CHAPITRE III : LES FACTEURS
D'ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE DU MONT CAMEROUN
Nous avons dressé un état des lieux de
l'activité touristique dans la région du Mont Cameroun en passant
en revue les attraits du tourisme de diverse nature, les infrastructures de
toute sorte, les acteurs du tourisme et les scores de fréquentation
enregistrés entre 1997 et 2001 par le tourisme dans le Fako. Il en est
ressorti par exemple que l'offre est diversifiée du moins du point de
vue des attractions touristiques avec une exubérance à peine
voilée des attractions spécifiquement naturelles. Au milieu de
cette offre, on peut se demander ce qui exerce de la fascination sur le
visiteur des villes de Buéa et Limbé. En d'autres termes, quels
sont les atouts majeurs que présentent ces villes dans le secteur du
tourisme ?
Notre réflexion se poursuit à présent
avec la recherche des facteurs d'attractivité de ce morçeau du
Fako. Il est question de trouver le type d'offre touristique qui pousse les
gens à visiter cette partie du Cameroun.
Pour ce faire, nous avons émis des hypothèses
qui suivent :
· Les éléments de la nature seraient les
plus convoités par les visiteurs du Fako.
· Les attractions architecturales et culturelles
seraient mal connues et partant peu visitées.
Pour les vérifier, nous procéderons de la
manière suivante :
· Collecte des données secondaires auprès
d'une ONG qui promeut les activités touristiques sur la montagne.
· Enquête socio-économique auprès
des touristes dans la région du Mont Cameroun.
3.1. LA NATURE : FACTEUR PRINCIPAL D'ATTRACTIVITÉ
DES VISITEURS DU FAKO
3.1.1. Le Mount
Cameroon Ecotourism Organization (MCEO)
Pendant notre séjour sur le terrain, nous avons fait la
découverte d'une ONG faisant dans l'écotourisme sur le Mont
Cameroun et précisément dans la ville de Buéa : le
MCEO. Elle s'est rattachée au Mount Cameroon Project (MCP) dont l'aire
d'action est plus grande et les activités diversifiées.
L'action de cette organisation repose essentiellement sur la
promotion de l'écotourisme qui est selon Ecotourism Society
« le voyage effectué dans les milieux naturels pour comprendre
l'histoire culturelle et naturelle de l'environnement en prenant soin de ne pas
entamer l'intégrité de l'écosystème tout en
produisant des opportunités économiques qui rendent la
conservation des ressources naturelles financièrement
bénéfiques aux populations locales ». Ses
activités se font sur le Mont Cameroun et consistent en l'utilisation
mesurée des ressources de l'environnement à des fins touristiques
en vue de contribuer de façon décisive au développement
des peuples dont les territoires épousent partiellement ou totalement
les contours de la zone d'intervention du MCEO. Ainsi, la contribution de cet
organisme au développement de ces villages est soustraite du Stake
Holder's Fund (SHF) ou Fonds du dépositaire des enjeux de 3 000 FCFA
/touriste qui est reparti de la manière suivante : MCEO : 60%,
Village Development Fund : 32%, Commune : 5%, Gouvernement : 3%
d'une part et d'autre part du versement d'une rémunération aux
écoguides et porteurs qui leur sont envoyés par les chefs de
villages de la montagne.
Cliché : D. NGUEPJOUO.
Buéa,
Août 2003.
Photo 3.1. : Le siège du MCEO à
Buéa à plus 1200 m d'altitude.
Plus concrètement, le MCEO a pour objectifs de
préserver la biodiversité du Mont Cameroun et d'améliorer
le quotidien des populations locales à partir des rentrées
financières provenant du touriste. Lorsque celui-ci arrive le matin
avant 7h, la journée de randonnées commence aussitôt
après quelques formalités d'usage qui donnent droit au tour et
qui sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 3.1. : Prix pratiqués par le MCEO
Ecoguide
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6 000 FCFA/Jour
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· Liste - guide des objets à emporter à la
montagne.
· Fiches de renseignement, d'évaluation et des
règles de sécurité.
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Porteur
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4 000 FCFA/Jour
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Contribution au Stakeholder Fund (SHF)
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3 000 FCFA/Jour
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Soirée culturelle
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10 000 FCFA/1-5 personnes
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1 Repas dans le village
|
1 500 FCFA
|
Source : MCEO, Juillet 2003.
C'est dans cette organisation opérationnelle depuis
1999 que nous avons pu collecter les données de fréquentation de
Juin 1999 à Juin 2003 ainsi que les goûts des touristes.
3.1.1.1. Les données de
fréquentation
Le MCEO a enregistré depuis 1999 un total de 1 550
écotouristes en route pour le Mont Cameroun.
Tableau 3.2. : Visiteurs envoyés par le
MCEO à la montagne
Saison touristique
|
1999-2000
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2000-2001
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2001-2002
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2002-2003
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Total
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Nombre de visiteurs
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205
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338
|
322
|
685
|
1 550
|
Source : MCEO, Juillet 2003.
Au cours de la 1ère saison d'activité
touristique (1999-2000), 205 visiteurs ont inauguré les
randonnées sur la montagne pour une rentrée financière de
3 628 000 Fcfa. L'année suivante, l'activité a connu une
augmentation de 39,4%, soit 133 nouveaux touristes sur un total de 338 et pour
une somme de 5 573 500 Fcfa. Pendant la 3ème saison, un
léger fléchissement de la fréquentation a
été enregistré. Ceci s'explique par le nuage qui a
enveloppé et caractérisé les rapports de cette ONG avec la
tutelle au cours de cette période. On est passé de 338 à
322 visiteurs, soit 4,7% de baisse. Mais après le retour à la
normale de ses rapports, une augmentation significative a été
observée pendant la toute dernière saison. 53%, soit 363 en plus
des 322 de la saison précédente pour une somme de 11 820 175
Fcfa.
La tendance générale à l'augmentation est
tout à fait évidente. En effet en 4 ans, on y a enregistré
une augmentation de l'ordre de 234.1% passant de 205 à 685 touristes.
Cette croissance est de 112.7% entre 2002 et 2003. Cela exprime en filigrane un
accroissement consécutif de l'intérêt des visiteurs pour ce
type de produits tant il est vrai que le MCEO propose les produits d'origine
naturelle.
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