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Education et Mondialisation : les conséquences de la libéralisation de l'éducation prônée par l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS) ; illustration sur la base de la position canadienne et belge

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par Ahmed Seghaier
Univeristé de Genève - diplôme d'études approfondies en études du développement 2004
  

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2.2-La primauté de l'économique sur le politique

La nouveauté de ce nouvel ordre mondial c'est la priorité de l'économique et du financier sur le politique. L'Etat n'est plus désormais le seul acteur qui monopolise le politique et dessine l'avenir des collectivités gouvernées. Enfin, c'est la souveraineté de l'Etat qui est mise en cause et même dans le cas où l'Etat préserverait toujours sa souveraineté, cette dernière ne peut plus être pensée comme avant. L'Etat ne peut plus exercer son contrôle sur la société sans prendre en considération les nouveaux acteurs et les nouveaux intérêts.

D'après Zaki Laïdi, c'est la légitimité du contrôle de l'Etat même qui est mis en cause. Selon lui, on passe actuellement par un processus de ``détotalisation du politique``31(*). Toutefois, cela ne signifie pas la disparition du politique ou de l'Etat mais plutôt la redistribution des rôles et des pouvoirs en fonction des changements économiques et l'élargissement de la sphère d'influence des acteurs non étatiques qui deviennent de plus en plus importants dans la vie économique et politique de la société.

La primauté du politique n'est plus aujourd'hui une réalité. L'Etat doit en permanence s'ajuster et s'adapter pour s'inscrire dans une logique d'interaction et de transaction avec les autres acteurs étatiques et non étatiques. On assiste actuellement à la fin de l'ère gouvernementale et par conséquent on vit de plus en plus dans l'ère de gouvernance qui consiste dans le fait de reconnaître les nouveaux acteurs non étatiques, notamment les acteurs du marché et la société civile. L'Etat se retrouve contraint de faire participer ces nouveaux acteurs dans l'élaboration de politiques. C'est ainsi qu'on assiste aujourd'hui à « la fin du monopole de l'expertise de l'Etat »32(*).

En réalité, on est confronté à un processus de redistribution de la souveraineté au profit d'autres acteurs non étatiques, notamment les acteurs du marché. La sphère marchande s'élargit par rapport à l'Etat à partir du recul de contrôle de ce dernier par le moyen de la dérégulation et la libéralisation économique et financière. La production, la propriété et toutes les autres activités sont soumises aux règles de l'échange, de la concurrence et du marché. La mondialisation peut signifier à cet égard l'interpénétration des économies par le jeu du commerce et de la finance.

Toutefois, la libéralisation du commerce des services éducatifs qui se traduit essentiellement par l'ouverture du secteur éducatif aux investissements privés, va, à la fois, beaucoup influencer l'offre éducative et la formation professionnelle. Dans cette perspective, l'ordre conceptuel et organisationnel sur lequel se base l'action étatique dans les domaines sociaux est actuellement bouleversé. En ce qui concerne les services éducatifs, on assiste à une vraie rupture avec le passé. Désormais, « enseigner, diriger un établissement ou y travailler, ce n'est plus participer à une noble mission assurée par l'Etat avec le souci de l'intérêt général. C'est, plus prosaïquement, contribuer à la fourniture d'un service »33(*).

Aussi, l'usage systématique du terme de capital humain, qui est à l'origine un terme économique néoclassique qui signifie « un stock de connaissances et de qualifications qui accroît la productivité »34(*), explique-t-il clairement la nouvelle tendance qui ne voit dans l'éducation que son aspect économique productif. Cette vision se renforce par la multiplication des acteurs qui fournissent des services éducatifs. Ce qui va, par conséquent, complexifier à la fois le processus de l'élaboration des politiques éducatives et la prise de décision en matière d'éducation.

La vision simplificatrice qui ne voit dans l'investissement dans l'éducation ou dans le secteur du savoir qu'une source de profits et de productivité, ignore les finalités principales de l'institution scolaire. La mission sociale et culturelle de l'éducation est rigoureusement en danger à cause de la prédominance de certaines valeurs économiques telles que la compétitivité, la performance, le rendement et la rentabilité imposées par le marché mondial.

* 31 Zaki Laïdi, op. cit.p.6.

* 32 Ibid, p. 10.

* 33 Christian Laval et Louis Weber, le nouvel ordre éducatif, Paris, 2002, p.13.

* 34 Ibid., p.64.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard