UNIVERSITE D'EVRY VAL D'ESSONNE
UFR DES SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
ET INTEGRATION DES IMMIGRES
D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE :
APPROCHE D'ANALYSE A EVRY
MEMOIRE DE 3EME CYCLE - INTERDISCIPLINAIRE DE CITOYENNETE
DROITS DE L'HOMME ET ACTION HUMANITAIRE
Sous la Direction de :
- M. Alain LE GUYADER, Responsable de la formation, Sociologue,
Maître de Conférence à l'Université d'Evry Val
d'Essonne
Présenté et soutenu par Brice Arsène
MANKOU
Année universitaire 2004 - 2005
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont
aidé à la réalisation de ce mémoire.
A mon professeur Monsieur Alain Le Guyader pour avoir
accepté de diriger mon travail
A mon professeur Monsieur Olivier Lecour Grand Maison
Maître de Conférence et professeur de science politique
Aux membres du CPDE 5Centre pour la Promotion et la
Défense des droits de l'enfant), qui m'ont aidé par leur soutien
moral et leur appui matériel
A Monsieur le Député-Maire d'Evry, Manuel Valls qui
m'a autorisé à travailler avec son équipe
A Monsieur Salliou Diallo, Maire Adjoint d'Evry, qui a eu
confiance en mon projet et qui a mis tout en oeuvre pour que je puisse le
finaliser
A Madame Maryse Fontaine, Chef du service de l'Intégration
et de la lutte contre les discriminations, qui m'a soutenu dans mon travail
A Monsieur Papa Abdou de l'Association DISFRICA
SIGLES
MOUS Maître d'Oeuvre Urbain et Social
FASILD Fonds d'Action Sociale, Intégration et Lutte
contre Les Discriminations
POPS Protocole d'Occupation du Patrimoine Social
ORU Opération de Renouvellement Urbain
ZFU Zone Franche Urbaine
GUP Gestion Urbaine de Proximité
PLA Plan Local d'Habitation
GIP Groupe d'Intérêt Public
FPCi Chambre de Commerce et d'Industrie
CEL Contrat Educatif Local
CLAS Contrat Local Accompagnement Scolaire
VVV Ville/Vie/Vacances
GPV Grand Projet de Ville
CDAS Centre Départemental d'Action Sociale
CODAC Commissions Départementales d'accès
à la citoyenneté
GELD Groupe d'étude et de lutte contre les
discriminations
DDASS Direction Départementale des Affaires sociales et
sanitaires
I - INTRODUCTION
Considérée depuis le XIXe
siècle, comme « terre d'immigration », la France est
pour de nombreux étrangers francophones de l'Afrique SubSaharienne, la
première destination que d'aucuns ont appelé « terre
promise ». En effet, ils sont nombreux chaque année à
venir en France. Les raisons évoquées par les uns et les autres
sont diverses et variées : poursuite des études, exil
forcé du fait des conflits armés, regroupement familial,
recherche d'un mieux être... etc.
Si les premières vagues d'immigration Belges,
Italiennes, Polonaises et Portugaises sont arrivées en France autour des
années 1880 et 1890 lors de la Révolution Industrielle,
l'immigration tout au moins celle de l'Afrique SubSaharienne n'est apparue
qu'avec la deuxième guerre où la France avait besoin de ses
anciennes colonies pour combattre à ses côtés d'une part et
contribuer à sa reconstruction de l'autre. Ce fut donc le départ
du phénomène d'une immigration plutôt choisie pour
reprendre l'expression de M. Nicolas Sarkozy, Président de l'UMP (Union
pour un Mouvement Populaire), que d'une immigration subie1(*) qui occupe actuellement une
place de choix dans le débat public français.
Avec la période dite des trente glorieuses, plusieurs
millions d'étrangers sont venus travailler en France. Cette immigration
« ouvrière » connaîtra un frein en 1974 par la
« crise du secteur pétrolier » aux
conséquences socio-économiques importantes pour la France qui
aura, pour la première fois de son histoire, un taux élevé
de chômage.
Après cette période, la France continuera
à accueillir les étrangers au titre du regroupement familial, du
droit d'asile et de la poursuite des études pour les
étudiants.
Dès lors, il se posa pour l'accueil des familles
immigrées plusieurs types de problèmes liés notamment
à l'accès au logement, à l'emploi, à l'école
de la République pour les enfants de ces familles accueillis dans ce
cadre.
Tous ces problèmes vont engendrer des discriminations.
Et celles-ci sont ni plus, ni moins que des inégalités, des
injustices dont sont victimes les immigrés accueillis dans notre pays.
Mais qu'est-ce que la discrimination ? Quelles en sont les causes, les
manifestations et les conséquences dans une ville Francilienne comme
Evry ? C'est autant de questions qui sont au coeur de notre
réflexion intitulée : "Lutte contre les discriminations
et intégration des immigrés d'Afrique Subsaharienne : Approche
d'analyse à Evry".
A l'issue d'un stage pratique effectué dans le Service
de la Politique de la Ville notamment au service de l'intégration et de
la lutte contre les discriminations de la Ville d'Evry, nous avons voulu
analyser le modèle «Evryéen» en matière de lutte
contre les discriminations par l'intégration des étrangers. Le
choix d'Evry s'explique par le fait que cette ville francilienne est l'une des
rares en France à consentir des efforts, tant dans sa pratique, que dans
ses textes à intégrer les dispositifs nationaux et
européens de lutte contre les discriminations. Le fait d'avoir dans ses
services un département d'intégration et de lutte contre les
discriminations témoigne bien que le modèle
«Evryéen» est loin de faire des émules. C'est donc
cette approche d'analyse que nous proposons à travers ce mémoire
de 3ème cycle qui s'inscrit dans le cadre de la préparation du
diplôme d'Etudes Universitaires Supérieures et
Professionnalisées (DESUP) à l'Université d'Evry Val
d'Essonne.
Ce mémoire se fonde donc sur des témoignages
recueillis sur la base des entretiens que nous avons eus avec des victimes de
la discrimination, rencontrées à Evry ou en dehors d'Evry.
Fruit d'une longue enquête menée grâce au
concours des Elus, des Services et des Associations de la ville d'Evry, ce
travail, qui couronne une année universitaire de recherche permet de
cerner les questions liées à la discrimination et à
l'intégration des immigrés originaires d'Afrique Subsaharienne.
Parmi ces victimes, toutes ou presque ont requis l'anonymat, ce que nous avons
respecté tout au long de ce mémoire.
I.1 - PROBLEMATIQUE ET DEFINITION DES CONCEPTS
DISCRIMINATION, INTEGRATION ET IMMIGRATION
A) LA DISCRIMINATION
Le concept de discrimination est apparu en France avec le
racisme et la xénophobie. Aujourd'hui tout le monde s'accorde à
dire que le racisme est quasiment banni dans notre société et
pourtant, il continue d'exister sous des formes voilées et sournoises
dans toutes les sphères intellectuelles, politiques, économiques
et sociales. Combien de fois n'avons-nous pas entendu parler des cas de
discrimination dans nos régions, nos départements, nos villes et
nos quartiers ?
Des discriminations dues simplement à la couleur de la
peau, au nom patronymique, au lieu de résidence. C'est inadmissible, car
ces pratiques brisent notre pacte républicain qui passe par
l'égalité de tous en droits. L'absence de preuves de la
discrimination rend quelque peu difficiles les poursuites judiciaires, mais
nous sommes convaincus que pour lutter contre les discriminations en France, il
faut briser l'impunité dont peuvent bénéficier les auteurs
de ces pratiques qui se justifient souvent par des propos tels que :
« je ne suis pas raciste, je ne suis pas
xénophobe », « Qu'on me prouve que je suis raciste
ou xénophobe ».
Les discriminations pour reprendre l'expression de Manuel
Valls, Député Maire d'Evry, apparaissent finalement comme un
« Apartheid social, territorial, ethnique qui est en train de
s'imposer, qui est en train de devenir une réalité dans notre
société »2(*)
Lorsque l'on veut définir la discrimination, il y a
plusieurs esquisses de définitions parmi lesquelles celle de l'article
225-1 du code pénal en vigueur en France qui
stipule :"Constitue une discrimination, toute distinction
opérée entre les personnes physiques en raison de leurs origines,
de leur sexe, de leur situation de famille, de leur état de
santé, de leur handicap, de leurs moeurs, de leurs opinions politiques,
de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou non appartenance
vraie ou supposée à une ethnie, une nationalité, une race
ou une région déterminée".
Dans cette perspective, une discrimination est toujours
vécue de la part de celui qui la subit comme une souffrance, une
violence et une injustice. La discrimination pourrait-on dire est une violation
des Droits de l'homme. Or, que d'actes discriminatoires se déroulent
souvent sous nos yeux sans que cela ne nous émeuve. Les discriminations
en France se banalisent et à cet effet, la Déclaration de
Grenelle adoptée par consensus, le 11 mai 1999, par l'Etat
Français et ses partenaires sociaux, fait ce constat clair : "...
les discriminations fondées sur l'origine étrangère,
réelle ou supposée des personnes vivant en France ont tendance
à se banaliser..." 3(*)
Par conséquent, les discriminations poursuit cette
déclaration constituent des "violations des principes
élémentaires du droit". Dans une République fondée
sur des valeurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de
1789 et qui stipule notamment dans son article 1 que : "les hommes
naissent et demeurent libres et égaux en droit".Les discriminations
apparaissent comme une « honte » pour notre
République.
La discrimination, comme on peut le constater est finalement
l'anti-thèse de ce principe d'égalité pour tout ce qui
constitue le fondement constitutionnel du droit public français. Comme
le disait Martine Aubry, alors Ministre de l'Emploi et de la Solidarité
aux Assises de la Citoyenneté à Paris : "... Dans notre pays,
ce principe républicain est trop souvent bafoué. Alors oui des
discriminations existent. Nous le savons. L'Etat ne peut pas être sourd
à tous ces témoignages. Et je le dis avec force : à chaque
acte discriminatoire, c'est la République tout entière qui
vacille. La couleur de la peau, un nom, un prénom, parfois une simple
adresse, barrent l'accès à un emploi, à un logement,
à une boîte de nuit et compliquent aussi, reconnaissons-le les
relations avec certains services publics. C'est inadmissible. La discrimination
est une violence, le délit d'adresse est une violence. C'est cette
violence qui ébranle le pacte républicain. La République
ne peut admettre de tels comportements. C'est contraire à ses valeurs,
à son esprit, à sa philosophie... "4(*)
B) L'INTÉGRATION
Le mot « Intégration », pour
reprendre les, termes de Dominique Schnapper, dans son livre : La
France de l'Intégration 5(*)contient des potentiels infinis et des malentendus.
Pour définir l'intégration, nous nous appuierons
sur la définition retenue par le Haut Conseil de l'Intégration
dans son rapport de 1991 intitulé : "Pour un nouveau modèle
d'intégration «L'intégration consiste à susciter
la participation active de la société tout entière de
l'ensemble des femmes et des hommes appelés à vivre durablement
sur notre sol en acceptant sans arrière pensée que subsistent des
spécificités notamment culturelles, en mettant l'accent sur les
ressemblances et les convergences dans l'égalité des droits et
des devoirs afin d'assurer la cohésion de notre tissu
social»6(*)
Dans ce sens, l'intégration est une
"démarche active", car deux processus se mettent en oeuvre
"le processus de s'intégrer" pour l'immigré et le
"processus d'intégrer" pour la société qui
accueille cet immigré. A ce propos, Maurice Duverger dans son
livre : Introduction à la Politique,
définit l'intégration comme "un processus d'unification d'une
société qui tend à en faire une cité harmonieuse,
basée sur un ordre ressenti comme tel par ses membres »
7(*)
C'est ainsi que « unifier une
société, selon lui, c'est d'abord supprimer les antagonismes qui
la divisent ». Et nous savons qu'en France beaucoup
d'antagonismes empêchent les étrangers de s'intégrer dans
notre pays.
Selon le vocabulaire philosophique de Lalande
l'intégration est « l'établissement d'une
interdépendance plus étroite entre les parties d'un être
vivant ou entre les membres d'une société ».
Altay Manço, dans son livre :
Intégration et Identité, stratégies et positions
des jeunes issus de l'immigration, estime que l'intégration
est « un concept à géométrie variable et qui
varie selon les disciplines ».8(*)
En Biologie et en Ecologie, l'intégration correspond
à « l'ajustement réciproque des éléments
constitutifs d'un système vivant permettant à ce dernier de
former un tout équilibré ».
En Physiologie, l'intégration est « la
constitution d'organes différents à un fonctionnement global et
harmonieux ».
En psychologie, l'intégration correspond "à
la construction d'une cohésion entre motivations antagoniques. Tandis
qu'en sociologie, elle renvoie au processus de participation à
la construction d'un équilibre entre diversité et unités
sociales et culturelles. »
Sur le plan historique, voici quelques dates qui montrent
qu'en France l'intégration des immigrés a toujours
été une préoccupation pour les autorités
françaises. Voici quelques dates :
- En 1998 le Haut Conseil à l'intégration remet
un rapport intitulé : « Lutte contre les
discriminations pour faire respecter le principe
d'égalité », et en Octobre 1998, ce rapport sera
suivi des mesures en faveur de la lutte contre les discriminations et
l'intégration des minorités en France. Parmi ces mesures, on
retiendra, la mise en place,
- En 1999 dans tous les départements des Commissions
Départementales d'accès à la Citoyenneté (CODAC)
instituées par une circulaire du Ministère de l'Intérieur
de janvier 1999. Toujours en 1999, on assiste à la création du
Groupement d'Intérêt public et du Groupe d'étude sur les
discriminations devenu entre temps, Groupe d'Etude et de lutte contre les
discriminations (GELD).
- En 2000, on créa un numéro 114 pour les
victimes du racisme.
