Deux types de risque de change découlent de la
volatilité des devises à savoir:
· le risque de transaction;
· le risque de perte de compétitivité.
3.1.1 Le risque de transaction
Le risque de change découle des délais de
paiement. Les taux d'échange entre les monnaies peuvent fluctuer entre
la négociation du contrat et la date de paiement.
Le risque de change peut être qualifié d'incertain
ou de certain.
3.1.1.1 Le risque incertain
Le risque couru est synonyme d'incertitude. Cette incertitude
peut être positive ; on parle alors de « gain », lorsque par
exemple (pour un importateur) la valeur de la devise de facturation diminue par
rapport à celle de la monnaie nationale. Si au contraire l'incertitude
est négative, ce sera une « perte ».
3.1.1.2Le risque certain
Le risque de change est qualifié de certain lorsqu'il
porte sur une opération effectivement en cours (comme un contrat
déjà conclu) et il est donc aléatoire s'il porte sur des
positions de changes éventuelles comme des devis ou des offres faites
par le fournisseur. Ce risque dépend de la position de change de
l'importateur. Il doit connaître en permanence sa position de change par
devise et vérifier sans cesse son
évolution, ce qui est facilité par
l'établissement d'un tableau de la position de change. Elle est
formée par toutes les opérations effectuées en devises par
l'importateur (dettes et créances à court et à long
terme). Connaissant sa position de change, l'importateur peut alors mieux
évaluer et par la suite gérer son risque de change.
3.1.2 Le risque de perte de
compétitivité
Une variation des taux de change d'une monnaie par rapport
à une devise peut affecter la compétitivité des produits
des importateurs, les rendant plus ou moins chers.
Dans le contexte actuel d'une économie internationale
caractérisée par le flottement des devises et des fluctuations de
grande ampleur des taux de change, la gestion du risque de change devient une
nécessité. Elle a pour objet de minimiser, au moindre coût,
les pertes susceptibles d'affecter, du fait des variations des parités
ou des cours de change, le patrimoine ou les revenus de l'entreprise
libellés en monnaie étrangère42.
Dès le moment où une entreprise entend exercer
des activités internationales, elle doit s'inquiéter de la
politique de couverture à mettre en oeuvre pour se protéger
contre le risque de transaction lié aux achats futurs en devises
étrangères. De plus, il est important que l'entreprise se fixe
des « seuils de tolérance » face à ce risque. A partir
de quel moment se couvrira-t-elle ? Quel niveau de risque est-elle prête
à assumer ?
Toutefois, tenir compte du risque de change le plus tôt
possible ne signifie pas se couvrir systématiquement, mais gérer
activement son risque. Cette gestion conduira l'entreprise à
s'interroger sur la méthodologie de couverture à mettre en
oeuvre. En effet, les techniques de couverture ne doivent pas s'appliquer de
manière indifférente et uniforme aux différentes
opérations internationales. Certaines seront plus adaptées que
d'autres aux circonstances particulières, notamment par rapport au type
de fournisseur. Ces techniques, de plus, ont des coûts variés,
qu'il est également important de prendre en compte dans l'analyse de
rentabilité de l'opération concernée.
42 Ben Ezzedine W. « le risque de change:
exposition, couverture et traitement comptable. Analyse du cas tunisien »
mémoire de diplôme d'études approfondies de
comptabilité, Tunis, 2000
La gestion du risque de change comporte deux volets
distincts. Le premier concerne la détermination et la surveillance
permanente de la position de change et de l'évolution du cours des
devises. Le deuxième volet concerne la détermination d'une
politique de couverture et le choix d'une technique.
3.2.1 Le suivi des fluctuations des devises
Estimer l'évolution des taux de change n'est pas une
pratique que peut se permettre toute entreprise. En effet, estimer
l'évolution des devises suppose qu'une structure (humaine et
informationnelle) soit mise en place. Une telle solution ne peut s'envisager
que si le volume des achats en devises, pondéré par le risque de
change, atteint un niveau assez élevé pour que l'espérance
de gain comble au moins les coûts de mise en oeuvre de la structure.
L'estimation de l'évolution des taux de change peut se
réaliser à partir de trois méthodes, à savoir
l'analyse économique, l'analyse statistique et l'analyse technique
moderne.
L'analyse économique de l'évolution du taux de
change d'une monnaie se fonde sur l'observation des agrégats et des
indices économiques (le différentiel de taux d'inflation entre
les deux pays, l'écart entre les taux d'intérêt,
l'excédent ou le déficit de la balance des paiements,
l'appréciation des situations économiques, sociales,
financières, et politiques du pays ...).
L'analyse statistique permet une prévision à
très court terme et s'appuie sur le comportement passé des cours
de change.
L'analyse technique moderne fait appel à d'importantes
banques de données pour les prévisions.
3.2.2 La détermination d'une politique de
couverture
L'entreprise doit déterminer ses propres seuils de
tolérance face au risque de change de transaction pour choisir une
politique de couverture contre le risque de change. Ce choix aboutira à
une non couverture contre ce risque, à une couverture
systématique ou à une couverture sélective.
3.2.2.1 La non couverture du risque
Cette alternative peut être adoptée dans
l'hypothèse où l'entreprise traite avec des devises stables, ou
si elle reporte la totalité du risque sur son partenaire par une clause
dans le contrat. A l'inverse, certaines entreprises y recourent même si
la devise est instable, dans le but de réaliser un gain de change. Elle
correspond dans ce cas à une attitude spéculative. Dans certains
cas aussi, se protéger contre le risque de change peut coûter
tellement cher que la protection n'en vaut pas la peine. Cette attitude peut
également naître d'une méconnaissance du risque encouru.
3.2.2.2 La couverture systématique
Elle consiste à se couvrir automatiquement dès
qu'apparaît un engagement ou un avoir en devises. Cette attitude est
conseillée dans le cas où l'entreprise traite avec des
fournisseurs provenant de pays divers, offrant des devises volatiles. De
même, si les opérations envisagées sont de montants
très élevés, l'entreprise peut être amenée
à couvrir systématiquement le risque de change, toute variation
pouvant entraîner une perte importante. Cette attitude pourra se
retrouver également lorsque, pour un courant d'approvisionnement
continu, la moindre perte de change entraîne une augmentation importante
du prix de revient du produit importé.
3.2.2.3 La couverture sélective
Dans ce cas, l'entreprise décide d'une
méthodologie qui déterminera quand elle couvrira ou pas le risque
de change. Cette politique suppose l'application de critères de
sélection qui correspondent à un niveau d'acceptation du risque
ainsi qu'à une anticipation sur l'évolution des cours de change.
La couverture sélective ne doit pas être appliquée dans le
cadre d'une faible activité à l'international. Celle-ci ne peut
en effet justifier la mise en place d'une structure de gestion du risque de
change qui coûterait plus cher que les pertes probables dues aux
variations des cours des devises.