Section 3 : Revue de littérature, objectifs et
hypothèses de l'étude
Paragraphe 1 : Revue de littérature
L'éducation de qualité est une condition
nécessaire du décollage économique d'un pays5.
Elle représente une dépense qui doit produire demain un
supplément de richesse et de bien-être. Selon des recherches
effectuées en 2002 (Berthélemy et Arestoff ; Psacharopoulos et
Patrinos entre autres), une Nation ne peut récolter les
bénéfices sociaux et économiques de l'éducation que
si elle atteint un « seuil critique » de population
éduquée c'est-à-dire si elle parvient à assurer la
scolarisation primaire à chaque génération d'enfants.
Récemment en 2003, Herz et Sperling ont montré l'impact de
l'éducation en général et de l'enseignement primaire en
particulier sur les sept autres OMD. Entre autres, ils ont noté qu'aucun
pays au monde n'a réussi à obtenir une croissance
économique forte et durable sans qu'une
5 Education Pour Tous, Repères pour
l'action, p. 17
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
large partie de sa population ne soit
alphabétisée ; les filles ayant achevé leur scolarisation
primaire deviennent des femmes durablement alphabétisées, ce qui
leur permet de mieux tirer profit des opportunités d'emplois et de
revenus, de mieux veiller à la santé de leurs enfants, de prendre
davantage soin de la leur et donc de contracter moins de maladies, etc.
Abondant dans le même sens, l'UNICEF, à travers
son rapport annuel sur la situation des enfants dans le monde (2004)
montre l'effet multiplicateur de l'éducation des filles : «
L'éducation des filles est le meilleur moyen de résoudre les
problèmes les plus graves qui entravent le développement
humain... En ce qui concerne les communautés locales, les
stratégies visant à donner aux filles la possibilité de
terminer leurs études procurent des avantages à tout le monde.
»6 Ainsi, pour nos pays disposés à amorcer un
véritable développement, l'éducation des filles est un
investissement idéal.
Selon EPT en Afrique : Repères pour l'action
2005, p. 67, « les données empiriques de nombreux pays
africains montrent aujourd'hui un taux d'accès en 1ère
année égal ou proche de 100%, mais peu sont proches de
l'achèvement universel du cycle primaire du fait du problème de
la rétention des élèves, surtout les filles, au cours du
cycle ». D'après le Document de synthèse du Plan
Décennal de Développement du secteur éducatif
béninois 2006-2015, un certain nombre de problèmes
persistent dans le sous-secteur de l'enseignement primaire. Parmi ces
problèmes, nous pouvons noter :
- des problèmes d'équité qui se
manifestent par une répartition inégale des effectifs entre les
différentes régions et surtout par un écart entre le taux
de scolarisation des filles et celui des garçons, dû
principalement au faible taux de scolarisation des filles ;
- la faible rétention liée à un fort taux de
redoublement et à l'existence de nombreuses écoles à
discontinuité éducative ;
6 La situation des enfants dans le monde 2004, p.
45.
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
- l'insuffisance numérique et qualitative des
enseignants qui a conduit à l'utilisation des enseignants communautaires
payés en partie par les associations des parents
d'élèves.
Une étude faite en 1978 au Bénin par la CNBU
avait permis d'identifier quelques causes de la déperdition d'effectifs
scolaires chez les jeunes filles telles que les conditions économiques
et sociales difficiles des familles, la pénurie d'enseignants et
l'insuffisance du niveau de leur qualification, le conditionnement
idéologique de la société féodale qui
considère la femme comme un objet plutôt qu'un sujet, etc. Des
études réalisées par le Réseau pour la Promotion de
la Scolarisation des Filles ont repris entre autres les facteurs ci-dessus
cités comme obstacles majeurs à la fréquentation scolaire
des filles à l'école primaire.
Félix DIE, Médard DJINKPO, Mathias KOUADIO YAO
et Yves KOUAME HACCANDY, dans leur étude réalisée en 1998
et intitulée «Pauvreté et scolarisation des enfants : une
analyse à partir de l'enquête de Bonoua», ont montré
que la pauvreté influence négativement la scolarisation des
enfants et en particulier celle des jeunes filles et que, quelle que soit leur
catégorie sociale, les ménages ont tendance à
privilégier la scolarisation des garçons au détriment de
celle de la jeune fille. D'après une étude réalisée
en Juin 2003 par Comlan Picard José AKAPOVI et Aminou MOHAMADOU sur
« l'impact du préscolaire sur la scolarisation au primaire en
Côte d'Ivoire », il ressort que dans l'ensemble des régions
du pays, l'impact du préscolaire sur l'inscription en première
année du primaire (CP1) est positif, c'est-àdire que les
structures préscolaires permettent d'accroître les inscriptions au
primaire. Les travaux de recherche réalisés dans la même
période par Gustave NIAMKE KODJO et Habib SOME NIBEME sur les causes des
redoublements et abandons scolaires ont révélé que
l'effectif pléthorique de la classe et la situation de l'école
(urbaine ou rurale) sont quelques uns des facteurs explicatifs du redoublement
d'un élève.
Dynamique de l'achèvement du cycle primaire par les
filles au Bénin Décembre 2006
Partant des problèmes relevés, la politique
éducative au Bénin pour la prochaine décennie vise
à atteindre en 2015 l'achèvement universel du cycle primaire :
100% des enfants parviennent au moins au CM2 ce qui suppose entre autres qu'il
faut:
- réduire le taux de redoublement ;
- réduire progressivement le ratio
élèves/maître ;
- assurer la continuité éducative sur les six
années d'enseignement en réduisant le nombre d'écoles
à discontinuité éducative ;
- étendre le programme de cantines scolaires à
d'autres écoles des zones rurales à faible taux de scolarisation
7;
Ces quelques études citées ont permis aussi de
retenir un certain nombre de variables qui serviront à étudier
les déterminants de l'achèvement du primaire par les filles afin
de proposer aux autorités les actions prioritaires pour augmenter
rapidement le taux d'achèvement du cycle primaire par les filles au
Bénin d'ici à 2007.
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