THESE PROFESSIONNELLE
MASTERE HEC DE GESTION FINANCIERE
2001/2002
LE CONTROLE DE GESTION DANS LES ACTIVITES LOGISTIQUES
REMERCIEMENTS
Je tiens d'abord à remercier chaleureusement Hervé
HAUET directeur de l'usine POREAUX. En effet, le suivi des cours de formation,
l'intervention chez LOGISS deux jours par semaine depuis début
décembre 2001 a été rendu possible par la
compréhension et l'aide qu'il a bien voulu m'accorder pendant mes
périodes d'absences.
Comment aussi oublier mes proches et particulièrement mon
épouse qui a assumé seule l'éducation de mes enfants
pendant cette période et qui a supporté l'isolement indispensable
à l'élaboration de ce travail.
RESUME
Problématique
L'ambition de cette thèse est d'établir un
état des lieux de la présence du contrôle de gestion dans
les activités logistiques et de passer en revue les techniques
récentes de gestion qui semblent plus spécifiquement
adaptées à cette activité. Le contenu que j'ai
volontairement limité dans sa technicité, peut intéresser
deux sortes de publics.
Tout d'abord, les logisticiens, qui ne connaissent pas
forcément les outils de gestion susceptibles de les aider à
piloter leur activité, et qui trouveront dans la méthode ABC
(Activity Based Costing), une conception simple et matériellement
« palpable » puisqu'elle reprend les flux d'activité
et limite les retraitements comptables (imputations arbitraires, ventilations)
qui ont pu éloigner ces managers de la problématique des prix de
revient au profit des comptables.
Ensuite, les contrôleurs de gestion industriels et
commerciaux, qui n'ont pas encore perçu l'importance stratégique
de la logistique, fonction encore trop souvent considérée
aujourd'hui comme un centre de coût parmi d'autres. Cette vision de la
logistique saura les aider à dynamiser et vendre la logistique au
meilleur prix.
Objectifs
L'élaboration de cette thèse a été
motivée par plusieurs objectifs.
- L'approche d'un nouveau métier
Ayant oeuvré pour l'essentiel de ma carrière
dans l'industrie, soit depuis 15 ans et même si le contrôle de
gestion industriel continue de me passionner, je me devais de découvrir
les bases d'autres métiers, d'une part pour me donner la dimension
logistique à l'intérieur de l'industrie, mais aussi pour m'ouvrir
d'autres horizons.
- Donner une dimension contrôle de gestion dans la
nouvelle approche logistique du groupe LAPEYRE.
Parallèlement au projet MERCURE qui n'a pas
intégré la composante contrôle de gestion, l'objectif est
aussi de faire connaître les particularités du raisonnement autour
de la mesure de la performance globale de la chaîne logistique.
- Aider le groupe en contribuant à valoriser la
logistique au meilleur prix
La prédominance industrielle et la
méconnaissance des nouvelles méthodes de prix de revient conduit
à des interprétations erronées quant à la
performance des structures logistiques.
- Participer au redressement de la plate - forme LOGISS.
Cette plate - forme inaugurée en octobre 2000, doit
être redressée au plus vite. Ma contribution s'appuie sur la mise
en place d'outil d'aide à la décision et d`instruments de
pilotage en accompagnant la reprise en main de la société par un
nouveau directeur.
Hypothèses
Le cas réel traité en troisième partie
reprend les données du budget 2002 de l'entreprise LOGISS, plate - forme
logistique du groupe LAPEYRE en assurant la distribution vers les points de
vente de la majorité des produits non fabriqués par le groupe
(les usines possèdent leur propre plate - forme). Ce cas est
concentré sur la logistique de distribution finale et ne concerne pas
tous les flux de la chaîne logistique comme les achats et les
approvisionnements situés au siège.
Méthodologie
Pour découvrir la logistique, la revue de
littérature ne suffisait pas. C'est pour cela, qu'avec la
bénédiction du groupe, et tout en continuant mon travail de
responsable administratif et financier de POREAUX, un site industriel, j'ai pu
m'intégrer chez LOGISS environ deux jours par semaine, en échange
de la mise en place d'un système de contrôle de gestion. Cette
découverte de l'intérieur du métier m `est apparue
comme une condition indispensable à la compréhension de la
problématique de la logistique. J'ai aussi tenté d'approcher
d'autres sociétés pour aborder le sujet du contrôle de
gestion dans les activités logistique et discuter des options possibles.
Comme on peut le comprendre, je n'ai pas reçu d'échos
particulièrement favorables. Il existe très certainement des
méthodes plus élaborées, notamment dans les grands groupes
logistiques.
Résultats
Les méthodes entrevues dans cette thèse ne
constituent qu'un aperçu de certaines techniques qui paraissent
particulièrement adaptées aux activités de service. Leur
application chez LOGISS reste à valider pour l'année 2003.
Ce qui apparaît au coeur de la problématique
à mes yeux, c'est l'obtention de la culture logistique et du service au
client qu'il faut mesurer et évaluer régulièrement
à travers des enquêtes de satisfaction.
Recommandations
Il serait souhaitable que ces techniques soient
étendues sur les autres plates - formes intégrées aux
usines, qui aujourd'hui fonctionnent comme les autres services annexes. La
réflexion et la réorganisation que le groupe mène
actuellement doivent être accompagnées par la dimension
contrôle de gestion. Autrement, il n'est pas certain que cette
démarche atteigne complètement les objectifs fixés.
TABLE DES
MATIERES
LE CONTROLE DE GESTION DANS LES ACTIVITES
LOGISTIQUES
Table des matières page 6
INTRODUCTION page
8
1ère PARTIE:LA CREATION DE VALEUR D'UNE
LOGISTIQUE MODERNE page 10
1.1)Les modalités générales de la
création de la valeur.
-1
Fondements théoriques et conceptuels page 11
-2
Le management par la
valeur page 13
-3
Les limites de l'approche par la
valeur page 16
1.2)La place de la logistique dans la stratégie.
-1
Les enjeux d'une logistique
moderne page 18
-2
La logistique élément clef de la
stratégie page 20
-3
Revue des stratégies employées
page 23
1.3)La création de valeur de la logistique
-1
La place de la logistique dans la chaîne de valeur page
26
-2
L'importance du capital humain. page
28
-3
La contribution de la logistique dans la
création de valeur page 30
2ème PARTIE :LA MESURE DE LA PERFORMANCE D'
UNE ACTIVITE LOGISTIQUE page 34
2.1)Description de l'activité des plates-formes de
distribution
-1
L'organisation page 35
-2
Le système d'information page
37
2.2)Le contrôle de gestion logistique
-1
Les particularités du contrôle de
gestion d'une activité logistique page 39
-2
Le contrôleur de gestion logistique page 42
2.3)Les méthodes modernes de mesure de la performance
-1
Les tableaux de bord
page 44
-2
L Approche ABC dans la logistique page 47
-3
L'Activity Based Management
(ABM) page 50
-4
Les apports de la démarche ABC/ABM dans la
logistique page 52
3ème PARTIE :LA DISTRIBUTION DANS LE GROUPE
LAPEYRE page 56
3.1)Situation du groupe LAPEYRE
-1
Présentation du groupe LAPEYRE page
57
-2
Fonctionnement de la distribution page 58
3.2)Réflexions menées : La prise de conscience
-1
La logistique au coeur de la stratégie
de LAPEYRE page 60
-2
Le projet Mercure page 62
3.3)Proposition et mise en place d'outils de pilotages
adaptés aux plates - formes
-1
Application de la Méthode ABC
à la plate-forme principale. page
65
-2 Tableaux de bord et autres mesures page 71
CONCLUSION page 77
BIBILIOGRAPHIE page 80
ANNEXES
INTRODUCTION
Si dans les années soixante
dix, la logistique se limitait à l'optimisation des tâches
opérationnelles (transport, entreposage), les grands groupes ont pris
conscience de l'importance stratégique de la fonction.
Après avoir optimisé l'outil industriel, ceux ci
ont constaté que la logistique pouvait dans certains cas devenir un des
facteurs les plus importants de la croissance et de la rentabilité de
l'entreprise. Introduite en France au milieu des années 90 ; la notion
de SUPPLY CHAIN MANAGEMENT (SCM) rend compte de cette évolution.
Sont désormais en jeu : une productivité et une
réactivité accrues, une réduction des coûts, un
capital (stock) mieux rentabilisé ainsi qu'une bonne qualité de
service.
D'où la dimension stratégique de
l'activité logistique.
Le cadre de l'étude se limitera à la
distribution physique des produits destinés à l'approvisionnement
des points de ventes et plus particulièrement au milieu des
plates-formes que l'on peut voir fleurir depuis quelques années.
On peut donc vraiment parler d'un nouveau métier, d'une
part parce qu'il est proche de l'industrie par sa complexité des flux
et des systèmes, mais aussi du service, puisqu'il se situe finalement au
plus près du client du moins dans sa relation qualité et
délai.
Ce nouveau métier appelle donc de nouvelles
compétences principalement orientées vers la satisfaction du
client et vers l'optimisation des ressources.
Satisfaction client d'abord qui représente la valeur
que le client peut se faire du produit à travers les prestations
logistiques. En effet, la particularité de la logistique provient
qu'elle est justement le l'élément final voir définitif de
la satisfaction client.
C'est d'ailleurs cette dimension qui a justifié
l'attention récente des dirigeants envers la logistique. Cette prise de
conscience a entraîné une augmentation significative des
ressources et une revalorisation des managers logistiques. En apportant la
sécurité, l'efficacité et la personnalisation des
livraisons, la logistique est devenue une véritable fonction
dédiée à la création de valeur pour le client.
La dimension habituelle du contrôle de gestion
s'articulant atour des données purement comptables, on peut s'interroger
sur la façon de mesurer cette qualité et d'établir une
relation avec les performances financières. Cette nouvelle donne,
suscite des interrogations sur la façon de piloter l'activité et
surtout sur la façon de connaître la performance des
décisions et des organisations. C'est à cette
problématique essentielle que nous essayerons de répondre. La
littérature sur ce type de contrôle de gestion n'est pas dense et
on peut réfléchir sur le contenu spécifiquement
adapté à l'activité logistique, mais aussi s'interroger
sur le bien fondé d'une méthodologie particulière à
la logistique dans un groupe industriel ou commercial.
La première partie sera consacrée à la
création de valeur de la logistique. Après une rapide revue
théorique, nous nous attacherons à démontrer la place
prépondérante de la logistique dans les stratégies
actuelles des grands groupes et nous tenterons de comprendre les impacts de la
logistique sur la chaîne de valeur.
Dans un second temps, nous aborderons la question propre au
contrôle de gestion :
Comment mesurer la performance de la logistique et quel doit
être le prix d'une prestation logistique de qualité ? Nous
découvrirons alors le métier de la logistique de distribution en
explorant les théories et les expériences
développées dans ce domaine.
Enfin nous donnerons en dernière partie, un
aperçu pratique de la question, à travers l'expérience du
groupe LAPEYRE en proposant des solutions d'améliorations simples et
rapidement implantables dans une activité de type plate - forme de
distribution.
THESE PROFESSIONNELLE : Le contrôle de gestion dans
les activités logistiques
PREMIERE PARTIE :
LA CREATION DE VALEUR
D'UNE LOGISTIQUE MODERNE
1.1)LES MODALITES GENERALES DE LA CREATION DE VALEUR
1.1.1) LES FONDEMENTS
THEORIQUES ET CONCEPTUELS DE LA VALEUR
Avant d'aborder la création de valeur, il faut
s'intéresser aux évolutions théoriques récentes sur
la valeur en matière financière.
Cette approche relativement nouvelle, nous provient des Etats
Unis et plus particulièrement du Cabinet STERN et STEWART, qui a
véritablement modifié la place et la signification de la valeur
que ce soit pour les financiers, mais aussi pour tous ceux qui sont
amenés à piloter les entreprises.
Le rôle du cash-flow
Le cash-flow est au centre de la valeur pour plusieurs raisons
:
En premier lieu, c'est la valeur actualisée des
cash-flows futurs qui détermine la valeur de la société.
En effet le résultat n'étant souvent qu'une illusion des
pratiques comptables, c'est bien le cash-flow qui indique la création
réelle de richesse.
Ensuite, c'est l'élément principal avec le taux
d'actualisation pris en compte dans la décision d'investissement.
Enfin c'est bien l'indicateur clef du tableau de
trésorerie, qui à plusieurs niveaux permet de connaître la
marge de manoeuvre de l'entreprise en terme de financement de nouvelles
activités, de remboursement des emprunts et de distribution
éventuelle aux actionnaires.
La Valeur stratégique
La notion de valeur stratégique, parfois
utilisée abusivement pour imposer un choix, doit se comprendre comme le
reflet de la valeur perçue de l'entreprise en considérant qu'elle
n'a finalement que peu de rapport avec la valeur financière.
Souvent utilisée dans les acquisitions, cette notion
peut être utilisée aussi pour justifier la présence dans un
métier différent de l'activité principale.
Le modèle EVA-MVA de J.M. STERN et G.B.
STEWART
- Définition
Au coeur du modèle d'évaluation de ces auteurs
se trouve la notion de valeur économique ajoutée définie
pour une période t comme le produit des capitaux investis par le
différentiel entre la rentabilité économique de ces
capitaux et le coût moyen pondéré du capital de
l'entreprise, soit :
EVA t = (r et - k
t)*C t
EVA t = valeur économique ajoutée de
la période t
C t = montant des capitaux investis en t
r et = rentabilité économique en t
des capitaux investis, égale au ratio RE t/C t
k t = coût moyen pondéré du
capital en t
L'EVA est donc un bénéfice résiduel, une
valeur ajoutée par rapport au coût des capitaux qui financent les
actifs employés. Autrement dit, une EVA nulle signifie que le niveau de
la rentabilité est juste suffisant à rémunérer les
capitaux. Le graphique 1 rend compte de l'incidence des capitaux propres sur le
niveau de l'EVA dégagée.
Graphique 1 : EVA et Capitaux propres
|
ENT A
|
ENT B
|
ENT C
|
ENT D
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NOPAT
|
200
|
200
|
200
|
200
|
CAPITAL EMPLOYE
|
1 500
|
1 400
|
1 200
|
1 000
|
COUT DU CAPITAL
|
15%
|
15%
|
15%
|
15%
|
REMUNERATION DU CAPITAL
|
225
|
210
|
180
|
150
|
EVA
|
- 25
|
- 10
|
20
|
50
|
L'objectif principal à atteindre est donc la
maximisation de l'EVA, cette valeur économique ajoutée
étant la principale mesure de la performance de l'entreprise.
La MVA (Market Value Added) représente la
création de richesse dégagée par l'entreprise. Cette
notion est le verdict du marché puisque son calcul repose sur la
capitalisation boursière (CB). De ce fait, elle est difficilement
utilisable par l'entreprise.
MVA = CB - VC (valeur comptable)
- Application de L'EVA
Ce modèle est calculable dans chaque centre de profit
à l'intérieur de chaque Business Unit et a rencontré un
certain succès au sein de grands groupes anglo-saxons qui ont
commencé à implanter l'EVA dès le début des
années 90.
