Objectif Général
Cette recherche se propose en tant qu'objectif principal
d'identifier et de quantifier la nature de la relation entre la demande de gaz
butane des ménages ivoiriens et ses principaux déterminants.
Objectifs Spécifiques
De manière spécifique, il s'agira dans un
premier temps pour nous :
-D'identifier les déterminants de la demande de gaz
butane des ménages en Cote
D'Ivoire.
-De quantifier à travers le calcul des
différentes élasticités l'impact exercé par chacune
des variables sur la demande de gaz butane des ménages.
-Identifier la nature économique du bien gaz
butane : est-il un bien de luxe, un bien inférieur ou un bien
normal ?
Hypothèses de Recherche
Notre travail est soutenu par quatre
hypothèses :
-Face à des ressources en gaz butane limitées,
toute augmentation de la demande de gaz butane va entraîner une hausse de
son prix.
-Toute augmentation du prix des combustibles substituts va
entraîner une hausse de la demande de gaz butane.
-Toute augmentation du prix du gaz butane va entraîner
une réduction de la demande des combustibles complémentaires au
gaz butane.et une augmentation de la demande des combustibles substituts.
Revue de Littérature
La théorie économique a beaucoup
été sollicitée par les acteurs du secteur de
l'énergie, mais en retour, les débats énergétiques
ont permis aux théoriciens de l'économie d'alimenter certaines
réflexions. C'est que le secteur de l'énergie fait appel à
des ressources épuisables (les ¾ de l'énergie
consommée dans le monde appartiennent aux ressources dites
épuisables.) ; qu'il est très capitalistique et souvent
organisé autour de monopoles intégrés, privés ou
publiques, pour ce qui est de la distribution de certains fluides (gaz,
électricité).
C'est en outre une activité génératrice
de fortes externalités. Ces débats ne sont pas nouveaux : On se
souvient de la « question charbonnière »
soulevée par S.Jevons(1865) ou de la tarification des monopoles
énergétiques abordée par J.Dupuit(1844).
Il est donc intéressant de voir comment les relations
entre énergie et théorie économique ont
évolué au cours de ces dernières années et quels
sont les thèmes qui, aujourd'hui, sont au centre des
préoccupations des économistes de l'énergie.
Dans cette partie de notre travail, nous nous consacrerons
dans un premier temps à apprécier l'évolution de la
relation entre énergie et théorie économique. Puis dans un
second temps, aux différents travaux et études effectuées
dans le cadre de la demande énergétique des ménages en
général.
Au début des années 1950, le problème
principal auquel était confronté l'Etat en matière
énergétique, restait celui de la pénurie. Il fallait avant
tout, programmer des investissements en s'appuyant sur une planification de
long terme et l'instrument principal de cette planification était
l'existence d'un vaste secteur public en situation de monopole.
Dans les années 1980-1990,la préoccupation
majeure dans le secteur énergétique était devenue celle de
la compétitivité internationale et l'irruption des
mécanismes du marché dans une industrie jusque-là
vouée à la planification va alors modifier fondamentalement le
rôle de la régulation publique. Plusieurs questions vont tout au
long de la période, préoccupées les économistes.
Celles de la relation entre le capital et l'énergie ; l'organisation
optimale d'une industrie énergétique ; la question de la
formation des prix de l'énergie .
Une célèbre controverse théorique a
opposé à la fin des années70, Berndt et Wood(1975),d'un
coté, Gregory et Griffin(1976) de l'autre sur la relation
capital-énergie.
Pour les premiers, le capital et l'énergie sont avant
tout complémentaires(l'énergie est toujours consommée
à travers un équipement). Pour les autres, ils sont largement
substituts(on peut économiser de l'énergie en faisant des
investissements supplémentaires).
Cette controverse a été alimenté par de
multiples « vérifications empiriques », utilisant
pour la plupart des fonctions de production translog (cf. .Diewert
1974,Christensen et al 1975).
Une tentative de réconciliation a été
proposée par Berndt et Wood en 1979 : l'énergie et le
capital sont des substituts bruts au sens « technique » du
terme, mais demeurent des compléments nets au sens économique du
terme
Les controverses sur les relations qui existent au sein de la
fonction de production : KLEM se sont largement atténuées
avec la diminution du nombre de travaux prospectifs sur l'évolution de
la demande et de l'offre d'énergie.
