CONCLUSION
L'Etat ivoirien a engagé de vastes programmes de
diversification des cultures. L'objectif principal de cette diversification
était l'équilibrage de l'économie et la mise à
l'abri de ses recettes des fluctuations des cours de quelques produits. Ce
programme a permis le développement de la culture de coton dans la
région des savanes. Autour de cette spéculation, des
Organisations Paysannes se sont constituées.
Après des années d'expansion, le retournement
des cours mondiaux des cultures d'exportation notamment du coton va affecter
gravement l'économie de notre pays. Pour faire face à cette
crise, l'Etat va développer sous la pression des bailleurs de fonds une
politique de désengagement des filières. C'est dans cette logique
qu'en 1998, l'Etat ivoirien décide de la libéralisation de la
filière coton.
Vu l'importance de cette culture dans la vie économique
et sociale des populations des régions de savane, notre étude
entendait mesurer l'impact de cette mesure macro économique sur la
rentabilité de l'activité des producteurs et sur la dynamique des
OPA qui se sont développées autour de cette culture.
Pour mener à bien cette étude, nous avons
utilisé la Matrice d'Analyse des Politiques et observé
l'évolution de quelques indicateurs au niveau des coopératives.
Le logiciel EXCEL nous a servi pour nos analyses statistiques.
Au terme de cette étude, les constats suivants s'imposent
:
- Après la libéralisation de la filière
coton, l'activité de production devient moins rentable
financièrement et économiquement. Cependant d'une
façon générale cette activité de production reste
financièrement et socialement rentable.
- Après la libéralisation le niveau de
protection des producteurs est plus élevé. Cependant une analyse
d'ensemble indique qu'aussi bien dans le contexte de libéralisation
qu'avant, les producteurs ne sont pas protégés puisque les
différents coefficients de protection restent inférieurs à
1.
- Le niveau de transfert vers les autres secteurs de
l'économie est moins élevé dans le contexte de
libéralisation. L'activité de production, analysée
globalement, a contribué au financement des autres secteurs de
l'économie.
- Les coopératives sont mieux organisées et mieux
structurées dans le contexte libéral. Elles se sont
dotées de moyens modernes de travail et de gestion.
Elles ont consenti des efforts pour exercer dans la légalité et
ont recruté les personnes qualifiées pour leur gestion en
dépit des difficultés de financement auxquels elles sont
confrontées.
Notre étude nous a permis de mettre en exergue des
contraintes liées au contexte de libéralisation de la
filière. Ainsi pour permettre aux producteurs d'améliorer sa
rentabilité financière et aux coopératives d'être
plus dynamique, nous avons formulé les propositions suivantes :
- Le respect des techniques culturales et le choix judicieux
d'une date de semis et de récolte. Cette
mesure conduira à obtenir un coton de 1er
choix.
- La réduction du coût des intrants chimiques
à travers une réduction des marges bénéficiaires de
chaque opérateur dans la filière des intrants chimiques, la
création d'industries de conditionnement des produits agro
pharmaceutiques.
- La mise en place d'un Programme d'information sur les prix du
marché de la fibre de coton (PRIMA- COTON).
- La formation des comptables de section et autres
administrateurs des coopératives pour un renforcement des
capacités de gestion.
- La constitution de capital physique et social par les
coopératives leur garantira l'accès aux
financements extérieurs.
- La redistribution en fin d'exercice d'une partie des
bénéfices aux adhérents au prorata de leurs
transactions avec la coopérative.
Limites de l'étude et recherche future
Cette étude s'est limitée à
l'évaluation de la rentabilité post libéralisation de
l'activité des producteurs de la filière coton. Elle s'est
intéressée seulement aux producteurs en culture attelée.
Elle n'a pas évalué la rentabilité des autres
opérateurs de la filière, ni aux autres types de producteurs.
Cette étude ne s'est pas intéressée aux
réorganisations profondes qui sont intervenues dans la filière.
Le manque d'outil pour l'analyse de la dynamique des OPA ne nous a pas permis
de développer suffisamment cet aspect de l'étude.
Les différents résultats obtenus sont
spécifiques à la zone de Korhogo, la situation peut être
différente dans les autres régions productrices de coton du
pays.
L'étude n'a pas pris en compte toutes les
coopératives de la zone de Korhogo, elle n'a pas abordé l'aspect
financier des coopératives et elle a limité le concept d'OPA aux
seules coopératives agricoles. Cette étude contribuera, nous le
souhaitons, à l'avancée de la filière et permettra aux
pouvoirs publics et ONG telles INADES-Formation Côte-d'Ivoire d'orienter
leurs actions vers la satisfaction des besoins et préoccupations du
monde rural.
Les limites dégagées par notre étude
pourront faire l'objet d'études et recherches futures.
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