Chez HEWLETT-PACKARD par exemple, l'introduction de la
méthode EVA a été progressive. Après avoir
utilisé en 91 la rentabilité des actifs (ROA) comme mesure
centrale de la performance, les dirigeants ont introduit en 1993, le coût
du capital dans leur raisonnement. Aujourd'hui, l'EVA joue un grand rôle
dans la gestion du portefeuille d'activité et fournit une
référence pour comparer des divisions aux caractères
très dissemblables en terme d'intensité capitalistique et de
marge.
En France, selon un rapport de la COB publié en mai
2000, seules vingt et une entreprises du CAC 40 mentionnent la création
de valeur, alors que cet indicateur de performance est devenu incontournable de
l'autre coté de l'atlantique.
____________________________________
1.1.2 )LE MANAGEMENT PAR LA
VALEUR
D'après les auteurs de la démarche, le
management par EVA doit s'accompagner obligatoirement de la mise en place d'un
système d'incitation (intéressement).
L'expérience de certains groupes a
démontré que ce système pouvait produire de bons
résultats puisque chaque service, en connaissant sa contribution
à la performance globale de l'entreprise, a pu par émulation
interne, améliorer fortement le résultat de l'entreprise. La
réussite du management par L' EVA nécessite un changement
culturel dans la mesure où chaque décision doit tenir compte du
coût du capital parallèlement aux gains d'exploitation.
Cette démarche doit aussi s'accompagner d'une
formation. En effet, comment persuader un manager que sa décision doit
être prise, non seulement en prenant en compte le résultat
opérationnel, mais aussi le coût des capitaux engagés par
cette même décision. Ainsi une démarche visant à
améliorer la productivité, mais augmentant les stocks, n'est plus
forcément créatrice de valeur si le coût de cette
immobilisation est supérieur au gain opérationnel.
La place des dirigeants dans le processus de
création de valeur
D'après la théorie de l'agence (JENSEN et
MECKLING), l'équipe dirigeante doit gérer l'entreprise dans
l'intérêt des actionnaires en se focalisant sur la création
de valeur. L'intérêt des dirigeants pouvant être
différent (pouvoir, sécurité), il faut éviter de
leur faire prendre des décisions qui ne vont pas forcément dans
le bon sens (diversification, croissance non rentable). Or, créer de la
valeur pour l'actionnaire signifie être capable de générer
une rentabilité future satisfaisante des capitaux investis aujourd'hui,
c'est à dire une rentabilité au moins égale à celle
que l'actionnaire aurait pu obtenir dans d'autres investissements de risque
similaire.
A cet effet, la plupart des grandes entreprises ont mis en
place des mécanismes d'incitations directement liées à la
création de richesse pour les actionnaires (actions, stock options,
bonus).
Ce système de rémunération basé
sur l'EVA évite aux dirigeants de se disperser vers des activités
peu créatrices ou destructrices de valeur. En fait, ils se comportent
comme des actionnaires avec un objectif d'accroissement durable et
pérenne de l'EVA.
La création de valeur aux différents
niveaux opérationnels.
Les termes de création de valeur ou de valeur
actionnariale (shareholder value) ont trop souvent été
utilisés lors de la fermeture d'une unité ou lors d'un plan
social. Du coup, les acteurs opérationnels ont très vite ressenti
que les objectifs de maximisation de la valeur pouvaient se faire à
leur détriment.
Le Management par la valeur VBM s'appuie justement par
l'appropriation des managers opérationnels qui doivent servir de
véritable relais pendant ce changement culturel. A cet effet, les
entreprises qui mettent en place ce système doivent investir massivement
dans une formation qui consiste à démontrer à tous les
niveaux de l'encadrement comment l'ensemble des taches et décisions
quotidiennes contribue à la création ou destruction de valeur.
L'objectif est alors de mettre la structure de management opérationnel
en situation de responsabilité sur une grande partie de ses coûts
et de ses moyens.
La démarche peut être orientée vers
l'élaboration d'un plan d'action d'amélioration de la performance
dont l'outil clé sera constitué d'une batterie d'indicateurs
(ROCE, Rotation des actifs, productivité). Ces indicateurs peuvent
être positionnés sur un arbre de valeur (schéma n°1)
qui permet à chacun des acteurs de replacer son action à
l'intérieur de la chaîne de valeur.
Le management par la valeur (VBM) consiste donc à traduire
dans « les règles du jeu » propres à l'entreprise, la
prise en compte du contrat implicite ou explicite qui la lie à ses
actionnaires.
____________________________________
1.1.3) LES LIMITES DE
L'APPROCHE DE LA VALEUR
De nombreuses critiques ont été émises en
direction des techniques de fonctionnement des modèles de
création de valeur.
Le succès rencontré de cette approche et son
application relativement systématique ne doivent pas conduire à
ignorer les problèmes liés à sa mise en place et ses
conséquences dans le comportement humain.
Aspects techniques
- Le coût des capitaux propres est difficile à
déterminer puisque le calcul doit s'appuyer sur des données
prospectives, alors qu'en pratique, celui-ci prend en compte des données
historiques. Dans le monde du financement des capitaux, rien ne permet
d'affirmer que demain ressemblera à hier.
- Les investissements à long terme ne sont pas
favorisés, puisque le calcul de l'EVA reste une mesure
instantanée de la création de valeur.
- L'évaluation des performances à
l'intérieur d'un groupe est difficile, étant donné
l'impact des prix de cession.
- L'adaptation de l'approche aux PME non cotées est
délicate, dans la mesure où l'on connaît, en particulier,
les difficultés de détermination du coût du capital.
- Une incitation financière forte peut entraîner
une certaine créativité comptable propre à satisfaire
à court terme les actionnaires.
Aspects humains
- La focalisation de la création de valeur pour
l'actionnaire, peut entraîner une certaine démobilisation pour le
personnel et les autres partenaires de l'entreprise (sous traitants,
fournisseurs)
- Les dirigeants soumis à des pressions importantes,
ou fortement intéressés financièrement, peuvent être
tentés de manipuler les comptes en déconsolidant les filiales
destructrices de valeur.
- Les limites liées aux contextes nationaux renvoient
à l'origine anglo-saxonne du concept de création de valeur et
à ses fondements libéraux.
- L'application de mesures visant à créer de la
valeur peut conduire, en premier chef, à procéder à des
licenciements massifs, les frais de personnel représentant souvent la
principale source de coût. Ce principe est ainsi à l'origine de
nombreuses délocalisations d'entreprises installées en France.
Aspects stratégiques
- Fondamentalement, le raisonnement de la création de
valeur, a conduit les entreprises à s'engager dans les secteurs les plus
créateurs de richesse. La pression des investisseurs professionnels a
incité de nombreux groupes à effectuer un recentrage vers les
activités ou les marchés qu'ils maîtrisent le plus,
à charge de l'investisseur de diversifier les risques en composant son
portefeuille. Devant cette stratégie, on peut s'interroger sur l'horizon
des entreprises qui risquent de mourir à petit feu sur des
marchés de plus en plus précaires et sur l'apparition de nouveaux
produits ou concurrents pouvant menacer son existence.
- Enfin il ne faut pas ignorer l'importance de la situation
de l'entreprise par rapport à la concurrence. En effet, d'après
une analyse réalisée en 1996, 75% des entreprises qui ont offert
une rentabilité élevée à leurs actionnaires le
doivent avant tout à leur avantage concurrentiel plus qu'à
l'amélioration de leur rentabilité.
____________________________________
1.2) LA PLACE DE LA LOGISTIQUE DANS LA STRATEGIE
1.2.1) LES ENJEUX D'UNE LOGISTIQUE
MODERNE
Evolution de la fonction logistique
S'il est bien une fonction remplie de néologismes et
d'expressions anglo-saxonnes très à la mode, la logistique attire
de plus en plus d'éditeurs de logiciels et de consultants qui ont pu
parfois brouiller quelque peu l'image de cette fonction. On peut attribuer ce
foisonnement de vocabulaire à la bonne santé du secteur puisque
la croissance est environ deux fois supérieure au PIB (source Les Echos
du 4/03/02).
Ce dynamisme trouve son origine dans la profonde mutation de
sa perception:
La logistique ne correspond pas à une activité
mais à une fonction d'organisation de l'entreprise dont la
définition peut varier fortement suivant les pays et les cultures.
Il y a dix ans, elle était sans doute la fonction la
plus méconnue et la moins développée de l'entreprise.
Aujourd'hui, elle est celle qui a le plus évolué, s'est le plus
enrichie et étendue. On a généralement mis en place dans
tous les pays une fonction logistique prise dans le sens de gestion,
d'organisation et de synchronisation des flux (physiques ou informationnels
pour les données associées à ces flux physiques) avec un
mode d'organisation fondé sur le Supply Chain Management qui repose sur
la vision globale des flux, des fournisseurs initiaux jusqu'aux clients finaux.
Cette Supply chain a effectivement été un formidable facteur de
transformation et de décloisonnement de l'entreprise.
La logistique occupe aujourd'hui une place stratégique
dans la mesure où elle est située à l'interface des
relations avec la clientèle et offre un levier très important
pour améliorer les processus d'approvisionnement, pour poursuivre une
politique de réduction de coûts, d'amélioration des
délais et de la qualité et pour mettre en place un suivi fiable
des marchandises afin d'en suivre la trace.
On l'aura compris : la logistique n'est plus une simple
fonction d'exécution, car en devenant l'un des premiers vecteurs de
performance de l'entreprise, son rôle est désormais central. Du
pilotage des flux physiques à court terme, en passant par la fonction
tactique de planification à moyen terme, jusqu'à sa dimension
stratégique d'intégration et d'optimisation des flux, la
logistique révolutionne l'organisation de l'entreprise.
Les facteurs économiques et sociaux
En réalité, la logistique a pris une place
stratégique prépondérante pour plusieurs raisons :
- Des clients devenus exigeants et impatients
Pour se rendre contre de la mutation, il suffit de revenir
quelques décennies en arrière. En effet, les entreprises
étaient plus préoccupées par la production et le volume
des ventes n'était finalement déterminé que par les
capacités de production, la qualité et le délai
étant relégués au second plan par des clients patients
n'ayant de toutes façons qu'un choix limité.
Aujourd'hui, le produit n'est plus tout à fait
à la même place, et c'est pour cela que la notion de service a
été placée au centre des préoccupations des
entreprises qui ont su évoluer en respectant les engagements pris avec
les clients.
- Des clients infidèles
Le monde bouge plus vite, plus fort et les clients mieux
informés sont devenus adeptes du « zapping » et
suivent les tendances de près. La durée de vie des produits a
été radicalement diminuée avec des conséquences
évidentes sur les choix de gestion et la politique de stockage.
- Un désir d'exclusivité
Paradoxalement, les clients veulent suivre la mode, mais aussi
garder une certaine originalité dans leur consommation. Cette
personnalisation entraîne bien entendu des modifications importantes dans
les flux d'échanges.
- Des cycles de vie de produit raccourcis
Nul besoin d'être un observateur aguerri pour constater
la formidable réactivité de certaines industries
(électronique, automobiles, etc. ) dans ce domaine. Dans ce cas la
gestion logistique peut devenir un des principaux enjeux de la
profitabilité.
Vendre la logistique
Améliorer la performance logistique est louable, mais
encore faut-il savoir la vendre. A quoi servirait de livrer en 24 heures si le
client ne le demande pas ? C'est d'ailleurs ce principe qui a conduit une
grande entreprise de vente par correspondance de livrer en standard en 48
heures, mais aussi d'offrir la possibilité pour les clients
pressés d'être livré en 24 heures moyennant
supplément. Dans ce cas on mesure que cette livraison express est un
service qui vaut bien un prix.
Dans une entreprise logistique de type de plate - forme de
distribution aux différents points de vente, l'avantage de livraison
rapide à un rythme plus rapprochée doit être demandé
par les points de ventes. Le client doit, en effet, prendre conscience de
l'avantage qu'il aura dans la réduction de ses stocks. La valeur
créée par la logistique doit ainsi être
régulièrement mise en évidence auprès des clients,
y compris celle des prestations annexes telles que la gestion des retours.
L'entreprise peut accroître la valeur pour le client en
élevant la qualité des attributs du produit ou du service ou bien
aussi en réduisant le coût de l'opération, le coût
sur le cycle de vie ou le risque. La qualité du produit et celle du
service justifie le prix. En fait, l'enjeu est de trouver le moyen d'ajouter de
la valeur pour le client de façon à ce que celle ci soit
supérieure au prix qu'il devra payer.
Pour illustrer ce propos, les grandes entreprises de colisage
américaines DHL et FEDEX pratique une communication intensive et ont
développé un système d'information permanent sur la
localisation des marchandises traitées. Cette politique leur permet de
pratiquer des tarifs haut de gamme que le client accepte de payer au vu de la
sécurité et de la qualité de la prestation.
Il faut cependant garder en tête que la valeur est une
cible mobile. Le client accepte de payer plus cher si le service est
supérieur à celui offert par les concurrents. A mesure que
ceux-ci progressent, l'entreprise doit faire de même.
____________________________________
1.2.2) LA LOGISTIQUE,
ELEMENT CLEF DE LA STRATEGIE
Trop souvent négligée, la logistique a un double
impact sur la performance des entreprises.
Au niveau des coûts, il s'agit d'un
élément dont l'importance va en croissant. De façon plus
qualitative, la politique logistique, si elle est cohérente avec la
stratégie d'ensemble de l'entreprise, peut donner à celle-ci une
puissance d'impact considérable. Au contraire une incohérence
entre la logistique et stratégie peut affaiblir, voire faire
disparaître une entreprise.
Cadre conceptuel
Dans le passé, la logistique a été
considérée comme une fonction réduite au transport,
à l'entreposage et à la gestion des stocks. Les changements
rendus possibles par les nouvelles technologies et les nouvelles
méthodes ont permis à la logistique de devenir un instrument
d'intégration et de coordination des activités à travers
la chaîne logistique. Cette nouvelle vision de la logistique apporte par
conséquent une nouvelle compétitivité
Les facteurs qui ont placé la logistique dans
la stratégie
Parmi les nombreuses raisons de l'influence grandissante de la
logistique dans les choix stratégiques, nous pouvons citer:
- L'élargissement du choix des moyens susceptibles de
réaliser les objectifs de service et de coût (informatique,
développement des réseaux de transport, Internet).
- L'importance grandissante de la notion de service au client
qui sont devenus plus exigeants en terme de qualité et de délais
(crainte de rupture, respect des engagements)
- Les changements brutaux qui affectent les cycles
économiques, ce qui exige une flexibilité et une adaptation
rapide.
- L'environnement concurrentiel a changé radicalement
durant les 15 dernières années. Les clients sont dispersés
géographiquement et exigent une prestation de meilleure qualité,
plus rapide et à des prix plus bas. Les entreprises ont
été contraintes de modifier leur plan de production et d'adapter
leur stratégie. Les choix stratégiques sont souvent
influencés par le marché et la concurrence et l'organisation
logistique ne doit pas faire exception à cette règle.
