La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique( Télécharger le fichier original )par Camille Favre Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007 |
3.2 Les débuts de la photographie érotique.L'iconographie de la pin-up est aussi à mettre en lien avec la photographie érotique ou pornographique. Avec l'invention de la photographie, au cours du premier tiers du XIXe siècle, l'ère technique comble l'envie d'images d'une bourgeoisie dont le pouvoir économique s'est renforcé. A une époque où la machine à vapeur met sa force au service de la production capitaliste, où les métiers à tisser mécaniques remplacent de plus en plus la main d'oeuvre humaine et où le chemin de fer se prépare à relier des régions éloignées, offrant à l'homme une plus grande mobilité, les procédés manuels comme le dessin, la gravure ou la lithographie doivent paraître quelque peu dépassés. De plus, ces techniques manuelles, et donc largement subjectives, ne correspondent plus tellement l'esprit de ce siècle rationaliste et positiviste qui aspire à une vision objective du monde. L'utilisation de ces nouvelles technologies induit alors une volonté de modernisme. On considère que l'ère de la photographie commence en 1839. Force est de constater que les premières décennies de la photographie érotique sont essentiellement françaises. La première photographie de nu date environ de 184424(*). Quelques 5000 daguerréotypes* à caractère érotique sont réalisés jusque vers 1860, principalement à Paris. Obtenus par un procédé directement positif, et donc en exemplaire unique, leur prix est élevé. La photographie érotique est donc tout d'abord réservée à une haute bourgeoisie. Mais les artistes comprennent vite que les photos, les nus en particulier, peuvent constituer un précieux outil de précision anatomique et gestuelle, tandis que les amateurs trouvent leur bonheur, souvent clandestin, dans les figures qualifiées d' « obscènes ». Contre l'idée que « le nu... serait, en photographie, inavouable25(*) », la seconde moitié du XIXe siècle s'adonne avec diligence au nu dit académique, sous de studieuses appellations : Etude académique, Etude de nu, manière de contourner ou d'esquiver la charge de sensualité que le nu, masculin ou féminin, de dos ou de face, véhicule. En parallèle, une abondante production érotique se développe, due aux perfectionnements techniques apportés au procédé négatif-positif permettant de tirer des épreuves bon marché et en grande quantité. Mais cette production fait l'objet d'une législation répressive visant aussi bien les photographes et les modèles que les distributeurs ; les premières condamnations pénales tombent en France dès 1851. L'arrivée de la carte postale entraînera une production de masse de la photographie érotique et pornographique et une multiplication de ses sujets : nu ethnologique, pathologique (gros plan des organes sexuels), scènes homosexuelles, coït, sodomie, masturbation, scènes sado-masochistes.... * 24 KOETZLE Michael, A History of Erotic Photography from 1839-1939, Paris, Taschen, 2005, p.37. * 25 Idem, p.40. |
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