CONCLUSION GENERALE
Au cours de cet exercice heuristique, nous avons
été motivé par la réponse à la question
principale : Comment accroître la fréquentation touristique
dans une région qui en présente les atouts et partant, relever le
niveau de performances du tourisme dans le Fako ? En le faisant, nous
poursuivions l'objectif général de contribuer à
l'accroissement de la fréquentativité de cette région du
Mont Cameroun en établissant ce qu'elles présentent
réellement du point de vue touristique comme avantages et faiblesses,
objectif qui se trouve être reparti en objectifs spécifiques qui
sont :
· De caractériser les milieux dans lesquels
s'inscrivent l'activité touristique.
· De dresser un état des lieux de
développement du tourisme aux niveaux fréquentatif,
infrastructurel...
· D'identifier les potentialités touristiques.
· De déterminer les facteurs limitants à
l'essor du tourisme.
Nous avons également formulé l'hypothèse
générale qui est : le tourisme battrait de l'aile dans le
Fako ainsi que les hypothèses spécifiques qui suivent :
i. Les éléments de la nature sont les plus
convoités par les visiteurs du Fako.
ii. Les attractions architecturales et culturelles sont mal
connues et partant peu visitées.
iii. La promotion du tourisme et l'information des touristes
feraient cruellement défaut dans cette région.
iv. L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Ceci a été fait à l'effet de donner une
explication provisoire aux problèmes que nous posions.
Au fil des quatre chapitres, nous procédions
étape par étape par la réponse à une ou plusieurs
question(s) spécifique(s) de recherche. C'est ainsi qu'au chapitre I,
nous avons présenté le milieu étudié. Il s'est agi
du milieu physique et du milieu humain suivi d'un développement sur la
nécessité du tourisme. Pour le milieu physique, le relief, le
climat, la végétation et les sols ont été
succinctement passés en revue. Quant au milieu humain, le cheminement
historique de la région a contribué à la doter de cultures
originales et de peuples authentiques de la côte n'ayant pas connu de
grands brassages. Quoiqu'il en soit, il est apparu que ce cadre est
propice à la floraison de l'activité touristique.
Au chapitre II, la préoccupation consistait à
faire le point sur la pratique du tourisme dans le département du Fako.
Pour ce faire, l'objectif de dresser un état des lieux de
développement du tourisme aux niveaux fréquentatif,
infrastructurel...a été fixé. Ainsi en partant de la
présentation des attraits touristiques exceptionnels de type naturel,
anthropologique et architectural, nous sommes arrivés à une
évaluation de la fréquentation qui hélas, présente
une augmentation de l'ordre de 33,5%. Le parcours de cet état des lieux
est également passé par les infrastructures de base utiles
à cette activité ainsi que par les acteurs intervenant dans la
chaîne du tourisme. Il en a résulté que le tourisme va mal
quoique disposant par ailleurs des potentialités nécessaires
à son essor.
Le chapitre III tentait de répondre à la
question de recherche suivante : quels sont les atouts majeurs que
présentent ces villes dans le secteur du tourisme ? L'objectif
était d'identifier les potentialités touristiques dont ces villes
disposent afin de pouvoir vérifier les hypothèses :
· Les éléments de la nature seraient les
plus convoités par les visiteurs du Fako.
· Les attractions architecturales et culturelles
seraient mal connues et partant peu visitées.
Concernant la première hypothèse, il est apparu
que de façon effective, c'est la présence des ressources du
milieu physique (flore, faune...) qui servent de prétexte principal aux
visiteurs qui se rendent dans le Fako. En effet, les données recueillies
auprès du coordonnateur du MCEO et des touristes rencontrés dans
la région du Mont Cameroun s'inscrivent dans cette perspective.
Ainsi du MCEO, ONG s'occupant des randonnées de
touristes de diverses nationalités sur le Mont Cameroun, nous avons
exploité les archives statistiques et les données de
l'évaluation de l'année 2002 basée sur les 72 fiches
retournées dans ses services. Nous sommes particulièrement
intéressés aux aspects de la fiche qui étaient les plus
susceptibles de nous fournir de la matière pour répondre à
notre question de recherche. Il s'est agi des archives statistiques et des
goûts des visiteurs.
Les archives statistiques
L'augmentation progressive et considérable de la
fréquentation touristique du Mont Cameroun, zone d'action de cet
organisme, est passée du simple (322 touristes) au double (685
touristes), soit une augmentation de l'ordre de 112,7 %. C'est le signe de
l'intérêt que ceux-ci portent aux prestations d'origine naturelle
que leur offre l'organisation.
Les goûts des visiteurs
- Les centres d'intérêt des visiteurs se
rapportent à la nature (100%).
Les visites que ces touristes ont effectué ailleurs au
Cameroun concernent 68,6% des sites touristiques à vocation
principalement naturelle.
