La loi spéciale de lutte contre le terrorisme du 2 novembre 2001( Télécharger le fichier original )par Huynh To Uyen Julie Nguyen INALCO - Maitrise LLCE de Japonais 2004 |
II) Quel rôle pour le Japon dans cette guerre contre le terrorisme ?Les attentats du 11 septembre sont certes inédits par leur impact, leur mode opératoire, le nombre de victimes et le théâtre d'action, mais ils ne sont pas les premiers actes de terrorisme international. A cet égard, certaines initiatives, quoique encore insuffisantes, ont déjà été mises en oeuvre pour organiser un système de lutte contre cette menace, à l'échelle européenne par exemple. Le Japon n'est pas non plus en reste dans ce domaine et participe déjà activement à l'élaboration de politiques de lutte contre le terrorisme international, notamment au sein de l'organisation du G8. Le rôle des Forces d'autodéfense est tout particulièrement actif dans la lutte contre le terrorisme et l'impulsion donnée par le Premier ministre Koizumi à la suite des événements du 11 septembre n'a fait que le renforcer. Cependant, quelles que soient les compétences des Forces japonaises, il n'en reste pas moins que la nature des opérations lancées par les Etats-Unis font craindre par l'opinion publique et une certaine partie de la classe politique japonaises l'engrenage dans un cercle vicieux des représailles. A) Le Japon, les Forces d'autodéfense japonaises et la lutte contre le terrorisme Les Forces d'autodéfense japonaises ne sont pas novices en matière de lutte contre le terrorisme. Bien au contraire, au temps déjà de la menace soviétique et chinoise dans le contexte de la guerre froide, les Forces japonaises avaient déjà commencé à s'entraîner aux techniques de lutte anti-terroriste. Et depuis l'attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum (Aumu Shinrikyô \u12450\u12450ÉAÉEE\u12512É€€\u30495ê^^\u29702ùù) dans le métro de Tôkyô en août 1995 47(*), attentat qui fait partie des événements marquants de l'histoire du terrorisme, ces techniques de lutte anti-terroriste et les mesures de prévention ont été renforcées et ne cessent de l'être. La nature de la menace contre laquelle il fallait alors faire face avait davantage orienté les Forces japonaises vers la maîtrise et le développement de mesures de lutte contre le terrorisme en zone urbaine et contre le terrorisme chimique et bactériologique. Konishi Makoto \u23567\u23567è#172;ê¼¼ \u-30048\u-30048ê½ rapporte d'ailleurs dans son ouvrage Jieitai no tai tero sakusen \u-32278\u-32278é(c)%oqq\u-26998àÌàÌÎÎ\u12486Éee\u12525Éççìçìêíí (Les Stratégies de lutte contre le terrorisme des Forces d'autodéfense) à ce propos qu'en juin 1999, autrement dit avant la révision de la législation en matière de sécurité et de défense, des exercices d'entraînement aux techniques de lutte contre le terrorisme en milieu urbain avaient été menés. Il souligne également le fait que les mesures de lutte et de prévention contre les menaces NBC, c'est-à-dire nucléaires, bactériologiques et chimiques, ont été renforcées à la suite de l'attentat au gaz sarin de 1995. Ces différentes initiatives indiquent que les Forces d'autodéfense japonaises savent maîtriser les techniques de guérilla urbaine et qu'elles sont à la pointe des méthodes de lutte contre les menaces NBC, probablement mieux que l'armée américaine. La gestion de l'attentat au gaz sarin a en effet démontrer la grande maîtrise des Forces japonaises en la matière, même si certains détracteurs ont pointé du doigt la lenteur de la mise en place de ces mesures, lenteur inhérente à la lourdeur de l'appareil administratif japonais en matière de sécurité. Il n'en reste pas moins que les Forces d'autodéfense sont rompues aux techniques de lutte dans le cadre des conflits LCI (Light Conflict Intensity), c'est-à-dire les conflits de faible intensité, dont font partie les actes terroristes. Cette partie des activités des Forces d'autodéfense japonaises montre d'ailleurs de façon flagrante la volonté, et la concrétisation avant même l'inscription dans les textes, de diversifier ses compétences au-delà des simples opérations de surveillance ou de soutien arrière. Or, les techniques de lutte contre la guérilla urbaine sont d'une nature bien plus offensive que passive. Ce ne sont pas de simples techniques d'autodéfense mais bien des techniques de défense active. Ce qui indique qu'au-delà de la seule volonté de diversifier ses activités, les Forces japonaises cherchent également à se légitimer en tant que véritable armée professionnelle rompue aux toutes dernières techniques de pointe et prête à affronter n'importe quel type de conflit, en particulier les conflits LCI qui, vraisemblablement, sont le type majeur des conflits à venir. Le temps des grandes guerres conventionnelles est en effet désormais révolu. Les conflits et les crises qui ont marqué la dernière décennie sont d'un genre nouveau, caractérisés par le contraste entre la haute technologie et les techniques de la guérilla (réseaux de partisans, snipers, actes terroristes). * 47 De nombreux ouvrages ont été consacrés à la secte Aum. Citons entre autres CAMPBELL James « Ken », « La Secte japonaise Aum Shinrikyô », dans CHALIAND Gérard, op. cit., pp. 163-193 |
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