Par contre, les débats sur l'organisation optimale du
secteur énergie et sur la formation des prix de l'énergie n'ont
en revanche rien perdu de leur intensité.
Dans les pays développés, la distribution et le
transport de certains produits énergétiques comme le gaz et
l'électricité, sont conférés à des
industries de réseau. Ce réseau a souvent le caractère
d'un monopole naturel, car sa duplication aurait un coût exorbitant et
l'existence de rendements d'échelle croissants justifient la
présence d'une seule entreprise. Ces réseaux sont souvent
concessionnaires de missions de service public et ce fait impose dès
lors la présence d'un régulateur. Il aurait pour rôle
d'accorder des droits exclusifs au concessionnaire, protéger l'usager
contre les abus de position dominante et de sauvegarder l'intérêt
collectif. Ce qui a conduit en France à la nationalisation de EDF et GDF
en 1946.Cependant,la théorie des coûts de transaction et celle des
marchés contestables ont fortement remis en question la
régulation.
Pour Coase (1937), la firme est un mode d'organisation de
l'activité économique qui permet d'économiser des
coûts de marché. Williamson (1975),(1988) a prolongé cette
thèse et, dans le cadre du courant néo-institutionnaliste il a
montré que selon la spécificité de l'actif, la firme a
intérêt soit à internaliser ou à externaliser ses
transactions. Ainsi il existe une taille optimale de la firme (coût
d'organisation interne égalise le coût du marché) et
l'existence d'une fonction de coût sous-additive seulement ne justifie
pas l'intégration verticale. Cette intégration verticale est
toutefois discutable, dès lors que la spécificité de
l'actif décroît selon Riordan et Williamson (1985) et
l'organisation de l'industrie doit s'orienter vers des structures plus
concurrentielles. Ce qui fut le cas de l'industrie gazière et de
l'électricité en Europe avec l'évolution technologique.
C'est sur cette thèse que s'appuie aujourd'hui
l'école libérale pour justifier l'ouverture à la
concurrence de certaines activités de réseau et par voie de
conséquence, la remise en cause du régulateur.
La théorie des marchés contestables vient
conforter la précédente dans la nécessité de
réintroduire plus de compétition dans les industries de
réseau. Cette théorie est apparue à la fin des
années 1970 et est due à trois auteurs : W.Baumol, J.Panzar
et R.Willig en 1982.
Selon cette théorie, la menace crédible
d'entrée sur un marché qui ne serait pas nécessairement
concurrentiel, doit suffire à discipliner les entreprises en place,
quand bien même elles fonctionneraient en situation d'oligopole, voire de
monopole. Le rôle de l'Etat ne serait donc que de veiller à ce
qu'il n'y ait pas d'obstacles juridiques à l'entrée et non le
maintient d'un régulateur.
Une autre question a alimenté les débats
économiques : la tarification optimale de l'énergie.
Le débat n'est pas nouveau et s'est posé dans
les années 1930 aux Etats-Unis, à une période où
les réserves de pétrole brut semblaient s'épuiser
rapidement.
Hotelling(1931), avait alors apporté une réponse
à la question de savoir, comment doit évoluer en longue
période, le prix de marché d'une ressource épuisable. Pour
lui, le prix de marché de la ressource extraite doit tenir compte non
seulement du coût marginal d'extraction, mais aussi du coût
d'option que constitue cette valeur en terre sacrifiée. Il en
déduit dès lors le sentier optimal d'évolution d'une
ressource épuisable, selon la structure du marché.
En situation de concurrence pure et parfaite, le prix net(des
coûts d'extraction) doit croître suivant le taux d'actualisation.
Par contre en situation de monopole, c'est la recette marginale des coûts
de transaction qui doit croître au rythme du taux d'actualisation. Le
prix d'équilibre diffère du prix de concurrence par la prise en
compte d'une rente de monopole qui est positive, dès lors que
l'élasticité prix de la demande est en valeur absolue
supérieur à 1.
Certains auteurs tel que
M.Aldenman(1980et1986),considèrent que l'approche en terme de ressources
épuisables n'est pas pertinente et qu'en conséquence le prix du
pétrole est tendanciellement aligné sur son coût marginal
en développement.
D'autres auteurs, en mettant l'accent sur l'innovation
technologique, montrent la pertinence de l'adoption d'une vision autre que
normative.
W.Nordhaus(1973), introduit le concept de
« backstrop technology »qui englobe le processus de
production capable de fournir à un coût élevé un
bien substitut parfait inépuisable (énergie solaire,
nucléaire).