L'environnement englobe la demande du marché (prix,
caractéristiques) la localisation des clients, les délais
exigés par les clients et la sensibilité de la demande
- L'organisation verticale et centralisée a
laissé place à une organisation en réseau
géographique dispersé des ressources. Ce réseau est
sensé fournir la rapidité et la flexibilité
nécessaire au temps de réponse d'une opportunité de
marché.
Cette observation du changement structurel de notre
société est reconnue, mais ce qui est souvent ignoré,
c'est le rôle croissant de la logistique comme facteur indispensable de
réussite dans ce nouvel environnement.
Stratégies
développées
L'argument à développer est que les nouvelles
stratégies de production, ne peuvent réussir sans le
développement de la logistique élargie dans toute
l'entreprise.
Cette nouvelle stratégie de fabrication a
identifié 4 dimensions essentielles : les coûts, la
qualité, la flexibilité qualitative et quantitative et le
délai de livraison, contrairement au passé ou seul un des ces
éléments pouvait suffire (prix bas par exemple).
Les priorités dans les choix peuvent alors
dépendre de la position de l'entreprise (forces, environnement, culture
logistique ...)
Dans une étude réalisées aux Etats Unis
par M. A. MCGINNIS et J.W. KOHN dans un article « A factor Analytic
Study of Logistic Strategy » , les auteurs ont identifié
trois orientations stratégiques différentes.
- La stratégie de Process : la logistique
étant alors gérée comme une valeur ajoutée. Le but
premier étant de contrôler les coûts en gérant les
flux.
- La stratégie de marché : L'accent est mis
sur les synergies de distribution physique. Le but est alors de faciliter la
coordination des ventes et de la logistique afin de servir au mieux les clients
communs des différentes unités.
- La stratégie d'information : En Coordonnant et
en contrôlant l'information remontant des réseaux de ventes. Dans
ce cas l'accent est mis sur la collaboration et la coordination entre les
organisations à travers la gestion de l'information et de la logistique.
Le temps allié de la
compétitivité logistique
Les efforts entrepris dans l'amélioration des
délais industriels doivent pour assurer un avantage compétitif
être relié par une organisation logistique performante.
L'entreprise est alors capable de répondre aux fluctuations de la
demande avec moins de distorsion entre les cycles de fabrication. L'avantage
compétitif des nouveaux produits est alors renforcé par une mise
sur le marché adaptée et flexible. Le temps de livraison est donc
essentiel à la stratégie logistique puisque d'une part les
clients percevront mieux le service, et d'autre part l'entreprise peut
réduire les stocks, source d'immobilisations financières et de
risque de pertes importantes.
____________________________________
1.2.3) REVUE DES STRATEGIES
EMPLOYEES
Une étude menée par le CRET- LOG (Centre de
Recherche sur le Transport et la Logistique),en 2000, a permis de situer la
position stratégique de la logistique auprès d'entreprises
industrielles et commerciales implantées en France.
Problématique
Compte tenu de son métier et de ses missions, la
logistique présente deux caractéristiques principales :
- D `une part, elle procède d'une dialectique
permanente entre l'opérationnel (gestion des flux) et le
stratégique (dispositifs logistiques adéquats aux objectifs de la
firme). C'est donc une fonction qui traverse verticalement la
hiérarchie.
- D'autre part, pour faire son métier, elle doit
s'interfacer avec la plupart des autres fonctions de l'entreprise
(particulièrement le marketing, la production et l'informatique), ainsi
qu'avec de nombreux partenaires extérieurs (clients, fournisseurs,
prestataires logistiques). C'est donc aussi une fonction transversale qui
mobilise « horizontalement » de multiples
compétences.
Les dimensions de la problématique
Deux perspectives sont apparues :
La première est l'officialisation de la logistique dans
la structure de l'entreprise, car considérer la place dans la structure
présente l'avantage d'être facilement observable. Plusieurs types
d'organisation ont été identifiés :
- La logistique fragmentée qui présente de
multiples services logistiques subalternes, à vocation strictement
opérationnelle, intégrée aux grandes fonctions
classiques.
- La logistique opérationnelle centralisée qui
se traduit par une grande direction logistique, chargée
d'élaborer le plan logistique et de contrôler les
opérations logistiques qu'elle dirige hiérarchiquement
- La logistique intégrée combinant une division
opérationnelle responsable des moyens logistiques et un
département fonctionnel chargé d'élaborer les
méthodes, règles et procédures.
- Enfin d'autres plus marginales qui vont jusqu'à
envisager de faire disparaître la fonction logistique, l `entreprise
ayant atteint l'objectif d'intégrer la
« culture logistique».
La seconde perspective est celle des pratiques de gestion
logistique. C'est la dimension coordination avec deux variantes :
- La coordination émergente qui met en valeur la
pratique logistique, l'articulation des compétences et la
synchronisation des opérations de manières quasi
spontanées et se faisant par ajustement mutuel. Le succès d'une
coordination émergente semble par ailleurs reposer sur la diffusion
d'une culture logistique, au-delà des seuls logisticiens en titre.
- La démarche intentionnelle, volontaire, consciente,
et planifiée assure une coordination délibérée.
Celle ci est généralement impulsée par un champion.
Résultat de l'étude
Sans rentrer dans le détail, 111 entreprises ont
été classées selon leur positionnement vis à vis
d'un certain nombre de dimensions relatives à la nature, à la
structuration, au partage et à l'identité de la fonction
logistique. Quatre types ou places de la logistique au sein de l'organisation
ont ainsi pu être observées
- La logistique en phase de reconnaissance : c'est
à dire qu'elle n'est pas pleinement reconnue comme fonction
stratégique et qu `elle ne bénéficie pas d'une
conception globale des flux mais plutôt d'une optimisation locale. C'est
une vision technicienne des opérations, mais, certaines entreprises ont
pris conscience de l'importance de la logistique et affichent leur
volonté de faire évoluer leur gestion.
- La logistique grande fonction centralisée,
placée en situation de pouvoir négocier avec les autres grandes
fonctions. Dans ce groupe, il s'agit d'une logistique militante et
conquérante qui cherche à s'imposer à travers des
champions, mais qui ne diffuse pas forcément la culture logistique dans
l'ensemble de l'entreprise.
- La logistique mûre et institutionnalisée qui
correspond à l'état le plus avancé en matière
d'efficacité logistique. Dans ces entreprises, la notion logistique est
présente dans la stratégie, dans l'optimisation des flux
physiques et des grandes fonctions.
- La logistique archaïque et diluée dans les
entreprises qui n'ont pas forcément perçu l'importance et la
transversalité de la logistique. Dans ce cas c'est une fonction qui
peut être externalisée.
Cette recherche empirique a permis de rendre compte de
l'évolution substantielle de la place de la logistique dans la
stratégie, et que les responsables logistiques sont pleinement
associés à des décisions qui dépassent le cadre
strict de la logistique.
Elle confirme aussi que les différentes places
accordées à la logistique correspondent à des niveaux
différents de maturité.
____________________________________
1.3) LA CREATION DE VALEUR DE LA LOGISTIQUE
1.3.1)LA PLACE DE LA
LOGISTIQUE DANS LA CHAINE DE VALEUR
La chaîne de valeur
L'activité Logistique est représentée en
tant qu'activité principale de la chaîne de valeur de PORTER (voir
schéma 1)
Celle ci fait partie des compétences économiques
que l'on peut mettre en oeuvre à chacun des différents stades de
la chaîne
La distribution est décrite sur deux dimensions
- Une dimension plutôt physique et financière
(coût, localisation, maîtrise des transports).
- Une dimension qualité (délais et maîtrise
du réseau de distribution)
SHEMA : 1 CHAINE DE VALEUR DE M.E. PORTER
ACTIVITES DE SOUTIEN
V
A
L
E
U
R
INFRASTRUCTURE
GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
DEVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE
APPROVISIONNEMENTS
Commer-
cialisation
et
vente
Logistique
externe
Services
Production
Logistique
interne
VALEUR
ACTIVITES PRINCIPALES
Optimisation
La fonction logistique comme les autres fonctions doit être
analysée dans la logique stratégique, selon l'univers
concurrentiel spécifique. Dans ce cas, le raisonnement
stratégique peut conduire l'entreprise à rechercher un avantage
compétitif décisif dans la distribution de manière
à compenser ou accroître sa position par rapport aux
concurrents.
Pour qu'il soit durable, il faut identifier les sources de
danger, de perte de compétitivité ou de grippage interne ou
externe de la chaîne. Par exemple, utiliser un seul transporteur aussi
compétitif soit-il, peut constituer un danger, en cas de
défaillance.
Facteur clé de succès de la
logistique.
Comme on a pu l'aborder dans les chapitres
précédents, la logistique, peut constituer un facteur clé
de succès pour toute l'entreprise. Ainsi, dans le secteur des chaussures
de sport, ADIDAS, avait su, au début des années quatre-vingt, se
créer un avantage compétitif dans la fonction logistique et
distribution. Les coûts ne représentaient que 8 % du coût
total pour une fourchette de 12 à 20% dans la concurrence.
Pour une enseigne distributrice, comme le groupe LAPEYRE, la
notion de « service logistique » apparaît
évidente. Les artisans qui constituent une part importante, des clients
de l'enseigne, doivent compter sur la disponibilité et la qualité
des produits, non seulement pour des questions financières
(pénalités de retard), mais aussi pour leur image de marque.
- Coordination
inter - fonctionnelle
L'avantage concurrentiel peut également provenir d'une
meilleure coordination au sein de la chaîne. Il s'agit donc
d `amener plusieurs fonctions à collaborer dans l'optique de
fournir au client une valeur supérieure. Concrètement, cette
analyse concerne les liaisons génératrices de conflit.
- Coordination externe
La chaîne de valeur, ne peut être isolée de
son environnement. Dans le cas d'un groupe de distribution, il est
nécessaire d'intégrer les fournisseurs externes ou internes. Ce
fonctionnement trouve une parfaite illustration dans le monde automobile,
où les systèmes de production de juste à temps ne trouvent
leur efficacité que par une véritable organisation des relations
entre et les fournisseurs ou les sous-traitants.
____________________________________
1.3.2) L'IMPORTANCE DU CAPITAL
HUMAIN
La performance d'une entreprise n'existe pas sans la
contribution des hommes. On, peut donc affirmer que le capital humain est le
premier vecteur de la création de valeur. C'est d'ailleurs ce
pragmatisme qui est à l'origine de la réussite des grandes
entreprises anglo-saxonnes.
Ainsi, on observe de plus en plus que les entreprises
prospères ont pour caractéristique de communes d'accorder une
importance accrue à la gestion des ressources humaines. Cette politique
préalablement engagée dans les métiers à forte
valeur ajoutée du conseil, s'est étendue aux grands groupes qui
ont à leur tour perçu l'importance du facteur humain dans la
performance de l'entreprise.
Le savoir-faire logistique n'échappe pas à cette
règle car, nous l'avons vu précédemment, celle ci fait
partie du noyau stratégique pour assurer la création de valeur au
même titre que les actifs matériels et les actifs financiers.
La place des salariés dans la chaîne de
valeur
Les nouvelles interprétations de la notion de valeur font
référence à la notion de chaîne de valeur, qui a
pour point de départ les employés et qui se terminent par les
investisseurs, en passant par les clients.
Il convient donc de ne pas oublier que les modifications des
politiques sont réalisées par des structures et donc un potentiel
humain. Les personnes ne sont pas toujours prêtes à remettre en
question ce qu `elles ont construit. La fonction ressource humaine joue un
rôle important en ce sens qu'elle contribue à transformer les
ressources humaines en une valeur ajoutée pour l'organisation. Pour y
parvenir, des actions telles que l'amélioration des compétences,
l'établissement et le respect de conditions humaines satisfaisantes
comptent parmi les nombreuses pratiques destinées à
accroître la valeur des ressources humaines.
Facteurs incitatifs
Innovation, savoir-faire, relations fournisseurs, satisfaction
client, marque.
Les moyens pour y conduire les salariés sont les
suivants :
- Formation
La formation est véritablement le moteur du capital
humain. Dans un métier de service plus qu'ailleurs dans lequel les
moyens mis en oeuvre peuvent éventuellement faire la différence
dans la conception ou la fabrication du produit. Dans le service la formation
fait partie des investissements.
La transformation d'une entreprise vers le service logistique
doit aussi être accompagnée. La logistique est un tout et la
formation est peut être le plus grand challenge du changement
organisationnel et culturel accompagnant la reingénierie des processus
logistiques.
C'est en abolissant les frontières habituelles des
différents départements et les chasses gardées que les
projets logistiques ont une chance d'être intégrés par les
managers. Il faut donc prévoir un effort conséquent de
communication et de réunions pour expliquer le projet, décrire
avec précision les étapes et déterminer le rôle et
l'importance de l'implication de chacun.
- Evaluation et Motivation
On n'insistera jamais assez sur le potentiel de la
reconnaissance. L'être humain accomplit parfois des miracles du moment
que son travail est reconnu. Cette base du management n'est hélas pas
suffisamment connue notamment dans les PME où certains ont la sensation
d'être abandonné à leur propre sort, sans être
évalué et sans objectifs clairs dans le cadre d'un entretien
annuel. C'est pourtant un levier de motivation extrêmement efficace qui
constitue la base d'une relation durable et claire entre le manager et ses
subordonnées.
Culture de l'entreprise
Toute entreprise possède des valeurs dont l'origine vient
souvent du créateur ou des spécificités du marché.
Il est indispensable que l'ensemble des acteurs comprenne et réagisse
dans le même sens et c'est pour cela que les recrutements doivent en
tenir compte prioritairement par rapport aux compétences techniques.
- Culture logistique
La culture logistique ne s'établit pas du jour au
lendemain, et comme pour tout changement culturel, la démarche est
longue et rencontre de nombreux écueils. Ainsi une logique
précédente qui favorise le volume à travers les achats et
la fabrication, va constituer un frein important.
Pour accompagner et réussir le virage stratégique,
il est essentiel que la pensée logistique soit présente à
tous les niveaux de l'entreprise. Les managers doivent réfléchir
et intégrer un cahier des charges logistiques pour chacun de leur choix
(achats, planning de production, investissements, organisation
opérationnelle, etc.)
- Culture du Service
Les entreprises performantes ont depuis longtemps
intégré le service comme une priorité, et la logique du
client (interne et externe) est véritablement prise en compte pour
chacun des actes courants, y compris les taches non valorisées telles
que la facturation. En contrepartie, l'entreprise doit mettre en oeuvre les
outils de mesure de la satisfaction client et informer le personnel de son
niveau et de son évolution.
Dire que le capital humain est important paraît
évident, pourtant de nombreux groupes, encore il y a peu de temps
n'incorporaient pas de politique particulière dans la gestion des hommes
et du savoir-faire. La logistique paraît être un bon observatoire
de cette évolution puisque les compétences nécessaires
proviennent essentiellement de la notion de service.