- Le 16 novembre 2001, on promulgue en France une loi relative
à la lutte contre les discriminations, qui est le prolongement national
des directives européennes en la matière.
C) L'IMMIGRATION
L'immigré
Un immigré, rappelle l'Insee, dans son rapport sur la
population « est une personne née à
l'étranger, mais qui ne possède pas la nationalité
française » . L'immigré est donc une
personne née étrangère dans un pays étranger et qui
vit hors de son pays d'origine. C'est un concept fondé sur un double
critère de nationalité et du lieu de naissance. Un
immigré est donc un étranger. Certaines personnes en France ont
donné à ce concept une connotation plutôt négative
que positive, alors que pour les démographes l'immigré est celui
qui appartient "à la catégorie des personnes d'origine
étrangère". Or en France, être immigré, c'est
être porteur et victime de stéréotypes défavorables.
Nous entendons souvent parler de "quartier d'immigrés" pour
désigner un quartier sensible où vivent des familles
étrangères.
Mais en France qui est immigré et qui ne l'est
pas ? Une étude montre qu'un français sur trois a un de ses
aïeux d'origine étrangère.
La France est une république une et indivisible, et
doit par conséquent considérer tous ses citoyens comme ayant les
mêmes droits. L'immigré est donc cet étranger dont parle
Mustapha Bourmmani dans son article « la notion
d'étranger à la variable ethnie, »
l'immigré écrit-il dans cet article,
désigne «la personne qui n'est pas née dans le pays
où elle est venue s'installer».
I.2 -LES FONDEMENTS JURIDIQUES DE LA LUTTE CONTRE
LES DISCRIMINATIONS
Lutter contre les discriminations, c'est admettre que ces
phénomènes existent hélas dans notre
société. Pourtant la France dispose d'un important arsenal
juridique antiraciste et anti discriminatoire, qui dénonce les
discriminations en affirmant l'égalité pour tous en droit.
Malgré tous ces textes, les discriminations n'ont pu être
éradiquées.
De 1946 à 1958 :
PLAN INTERNE
Sur le plan interne, la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789, en raison de son principe
d'égalité constitue sans conteste l'un des textes juridiques qui
consacrent pour la première fois en France le principe de la lutte
contre les discriminations. Ce texte affirme avec force et détails,
l'égalité entre les hommes en droits. Ensuite il y a la
constitution française de la IVème République de 1946, qui
stipule dans son préambule que : « le peuple
français proclame que tout être humain, sans distinction de race,
de religion, de croyance, possède des droits inaliénables et
sacrés ». Ce préambule de la Constitution de la
IVème République de 1946 est complété par celui de
la Vème République de 1958 qui proclame solennellement son
attachement aux droits de l'homme et aux principes de la souveraineté
nationale tels qu'ils ont été définis par la
Déclaration de 1789. De plus, l'article 1er de cette
constitution de 1958 réaffirme le principe d'égalité
à tous les citoyens devant la loi.
Ces trois textes ont donc une valeur constitutionnelle. Par
ailleurs, la France a voté à l'unanimité une loi contre le
racisme le 1er juillet 1972, et cette loi affirme
que : « le racisme est un
délit ».Ce délit se manifeste par exemple dans le
refus de service dans un restaurant ou tout autre lieu de loisir, boîtes
de nuit, le refus d'embauche, le refus de logement, sur des bases raciales.
Toutes ces discriminations relèvent désormais de l'infraction
pénale.
PLAN INTERNATIONAL
Sur le plan international, le 10 décembre 1948, les
Nations-Unies adoptent la Déclaration Universelle des droits de l'homme
qui dans son article 2 condamne toute discrimination fondée sur
l'origine réelle ou supposée des individus.
Deux ans plus tard, en 1950, la Convention Européenne
viendra confirmer cette déclaration notamment dans son article 14 qui
s'oppose à la discrimination fondée sur la race, le sexe, la
religion : « la jouissance des droits et
libertés doit être assurée sans distinction aucune
fondée sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion (...)
l'appartenance à une minorité nationale ». En
1958, la Convention de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) relative
à la discrimination en matière professionnelle, sera
adoptée.
Sur le plan international la France, en tant que pays membre
des Nations Unies, a adopté la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme et ratifié plusieurs conventions internationales dont celle
sur l'élimination de toutes les formes de discriminations raciales de
1965, ainsi que celle sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes de 1979.
La France a en partie ratifié la charte sociale
européenne, révisée le 3 mai 1996, le traité de
Maastricht, confirmé par ceux d'Amsterdam et de Nice, qui condamnent les
discriminations en plaçant la lutte contre celles-ci au coeur de
l'Europe.
Mais au nom de quoi ce principe d'égalité,
malgré tous ces textes juridiques est trop souvent bafoué ?
Pourquoi, sommes-nous parvenus en France à cette banalisation des
discriminations ? C'est autant de questions qui vont nous aider à
comprendre le phénomène des discriminations à Evry, en
évoquant l'histoire de l'immigration subsaharienne.
En outre, plusieurs directives européennes parmi
lesquelles
- la directive relative à la mise en oeuvre du principe
d'égalité et de traitement hommes femmes en 1976.
- des directives de 1996, sur la charge de la preuve dans la
discrimination en raison du sexe.
- deux autres directives dont l'une sur la mise en oeuvre de
l'égalité de traitement entre personne, sans distinction de race
et d'origine ethnique, l'autre créant un programme d'actions
communautaires de lutte contre les discriminations.
Au regard de tous ces textes juridiques sur le double
plan : interne et international, il est évident que la lutte contre
les discriminations porte atteinte à la cohésion sociale et
constitue un véritable recul de la France, considérée
souvent comme le pays des droits de l'homme.
1.3 HISTOIRE DE L'IMMIGRATION A
EVRY
C'est en 1965, que le Général de Gaulle va
décider de créer cinq villes nouvelles autour de Paris, du fait
de l'augmentation de la population dans la capitale.
Quatre communes se réunissent, à savoir :
Bondoufle, Courcouronnes, Lisses, Evry pour former la ville nouvelle d'Evry. La
ville connaît son essor avec la construction d'immeubles, de routes,
d'écoles, d'entreprises et de commerces. Ainsi de nombreux
immigrés s'installent progressivement dans la ville pour contribuer
à cette construction d'Evry.
Après les Portugais et les Mahgrebins, les originaires
de l'Afrique Subsaharienne notamment les Maliens, les Sénégalais
et les Congolais qui n'arriveront que plus tard dans la ville, plusieurs
étrangers vont s'installer à Evry
A) L'ACCUEIL DES PRIMOS-ARRIVANTS
Evry se caractérise par la diversité de sa
population. C'est une richesse dont la ville est fière, Cette
mosaïque de cultures fait donc sa particularité.
C'est en 1975, avec la construction de la gare d'Evry et des
logements sociaux, que va se développer dans cette ville, une
immigration ouvrière qui fera appel à une main d'oeuvre
étrangère. Le regroupement familial permettra aux familles de
peupler des quartiers comme « les Pyramides » où
vivent actuellement beaucoup d'immigrés originaires d'Afrique
Subsaharienne.
L'accueil des primos-arrivants va favoriser une sorte de
« métissage » au point où Evry devient
à l'image de la France entière, une ville multicolore et
multiethnique ouverte sur les cultures d'ailleurs. L'image que donne la ville
avec l'intégration des primos-arrivants témoigne bien que le
respect des autres si différents de nous n'est plus un handicap à
Evry, mais plutôt une richesse.
B) REGROUPEMENTS FAMILILIAUX
Le regroupement familial a permis aux familles
immigrées, notamment à celles venant de la République
Démocratique du Congo (ex Zaïre), fuyant la repression de Mobutu
Sesse Seko, de s'installer à Evry. Paris ne pouvant plus leur offrir de
logements, Evry a accueilli ces familles qui ont obtenu pour la plupart des
statuts de réfugié.
A côté de cette « immigration
forcée » pour ces familles
«Evryéennes », quelques unes d'entre elles se sont
installées faute de trouver un logement ailleurs qu'à Evry.
C) INSTALLATION DES FAMILLES IMMIGRÉES DE
L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE À EVRY (PREMIÈRE ET DEUXIÈME
GÉNÉRATION)
Les familles d'Afrique Subsaharienne se sont installées
d'abord autour des quartiers commes les Pyramides qui offraient plus de
logements sociaux, avant de s'installer dans les autres quartiers comme les
Epinettes et les Aunettes. Avec cette installation, c'est toute une
génération d'enfants nés en Afrique et en France qui va
émerger dans ces quartiers. Sortie de l'adolescence vers les
années 80, avec des parents frappés souvent par le chômage,
ces enfants ont connu des discriminations à l'école et dans
l'accès aux loisirs. Les cités d'habitat social étant
« malfamés », ils ont été victimes des
clichés et stéréotypes négatifs sur leurs lieux de
résidence et le statut de leurs parents. Malgré cela, ces jeunes
ont été à l'avant-garde d'un mouvement associatif qui
connaîtra son apogée entre 1983 et 1984. C'est une prise de
conscience qui partira de cette génération pour demander la
garantie de l'égalité des chances et leur reconnaissance comme
« Evryéen » à part entière. A partir
de cette période, on commençait à enregistrer les
premières associations de ressortissants d'Afrique Noire. Ces
associations vont avoir tout d'abord comme cheval de bataille, la
solidarité vers leurs pays d'origine et ensuite, elles se proposeront
d'aider les familles africaines à l'intégration. On peut dire que
les premières générations d'immigrés de l'Afrique
Subsaharienne se sont mobilisées pour leur survie (travail, logement) et
la deuxième génération est partie d'une prise de
conscience pour dénoncer les discriminations et exiger plus de
droits.
Ces installations de familles ont quelque peu provoqué
des tensions entre les jeunes dans les quartiers, mais aujourd'hui la
multiracialité d'Evry est plutôt un facteur d'enrichissement
qu'une source de conflits.
II - LES DISCRIMINATIONS : VIOLATIONS DU DROIT
A L'EGALITE
Les droits de l'homme sont nos droits à tous, des
droits inhérents à l'espèce humaine. Les droits de l'homme
constituent donc un ensemble de normes par lesquels les hommes deviennent
humains, avec leurs privilèges et leurs immunités. Devenir
humain, c'est accéder à ce processus qui confère à
l'homme le statut d'humain. Ce que l'anthropologie nous propose, c'est un
ensemble de processus d'humanisation de l'homme qui connaît plusieurs
étapes à travers lesquels émergent constamment des
humains.
Dans ce processus, il y a quatre étapes selon le Pr
Fabien EBOUSSI BOULAGA, dans son cours intitulé :
Anthropologie des droits de l'homme
- la socialisation : est un
processus par lequel l'homme obtient sa reconnaissance comme humain
- la personnalisation : est
l'ensemble des processus échelonnés sur les étapes et
phases de l'existence biologique qui confèrent des capacités ou
facultés d'établir des rapports sociaux, d'avoir des statuts et
de jouer des rôles valorisants pour l'individu en contribuant au maintien
de la communauté dont il est membre.
- la sexualisation : est une
spécification des processus de socialisation et de personnalisation, et
une capacité de nouer un type de relation, c'est-à-dire de
participer aux processus fondamentaux de l'échange de paroles, des
symboles, des personnes et des biens. L'homme est androgyne, l'humain est homme
et femme.
- Le processus de civilisation :
c'est la reconnaissance des processus de sexualisation, de personnalisation et
de socialisation au de là du principe de consanguinité.
Dans une société fondée sur des
règles, le droit à l'égalité doit être
respecté. Comme le souligne la Déclaration du 27 juin 1793,
« le but de la société est le bonheur commun. Le
gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance
de ses droits naturels imprescriptibles. Ces droits sont
l'égalité, la liberté, la sûreté, la
propriété. Tous les hommes sont égaux par la nature et
devant la loi ».Or traiter par des pratiques discriminatoires
l'immigré, qui est un homme différent de moi est une
négation du « droit à la
l'égalité » qui a pour conséquence : les
discriminations de tous genres. Et les droits de l'homme, selon
Jankélévitch, dans son livre : Paradoxe de la
morale « ne sont pas les privilèges qu'un groupe
humain plus ou moins clos, revendique par rapport à un autre groupe
humain, le droit de vivre, le droit d'exister et de respirer, le droit à
la liberté sont des droits élémentaires qui n'ont ni
goût, ni saveur, ils vont de soi... » 9(*)
Devant les discriminations qui se banalisent de plus en plus,
dans notre société, les bonnes intentions ne suffisent plus. Il
faut agir sur ceux qui prennent prétexte de la différence de la
couleur de peau, du lieu de résidence, du sexe, de nationalité
pour pratiquer la discrimination.
Dans ces conditions, comme l'écrivait Thomas Hobbes
dans le LEVIATHAN : « Les conventions sans le glaive ne sont
que des paroles ». 10(*) Autrui, même différent a droit au
respect de sa personne.
Martin Heidegger définissait
« Autrui » comme « un moi qui n'est pas
moi ».
Le droit à l'égalité commence à
devenir problématique lorsqu'on considère que l'autre,
l'étranger, l'immigré n'est pas un sujet de droit. En ce moment,
naissent le racisme, la xénophobie, l'exclusion et les discriminations
liées à l'embauche, à l'emploi, au logement, à une
vie décente et aussi à l'intégration. Car, il existe aussi
des discriminations à l'intégration.
Pourtant l'article 2 de la Déclaration Universelle des
droits de l'homme du 10 décembre 1948 condamne toute discrimination.
Dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme,
notre attention est attirée par l'article 2 qui interdit la
discrimination, mais aussi par les articles :
Article 6 qui confère à tout
être humain un droit à la reconnaissance de sa personnalité
juridique
Article 15 qui donne à chacun le droit
à la nationalité et à changer de nationalité. Or,
nous savons qu'en France l'accès à la citoyenneté
française n'est pas un droit, comme l'affirment certaines
préfectures. Beaucoup de ressortissants d'Afrique Subsaharienne,
malgré le fait qu'ils travaillent, payent leurs impôts en France
se sont vus refuser l'accès à la citoyenneté. Pire, ces
étrangers résidents en France, qui sont très nombreux en
France, ne peuvent participer aux élections municipales.
