2.4. LA FRÉQUENTATION
TOURISTIQUE
C'est l'ensemble des séjours des touristes dans les
hôtels conventionnels, donc classés des villes de Buéa et
de Limbé depuis l'introduction sérieuse de la statistique en
1996. La série va de 1997 à 2001.
Buéa
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Nombre Hôtels
|
2
|
2
|
2
|
6
|
5
|
ENR
|
448
|
609
|
506
|
632
|
660
|
ER
|
146
|
190
|
146
|
433
|
283
|
CAM
|
1796
|
1941
|
1418
|
6970
|
4313
|
TG1
|
2390
|
2740
|
2070
|
8035
|
5256
|
Moyenne Buéa
|
797
|
913
|
690
|
2678
|
1752
|
|
|
|
|
|
|
Limbé
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Nombre Hôtels
|
6
|
8
|
7
|
12
|
12
|
ENR
|
429
|
2640
|
2088
|
2407
|
3844
|
ER
|
1342
|
916
|
1080
|
1749
|
2300
|
CAM
|
3717
|
5608
|
5576
|
13008
|
10941
|
TG2
|
5488
|
9164
|
8744
|
17164
|
17085
|
Moyenne Limbé
|
1829
|
3055
|
2915
|
5721
|
5695
|
Tableau 2.4. : Répartition des
fréquentations touristiques de 1997 à 2001.
Source : Statistiques de la DPTSW
A l'observation des chiffres, la part belle revient non pas
aux touristes étrangers comme le souhaitent les responsables du MINTOUR,
mais aux visiteurs nationaux aussi bien à Buéa qu'à
Limbé.
On observe au cours des cinq dernières années
(1997 - 2001), une évolution de la fréquentation en dents de scie
même si celle-ci garde néanmoins une tendance à la hausse.
Le cumul des arrivées hôtelières annuelles (TG)
présente une moins grande consistance à Buéa qu'à
Limbé. Cela est davantage visible lorsque l'on considère les
totaux globaux sur les 5 ans dans les deux villes.
Dans la région en général, on
connaît l'effectif le plus faible en 1999, tandis que le plus important
se retrouve en un an plus tard (2000). La curiosité que
l'éruption du Mont Cameroun représentait pour les touristes
pourrait être considérée telle un facteur d'attrait
majeur. Dans l'ensemble également, c'est à cette
période que la politique du MINTOUR insiste sur la
nécessité de disposer d'un appareil statistique plus ou moins
fiable. Ceci se traduit sur le terrain par des actions particulièrement
énergiques à l'encontre des hôteliers indélicats qui
ne transmettraient pas à la DPTSW les fiches statistiques de leurs
arrivées hôtelières pour les y contraindre. A ce moment, la
plongée de 2001 serait la traduction de la conjonction d'un relatif
relâchement dans ladite opération et de l'actualité moins
récente de l'éruption du Mont Fako.
A Buéa, cette période se calque sur le profil
d'ensemble au courant de la même période. Ainsi, on a le total
global (TG) plancher en 1999 et le total global plafond en 2000.
Quelle que soit l'année cependant, la
répartition des effectifs de visiteurs consacre une part importante aux
Camerounais (CAM) soit une moyenne de 80% sur les 5ans, pendant que les
étrangers non résidents (ENR) constituent un effectif des
visiteurs de cette ville montagnarde avec une moyenne de 14%. La classe la plus
faible est celle des étrangers résidents (ER) dont la moyenne est
seulement de 6%.
Limbé enregistre un cumul de fréquentation
appréciable avec un pic en 2000 avant de connaître un léger
fléchissement en 2001. C'est le visage d'ensemble dans la région
du Mont Cameroun.
A l'intérieur de cet ensemble, la situation est
semblable qu'à Buéa les cartes sont pareillement
distribuées. Ainsi, les Camerounais visitant Limbé viennent en
tête en terme de proportion avec 67% des effectifs, suivis des
étrangers provenant de l'extérieur (20%) et enfin des
étrangers vivant au Cameroun (13%).
Aussi bien à Buéa qu'à Limbé, la
configuration de la population des touristes est la même : Plus de
65% des visiteurs sont de nationalité camerounaise, et 20%
expatriés dont 14% vivant de l'étranger et 6% résidant au
Cameroun pour des raisons diverses. La tendance d'une année à
l'autre entre 1997 et 2001 est quasiment plate. Après un départ
prometteur qui se confirme d'ailleurs l'année suivante, la courbe de
fréquentation plonge ensuite avant de se propulser à son maximum
en 2000 et connaître une nouvelle perte de vitesse en 2001.
