IV.3.1. Le statut dans le ménage
Le statut dans le ménage fait référence
à la responsabilité ou à l'autorité qu'on
reconnaîtra à la femme par les membres du ménage. La
variable v150 de l'EDSC1 a saisi le lien de parenté de chaque membre par
rapport au chef de ménage. Dans le fichier femme de cette enquête,
la première modalité qui correspond au code 1 donne la
fréquence des femmes chefs de ménage.
Ainsi le recodage de cette variable en deux modalités
a permis de créer une nouvelle variable, dénommée statut
dans le ménage où le code 1 a été affecté
aux femmes chefs de ménage (FCM) et celui de 2 aux femmes sans statut de
chef de ménage (FSCM).
Tableau 4.9: Rapports de masculinité des
quotients selon le statut dans le ménage
Statut de chef de ménage
|
FCM
|
FSCM
|
MNN
|
MNNG
|
44
|
42
|
MNNF
|
26
|
36
|
RMQ
|
169,2
|
116,7
|
MPNN
|
MPNNG
|
41
|
57
|
MPNNF
|
32
|
45
|
RMQ
|
128
|
126,7
|
1q0
|
1q0G
|
83
|
96
|
1q0F
|
58
|
80
|
RMQ
|
143,1
|
120
|
4q1
|
4q1G
|
38
|
45
|
4q1F
|
61
|
38
|
RMQ
|
62,3
|
118,4
|
5q0
|
5q0G
|
123
|
147
|
5q0F
|
121
|
118
|
RMQ
|
101,6
|
124,6
|
La différence entre les
femmes chefs de ménage et celles qui ne bénéficient pas de
ce statut du point de vue des inégalités sexuelles est
très nette au-delà d'un an. On observe une surmortalité
masculine avant le premier anniversaire pour toutes les femmes. Cependant, si
cette surmortalité masculine persiste chez les femmes non chef de
ménage, elle cède la place à la surmortalité
féminine au cours de la période juvénile (RMQ = 62,3 %o).
Mais celle-ci a tendance à se résorber à partir de cinq
ans puisque le rapport de masculinité des quotients est très
proche de 100, ce qui traduit généralement une
égalité des chances de survie entre les garçons et les
filles. Une telle interprétation peut être admise au niveau des
femmes chefs de ménage.
Etant donné que le quotient de mortalité infanto
juvénile est calculé tout en incluant les décès
survenus au cours des périodes néonatale et post
néonatale, qui comme on le voit sont très important, il devient
difficile d'attribuer cette égalité à une absence de
discrimination sexuelles chez les femmes chefs de ménage. Cela suppose
que si la mortalité néonatale n'était pas trop importante,
on devrait normalement observer une surmortalité féminine chez
les femmes chefs de ménage tandis que chez les femmes n'ayant pas ce
statut, une surmortalité masculine comme c'est le cas ici, nous semble
évidente.
La surmortalité féminine juvénile chez
les femmes chefs de ménage (FCM) peut s'expliquer par leurs
préférences pour les enfants de sexe masculin dans la mesure
où les garçons constituent non seulement la force de travail mais
également une protection, voire une sécurité pour la
famille surtout lorsque la femme n'a pas encore eu une naissance
masculine. Cela est d'autant plus vrai dans les sociétés
qui sont restées traditionnelles où l'on sait que les femmes
accèdent généralement au statut de chef de ménage
dans des circonstances telles que le veuvage, le divorce qui ne font
qu'accentuer cette préférence pour les enfants de sexe masculin.
Si on se place dans ce contexte, la préférence
pour les enfants de sexe masculin devrait être moins forte pour les
femmes qui vivent dans les ménages dirigés par un homme et par
conséquent, la moindre attention qui leur sera accordée peut
aboutir à une petite discrimination de façon inconsciente de la
part de leurs mères.
Graphique 4.10: Variation du niveau de
surmortalité selon le statut de la mère dans le
ménage
Ce graphique montre que la surmortalité masculine
avant le premier anniversaire est beaucoup plus importante pour les enfants
vivants dans des ménages dirigés par une femme que pour leurs
collatéraux (des ménages dirigés par les hommes). On peut
expliquer cet écart par le fait que les femmes chefs de ménage ne
sont pas souvent à la maison pour prendre soins de leurs enfants, soit
parce qu'elles travaillent, soit parce qu'elles exercent une activité
pour se prendre en charge et pour subvenir aux besoins de la famille.
En effet, les soins donnés à l'enfant à
moins d'un an sont très déterminants pour la survie et
l'épanouissement futur de ce dernier. L'ampleur des
inégalités sexuelles en général et de la
surmortalité masculine en particulier est fortement liée au
statut dans le ménage de la femme ou de la mère. Dans l'enfance
entre 0 et cinq ans, les garçons et les filles bénéficient
à peu près du même traitement et donc des chances de survie
que lorsque la mère a la responsabilité sur la gestion des biens
du ménage. Donc autant la mère a l'autorité sur le
ménage, autant la surmortalité masculine sera moins
élevée. Elle est plus importante lorsque la redistribution des
biens du ménage est effectuée par le père.
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