SECTION 3: LIMITES DE L'APPROCHE DU TAUX DE
SÉCURITÉ ÉCONOMIQUE
Certaines incertitudes des
tableaux correspondent aux inadéquations des données qu'on a
essayé d'élaborer sur la base d'un ensemble d'hypothèses
afin de surmonter le manque de données statistiques sur la Tunisie. De
plus, Alors que celui qu'on a essayé de calculer, dans le cas de la
Tunisie, se réfère uniquement aux travailleurs du secteur
privé et en particulier ceux affiliés au Régime des
Salariés Non Agricoles sous l'égide de la CNSS, ce qui donne une
vision relativement restrictive quant à la sécurité
économique de l'ensemble des ressortissants de la Tunisie.
Au-delà de ces problèmes aux conséquences
directes sur la signification du TSE, objet de notre étude, d'autres
limites correspondent à la répartition structurelle de
l'emploi qui est associée aux choix du pays: entre
générations (activité plus ou moins tardive des jeunes,
inactivité plus ou moins précoce des personnes
âgées), entre femmes et hommes et entre temps partiel et temps
plein. Ces trois critères, largement interdépendants,
pèsent de manière considérable sur le niveau de revenu
moyen dans un pays en raison des différences de
rémunérations entre femmes et hommes, jeunes et personnes
âgées, temps plein ou partiel. Par exemple, des proportions plus
importantes de femmes actives et d'actifs âgés dans un pays
donné se traduisent par deux facteurs contribuant à un niveau de
sécurité économique plus élevé: un plus
important taux global d'activité et une rémunération
moyenne plus faibles des actifs, d'où un dénominateur plus faible
du TSE brut.
Par ailleurs, un phénomène de forte ampleur
correspond à la part du « travail
souterrain » non déclaré dans un pays comme la
Tunisie. Ce phénomène, non négligeable, se traduit par une
incertitude importante en ce qui concerne le taux de la population active
occupée ainsi que les revenus qu'ils perçoivent. Même si ce
flou implique une sous-estimation variable du TSE qu'il n'est pas possible
d'évaluer, on peut supposer qu'elle tend davantage à sous-estimer
la sécurité économique en Tunisie.
Enfin, un taux élevé de
propriété du logement principal, important en Tunisie,
concerne davantage les personnes âgées que les jeunes
ménages. Ce taux entraîne donc une sous-estimation plus importante
des revenus des inactifs en Tunisie, ce qui contribue à une minoration
plus importante du TSE.
La non-prise en compte de ces revenus issus de la
propriété correspond à des choix méthodologiques de
départ privilégiant les ressources issues du travail et des
prestations sociales. Choisir d'adopter une approche intégrant un
éventail plus large de revenus permettrait certes de prendre en compte
les différences considérables entre actifs et inactifs, du point
de vue de leurs rétributions tirées de leurs ressources
patrimoniales. Rien n'interdit, bien sûr, d'entreprendre
ultérieurement des évaluations, comparaisons et
interprétations de la diversité des sécurités
économiques des ménages liées par possession d'actifs
mobiliers et immobiliers.
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