SECTION II : LA
CULTURE MILITAIRE CAMEROUNAISE, UNE CULTURE MILITAIRE POREUSE
La porosité de la culture militaire camerounaise
découle de sa capacité à s'adapter à
différents contextes, culturels. Elle ne représente pas un bloc
fermé, rebelle à toute évolution, tout apport
extérieur. Dans ce contexte, cette culture dans son désir
d'évoluer avec son environnement, ne peut de ce fait être l'objet
d'une territorialisation (paragraphe I). Cette ouverture au monde, la
transforme donc au gré des interactions sociales (paragraphe II).
PARAGRAPHE I :
l'INOPERATIONNALITE RELATIVE DE LA TERRITORIALISATION DE LA CULTURE
MILITAIRE AU CAMEROUN
La culture militaire constitue un des fondements de la
compétence de l'officier et lui permet d'optimiser ses actions à
finalité opérationnelle, et sa crédibilité dans un
environnement militaire, civil, et administratif concurrentiel
(« Directive initiale ; culture militaire », 2006).
Dans ce sens, la fluidité de la démarcation entre l'interne et
l'externe en matière militaire (A), fait de la culture militaire
camerounaise, une culture militaire ouverte au monde (B).
A-LA FLUIDITE DE LA DEMARCATION
ENTRE L'INTERNE ET L'EXTERNE EN MATIERE MILITAIRE
En France, les
scolarités des écoles de Saint Cyr Coëtquidan et de
l'enseignement militaire supérieur sont deux points essentiels
garantissant l'approfondissement d'une culture militaire (« Directive
initiale ; culture militaire », 2006). Cette
réalité est également vérifiable au Cameroun,
puisque les objectifs assignés aux élèves officiers de
l'EMIAC durant leur formation de base est entre autres : la maîtrise
des savoir-faire militaires ; l'ouverture d'esprit de l'officier par la
culture générale et la compréhension des enjeux
socio-politiques contemporains (Division Programmation Initiale (DPI) de
l'EMIAC) ; ceci permet à l'officier d'entamer sur de bonnes bases
sa familiarisation avec la culture militaire. Ce qui le prépare mieux
à une meilleure assimilation des enseignements ultérieurs.
C'est dans cette perspective que
l'enseignement militaire supérieur répond au souci du chef de
l'Etat de compléter la formation locale du personnel militaire, en
disposant sur place au Cameroun des écoles d'enseignement militaire
supérieur à l'instar du CSID créé en 2005. Cet
enseignement permet ainsi à l'officier camerounais de parfaire sa
culture militaire. Nous voulons ici souligner que le dispositif d'appropriation
d'une culture militaire mis en place dans un pays comme le Cameroun n'est pas
une initiative qui lui est propre. C'est pour cela que dans un contexte
international marqué par la fluidité de la démarcation
entre l'interne et l'externe (Sindjoun, 2000 :10), il n'est pas admis au
Cameroun d'enfermer l'armée dans un vase clos tel que celui de la
tradition. Car, « les forces armées camerounaises, doivent
également épouser leur temps, celui de la modernité,
c'est-à-dire s'adapter au changement aussi bien sur le plan technique et
technologique que sur celui de la doctrine et de la
stratégie » ( Biya,2000). Ainsi, la tradition militaire
camerounaise est -elle pour ce pays un noyau dur en matière militaire.
Mais, le Cameroun étant le terrain de rencontre de diverses cultures
militaires, il ne peut dans cette mesure que s'ouvrir au monde.
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