La demande analysée à partir de
l'équilibre du consommateur
Pressenti par Dupuit, le problème de l'articulation
entre la théorie du consommateur et celle des marchés fait
l'objet de développements important chez Walras et Marshall.
Walras déduit de l'équilibre du consommateur,
des fonctions de demande individuelles qu'il agrège ensuite pour former
des fonctions de demande de marché.
En effet, le consommateur atteint sa position
d'équilibre en égalisant les utilités (ou
désutilités )marginales pondérées par les prix.
Donc si (p1, p2, .........pn)
représente l'ensemble des prix, la demande de bien j par l'individu i,
peut s'écrire comme une fonction de n variables : Qij =
fij(p1,p2, .......pn)
Où la forme de la fonction fij dépend des
goûts du consommateur et de ses dotations en facteurs de production.
La fonction de demande de marché du produit j est
ensuite obtenue par sommation des fonctions de demande individuelles fij des
différents consommateurs i. (On obtiendrait par une procédure
semblable l'offre de marché d'un service producteur).
L'analyse de telles fonctions est un problème complexe
que Walras est loin d'avoir résolu et que Marshall tente de simplifier
en faisant de la demande une fonction du seul prix du produit
considéré.
Partant de la condition d'équilibre du
consommateur :
ë
=Um1/p1=Um2/p2=.......=Umn/pn
Il suppose que la valeur (ë) de tous ces rapports reste
constante lorsque le prix d'un bien varie légèrement. Cela
implique que l'utilité marginale de ce bien varie dans le même
sens : si p1 augmente, il faut que Um1 augmente
aussi ; mais comme um1est censé varier en sens inverse de la
quantité consommée Q, il faut que Q1 diminue.
Rejoignant Cournot, Marshall en conclut que la demande d'un
bien varie généralement en sens inverse de son prix, ou encore
que le « prix de demande »,c'est à dire le
prix unitaire maximum que le consommateur est prêt à payer est une
fonction décroissante de la quantité consommée.
Ce raisonnement repose sur l'invariance du coefficient
ë(désigné par Marshall comme l'utilité marginale de
la monnaie). Il n'est tout de même pas rigoureux de traiter ce
coefficient comme une constante lorsque le prix d'un bien change, car ce
changement affecte la contrainte budgétaire : la baisse d'un prix
toutes choses égale par ailleurs, accroît le revenu réel ou
pouvoir d'achat du consommateur. Conscient de ce problème Marshall
affirme que pour un bien tenant une faible place dans la consommation totale,
l'effet d'un changement de prix sur « l'utilité marginale de
la monnaie » est négligeable.
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