CHAPITRE III : PRESENTATION
DES RESULTATS
Dans le présent chapitre, nous allons présenter
les résultats de notre enquête réalisée
auprès des praticiens. Pour des raisons d'ordre pratique et pour
faciliter la lecture des résultats, nous le présentons en
thèmes correspondant aux intitulés de tableau.
Tableau 1 : Connaissances
générales et étiologiques sur L'I.M.C.
Indicateur
|
Oui
|
Non
|
TOTAL
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Troubles neuromoteurs
|
67
|
88,2
|
9
|
11 ,8
|
76
|
100
|
Troubles évolutifs
|
25
|
32,9
|
51
|
67,1
|
76
|
100
|
Lésions cérébrales
|
65
|
85,5
|
11
|
14,5
|
76
|
100
|
Etiologies prénatales
|
60
|
78,9
|
16
|
21,1
|
76
|
100
|
Etiologies périnatales
|
52
|
68,4
|
24
|
31,6
|
76
|
100
|
Etiologies postnatales
|
50
|
65,8
|
26
|
34,6
|
76
|
100
|
Diagnostic différentiel IMC/IMOC
|
22
|
28,9
|
54
|
71,1
|
76
|
100
|
Rarement atteinte intelligence
|
43
|
56,6
|
33
|
43,3
|
76
|
100
|
Intelligence normale
|
39
|
51,3
|
37
|
48,7
|
76
|
100
|
Ce tableau résume les connaissances théoriques
des praticiens sur la prise en charge des infirmes moteurs
cérébraux : 88,2 % ont l'information que l'IMC est
marquée par les troubles neuromoteurs. Pour 85,5%, elle est secondaire
à une lésion cérébrale et 78,9 % que
l étiologie peut être prénatale.
71,1 % éprouvent des difficultés pour
établir un diagnostic différentiel et 67,1 % ignorent que le
trouble doit être non évolutif.
Tableau 2 : Objectif de la prise en
charge
Indicateurs
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Autonomie
|
72
|
94,7
|
4
|
5,3
|
76
|
Fonction
|
58
|
76,3
|
18
|
23,7
|
76
|
Guérison
|
33
|
43,4
|
43
|
56,6
|
76
|
Récupération
|
43
|
56,9
|
33
|
43,4
|
76
|
Entretien
|
41
|
53,9
|
35
|
46,1
|
76
|
apprentissage
|
51
|
67,1
|
25
|
32,9
|
76
|
Le tableau n° 2, montre que nos praticiens ont choisi en
majorité, avec 94,7 %, l'autonomie comme premier objectif de la prise en
charge de l'IMC. Vient ensuite la restauration des diverses fonctions, choisie
avec 76,3 %. Les objectifs d'apprentissage et de la récupération
ont donné successivement 67,1 et 56,9 %.
43,4 %, soit 2/5 de la population enquêtée,
pensent que la guérison peut être retenu comme un objectif dans la
prise en charge des IMC.
Tableau 3 : Bilan et évolution de
l'infirmité motrice cérébrale
Indicateur
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Bilan de l'intelligence
|
57
|
75
|
19
|
25,0
|
76
|
Bilan de la motricité
|
68
|
89,5
|
8
|
10,5
|
76
|
Bilan de la posture
|
50
|
65,8
|
26
|
34,2
|
76
|
Bilan de redressement
|
56
|
73,7
|
20
|
26,3
|
76
|
Bilan de l'équilibre
|
59
|
77,6
|
17
|
22,4
|
76
|
Bilan de la coordination
|
59
|
77,6
|
17
|
22,4
|
76
|
Bilan de l'autonomie
|
64
|
84,2
|
12
|
15,8
|
76
|
Bilan des potentialités cérébromotrices
|
41
|
53,9
|
35
|
46,1
|
76
|
Bilan des potentialités perceptivomotrice innée
|
27
|
35,5
|
49
|
64,5
|
76
|
Bilan de la maturation cérébrale
|
23
|
30,3
|
53
|
69,7
|
76
|
Bilan des praxis
|
25
|
32,9
|
51
|
67,1
|
76
|
Niveau d'évolution motrice
|
45
|
59,2
|
31
|
40,8
|
76
|
Le choix a été porté sur les bilan de
routine pratique en cas d'une prise en charge kinésithérapique
quelconque, donc les bilans de routine. Tandis que les bilans
spécifiques (tels que les bilans de dépistage) à
l'infirmité motrice cérébrale sont ignorés. Il
s'agit de :
- Niveau d'Evolution motrice (NEM), 59,2 % ;
- bilan de potentialité
cérébromotrice : 53 ,9 % ;
- bilan de praxis, 32,9 % ;
- bilan de la maturation cérébrale, 30,3 %.