Cette apparente croissance de la fréquentation
pourrait n'être que poudre au yeux et par conséquent la
fréquentation pourrait avoir baissé durant cette période
(1997-2001). Cela pourrait se percevoir en procédant au calcul des
ratios Nombre de touristes/nombre d'hôtels.
Tableau 2.5. : Répartition des ratios.
Source : Statistiques de la DPTSW.
Cependant, si on considère ces données en les
mettant en parallèle avec le nombre d'hôtels dans chacune de ces
villes, quelques nuances intéressantes apparaissent. On peut se rendre
compte par exemple que les ratios ne sont pas toujours à l'avantage de
la ville de Limbé. Dans certains cas, Buéa passe avant
Limbé, pourtant les statistiques brutes présentent toujours
Limbé comme étant très visitée. C'est le cas durant
les 2 premières années où Buéa
bénéficie de sa proximité de la DPTSW pour être pris
en compte dans les statistiques. Ceci devrait traduire en fait une autre
réalité, savoir que les données statistiques ne sont pas
toujours le reflet de la réalité et lorsque c'est le cas, le taux
de remplissage des hôtels est le plus élevé dans la ville
où la moyenne annuelle est la plus forte.
On s'aperçoit que les hôtels augmentent aussi
bien que les touristes. Les ratios du nombre de touristes et du nombre
d'hôtels montrent une augmentation de l'ordre de 33,5% du nombre de
visiteurs quoique ceci se présente comme un paradoxe dans la mesure
où le taux de fréquentation des hôtels se situe seulement
autour de 15%.
La réorganisation du MINTOUR accorde une place de choix
à la statistique touristique (Tietcheu, 2000). C'est pourquoi la DPTSW
commence timidement l'opération en 1996 et elle s'intensifie
progressivement. Des 17 hôtels en 2001, 12 au moins sont
déjà fonctionnels bien avant 1996, quoique n'étant pas
pris en compte pour diverses raisons. Ils vont ainsi être
intégrés à mesure que la décision se fera
rigoureuse en donnant l'illusion d'une augmentation progressive des
arrivées hôtelières alors que dans le même temps, les
hôteliers se plaignent du faible taux de remplissage de leurs
établissements situés autour de 15%.
Quoiqu'il en soit, le problème de la statistique se
pose encore aujourd'hui. Les deux principaux visages en sont les lacunes et le
caractère toujours partiel de ces chiffres.
Ils sont lacunaires en ce sens que les fiches statistiques de
la DPTSW présentent de nombreux trous d'un mois à un autre et
parfois d'une année à l'autre.
En outre, ces statistiques sont également parcellaires
parce que l'hôtel reste le seul instrument de mesure des arrivées
touristiques. Seuls leurs statistiques sont rassemblées et qui plus est,
celles-ci sont envoyées à la DPTSW avec toutes les coupures -
aisément imaginables - que les hôteliers peuvent y opérer
pour éviter les affres des contrôleurs du fisc. Les
frontières très poreuses du Fako laissent passer des personnes
qui ont souvent le statut de touristes. De plus, avec l'entrée de plus
en plus marquée du secteur privé dans la gestion et la promotion
des attractions touristiques à des fins commerciales - comme c'est le
cas du MCEO et dans une certaine mesure du Limbé Botanic Garden -, de
nombreux touristes ne sont pas pris en compte dans les statistiques
officielles.
De ces constats, il résulte que les chiffres
utilisés sont les minima et pourraient même trahir la
réalité dans certains cas. Il importe donc que les efforts soient
concentrés sur cette question de la statistique touristique dans la
région du Mont Cameroun en particulier et dans le pays en
général.
En fin de compte, nous pouvons retenir que :
· la région présente des atouts naturels,
anthropologiques et architecturaux : La nature pétille
d'éléments floristiques, fauniques et paysagistiques qui peuvent
être valorisés. L'histoire de la région bien avant
l'occupation humaine jusqu'à la colonisation est d'une richesse
insoupçonnée. Les vestiges de l'occupation allemande et anglaise
ne sont pas attrayants surtout dans un contexte marqué par le retour aux
sources, la quête de ses origines et la constitution des histoires
familiales dont un des membres a peut-être trouvé la mort et a
été enseveli au Cameroun.
· les infrastructures nombreuses peuvent servir à
renforcer d'une part, la gestion par les autorités et les autres
intervenants dans le secteur et d'autre part, contribuer au bien du touriste et
des populations locales. Bien que la fréquentation soit encore faible
voire en baisse, les sites touristiques du Fako drainent des visiteurs qui en
consomment les produits. Toutefois, il est nécessaire d'évaluer
ce potentiel et éventuellement relever quelques-unes des contraintes qui
s'exercent sur ce tourisme à partir du point de vue des touristes
eux-mêmes.
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