2. Les magazines féminins.
2.1 La règle esthétique...
La construction et la manipulation de l'image du corps
recréent un éternel féminin selon les besoins du
marché, tout en culpabilisant et en marginalisant ceux qui
s'éloignent de ces canons. Alors que les images de pin-up envahissent la
presse masculine et la publicité, on retrouve ces mêmes images
dans la presse féminine. Celle-ci utilise les pin-up, de manière
directe, avec les dessins de mode ou la publicité. Mais la pin-up
apparaît aussi dans cette presse, en filigrane, de manière
insinueuse. L'analyse de nombreux articles (conseil beauté, conseil
séduction) de magazines féminins classiques : Elle,
Cosmopolitan, Marie Claire, Vogue, souligne bien la correspondance de
ceux-ci avec les caractéristiques de la définition de la pin-up.
Cette dernière est bel et bien présentée comme le
modèle féminin à imiter ou à atteindre. Les pin-up
deviennent le modèle des femmes, corps et accessoires,
re-féminisée de parfums, de mode, et de produits de beauté
qui saturent les pages des magazines.
La pin-up atteint le statut de citoyenne-modèle, telle
que la société marchande la redéfinit à partir de
la Seconde Guerre Mondiale, notamment avec la mise en place d'élection
de miss ou élection de pin-up. Il faut signaler ici que le terme pin-up
sert à qualifier à la fois des figures humaines inanimés,
les mannequins top-modèle ou les miss. Les trois procèdent
peut-être de la même dépersonnalisation de l'individu :
elles s'effacent derrière leur corps.
Avec la pin-up, la jeunesse et la féminité se
trouvent alors élevées au rang d'idéaux régulateurs
de l'intégration, de normalisation et d'uniformisation. Elle s'ancre
durablement comme modèle féminin et marquera durablement les
nouvelles représentations féminines à partir des
années 70 comme nous le verrons plus tard.
La conformité esthétique devient pour les femmes
un moyen spectaculaire de renouveler leur allégeance à l'ensemble
des règles reconnues par le corps social. La mise en place, à
partir des années quatre-vingt, de l'industrie proliférante de la
chirurgie esthétique en est un exemple frappant. La beauté est
conçue comme une conformité esthétique et non comme
l'association agréable chez une femme de particularités
très personnelles. Dès lors ce n'est pas seulement le
résultat esthétique de l'effort de conformité qui compte
mais l'effort lui-même. La règle esthétique se double donc
d'une règle sociale. Les magazines féminins structurent leurs
discours esthétiques autour de l'idée centrale de
conformité, et celle-ci évolue selon les modes
esthétiques.
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