pin-up. Elles s'inscrivent dans le sillage des photographies, où le texte renforce l'érotisme de la mise en scène. Sans pour autant être triviaux ou graveleux, les mots sont coquins, allusions sexuelles implicites ou explicites : Sous la robe (1925), L'Eve moderne (1925), Le dernier voile (1926), Les bas de soie de Mlle Enigme (1927), Le coucher de la mariée (1927), Ma chemise trop courte (1927), Mademoiselle sans culotte (1928), Parisette écolière (1928), Une effrontée (1928), Chemises transparentes (1929), Au dessus de la jarretière (1929), Gamine charmante (1929), Ma chemise trop fendue (1929), Parisienne en pantalons (1929), Le jardin de ma voisine (1929), Exubérante dactylo (1929), Audacieux maillot (1930), Grain de poivre (1930), Pantalon récalcitrant (1930), Jarretelles de satin noir (1930), Pour lire à l'aise (1930), Le bain (1930), Une jolie girl (1930), A chat perché (1930), La panne d'auto (1930), Princesse indoue (1930), L'oeil en coulisse (1930), Ma chemise vous gène t-elle ? (1930), La beauté du site (1930), L'école buissonnière (1930), Pagne improvisé (1930), Une secrétaire évaporée (1930), L'accident du maillot (1930), Maillot trop étroit (1930), Jeux innocents (1930), Piquante soubrette (1933), Nuits de Chine (1933), La prière d'une vierge (1933)26(*). Ainsi nos pin-up dessinées s'inscrivent bel et bien dans une certaine tradition de l'art érotique par ses codes esthétiques (corps idéalisés, joues rouges, chevelures abondantes) par ses accessoires (bas, chaussures à talons, parures, miroir) et par ses mises en scènes (scène de bain, exotisme). Tout autant, elles puisent aussi leurs racines dans la production française de photographies érotiques et pornographiques de la fin XIXe et du début du XXe siècle. La pin-up joue alors avec les signes de séduction et d'érotisme selon les codes conventionnels. * 26 Toutes les photographies citées ont été réalisées par Yva Richard. |
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