DEUXIEME PARTIE :
ANALYSES DES INEGALITES DE LA MORTALITE DES ENFANTS
CHAPITRE 4 : ANALYSE
DIFFERENTIELLE DES
INEGALITES SEXUELLES DE
MORTALITE DES ENFANTS
Il est très difficile de faire comprendre à un
africain, plus particulièrement à une mère ou à un
père qu'il existe une discrimination sexuelle du point de vue des
traitements apportés aux enfants dont la finalité est la
différence de mortalité entre les enfants de sexe masculin et
ceux de sexe féminin. Cette difficulté tient du fait que ces
derniers estiment que l'enfant qu'il soit de sexe masculin ou de sexe
féminin, il reste un enfant. La plupart des études
consacrées à cette question n'ont pas permis jusque-là
d'avoir des connaissances sur chaque pays. Il existe néanmoins une
régionalisation des inégalités sexuelles de
mortalité dans l'enfance.
En Afrique la région la plus touchée est le
Moyen Orient suivi de l'Afrique de l'Ouest. Ce chapitre permettra de
répondre aux deux premières préoccupations de cette
étude. Notamment, celles de vérifier s'il existe des
inégalités de mortalité des enfants fondées sur le
sexe et de dire à quelle ampleur celles-ci se manifestent au Congo. Les
inégalités et leurs ampleurs seront mesurées à
toutes les tranches d'âges classiques de la vie de l'enfant pour
certaines caractéristiques des mères regroupées en deux
catégories. Il s'agit des caractéristiques socioculturelles ainsi
que celles relatives au statut de la femme, qui constitueront l'ossature de ce
chapitre.
Pour ce faire nous avons opté pour les tableaux
à doubles entrées qui offrent deux avantages :
· Le premier est relatif à l'entrée
verticale et permettra de suivre l'évolution de la surmortalité
selon l'âge de l'enfant pour chaque modalité de la variable
considérée ;
· Le second est relatif à l'entrée
horizontale, elle permettra de comparer les rapports de masculinité des
risques de mortalité entre les différentes modalités de la
variable pour un âge donné de l'enfant.
IV.1.
Evolution temporelle des inégalités sexuelles de mortalité
des enfants
On observe à travers ce tableau une surmortalité
masculine à tous les âges. Les rapports de masculinité des
risques de mortalité varient entre 112 % pour la mortalité
juvénile et 128 % pour la mortalité post néonatale. Le
rapport de masculinité de la mortalité infanto juvénile
s'établit à 121,30 %, soit une surmortalité masculine de
17.55 %. Mais la comparaison simple des rapports de risque de mortalité
ne nous dispose pas de se prononcer sur l'importance des
inégalités. Il faut mesurer les écarts par rapport
à 100, pour se rendre compte de l'évolution de cette
surmortalité. En effet, en divisant la différence entre les
quotients de mortalité masculine et féminine par le quotient de
mortalité masculine/féminine et en multipliant le résultat
par 100 ([(qG-qF)/qG]*100 ou [(qF-qG)/qF]*100), on trouve l'intensité de
la surmortalité masculine. Le graphique 4.1 illustre mieux
l'intensité de la surmortalité masculine et son évolution
selon l'âge des enfants.
Tableau4.1: Rapports de masculinité des
quotients de mortalité des enfants
Quotients de mortalité en pour mille
|
Sexes
|
RMQ
en pour 100
|
Ensemble en pour mille
|
Masculin
|
Féminin
|
MNN
|
41,8
|
34,8
|
120,05
|
38,34
|
MPNN
|
56
|
43,8
|
127,71
|
49,90
|
1q0
|
94,9
|
77,6
|
122,32
|
86,32
|
4q1
|
44,6
|
39,9
|
111,65
|
42,23
|
5q0
|
143,6
|
118,4
|
121,30
|
131,09
|
On constate que la surmortalité masculine avant un an
et la surmortalité masculine infanto juvénile se situent presque
au même niveau. Mais cela ne signifie pas que celle-ci n'a pas
variée entre le premier et le cinquième anniversaire, puisqu'elle
a baissée entre temps jusqu'à 10,55 % à l'âge
juvénile. Ce résultat sous entend que les facteurs externes ne
sont pas à l'avantage des petits garçons. Le chapitre suivant
nous aidera à y voir un peu plus claire sur les facteurs qui
discriminent plus les garçons.
Graphique4.1 : Variation du niveau de
surmortalité masculine selon l'âge des enfants
|