____________________________________
1.3.3)LA CONTRIBUTION
DE LA LOGISTIQUE A LA CREATION DE VALEUR
Comme nous l'avons vu dans le paragraphe
précédent, La question de la logistique peut être
placée au coeur de la stratégie comme un élément
indispensable à la création de valeur voir même comme une
absolue nécessité pour la survie de l'entreprise.
Plusieurs études sur la place de la logistique dans
l'organisation démontrent ce statut stratégique mais attestent
aussi, qu'il n'existe pas « une » place pour la fonction
logistique, mais des places possibles.
Au-delà de la place dans la structure des entreprises,
qui est souvent réduite à sa position dans l'organigramme, on
peut aussi se poser la question de la place de la logistique dans
l'organisation.
L'image de la « chaîne logistique »
nous permet une fois de plus de bien mesurer les enjeux du pilotage de cette
logistique dans la performance de l'entreprise.
En effet, de processus logistique, qui est très
largement visible et tangible, présente la caractéristique de
traverser et de transgresser les frontières organisationnelles
traditionnelles aussi bien entre fonctions qu'entre entreprises.
Si le processus est concret, et si les opérations qui
la composent ont finalement toujours existé, les notions de
« chaîne logistique » sont des
représentations, des abstractions. La plus ou mois grande
intégration de la chaîne logistique dépend de la
volonté d'adopter une approche globale de la circulation physique et
d'améliorer la gestion des interfaces tant intra - entreprises qu'inter
- entreprises. Ces principales caractéristiques peuvent expliquer les
difficultés à positionner la fonction logistique.
La valeur pour le client
Le concept ancien de la logistique, ne comprenait que les
prestations de stockage et de transport de marchandise. Dans cette optique la
meilleure valeur que l'on peut créer pour le client est de minimiser les
coûts.
Maintenant que l'on parle de la logistique à travers la
chaîne et que celle ci fait partie intégrante de la
stratégie des grandes entreprises, la valeur est crée pour le
client quand sa satisfaction est accomplie. Dans ce contexte, la valeur est
perçue par le client en intégrant les nouvelles exigences telles
que, la personnalisation, la flexibilité, l'innovation et la
réceptivité.
Dans ce cas, il s'agit d'un véritable partenariat
où le client doit être connu, suivi et régulièrement
consulté.
La valeur pour l'entreprise
Améliorer la logistique constitue un objectif durable
pour la plupart des entreprises, et on peut se poser la question de la
méthode à adopter pour mesurer les gains apportés par
cette politique.
Nous allons plus particulièrement nous
intéresser à la méthode moderne de mesure de la
création valeur, abordée dans la première partie.
Les mesures financières doivent dans ce cas incorporer
les éléments susceptibles de créer de la valeur aussi
bien à l'intérieur de l'organisation, mais aussi à
l'extérieur (partenaires).
Une première approche pour mesurer la création
de valeur dans la chaîne logistique est d'analyser les parties de cette
chaîne susceptibles d'impacter la performance à travers L'EVA.
Ces indicateurs peuvent être :
- Les temps de livraison objectifs et la part de celle ci
livrées dans les temps
- Le temps total de livraison, de la commande jusque
l'installation chez le client.
- La valeur ajoutée par salarié
- Le temps de rotation du stock, calculé en nombre de
jour de Chiffre d'affaires.
Toutes ces mesures peuvent être liées à la
création de valeur directement ou de manière évidente.
Plus arithmétiquement, on peut aussi simplement
calculer les ratios modernes de mesure de performance.
Le concept d'EVA abordé dans la première partie
peut facilement mesurer les conséquences des décisions sur la
logistique.
Pour améliorer l'EVA, les acteurs doivent viser
à maximiser le NOPAT* et réduire les capitaux employés.
*Le NOPAT(Net Operating Profit After Tax) peut correspondre
au Résultat d'exploitation après impôt.
Pour bien comprendre les incidences de la logistique sur
L'EVA, le schéma n° 2 nous donne un aperçu
synthétique des éléments logistiques susceptibles
d'améliorer les performances de l'entreprise.
Schéma n°2 : influence de la logistique sur
l'EVA
Immobili-sation
Fond de
roulement
Capital
Employé
Résultat d'exploitation
après impôt
EVA
Coût du
Capital
Charges
Revenu
Niveaux de service du client
Délai
Disponibilité
Qualité
Fiabilité
Coûts de transport
Coûts de stockage
Coûts de préparation
Coûts des systèmes informatiques
Composante non pécuniaire des coûts de
possession des stocks (assurances etc.)
Stocks
Comptes clients
Equipement (en propriété et location)
Terrain et installations (en propriété et
locations)
__________________________________
THESE PROFESSIONNELLE : Le contrôle de gestion dans
les activités logistiques
DEUXIEME PARTIE:
LA MESURE DE LA PERFORMANCE DANS LA LOGISTIQUE
2.1) DESCRIPTION DE L'ACTIVITE DES PLATES - FORMES DE
DISTRIBUTION
2.1.1) L'ORGANISATION DES
PLATES - FORMES
Apparue dans les années 1980, les plates-formes de
distribution ont révolutionné le monde de la distribution et du
transport. Il est d'ailleurs important de souligner que cet engouement est tout
à fait parallèle à la réorganisation en
« hub » du transport aérien qui utilise le
même principe.
L'idée de départ est relativement simple, puisqu'il
s'agit de regrouper les réceptions de fournisseurs et d'effectuer les
livraisons vers l'ensemble du réseau de vente à partir d'un ou
plusieurs entrepôts.
Avantages
Le flux de la marchandise est ainsi optimisé par cette
organisation centrale qui offre plusieurs économies :
- Coûts de transports en forte baisse : les camions
sont remplis à la réception des marchandises (le fournisseur
livrant beaucoup plus sur un seul point) et à l'expédition (le
point de vente a commandé des marchandises différentes. Le niveau
d'affaire permet de plus une puissance de négociation avec les
transporteurs plus importante.
- Coût de possession du stock: La gestion centrale du
stock permet en théorie une meilleure exploitation en évitant un
surstock d'un coté et une rupture de l'autre.
- Coûts de stockage : un seul grand bâtiment
plutôt que plusieurs entrepôts. Cette économie peut devenir
conséquente dans le cas des marchandises dangereuses ou
particulières à stocker (chaîne du froid par exemple).
- Coûts administratifs : le volume moyen des
commandes fournisseurs et clients est maximisé.
- Coûts informatiques : Une seule base et un seul
système à maintenir.
- Coût de non-qualité : La centralisation des
réceptions permet de fixer un seuil de contrôle qualité
unique qu'il est à priori plus facile de maîtriser.
Inconvénients
Les avantages sont nombreux, mais au vu des coûts
financiers à engager, il ne faut pas se tromper sur plusieurs
points :
- La plate - forme doit être située au barycentre
du territoire. La proximité d'autoroute et d'aéroport donne
un avantage évident.
- Le fonctionnement doit être assuré : on imagine
les conséquences d'un dysfonctionnement ou d'une grève
entraînant l'arrêt des réceptions ou des expéditions
sur l'ensemble des points de vente.
- Les coûts d `entrée sont
élevés : La nécessité d'automatisation et
d'informatisation peut entraîner des coûts très
élevés. Les grands acteurs sont désormais de
véritables « industriels » de la logistique.
- L'intégration des fournisseurs est parfois
difficile : Ceux ci ne sont pas toujours soumis à un
véritable cahier des charges logistiques pour optimiser la chaîne
(étiquetage, palettisation).
- Le mécontentement de la population : Utilisant
exclusivement, le transport routier, la concentration des plates - formes dans
les zones périurbaine contribue aux problèmes de circulation et
de pollution. Devant l'accroissement des revendications, il ne faut pas exclure
les risques dus à des limitations de circulation ou à des
taxations complémentaires.
Organisation humaine
Devant la masse des flux, les plates-formes logistiques se sont
réorganisée en plusieurs services. Le schéma en Annexe 4
montre que les flux sont découpés en trois activités de
production qui suivent une logique d'optimisation homogène.
Les activités annexes peuvent être
éventuellement localisées ailleurs.
- Achats/Approvisionnement : cette fonction est très
importante puisqu'elle est à l'amont de la Supply chain. En plus du
choix et des négociations avec les fournisseurs, ce service est
chargé de planifier les niveaux de stock et d'élaborer les
conditions de livraisons optimales pour le fonctionnement de la plate -
forme.
- Administration des ventes : Dans un monde idéal,
les clients passent leur commande par E.D.I. et sont livrés à la
bonne date, au bon endroit de la bonne quantité commandée dans
les bonnes conditions de qualité. Ils n'ont théoriquement donc
pas de contact avec la plate - forme tant que les livraisons sont correctement
acheminées. Dans la pratique, l'administration des ventes est le
véritable relais avec les clients.
____________________________________
2.1.2) LE SYSTEME D'INFORMATION
Les évolutions technologiques de l'informatique et de
la télétransmission ont complètement bouleversé la
gestion des flux d'informations. C'est d'ailleurs en grande partie grâce
à ces progrès que l'activité logistique s'est
développée en se donnant les possibilités de
maîtriser la localisation géographique des marchandises d'un bout
à l'autre de la chaîne.
L'informatique n `est pas une question logistique en
tant que telle. Avant tout, le logisticien recherche une rationalisation
globale des flux de marchandises, et donc d'informations, sur l'ensemble de la
chaîne de production et de distribution dont il a la maîtrise.
Le traitement automatisé de l'information
C'est une question finalement similaire à celle
posée par la gestion des flux physiques où il est en effet
nécessaire de charger l'information, la communiquer et la stocker.
- Chargement : Il est désormais difficile
d'ignorer la grande révolution apportée par l'avènement
des lecteurs de codes à barres. Il suffit de le constater aux caisses de
la plupart des grands magasins et de comprendre que ces relais d'informations
physiques, permettent en toute fiabilité de diffuser les mouvements en
temps réels, que ce soit pour établir la facturation, mais aussi
pour gérer les stocks et alimenter les bases statistiques permettant le
réapprovisionnement.
- Communiquer : Avec l'usage
généralisé de l'informatique et des réseaux, le
transfert des données a largement été optimisé avec
l'EDI (coût, rapidité et fiabilité). En plus d'un
investissement lourd en matériel, la principale difficulté reste
l'harmonisation de l'information venant de l'ensemble des partenaires
(fournisseurs, clients).
- Stocker : Grâce aux progrès de la
télétransmission, les gigantesques flux d'information et la
multiplication des sources ont conduit au développement de bases de
données mise à jour en temps réel et centralisant les
informations de l'ensemble des opération de la chaîne
logistique.
La logistique et les évolutions de
l'informatique
Les grandes surfaces de distribution qui ont des exigences
très élevées en terme de gestion de stock, ont
développé depuis quelques années des organisations
permettant en temps réel de calculer la note du client tout en assurant
la tenue du stock et la sortie des statistiques nécessaires au marketing
ou à l'approvisionnement.
Dans ce cas, la difficulté vient de la gestion des
interfaces entre les différents systèmes de traitements des
données.
Ce traitement informatisé des flux demande en
contrepartie des compétences techniques de plus en plus pointue. Des
informaticiens, véritables gestionnaires des réseaux et des
interfaces, sont indispensables pour la conception de systèmes
performants.
L'émergence des ERP
Quand on observe le développement historique, on peut
constater que pour réussir la coordination logistique, les entreprises
ont clairement choisi une approche intégrale de la question. Des
concepts industriels (MRP I et MRP II), les ERP dépassent les
frontières des usines en intégrant les structures logistiques,
les prévisions de ventes et les commandes et même la
comptabilité. Capables d'échanger des informations avec
l'extérieur (fournisseurs et clients) ils offrent ainsi une
intégration complète et facilitent la mesure de performance de la
logistique.
De nombreuses solutions logicielles ont aussi fait leur
apparition dans les domaines de l'optimisation des flux et d'espace de
stockage, du suivi en temps réel des stocks physiques, de
l'identification et de la traçabilité des produits et de
l'organisation de la préparation des commandes.
Ces possibilités techniques ont aujourd'hui
transformé le rôle du système d'information. D'un simple
outil d'aide à la décision, il est devenu dans certains cas, un
réseau de transport d'information qui a pris le pas sur le transport de
colis en termes de valeur ajoutée.
____________________________________
2.2) LE CONTROLE DE GESTION LOGISTIQUE
2.2.1) LA PARTICULARITES
DU CONTROLE DE GESTION D'UNE ACTIVITE LOGISTIQUE
La qualité du contrôle de gestion dépend de
son intégration dans l'activité. En effet, et c'est la raison
essentielle de la nécessaire implication de la Direction
générale, le contrôle de gestion ressemble plus à
une démarche « culturelle » plutôt qu'à une
technique de gestion figée et uniforme.
C'est la raison pour laquelle, les annonces de recherche
d'emplois mentionnent souvent le type de contrôleur de gestion
recherché (industriel ou commercial).
Etat des lieux
- Une expérience relativement pauvre
On peut affirmer qu'il n'existe aujourd'hui pas de règle
établie pour assister le pilotage de cette activité. Autant la
présence du contrôle de gestion et quasi universelle dans
l'industrie et très implantée dans le service, cette fonction
n'est pas suffisamment présente pour accompagner la mesure de la
performance de la Supply Chain. Souvent segmentés par activité,
les contrôleurs de gestion intègrent la logistique comme un centre
de coût au même titre qu'un atelier de fabrication alors que cette
activité (voir première partie) est créatrice de
valeur.
D'autre part, il faut aussi souligner la relative
pauvreté de la littérature dans le domaine précis du
contrôle de gestion logistique. De même les manuels logistiques ne
semblent pas positionner le contrôle de gestion comme un outil
indispensable à la démarche.
- Un besoin non identifié
On peut aussi s'étonner que la logistique soit parfois
au centre de la stratégie sans qu'aucun moyen d'information ne soit
à la disposition du champion chargé de coordonner les moyens et
de diffuser sa culture auprès des autres fonctions.
C'est certainement l'image du contrôle de gestion souvent
assimilé à des activités de reporting qui est la cause de
cette lacune.
- Un moule déjà existant
Une des principales missions du contrôle de gestion d'un
siège social, est d'harmoniser et de coordonner dans les
définitions et dans le temps la remontée des informations.
Créer un autre système peut assurément poser des
difficultés pour plusieurs raisons: en premier lieu, la fonction
logistique est intégrée dans le résultat des filiales
industrielles ou commerciales et il est difficile d'élaborer un
périmètre d'analyse différent. Ensuite, il se peut que les
relais locaux du contrôle de gestion, ne possèdent pas la vision
stratégique de la logistique, ce qui peut entraîner des
difficultés dans la remontée des informations.
L'estimation des coûts de la chaîne
logistique
De nombreuses entreprises ne sont pas capables d'estimer les
coûts liés à la mise du produit sur le marché, ainsi
que les domaines où il est possible de réaliser des
économies. L'estimation des coûts de la chaîne logistique
offre une approche de mesure du coût des activités qui
interviennent tout au long du circuit.
