1.2. UN MILIEU HUMAIN DONT L'HISTOIRE EST
INTÉRESSANTE
1.2.1. Un aperçu historique de la
région du Mont Cameroun jusqu'au XVIIè siècle
Dans la lointaine Antiquité, entre le VIè et le
Vè siècle avant Jésus-Christ, la région du Mont
Cameroun aurait été visitée par des navires carthaginois.
En effet selon le `périple d'Hannon' du nom du chef de
l'expédition qui le baptisa le « char des dieux »,
les marins auraient assisté à une éruption du Mont
Cameroun, fascinés qu'ils étaient, ils en ont fait le
récit. Cette fascination n'est nullement entamée de nos jours
malgré le temps qui les sépare de nous.
L'histoire observe ensuite un long moment de silence et par
conséquent, ces régions vivent ignorées du reste du monde.
Mais à partir du XVIè siècle, les marchands
européens (Portugais et Français) commencent à
fréquenter les côtes du Golfe de Guinée. Les Portugais sont
les premiers à s'établir sur la côte camerounaise.
D'ailleurs le nom Cameroun provient de leur langue, car en effet le Wouri a
été baptisé par ses premiers découvreurs le `Rio
dos Camaroes' c'est-à-dire `la Rivière des crevettes'. Ayant subi
de nombreuses modifications, Camaroes est devenu Cameroun. Mais,
l'intérêt de ces peuples pour le Cameroun sera négligeable
tout comme celui des autres nations occidentales de l'époque.
1.2.2. Le peuplement de la
région
Avant que celles-ci ne se ravisent, les populations arrivent
et s'installent sur les pentes du Mont Cameroun. En effet, les bakweri
appartenant à la première vague de peuplement du Cameroun, celle
des bantous qui remonte au XVIIIè siècle, seraient originaires de
la boucle du congo. Venus par la côte Atlantique, elles se seraient
installées sur le continent, occupant au départ le Cap Bimbia
avant de migrer par la suite pour diverses raisons vers l'hinterland. Depuis
ces temps ancestraux, ces populations ont vécu de la pêche puis
l'ont combiné à l'agriculture. Ce sont des populations qui vivent
- selon Fernand MAURETTE cité par LEMBEZAT- « une des formes
des plus ingénieuses de l'adaptation aux conditions
naturelles ». Ce sont ces deux activités qui font le quotidien
de ces peuples. Certaines populations viendront par la suite de la province du
Nord-Ouest surtout attirées par l'espoir d'un emploi salarié dans
les plantations coloniales de la CDC. Ces deux peuples sont tellement
imbriquées aujourd'hui qu'il est difficile de marquer quelque
différence entre eux.
1.2.3. Les temps de
la domination (allemande, britannique)
Plus tard, ces populations et leurs terres vont servir de
théâtre aux activités esclavagistes et impérialistes
de l'Occident. Les missions exploratoires vont sillonner toute la côte
ouest atlantique, y installer des comptoirs, créer des stations
missionnaires et annexer d'immenses régions de l'Afrique dont celles du
Mont Cameroun. Quoique Bismarck ait dit un jour que « toute l'Afrique
ne vaut pas les os d'un grenadier poméranien » (LEMBEZAT,
1954), il sera obligé de réviser sa position. Car en effet, le 14
juillet 1884, Nachtigal, de nationalité allemande va débarquer au
Cameroun à bord du navire de guerre la Möwe. Après avoir
passé des accords avec des puissances française et britannique,
les Allemands se hâtent vers l'intérieur. Deux de leurs missions
étaient déjà envoyées à la conquête du
pays. La deuxième confiée au Capitaine Graffenreuth ne
dépasse pas Buéa car ce dernier y est tué par des
rebelles. De façon générale, les 30 années
d'occupation allemande se repartissent en trois grandes
périodes :
· 1ère période
(1884-1895) : Le Cameroun est une escale des bateaux allemands. Ils se
contentent d'échange sans ingérence dans les affaires
administratives locales. Le pays ne lui révèle pas encore son
charme.
· 2ème période
(1896-1906) : Sous la conduite du gouverneur Yesko Von Puttkamer maintenu
dans les mêmes fonctions, les Allemands vont procéder à
l'établissement de grandes concessions et de grandes plantations dont
celles qui reviendront plus tard à la CDC. Au cours de cette
période, la capitale de la domination est transférée de
Douala à Buéa. Cela entraîne la construction de nombreux
édifices dans la ville de Buéa qui jusqu'à ce jour sert
encore à l'administration camerounaise pour ses représentations
provinciales dans le Sud-Ouest. Ce sont des constructions pouvant
résister à l'activité sismique de la région et
intéressantes à regarder.
Cliché : LBG.
Août 2003.
Photo1.3. : Photo Palais du gouverneur allemand
Yesko Von Puttkamer construit en 1900 qui reste malheureusement fermé
aux visiteurs.
· 3ème période
(1907-1914) : Le gouverneur Yesko Von Puttkamer est démis de ses
fonctions. Néanmoins, l'oeuvre allemande s'affermit davantage et
s'oriente même vers le social : oeuvre médicale, construction
du chemin de fer et du réseau routier. D'ailleurs en 1911, le
Traité Germano-douala met le Cameroun en vedette et on procède
à la création de nombreuses autres plantations. C'est alors que
la guerre vient malheureusement mettre fin à ce chantier en
construction.
La région du Mont Cameroun va ensuite être
gérée par les Britanniques qui vont y appliquer l'indirect Rule.
L'organisation sociale et la langue de communication sont l'héritage de
cette administration. En effet, les peuples bakweri sont une
société organisée en villages dont chacun est
composé des descendants d'un seul ancêtre. Les pouvoirs du chef
sont assez restreints depuis qu'est close l'ère des guerres entre les
villages et les tribus, ce peuple étant volontiers anarchique. Les
pouvoirs les plus réels sont exercés par le chef de famille qui
détient les pouvoirs d'un propriétaire sur cette cellule
économique et sociale. Elles se livrent à des activités
culturelles et d'entraide. Ceci leur permet d'avoir quelque chose à
proposer à la civilisation de l'universel, au concert du donner et du
recevoir si cher à Senghor.
|