La loi spéciale de lutte contre le terrorisme du 2 novembre 2001( Télécharger le fichier original )par Huynh To Uyen Julie Nguyen INALCO - Maitrise LLCE de Japonais 2004 |
B) La crainte d'un cercle vicieux des représaillesMalgré tout, les Japonais se sentaient fortement menacés, comme l'indique l'extrait de ce sondage réalisé par l'Asahi shinbun 48(*) :
81 % des sondés affirment en effet qu'ils sont inquiets que le Japon soit victime d'un attentat similaire à celui qui a frappé les Etats-Unis. Et 77 % en seraient d'autant plus inquiets si le Japon décidait de participer aux opérations américaines de représailles. Cette inquiétude peut certes s'expliquer par le fait que le Japon a déjà vu se perpétrer un attentat meurtrier en plein coeur de Tôkyô, inquiétude d'autant plus compréhensible si l'on considère que les Etats-Unis ont dû faire face à plusieurs alertes contre des actes de terrorisme chimique à l'anthrax juste après les attentats du 11 septembre. Ces menaces de terrorisme chimique n'étaient en effet pas sans rappeler l'attentat au gaz sarin de 1995 dans l'esprit des Japonais. Mais ce sentiment d'inquiétude peut également s'expliquer par une certaine remise en cause de l'alliance de défense nippo-américaine. Cette alliance est en effet de nature inégalitaire et fait du Japon moins un partenaire militaire qu'un pion des Américains, pion exposé malgré lui à des dangers et des menaces qui ne le concernent que secondairement. Ce thème du risque de l'engrenage est une des préoccupations essentielles des politiques de sécurité et de défense du Japon, comme le rappelle Hokkiri Kazumasa \u22528\u22528-xêØØ \u21644\u21644a%oëë, rédacteur de la revue Sekai : La thèse de l'engrenage est l'un des points centraux de l'opposition aux accords de sécurité qui s'est développée dès lors. Il y a le danger que le Japon, base arrière américaine, soit attaqué au regard de la guerre menée par les Etats-Unis qui ont approfondi leur engagement au Vietnam et qui cherchent à encercler l'Union soviétique. Autrement dit, il y a l'idée que le Japon peut être une victime du système de sécurité. 49(*) Cette thèse a de nouveau été mise en avant par l'opposition de gauche qui voyait dans la volonté de représailles des Etats-Unis la mise en action d'un cercle vicieux dans lequel le Japon risquait de s'enliser si le gouvernement nippon persistait dans sa politique de soutien militaire. C'est cette crainte qu'exprimait notamment Doi Takako du Parti social démocrate lors d'une conférence de presse donnée le 17 septembre 2001 : Il est absolument certain que des représailles appellent d'autres représailles et si une guerre éclate notre pays doit pouvoir indiquer fermement qu'il n'y collaborera pas, ni y participera. 50(*) Fuwa Tetsuzô \u19981\u19981ïs»jj \u21746\u21746«NéOO, président du Parti communiste, abondait dans ce sens et soutenait que le concours des Nations unies était indispensable et que le règlement de la situation devait intervenir sous l'égide de la loi : (...) le fait que les Etats-Unis poursuivent les préparatifs d'attaques en représailles des attentats terroristes risque de provoquer un cercle vicieux de la menace terroriste et des représailles militaires et conduire à ce que la situation s'enlise. Il faut que les Nations unies soit au centre des opérations, arrêter les individus suspects et les personnes qui soutiennent et constituent une menace criminelle et les sanctionner selon la loi. 51(*) Cette crainte d'un cercle vicieux des représailles est certes forte mais à aucun moment n'est remis en question la participation du Japon au règlement de la crise, sauf bien sûr dans le cadre d'une « guerre », ou plus précisément d'opérations militaires. Le Japon peut soutenir les Etats-Unis mais il doit surtout éviter d'outrepasser les règles de droit et la légalité pour apporter cette aide. Il en va bien sûr de la bonne marche de la politique gouvernementale mais également de son rang de grande puissance internationale respectueuse de la loi.
* 48 Asahi shinbun, 1er octobre 2001 - Extrait du sondage réalisé par téléphone les 28 et 29 septembre 2001 sur 2000 personnes. * 49 HOKKIRI Kazumasa \u22528\u22528-xêØØ \u21644\u21644a%oëë, « Shûhen jitai hô wo meguru kii gainen » \u21608\u21608éüïÓÓ\u20107é-Ô-Ô-@@\u12434ðßðß®®\u12427éÉLéL[[\u27010TT\u24565»OO(Concept clef relatif aux lois sur les situations d'urgence dans les zones limitrophes), Sekai \u19990\u19990êcentsEE, avril 1999, pp. 73-74 * 50 Asahi shinbun, 18 septembre 2001 * 51 Ibidem |
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