C - DOMAINE SOCIO-CULTUREL
1 - Le renforcement de la coopération
interafricaine
Quelles que soient les carences qui ont marqué ses
trente huit années d'existence, l'O.U.A. a eu le mérite d'avoir
été la seule organisation continentale qui a servi de cadre de
dialogue aux Etats africains. L'U.A sans aucun doute continuera cette oeuvre et
si possible renforcera davantage les liens entre les Etats africains.
L'acte constitutif pose d'ailleurs cette préoccupation
comme étant le premier des objectifs à réaliser par
l'Union. Elle entend «réaliser une plus grande
unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples
d'Afrique».
Condamnés à travers l'Union à
réaliser des objectifs communs, les Etats africains devront oeuvrer
chacun à renforcer les liens « amicaux et fraternels » qui
existent entre eux. La concertation et l'harmonisation des politiques dans le
cadre de la coopération interafricaine serviront de ferment au
renforcement de la fraternité entre les Etats du continent.
Quand on sait les aspirations désormais communes
à tous les pays du continent à sortir du sous
développement par une meilleure prédisposition à affronter
les défis du nouveau millénaire, l'on est en droit de penser que
les actions communes et concertées prendront le pas sur l'isolement et
l'autarcie pour parer aux maux de l'Afrique.
L'union du continent rapprochera donc davantage les peuples
africains et participera à faire tomber les frontières
psychologiques et les barrières linguistiques et économiques pour
fondre les peuples africains et leurs Etats dans un même moule.
Appartenant désormais à une même entité, les Etats
favoriseraient encore plus les échanges dans tous les domaines et
participeront ainsi au renforcement de la coopération interafricaine.
2 - La promotion de la démocratie et le
respect des
principes des droits de l'homme
Les objectifs et principes de l'U.A marquent nettement la
volonté manifeste des Etats africains de promouvoir un cadre
démocratique favorable au respect des principes des droits de l'homme au
niveau du continent.
Les Etats africains entendent « promouvoir
les principes et les institutions démocratiques »
mais aussi, « promouvoir et protéger les droits de
l'homme et des peuples ».
Ces différentes aspirations inscrites dans l'acte, se
présentent comme un idéal à atteindre. Car les
règles démocratiques sont très peu appliquées en
Afrique. Pour preuve, le continent a connu de 1960 à 1999, 101
renversements de pouvoir. Soit à la suite d'un coup d'Etat, soit
à la suite d'une guerre ou d'une invasion. Beaucoup de régimes
dits démocratiques ne sont en réalité que des dictatures.
Les chefs d'Etats font tout pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps
possible. Le rapport de la BAD sur le développement en Afrique 2001,
indique à ce propos que « les dirigeants africains sont connus
pour se maintenir longtemps au pouvoir ». De ce fait, ils ne
favorisent pas l'alternance qui est un principe propre à la
démocratie.
Aussi, certains Etats se déclarent-ils respectueux des
principes des droits de l'homme, alors que la réalité
rapportée et dénoncée par les mouvements des droits de
l'homme prouvent tout le contraire.
Pour l'Afrique l'heure est au réveil. Le temps est
venu d'abandonner toutes les pratiques qui peuvent compromettre le
développement du continent et nuire à sa croissance
économique.
En effet, en affirmant le «respect du
caractère sacro saint de la vie humaine et la condamnation et le rejet
de l'impunité, des assassinats politiques, des actes
de terrorisme et des activités subversives
», mais aussi « la condamnation et le
rejet des changements anticonstitutionnels de
gouvernements », l'acte de l'Union Africaine engage de facto
les Etats membres à se conformer à un certain code de conduite
qui exige d'eux le respect des droits de l'homme et les principes
démocratiques.
C'est un engagement des Etats africains à rompre avec
les modes dégradants de prise de pouvoir que sont les coups d'Etats et
les fraudes électorales, pour nouer définitivement avec la
démocratie.
L'avantage de l'affirmation de ces principes, dans le cadre
de l'Union Africaine réside dans le fait que l'Union en tant que
structure supranationale pourra désormais veiller à l'application
des règles démocratiques au niveau de chaque Etat membre et
garantir par ailleurs le respect des principes des droits de l'homme.
L'impunité dont bénéficiaient ces
pratiques dans les Etats disparaîtra par la même occasion, puisque
désormais tout Etat ne s'étant pas conformé à ces
principes, pourrait être exclu de l'Union conformément à
l'article 30 de l'acte qui stipule que « les gouvernements qui
accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas
admis à participer aux activités de l'Union ».
Cette garantie participera à coup sûr à la promotion de la
démocratie en Afrique. Mais par quels moyens l'Afrique construira-t-elle
une union durable et solide ?
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