Les facteurs qui ont permis le développement de la
logistique comme l'informatisation rendent difficiles la mesure des coûts
dans la mesure où les frontières ne sont plus aussi
précises que dans le passé. La connaissance des coûts doit
donc dépasser le simple cadre de la comptabilité.
Les outils disponibles
Depuis les années 60, l'importance des coûts
logistiques et d'une analyse de contribution détaillée en
fonction du client, du produit et de la chaîne logistique s'est
d'avantage fait ressentir pour les entreprises. L'adaptation des services
logistiques et les transferts de pouvoir au sein de la chaîne logistique
ont accru l'intérêt d'une imputation précise des
coûts logistiques. Plusieurs solutions ont été
abordées :
· Le profit Direct par Produit (PDP)
Le PDP détermine la contribution des produits à la
rentabilité en prenant en compte pour chacun des articles, les
coûts spécifiques de manutention et d'entreposage, les rabais, les
déductions et la main d'oeuvre directe.
Cependant, il exclut les coûts fixes tels que les
coûts liés à la supervision, aux équipements,
à la gestion, à la détention, aux achats et au
stockage.
L'intégration de ces coûts permet ainsi une
meilleure perception de la marge réelle des produits. Les études
réalisées au milieu des années 60 par le cabinet McKinsey
ont découvert plusieurs cas où les produits qui étaient
à première vue nettement rentables en terme de profit brut se
sont avérés être à la limite de la
rentabilité ou mêmes déficitaires sur la base du PDP.
Cette mesure du coût n'a réellement
été mise en place que dans le secteur de l'épicerie et n'a
jamais été pleinement intégrée aux systèmes
de gestion des distributeurs.
· L'Activity Based Costing (ABC)
Cette méthode est décrite ultérieurement de
manière plus étendue. En quelques mots, l ' ABC est une technique
d'imputation des coûts directs et indirects aux activités
consommatrices de ressources de l'entreprise. Ces coûts liés
à l'accomplissement des activités sont ensuite affectés
aux produits, aux clients ou aux circuits de distribution.
Concernant la consommation des ressources indirectes, l ' ABC
tient compte des différentes relations et utilise des
déterminants multiples pour les imputer aux activités.
Cette méthode ne tient cependant compte que des
coûts internes à l'organisation et n'offre pas une solution
satisfaisante pour connaître tous les coûts de chaîne
logistique.
· Le Coût total de possession (TCO)
Il s'agit d'une approche structurelle d'estimation des
coûts totaux liés à l'acquisition et à l'utilisation
ultérieure d'un article ou d'un service donné auprès d'un
fournisseur.
En plus du coût d'achat, la détermination des
coûts de la commande, de l'expédition, de la réception et
du contrôle permet au distributeur d'identifier un coût total
d'acquisition pour chaque article. Le TCO permet ainsi d'évaluer et de
comparer la valeur des différents fournisseurs, mais ne fournit pas les
coûts totaux de la chaîne logistique, puisqu'il les mesure à
l'intérieur d'une seule structure.
____________________________________
2.2.2)LE CONTROLEUR DE GESTION
LOGISTIQUE
En analysant les offres d'emplois de contrôleur de gestion,
On peut constater que le qualificatif logistique est extrêmement rare.
Il faut cependant reconnaître que la base du métier
et les qualités demandées au contrôleur sont les
mêmes quelquesoi le secteur d'activité.
Revue générale de la fonction
Le contrôle de gestion se doit de proposer une
démarche globale et transversale; l'instrument de contrôle doit
servir aussi à anticiper et à simuler les évolutions. Le
contrôleur de gestion doit à la fois oeuvrer sur:
- Le reporting financier en garantissant la fiabilité des
informations et en expliquant les résultats. C'est d'ailleurs parfois le
rôle unique et le plus couramment attribué alors que la
véritable dimension du contrôle de gestion va largement
au-delà ce « contrôle des comptes ».
- La stratégie en s'investissant sur les projets d'avenir
et en orientant la direction générale sur les choix des
investissements et des projets à travers le plan stratégique et
le budget. C'est à ce niveau que l'on peut mesurer son
'intégration dans l'entreprise comme véritable coordinateur des
choix stratégiques à travers sa collaboration dans
l'élaboration de tableaux de bords de suivi stratégique et sa
forte implication dans le système d'information. Le contrôleur de
gestion se doit aussi de mesurer la création de valeur afin d'alerter
les dirigeants sur le bien fondé de la politique de croissance interne
et externe.
- Le plan opérationnel en proposant des indicateurs
performants (pas forcement financiers) aux dirigeants et en bâtissant
avec eux des plans d'actions. Le contrôle de gestion comprend donc, non
seulement le reporting, mais aussi l'analyse et la comparaison des engagements
avec les réalisations. L'analyse des écarts s'appuie notamment
sur le suivi d'indicateurs de coûts, de qualité et de service. Ces
dispositifs de contrôle ne peuvent aussi ignorer l'existence des autres
compétences fonctionnelles telles que les ressources humaines, la
qualité ou aussi la culture particulière de l'entreprise. C'est
dans ce cadre que les qualités du contrôleur de gestion doivent
intégrer les capacités relationnelles, le savoir-faire pour
animer et expliquer les procédures et l'assistance de gestion aux
managers de l'entreprise. L'explication des écarts par exemple requiert
une véritable qualité de communications.
Position dans la logistique
Dans l'industrie, la lourdeur de la comptabilité
analytique et industrielle et du système d'information, justifie
très souvent la présence du contrôleur de gestion.
C 'est d'ailleurs sous l'aspect, prix de revient et budget qu'il
intervient le plus.
Dans les services, ce sont les besoins de pilotage qui sont
à l'origine du contrôle de gestion. L'absence de stocks
allège les processus analytiques des problèmes de valorisation
des stocks et des encours. La faiblesse du contrôle de gestion fait que
soit le pilotage est pris en main par les managers opérationnels comme
dans la grande distribution, soit la prise de conscience récente de
l'importance du contrôle de gestion comme instrument de pilotage
stratégique le propulse vers un rôle insuffisamment
opérationnel car loin du terrain.
La grande difficulté du contrôleur de gestion
logistique, est de s'intégrer dans la chaîne logistique totale
d'un groupe. Comme nous le savons, la logistique ne peut concerner qu'une seule
entité, et il est difficile de mesurer la performance à travers
le chevauchement des différentes comptabilités présentes
dans les structures. A ce niveau, le contrôle de gestion du siège
doit jouer un rôle déterminant en imposant des tableaux de bord
spécifiques identiques (périmètres et définitions
des indicateurs) aux différentes structures.
____________________________________
2.3) LES METHODES MODERNES DE MESURE DE LA
PERFORMANCE
2.3.1) LES TABLEAUX DE BORD :
BALANCE SCORECARD
Le concept de balance scorecard développé par
KAPLAN et NORTON suscite un énorme intérêt depuis quelques
années.
Ce concept repose sur l'idée que les managers doivent
évaluer leur performance sous 4 perspectives : Les clients, Le
business interne, L'innovation et l'apprentissage et enfin les
éléments financiers.
Selon les auteurs, la mesure de performance ainsi
développée doit répondre aux questions suivantes :
1) Comment les clients perçoivent l'entreprise
2) Sur quels processus l'entreprise doit elle concentrer les
efforts ?
3) Quelles sont les perspectives d'apprentissage et
d'amélioration qui peuvent créer de la valeur
4) Comment l'entreprise est perçue par les
actionnaires.
Ce tableau de bord est sensé fournir une vision de la
plupart des activités et dépend de la construction d'une
série de mesure sur la performance de l'entreprise.
Chacune de ces mesures doit être liée à un
objectif. Ainsi, la mesure du Cash-flow fournit une indication majeure sur le
potentiel de l'entreprise à s'autofinancer sur le court terme. A
l'inverse, la mesure du ROE (Return on Equity) ou du ROCE (Return On Capital
Employed) et la part de marché sont des signaux forts sur la
santé de l'entreprise sur le long terme. La satisfaction des clients
donne une indication sur les relations et l'intensité du partenariat
avec les clients.
En fait, il n'existe pas de règle particulière pour
choisir les indicateurs, mais le plus important est de retenir que cet outil
doit fournir à lui seul des informations susceptibles d'aider les
dirigeants avec une dimension la plus large possible.
Ces mesures s'insèrent donc parfaitement sur les trois
composantes essentielles du management que sont la mission, les objectifs et la
stratégie.
La première étape consiste donc à
évaluer quelles sont les missions et les objectifs de l'entreprise et
à lier ces éléments dans la BSC
Proposition d'un tableau de bord logistique.
1) perspective du client
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, le service aux clients constitue la base de
l'activité logistique. C'est l'adaptation de l'entreprise aux exigences
qui assure l'activité et la création de valeur.
La notion de livraison dans les temps
« vendus » qui apparaît la plus importante. Souvent
engagé par rapport à ses propres clients, le client supporte
difficilement les retards.
La complexité de l'organisation dépend
forcément du nombre de points de livraison qui constitue alors un bon
indicateur de l'activité.
La qualité peut être exprimée par des
enquêtes de satisfaction qu'il faut organiser régulièrement
à travers des questionnaires et des évaluations
systématiques et par les erreurs de préparation
communiquées par les clients.
2) Performances internes
Cette dimension exprime la capacité de l'entreprise
à exceller dans ses domaines de compétences. Nous retiendrons
les indicateurs mesurant les délais, la productivité de
l'opération la plus significative (préparation des commandes) et
le nombre de mètres linéaires de transport. L'indication de
fiabilité du temps prévu de mise en place des nouveaux produits
fait ressortir le respect des engagements internes par rapport au planning
d'implantation.
3) Innovation et apprentissage
Ce troisième volet de mesure n'est pas courant dans les
tableaux de bords habituels. Les indicateurs soulignent les faits
suivants :
- Le temps de mise sur le marché d'un nouveau produit
reporte de la réactivité et de l'adaptation de l'entreprise. Le
temps tient compte de l'organisation de l'implantation, de la passation des
commandes aux fournisseurs, jusqu'au moment où le produit peut
être considéré complètement opérationnel.
- Le pourcentage des ventes de nouveaux produits permet de
connaître l'importance de la réussite de l'intégration de
nouveaux produits. A l'instant t, cet indicateur sert de
référence pour les autres mesures.
4) Indicateurs financiers
Ceux ci restent classiques et mesurent l'autofinancement avec le
Cash-flow, la marge opérationnelle, la croissance du Chiffre d'affaires,
et des indicateurs de rentabilité (ROCE).
Tableau : Exemple de BALANCE SCORECARD
Perspective Client
|
|
|
|
Objectifs
|
Mesures
|
|
|
Livrer à temps
|
Taux de service
|
Relations
|
Nombre de point de livraison
|
Satisfaction client
|
Taux de satisfaction client
|
|
Nombre d'erreurs de préparation
|
Business interne
|
|
|
|
Objectifs
|
Mesures
|
|
|
Opérationnel
|
Délai de livraison moyen
|
|
Nombre de mètres linéaires de transport
|
Implantations
|
Fiabilité des délais prévisionnels
d'implantations
|
Performance
|
Productivité
|
Innovation et apprentissage
|
|
|
|
Objectifs
|
Mesures
|
|
|
Réactivité
|
Temps de mise sur marché d'un produit
|
Nouveaux produits
|
Pourcentage de ventes de nouveaux produits
|
|
|
Financier
|
|
|
|
Objectifs
|
Mesures
|
|
|
Autofinancement
|
Cash-flow
|
Résultat
|
Résultat d'exploitation
|
|
Croissance CA
|
Performance LT
|
ROCE
|
____________________________________
2.3.2) L'APPROCHE ABC DANS LA LOGISTIQUE
Une des raisons principales des difficultés de management
d'une activité logistique vient du manque d'information sur les
coûts de revient. L'objectif d'une logistique intégrée nécessite de disposer d'une
information comptable qui fournit une certaine visibilité sur les
coûts tout au long de la chaîne. Autrement, il est très
difficile d'identifier l'impact des décisions et d'évaluer leur
contribution au résultat.
La méthode ABC (Activity Based Costing) est apparue dans
les années 80 comme une méthode alternative aux méthodes
traditionnelles de mesure des coûts. Les entreprises se sont rendues
compte des conséquences parfois désastreuses que pouvait
générer des prix de vente basé sur les systèmes
traditionnels. Ceci pour plusieurs raisons :
- Changement dans la structure générale des
coûts.
Les coûts dits indirects ont pris le pas sur les
coûts directs (matières et main d'oeuvre principalement) notamment
du fait de la complexité croissante des produits ou des services mis sur
le marché, de la multiplication de l'offre, de la variété
des clients et des modes de distribution et de la technicité de
l'information. Un autre point important qui concerne surtout les services vient
du fait que le client en général est devenu plus exigeant tant
sur la qualité que sur le délai.
Cette croissance des coûts indirects injustement
répartis sur des critères arbitraires car arithmétiques, a
pesé lourd et a donné lieu à des tarifications
erronées pouvant entraîner des foyers de pertes importantes car
masquant la réalité de l'attachement de ces coûts. Tant que
les marges globales étaient relativement confortables, ces errements ne
donnaient pas forcément lieu à des difficultés, mais de
nos jours avec une offre multipliée, une concurrence internationale
agressive, et l'infidélité des clients, la juste connaissance des
coûts peut devenir la clef de survie des entreprises.
L'activité logistique étant grosse consommatrice de
coûts indirects, on peut donc s'interroger sur l'efficacité des
méthodes traditionnelles et réfléchir à la mise en
place d'une méthode ABC à travers l'exemple d'une plate-forme de
distribution.
D'ailleurs pour certains (LAMBERT en 1994 et STOCK en 1998), la
logistique est considérée comme le meilleur terrain
d'investigation possible de la méthode ABC puisque la plupart des
coûts logistiques sont habituellement noyés dans les frais
généraux.
la méthode traditionnelle
Celle ci s'appuie sur la séparation des coûts en
trois catégories : Les matières, le travail et les frais de
structure (ou frais généraux) sans distinguer si un produit ou un
client génère ou pas ces coûts. Les frais
généraux sont d'ailleurs particulièrement en cause du fait
de leur imputation arithmétique en fonction d'un volume (souvent des
heures de travail). Ainsi la répartition peut être très
éloignée de la consommation réelle des ressources. Par
conséquent, les responsables logistiques ne disposent pas des
informations en matière de coûts nécessaires pour
démontrer que la personnalisation des services en fonction des produits,
des clients ou des chaînes d'approvisionnement est
l'élément essentiel en matière de coûts
logistiques.
Par ailleurs, ils ne possèdent pas les outils
nécessaires pour démontrer de quelle façon la mise en
place de pratiques commerciales innovantes affecte les coûts sur la
chaîne logistique.
Les systèmes conventionnels d'analyse des coûts ne
sont généralement pas en mesure de fournir des données
approfondies sur le coût des activités logistiques ou sur la
façon dont les améliorations du processus peuvent se
répercuter sur le coût des produits ou sur la
rentabilité.
