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La pin-up et ses filles: histoire d'un archétype érotique

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par Camille Favre
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 Histoire des civilisations modernes et contemporaines 2007
  

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III. La Seconde Guerre Mondiale : l'âge d'or des pin-up.

La Seconde Guerre Mondiale représente dans l'histoire de la pin-up un moment de cristallisation. Cette période peut être qualifiée d'âge d'or de la pin-up puisque celle-ci envahit rapidement tous les lieux possibles sous différents formats et supports. Dans le premier volet, nous nous étions penchés sur la presse, et particulièrement la presse à soldats, les véhicules militaires et les dessins animés. Nous reparlerons ici du support « avions », partie en mettre en relation avec l'Annexe 1 qui comporte de nombreuses biographies d'artistes du Nose Art ; mais tout d'abord nous évoquerons deux supports plus originaux : le tatouage et la bande dessinée.

1. Le tatouage.

1.1 Un art particulier.

Avant la fin du XIXe siècle, les tatouages pratiqués sur la peau sont le fait d'une petite minorité : aristocrates et marins, soldats professionnels, surtout en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, ailleurs par des groupes de marginaux, prisonniers, bagnards, membres de la pègre, forains et gens du cirque53(*). La plupart des motifs sont réalisés par des amateurs travaillant dans la clandestinité ou par des praticiens occasionnels. Beaucoup sont réalisés par des hommes sur eux-mêmes, comme témoigne le grand nombre de tatouages localisés sur le bras gauche. La technique reste rudimentaire, douloureuse et risquée. Les aiguilles sont bricolées ou remplacées par la lame d'un rasoir. Le colorant de base est obtenu à partir de « produits de fortune, comme le charbon de bois pilé mélangé avec de l'eau savonneuse, de la suie, du noir de fumée déposé de la flamme d'une bougie sur un morceau de verre, avec adjonction de salive, de caoutchouc brûlé et même du cirage54(*) ». La couleur est rarement utilisée et le noir prend rapidement une apparence bleutée.

On commence à enregistrer les progrès dans l'exercice de cette pratique avec le nombre croissant de visiteurs, de marchands, de diplomates, et de marins qui se rendent au Japon, depuis que les frontières de ce pays s'ouvrent plus facilement aux étrangers, à partir de la fin du XIXe siècle. Certains, dès leur retour, tentent de s'inspirer des techniques des tatoueurs japonais dont l'habilité leur permet de réaliser des motifs élaborés et colorés, en utilisant un outillage d' « aiguilles d'ivoire de la taille d'un crayon, taillées et peintes55(*) ». Ils se mettent à fabriquer des aiguilles d'acier aussi fines et efficaces, et les plus doués réussissent à leur tour à utiliser des couleurs : « après une longue recherche, les tatoueurs ont découvert un bleu permanent ultramarine et un beau vert, tous les deux parfaitement sans danger pour la peau, et ils exercent patiemment sur leur propre corps à la mise au point d'un jaune et d'un ton lavande56(*) ».

Mais c'est l'invention de la machine à tatouer électrique en Allemagne, exportée en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, et plus tard en France, et fabriquée en série dans les années 1880 qui révolutionne cette pratique : « Elle constituait à l'origine en trois aiguilles parallèles vibrant dans un tube de cuivre actionné par les pousses d'un électro-aimant relié à une petite batterie. Une machine plus perfectionnée permet ensuite d'accélérer la phase de remplissage du dessin57(*) ». Avec la diffusion de cet instrument, le tatouage peut devenir une activité commerciale légale. L'opération devient rapide, pratiquement indolore, du moins par comparaison avec ce qu'elle est auparavant, y compris avec les aiguilles de métal ou d'argent utilisées par les praticiens les plus scrupuleux. Les règles d'hygiènes sont respectées, chaque aiguille étant désinfectée à l'alcool ou à la flamme après chaque opération. De plus la qualité du graphisme s'en trouve considérablement améliorée : le tracé est plus sûr et plus régulier, les pigments plus nombreux, les aiguilles pouvant chacune comporter une teinte différente.

Les motifs représentant des femmes ont toujours été parmi les plus nombreux : sirènes au bras levé au dessus de leur tête, geishas en kimono, indigènes faisant la danse du ventre, Espagnoles aux grandes boucles d'oreilles, filles de la rue en jupe fendue assise devant un verre d'absinthe (Ill. 40, 41, 42, 43). A présent, ces images commencent une nouvelle carrière, proposées à des clients recrutés hors des cénacles étroits auxquels elles étaient réservées. Ainsi, les images de femmes sur les tatouages sortent à leur tour de la semi clandestinité qu'elles avaient connue. Elles ne sont plus cantonnées dans les arrières-salles de cafés de ports, les boutiques louches des quartiers mal famés, ni, à l'inverse, aux clubs fermés fréquentés par l'aristocratie anglaise et américaine58(*). Depuis l'introduction des machines à aiguilles électriques, cette activité se professionnalise et le nombre de praticiens ne cesse d'augmenter. Cela se traduit par l'ouverture de nombreux établissements ayant pignon sur rue et que les contemporains comparent à des « salons de coiffure pour hommes, croisés avec un studio de photographies59(*) ». Et à la manière de ces métiers anciens et reconnus, les tatoueurs prennent l'habitude d'exposer des exemples de leurs oeuvres dans les vitrines et sur les surfaces des pièces où ils pratiquent leur art.

* 53 MARY Bertrand, La pin-up ou la fragile indifférence, Paris, Fayard, 1983, p.78.

* 54 CARUCHET William, Tatouage et tatoués, Paris, Tchou, 1976, p.144.

* 55 GOTCH Christopher, SCUTT R.W.B, Skin Deep ; The mystery of tattooing, Londres, P. Davis, 1974, p.53.

* 56 BURCHETT Wilfred, Memoirs of a Tatooist, Londres, Pan Book, 1960, p.42.

* 57 GOTCH Christopher, SCUTT R.W.B, «op. cit.», p.16.

* 58 MARY Bertrand, «op. cit.», p.84.

* 59 CARUCHET William, «op. cit.», p.145.

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