Article 16 stipule que « chacun
a droit au mariage et à la famille ».
Aujourd'hui, en France, il est difficile pour un africain de se marier
sans que les autorités ne suspectent un « mariage
blanc », surtout lorsqu'il s'agit de couples mixtes.
Article 21 évoque le droit pour tout
être humain d'accéder à des fonctions publiques et aux
droits à des élections libres.
que d'immigrés, faute
d'accéder à la citoyenneté française sont exclus
des emplois de la fonction publique
que d'emplois dans le secteur public et
privé sont réservés aux seuls français. Parmi ces
emplois, voici une liste non exhaustive de professions fermées aux
immigrés et réservées aux seuls français
Activités commerciales spécialisées
Débitants de boisson
Débitants de tabac
Agriculture
Collecteurs agréés de céréales
Communication
Directeurs et codirecteurs de publication de presse
Directeurs et codirecteurs de la publication d'un service de
communication audiovisuelle
Directeurs d'une société coopérative de
messagerie de presse
Membres du comité de rédaction d'entreprises
éditant des publications périodiques destinées à la
jeunesse
Comptabilité, courtage, finances
Agents généraux et courtiers d'assurance
Commissaire aux comptes de sociétés
Commissaires usagers des marchés d'intérêt
national
Courtiers de marchandises assermentés
Courtiers maritimes (courtiers interprètes et
conducteurs de navire)
Experts-comptables
Concessions
Concessions de service public
Concessions et permissions d'énergie hydraulique
Entreprises publiqus ou nationalisées à
statut
Personnel des industries électriques et
gazières
Personnel SNCF
Fonction Publique-Justice
Administrateurs judiciaires
Avocats
Avoués auprès des Cours d'Appel
Commissaires-priseurs
Conseillers du travail
Mandataires judiciaires à la liquidation des
entreprises (ancien syndic de faillite)
Notaires
Pompes funèbres
Dirigeants d'une régie, entreprise, association ou
établissement des pompes funèbres
Santé
Médecins, chirurgiens dentistes, sages-femmes,
directeurs et directeurs adjoints de laboratoire d'analyse de biologie
médicale
Pharmaciens
Vétérinaires
Sécuité Sociale
Agent de droit public des Caisses nationales et ACOSS
Personnel de droit privé des autres caisses de
sécurité sociale (U.N.C.A.N.S.S.)
Sécurité et surveillance
Dirigeants ou collaborateurs d'une agence privée de
recherches
Dirigeants ou gérants d'une entreprise de surveillance
de gardiennage ou de transports de fonds
Fonction de délégués mineurs
Gardes de la chasse et de la faune sauvage
Lieutenants de louveterie
Tourisme, loisirs, transports
Guides interprètes de tourisme et conférenciers
nationaux
Commissaires de transport
Directeurs ou membres du comité de direction et du
personnel dans un casino
Transports
Capitaines, officiers et membres de l'équipage des
navires français
Personnel naviguant professionnel de l'aéronautique
civile
Urbanisme
Architectes
Géomètres experts
Distinctions honorifiques
Elections à l'Académie française
Médaille de famille française
Jouissance de certains droits professionnels
Aides à l'amélioration matérielle d'une
exploitation agricole
Aides à l'installation comme chefs d'exploitations
agricoles des travailleurs agricoles bénéficiaires de la
promotion sociale
Aides à l'installation des jeunes agriculteurs
Bénéfice de certains prêts du
crédit agricole
Ouverture d'un centre d'insémination artuficielle
Représentation dans des conseils du secteur
industriel et commercial de l'Etat
Conseil d'administration des ports autonomes
Conseil d'administration de l'Aéroport de Paris
Conseil d'administration du centre scientifique et technique
du bâtiment
Conseil d'administration de l'Office National des
Forêts
Conseil d'administration de l'entreprise de recherches et
d'activités pétrolières (ERAP)
Représentation dans les organes corporatifs
Eligibilité aux chambres d'agriculture
Eligibilité dans les chambres des métiers
Alors que plus près de nous en Belgique, le parlement
de la Région de Bruxelles Capitale a voté le 5 juillet 2002, une
ordonnance élargissant l'accès à la fonction publique
régionale (Ministère et organisme d'intérêt public)
à toute personne quelque soit sa nationalité. Sur toutes les
entreprises publiques en France, seules la RATP a supprimé en 2002, la
condition de nationalité. Pour Philippe Bataille, spécialiste du
racisme au travail « ouvrir ces postes, c'est rétablir
l'égalité ».
La société française serait-elle en mal
d'égalité ? S'interrogeait Jean-Paul Fitoussi, professeur
à l'Institut d'Etudes politiques de Paris, qui
estime : « qu'on ne peut pas utiliser
l'égalité républicaine pour légitimer des
inégalités de plus en plus substantielles ».
Les discriminations, comme violation du droit à
l'égalité commencent d'abord à l'école qui est le
principal vecteur de socialisation et d'intégration.
« L'école est gratuite, laïque et obligatoire. Elle
est même au coeur de l'histoire de la République française
et le préambule de la constitution de 1946, proclame que la Nation
garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à
l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture.
L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïc est un devoir
national ».
Mais en France, il y a une école à double
vitesse. D'un côté celle de l'élite et de l'autre une
école des ghettos ou des cités dites sensibles. Ces écoles
sont situées très souvent dans des ZEP (Zones d'éducation
prioritaire) destinées à accueillir en majorité des
enfants des ressortissants étrangers, notamment ceux d'Afrique
Subsaharienne. Nous savons que ces établissements en ZEP sont
stimagtisés et souffrent de représentations négatives
liées aux problèmes de violence, de délinquance etc...
Selon Gabriel Langouet, professeur de sociologie à la
Sorbonne, cette pratique concernerait aujourd'hui près d'une famille sur
deux.
Comme le disait Alexis de Tocqueville dans Les
correspondances « il ne faut pas mépriser l'homme
si l'on veut obtenir des autres et de soi de grands efforts ».
Faire des discriminations, c'est mépriser l'homme.
Pourtant Chateaubriand dans les Mémoires d'Outre-tombe
11(*) affirmait :
« Les français vont instinctivement au pouvoir, il
n'aiment point la liberté, l'égalité seule est leur
idole... ». Et nous savons que sans l'égalité, la
cohésion sociale est brisée et les inégalités, les
exclusions demeurent. Une société qui pratique des exclusions
suscite des tensions et la violence, car, la violence naît des
inégalités et des discriminations de toutes sortes.
Montesquieu, dans l'Esprit des Lois,
écrivait : « Si tôt que les hommes sont en
société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse,
l'égalité qui est entre eux cesse, et l'état de guerre
commence ».
Il est vrai que les ZEP, selon le Ministre Savary, qui les
avait instituées, avaient pour ambition de donner à des
établissements scolaires placés dans ces zones socialement
difficiles, des moyens supplémentaires, le but étant que tous les
enfants inscrits dans ces établissements puissent se retrouver avec les
mêmes chances dans l'existence que ceux qui habitent les quartiers moins
défavorisés. Et quel a été le bilan de ces ZEP
après leur mise en place ?
Dans la nuit de jeudi à vendredi 15 avril dernier, un
incendie a ravagé l'Hôtel de l'Opéra à Paris
où vivaient des familles immigrées. Cet incendie avait fait 24
morts, dont 11 enfants. Un autre incendie a eu lieu dans la nuit du 25 au 26
août, au Boulevard Vincent Auriol à Paris 13ème,
faisant 17 morts dont 14 enfants, tous d'origine africaine. Comme si cela ne
suffisait pas, trois jours plus tard un autre incendie a eu lieu cette fois ci
rue Doré dans le 3ème arrondissement faisant 7 morts.
Avec ces trois incendies, il faut dire que la Communauté africaine et
immigrée connaît une peur qui s'empare de tous les ménages
modestes, les sans-papiers qui sont pointés du doigt par le Ministre de
l'intérieur Nicolas Sarkozy. En effet, dans sa déclaration sur
France 2 au
lendemain du dernier incendie, le ministre a
évoqué la cause de ces incendies qui selon lui est due à
une immigration non maîtrisée en France. N'est-ce pas là un
amalgame entre la crise du logement en France et la question des
immigrés ? Du côté des pouvoirs publics, cet incident
devait être une alerte pour faire du droit au logement une
réalité. Face à cela, nous sommes donc en présence
d'une société française où le
« Nous » (français) est en conflit avec le
« Eux » (immigrés). « Eux » ne
voulant pas s'intégrer.
Avec les discriminations, n'est-ce pas tout un idéal
républicain qui s'effondre ? La France, pays des droits de l'homme,
doit être vigilante pour que le droit à la différence et le
devoir de ressemblance soit respectés.
II.1 - TYPOLOGIE DES DISCRIMINATIONS SUBIES PAR LES
ETRANGERS ORIGINAIRES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A EVRY
Selon Philippe Dewitte, dans un livre intitulé
Deux siècles d'immigration en France, définit la
discrimination « comme une différence arbitraire de
traitement pratiquée aux dépens d'une personne ou d'un groupe de
personnes, une violation du principe
d'égalité ».
La discrimination consiste à traiter de manière
défavorable une personne ou un groupe de personnes en raison de leur
origine réelle ou supposée, leur appartenance ou non,
appartenance vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une
« race », leur appartenance physique ou bien encore leur
patronyme. On distingue toujours, selon Philippe Dewitte : La
discrimination directe « c'est le mode le plus connu et
le mieux appréhendé par notre ordre juridique »
12(*), visible dans
les discriminations à l'embauche, au logement et les discriminations
indirectes plus discrètes.
DISCRIMINATION DIRECTE
Discriminations à l'embauche : cas
précis à Evry
A Evry, trois jeunes filles, originaires d'Afrique
Subsaharienne ont été victimes de discrimination à
l'embauche par les services de la DDASS de l'Essonne. Ces filles,
infirmières diplômées d'Etat, dans leur pays d'origine
avaient postulé pour obtenir des autorisations d'exercer en France en
qualité d'aides-soignantes, conformément à la circulaire
du DGS/2993/OB du 27 décembre 1984, qui prévoit que les
étrangers titulaires d'un diplôme d'infirmière peuvent
obtenir une autorisation d'exercer en France en qualité
d'aide-soignante.
A l'oral, ces filles, pourtant détentrices de titre de
séjour valables, ont été interrogées sur leur
nationalité et aussi sur les raisons de leur séjour en France.
A l'issue de l'entretien, les examinateurs ont même
voulu savoir si elles avaient des conjoints français. Elles ont
répondu par la négative et la sentence ne s'est pas fait
attendre, aucune d'entres elles n'a été autorisée à
exercer comme aide-soignante, malgré le fait que la majorité des
maisons de retaités dans le département de l'Essonne, ont
énormément besoins énormes d'aides-soignantes.
Un autre jeune d'origine guinéenne, du quartier des
Pyamides, s'est vu refuser un emploi de commercial à Evry en raison de
son appartenance à l'Islam. Ce jeune affirme que le jour de l'entretien
d'embauche, le responsable des Ressources Humaines (DRH), qui l'a reçu,
lui avait demandé s'il était musulman. Cela a suffit pour qu'il
ne soit pas embauché.
Une jeune fille s'est vue refuser l'entrée dans la
salle de recrutement dans un service à Evry à cause dit-elle de
son lieu de résidence, en l'occurrence les Pyramides. Deux jours
après cet acte, un des responsables de recrutement a fait savoir
à la jeune fille que son patron se refusait d'embaucher des jeunes du
quartier des Pyramides, au seul motif : qu'il veillait à l'image de
marque de sa société.
Une dame du quartier des Epinettes a failli voir un de ses
enfants arrivés du Bénin, être privé du droit
à l'éducation. N'eut été l'intervention d'un
responsable du Conseil de quartier, son fils n'aurait pas été
admis à l'école de la république.
Toutes ces discriminations constituent des souffrances de la
part de ces immigrés qui les subissent.
Comme l'avait affirmé le Député Maire
d'Evry, Manuel Valls, lors d'un colloque ayant pour thème
Les jeunes diplômés issus de l'immigration et
l'accès à l'emploi, « réussite et
obstacle », organisé par la Ville d'Evry :
« ... une multitude d'études et de statistiques
démontrant clairement que la couleur de peau, le nom patronymique, le
quartier ou la ville d'origine, tout simplement demeurent des critères
officieux du refus d'embauche... »
La charte de lutte contre les discriminations dans
l'accès à l'emploi des habitants des quartiers prioritaires de
Corbeil-Essonnes et de la Communauté d'Agglomération d'Evry
Centre Essonne, souligne pourtant que : « la mise en oeuvre
du principe républicain d'égalité, implique le refus de
toutes les formes de discriminations fondées sur le sexe, l'âge,
l'origine ethnique, les convictions religieuses et politiques, l'appartenance
physique, l'orientation sexuelle, le lieu de
résidence... »
DISCRIMINATION À L'EMPLOI A EVRY
Elle se présente comme l'une des formes les plus
répandues de la violation du principe d'égalité pour tous.
Tout le monde en parle, tout le monde s'en plaint.
A Evry malgré le récent colloque sur
l'accès à l'emploi des jeunes diplômés issus de
l'immigration, nous avons recueillis plusieurs témoignages des victimes
de cette discrimination.