Définitions et vocabulaires de L'ABC
Selon l'American Institute of Management Accountants, la
méthode ABC mesure les coûts et les performances des
activités, des ressources et des coûts, attribue les ressources
aux activités et les activités aux objets à valoriser
basés sur leur utilisation et met en valeur la relation de
causalité entre les activités et les inducteurs de
coûts.
Avant de décrire cette méthode Il est primordial
de s'arrêter sur les termes employés dans la définition
précédente :
- Une Activité est une ou plusieurs tâches qui
consomment des ressources, produite à l'intérieur d'un service ou
d'un atelier.
- L'objet à valoriser est la prestation ou le produit pour
lequel le chiffrage et requis.
- Les ressources sont les ingrédients de base requis pour
la production des ces produits ou services
- Les inducteurs de coûts (cost driver) peuvent être
définis comme les facteurs reliant les ressources, les activités
et les objets à valoriser. Ils peuvent être assimilés aux
unités d'oeuvre.
Principe
L'analyse des coûts en fonction de l'activité a
évolué en tant qu'approche pour l'obtention de données
plus précises en matière de coûts. Cette analyse fournit
des informations plus détaillées en utilisant de multiples
sources pour l'attribution des coûts basés sur la consommation. Au
lieu d'imputer en bloc les coûts de la logistique aux frais
généraux et administratifs, la méthode ABC répartit
les charges dans des catégories de ressources homogènes en
attribuant ces coûts aux différentes activités
spécifiques, telle que la réception, l'entreposage, etc.
Méthodologie
La méthodologie suivante est tirée de
l'ouvrage « La méthode ABC/ABM :
1)Identification et définition des activités
2)Identifier les éléments majeurs de
coûts(lignes budgétaires ou coûts) de chaque
activité.
3)déterminer les relations entre activités et
coûts
4)Identifier les inducteurs de coûts pour attribuer les
coûts aux activités et les activités aux objets de
coût
5)Recenser les temps passés et les quantités
produites pour chaque activité.
6)Regrouper les activités (macro - activités)
7)Déterminer le coût unitaire de chaque
activité
La principale difficultés provient du choix des
activités à retenir. En effet, la première étape
d'identification des activités doit être suivie d'un regroupement.
Pour ce faire, nous retiendrons une méthode extrêmement simple
toujours tirée de l'ouvrage « la méthode
ABC/ABM » qui propose une sélection en fonction de deux
critères :
ACTIVITES
|
Réclamées par
le client
|
Non réclamées par le client
|
Consommatrices de ressources
|
A retenir
|
A retenir
|
Peu consommatrices
de ressources
(- de 1%)
|
A retenir
|
A éliminer
|
Les activités réclamées par les clients
sont créatrices de valeur car elles contribuent à augmenter la
qualité perçue par le client.
Dans les activités non réclamées par le
client, celles qui consomment des ressources comme la facturation ou la relance
par exemple, doivent être retenues.
Les activités non réclamées et peu
consommatrices de ressources, doivent être regroupées avec celles
qui sont retenues. La limite proposée est de 1%, mais en
réalité, il faut étudier chaque activité au cas par
cas.
____________________________________
2.3.3)LE PILOTAGE PAR LES ACTIVITES OU
L'ACTIVITY BASED MANAGEMENT (ABM)
La démarche ABM peut être définie comme la
façon dont on utilise le système ABC pour soutenir des
décisions et des actions spécifiques en matière de
gestion. Cela permet de transformer en actions les informations ABC.
Les activités identifiées permettent de piloter
l'entreprise et l'avancement des objectifs stratégiques sur ces
activités.
Enchaînement des étapes dans le modèle
ABM
ACTIVITES
ET
PROCESSUS
1) Indicateurs
- niveau d'activité
- coût
- qualité
- efficience
- efficacité
- délai
2) Plans d'actions
OBJECTIFS
STRATEGIQUES
Compte de résultat par activité
Le calcul des coûts par activité permet de donner
une véritable nomenclature des ressources consommées par
celles-ci. Le projet ABC/ABM substitue un nouveau
compte de résultat dans lequel les lignes ne sont pas
les charges par nature, ni le coût des différents services, mais
les ressources consommées par activité. La première
présentation risque de perturber les dirigeants qui, surpris par la mise
à l'index des activités grosses consommatrices de ressources, ne
doivent pas forcement entraîner des mesures précipitées de
réduction de coût. Comme nous l'avons vu
précédemment, la réussite d'une démarche ABC/ABM
doit se faire dans le temps et en expliquant aux différents acteurs
internes et externes (clients) les mesures correctives et les objectifs finaux.
Une fois de plus, nous insisterons sur le rôle primordial de la formation
qui, d'une part doit familiariser l'entreprise avec la terminologie
particulière de ce mode de gestion, et d'autre part expliquer les enjeux
et dédramatiser les conséquences possibles sur la
réorganisation souvent systématique de l'entreprise.
Impacts sur l'organisation
La problématique de l'ABM résulte du
rapprochement de l'organigramme hiérarchique ou fonctionnel avec la
liste des activités.
Les difficultés peuvent provenir d'un paradoxe entre la
représentation des responsabilités à l'intérieur de
l'entreprise et son fonctionnement transversal.
Il en résulte que l'organisation efficace ne peut
être bâtie qu'à partir d'une représentation
transversale en activités. Les besoins des clients sont bien en phase
avec les réponses de l'entreprises grâce à
l'enchaînement des activités au sein des processus.
Concrètement l'entreprise doit se réorganiser en
deux temps :
- Formaliser le mode d'organisation : Les objectifs
stratégiques sont d'abord déclinés en plusieurs axes de
développement. L'approche consiste à établir une
cartographie des processus en énonçant le contenu des actions et
les interactions des unes par rapport aux autres. Ce mode de
représentation permet une description de l'organisation cible et
constitue un référentiel. Chaque processus se décline
alors en activité qui de déclinent à leur tour en
opérations.
- Mettre en oeuvre un projet d'amélioration pour
opérer une transition entre l'existant et l'organisation cible :
l'entreprise doit ainsi comparer sa situation réelle à la
situation idéale, ce qui l'amène à définir les
actions correctrices à engager, qui seront ensuite
hiérarchisées par ordre de priorité. Toutes les
améliorations doivent correspondre à des résultats
visibles par le client sur lesquels l'entreprise va pouvoir communiquer. Le
classement des activités selon la création de valeur pour le
client peut d'ailleurs amener de décider l'externalisation de celles
qui ne peuvent pas être valorisées par le client.
Le management par les activités suppose de se placer
résolument dans une optique stratégique, ce qui suppose que les
décisions prises doivent tenir compte des effets durables et des
évolutions possibles de l'entreprise.
L'autre volet concerne la communication de la valeur au
client. L'entreprise doit mettre en place des outils pour connaître les
attentes des clients par de multiples enquêtes de satisfaction e,
décrypter la psychologie des clients, bien interpréter leurs
désirs d'achats, et y apporter une réponse satisfaisante en
termes de prix - qualité - délais.
____________________________________
2.3.4) LES APPORTS DE LA METHODE
ABC/ABM DANS LA LOGISTIQUE
Comme nous l'avons vu, le service est au coeur de
l'efficacité logistique.
Les grandes entreprises ont compris que cette exigence
plaçait la logistique dans les priorités stratégiques.
Pour piloter l'entreprise dans ce contexte, la méthode ABC a
été implantée pour répondre à plusieurs
objectifs :
- La rapidité nécessaire de mise en place et la
flexibilité des processus logistiques exigent un bon niveau de
réactivité sur la base d'informations économiques
rationnelles et fiables
- L'entreprise doit pouvoir prendre des décisions en
mesurant par avance l'enjeu financier et l'impact sur l'organisation en terme
de ressources.
- Les dirigeants veulent maîtriser leur positionnement
commercial et leur marges. Ils veulent donc disposer d'un outil d'analyse
multi- critères (magasins, agences, clients, familles de prestations)
- Le nombre des prestations et de clients est important. Les
tarifs doivent être personnalisés en fonction des ressources
employées.
Avantages généraux
- Le principal avantage de la méthode ABC est de lier
les performances particulières de chacune des activités aux
ressources particulièrement utilisées par ces activités (
COOPER et KAPLAN 1991).
- On peut imaginer sans peine l'avantage de cette
méthode qui en quelque sorte "variabilise" pratiquement tous les
coûts.
- Les coûts sont visibles et compréhensibles par
tous les acteurs puisque la description des activités inclut des
éléments non financiers.
- La mesure des performances est grandement facilitée:
ainsi la performance financière d'un changement organisationnel peut
être facilement chiffrable.
- Les postes de coûts sont clairement destinés
à des activités réduisant ainsi le flou ou les redondances
entre les différents services et donc nécessairement les
coûts.
Avantages dans la logistique
- La méthode ABC établit un véritable
lien entre les coûts et la performance logistique : la contribution de la
logistique dans l'entreprise apparaît distinctement.
- La personnalisation courante dans les services logistiques,
est facturée au bon prix, chaque service demandé par un client
est tarifé de manière claire.
- Etendu sur l'ensemble de la chaîne logistique, la
méthode ABC peut révéler des activités redondantes
dans les réseaux de distribution.
- Le nombre d'activité est relativement faible par
rapport à l'industrie, ce qui rend son application plus aisée.
- La mise en place d'une méthode ABC, est souvent
accompagnée d'une réorganisation des processus logistiques. En
cela elle fait ressortir la position stratégique de la logistique.
Inconvénients
- La mise en place d'un tel projet requiert des ressources
importantes (formations, outil comptable, honoraires)
- Il faut refondre les procédures et les habitudes
commerciales; c'est un exercice d'explication difficile car certains clients
perdent forcément au change.
- La réingénierie des processus accompagnant la
démarche, entraîne des problèmes humains, liés
à des suppressions de postes ou des reconversions difficiles augmentant
de ce fait les coûts de mise en place.
D'après une enquête réalisée aux
Etats Unis sur 2250 entreprises, les avantages résultant de la mise en
application ont aussi fait ressortir que la connaissance approfondie des
coûts amenait à prendre des décisions suivantes:
Globalement, les entreprises qui ont mis en place la
méthode ABC dans la logistique, ont été satisfaites des
résultats.
Celles ci ont souhaité étendre cette
méthode à toutes les activités et à toutes les
entreprises appartenant à une certaine chaîne logistique.
Une autre caractéristique de l'étude fait
ressortir que dans 30% des cas, les entreprises ont prévu la mise en
place d'une gestion en fonction des activités (Activity Based
Management) en tant que prochaine étape de leur processus de mise en
application. Cela permet de transformer en actions les informations ABC.
Enfin le troisième enseignement principal de cette
étude fait concerne la budgétisation par activité
(Activity Based Budgeting). Les entreprises peuvent définir leur besoin
futur des ressources en se basant sur la connaissance des ressources
actuellement nécessaires pour exécuter chaque activité et
sur la prévision des futurs volumes d'activité. Le système
ABB fonctionne comme l'ABC, mais à l'envers : il traduit les
demandes client ou produit en volume d'activité qui, à leur tour,
sont convertis en coûts des ressources.
L'analyse ABC est de plus en plus largement acceptée en
tant que moyen pour déterminer de façon précise le
coût des activités logistiques. La réussite de la mise en
place passe par l'amélioration de l'information fournie par
l'augmentation des moyens humains (formations, équipes
dédiées) et informatiques (ERP). Les orientations
prévoient une plus vaste extension de l'ABC à tous les niveaux de
l'entreprise.
La méthode ABC paraît être bien
adaptée pour fixer des prix et pour mesurer la performance du processus
logistique.
De nombreux coûts logistiques sont en effet enseveli dans
les frais généraux, et les managers n'ont pas de
visibilité et de contrôle suffisant sur les coûts. L'analyse
des activités peut identifier les opportunités de
réduction des coûts opérationnels ou d'amélioration
des services.
Mettre en place cette méthode permet aussi en la
développant sur l'ensemble de la chaîne logistique, d'identifier
les activités redondantes.
____________________________________
THESE PROFESSIONNELLE : Le contrôle de gestion
dans les activités logistiques
TROISIEME PARTIE :
LA DISTRIBUTION
DANS LE GROUPE
LAPEYRE
3.1)SITUATION DU GROUPE LAPEYRE
3.1.1) PRESENTATION DU GROUPE
LAPEYRE se définit comme un groupe de distribution
original, spécialiste de l'aménagement durable de l'habitat.
Ce groupe né après la deuxième guerre
mondiale est devenu un acteur incontournable du bricolage au fil des
années en s'appuyant sur une puissance industrielle sans pareil jusqu'au
milieu des années 90.
En 2001, le groupe a entamé un virage stratégique
majeur en se dégageant de l'activité B to B.
Taille
LAPEYRE n'est pas seulement une marque spontanément
reconnue en France mais, c'est aussi devenu au cours des 20 dernières
années un groupe important avec un CA 1301 M€ en 2000 dont 199 en
Europe en employant 9158 personnes.
Le groupe LAPEYRE est aujourd'hui un spécialiste de
l'aménagement durable de l'habitat et exerce principalement son
activité dans le marché de l'entretien - rénovation des
logements individuels et collectifs ainsi que celui de la construction
neuve.
Nombre et nature des produits et services vendus
Le groupe LAPEYRE se définit aujourd'hui comme le leader
de l'équipement durable de la maison.
La principale caractéristique par rapport aux grands
acteurs de la GSB vient de l'existence d'un catalogue diffusé à 5
millions d'exemplaires.
La gamme principale des produits commercialisés à
ce jour se concentre autour des marchés des menuiseries
intérieures (portes) et extérieures( fenêtres et volets),
de la cuisine, de la salle de bain et du carrelage.
Depuis le début 1998, les magasins proposent en
complément et en association avec des artisans, le service de
l'installation à domicile.
Rythme de l'activité
L'activité du groupe n'est pas très sensible aux
cycles du marché du bâtiment, puisqu'elle se repose principalement
sur le marché de l'entretien - rénovation.
Intégration dans le groupe SAINT GOBAIN
LAPEYRE est Intégré dans la branche Distribution
Bâtiment du groupe SAINT GOBAIN qui comprend également POINT P, LA
PLATEFORME, MEYER ET RAAB KARCHER. Cette branche représente d'ailleurs
environ le tiers du Chiffre d'affaires de SAINT GOBAIN.
Structure du personnel des système de gestion
humaine
En tant que leader LAPEYRE dispose d `un pouvoir
d'attraction élevé dans les métiers de la menuiserie. De
ce fait la forte présence d'ingénieur dans la filière bois
et depuis quelques années dans le PVC ont rendu le groupe très
réactif au marché
Culture d'entreprise et incidence
Il en découle une forte culture technique notamment dans
le domaine des menuiseries en bois. Cependant depuis quelques années la
stratégie s'oriente plutôt vers le commerce.
