Prise de position vis-à-vis du Projet Nô-Life
: un rapport d'entente, mais un décalage d'intérêts
sectoriaux.
Quant à la position de la SCI vis-à-vis du Projet
Nô-Life, un rapport d'entente ou de coopération semble être
établi surtout en se basant sur l'idée de la combinaison Ikigai -
ruralité.
Un rapport d'entente et de coopération
A travers le processus de l'élaboration du projet de la
Ferme école au sein du CPCI, un consensus de base avait
été établi entre la SCI et le BPA. Et ce consensus, tant
au niveau des représentations sur la relation entre l'idée
d'Ikigai, l'agriculture et la ruralité, qu'au niveau de modes d'actions
au niveau de la mise en oeuvre politique.
En effet, le rapport de coopération entre la SCI et le
BPA était étroit pour démarrer la Ferme école.
C'est Monsieur K, responsable du côté du BPA pour le CPCI depuis
2001 et président actuel du Centre de Nô-Life, qui a donné
un avis favorable au projet de la Ferme école et entamé la
discussion entre le CPCI et le BPA vers la mise en oeuvre du
projet476. Il explique ainsi : « Lorsque Monsieur A et
d'autres collègues ont démarré l'Université du
Troisième âge et commencé la Ferme école, ils nous
ont demandé à louer des terrains agricoles. C'est à ce
moment-là qu'il fallait que le BPA obtienne une authorisation et
régler des choses pour cela. C'était encore le moment où
le plan de notre projet (Nô-Life) n'était pas clarifié,
puis, j'ai négocié avec le BPA pour réaliser ce projet de
la Ferme école et élaborer les programmes par la suite etc. Ces
expériences-là nous ont servi à commencer ici
(Nô-Life) 477»
Depuis, un rapport de bonne entente continue entre la SCI et
le BPA au travers la relation entre la Ferme école et le Projet
Nô-Life. En effet, la Ferme école fonctionne comme une «
porte d'entrée » pour des stagiaires qui veulent commencer des
activités agricoles à partir d'un niveau de petit jardins
potagers. Puis, la Ferme école donne à ses stagiaires des
renseignements sur le Centre Nô-Life pour qu'ils puissent aller plus loin
dans leur pratique agricole, s'ils veulent : il s'agit de continuer et
progresser dans leur activité agricole après un an de formation
de la Ferme école, et finalement de pouvoir louer des terrains agricoles
après avoir terminé la formation Nô-Life. Monsieur A
explique ainsi cette liaison entre la Ferme école et le Centre
Nô-Life : « L'important, c'est de pouvoir saisir l'occasion ou
pas. Essayer d'abord ici (Ferme école) est une chose. Et c'est un an de
période d'essai comme une étape avant d'aller au Centre
Nô-Life. Et si on a le sentiment de pouvoir continuer là, on ira
au Centre Nô-Life. Il y en a beaucoup qui pensent comme ça, en
fait. Donc, le Centre Nô-Life et la Ferme école sont liés.
» Donc, la liaison entre la Ferme école et le Nô-Life
fonctionne comme un réseau, un réseau de formations de
l'agriculture de type Ikigai à différentes échelles, qui
sont destinées aux citoyens.
Une distance d'intérêts sectoriaux
Cependant, il y a une distance nette entre la SCI et le Projet
Nô-Life malgré leur relation de coopération. Cette distance
n'est pas celle entre la SCI et le BPA, mais celle entre la SCI et la CAT
(coopérative agricole) qui est co-gestionnaire du Projet Nô-Life
avec le BPA depuis le démarrage du Projet Nô-Life. Ces deux
agents, la SCI et la CAT, relèvent des deux secteurs différents :
l'un du secteur des services du vieillissement, et l'autre du
476 Une des plus grandes préoccupation du
côté du BPA était un problème foncier et jufidique
dans le cadre de la Loi agraire sur l'utilisation de terrains agricoles par une
personne non agriculteur.
477 Puis, c'était une membre citoyenne du Comité
qui voulait faire un programme d'activités agricoles dans le cadre de
mesures d'Ikigai, ce qui a fait entrer un employé du Bureau de la
Politique agricole dans les discussions du Comité. Mais, mais la
personne qui était responsable du côté du Bureau pour le
Comité en 2000 avant Monsieur K, avait refusé la
réalisation de la proposition de cette Ferme école en raison
d'obstacles imposés par le droit rural. En effet, il n'avait pas la
même idée que Monsieur K qui avait l'esprit de « essayer
d'abord, et régler des problèmes après »...
secteur agricole qui est privé et économique. Donc
il y a déjà une divergence d'intérêts de nature
entre ces deux agents : d'un côté le service pour le
bien-être de tous, et de l'autre le développement agricole.
Et dans les procédures de la mise en oeuvre du Projet
Nô-Life, la SCI était absente. Les procédures de la
réalisation du Projet Nô-Life ont été
assurées par le BPA et une série d'agents du secteur agricole qui
étaient concertés et coordonnés par le BPA478.
D'ailleurs, la préoccupation propre aux agents de ce secteur est bien
représentée dans une des thématiques principales du Projet
Nô-Life : celle de la « formation de porteurs de l'agriculture
(Nôgyô no ninaite no ikusei) », relevant de la politique
agricole nationale du moment actuel. Et le terme d'Ikigai est également
employé par la politique agricole locale depuis un moment pour designer
une catégorie de producteurs agricoles qui sont à faible
productivité479. Mais l'emploi de ce terme dans la politique
agricole est plutôt marquée par le sens économique que
celui socio-culturel que vise la SCI au travers de la thématique de la
« participation sociale et travail d'Ikigai des personnes
âgées ».
Sur ce point, Monsieur A, responsable de la SCI, nous a
expliqué en parlant du rapport entre le Projet Nô-Life et le
développement local. Même si la SCI n'est pas directement
impliqué dans le Projet Nô-Life, sa vison sur celui-ci semble
être celle du développement local de la Ville de Toyota dans le
sens de l'idée de la « ville rurale480 » qui met en
lien l'agriculture et la ruralité au cadre de vie et au lien social et
territorial des habitants, plutôt qu'un simple développement
agricole dans le sens économique. Selon lui, « L'idée
d'introduire le `Nô (agriculture et rural)' dans un cadre de vie est
synonyme d'un aménagement de la ville intégrant l'agriculture et
la ruralité»481 .
A la différence de la coopérative agricole qui a
tendance de viser une « agriculture intensive », la vision que
Monsieur A a du Projet Nô-Life est orientée vers l'image d'une
« ville rurale » intégrant des éléments de
ruralité, dans le cadre d'un aménagement urbain-rural, dans le
cadre de vie des habitants qui n'en disposent pas forcément. Même
s'il ne suggère pas une situation de conflit entre la SCI et les agents
du secteur agricole dont notamment la CAT, un écart de
représentations sur le Projet Nô-Life et l'agriculture de type
Ikigai entre ces deux agents nous semble assez net.
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