Un jeune Centrafricain présente une candidature pour un
poste de comptable dans une société d'Evry. La
Société l'invite à passer son test qu'il réussit et
lors de l'entretien, le fait qu'il se soit présenté comme
centrafricain a suffi pour que le responsable, qui passait l'entretien lui dise
que pour ce poste « nous avons besoins des français et non
des étrangers. Nous devons d'abord résorber le chômage qui
touche notre pays, vous serez utile à votre pays, la Centrafrique, je ne
connais d'ailleurs pas ce pays... »
Un journaliste inscrit à l'ANPE a répondu
à une annonce publiée par cette agence sur un poste de
journaliste dans une radio locale. Le journaliste ayant postulé, a
été reçu pour un test. A son arrivée, la femme
chargée de le recevoir le fait attendre en lui faisant croire que le
Rédacteur en Chef était absent. Pendant qu'il attendait
d'être introduit dans le bureau du Rédacteur en Chef, il entendit
dans le bureau d'à côté : « C'est un
Black ».suivi de quelques éclats de rire.
Quelques minutes plus tard, la femme lui fit savoir que
l'entretien était reporté sine die, deux jours après, il
reçu une réponse négative.
Face à de telles pratiques discriminatoires,
récemment, les députés français qui ont
renoncé au CV anonyme, doivent réfléchir au moment
où la France doit faire face à un taux de chômage le plus
spectaculaire de son histoire, 10% de jeunes diplômés sans emploi
n'est tout de même pas anodin. Le CV anonyme, comme son nom l'indique ne
devait pas comporter de nom, de photo, d'adresse, d'âge, ni de
nationalité du postulant. Cette expérience devait amener les
recruteurs à n'analyser que les motivations du candidat, son savoir
faire, son expérience et son apport dans l'entreprise qui l'accueille.
Le nom patronymique, l'âge, l'adresse, les origines sont des handicaps
pour accéder à un emploi.
Lorsqu'on est noir, diplômé et que l'on habite
les « Pyramides », c'est un lourd handicap pour
accéder à un emploi. D'ailleurs, un jeune des Pyramides qui n'en
pouvait plus de recevoir des réponses négatives se résolut
à s'appeler « Daniel Durand », il envoya son CV en
changeant simplement de nom. Deux jours après, il fut convoqué
à un entretien d'embauche.
La discrimination à l'emploi souligne Manuel Valls,
« constitue une des formes les plus courantes de la violation de
notre principe égalitaire. On a, à diplôme égal, le
contraste entre étrangers ou français dits issus de l'immigration
et français, qualification encore plus difficile à analyser,
reste équivalent... »
Nous savons que beaucoup de jeunes immigrés de
l'Afrique Subsaharienne sont victimes de mesures discriminatoires à
l'emploi. C'est le cas d'un jeune originaire de RDC (République
Démocratique du Congo), qui s'est vu refuser un emploi de chargé
de clientèle dans une agence d'intérim à Evry. La personne
qui l'avait reçu le jour de l'entretien lui a fait savoir qu'il vaudrait
mieux pour lui, qui venait d'être reconnu réfugié, de
postuler comme vigile dans un supermarché, comme le font certains, que
de postuler comme chargé de clientèle. Ce jeune est titulaire
d'une Maîtrise en Sciences économiques (BAC + 4).
Deux autres jeunes filles du quartier des Aunettes,
malgré leur DESS en droits des Affaires n'ont pu obtenir de stages dans
les Cabinets d'avocats d'Evry.
L'une d'entre elle, pour joindre les deux bouts a
été containte d'accepter un poste de conditionneuse dans une
entreprise de Corbeil-Essonnes tandis que l'autre est auxiliaire de vie.
Parlant de difficultés pour obtenir un stage,
personnellement j'ai envoyé environ une centaine lettres de candidature
pour obtenir un stage. De ces cent lettres, une seule réponse a
été positive. C'est celle du service Intégration et Lutte
contre les discriminations de la Mairie d'Evry. A travers ces cas précis
de discriminations directes à Evry, ce sont des souffrances, des
injustices de ces jeunes diplômés que la société
rejette en raison de leur origine. La République devrait assurer
l'Egalité des chances à tous les citoyens même aux
minorités silencieuses, mais visibles qui n'attendent qu'à
être reconnues à leur juste valeur.
D'une manière générale en France, les
discriminations à l'emploi se poursuivent. Cerise sur le gâteau,
certains jeunes français d'origine étrangère, pourtant
diplômés des Universités françaises ne sont pas
embauchés, en tenant compte de leurs diplômes. De ce fait, ils
subissent une autre forme de discriminations dans la rétribution qu'ils
perçoivent lorsqu'ils travaillent. C'est le cas de Oumar Sylla, jeune
franco-sénégalais diplômé de Sciences Po Rennes et
engagé comme chargé de mission auprès de Mme Jeanne Larue
Vice Présidente du Conseil régional de Bretagne.
Dans un article paru dans le Canard Enchaîné du
25 mai 2005, et intitulé « Dumping Social de Gauche à
la mode de Bretagne » un témoignage qui se passe de
commentaire de ce jeune franco-sénégalais nous est
rapporté :.
Pas besoin d'expédier les salariés en
Roumanie ou en Arménie pour les sous-payer ! Depuis son embauche au
conseil régional de Bretagne en juin 2004, Oumar Sylla, jeune
chargé de mission franco-sénégalais, est royalement
payé 523 euros net par mois. Et ce au titre de collaborateur politique
direct de la vice-présidente à l'administration
générale, radicale de gauche Jeanne Larue. Après Josselin
de Rohan, battu aux régionales en 2004, les nouveaux ducs de Bretagne,
pourtant officiellement à gauche, sont grands seigneurs ! Pour un
demi smic net, Oumar est en principe chargé de mission à
mi-temps. Mais il dépassait largement ses horaires, d'après
plusieurs témoignages. Jusqu'en janvier, où sa patronne l'a
soudain pris en grippe pour de sombres histoires de transmission de consignes
de vote avec l'autre élu radical. Du jour au lendemain, Oumar se voit
demander les clés de son bureau, puis sommé d' »exercer
son activité à son domicile » par une autre lettre
comminatoire du directeur général des services du conseil
régional, qui lui signifie avec six mois d'avance le non renouvellement
de son contrat en juin.
Comme si cela ne suffisait pas, il se voit accusé
au passage d'avoir envoyé un e-mail à son frère au
Sénégal afin de « marabouter » sa
patronne ! Il dément avec énergie et soupçonne
aujourd'hui que l'e-mail a en fait été envoyé à son
insu de son propre ordinateur resté allumé lors d'une pause
déjeuner.
Le vrai tort d'Oumar Sylla ? Avoir accepté
sans broncher son sort de travailleur pauvre, alors qu'il est bardé de
diplômes : sortir officier de Saint Cyr, il est titulaire d'une
maîtrise de communication et d'un DESS de management de la presse de
Sciences-Po Rennes... « Il se trouve que je rédigeais en fait
les discours de Mme Larue, notamment sur la précarité, mais, avec
mes 523 euros par mois, j'ai moi-même été forcé de
recourir à l'aide de la Croix Rouge pour manger... , explique-t-il
au « Canard », Histoire que ces discours sonnent plus
vrai ?
Interrogée à son tour, Jeanne Larue,
vice-présidente de l'administration générale (ironie du
sort !), affirme tomber des nues : « M. Sylla a
été réaffecté à d'autres fonctions au sein
du groupe socialiste, et ce n'est pas ma faute si son contrat a
déjà expiré (sic). Il n'a jamais rédigé de
discours pour mois et je n'ai absolument rien à lui
reprocher. » Pourquoi tant d'acharnement à s'en
débarrasser, alors ?
Dans une lettre salée du 22 février au
président PS du conseil régional, Jean-Yves Le Drian, le syndicat
SUD ne l'entend pas de cette oreille et dénonce le
« traitement illégal, injuste et irrespectueux »
d'Oumar, s'indignant qu'un collaborateur de groupe puisse être
payé au dernier échelon de la catégorie C correspondant au
niveau d'un balayeur. « Selon nos informations, les autres
collaborateurs de ce groupe qui sont chargés de mission sont, quant
à eux, logiquement rémunérés en
référence à la catégorie A, ce qui ne peut
qu'alimenter une lecture de ce dossier sous l'angle de la
discrimination ». La CGT est également intervenue en sa
faveur.
Dircab' de Le Drian, Dominique le Tallec reconnaît,
un rien gêné aux entournures : « Ce bas salaire
n'est pas illégal à proprement parler, mais il n'est pas
glorieux, c'est vrai. C'était une solution de
dépannage... »
Un « dépannage » d'un an tout
de même.
DISCRIMINATIONS DANS L'ACCES AUX
LOGEMENTS
Ils sont nombreux à Evry, ces travailleurs
immigrés en recherche de logement digne de ce nom. Beaucoup parmi eux
ont fait toutes les démarches nécessaires et certains n'y croient
même plus.
C'est le cas de ce couple dont M. est agent
pénitentiaire et son épouse employée de caisse à
Carrefour, qui ne trouvent pas de logement, malgré tout le dossier
fourni à l'Office des HLM et auprès des agences
privées.
Cette discrimination touche également des
étudiants qui viennent d'Afrique Subsaharienne et qui ne peuvent se
loger correctement en raison, non pas du manque de logement, mais surtout en
raison de leur origine.
A cet effet, trois étudiants, originaires du Burkina
Faso, n'ont pu obtenir un logement en cité universitaire et
auprès des particuliers qui leur exigeaient des garanties certes, mais
une fois les garanties trouvées, ces propriétaires ont
argué que leurs studios venaient d'être loués à
d'autres étudiants.
Il faut noter que les discriminations prennent
également des formes détournées. Elles sont à ce
moment là, indirectes.
DOUBLE DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES
FEMMES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Etre femme issue d'Afrique Subsaharienne et accéder
à un emploi en France n'est pas facile. Ces femmes souffrent de la
double discrimination. Beaucoup d'entre-elles par dépit ont choisi des
métiers comme : auxiliaire de vie, technicienne de surface (femme
de ménage), conditionneuse, baby-sitter, alors que dans leur pays
d'origine, elles ont occupé des postes valorisants après des
parcours d'études de haut niveau.
Sur Evry, j'ai eu un contact avec une femme cadre de banque,
dans son pays d'origine, qui est technicienne de surface dans un
hôtel.
Une ancienne avocate, victime de la discrimination au logement
explique son calvaire. « ... je voulais un appartement dans le parc
privé. Je me suis adressé aux agences privées. J'ai
contacté 3 agences. Et quand j'arrivais, une question récurrente
m'était posée : « Pourquoi n'avez-vous
pas constitué un dossier pour avoir un habitat à loyer
modéré (HLM) auprès de l'OPAC ? J'avais l'impression
en tant qu'(Africaine, je ne devrais habiter qu'en HLM. Or je n'étais
pas en difficulté. Quand les visites ont commencé :
1ère commission d'appartement, 2ème
commission, on m'explique que les propriétaires ont retiré leurs
biens. Curieusement une semaine après, il y avait toujours la pancarte
« A louer » affichée sur la maison et à
l'agence... »
DISCRIMINATIONS INDIRECTES
Cette discrimination est beaucoup plus sournoise. Elle se
traduit par des attitudes, un sourire qui n'en n'est pas un et même une
certaine ironie, lorsque l'on voit passer un Africain.
Beaucoup d'immigrés originaires d'Afrique Subsaharienne
ne comprenant pas les rouages de l'administration, la culture française
ont du mal à déceler ces formes de discrimination. D'où la
nécessité pour eux de se faire aider par des relais, des
écrivains publics et des médiateurs. La Ville d'Evry dispose
notamment dans les Centres Sociaux des écrivains sociaux publics qui eux
sont des relais pour toutes les personnes qui souhaitent comprendre et
écrire à l'administation. D'autre part des associations de plus
en plus s'interessent à ce champ d'action qui consistent à
accompagner les immigrés dans leur processus d'intégration en
France.
II.2 - LES CAUSES ET CONSÉQUENCES DES
DISCRIMINATIONS
LES CAUSES
Quel est notre regard sur l'autre ?
Les discriminations proviennent du regard que nous avons de
l'autre. Comment regardons-nous Autrui ? Comment le traitons-nous, cet
autre sujet de droit comme nous ?
L'universalité des droits de l'homme confère
à Autrui en tant qu'être humain et citoyen, tous les droits
fondamentaux (droits civils et politiques, droits sociaux et
économiques). Cela peut théoriquement se comprendre, dans la
mesure où cet ensemble de normes formant les droits de l'homme a pour
but de préserver la dignité de tout être humain sociable.
Les droits de l'homme n'excluent donc pas
« l'étranger »,
« l'immigré », et « l'autre »,
qu'ils soient individuels (liberté d'aller et venir) ou collectifs
(liberté syndicale).
A cet effet, point n'est besoin de rappeler que l'ensemble des
droits contenus dans les chartes et les conventions internationales
appartiennent sans discrimination à toutes personnes, sans distinction
de race ou de religion et vivant dans ces pays membres. Comment
considérons-nous l'étranger en France ?
Les discriminations ont pour facteur essentiel, la
représentation négative d'Autrui.
« L'étranger », l'immigré est souvent
regardé avec des prismes négatifs, dévalorisants. Comme le
souligne Merleau-Ponty, dans son livre Phénomènologie de
la Perception, à la page 402 : « Or autrui
serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait
de moi pour être perçu comme une opération contradictoire,
puisque je devrais à la fois le distinguer de moi-même, donc le
situer dans le monde des objets : et le penser comme conscience,
c'est-à-dire comme cette sorte d'être sans dehors et sans parties
auquel je n'ai accès que parce qu'il est moi et participe. Celui qui
pense et celui qui est pensé se confondent en lui. Il n'y a donc pas de
place pour autrui et pour une pluralité des consciences dans la
pensée objective ».13(*)
De cette perception que nous avons de
« l'étranger », de l'immigré, les
discriminations de toutes sortes naissent. Alors que nous savons bien comme
André Gide, que : « Le meilleur moyen pour apprendre
à se connaître, c'est de chercher à comprendre
Autrui ».
Comprendre Autrui, c'est dépasser les barrières
liées à l'origine, à la langue, à la race pour
l'intégrer. Car selon Jean-Paul Sartre dans son livre
L'Existentialisme est un humanisme :
« Pour obtenir une vérité quelconque sur le moi, il
faut que je passe par l'autre ». 14(*) Par conséquent,
« L'Autre », « l'étranger »,
« l'immigré » n'est pas un non Etre, mais un Etre
à part entière que je dois faire exister.
C'est ce qu'Aristote affirmait lorsqu'il
écrivait : « Par conséquent à la
façon dont nous regardons dans un miroir, quand nous voulons voir notre
visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en
tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir,
puisqu'un ami est un autre soi-même ».
L'étranger n'est donc plus que cet Autre que l'on ne
veut pas connaître, avec qui on ne veut pas communiquer, mais un
être à part entière et donc un sujet de droit.
Dans Etre et Temps, Martin Heiddeger, attire
notre attention sur Autrui en ces termes : « celui qui ne
soucie aucunement d'Autrui, qui pense n'en avoir nul besoin ou en est
effectivement privé... demeure dans son être sur le mode de
l'être-avec-autrui ».15(*)
Comment jugeons-nous l'Autre, l'Etranger,
l'Immigré ?
« L'étranger »,
« L'immigré », « Autrui »
étant différent de moi est donc inférieur à moi.
Dès lors, il n'a pas droit comme moi à ceci ou à cela. Sa
culture est inférieure à la mienne. Plutôt que d'apprendre
à le connaître pour mieux le comprendre et l'intégrer, je
me ferme. Je n'ose pas le regarder ou je le regarde mais comme différent
de moi.
Si je le regarde comme différent de moi, je le traite
non pas comme égal à moi, mais comme inférieur à
moi. D'où les injustices, les discriminations et même le racisme.
L'Autre, parce qu'il est différent, est mon semblable. Comme le disait
Socrate : « Ignorant ! toi qui crois que je ne suis pas
toi ». D'où cette conclusion de Marc. Blondel, dans son
livre Action - qui parle, à la page 163, des jugements
que nous portons sur Autrui : « la
sévérité de nos jugements sur les autres tient d'ordinaire
à ce que nous prenons notre idéal pour notre pratique et leur
pratique pour leur idéal ». Plutôt que de vite
juger les autres à travers les clichés, les
stéréotypes, allons vers l'Autre,
« l'étranger »,
« l'immigré » afin de mieux le connaître.
Dans ce même ordre d'idée Emmanuel Mounier, dans
son livre Le personnalisme, nous invite à aller vers
les Autres plutôt que de s'enfermer sur soi même :
« De même que le philosophe qui s'enferme d'abord dans sa
pensée ne trouvera jamais une porte vers l'être, de même
celui qui s'enferme d'abord dans le moi ne trouvera jamais le chemin vers
Autrui ».
C'est ce que J. La Croix a appelé « le
dialogue de l'âme avec elle-même et avec Autrui ».
En effet, dans son livre Le Sens du Dialogue, il
écrit : « l'âme ne peut dialoguer avec
elle-même que si elle a pu accueillir l'Autre, que si l'Autre est
déjà en elle ».16(*) Mais tout ceci passe par le langage, la
communication.
Comment traitons-nous
« Autrui », « L'Immigré »,
« L'Etranger » ?
Nous savons que la France accueille chaque année
environ 100 000 étrangers. Comment les traitons-nous ?
En Préfecture, en Mairie, dans les différents
services publics, comment recevons-nous ces étrangers qui viennent pour
des renseignements et divers services ?
Ahmed Boubeker dans son livre Familles de
l'intégration aux éditions Stock, fait un constat sur
l'obtention des titres de séjour des étrangers en
préfecture. « La question des papiers écrit-il
devient une obsession pour l'étranger. Soumis à l'arbitraire de
la bureaucratie, il doit sans cesse exhiber des preuves. Tout prouver, se
justifier ».17(*)
« L'Autre »,
« L'Etranger », « L'Immigré »
est traité comme un sans droit mais aux devoirs multiples. Devoir de
tout prouver, tout justifier. On peut donc se poser la question de savoir
quelle image l'Autre, l'Etranger, l'Immigré nous renvoie. Dans le
subconscient de beaucoup de Français,
« `L'immigré »,
« L'étranger » est un sans papier, et même un
sans papier souligne le GISTI : « n'est pas un sans
droit ». Par conséquent, la peur de l'étranger, de
l'immigré aggravée par le discours du Front National en France,
entraîne des idées reçues telles :
« Acueillir l'immigration en France, c'est accueillir toute la
misère du monde ».
Dans le livre Nouvelles citoyennetés :
réfugiés et sans papiers dans l'espace Européen,
François Héran tente de prendre le contre-pied de cette
idée en indiquant : « A l'échelle de la
planète, une personne sur quarante seulement est installée
à l'étranger, 2,5% souvent du fait d'un conflit local et de
préférence dans un pays limitrophe ».
L'étranger, même sans papiers, mérite respect et protection
du fait de la dignité inhérente à toute personne
humaine.
Comme l'écrivait le professeur Alain Le Guyader, dans
son article : « Une problématique philosophique
des Droits de l'Homme : pour introduire à la question de
l'Autre » « ... L'origine des Droits de
l'Homme fonde donc le sujet de droit et les droits auxquels il a droit en tant
qu'être humain ».
Quand on évoque « la misère du
monde », on songe à l'immigration en provenance des pays du
Sud, les plus pauvres de la planète. Mais les migrants se situent
rarement au plus bas de l'échelle sociale de leur société
d'origine, au contraire ils s'inscrivent au dessus de la moyenne comme
l'indiquent quelques rares études, notamment sur l'immigration
portugaise et espagnole.
En somme les causes de la discrimination se résument
en :
- La méconnaissance de « L'Autre »,
« L'Etranger », « L'Immigré » et
de sa culture
- Les préjugés dévalorisants, les
stéréotypes, les clichés sur Autrui aggravés
quelque fois par certains médias
- La peur de l'étranger qui a réussi, la peur de
l'inconnu qui caractérise souvent la négation de la
dignité inhérente à toute personne humaine.
La méconnaissance d'Autrui et de sa culture
Dans notre société hélas, beaucoup
d'hommes et de femmes se renferment sur eux-mêmes, n'acceptant pas
« Autrui », différent d'eux. Les discriminations
commencent lorsqu'on l'on méconnaît ou feint de
méconnaître l'autre y compris sa culture. C'est une forme
d'intolérance due à une absence d'ouverture sur tout ce qui peut
fonder la différence.
Les préjugés dévalorisants,
les stéréotypes et les clichés sur
« Autrui», « L'Etranger »,
« L'Immigré », aggravés par certains
médias
La méconnaissance d'Autrui suscite des
préjugés dévalorisants, des stéréotypes et
des clichés de toutes sortes sur l'Autre différent de nous. Il
est différent de nous, certes mais pas inférieur à nous.
Pour cela, nous devons le traiter avec humanité. Sur ce point certains
médias contribuent quelques fois à aggraver ces
préjugés.
Certains médias, surtout à l'approche des
élections en France font naître des sentiments
d'insécurité. Cette insécurité est souvent selon
ces médias, le fait des étrangers accueillis à tort ou
à raison dans notre pays. D'où souvent des reportages qui
contribuent à faire peser sur les immigrés le fardeau de
l'insécurité et aujourd'hui du terrorisme.
Le sentiment d'insécurité ressenti par les
Français à l'orée des élections en 2002 a permis la
montée de l'extrême droite, dont la philosophie est la haine de
l'étranger. Les médias français ont une part de
responsabilité dans cette représentation caricaturale de
l'immigré « poseur de bombe » ou de l'immigré
« fauteur de trouble » ou encore « trafiquant de
drogue ». Plus que jamais les médias ont un rôle
important à jouer pour que l'opinion publique se débarrasse des
jugements hâtifs et erronés sur les immigrés. Ceux qui les
côtoient dans les quartiers, les banlieues, témoignent souvent que
faute de s'attaquer aux causes du malaise social en France, on jette
très vite l'opprobre sur les immigrés qui ne sont tous ni des
saints ni des diables.
La peur de « L'Autre »,
« L'Etranger »,
« L'Immigré »
Ce sont des préjugés dévalorisants,
discriminants, et les stéréotypes qui entretiennent la peur de la
différence. Une culture qui ne se frotte pas à une autre
s'étiolle, dit-on. La peur de « L'Etranger » ne peut
plus être sour ce discriminations.
La négation de la dignité
inhérente à toute personne humaine
La dignité humaine constitue le fondement même
des droits de l'homme, nos droits à tous sans discrimination
fondée sur le sexe, la race, la nationalité, le rang social
etc...
Le concept de dignité humaine est donc le coeur de la
conception des droits de l'homme. Ainsi la dignité de chaque homme pris
dans sa singularité, est affirmée comme une sorte d'à
priori, principe absolu et irréfutable, contre lequel viennent se
heurter toutes les tentatives de domination, d'écrasement de l'homme par
l'homme, de discrimination y compris racial.
Les droits de l'homme sont également fondés sur
le principe fondamental que nous sommes solidaires et responsables les uns des
autres. Tous sans distinction de race, de couleur, formons une
communauté de vie. Déjà le fait que tout homme se
reçoit nécessairement de l'autre est assez significatif. C'est la
preuve de l'incontournable sociabilité de l'homme, car il ne peut
s'accomplir qu'en assumant la double dimension de sa personnalité qui
est à la fois intérieure et sociale. Par un jeu de
réciprocité, l'homme se construit intérieurement en
même temps qu'il reçoit de la société et qu'il
participe à l'amélioration de celle-ci. Tous les hommes
étant sujets de droit et tous peuplant le même espace au sein
duquel leur accomplissement se poursuit, chacun s'enrichit de l'apport de
l'Autre et peut puiser dans l'apport commun les moyens de poursuivre son propre
destin.
La communauté humaine n'est pas simplement une
justaposition d'individus différents mais un ensemble de personnes
libres, vivant de relations interpersonnelles et solidaires les unes des
autres. Ce n'est pas la communauté humaine en tant que simple
organisation au sens de Hobbes ou Rousseau, résultat d'un consensus ou
d'un pacte social entre les hommes qui décident de vivre ensemble. La
communauté à une nature prope qui est en corrélation avec
la nature de l'homme. L'Autre s'impose à moi et je ne peux faire
autrement que de vivre avec lui. Pour dire que l'homme n'est pas monologique et
autosuffisant. L'estime de soi appelle nécessairement la
référence non dite à l'autre qui n'est pas une
reduplication du moi, un autre moi mais véritablement un autre que moi.
Dans ce sens Paul Ricoeur écrit dans son livre Soi-même
comme un autre, « Ma thèse est que la
sollicitude ne s'ajoute pas du dehors à l'estime de soi, mais qu'elle en
déplie la dimension dialoguale jusqu'ici passée sous
silence » 18(*)
L'estime de soi et la sollicitude pour Autrui ne peuvent se
vivre et se penser l'une sans l'autre. Dans cette perspective, les droits de
l'homme n'ont de sens que dans le rapport que j'entretiens avec Autrui. Autrui
désignant en effet la personne dans sa singularité individuelle,
mais aussi le pluriel des personnes et de leurs rapports. Selon Emmanuel
Levinas, c'est Autrui qui m'assigne à la
responsabilité : « Autrui suscite la
liberté du Moi en la responsabilisant. Autrui ne limite pas la
liberté du Même. En l'appelant à la responsabilité,
il l'instaure et la justifie ».
Emmanuel Levinas, dans son livre intitulé
Totalité et Infini, Essai sur
l'extériorité, La Haye, Partisans Nijhoff 1961, page 175 :
« Sans discriminations, l'homme peut connaître avec ses
semblables non plus le vivre-ensemble, mais le « mieux-vivre-ensemble
en paix » que nous pouvons appeler en France « la
cohésion sociale »19(*)
Les conséquences de la discrimination
- L'une des premières conséquences de la
discrimination est l'exclusion, qui, elle porte atteinte à la
cohésion sociale. Or, la cohésion sociale crée des
fractures sociales et les fractures sociales entraînent souvent des
violences. A ce propos Charles Rojzman, psychothérapeute et auteur du
livre Savoir vivre ensemble écrivait :
« les petites rivières des discriminations finissent par
devenir des fleuves de sang » 20(*)
- Une autre conséquence des discriminations est le
racisme qui selon Ahmed Boubeker, « est la peur de la
ressemblance jointe à l'horreur de la
différence ». Contre le racisme, la France s'est
dotée de textes de lois impressionnants. Parmi ces textes au niveau
international, il y a :
la convention internationale pour l'élimination de
toutes les formes de discrimination en 1965
la convention pour l'élimination de toutes les formes
de discrimination à l'égard des femmes en 1979
la convention concernant la discrimination en matière
d'emploi et de profession en 1958 ?
la convention européenne de sauvegarde des droits de
l'homme et des libertés fondamentales de 1950 notamment en son article
14
la charte sociale européenne du 3 mai 1996
sans oublier les directivs comme celles de 1976, relatives
à la mise en oeuvre du principe d'égalité, de traitement
hommes femmes.
de 1996, sur la charge de la preuve dans la discrimination en
raison du sexe.
deux autres en 2000 dont une sur la mise en oeuvre de
l'égalité de traitement entre personnes sans distinction de race
et d'origine ethnique, l'autre créant un programme d'actions
communautaires de lutte contre les discriminations.
Les discriminations ont aussi pour conséquence à
l'égard de ceux qui en sont victimes, le repli sur soi qui provoque le
communautarisme et une forme de racisme de la part des victimes vis à
vis de ceux qui discriminent.
