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L'appréciation des risques et spécificités liées à une opération d'importation et rôle de l'expert comptable

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par Makram ZOUARI
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax - Expertise Comptable 2008
  

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3. La maîtrise des techniques de couverture du risque de change

La maîtrise des techniques de couverture du risque de change nécessite une appréciation desdits risques pour gérer efficacement les fluctuations des devises.

3.1 L'appréciation des risques de change

Deux types de risque de change découlent de la volatilité des devises à savoir:

· le risque de transaction;

· le risque de perte de compétitivité.

3.1.1 Le risque de transaction

Le risque de change découle des délais de paiement. Les taux d'échange entre les monnaies peuvent fluctuer entre la négociation du contrat et la date de paiement.

Le risque de change peut être qualifié d'incertain ou de certain.

3.1.1.1 Le risque incertain

Le risque couru est synonyme d'incertitude. Cette incertitude peut être positive ; on parle alors de « gain », lorsque par exemple (pour un importateur) la valeur de la devise de facturation diminue par rapport à celle de la monnaie nationale. Si au contraire l'incertitude est négative, ce sera une « perte ».

3.1.1.2Le risque certain

Le risque de change est qualifié de certain lorsqu'il porte sur une opération effectivement en cours (comme un contrat déjà conclu) et il est donc aléatoire s'il porte sur des positions de changes éventuelles comme des devis ou des offres faites par le fournisseur. Ce risque dépend de la position de change de l'importateur. Il doit connaître en permanence sa position de change par devise et vérifier sans cesse son

évolution, ce qui est facilité par l'établissement d'un tableau de la position de change. Elle est formée par toutes les opérations effectuées en devises par l'importateur (dettes et créances à court et à long terme). Connaissant sa position de change, l'importateur peut alors mieux évaluer et par la suite gérer son risque de change.

3.1.2 Le risque de perte de compétitivité

Une variation des taux de change d'une monnaie par rapport à une devise peut affecter la compétitivité des produits des importateurs, les rendant plus ou moins chers.

3.2 La gestion du risque de change

Dans le contexte actuel d'une économie internationale caractérisée par le flottement des devises et des fluctuations de grande ampleur des taux de change, la gestion du risque de change devient une nécessité. Elle a pour objet de minimiser, au moindre coût, les pertes susceptibles d'affecter, du fait des variations des parités ou des cours de change, le patrimoine ou les revenus de l'entreprise libellés en monnaie étrangère42.

Dès le moment où une entreprise entend exercer des activités internationales, elle doit s'inquiéter de la politique de couverture à mettre en oeuvre pour se protéger contre le risque de transaction lié aux achats futurs en devises étrangères. De plus, il est important que l'entreprise se fixe des « seuils de tolérance » face à ce risque. A partir de quel moment se couvrira-t-elle ? Quel niveau de risque est-elle prête à assumer ?

Toutefois, tenir compte du risque de change le plus tôt possible ne signifie pas se couvrir systématiquement, mais gérer activement son risque. Cette gestion conduira l'entreprise à s'interroger sur la méthodologie de couverture à mettre en oeuvre. En effet, les techniques de couverture ne doivent pas s'appliquer de manière indifférente et uniforme aux différentes opérations internationales. Certaines seront plus adaptées que d'autres aux circonstances particulières, notamment par rapport au type de fournisseur. Ces techniques, de plus, ont des coûts variés, qu'il est également important de prendre en compte dans l'analyse de rentabilité de l'opération concernée.

42 Ben Ezzedine W. « le risque de change: exposition, couverture et traitement comptable. Analyse du cas tunisien » mémoire de diplôme d'études approfondies de comptabilité, Tunis, 2000

La gestion du risque de change comporte deux volets distincts. Le premier concerne la détermination et la surveillance permanente de la position de change et de l'évolution du cours des devises. Le deuxième volet concerne la détermination d'une politique de couverture et le choix d'une technique.

3.2.1 Le suivi des fluctuations des devises

Estimer l'évolution des taux de change n'est pas une pratique que peut se permettre toute entreprise. En effet, estimer l'évolution des devises suppose qu'une structure (humaine et informationnelle) soit mise en place. Une telle solution ne peut s'envisager que si le volume des achats en devises, pondéré par le risque de change, atteint un niveau assez élevé pour que l'espérance de gain comble au moins les coûts de mise en oeuvre de la structure.

L'estimation de l'évolution des taux de change peut se réaliser à partir de trois méthodes, à savoir l'analyse économique, l'analyse statistique et l'analyse technique moderne.

L'analyse économique de l'évolution du taux de change d'une monnaie se fonde sur l'observation des agrégats et des indices économiques (le différentiel de taux d'inflation entre les deux pays, l'écart entre les taux d'intérêt, l'excédent ou le déficit de la balance des paiements, l'appréciation des situations économiques, sociales, financières, et politiques du pays ...).

L'analyse statistique permet une prévision à très court terme et s'appuie sur le comportement passé des cours de change.

L'analyse technique moderne fait appel à d'importantes banques de données pour les prévisions.

3.2.2 La détermination d'une politique de couverture

L'entreprise doit déterminer ses propres seuils de tolérance face au risque de change de transaction pour choisir une politique de couverture contre le risque de change. Ce choix aboutira à une non couverture contre ce risque, à une couverture systématique ou à une couverture sélective.

3.2.2.1 La non couverture du risque

Cette alternative peut être adoptée dans l'hypothèse où l'entreprise traite avec des devises stables, ou si elle reporte la totalité du risque sur son partenaire par une clause dans le contrat. A l'inverse, certaines entreprises y recourent même si la devise est instable, dans le but de réaliser un gain de change. Elle correspond dans ce cas à une attitude spéculative. Dans certains cas aussi, se protéger contre le risque de change peut coûter tellement cher que la protection n'en vaut pas la peine. Cette attitude peut également naître d'une méconnaissance du risque encouru.

3.2.2.2 La couverture systématique

Elle consiste à se couvrir automatiquement dès qu'apparaît un engagement ou un avoir en devises. Cette attitude est conseillée dans le cas où l'entreprise traite avec des fournisseurs provenant de pays divers, offrant des devises volatiles. De même, si les opérations envisagées sont de montants très élevés, l'entreprise peut être amenée à couvrir systématiquement le risque de change, toute variation pouvant entraîner une perte importante. Cette attitude pourra se retrouver également lorsque, pour un courant d'approvisionnement continu, la moindre perte de change entraîne une augmentation importante du prix de revient du produit importé.

3.2.2.3 La couverture sélective

Dans ce cas, l'entreprise décide d'une méthodologie qui déterminera quand elle couvrira ou pas le risque de change. Cette politique suppose l'application de critères de sélection qui correspondent à un niveau d'acceptation du risque ainsi qu'à une anticipation sur l'évolution des cours de change. La couverture sélective ne doit pas être appliquée dans le cadre d'une faible activité à l'international. Celle-ci ne peut en effet justifier la mise en place d'une structure de gestion du risque de change qui coûterait plus cher que les pertes probables dues aux variations des cours des devises.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld