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Les déterminants de l'itinéraire therapeutique au sud Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Barthelemy Mahugnon SENOU
Université de Cocody Abidjan - DEA 2002
  

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iii - Du recours à l'automédication

Ici, trois variables sont significatives : il s'agit de la taille du ménage (TAILLEMGE au seuil de 10%), de la durée de l'épisode morbide (DUREE ) et du type de symptôme « paludisme ou fièvre » (PALUFIEVRE), toutes deux au seuil de 5%. De plus les variables TAILLEMGE et DUREE ont les effets attendus. Ce résultat signifie que dans les ménages de taille élevée, l'on fait plus recours à l'automédication ; c'est une manifestation de contraintes financière puisque le chef de ménage n'est pas en mesure de conduire tous ceux qui tombent malade dans les structures de soins modernes ou chez les tradipraticiens où en général, les coûts de traitement sont plus élevés que dans l'automédication 25(*).

Comme nous avions proposé de le vérifier plus loin dans le recours aux structures de soins modernes, nous constatons que la variable DUREE apparaît ici avec un signe négatif ; ceci confirme le fait que cette variable, indicatrice de la sévérité de la maladie, justifie la précaution chez les individus de recourir à des soins plus efficaces (selon eux) pour des problèmes de santé sérieux.

La variable PALUFIEVRE apparaissant avec un signe positif et étant significative, on peut dire que le paludisme et la fièvre sont des symptômes qui amènent plus les individus à faire de l'automédication ; cela se justifie par le fait que les médicaments qui soignent ces maladies sont répandus sur le marché informel, souvent importés du Nigeria voisin, et les individus s'en procurent facilement sans aucune prescription d'agent de santé indiqué.

Le niveau d'instruction apparaît comme prévu avec un signe négatif, même s'il est non significatif ; ceci peut s'expliquer par le fait que les personnes d'un niveau d'instruction élevé connaissent les inconvénients de l'automédication et n'ont pas tendance à y recourir.

De même, le revenu apparaît avec un signe négatif même s'il est non significatif ; la négativité signifie que si le revenu des individu augmente, ils auront tendance à ne pas recourir à l'automédication.

La variable AGE apparaît avec un signe négatif, contrairement à ce que nous attendions ; cela signifie que l'automédication est plus utilisée pour soigner les enfants et les jeunes que pour soigner les personnes âgées.

iv - Effets marginaux des variables

L'effet marginal d'une variable Xk est donné par

où F est la fonction de répartition et f la fonction de densité de probabilité.

A l'aide d'une procédure de programmation sur Eviews, nous estimons les effets marginaux des variables explicatives en chaque observation puis ceux aux valeurs moyennes.

les tableaux des effets marginaux en chaque observation (annexe 4) montrent que les variables significatives au niveau de chaque modèle ont les effets marginaux les plus élevés (en valeur absolue), ce qui signifie que suite à un changement de modalité au niveau de ces variables, la probabilité de recourir à un type de soins varie plus que suite à un changement de modalité au niveau des variables non significatives.

Les effets marginaux des variables à leur moyenne (calculés suivant la même méthode) sont présentés dans le tableau suivant ; nous interprétons les effets marginaux des variables significatives.

Tableau n°7 : effets marginaux aux valeurs moyennes

Variables

EMMOY1

EMMOY2

EMMOY3

AGE

-0.005230

0.000327

-0.001760

SEXE

0.319072 *

-0.040943

 

TAILLEMGE

0.014628

 

0.032611 **

EDUC

0.040135

-0.099502 *

-0.001573

REVENU

0.052173

-0.053403

-0.009054

CULT

 

0.656257 *

 

MEDICAM

0.150596

 
 

DUREE

0.041387

 

-0.043931 *

PALUFIEVRE

 
 

0.328074 *

MALPEAU

0.412760 *

0.084608

 
 

* relatif à une variable significative au seuil de 5%

** relatif à une variable significative au seuil de 10%

Source : d'après estimations sur Eviews

A la lecture de ce tableau, nous pouvons dire que être de sexe masculin augmente la probabilité de recourir aux structures de soins modernes de 31,3072%. L'augmentation d'une unité de la taille du ménage augmente la probabilité de recourir à l'automédication de 3,2611% et le l'amélioration du niveau d'éducation (passage d'un niveau inférieur à un niveau supérieur) diminue de 9,9502% la probabilité de recourir à la médecine traditionnelle.