Ce qui porte atteinte au
« vivre-ensemble » qui suppose l'acceptation de l'Autre, en
tant qu'Etre humain comme soi-même. Celui qui subit la discrimination se
sent rejeté de la société qui est censée
l'intégrer et se réfugie dans sa propre communauté pour
développer une haine vis à vis de ceux qui discriminent et de la
société qui tolère ces discriminations. Les violences dans
nos quartiers, nos villes ne viendraient-elles pas de ces pratiques qui
contribuent à casser l'image de cette France indivisible et respectueuse
du droit des minorités ?
Analysant les causes de la violence lors des Assises de
l'intégration en 2000, l'ancien Ministre délégué
à la Ville du Gouvernement de Lionel Jospin, Claude Bartolone,
Député Socialiste de Seine St Denis, disait : "La violence a
des causes multiples, mais une principale : le sentiment d'injustice".
Les racistes et ceux qui discriminent n'ont pas conscience que
la France est forte en raison de sa diversité culturelle et ethnique.
Les discriminations contribuent à creuser davantage la fracture sociale
en divisant la France en deux classes : celle d'en haut et celle d'en bas,
celle des privilégiés et celle qui assujettie aux multiples
devoirs, sans droit.
Alors que la République Française d'après
la constitution en vigueur de 1958 qui consacre la Vème
République affirme que la France est dans notre pays est :
Indivisible
Démocratique
Sociale
et laïque
L'image d'une France plurielle est possible. L'exemple le plus
saisissant dans le domaine est le football, avec les bleus qui composent
l'équipe de France. A travers la composition de l'équipe de
France, c'est la diversité culturelle, raciale de cette France
multicolore, multiethnique, qui est affirmée. La France est offerte,
lorsque se rassemble autour de toutes ces minorités qui la composent. Le
sport montre bien cette diversité, reste maintenant que d'autres
domaines comme la culture, la politique, les médias suivant et les
discriminations pourront disparaître. A ce sujet, Dominique Schanapper,
dans son livre : La France de l'intégration,
recommande aux autorités de mettre fin aux discriminations en
intégrant les populations d'origine étrangère :
« Il faut miser sur l'intégration des populations
d'origines étrangère, car ce n'est pas l'intégration des
étrangers qui pose problème c'est l'intégration tout
court ». 21(*)
II.3 - POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LES
DISCRIMINATIONS MIS EN oeUVRE PAR LA VILLE D'EVRY
Pour combattre les discriminations, la Ville d'Evry a mis en
place une méthode fondée sur l'observation, l'analyse et
l'action.
Les discriminations ont fait l'objet d'un colloque
organisé en 2003 par la ville sous le thème
"l'accès à l'emploi des jeunes diplômés
issus de l'immigration, Réussites et obstacles"
Tout est donc parti de l'observation de ce
phénomène par les Elus, les techniciens municipaux et les membres
des Associations. La deuxième étape a été l'analyse
des causes de ces discriminations et la dernière étape
était celle de l'action. Parmi les actions, on peut noter la signature
d'une charte de lutte contre les discriminations dans l'accès à
l'emploi des habitants des quartiers prioritaires de Corbeil-Essonnes et de la
Communauté d'Agglomération d'Evry Centre Essonnes.
Mise en place d'une délégation de lutte contre
les discriminations et l'intégration des Immigrés, dirigé
par un élu d'origine étrangère.
Mise en place d'un service de lutte contre les
discriminations et l'intégration des Immigrés. Véritable
observatoire, ce service a mis en place des formations à la
diversité culturelle à l'endroit des élus, du personnel
municipal et des associations.
Missions du Service Intégration et lutte
contre les discriminations
Ce service dirigé par Mme Maryse Fontaine a pour
missions essentielles, la mise en oeuvre d'actions liées en direction
des populations issues de l'immigration. Parmi ces actions, on note
l'apprentissage linguistique à travers les cours
d'alphabétisation, la formation des acteurs de la ville à
l'interculturel.
Le récent colloque organisé par ce service avait
pour but d'aider la Ville d'Evry à élaborer des politiques
contractuelles liées à la lutte contre les discriminations. Evry,
ville multicolore, multiethnique a fait de la lutte contre les discriminations
et l'intégration des étrangers un des enjeux majeurs de la
politique de la ville. C'est un véritable laboratoire d'analyse de
politique en matière de lutte contre les discriminations, mais aussi un
observatoire qui veille au respect et à l'écoute des
minorités. Comme l'écrivait le Député-Maire d'Evry
M. Manuel Valls :"La parole et l'écoute sont aussi propices à
la tolérance, à l'acceptation de l'autre..."
Rôles des élus dans la lutte contre
les discriminations
La Ville d'Evry s'est dotée d'une
délégation chargée de la lutte contre les discriminations
et l'intégration des immigrés. Cette délégation,
selon M. Saliou Diallo, élu en charge de ces questions, lui-même
originaire d'Afrique Subsaharienne, veut se battre pour l'égalité
des «Evryeen»s quelque soit leurs nationalités, leurs races,
leurs origines devant le service public. Il s'appuie pour cela, sur l'un des
rapports de la Mairie d'Evry (MOUSS2004) du 19 avril 2005, page 17 :"La
ville est synonyme de libertés individuelles, de progrès sociaux
et de créativité culturelle, elle est en même temps un lieu
de fortes ségrégations, de marginalisation et d'exclusion. La
ville est ainsi liée aux droits de la personne humaine...".
Fort de ce constat, les élus, les services municipaux
poursuit le rapport, se sont engagés :"... à défendre
les droits de citadins, les développer, et à appuyer ceux qui
s'efforcent tous les jours à reconstruire le lien social, et du bien
vivre dans la ville. La ville s'est en outre engagée à valoriser
toutes les intelligences, les savoirs, les cultures qui font la richesse de la
ville pour les mettre au service de la transformation sociale..."
A travers une telle politique de la ville, Evry a pris
conscience de sa richesse qui est la diversité culturelle, qui fait son
charme et sa singularité. Le but des Elus est d'offrir à tous les
citadins, une ville d'Evry au service de tous ses habitants. Evry comme le
disait un de ses habitants "est une ville hybride, où les
élus, les services municipaux ne considèrent plus la couleur de
peau, l'origine des citadins comme handicap pour rendre service aux
usagers. Pour rien au monde, je ne quitterai cette ville, car je ne
trouverai pas cet esprit ailleurs..."
Il faut aussi noter l'implication des élus dans la vie
des conseils de quartier qui sont des lieux où la démocratie
participative et le mieux-vivre-ensemble en paix s'expérimentent au
quotidien. M. Salou Diallo, Maire adjoint en charge de la lutte contre les
discriminations et l'intégration est aussi délégué
du Conseil de quartier des Pyramides à Evry. Pour lui
« ... La Démocratie participative est un formidable outil
d'éveil de conscience pour les Evryéens et un apprentissage de la
citoyenneté à la base... »
Action de la Société civile à
travers les associations de la ville.
Depuis 1981, on n'a pas besoin d'être Français
pour créer une association et y exercer des responsabilités. Fort
de cette mesure beaucoup d'«Evryeen»s issus d'Afrique Subsaharienne
ont crée des associations. Parmi elles, beaucoup sur le terrain luttent
contre les discriminations par la promotion de l'intégration des
immigrés.
C'est le cas de DIASFRICA de M. Papa Abdou, le collectif des
parents du 91 de M. Balde Aliou, l'Association pour l'intégration des
congolais de l'Essonne en France (AICEF) qui selon son président M.
Tongi Bavueza a organisé dernièrement un colloque sur les
retraites des travailleurs, issus de l'immigration. Ce colloque a
été animé par des spécialistes, des sociologues et
Mme Nicole Verchère en charge des retraites au Laboratoire de
l'Equipement à Melun. Les associations de la Ville d'Evry et les
conseils de quartier travaillent en parfaite harmonie pour asseoir la
démocratie participative et l'intégration des Evryens.
" Nous travaillons en étroite collaboration avec
les associations répertoriées dans la ville, c'est
agréable dans le cadre de la politique de la ville",
reconnaît Mme Fabienne Colombel, secrétaire au service de la
Démocratie participative à la Mairie d'Evry.
II.4 - ANALYSE DU MODÈLE «EVRYEEN»
DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
Cohérence entre Politique de la Ville et
Pratique citoyenne des élus et des agents municipaux,
La politique de la ville mise en oeuvre par Evry en tant que
ville "multicolore et multiethnique" est une politique à visage humain
qui met l'homme et tout homme au coeur de l'action municipale. C'est donc une
politique conçue par les hommes (élus, agents municipaux,
citoyens) pour les hommes qui y vivent. D'ailleurs dans la convention du
contrat de ville intercommunal 2000/2006, l'accent est mis sur "l'organisation
des territoires de la ville sur les caractéristiques sociales,
économiques et urbaines". C'est ainsi que les quartiers des Pyramides,
du Bois sauvage, des Aunettes et du Parc aux Lièvres d'une part ;
des Epinettes et du Champtier du Coq, d'autre part, relèvent des
différents dispositifs de la politique de la ville souligne la
Convention. Le but étant d'organiser les services à la population
au plus près des usagers.
A cet effet, une équipe de médiateurs,
dépositaires d'une culture commune facilite dans les quartiers d'Evry
l'articulation "Habitants-Elus-Techniciens". Cette articulation indique la
convention "focalise ses actions sur les habitants qui restent les
interlocuteurs privilégiés et les bénéficiaires de
la politique de la ville".
Cette équipe veille également à la
constitution du lien social, à la lutte contre les exclusions, à
la consolidation de la citoyenneté, à la participation et
à la concertation avec :
les Elus qui après avoir écouté les
désirs des Evryéens, remontés par les médiateurs,
se doivent de proposer des solutions.
les techniciens (agents municipaux), sont chargés de
traduire et d'exécuter les orientations politiques
Une politique respectueuse des droits des citoyens
sans aucune discrimination.
Lorsqu'on interroge les Evryéens, tous ou presque
reconnaissent que la ville Evry se caractérise par le respect des
minorités qui y vivent. Ce qui lui confère le statut de ville
respectueuse des droits des citoyens sans discrimination. On le voit à
travers la composition de son équipe municipale qui tient compte de
toutes les origines et aussi par la diversité culturelle de ses agents
et techniciens dévoués au service de la ville.
Evry, ville multicolore, multiethnique fait des
efforts dans la lutte contre les discriminations, mais beaucoup reste encore
à faire.
Une politique de la ville est une oeuvre humaine, or aucune
oeuvre humaine n'est parfaite. Il y a des actes de discriminations sur la Ville
d'Evry malgré la volonté des Elus. C'est pourquoi beaucoup reste
à faire dans ce domaine pour mettre fin à ces pratiques qui
déshumanisent l'homme. La chance d'Evry est la prise de conscience de ce
phénomène et la volonté politique pour les Elus et les
différents services d'y mettre fin.
Parmi les efforts qu'Evry devra consentir, il y a :
le respect de la charte de lutte contre les discriminations
signée par le Préfet, le Président du Conseil
Général, le Maire et tous les autres acteurs politiques.
Cette charte n'est malheureusement pas assortie de sanctions.
Ce qui lui donne un caractère plutôt déclaratoire, solennel
qui relève de bonnes intentions politiques.
l'élargissement de la signature de cette charte par
les principaux responsables des entreprises présentes à Evry. Ce
qui marquera leur engagement et leur implication dans les recrutements des
jeunes gens, victimes de la discrimination
Pour y parvenir, les simples intentions ne suffisent plus. Il
faut une politique volontariste de tous les signataires et acteurs de la ville
à traduire dans les faits le contenu de cette belle charte.
Ce que Evry devra faire :
Elaborer une charte de la diversité destinée aux
entreprises oeuvrant à Evry
Organiser un colloque qui réunira les recruteurs et les
jeunes diplômés issus de l'immigration
Créer un service d'accompagnement de ces jeunes aux
techniques de recherche d'emploi, au coaching
Mettre sur pied un dispositif de lutte contre
l'impunité en matière de discrimination
Créer un espace d'écoute des personnes
discriminées à Evry
Organiser des journées sur la diversité
culturelle à l'égard des chefs d'entreprises, des principaux
collèges et enseignants.
II.5 - LA DISCRIMINATION MÊME POSITIVE EST
TOUJOURS UNE DISCRIMINATION ET DOIT PAR CONSÉQUENT ÊTRE COMBATTUE
COMME TEL.
Développée aux USA, la discrimination positive
consiste à accorder des crédits dans les zones
défavorisées en matière d'éducation par exemple
(cas des ZEP) et à instaurer les politiques des quotas.
Cette forme de discrimination n'est ni plus, ni moins
fondée sur d'autres types de discriminations qui elles, sont tout aussi
sources de souffrances, que de malheurs. Instaurer des quotas dans le cadre de
la discrimination positive, revient à creuser davantage de
discriminations, qui cette fois touchent la majorité des
immigrés. Pour combattre les discriminations, il faut promouvoir
l'égalité des chances et pour y arriver il faut s'appuyer sur la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, notamment son
article 2 qui interdit les discriminations. Le danger de la politique des
quotas, c'est le choix sur des bases subjectives. Ce qui n'est pas sans
entraîner d'autres formes de discriminations, sources de frustrations de
la part de ceux qui subissent de nouveau des discriminations. Discriminer
même positivement, c'est toujours discriminer. C'est presque un
euphémisme pour apporter une réponse à la discrimination.
L'égalité des chances demeure la seule réponse pour
combattre les discriminations.
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
s'oppose à toute forme de discrimination même positive en mettant
l'homme au centre des droits inhérents à sa personne. Il faut
donc donner à tout être humain, les mêmes chances de
réussite, les mêmes chances d'accession à un emploi,
à un logement. S'y opposer, c'est briser le pacte social Français
et mettre des milliers d'étrangers qui auraient pu saisir les chances
que leur donne la République au bord de la société.