- 95,8% seraient prêts à renouveler
l'expérience. Mais plus exactement 37 touristes, soit 51,4% sont
désireux de revenir dans les mêmes conditions contre 29, soit
40,3% qui ne le feraient que si certaines conditions sont remplies par
eux-mêmes.
- Ces touristes recommandent sans aucune réserve le
voyage du Mont Cameroun aux autres visiteurs, soit 100% de l'effectif
considéré.
Auprès des touristes eux-mêmes, c'est quasiment
le même résultat qui a été obtenu. Ce
résultat porte sur la récurrence des visites, leurs motivations,
les préférences et les impressions laissées par les
visites dans la région.
- La récurrence des visites régionales dont le
taux se situe autour de 50% montre également que le Mont Cameroun exerce
de la fascination sur de nombreux visiteurs qui n'hésitent pas à
s'y rendre.
- 50,25% des motivations ont un rapport étroit avec la
nature. Il s'agit des activités telles que la relaxation à la
plage, le repos physique et l'aventure. La dernière c'est-à-dire
l'aventure ne pouvant se déployer que si les éléments les
soutiennent : La plage pour la relaxation, le climat pour le repos et
l'espace pour l'aventure.
- Le taux régional de préférences pour
les attraits naturels égal à 76,6%.
100% des sujets interrogés disent respecter
l'environnement et les ressources touristiques, et 76,7% sont prêts
à se soumettre aux activités d'entretien sur ces sites. 84,2% de
personnes font ou sont prêtes à faire quelque chose de concret
pour soigner la nature.
Les impressions des visiteurs interrogés sont
globalement bonnes (82,5%) et ce qui en donne davantage la preuve c'est que
98,3% sont prêts à revenir partager les délices de la
nature du Mont Cameroun.
Pour ce qui est des ressources d'autres origines
(deuxième hypothèse) , elles ne servent que de produit d'appoint.
Leur état de développement tend à le confirmer par
ailleurs.
La question à laquelle le chapitre IV a essayé
de répondre était de savoir :
· La destination Fako est-elle connue de ses visiteurs
et promue pour en attirer de nouveaux ?
· La qualité de l'offre (propreté,
aménagement des sites, infrastructures...) peut-elle constituer un frein
à l'épanouissement de ce secteur d'activité dans la
région ?
Ce chapitre poursuivait le but de déterminer les
facteurs limitants qui gênent l'essor du tourisme en vérifiant
les hypothèses suivantes :
· La promotion du tourisme et l'information des
touristes feraient cruellement défaut dans cette région.
· L'aménagement des sites, des infrastructures
d'accueil et des voies de communication serait embryonnaire.
Pour les vérifier, nous avons utilisé les
données secondaires obtenues auprès du MCEO qui expédie
les touristes dans la montagne et veille à leur satisfaction. De
même nous avons recouru aux données primaires résultant de
l'enquête effectuée auprès des touristes et des interviews
réalisées auprès de l'industrie touristique et les
autorités en charge du tourisme.
Des résultats de l'évaluation de la saison
touristique 2001-2002 de cette ONG, nous avons pu apprendre que :
- les sources d'information des touristes envoyés par
le MCEO sur la montagne sont variables. Il s'agit des guides de voyage, des
agences de voyage, des brochures et des dépliants dont les pourcentages
regroupés sont de 23,5% alors que les transactions, les amis, les
connaissances et les collègues, le séjour de certains touristes
à Buéa représentent jusqu'à 76,5% des avis
exprimés. L'essentiel des visiteurs est informé par le truchement
des contacts interpersonnels.
- La qualité du séjour des touristes est ternie
par la saleté des toilettes, de la montagne, le mauvais entretien des
pistes du mont, l'insuffisance des refuges de montagne, l'état
défectueux et la rudesse des conditions de vie dans les huttes et les
sites de campement.
- Ces séjours ont un coût qui de l'avis + de 72%
des visiteurs est abordable. Il faut noter que ces visiteurs sont
essentiellement des expatriés et disposent de gros moyens. Son
caractère acceptable des prix pourrait en réalité ne pas
l'être pour de petites bourses.
L'enquête socio-économique nous a permis
de nous rendre compte - de l'avis des touristes - que :
-
l'accès aux sources d'information n'est pas toujours garanti. En effet
43,6% des visiteurs trouvent l'information sur cette destination ailleurs que
sur le net et les autres canaux d'information et de promotion du tourisme.
65,6% des touristes reçoivent l'information à travers le
bouche-à-oreille et ceci joue en la défaveur de la destination.
- la
qualité de séjour touristique se trouve être ternie par
l'état d'aménagement général dont le taux
régional ressorti des enquêtes est approximativement égal
à 40,4%, les infrastructures qui font défaut selon 59,7% des
visiteurs et enfin l'hygiène et la salubrité qu'incriminent 23,2%
des touristes sont tout aussi défaillantes. Beaucoup de touristes
occidentaux pour la plupart ont été victimes de ce qu'ils
appellent `'tourista''.