Quant à la croyance en l'efficacité des ressources locales, elle augmente la probabilité de recourir à la médecine traditionnelle de 65,6257% ; l'augmentation d'une journée de la durée de l'épisode morbide diminue de 4,3931% la probabilité de pratiquer l `automédication alors que le fait de souffrir du paludisme ou de la fièvre augmente de 32,8074% cette probabilité. Enfin, souffrir des maladies de la peau augmente de 41,2760% la probabilité de recourir aux structures de soins modernes.

Il ressort des analyses que nous venons de faire que :

· Le sexe du malade et les maladies de la peau sont les déterminants principaux du recours aux structures de soins modernes en cas de maladie chez les populations dans le sud Bénin.

· Le niveau d'instruction, la croyance en l'efficacité des ressources locales pour le traitement des maladies et les maladies de la peau constituent les principales variables explicatives du recours aux tradipraticiens dans le sud Bénin.

· La taille du ménage, la durée de l'épisode morbide et le paludisme ou la fièvre sont les déterminants principaux du recours à l'automédication.

Ces différentes conclusions nous permettent de dégager des éléments de politique en matière de santé.

Chapitre 4 : Implications de politiques en matière de santé

Au terme de notre étude, nous proposons ici des mesures de politique visant à améliorer l'utilisation des recours thérapeutiques afin d'assurer une bonne santé à la population et améliorer ainsi la qualité des ressources humaines, condition nécessaire au développement d'une nation.

Section 1: Réformes et réglementations

I- Réformes économiques et institutionnelles

Le rôle que la médecine traditionnelle et les tradipraticiens peuvent jouer pour réaliser l'objectif de la santé pour tous a été reconnu dans la déclaration d'Alma-Ata de 1978 26(*). Dans sa résolution AFR/RC34/R8 de 1984, le comité régional de l'OMS pour l'Afrique demandait instamment aux Etats membres de préparer une législation spécifique sur l'exercice de la médecine traditionnelle dans le cadre de la législation sanitaire nationale et de prévoir des allocations budgétaires suffisantes pour un développement efficace de cette médecine.

Le Comité régional, lors de sa quarante-neuvième session, a invité l'OMS à élaborer une stratégie régionale complète sur la médecine traditionnelle. Nous suggérons la formulation des politiques propres à renforcer le développement de la médecine traditionnelle, son utilisation et la poursuite des recherches pour améliorer l'accès aux remèdes traditionnels essentiels et promouvoir l'utilisation appropriée des plantes médicinales dans les systèmes de santé. Cette stratégie visera à optimiser l'utilisation de la médecine traditionnelle afin d'accélérer l'instauration de la santé pour tous. Elle reposera sur un certains nombre de principes qui sont : le plaidoyer, la reconnaissance par les gouvernements de l'importance de la médecine traditionnelle pour la santé des populations, l'institutionnalisation de la médecine traditionnelle et la mise en place de partenariat. Les interventions prioritaires consisteront à formuler des politiques, à renforcer les capacités, à promouvoir la recherche et à développer la production locale.

Nous suggérons entre autre:

· Que le pouvoir public subventionne le secteur (organisé et réglementé ) de la médecine traditionnelle afin de permettre des recherches dans le domaine de la médecine traditionnelle.

· Que le partenariat avec les institutions internationales intervenant dans le domaine de la santé soient orienté aussi vers le soutien de la médecine traditionnelle pour permettre le financement des recherches en la matière.

· L'organisation de rencontres internationales entre les acteurs de la médecine traditionnelle d'une part, et entre les acteurs de la médecine moderne et ceux de la médecine traditionnelle d'autre part afin de briser les asymétries d'informations dans le secteur de la santé et permettre ainsi des échanges de connaissances et de compétences.

II - Le renforcement de l'éducation en matière de santé par les ressources locales et naturelles

Nous suggérons :

· L'intégration dans le système éducatif des enseignements sur la médecine traditionnelle afin de faire connaître aux individus dès le bas âge les vertus des ressources locales en matière thérapeutique et susciter en eux la volonté de faire usage des ressources locales pour le traitement des maladies.