Il convient de noter qu'à l'orée des
élections en France la question de la discrimination positive occupe une
place de choix dans les débats au sein des partis politiques
français. Voici ce que les socialistes écrivent dans une
contribution intitulée : Lutte contre les
discriminations : Pour un PS à la tête du
combat ! Cahier A sur les textes du prochain congrès
du Mans des 18, 19 et 20 novembre 2005. Les socialistes se livrent à une
véritable analyse des causes profondes de discrimination en
France :
« Alors que la droite tente de s'approprier la
question de la lutte contre les discriminations et celle de
l'égalité des chances, en tant que pôle majeur de sa
réflexion pour les années à venir, la gauche et notamment
le Parti socialiste peine à se faire entendre sur ces
problématiques.
Pourtant, au-delà de ses effets d'annonce, de son
discours démagogique sur la « discrimination
positive » ou encore des nominations très ponctuelles de
ministres issus de l'immigration, la droite n'offre aucune perspective :
el Parti Socialiste demeure le mieux qualifié pour répondre aux
attentes des Français dans ce domaine. La société que nous
voulons pour demain, est une société qui permet
l'égalité de tous les citoyens indépendamment de leur
origine sociale, géographique, et de leurs convictions religieuses,
etc.
Le Parti Socialiste puise son essence dans des valeurs
profondément humanistes empreintes d'universalité. Une autre voie
est donc possible à condition que tous, élus et militants,
oeuvrent dans le même sens.
C'est pourquoi, il convient d'apporter au
préalable trois précisions :
Le terme «intégration » ne suffit
plus à rendre compte de la réalité de la
problématique en cause et ce, pour deux raisons : d'une part, les
jeunes issus de l'immigration n'ont plus à s'intégrer puisqu'ils
sont français et jouissent d'une citoyenneté pleine et
entière. D'autre part, ce terme occulte la dimension bilatérale
de l'acceptation de l'autre. Tous les acteurs ont en effet un rôle actif
à jouer en reconnaissant que notre société est d'abord
diverse.
Cette dimension plurielle s'est construite au cours des
siècles, et notamment lors de sa phase coloniale, époque qui doit
être acceptée en tant que telle pour construire une histoire
commune. Le Parti Socialiste doit dénoncer clairement toute initiative
qui aboutirait à un grand bond en arrière, comme c'est le cas
avec la loi du 25 février 2005 qui impose l'enseignement du rôle
positif de la colonisation.
La bataille contre les discriminations, la victoire de
l'égalité réelle ne pourrojt se gagner qu'avec une
approche globale, c'est-à-dire un faisceau de réponses (sociale,
sociétale, juridique, politique mais aussi culturelle et
éducative) dans le cadre d'un dispositif volontariste.
I - Une responsabilité primordiale du Parti
Socialiste
Force est de constater que les différents
dispositifs mis en place au cours des trente dernières demeurent
inopérants et inéfficients. En témoignent, les sentiments
d'injustice et de frustrations encore présents chez une large frange de
nos concitoyens. A l'inverse des résultats escomptés, les
pratiques discriminatoires sont incrustées dans l'accès à
l'emploi, au logement, à la connaissance, aux loisirs et aux
médias, etc... Cette dérive n'est pas acceptable !
Les causes de cet échec sont multiples. Mais
à défaut d'être accompagné sur le plan politique,
tout élan est voué à l'échec.
En effet, quel crédit accorder à n'importe
quel dispositif de lutte contre les discriminations si rien n'est fait au coeur
des formations politiques pour rétablir l'égalité
réelle déjà dans leurs propres rangs ?
Le message est simple : Le Parti Socialiste doit
d'abord être représentatif de la population française dans
toute sa diversité. François Hollande, l'a lui-même
affirmé avec force dans son discours de clôture de
l'université d'été du Parti Socialiste à la
Rochelle en 2004 :
« Le Parti Socialiste veillera, pour la
désignation des candidats aux prochaines élections
législatives, à la diversité des couleurs et des origines,
à l'image de la réalité
française ».
Discours dont l'action politique s'est traduite, en
partie, lors des élections régionales et européennes de
2004.
Aujourd'hui, toutes les forces doivent se rassembler pour
en finir avec cette véritable fracture entre la base et le sommet qui se
ressent au sein même du Parti. Nos concitoyens d'origine immigrée
ne voteront plus naturellement à gauche par fidélité au
Parti socialiste.
Leurs voix se porteront à gauche si et seulement si
le Partti socialiste se montre capable de proposer un projet dans lequel chacun
pourra se retrouver, se reconnaître, s'identifier. Pour ce faire, il
faudra d'abord faire preuve de réalisme, accepter la
société telle qu'elle est, riche de sa diversité et
apprendre à la sublimer.
La présente contribution a pour objectif de se
dresser contre toute régréssion, contre toute résignation
face à une société fragmentée, en donnant une
nouvelle impulsion à la lutte contre les discriminations.
Elle a également pour vocation d'interpeller nos
responsables contre les dangers du repli communautaire qui ne deviendra pas une
fatalité si une volonté politique forte s'éveille pour
rétablir l'égalité réelle de tous, entre tous, pour
tous.
Le Parti Socialiste, parti de progrès, se doit
d'être à l'avant-garde de la lutte contre les discriminations et
pour l'égalité des chances. Il doit inscrire cet enjeu majeur de
notre siècle comme l'une des priorités de sa politique.
II - La crise de la représentation :
en quête d'une nouvelle représentativité
A de rares exceptions près, les Français
d'origine immigrée et des DOM-TOM ne sont pas investis en position
éligible lors des consultations électorales. Cette situation ne
peut que renforcer le sentiment d'exclusion et le
désintérêt de ces citoyens pour le Parti.
Ce déficit de représentativité est
prégnant aussi bien au sein des instances des partis politiques qu'au
travers des élections.
A) Dans les instances des partis
A titre d'exemple, la proportion des Français
d'origine immigrée et des DOM-TOM au sein des instances dirigeantes des
partis politiques est insignifiante. Elle représente à peine plus
de 2%, tous partis confondus. Alors qu'ils s'engagent en politique et militent
avec ferveur, leur présence importante à la base s'étiole
au fur et à mesure que le sommet est proche.
Pourquoi donc sont-ils si rarement nommés à
des postes de responsabilité ? Pourquoi sont-ils plus souvent
confinés dans des responsabilités qui tournent autour des
questions relatives à l'intégration, la citoyenneté, ou
encore à l'immigration ?
Autre conséquence perverse de cette
stratégie : en procédant de la sorte, on accorde une sorte
de monopole sur des questions cruciales de société à des
responsables qui « ferment le jeu » au détriment du
débat d'idées.
B - A quand les élus aux couleurs de la
France !
A l'approche des élections, on insiste toujours
à la même bataille. Nul besoin de pronostic, le résultat
est connu d'avance : absents des instances de leurs formations politiques,
les militants d'origine immigrée sont, par conséquent
privés de mandats électoraux
Des promesses de partis politiques restées lettres
mortes, le constat est éloquent : Les élus de la
République sont loin de correspondre à la diversité de la
Société Française.
Laissons parler les chiffres ! Ceux des
élections de l'année 2004 sont à cet égard,
particulièrement significatifs.
Les élections sénatoriales : Sur les 71
sénateurs élus en septembre 2004, seules 2 sénatrices sont
issues de l'immigration. Au total sur 371 sénateurs qui siègent
ay Palais du Luxembourg, on ne retrouve que deux élues, soit 0,54 %
(0,27% pour le PS).
Les élections européennes : Sur 75
députés français élus en juin 2004 au parlement
européen, 3 sont issus de l'immigration et des DOM-TOM soit 4 % (2,7 %
pour le PS).
Les élections cantonales : Sur 1939
conseillers généraux élus en mai 2004, 3 seulement sont
issus de l'immigration, soit 0,15% (0,50% pour le PS).
Les élections régionales : Sur 1719
conseillers régionaux élus en mai 2004, 44 sont issus de
l'immigration et des DOM-TOM, soit 2,56 %. Les 23 élus du PS
représentent seulement 1,33 % de l'ensemble.
Comment expliquer ces résultats médiocres,
lorsqu'on sait qu'il existe, depuis plus de quarante ans maintenant, de
nombreux militants issus de l'immigration et des DOM-TOM dont l'engagement et
la compétence auraient dû les mener depuis longtemps aux
responsabilités ? Prétexter d'un supposé
déficit de formation politique relèverait de la mauvaise
foi.
Cette situation révèle un grave
disfonctionnement au sein des partis politiques. Elle a des
répercussions néfastes sur toute la société
française en terme de cohésion nationale.
C - Quelles perspectives ?
Contraitement aux remèdes factices de la droite, la
solution ne réside en rien en une déclinatison de la
« discrimination positive » dans le domaine politique, ni
même dans un quelconque système de quotas.
Néanmoins, dans l'immédiat, il est
nécessaire de corriger les inégalités existantes pour
tendre vers un équilibre aussi bien au niveau des instances dirigeantes,
que dans le choix des candidatures en prévision des prochaines
échéances électorales.
Soyons clairs : l'accès aux instances du parti
et aux mandats électoraux doit se faire essentiellement en fonction de
la compétence et des mérites de chacun. Encore faut-il s'assurer
que certains, en raison de leurs origines ne courent pas avec des
« semelles de plomb » !
Mais ce phénomène qui touche si fortement
les partis politiques est tout aussi perceptible au niveau global de la
société française. Notre parti doit aussi travailler sur
ce vaste terrain. En commençant par remédier à la crise de
représentativité, on pose les fondations solides pour s'attaquer
aux autres discriminations qui gangrènent la société
française et la tirent vers le bas.
III - Citoyens à part entière ou citoyens
à part ?
A - Etat des lieux
En France, le phénomène le plus
récurent est sans conteste celui des discriminations. Il touche de
nombreux pans de la société. Pour leur part, les Français
issus de l'immigration subissent les mêmes discriminations que les
populations immigrées dont ils sont issus.
De ce fait, ils rencontrent de grandes difficultés
lorsqu'il s'agit de trouver un emploi, un logement ou tout simplement de se
distraire. La banalisation des discriminations est insoutenable.
Ce phénomène met en péril la
cohésion nationale, tant il génère des clivages profonds
entre les différentes catégories sociales qui forment la
société française. Il n'est pas le fait de la seule
extrême droite qui fait de l'étranger le bouc émissaire,
surtout s'il est d'origine immigrée, noir, asiatique, arabe ou
musulman...
La xénophobie en France aujourd'hui s'alimente des
lois répressives sur les étrangers qui, on ne saurait l'oublier,
sont des lois de la République française. L'amalgame sciemment
entretenu entre sans-papiers, immigrés, banlieue et délinquance,
antisémitisme et Français issus de l'immigration n'arrange
guère les choses.
La crise économique d'une part, la crise
d'identité d'autre part, nourrissent les revendications de
prééminence que les Français dits « de
souche » prétendent avoir sur les Français
naturalisés et les immigrés, d'où la
référence - avouée ou non - au thème de la
« préférence nationale », avec son contenu
xénophobe, voire raciste, dans les discours politiques mais aussi dans
la pratique. Les mesures prises par les pouvoirs publics - notamment par le
renforcement de la législation antiraciste -, les appels des
associations concernées en faveur de plus de tolérance et plus de
respect de la dignité d'autrui et les plans d'intégration
suggérés par les différentes politiques de la ville n'ont
pas réussi à enrayer ce phénomène.
De ce fait, les Français issus de l'immmigration
ont du mal à trouver leurs marques alors qu'ils sont citoyens à
part entière.
B - En finir avec les discriminations
Après l'échec des différentes
politiques d'intégration, il est du devoir du Parti Socialiste de
reconsidérer cette problématique.
Nous ne pouvons nous réfugier dans l'immobilisme ou
dans une espèce d'attentisme pire que le suivisme. L'absence de
positionnement est dangeureuse au moment où le racisme et la
xénophobie gagent du terrain.
La re-qualification du problème en terme de
discrimination plutôt qu'en termes d'intégration nous engage
à redéfinir les dispositifs d'action, mais également
à construire les catégories de personnes auxquelles ils
s'adressent, c'est-à-dire à identifier et nommer les
« sujets » des discriminations.
C - Mettre en oeuvre une politique
volontariste :
Afin de lutter efficacement contre les discriminations, il
est impératif de mettre en oeuvre une politique plus
volontariste.
1 -Dans le domaine de l'emploi
- Le Parti socialiste ne pourra pas faire l'impasse d'un
dispositif d'encouragement pour les entreprises qui s'impliqueraient dans la
lutte contre la discrimination. Il serait utile de prévoir la mise en
place d'un label spécifique délivré uniquement à
celles dont le bilan social atteste d'actions effectives contre la
discrimination.
- Il conviendra également de subordonner l'octroi
des subventions à une politique de recrutement axée aussi sur la
lutte contre les discriminations.
- Il faudra envisager, par ailleurs, de renforcer les
sanctions à l'encontre de celles qui enfreignent la loi en
matière de lutte contre les discriminations et de s'assurer de
l'exécution effective de celles-ci.
2 - Dans le domaine du logement
Le Parti socialiste doit être porteur d'un
véritable programme d'aménagement avec notamment le
développement du parc locatif, sans sytématiquement construire
les logements sociaux en périphéries des villes et en rendant
effective la mixité raciale. Cette politique devra être
obligatoirement menée au sein des collectivités locales notamment
par les services en charge du parc locatif, les socialistes se doivent de
donner l'exemple.
- il faudra intervenir en amont du traitement des dossiers
d'attribution de logements sociaux afin de prévenir toute
discrimination
- Le Parti devra promouvoir un traitement
indifférencié des dossiers, notamment par la suppression de la
possibilité d'identification de l'origine géographique des
demandeurs conformément aux directives de la CNIL.
- Afin d'éviter que celle-ci soit
déterminée à partir des noms et prénoms, il faudra
attribuer un numéro de dossier en lieu et place des données
nominatives et parachever ainsi l'anonymisation des dossiers, pour limiter au
maximum toute velléité de discrimination.