____________________________________
3.1.2) FONCTIONNEMENT DE LA
DISTRIBUTION VERS LES MAGASINS LAPEYRE
Comme nous l`avons indiqué en introduction du 3ème
chapitre, nous nous intéresserons aux flux de marchandises
distribuées par l `enseigne LAPEYRE et GME.
les différentes structures (voir Annexe 3)
- Les points
de ventes
Le réseau s'appuie sur 101 magasins en France, 3 en
Belgique et 2 en Suisse. Nous écarterons les flux spécifiques aux
magasins polonais qui s'approvisionnent en grand partie localement.
Ces magasins sont localisés prés des centres
commerciaux au même titre que la plupart des grandes enseignes nationales
de distribution et sont censés détenir la plupart des produits
standard en stock.
Depuis 1998, l'apparition de relais - vente a permis
d'étendre la présence de l'enseigne vers des zones d'habitation
plus modestes. Il s'agit en fait de centres d'exposition encadrés par
des vendeurs conseils dans lesquels il est possible très rapidement de
livrer la marchandise grâce à une navette permanente avec le point
de vente dont il dépend géographiquement.
- Les usines
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'originalité de l'enseigne LAPEYRE distributrice est de détenir
un outil industriel relativement important.
Celui ci se compose de 13 usines réparties sur tout le
territoire et qui ont toute une spécialisation de menuiseries
intérieures ou extérieures. Jusqu'au milieu des années
1990, ces usines distribuaient essentiellement leur production à partir
de plates - formes intégrées sans rechercher forcément une
quelconque synergie. Depuis 1998, sous l'impulsion de la Direction
industrielle, les analyses de flux ont conduit à démontrer des
synergies entre plusieurs usines pour optimiser les coûts de distribution
dans la mesure où les produits ne différaient pas trop. Ainsi
dans plusieurs cas, les transporteurs ont été mis à
contribution afin de regrouper les tournées de distribution en
provenance de 2 usines différentes. Dans d'autres cas, la distribution a
été confiée à une usine plus importante. Le
transport supplémentaire entre l'usine d'origine et la plate - forme est
alors largement compensé par l'économie
générée par l'optimisation des manipulations et dans le
transport vers les points de ventes.
- La plate - forme de distribution
La distribution physique des produits venant des fournisseurs
extérieurs rapproche LAPEYRE de la problématique de l'ensemble
des enseignes de distribution. Avant l'année 2000, LAPEYRE s'appuyait
sur 2 Plates - formes dédiées à la distribution physique
d'une grande partie des produits salles de bain et carrelages du catalogue GME,
et d'une partie plus restreinte de produits présents dans le catalogue
LAPEYRE (principalement le parquet et les accessoires des menuiseries).
L'une de ces deux plates - formes était localisée
près de Nantes et l'autre prés de LYON, faisait l'objet d'une
sous-traitance.
Ce fonctionnement n'était pas satisfaisant pour plusieurs
raisons :
- La plate forme de Challans était désuète
et trop petite, les travaux de remise à niveau s'élevant à
plus de 3 millions d'Euros.
- Les coûts de transport n'étaient pas
optimisés puisque les deux établissements étaient
éloignés du Barycentre géographique que représente
la région parisienne.
- Le taux de service était irrégulier.
- Cette organisation ne permettait pas d'optimiser le stock que
ce soit au sein même des plates - formes, mais aussi dans les magasins
qui ne pouvaient renvoyer les excédents de stock vers les plates -
formes.
Fin 1999, le groupe a donc tranché pour la création
d `une nouvelle plate - forme investissant ainsi 80 millions d'Euros dans
un nouveau bâtiment et des équipements modernes aux MUREAUX dans
la banlieue parisienne ouest.
Cette plate - forme distribue principalement les produits
suivants :
GME : Carrelages salles de bains et sols, Baignoires,
Meubles de salles de bain ; Robinets et mitigeurs, Cabines de douches et
accessoires, Lavabos et WC.
LAPEYRE : Parquets et sols stratifiés, Placards,
Accessoires de portails, Portes de garages; Lambris, Fenêtres de toits.
____________________________________
3.2) REFLEXIONS MENEES : LA PRISE DE
CONSCIENCE
3.2.1) LA LOGISTIQUE AU
COEUR DE LA STRATEGIE DE LAPEYRE
Comme nous avons pu le constater l'arrivée d'un nouveau
directeur général au cours de l'année 2000 a
bouleversé la stratégie précédente. En prolongement
de la décision de recentrage de l'activité, la direction a
entrepris de renforcer les positions de l'enseigne LAPEYRE par la modernisation
des magasins et l `amélioration du service.
Ainsi, la stratégie engagée par la nouvelle
direction s'est appuyée sur plusieurs objectifs :
- Améliorer la qualité en adoptant un langage
commun, en maîtrisant les processus des livraisons.
- Professionnaliser la chaîne logistique globale (une
chaîne est aussi solide que son maillon le plus faible)
A travers la satisfaction client, la logistique est
naturellement arrivée au coeur de la préoccupation du groupe
LAPEYRE.
Etat des lieux
- Les gammes de produits et de service sont devenues au fil du
temps de plus en plus large. La taille des magasins et le stockage de tous les
produits devient impossible avec la politique du « tout en
stock ». Du coup les clients perçoivent les ruptures de
manière très négative. La logistique s'est adaptée
tant bien que mal mais ses principes directeurs sont restés les
mêmes.
- Les stocks sont néanmoins élevés
puisqu'ils représentent 5 mois de Chiffre d'affaires sur
l `ensemble de la chaîne, soit 146 Millions d'Euros.
- Les coûts logistiques sont proches de 11% du chiffre
d'affaires, soit un quart de la valeur ajoutée.
- Les clients ont de nouvelles attentes et ne sont plus
forcément d'accord pour se déplacer dans des
« entrepôts » aménagés et d'attendre
leurs commandes jusque 8 semaines (produits sur-mesures). D'autre part, ceux-ci
ne s'attendent pas au « tout disponible » et donc, ne
perçoivent pas une absence de produit comme une rupture.
- Le flux total des marchandises n'est pas intégré
dans une logique totale (magasin, plates - formes et fournisseurs).
- La concurrence des soldeurs est de plus en plus vive,
répondant ainsi, aux exigences des clients types qui ont
contribués au modèle LAPEYRE.
- L'ensemble du secteur est en train d'entreprendre une
modernisation profonde de sa logistique en se différenciant par les
délais, les coûts et les services.
Perception de la logistique
Même si cela n'est plus très utile aujourd'hui,
on ne peut que s'interroger sur le retard pris par le groupe LAPEYRE dans le
domaine logistique. Comme nous l'avons évoqué
précédemment la situation de leader sur certains marchés
(menuiseries extérieures), le concept unique du catalogue et des
magasins ont fait la force du groupe LAPEYRE. Parallèlement l'existence
d'une forte culture industrielle d'une part avec des usines performantes mais
relativement isolée et commerciale avec un réseau dense mais
uniquement destiné à la vente peuvent expliquer en grande partie
ce retard.
Jusqu'au début 2002, les usines et les magasins ne
détenaient pas comptablement le stock de produits finis.
Situation dans les usines plates formes
L'ensemble de la production était immédiatement
vendu à la structure centrale de LAPEYRE. Les inventaires
n'étaient pas réguliers, faisaient ressortir des écarts
non négligeables et ne faisaient pas l'objet d'actions correctrices
significatives.
Dès le début de l'année 2001 pour une
usine et pour l'ensemble en 2002, LAPEYRE a pris conscience de la carence dans
la gestion des stocks, et a décidé de responsabiliser les
directeurs d'usines. Les stocks sont désormais au bilan de chacune des
entités, à charge pour elle de minimiser les coûts de
possession et les dépréciations.
Situation dans les magasins
La situation des magasins est encore plus originale, puisque
si le fond de commerce, les murs et les stocks appartiennent à LAPEYRE,
la commercialisation est assurée par une société
mandatée directement rémunérée sur le chiffre
d'affaires. Les stocks n'étaient réellement pas
gérés.
A partir de l'année 2000, LAPEYRE a commencé
à filialiser l'ensemble des points de ventes en mettant en place des
directeurs salariés directement sous le contrôle du directeur du
réseau. Même si les stocks, appartiennent toujours à
LAPEYRE, une cellule de contrôle de gestion spécifique est
chargée de veiller entre autres, à la bonne tenue des stocks et
au respect des procédures visant à optimiser les coûts
logistiques.
Situation de la Plate - forme
L'unique plate-forme dédiée aux produits de
négoce a démarré fin 2000. Celle ci n'est pas encore
arrivée aux objectifs de service et de coûts qui ont servi
à l'élaboration du projet. Il n'est pas prévu de
transférer comptablement le stock et physiquement le service
approvisionnement qui continue de dépendre du siège.
Cependant, le pilotage de cette entité a
été transféré fin 2001 à la direction
industrielle qui a pour mission de redresser le niveau de service et de
profitabilité en se calquant sur l'organisation des usines.
____________________________________
3.2.2) LE PROJET MERCURE
Fin 2001, sous l'impulsion d'une nouvelle direction
générale, LAPEYRE a pris conscience de l'importance de la
logistique. Cette reconnaissance, est née du constat que le
modèle qui a fait le succès de la marque principale devait
évoluer au plus vite.
Pour la première fois aussi, le groupe s'est donné
les moyens d'effectuer un diagnostic par l'intermédiaire d'un consultant
externe, de recruter des spécialistes de la logistique et de former une
véritable équipe projet. Ce management par projet
représente une évolution majeure dans les mentalités des
cadres jusqu'ici relativement imperméables aux sujets transversaux.
Objectifs
-
Améliorer la qualité de service perçue par les clients
tout au long de la chaîne logistique.
- Permettre une croissance supplémentaire de chiffre
d'affaires en donnant la possibilité aux magasins de vendre plus et
mieux grâce aux gains de place (accueil clients ).
- Réduire les coûts logistiques, avec un objectif
spécifique de réduction des stocks.
- Mettre en place des processus de collaboration transversale.
C'est à dire faire participer l'ensemble des acteurs (fournisseurs,
usines, magasins, etc. ) à la définition et à
l'optimisation des flux et des méthodes.
Plan d'action en sept chantiers principaux
- Fondamentaux organisationnels : Il s'agit de mettre en
place l'organisation et les processus de pilotage de la chaîne logistique
et d'optimiser les systèmes d'informations.
- Gestions des stocks dans les magasins : ce chantier
s'articule en deux parties avec d'une part la refonte de la
« promesse de disponibilité » des produits standards
qui était jusqu'à présent la règle dans les
magasins, et d'autres part le redéploiement des plans de stocks des
magasins.
- Révision du plan d'approvisionnement négoce
(fournisseurs extérieurs) : la collaboration entre le service
approvisionnement et les fournisseurs doit permettre de définir des
règles pour optimiser les réceptions et les colisages des
marchandises.
- Remise à niveau de la plate - forme
dédiée aux fournisseurs externes. Cette plate - forme, pourtant
très récente, n'a pas atteint ses objectifs dans la
réduction des sur-stocks et dans l'optimisation des flux physiques.
- Révision des plans d'approvisionnement des
usines : La réduction des stocks en usine est liée à
une classification des articles en fonction de la demande (classement ABC ) et
à l'optimisation des lancements de production.
- Optimisation des flux et des infrastructures :
L'appartenance au groupe SAINT GOBAIN doit conduire à des synergies en
matière de fournisseurs de marchandises et de transport.
- Remplacement du système informatique
d'approvisionnement (SPCS)
Pour piloter ce projet, LAPEYRE a engagé un
spécialiste de la logistique venant de POINT P et a constitué une
équipe venant de divers horizon ( marketing, usines, magasins etc.)
Il est à noter qu'il n'est pas fait de mention
particulière au renforcement du contrôle de gestion ou à sa
participation aux différents chantiers. Mais on peut considérer
que son rôle sera primordial quant à la mesure des progrès
(productivité, coûts des stocks, transport ...)
____________________________________
3.3) PROPOSITION ET MISE EN PLACE D'OUTILS DE
PILOTAGES
3.3.1)APPLICATION DE LA
METHODE ABC A LA PLATE FORME LOGISS
Les coûts ont toujours eu leur place dans les
considérations stratégiques des entreprises. Les entreprises qui
ont une stratégie efficace, ne se contentent pas d'identifier les
coûts, mais s'efforcent d'en modifier la structure pour servir leurs
objectifs généraux.
Une organisation doit savoir calculer ses coûts, mais
aussi penser et s'exprimer dans le langage des coûts. Pour cela, la
connaissance des produits et des procédés, tout comme celle du
marché revêt une importance vitale. Comme nous l'avons entrevu, la
méthode ABC se rapproche au plus de l'activité de l'entreprise et
paraît être la plus naturelle dans l'imputation de l'ensemble des
frais.
Cadre de l'étude
La création récente de cette plate-forme ne permet
pas de disposer d'information historique exploitable. En effet l'exercice 2001
a fait l'objet non seulement d'un démarrage en douceur, prenant 100 % de
la distribution des produits en octobre, mais aussi a subi des coûts
exceptionnels de démarrage.
Or pour construire, une base de coût de revient, il faut
s'appuyer sur une structure rodée « en marche normale
d'activité » et en fonctionnement non dégradé.
A cet effet, la prise en compte du premier budget de l'exercice
2002 peut constituer une base de départ intéressante pour notre
exercice. Cependant, au vu des difficultés rencontrées dans le
fonctionnement et au niveau de la rentabilité de LOGISS en 2002,les
calculs issus de cette étude ne seront sans doute pas suffisamment
significatifs et devront être réactualisés lors du prochain
budget pour une application éventuelle en 2003.
Les étapes de la méthode
Première étape : identification et
définition des activités principales.
Selon les principes entrevus dans le manuel « la
méthode ABC/ABM » de Laurent RAVIGON et Pierre - Laurent BESCOS,
nous retiendrons les activités qui soit consomment au moins 1% des
ressources, soit créent de la valeur pour le client. Dans le cas de
LOGISS, cet exercice n'est pas trop difficile car les différentes
prestations sont répétitives et peu nombreuses.
- Réceptionner: Il s'agit de décharger des
camions, les marchandises livrées par les fournisseurs. L'unité
d'oeuvre (inducteur de coût ) appropriée est la palette
réceptionnée. Il faut tout de même soulever les
problèmes actuels de réception, puisque à ce jour, les
livraisons des fournisseurs ne font pas l'objet d 'un cahier des charges
précis (colisage et étiquetage), ce qui entraîne des
coûts de repalettisation et d'étiquetage non négligeables.
Le service approvisionnement dépendant du siège, a pris les
dispositions nécessaires pour y remédier. Pour l'heure nous
considérerons que le nombre palette réceptionnée est le
même que le nombre de palette mises en stock.
- Contrôler les réceptions : Le
contrôle est assuré aujourd'hui par le service qualité et
non par le personnel affecté à la réception pour une
question de fiabilité. Les palettes ne sont pas exhaustivement
contrôlées. Cet engagement de qualité a un prix, et la
question à se poser est celle de la facturation de ce service au client.
En effet, on pourrait considérer, qu'il normal que le fournisseur livre
les marchandises selon le cahier des charges. D'un autre coté, le
service approvisionnement étant sous la responsabilité de LAPEYRE
(le client), il peut paraître normal de lui faire supporter la charge.