· L'instauration des spécialisations en phytothérapie dans la formation des agents de santé avec une collaboration avec les tradipraticiens de renommée qui existent dans presque toutes les localités du pays.

III - La réglementation du secteur de la médecine traditionnelle

La médecine moderne est légalement reconnue et agit dans des institutions qui jouissent de la sollicitude administrative de l'Etat, alors que ce n'est pas le cas en ce qui concerne la médecine traditionnelle, accusable d'illégalité quand bien même les populations y sont attachées. Si tradipraticiens et médecins modernes n'ont pas le même statut juridique au chevet du malade, c'est parce que souvent dans les faits, il manque une prise de position claire des autorités politico - administratives qui soit de nature à revaloriser la médecine traditionnelle. Nous recommandons que le secteur de la médecine traditionnelle soit correctement réglementé et que l'ordre des guérisseurs et des herboristes traditionnels créé par décret N° 86-69 du 3 mars 1986 sous le nom de A.NA.PRA.ME.TRA.B soit plus dynamisé afin que la traditionnalité médicale puisse jouir aussi, dans toute la mesure du possible, des droits modernes qui l'aideront dans sa promotion et dans son développement.

IV - La collaboration entre acteurs de l'offre de soins de santé

Nous recommandons une franche et parfaite collaboration entre les différents acteurs de médecine traditionnelle (les tradipraticiens) et ceux de la médecine moderne ; il serait même souhaitable d'associer au chevet d'un malade les deux types de pratiquant, le diagnostic devant revenir à la médecine moderne et le traitement se faisant dans une franche collaboration. Signalons que cette collaboration est déjà à ses débuts à certains niveaux comme à l'hôpital de Porto-Novo où le tradipraticien Dossou-Yovo Cossi Fulbert dispose d'un local où il offre des soins de santé à des patients en collaboration avec les acteurs de l'offre des soins modernes de cet hôpital et d'autres structures de soins modernes.

Section 2: Le renforcement des stratégies IEC

I - La sensibilisation des populations sur les potentialités de la médecine traditionnelle

Les résultats de nos travaux montrent que les individus qui ont eu recours à la tradithérapie ont en général eu satisfaction ; de plus, le rôle que la médecine traditionnelle et les tradipraticiens peuvent jouer pour la réalisation de l'objectif santé pour tous comme nous l'avions vu, a été reconnu dans la déclaration d'Alma - Ata de 1978. Nous recommandons donc que des efforts soient menés tant par le pouvoir public que par les ONG intervenant dans le domaine de la santé pour faire connaître aux populations que la médecine traditionnelle possède des vertus remarquables et est à la portée de tous ; les traitements s'y font à moindre coût et sont sans en général sans effets pervers lorsqu'ils sont faits par des personnes indiquées.

Nous recommandons aussi que l'accès aux médias soit facilité aux praticiens de la médecine traditionnelle afin qu'ils puissent montrer aux populations les vertus des multiples recettes dont ils disposent et les résultats des recherches qu'ils font en matière de phytothérapies.

II - Le développement de la communication en matière de santé

Nous recommandons le développement d'un réseau de communication et d'échange afin d'assurer la vulgarisation tant dans le secteur de la médecine moderne que traditionnelle ; une telle option pourra permettre aux pratiquants locales d'échanger les expériences et de se mettre au parfum des innovations qui ont lieu dans d'autres régions du pays.

III - L'information en matière de prévention contre le risque.

En raison des effets pervers que risquent les populations en matière de santé, nous recommandons :

· Le renforcement des systèmes d'information sur les risques encourus dans la pratique de l'automédication.

· Le développement des systèmes d'information sur les risques de l'utilisation conjointe de plusieurs pratiques médicales, ceci dans le but d'éviter les problèmes de surdosage dans la mesure où les plantes et les produits utilisés dans la tradithérapie contiennent généralement les mêmes substances que certains produits pharmaceutiques;  cette recommandation implique une collaboration entre tradipraticiens et pratiquants de la médecine moderne, ce qui fait l'objet de la recommandation suivante.

* 25 voir tableau 29 des résultats d'enquête.

* 26 OMS, (2001)

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci