C - L'INEGALITE DANS LE DEVELOPPEMENT ET LA
PERMANENCE DES CONFLITS
1 - l'inégalité dans le
développement
L'Afrique connaît un niveau de développement
très déséquilibré. D'une région à une
autre, d'un Etat à un autre, les indicateurs de la croissance
diffèrent. Les pays du Nord, notamment ceux du Maghreb ( Maroc -
Algérie - Libye - Egypte - Tunisie ), l'Afrique du sud et le Nigeria,
font office de locomotives du continent. Ces Etats, on peut l'affirmer,
connaissent chacun un niveau de développement largement supérieur
au niveau moyen du continent.
A coté d'eux, il y a ceux qui se maintiennent
économiquement. Et enfin, au bas de l'échelle, les pays dont les
multiples efforts de développement n'ont pas encore réussi
à les faire émerger.
L'Afrique présente donc au plan de son
développement des disparités qui ont contribué
progressivement à établir une différence entre les
Etats.
Les Etats relativement développés, forts de
leurs acquis en matière de développement, présentent une
réticence quant au projet d'union du continent. Leur adhésion au
projet de KADHAFFI, a été arrachée après plusieurs
compromis et arrangements du projet initial.
Si pour les Etats en difficultés, l'union du continent
constitue une issue heureuse, il n'en est pas toujours de même pour les
autres. Alors que les uns espèrent tirer profits des retombées
d'une intégration des économies africaines, les autres craignent
d'en supporter tout seuls le poids.
En effet, il est évident que compte tenu de
l'inégal niveau de développement observé chez la
Côte d'Ivoire et ses voisins, une libéralisation tous azimut des
échanges dans le cadre de l'intégration pèsera
entièrement sur la Côte d'Ivoire qui connaît un relatif
développement de ses infrastructures et de ses moyens de production.
Le flux des étrangers augmentera encore plus. Alors
que le taux officiel d'étrangers est déjà estimé
à environ 26% en Côte d'Ivoire.
Les Etats relativement plus développés
craignent donc une invasion de leurs territoires par des populations
attirées par leur essor économique. Ils sont par
conséquent moins favorables à l'intégration.
Or, si seulement quelques pôles attirent par leur
succès économique, les efforts de croissance dans ceux-ci, seront
à la longue annihilés et leur développement compromis par
l'asphyxie de leurs économies.
Forts donc de tous ces risques, les Etats relativement
développés en Afrique, entretiennent une certaine méfiance
vis à vis du projet d'union. Ils luttent pour maintenir leur ascendance,
tandis que les moins nantis cherchent désespérément
à s'appuyer sur l'essor économique des premiers. Seulement, les
plus développés, accepteront-ils de prendre le risque et
contribuer gracieusement au développement de leurs pairs en
difficultés et à la traîne ?
2 - la permanence des conflits
La permanence des conflits et leur prolifération
compromettent sérieusement la vocation à s'unir du continent
africain.
De la corne de l'Afrique en passant par le centre jusqu'au
sud, des foyers de tensions existent et constituent des freins à
l'unité de l'Afrique.
En fait, l'existence de ces conflits dénote d'un
malaise certain. Et même quand ils ont été
réglés, il y a toujours des risques de résurgence dus
à des rancoeurs ou à l'esprit de vengeance.
Les conflits entre Etats en Afrique, tirent
généralement leurs origines dans des problèmes de
sécession comme c'est le cas au Sénégal avec le
problème casamançais, ou encore des problèmes de
frontières.
Héritées de la colonisation, les
frontières sont restées en général stables. Mais
des conflits surgissent à leur propos lorsqu'il est question de
contrôler des portions de terres représentant un avantage
économique ou stratégique pour les Etats en conflit. Ce fut le
cas de la bande d'Aouzou qui opposa le Tchad à la Libye, pour le
contrôle de son sous-sol riche en pétrole.
Le Maroc, s'est retirée de l'O.U.A à cause de
l'entrée de la RASD ( République Arabe Sahraouie ), au sein de
l'organisation. Le conflit qui oppose ces deux Etats est donc latent et n'est
point encore résolu.
Mais, peut-on appeler des peuples ou des Etats à
mettre en commun leurs objectifs et leurs politiques s'ils ne s'entendent pas ?
Assurément pas avant d'avoir aplani les différends qui les
opposent. Sinon, la collaboration entre ces Etats sera difficile, voire
impossible. Et même si elle était possible, elle ne serait pas
franche. Elle sera empreinte d'hypocrisie et de suspicion. Ce qui pourrait
à la longue couver et exploser, entraînant l'implosion de l'Union
par l'absence de collaboration franche et des blocages
répétés dans la prise de décisions et leur
application.
Les conflits, de quelques nature qu'ils soient, nuisent
gravement aux efforts d'union du continent. En ce sens qu'ils divisent les
populations et exacerbent en leur sein les sentiments de haine et de revanche.
Toutes choses qui ne favorisent pas un climat d'entente et d'union,
nécessaires au développement solidaire auquel veulent aboutir les
Etats africains.
Depuis le 21 Mai 2001, l'acte de l'Union Africaine a obtenu
le quota de 2/3 des ratifications, nécessaires à son
entrée en vigueur. Il devient donc une réalité pour le
continent tout entier.
Dans cette troisième et dernière étape
de notre étude, nous tenterons de dégager les avantages à
tirer de l'union du continent. Mais nous essayerons également à
travers une analyse, de dégager les voies qui mèneront à
l'union totale et durable du continent africain.
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