La demande d'énergie a fait l'objet de plusieurs
études économiques. Elle revêt un caractère
important dès lors que l'on se rend compte que les principales sources
d'énergie potentielles sont tarissables, et de la
nécessité d'appréhender de façon minutieuse la
demande.
La première difficulté a été la
détermination d'une unité de mesure de la consommation
d'énergie, les sources et l'utilisation étant différentes.
Deux unités de mesure sont jusque là utilisées : le
TEP et le BTU.
Le TEP se défini comme le « tonne
d'équivalent pétrole ». C'est une unité de
mesure qui permet la conversion de toute forme d'énergie en tonne de
pétrole.
Le BTU qui est le « British Terminal
Unit » est la quantité de chaleur nécessaire pour
augmenter la température d'une livre d'eau (0.545Kg) d'un degré
fahrenheit.
Ces deux unités de mesure permettent la conversion de
toutes formes d'énergie et facilitent dès lors, l'estimation de
l'énergie consommée.
Tous les économistes s'accordent à penser que la
meilleure mesure de l'évolution de l'efficacité
énergétique d'une économie, est le ratio
d'intensité énergétique défini par le rapport
de la consommation d'énergie primaire sur le PIB
mesuré à prix constants.
Les premières estimations effectives des fonctions de
demande d'énergie des ménages, remontent aux années 1970.
Les articles fondateurs de cette littérature, sont ceux de Houthaker et
Taylor(1970) et de Houthaker et Kennedy(1979). Les données
utilisées sont en général, des séries
chronologiques et les méthodes économétriques consistent
le plus souvent, à l'utilisation des moindres carrés ordinaires
(MCO). D'autres études telles que celles de Kasanen et
al(1989), et de Vaage(2000) utilise des données en coupe transversales
et une approche à choix discret pour analyser la demande
résidentielle d'énergie et l'énergie de chauffage.
Il est admis en France, d'après les travaux de Vallet
(1974), se basant sur le modèle de Houthaker et Taylor, que
l'élasticité revenu de long terme est positive et
supérieur à 1, mais que l'élasticité prix de la
demande n'est pas significativement différente de 0.
Azzam et Hawdon (2000), étudient la demande
d'énergie en Jordanie, en se basant sur l'analyse des dynamiques
moindres carrés ordinaires (DOLS), selon l'approche de
Stock-Watson. Ils montrent que l'élasticité
Revenu de la demande totale d'énergie est très proche de
l'unité, impliquant que la croissance économique est probablement
accompagnée par une croissance proportionnelle de la demande
d'énergie. Leur approche est très originale car elle évite
des problèmes que soulève un modèle à correction
d'erreur simple.
Un consensus semble se dégager entre les
économistes, en ce qui concerne les variables qui doivent entrer comme
explicatives de la demande d'énergie des ménages :
Le prix réel, Pernille H et F.Joutz(2000) ou le prix
relatif, Vallet(1974) ; le revenu et plus souvent les valeurs
retardées de la variable explicative, pour prendre en compte les effets
de long terme.
Il faut remarquer que ces études, n'ont concerné
que les pays développés et que les réalités
socio-économiques diffèrent sensiblement de ceux de l'Afrique
subsaharienne ou 80% des ménages utilisent le bois comme combustible
essentiel. Très peu d'études ont été
réalisées dans le domaine spécifique du gaz. La plupart
des travaux existant sur la demande de gaz restent très loin du cadre
d'estimation économique, mais pose plutôt le problème du
choix d'énergie de cuisson du ménage.
Boukary Ouedraogo(2004) utilise un modèle logit
multinomial pour analyser le choix d'énergie de cuisson du
ménage, en milieu urbain au Burkina Faso. Il démontre que la
probabilité pour un ménage d'adopter le bois comme principal
énergie de cuisson, est de 92,20% contre moins de 6,20% pour le gaz
butane.
D'autres auteurs, tels que Hozier(1988) et Campbell et
al(2003) étudie la transition de l'utilisation du bois à
l'électricité en s'appuyant sur une approche descriptive.
La demande de gaz butane des ménages en Afrique
Subsaharienne, n'a donc pas fait l'objet de beaucoup d'études.
Cependant l'analyse de ses déterminants demeure
nécessaire pour la mise en place d'une politique
énergétique efficace en Cote D'Ivoire.
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