- le
coût de la destination quoique apparemment abordable est en
réalité prohibitif. C'est du moins ce que pensent 42,5% des
visiteurs de la région du Mont Cameroun.
Toutes ces informations constituent des obstacles à
l'essor de cette activité dans la région du Mont Cameroun.
Des entretiens que nous ont accordés les
professionnels du tourisme, il ressort que :
· le faible niveau d'aménagement des sites
touristiques,
· l'accès aux hôtels, le parking exigu voire
inexistant,
· le standing souvent bas de ces établissements
hôteliers,
· les prestations approximatives de leurs
employés,
· la faible fréquentation hôtelière,
la maintenance constituent des freins au développement du tourisme
Ceci est confirmé par les autorités du tourisme
pour qui le tourisme est menacé par tous ces problèmes. Ceci
est dû à la transversalité du secteur qui fait intervenir
de nombreuses administrations toujours difficiles à manoeuvrer.
En fin de compte, nous pouvons affirmer que le tourisme dans
la région du Mont Cameroun dispose d'abondantes ressources largement
tributaires de la nature et sous-exploitées pour son
développement et celui des peuples. Mais ce développement reste
encore sous la coupole des obstacles liés à la promotion du
tourisme et l'information des touristes, à la qualité du
séjour de ceux-ci et au coût pas toujours accessible à
plusieurs d'entre eux. Ces difficultés sont du reste jugulables.
Nous partageons donc le concept de développement du
tourisme selon lequel le tourisme contribue au bien-être des peuples sans
pour autant compromettre les chances de d'épanouissement des futures
générations d'en disposer pour elles-mêmes.
Pour répondre à notre question de départ
à savoir, comment accroître la
fréquentativité touristique dans une région qui en
présente les atouts et partant, relever le niveau de performances du
tourisme dans le Fako ?, nous dirons que le recours doit
être fait à la réflexion et l'action.
La réflexion portera sur l'exacte quantification des
flux touristiques, le plan marketing de la région, la formation
professionnelle des travailleurs du secteur du tourisme et le plan
d'aménagement de la côte comprise entre Mabéta et
Idénau.
L'action quant à elle consistera en la facilitation de
la formation par l'octroi des bourses de formation étant donné
que très peu de Camerounais ont une solide formation en tourisme. Ceci
rend le pays totalement extraverti et dans le même temps, les travaux de
recherche des nationaux sont rarement sinon pas du tout consacrés
à la résolution des problèmes de ce secteur
d'activité.
Selon les conclusions d'une étude de l'OMT
(''Tourism 2020 vision : Africa'' in
www.worldtourism.org), les
« mégatendances » du tourisme du XXIè
siècle montrent que les touristes vont devenir des consommateurs
« aux commandes » grâce à l'usage des divers
supports technologiques dont les NTIC, aimer les produits
thématiques...et leurs goûts vont être polarisés sur
le confort d'une part et l'aventure d'autre part. C'est pourquoi, il est
dès à présent nécessaire de procéder
à la création d'un site Internet qui à défaut de
promouvoir la région touristique du Mont Cameroun, regroupera sur le
même site l'ensemble des produits écotouristiques dépendant
de la végétation, de la faune et des paysages naturels du pays
ainsi que les hôtels et les autres atouts touristiques.
De façon plus concrète, l'action pourrait se
nourrir de cette liste de recommandations.
RECOMMANDATIONS
· Diversifier l'utilisation des produits de la nature
notamment en développant les activités telles les
croisières en mer, les expéditions photo sur la montagne...
· Etendre la saison touristique sur toute
l'année en veillant à adapter l'offre touristique aux
périodes sèche et pluvieuse.
· Préparer un véritable package
cohérent pour la région du Mont Cameroun qui peut être
intégré comme un circuit dans la destination Cameroun en
précisant les espaces d'hébergement, de loisirs, des sites
visitables...
· Profiter au maximum de la proximité de
l'aéroport international de Douala et même de Yaoundé pour
mener des actions promotionnelles agressives et porteuses.
· Mener des études sur l'aménagement
intégré des 90 km de côte de Limbé de
manière à servir sur le marché une plage
particulièrement concurrentielle.
· Revoir l'instrument de collecte des statistiques
hôtelières qui excluent de nombreux touristes et ne prend
d'ailleurs en compte que ceux que les hôteliers donnent à la
DPTSW.
· Faire participer les populations locales au
développement de l'activité touristique.
· Créer des stands d'informations des visiteurs
au sein des collectivités locales décentralisées où
l'on pourra mettre à disposition une carte de la région et la
localisation des produits touristiques. Un cadre adéquat pour le faire
serait la gare routière, le point de chute de toutes les entrées
dans la ville.
· Construire des routes viables.
· Offrir la possibilité des voyages par voie
d'eau tout au moins d'un point de la côte à un autre ( Idenau
à Mabeta en passant par Debunsha, Batoké, Bimbia...).
· La concurrence s'occupera de mettre les hôtels
et autres services aux standards internationaux.
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