- Mettre en stock : Les palettes un fois
déchargée et éventuellement contrôlée, sont
rangées soit dans les racks de picking, soit en masse. Ce travail est
accompli par des caristes normalement spécialement affecté
à cette tache. Cependant, sur le terrain, ce travail est souvent
réalisé dans la continuité avec une certaine
polyvalence.
- Préparer : Cette activité est la plus
importante en terme de travail et d'importance dans la chaîne de la
qualité logistique. Le travail est dirigé par le système
de gestions physique du stock. Les bons de préparation sont transmis
par radio fréquence vers les chariots. Les préparateurs
effectuent alors les prélèvements soit dans les racks de picking
soit par palette complètes dans le stock de masse. L'unité de
comptage est la prise d'un élément ou d'une palette car puisque
le temps de prise d'un seul élément en picking, est sensiblement
le même que celui nécessaire à la prise d'une palette
complète. Les palettes préparées font ensuite l'objet d'un
emballage (films ou cartons).
Il faut noter tout de même une certaine disparité
entre certains produits gérés sur cette plate - forme. En effet,
effectuer une prise de picking d'un robinet n'a pas grand chose à voir
avec celle d'une porte de garage, que ce soit en terme de temps passé,
que de moyens techniques utilisés (chariots). C'est pour cela, que la
grande distribution a organisé l'entreposage et la distribution de ses
produits à travers des entrepôts spécialisés par
morphologie de produits (Produits alimentaires, électroménager,
froid etc.
La difficulté chez LOGISS provient de la polyvalence des
préparateurs de commandes, pour lesquels il serait extrêmement
compliqué de séparer les temps de plusieurs activités
différentes. Pour le moment, nous considérerons qu'il n'existe
qu'un seul type de préparation quelquesoit le produit. Il est clair
qu'à terme, une réflexion sur les moyens de relevé des
temps devra être entreprise pour connaître les temps donc les
coûts réels selon les grandes familles de produit.
- Expédier : Les palettes préparées
sont chargées de manière optimale dans les camions.
- Transporter : Cette activité est
complètement sous traitées, mais elle nécessite aussi des
ressources internes (commande, organisation et accueil des camions).
- Traiter les déchets : Le traitement des
emballages est de plus en plus réglementé et son coût
devient conséquent. Le groupe LAPEYRE supporte directement les taxes
assises sur les emballages livrés aux clients. Par contre la Plate -
forme doit acheter les palettes en bois destinées aux magasins et
assurer le coût de recyclage de ces mêmes palettes et des
emballages des palettes reçues des fournisseurs (DIB).
- Renseigner les magasins(A. D. V.
) : L'activité première du service
consiste à valider les commandes par simple contrôle entre la
gestion informatisée des commandes (N3) et les données
intégrées dans le logiciel de préparation des commandes
(N2).
Cette activité très administrative est
nécessaire pour assurer la qualité du service.
L'autre activité de l'administration des ventes est une
activité d'informations aux magasins sur les disponibilités des
produits alors que dans la plupart des cas ceux ci disposent à travers
le système informatique de toutes les données (date et heure de
livraison, détail des marchandises livrées, ruptures et date
prévisionnelle de relivraison). Revendre cette activité reste
discutable, mais les magasins qui disposent la plupart du temps du
renseignement via le système de commande, génèrent
directement les coûts.
Deuxième étape : Répartition des
éléments de coûts(lignes budgétaires ou coûts)
de chaque activité et regroupement éventuels des
activités
Cette étape de répartition est sans doute la plus
longue, mais pas la plus difficile. Elle fait appel au bon sens et à
l'observation de l'utilisation des ressources.
Voir Tableau 1
troisième étape : Identifier les
inducteurs de coûts et recenser les quantités pour chaque
activité
L'opération la plus délicate demeure le choix et
la quantification des unités d'oeuvres.
Ces paramètres sont repris du budget 2002 ne sont pas
définitivement figés.
Résultat (voir
tableau 3)
Une fois de plus, il convient de rappeler que ce calcul ne
constitue q'une première étape. Si cette méthode est
retenue, celui ci sera revu et discuté lors de
l `établissement du budget 2003 lors du dernier trimestre 2002.
Plusieurs conditions devront préalablement être
respectées :
- Se donner les moyens d'un système d'information fiable.
Faire un budget est une chose, mais la récupération des
données réelles est indispensable pour piloter la performance de
chaque activité.
- Déterminer un niveau de marge et le niveau normal de
coût de LOGISS. Comme nous l'avons vu précédemment, le
démarrage a été difficile et les objectifs en terme de
performance financière et d'exploitation (taux de service,
productivité, tec.) sont loin d'être au rendez-vous. Le
redressement entrepris au début de l'année 2002 doit au plus vite
se matérialiser pour obtenir une visibilité minimum au moment de
l'établissement du prochain budget.
- Développer la démarche ABM. L'objectif n'est pas
seulement de vendre au meilleur prix, mais il faut que chacun puisse comprendre
les processus et s `accaparer du système. A cet effet, le
développement des outils tels que le compte de résultat par
activité et les tableaux de bords de mesure de performance
nécessite des ressources complémentaires.
____________________________________
3.3.2) TABLEAUX DE BORDS ET AUTRES MESURES POUR AMELIORER
LA PERFORMANCE
Ces principes proviennent de l'expérience et du bon
sens et ne visent pas spécifiquement le contrôle de gestion dans
les activités logistiques. Ce milieu ne possède pas suffisamment
de culture de base du contrôle de gestion, c'est pourquoi, il semble
souhaitable de rappeler quelques règles.
responsabiliser les acteurs
S'il n'existait qu'un seul indicateur pour apprécier le
niveau de gestion d'une entreprise, l'implication des hommes à la
création de richesse et l'intérêt qu'ils portent aux
informations financières seraient sans doute la meilleure mesure.
A ce niveau, le rôle du contrôleur de gestion est
essentiellement un rôle d'animateur et d'éducateur qui forme,
explique, et corrige éventuellement la contribution économique de
chaque individu dans l'entreprise.
Au fur et à mesure, les acteurs doivent prendre
conscience que ce sont leurs décisions qui peuvent faire la
différence et aider l'entreprise à atteindre les objectifs.
La procédure des responsables budgétaires
(Annexe 4) mise en place chez LOGISS va assurément dans ce sens. Elle
permet à des personnes qui n'ont jamais vraiment été
confrontées à la présentation chiffrée de leur
fonction, de mesurer et de comprendre le suivi des frais
généraux. Ces responsables budgétaires ne doivent
d'ailleurs pas être systématiquement choisis parmi les cadres, car
la culture économique doit être répartie.
Il est aussi surprenant de constater pour un homme de
chiffres, combien il est nécessaire d'expliquer les termes comptables
les plus courants. C'est d'ailleurs un excellent exercice pour le
contrôleur de gestion qui devra aussi faire l'effort de vulgariser son
langage et se fondre dans le quotidien des opérationnels.
L'implication des dirigeants
Aborder ce sujet, peut paraître surprenant de nos jours.
En effet l'époque où les dirigeants ne semblaient
préoccupés par les résultats qu'une seule fois dans
l'année, semble révolue. Cependant, l'intérêt
manifesté par le directeur d'un établissement pour la
connaissance et la mesure de la performance reste extrêmement variable.
Son implication est pourtant indispensable pour plusieurs raisons :
- Crédibiliser le contrôle de gestion : en
montrant l'intérêt qu'il porte aux tableaux de bord et au pilotage
des coûts, il officialise le rôle du contrôleur de gestion au
regard des autres directeurs fonctionnels. Dans les secteurs de la fabrication
ou de la logistique dans lesquels il existe une forte présence
d'ingénieurs, le contrôleur de gestion apparaîtra comme le
bras droit du directeur et bénéficiera d'une influence plus que
nécessaire.
L'intervention du directeur doit s'étendre de la
construction et la de présentation de l'information jusqu'aux
commentaires du reporting, montrant ainsi sa compréhension et le sa
maîtrise dans la gestion.
- Conforter le contrôleur de gestion : Un
contrôleur ne peut être efficace sans la collaboration de la
direction. Le rapport de confiance qui va s'établir et la connaissance
envers le système d'information vont aider le contrôleur qui
trouvera ainsi un interlocuteur et un informateur de premier ordre.
- Impliquer le contrôleur de gestion dans les choix
stratégiques : C'est assurément la partie que le dirigeant
partagera naturellement le moins, alors qu'un contrôleur de gestion
impliqué dans les choix d'investissements importants donnera une vision
moins passionnée et souvent motivée par des chiffres relativement
fiable car issue de la « base de données historiques
» du contrôleur.
Culture de la rentabilité et des
coûts.
Penser coût et rentabilité en permanence,
voilà le rêve peut être inavoué de tout
contrôleur de gestion qui se respecte. Sans aller jusqu'à
l'obsession qui peut exister chez le contrôleur, raisonner coût
pour chaque décision peut être précieux lors des choix que
les managers peuvent avoir à faire. Nous avons évoqué dans
la première partie la création de valeur qui peut être une
base de réflexion intelligente, car elle fait appel à un jugement
fondé sur la marge et l'immobilisation des ressources nécessaires
à l'exploitation. Ce raisonnement, sans atteindre des comportements
maladifs, empêche toute euphorie dans les périodes fastes et
permet de garder la tête froide.
Apprendre à respecter les
règles
Dans un monde très opérationnel, il est toujours
difficile de faire comprendre l'importance des procédures. Le manque
d'organisation quelquefois perceptible de l'activité logistique est du
en partie au fait, que les prévisions d'activité sont difficiles.
Tenir les délais de livraison reste souvent prioritaire au
détriment des taches de gestion et de reporting indispensable à
la qualité et à la régularité de l'information. En
cela le contrôleur de gestion peut être comparé à un
éducateur par rapport à des managers trop souvent
concentrés sur leurs objectifs à court terme.
Des outils simples et
réfléchis
C'est certainement la tâche la plus difficile du
contrôleur de gestion, qui aura tendance à multiplier les
informations, sans donner de cohérence au système et de
signification précise aux nombreux tableaux de bord. C'est pourtant
indispensable :
En dehors des états de reporting, un tableau de bord
doit nécessairement mettre l'accent sur une variable majeure et une
seule. Ainsi chaque tableau de bord doit aider le manager concerné
à se situer par rapport à un objectif
donné.(productivité, rendements, etc.)
Une autre caractéristique, souvent omise, concerne
l'uniformisation et l'organisation de l'information. Il est toujours
étonnant de trouver des éditions par exemple qui ne classent pas
les articles de la même façon. L'harmonisation unique et
universelle des articles par famille permet d'améliorer la
lisibilité et la concentration de l'information.
Les tableaux de bords suivant sont à l'état de
prototype, mais permettent de rendre compte de l'activité et des
performances sur des horizons différents.
____________________________________
CONCLUSION
Aujourd'hui, pour être compétitive et survivre,
l'entreprise doit passer d'une logique de vendre ce qu'elle produit, à
produire ce qu'elle vend. C'est dans cette optique, que la logistique a
participé aux mutations nécessaires des modèles
d'organisation. L'objectif ultime reste, bien entendu, la maximisation des
gains mais, pour l'atteindre, il ne suffit plus de s'attacher à
réduire les coûts. L'entreprise doit intégrer de nouveaux
enjeux et de nouvelles contraintes, où qualité de service et
traçabilité deviennent des conditions majeures de succès
dans un environnement concurrentiel de plus en plus international et
technologique.
Créer de la valeur est devenu le
référentiel d'évaluation des entreprises et
améliorer les performances, c'est maximiser les cash-flows pour
générer un retour sur capitaux investis supérieur au
coût du capital. Ceci implique de dépasser la vision verticale de
l'entreprise pour appréhender l'ensemble de la chaîne de
création de valeur impliquant les clients, les fournisseurs et les
partenaires.
Sur un plan stratégique, ces nouvelles donnes
génèrent de nouveaux enjeux en maîtrisant les
évolutions des périmètres, en développant des
synergies et en optimisant les canaux de distribution. Des notions de services
aux clients ont pris une dimension dépassant parfois le cadre
opérationnel pour devenir une véritable culture.
La logistique n'est plus présentée comme une
fonction subalterne, mais comme une véritable valeur ajoutée pour
le client.
Sur un plan opérationnel, il s'agit de
développer les ventes en satisfaisant le client, toujours plus
exigeant, par l'amélioration permanente du taux de service et des
délais et par la suppression des ruptures. La performance d'une
chaîne logistique repose tant sur les coûts que sur la
qualité : passer aux flux tirés, planifier la production,
préparer les livraisons, coordonner le transport. Pour cela, les
maillons de la chaîne doivent être solidaires. Cette
démarche, faite de bon sens et d'organisation, ne laisse pas de
place à l'improvisation ou à l'amateurisme.
Paradoxalement la place du contrôle de gestion
n'apparaît pas clairement dans les organigrammes logistiques. Alors que
les grands groupes anglo-saxons l'ont fortement institutionnalisée, son
domaine d'intervention reste proche du simple reporting au même niveau
qu'une filiale industrielle ou commerciale. Il faut dire que les coûts
logistiques étaient encore il y a peu de temps assimilés
à des frais généraux et de ce fait ne méritait pas
un contrôle de gestion différent des autres secteurs de
l'entreprise. Depuis le début des années 80, les grands groupes,
initiés par les pratiques de la distribution, ont commencé
à se doter d'instruments de mesures leur permettant de valider les choix
stratégiques logistiques. L'application de la méthode ABC et
l'adaptation de tableaux de bord multidimensionnels ont démontré
qu'il était possible de mesurer la performance tout au long la
chaîne logistique.
Le groupe LAPEYRE est encore en phase de découverte de
l'enjeu réel de la logistique. Sa position de leader l'a
éloigné des principes de bases du service au client et c'est
à l'occasion du recentrage sur son métier de base, que les
dirigeants ont engagé une réflexion profonde et universelle de la
chaîne logistique. Le changement culturel est en marche, mais il manque
encore aujourd'hui la composante contrôle de gestion pour accompagner les
profondes mutations qu'il s'apprête à engager.
Le coût apparent de la logistique (11%) atteint pourtant
un niveau assez conséquent pour que soit développé un
véritable outil de mesure de la performance propre aux processus
logistique. Après validation, la démarche proposée
pour la plate - forme LOGISS peut être étendue aux autres - plates
formes de distribution. La mise en place de l'Activity Based Costing et la
refonte des tableaux de bord dans les activités logistiques, peut
répondre à cette attente. Mais surtout, elle conduit à
refondre les processus et parallèlement à faciliter l'atteinte
des objectifs de productivité et d'efficacité.
Contrôle de gestion et logistique sont finalement des
démarches proches dans leurs applications. Relativement techniques
à la base, elles procèdent toutes les deux à une logique
de réflexion qui traverse les limites traditionnelles des organisations.
Ces deux cultures doivent impérativement se
rejoindre.
____________________________________
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