C . Les Actions de l'OUA
Malgré les énormes difficultés qui ont
parsemé la longue marche de l'OUA, l'organisation a pu se maintenir
comme un bloc fort et uni. Elle a pu mener des actions dans les domaines de la
libération du continent, de la consolidation de l'indépendance et
de la solidarité entre les Etats membres. Par contre dans le domaine
économique les résultats restent mitigés.
1. Domaine politique
L'OUA s'est illustrée de façon très
positive dans le domaine politique par les résultats impressionnants
qu'elle a obtenu dans le cadre de la lutte pour la décolonisation totale
du continent africain. Son soutien diplomatique, politique, moral et même
financier à la lutte de libération a largement contribué
à l'indépendance des ex-colonies portugaises et des territoires
d'Afrique australe (le Zimbabwé et la Namibie).
Après sa création en 1963 avec trente deux (32)
Etats, l'OUA compte aujourd'hui cinquante trois (53) Etats membres dont
l'Afrique du sud multiraciale. Ces succès ont été
remportés par des actions concertées des Etats membres de l'OUA.
Parmi celles-ci on peut citer entre autres :
- la publication en 1969 du manifeste sur l'Afrique australe
ou manifeste de Lusaka.
Il appelle à la mobilisation de tous les Etats membres
de l'OUA contre la politique de discrimination raciale des gouvernements
minoritaires blancs d'Afrique australe et plus particulièrement contre
l'apartheid et la politique raciste d'Afrique du sud.
Dans ce manifeste, les Etats rappellent leur conviction :
« L'égalité entre tous les hommes, droit
inaliénable de chacun à la dignité humaine et au respect
sans distinction de race, de couleur ou de sexe, de religion. Le droit et le
devoir de tous de participer en tant que membres égaux de la
société au gouvernement de leur propre
pays. ».
En même temps qu'ils poursuivent la lutte pour la
libération du continent par des moyens pacifiques, les Etats membres de
l'OUA expriment leur appui à la lutte armée en s'engageant
à la soutenir. C'est ce qu'ils ont exprimé dans la
déclaration de Mogadiscio, en condamnant toute forme de dialogue avec
les régimes minoritaires d'Afrique australe.
L'OUA a également fait face à plusieurs conflits
frontaliers entre ses Etats membres, ainsi qu'à plusieurs guerres
civiles. Mais guidée par le principe cardinal du recours à la
négociation, et à des voies pacifiques pour le règlement
des conflits entre Etats, l'OUA a moins contribué à mettre fin
aux conflits qu'à favoriser la recherche de solutions.
L'OUA a aussi contribué au renforcement de la
souveraineté de chaque Etat. Aujourd'hui aucun d'eux ne peut être
inquiété quant à sa disparition éventuelle par le
fait de son voisin.
2- Domaine économique.
L'OUA a été moins performante dans le domaine
économique. Ses actions au plan du développement
économique du continent ont été très maigres avant
l'adoption du plan d'action de Lagos le 28 avril 1980, par la conférence
des chefs d'Etat et de gouvernement en sa session extraordinaire de cette
année là. Ce plan est une approche régionale de grande
portée qui est essentiellement basée sur l'autosuffisance
collective. Il s'articule autour d'actions à mener en vue de
l'édification d'une économie africaine dynamique et
indépendante tendant vers l'établissement d'un marché
commun africain qui déboucherait sur une communauté
économique africaine.
Le plan d'action de Lagos encourage et préconise la
création de groupements économiques régionaux.
Face à la récession qui a affecté le
monde entier et plus particulièrement l'Afrique dans les années
80, l'OUA s'est attachée à cerner la problématique de la
crise en Afrique. Après avoir constater que le processus de
détérioration de l'économie africaine avait atteint un
niveau intolérable, la conférence des chefs d'Etats décida
à la 21èmesession ordinaire tenue à Addis-Abeba
d'adopter le 20 juillet 1985, le programme prioritaire de redressement
économique de l'Afrique. Ce programme comporte cinq volets :
- Des mesures pour la mise en oeuvre
accélérée du programme d'action de Lagos ;
- Des mesures spécifiques pour l'amélioration de
la situation alimentaire et la réhabilitation de l'agriculture ;
- Des mesures d'allègement du fardeau de la dette
extérieure de l'Afrique ;
- Des mesures pour l'élaboration d'une plate -forme
commune d'action ;
- Des mesures pour lutter contre la politique de
déstabilisation du régime d'apartheid d'Afrique du sud sur
l'économie des Etats d'Afrique australe.
Bien que tardif, le réveil de l'OUA en matière
d'actions pour le développement de l'Afrique a eu la conséquence
d'inculquer aux Etats africains la volonté de mener des actions communes
pour sortir du sous-développement.
3-Domaine culturel et droit de l'homme.
L'OUA a adopté le 5 juillet 1976, la charte culturelle
de l'organisation. elle s'articule autour des objectifs
ci-après :
-Réaffirmer l'identité culturelle des peuples
d'Afrique ;
-Libérer les peuples d'Afrique des contraintes
socioculturelles qui entravent leur développement ;
-Réhabiliter, sauvegarder, restaurer et promouvoir le
patrimoine culturel africain ;
-Garantir à tous le libre accès à la
culture et à l'éducation.
Pour la mise en oeuvre de cette charte, un fonds culturel
africain a été créé par l'OUA.
Au niveau des droits de l'homme, le 10 septembre 1969, les
Etats membres de l'OUA ont adopté la convention de l'OUA sur les
réfugiés, et se sont engagés à accorder aux
réfugiés le droit d'asile, un traitement non discriminatoire, le
rapatriement volontaire et à leur octroyer des titres de voyage.
En juin 1981, l'OUA a adopté la charte africaine des
droits de l'homme et des peuples. Cette charte est rentrée en vigueur le
21 octobre 1986 après sa ratification. Elle relie le concept de droit de
l'homme à celui des droits de peuplement et des droits des peuples. Elle
stipule que les droits civils et politiques sont indissociables des droits
économiques et socioculturels. La sauvegarde de ces droits est
confiée à la commission africaine des droits de l'homme et des
peuples.
Cette commission est composée de onze (11) membres
élus pour un mandat de six (6) ans renouvelable par la conférence
des chefs d'Etats. La commission est chargée de promouvoir les droits de
l'homme et des peuples, de les protéger et d'interpréter les
dispositions de la charte.
Comme on peut le constater, l'OUA malgré ses faiblesses
a su glaner des lauriers durant ses 38 ans d'existence. Aussi aurait-il
peut-être fallu simplement la restructurer et l'adapter au nouveau
contexte planétaire pour la rendre plus performante. Pourtant,
plutôt que de procéder ainsi, les dirigeants africains ont
créé une autre organisation panafricaine : l'Union
Africaine. Que propose-t-elle ?
|