Tableau 4 : Toutes les méthodes et
techniques de neurofacilitation possibles dans la prise en charge de
l'IMC
Indicateur
|
Oui
|
Non
|
Total
|
N
|
%
|
N
|
%
|
N
|
%
|
Neurofacilitation
|
52
|
68,4
|
24
|
31,6
|
76
|
100
|
BOBATH
|
49
|
64,5
|
27
|
35,5
|
76
|
100
|
Clapping(Tapping)
|
21
|
27,6
|
55
|
72,4
|
76
|
100
|
Placing
|
17
|
24,4
|
59
|
77,6
|
76
|
100
|
Handling
|
15
|
19,7
|
61
|
80,3
|
76
|
100
|
Psychomotricité
|
60
|
78,9
|
16
|
21,1
|
76
|
100
|
Thérapie vécue
|
38
|
50,0
|
38
|
50,0
|
76
|
100
|
Thérapie relation
|
37
|
48,7
|
39
|
51,3
|
76
|
100
|
Méthode de Peto
|
10
|
13,2
|
66
|
86,8
|
76
|
100
|
Kabat
|
37
|
48,7
|
39
|
51,3
|
76
|
100
|
Le choix en premier lieu porte sur la
psychomotricité avec 78,9 %, suivi de la neurofacilitation avec 68,4 %
et la méthode de Bobath totalisant 64,5 %.
Les composantes de toutes ces techniques n'étant pas
bien connues ou maîtrisées ont été choisies avec une
faible cote. Il s'agit de :
- clapping (Tapping), 27,6 % ;
- placing, 24,4 % ;
- handling, 19,7 %
Tableau 5 : Eléments
d'évaluation de la prise en charge de l'infirmité motrice
cérébrale
Indicateurs
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Méthode de choix recommandée
|
5
|
6.6
|
71
|
93.4
|
76
|
Organisation des séances d'évaluation
|
6
|
7.9
|
70
|
92.1
|
76
|
Organisation des séminaires
|
20
|
26.3
|
56
|
73.7
|
76
|
Echange avec les autres spécialistes
|
0
|
0
|
76
|
100
|
76
|
Organisation des réunions
médico-pédagogiques
|
7
|
9.2
|
69
|
90.8
|
76
|
Sur le tableau n° 5, 26,3 % organisent des
séminaires sur l'IMC, 9,2 %, des réunions
médico-pédagogiques, 6,6 % de praticiens possèdent une
méthode recommandée par l'institution dans la prise en charge des
infirmes moteurs cérébraux.
Tableau 6 : Collaborateur dans la
prise en charge de l'infirmité motrice
cérébrale
Indicateurs
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Parents
|
51
|
67,1
|
25
|
32,9
|
76
|
Pédiatres
|
47
|
61,8
|
29
|
38,2
|
76
|
Kinésithérapeutes
|
71
|
93,4
|
5
|
6,6
|
76
|
Psychologue clinicien
|
54
|
71,1
|
22
|
28,9
|
76
|
Assistant social
|
51
|
67,5
|
25
|
32,9
|
76
|
Educateur
|
49
|
64,5
|
27
|
35,5
|
76
|
Logopède
|
49
|
64,5
|
27
|
35,5
|
76
|
Psychomotricien
|
58
|
76,3
|
18
|
23,7
|
76
|
Neurologue
|
60
|
78,9
|
16
|
21,1
|
76
|
Ergothérapeute
|
52
|
68,4
|
24
|
31,6
|
76
|
Nous retenons que les kinésithérapeutes
collaborent d'abord entre eux, à 93,4 %. Avec les autres la
collaboration est secondaire, notamment le pédiatre avec 61,8 %,
l'éducateur et le logopède avec 64,5 %.
Tableau n°7 : Modes d'accès
à l'information sur l'infirmité motrice cérébrale
par le patricien (physiothérapeute et
kinésithérapeute)
Indicateurs
|
Oui
|
%
|
Non
|
%
|
Total
|
Stage
|
52
|
68,4
|
24
|
31,6
|
76
|
Séminaire
|
30
|
37,5
|
46
|
60,5
|
76
|
Spécialisation
|
1
|
1,3
|
75
|
98,7
|
76
|
Cours
|
65
|
85,5
|
11
|
14,5
|
76
|
Autoformation
|
46
|
60,5
|
30
|
39,5
|
76
|
Possession livre
|
25
|
32,9
|
51
|
67,1
|
76
|
Ce tableau renseigne que la spécialisation n'est pas
encore introduite dans les habitudes des praticiens congolais, à peine
1,3 % a suivi une spécialisation dans le domaine de l'IMC.
Figure III : Sexe des
praticiens
Sur la figure III nous pouvons lire qu'au point de vue
différence inter sexe de la population enquêtée, la
prédominance est féminine de 59,2 % contre 40,8 %, soit une
différence au point de vue de proportion de 1,3.
Figure IV : Expérience professionnelle
du praticien
Cet histogramme nous révèle qu'en ce qui
concerne l'ancienneté dans le métier, 35,5 % de notre
échantillon, soit un peu plus du tiers, a une expérience
professionnelle qui se situe entre 1 et 5 ans. Pour le reste de
l'échantillon c'est-à-dire 64,5 %, l'expérience
professionnelle va de 6 à 35 ans. Nous pouvons donc comprendre que notre
questionnaire a été adressé à des personnes
chevronnées qui ont exercé pendant plusieurs années le
métier.
Figure V : Niveaux de qualification des
praticiens
La figure V montre que 10,5 % de la population possède
le niveau de licence, tandis que les 89.5 % restants ont un niveau de
graduat
Figure VI : Graphique des connaissances
générales sur l'IMC
Légende
Oui :
Non :
La population n'a pas une bonne maîtrise de ces
connaissances. En effet, 88,2 % connaissent que les troubles neuromoteurs
constituent les syndromes prédominants en cas d'infirmités
motrices cérébrales. Aussi pour 85,5 %, l'étiologie peut
être prénatale. Cependant, 71,1 % n'ont pas l'information leur
permettant d'établir le diagnostic différentiel en cas
d'infirmité motrice cérébrale.
Figure VII : Objectifs de prise en
charge
Légende
Oui :
Non :
Dans le graphique ci-dessus (figure VII), l'autonomie est
l'objectif principal dans la prise en charge des IMC avec 94,7 %. Vient en
deuxième position l'objectif d'acquisition des diverses fonctions avec
76,2 %.
Cependant, à peine 53,9 % sont informés que
l'entretien constitue aussi un des objectifs majeurs dans la prise en charge.
Dans ce même ordre d'idée, nous constatons que 56,6 % de
praticiens n'ont pas l'information que la guérison n'est pas un objectif
principal dans la prise en charge de l'IMC.
Figure VIII : Bilan et évaluation de
l'IMC
Légende
Oui :
Non :
Les praticiens investigués possèdent
l'information nécessaire sur les différents bilans
pratiqués dans la prise en charge des IMC. Il s'agit du bilan de la
motricité, à 89,5 % ; du bilan de l'autonomie, à 84,2
% et du bilan de l'intelligence, à 75 %.
Par contre, 2/3 de praticiens, soit 69,7 % n'ont pas
l'information sur le bilan de dépistage (bilan d'évaluation de la
maturation cérébromotrice). Cette ignorance peut compromettre la
prise en charge précoce.
Figure IX :
Connaissances pratiques sur les techniques et méthodes dans la
PEC des IMC
Légende
Oui :
Non :
La figure IX montre des fluctuations dans la connaissance des
méthodes et techniques de base de la prise en charge des IMC du point
de vue concept et non du contenu. En effet, 78,9 % d'enquêtés ont
l'information sur la place de la psychomotricité dans la prise en charge
de l'IMC, 68,4 % sur les méthodes de neurofacilitation, 64,5 % sur la
méthode de Bobath. 90,3 % ignorent le handling, il en est de même
pour 86,8 % qui ignorent la méthode de Peto, cette ignorance se remarque
aussi sur 50 % de praticiens dans la thérapie vécue et 51,3 %
dans la thérapie relation, composantes de la psychomotricité,
technique de base de la méthode de Bobath.
Figure X :
Eléments d'évaluation de l'équipe de PEC des
IMC
Légende
Oui :
Non :
La figure X nous renseigne sur les difficultés qui
empêchent le fonctionnement de l'équipe pluridisciplinaire. Il
s'agit de :
- L'absence d'échanges avec les autres
spécialistes, 100 % ;
- L'absence de réunions
médico-pédagogique, 90,5 % ;
- L'absence de séances d'évaluation, 90,4 %.
Figure XI :
Complémentarité dans la PEC des IMC
Légende
Oui :
Non :
C'est d'abord avec le kinésithérapeute, en
première position totalisant 93,4 %, avec le neurologue choisi avec 78,9
% et le pédiatre choisi en dernier lieu avec 61,8 %.
Figure XII : Source
d'information sur l'IMC
Légende
Oui :
Non :
Pour la figure XII, 85,5 % affirment avoir
accédé aux connaissances sur l'infirmité motrice
cérébrale par la formation classique, 68,4 % l'ont
été à l'occasion d'un stage au cours de la formation. 37,5
% de praticiens qui ont eu l'occasion de participer à un
séminaire sur l'IMC.
CHAPITRE IV :
DISCUSSION
Dans le présent chapitre, nous allons apprécier
les connaissances théoriques et pratiques des physiothérapeutes
et kinésithérapeutes sur la PEC des IMC en faisant une
transposition avec les connaissances théoriques. Cela va nous permettre
de dégager les écarts constatés dans la pratique
professionnelle. Pour y arriver, nous avons considéré les
paramètres ci-après :
1. Les connaissances générales et
étiologiques sur l'IMC,
2. Les objectifs de la PEC des IMC,
3. Les bilans et évolution de l'IMC,
4. Les méthodes de neurofacilitation dans la PEC des
IMC,
5. Les éléments d'évaluation de la PEC de
l'IMC,
6. Les collaborateurs dans la PEC des IMC,
7. Les différents modes d'accès à
l'information sur l'IMC.
8. Rapport niveau de formation et connaissances
théoriques des praticiens
9. Rapport expérience professionnelle et connaissances
théoriques des praticiens,
10. Rapport séminaires et connaissances
théoriques des praticiens.
Ces paramètres nous révèlent
que :
4.1. Connaissances
générales sur l'IMC
Les résultats montrent que 88,2% sont informés
que l'IMC est marquée par les troubles neuromoteurs ; 85,5% sont
informés qu'elle est consécutive à une lésion
cérébrale et 71% ont des connaissances que cette lésion
frappe un cerveau immature en prénatale (78,9%), en périnatale
(68,4%) et en post natale (65,4%).
En théorie, ces données s'accordent avec celles
évoquées dans la littérature des auteurs dont LARROCHE, LE
METAYER, BOBATH qui stipulent qu'il existe une correspondance maturation et
lésion, que la vulnérabilité du SNC évolue dans le
temps avec la maturation anatomique (36, 41, 52)
PINTO- MARTIN et Coll. ont réalisé des études sur les lésions
cérébrales documentées par imagerie. D'après leurs
recherches les lésions les plus corrélées à la
survenue de la paralysie cérébrale sont les anomalies de la
substance blanche préventriculaire (36).
ANCEL (36), abordant l'infirmité motrice
cérébrale, relève que le taux des paralysies
cérébrales (PC) chez les grands prématurés se situe
en moyenne entre 5% et 10% et le risque chez les prématurés
moyens (de 32 à 36 SA) est relativement faible - proche de 1%, (mais
tout de même 10 fois supérieur à celui des enfants
nés à terme).
Pour FINNISTRON (1998) ce taux dépend de l'âge
gestationnel, mais le risque ne semble pas beaucoup plus élevé
chez les extrêmes prématurés. Il ne dépasse pas 15%
chez les enfants aux limites de viabilités (36).
AMIEL-TISON souligne qu'en valeur absolue, la population des
enfants handicapés moteurs nés modérément
prématurés est importante et s'inquiète du manque
d'attention portée au suivi des « gros
prématurés » (1).
Les séquelles de la prématurité sont
motrices, cognitives, comportementales, sensorielles, (épilepsie)
neurologiques et peuvent être dépistées de
différentes manières.
En particulier, si l'âge de la maternité continue
à s'élever, le nombre de naissances d'enfants malformés va
croître. De même, si la prématurité continue à
augmenter, la population des enfants à haut risque de séquelle va
croître. Ce phénomène ne pouvant être compensé
que par l'amélioration du pronostic neurologique de ces enfants (36).
Par contre 28,9% ont l'information sur l'élément
de différence entre IMC et IMOC. Pourtant cet élément
constitue une base dans le diagnostic différentiel qui va
déterminer le pronostic, le programme et les objectifs de la PEC. Ceci
prouve une réelle difficulté de concilier la théorie et la
pratique faute d'expérience ou d'occasion favorisant la formation
continue.
Cette lacune de taille doit être soulignée dans
la formation des physiothérapeutes et des
kinésithérapeutes parce qu'elle se répercute dans la
qualité des soins à administrer.
Enfin, des efforts importants doivent être accomplis
pour mieux connaître l'origine des handicaps, en particulier sur le
rôle des événements de la période
périnatale.
Toutefois, la difficulté éprouvée par
71,9% de notre échantillon pour établir le diagnostic
différentiel entre IMC et IMOC est une lacune majeure dans la formation
des physiothérapeutes, comme des kinésithérapeutes. Cela
peut avoir des répercussions sur la qualité des soins et pourrait
être incriminé à l'irrégularité dans
l'organisation des séminaires sur l'IMC et le manque
d'intérêt à la formation continue.
|
|