- En matière de recours, les possibilités
qui s'offrent aux demandeurs sont bien limitées. Actuellement, des
commissions de médiation existent conformément à la loi
sur les exclusions mais leurs prérogatives se bornent à la
possibilité de statuer sur les délais anormalement longs.
Cela n'est pas suffisant. Il faudrait que les commissions
puissent être investies de compétences élargies, notamment
en matière de contrôle sur le plan des pratiques discriminatoires,
et bien sûr de disposer d'un pouvoir de coercition.
Parmi les moyens de recours, les socialistes devraient
proposer la création d'un corps « d'inspecteurs du
logement » sur le modèle de l'inspection du travail ayant pour
rôle de vérifier l'application des lois en vigueur.
IV - La situation des étrangers en France
A - Le vote des étrangers
En France, peu de place est faite aux étrangers
dans la vie de la cité. Certes, on peut citer quelques villes, à
l'exemple de Grenoble et Lille, qui ont des conseils municipaux associés
où siègent les étrangers de la commune.
Néanmoins, la loi d'orientation du 06
février 1992 limite aux seuls électeurs - et non aux habitants -
la participation aux consultations d'intérêt local que peuvent
organiser les maires dans leur commune.
Reconnaître ce droit de vote est utile à la
lutte contre le racisme. Des pays européens l'ont déjà
accordé. On constate dans ces pays que cela encourage la demande de
naturalisation. Par ailleurs, la citoyenneté accordée aux parents
accélère celle de leurs enfants. En ce sens, il est facteur
d'intégration.
Ceux qui jugent qu'il ne faut pas séparer la
nationalité de la citoyenneté et refusent l'octroi de vote aux
étrangers non communautaires doivent expliquer pourquoi ils acceptent
cette dissociation pour les Européens.
Afin de permettre une meilleure intégration des
étrangers vivant sur notre sol, le Parti Socialiste doit oeuvrer pour
que ces derniers obtiennent le droit de vote au moins aux élections
locales. Rappelons que cette mesure a été proposée par le
candidat Mitterrand en 1981, mais n'a jamais été mise en
oeuvre !
Il a été également proposé en
1989, que le droit de vote aux élections territoriales doit être
accordé aux étrangers de manière graduée, en
fonction de la durée cumulée de leur séjour
régulier sur le territoire : six ans pour les élections
municipales, dix-huit pour les élections régionales. S'agissant
des élections nationales et européennes, la dernière
graduation des vingt-quatre ans de séjour devrait se confondre avec
l'acquisition de la nationalité française sur simple
déclaration.
V - Propositions
Aujourd'hui, il y va de la responsabilité des
dirigeants du Parti socialiste de trancher sur les questions exposées
dans la présente contribution.
Afin d'éviter que, par dépit, certains de
nos concitoyens ne soient tentés par le repli communautaire, avec tous
les dangers que cela suppose pour la cohésion nationale, il est urgent
de mettre un terme aux inégalités flagrantes dont ils
souffrent.
La vocation naturelle du Parti socialiste est de
réformer les institutions et veiller à ce que tous y aient un
égal accès.
Sans avoir la prétention d'être exhaustifs,
nous résumons les propositions contenues dans notre contribution. Elles
correspondent aux aspirations profondes d'une partie des Français.
Espérons qu'elles soient retenues par ce congrès. En voici les
grandes lignes :
1- Avant tout, il convient
d'organiser :
Une convention chargée de la lutte contre toutes
les discriminations
2 - En ce qui concerne les militants socialistes
d'origine immigrée, les nouvelles instances du Parti socialiste
devront :
- Compter des Français et des Français
d'origine immigrée et des DOM-TOM à tous les niveaux de
responsabilités ;
- Garantir leur représentation dans les instances
nationales et locales élues, en réservant des positions
éligibles lors des scrutins de listes et des scrutins
uninominaux :
- Mettre en place un comité national placé
sous l'autorité directe du Premier Secrétaire, chargé de
veiller au respect des engagements pris fédération par
fédération dans la transparence la plus absolue.
-Mener, avec le Premier Secrétaire et les
fédérations une action pédagogique de long terme envers
tous les militants pour leur faire prendre conscience des enjeux.
3 - Le Parti socialiste devra multiplier les
initiatives pour encourager l'acquisition de la nationalité
française :
accorder le droit de vote aux étragers non
communautaire, en fonction de la durée de leur séjour en France,
est l'une des pistes pour favoriser leur intégration totale et, à
terme, leur accès à la nationalité
française.
Réaffirmer notre attachement au droit du sol, qui
fait que chaque enfant né en France est automatiquement français,
sauf s'il manifeste la volonté contraire à sa
majorité.
Alléger les procédures de naturalisation
pour les personnes présentes de longue date sur notre
territoire.
Nous pensons que les discriminations positives vont creuser
demain davantage de discrimination. Le point de vue est largement
partagé par les socialistes qui eux estiment dans cette contribution
intitulée : Citoyenneté, discriminations :
imaginer la République de demain - paru au cahier A -
Congrès du Mans des 18, 19 et 20 novembre 2005.
I - Une République menacée par la
désintégration sociale, identitaire et
démocratique
La Gauche et l'intégration : remords et
occasions manquées
La gauche n'est pas à l'aise pour lier
égalité, différence et identité. Le triptyque
« liberté, égalité,
fraternité » s'est construit sur une conception uniformisante
de la citoyenneté et de l'égalité,
complétées par l'importance donnée à juste titre
aux classes sociales. D'autres éléments comme la culture,
l'origine ou la différence sexuelle n'ont été pris en
compte que récemment.
Un tiers des Français a un ancêtre
étranger. Cette caractéristique n'a pas été
traduite dans la symbolique politique. C'est un refoulement. La part de
l'étranger qui est en chacun d'entre nous n'a pas eu d'existence
publique, reconnue ; c'est encore plus fort pour les Français des
anciennes colonies françaises ou d'Algérie. Les étrangers
devaient assumer la responsabilité d'une assimilation. A eux d'oublier
leur langue, leurs origines, leur culture pour devenir français.
L'histoire vécue par des millions de citoyens français vient
directement contredire le mythe de l'égalité entre tous les
citoyens français. Car parmi ces citoyens, il y a ceux dont les parents
votaient et ceux dont les parents ne votaient pas, ne votent toujours
pas.
Cette histoire concerne la droite comme la gauche. Les
signes que la gauche éprouve un malaise particulier sont pourtant
flagrants ; elle promet mais ne réalise pas, finit par concentrer
les rancoeurs et décourager ceux qui croyaient en elle.
Le malaise tient d'abord aux difficultés à
articuler classes sociales, cultures et identités. L'angoisse de mettre
en danger la République surgit vite. Ne va-t-on pas en reconnaissant
l'importance de certaines cultures, en faisant droit à certaines
minorités diviser l'égalité ?
Ainsi, lorsque l'intégration est débattue
pendant la décennie 1980, la prise de conscience que tout ne vas pas de
soi dans les processus d'intégration des étrangers et ce qui
permet de « faire société » en France marque
une étape.
Mais l'explication privilégiée sera le
chômage, élément fondamental mais qu'il aurait fallu
compléter (questionnements identitaires et religieux,
déstructuration familiale, rôle de l'école). La
création de la politique de la ville se fondera sur un mélange de
politiques d'emploi, d'éducation et de logement et une forme de
discrimination positive territoriale, sans faire vraiment le lien entre le
destin des individus et l'aménagement des territoires.
Il y aura aussi des occasions manquées. Les
revendications de citoyenneté et de reconnaissance des individus n'ont
pas trouvé une vraie place dans le champ politique. A la demande de
dignité et de droits portée par la marche de
l'égalité, on répond par l'antiracisme et la
création de SOS racisme. Celle-ci a permis de donner à la lutte
contre le racisme une nouvelle importance aux yeux des Français. Mais
cette initiative a aussi détourné l'attention du champ politique
vers le champ associatif. La fondation du Haut Conseil à
l'Intégration en 1989, n'ouvrira pas vraiment ces débats. La
période 1997-2002 n'a pas permis de trouver un second souffle. Les
promesses ont continué de ne pas être tenues (pas de droit de
vote, pas d'abolition de la double peine). Il y a eu des avancées sous
la pression souvent de l'Europe et du milieu associatif, sans assumer les
symboles. La création du groupe d'études et de lutte contre les
discriminations (GELD), la substitution dans les discours politiques du terme
lutte contre les discriminations à celui d'intégration ont permis
au thème des discriminations de trouver un écho après des
décennies de déni. Mais, ni le numéro vert 114, ni les
commissions d'accès à la citoyenneté (CODAC) n'ont
structuré une véritable action publique.
Le paradoxe est que nombre de projet ambitieux et ayant
une portée symbolique laissés à l'état
d'ébauche par la gauche seront repris par la droite : Haute
autorité de lutte contre les discriminations, musée de
l'immigration, nomination de Français d'origine étrangère
à des postes ministériels ou de responsabilité dans
l'Etat, négociations sur la représentation de la diversité
dans les entreprises et les médias.
Le Pen ou le cauchemer de la
désintégration : rien ne sera plus comme avant le 21 avril
2002
Le 21 avril 2002 les 19 % du candidat de l'extrême
droite ont humilié l'ensemble des partis démocratiques. Depuis,
la place occupée par les questions d'intégration, de
citoyenneté et de lutte contre les discriminations a changé.
Traités dans un régistre social et, et sans grande
publicité, ces sujets ont brutalement acquis une dimension politique et
révélé les liens entre les dimensions de la crise
française : démocratique, identitaire et sociale.
Le Pen était en soi une image de la
désintégration. Cet événement a fait prendre
conscience à chacun du lien entre l'intégration,
égalité et respect des différences. Mais l'usage du terme
intégration se fait sans qu'un sens commun ait été
défini. Il renvoie à ce que nous avons peur de perdre : une
société où il y aurait une égalité des
droits et des chances pour tous, une société de respect et de
dignité où les valeurs communes se concilient aux
différences d'aspirations et d'identités.
Les différents débats donnent lieu à
un tourbillon symbolique où les valeurs de la République sont
souvent ébranlées. Avenir de l'école, de la
démocratie, de l'emploi ou de l'immigration, le terme intégration
est employé à gogo, pour dire qu'il faudra bien trouver une
solution à la crise des institutions productrices
d'égalité. Le synonyme d'intégration n'est-il pas
« impuissance publique » ?
Pour la gauche, le succès du Front national est
aussi le prix de son renoncement à défendre des valeurs
républicaines. Nous nous sommes endormis sur nos certitudes. Le
phénomène Black, Blanc, Beur nous avait convaincu du
succès de la lutte anti raciste et d'une marginalisation des discours
xénophobes. C'était oublier qu'avec la progression de la
précarité, le discours de la préférence nationale
trouvait de vrais échos.
La crise du mouvement anti raciste a accru la confusion.
Certaines associations ont délaissé le discours universaliste
pour tomber dans le morcellent du combat anti raciste ; l'antagonisme
entre lutte contre le racisme et lutte contre l'antisémitisme
bénéficie aux tenants de la xénophobie. Le malaise vient
de ce que certains actes antisémites soient commis par des personnes
ayant eu à subir elles-mêmes l'exclusion sociale et/ou le racisme.
Ce qui confirme le lien entre la précarité et la cris e
desvaleurs républicaines. Cette situation ne doit en aucun cas inciter
à une quelconque indulgence à l'égard de ceux qui
alimenteraient l'antisémitisme. Le racisme et l'antisémitisme
doivent être combattus avec la même exigence.
La droite : rhétorique et symboles
comme paravent des inégalités sociales et du morcellement
identitaire.
Depuis 2002, l'activisme de la droite sur
l'intégration et la lutte contre les discriminations a été
permanent. Nominations de ministres, réinstallation du Haut Conseil
à l'intégration en grandes pompes, abolition de la double peine,
création du Conseil français du culte musulman (CFCM), de la
Haute autorité de Lutte contre les discriminations et pour
l'égalité (HALDE), relance du projet de musée de
l'immigration. Sarkozy a été le Zébulon de ces
sujets : qu'il s'agisse de réviser la loi de 1905 sur la
laïcité, ou de promouvoir la discrimination positive, de nettoyer
au karcher la Courneuve, il a été sur tous les fronts, alternant
des déclarations sur l'identité et la différence, et des
prises de position sur la sécurité et l'ordre. Le retour en force
du terme « intégration » s'est accompagné
d'une vogue de la discrimination positive.
Après l'absence quasi-totale de positions
politiques pendant des années, c'est plutôt le trop plein. Mais
cette profusion traduit une absence de maîtrise : contradictions
flagrantes d'une déclaration à l'autre, emploi d'expressions dont
on ne définit pas le sens, absence de propositions concrètes.
C'est prendre le risque d'alimenter des frustrations déjà
fortes.
La discrimination positive est emblématique.
Après avoir été bannie, l'expression a été
employée sans frein. La première illustration concrète
qu'en ait donnée Nicolas Sarkozy est celle de la nomination d'un
« préfet musulman » Aïssa Dermouche. Confondant
l'origine et la religion, le ministre de l'intérieur a
catégorisé un haut fonctionnaire, en prenant le stigmatisant par
rapport à ses pairs et en remettant en cause le principe de
laïcité. On voit à travers cette confusion sémantique
combien les débats actuels ne reposent pas sur des repères
clairs.
Le malaise est plus profond
encore.
La discrimination positive a été
avancée comme un remède miracle, alors même que la
société française découvrait l'importance de la
lutte contre l'ensemble des discriminations. Nommer quelques personnes à
des postes de responsabilité peut être vu comme une manière
de s'en tirer à bon compte. Supprimer les discriminations à
l'embauche et dans les carrières, dans le logement et l'accès
à la santé relève des travaux d'Hercule. Nommer un arabe
ou un noir à un poste de responsabilité, avoir quelques
élus de couleur n'est-ce pas gérer les apparences pour ne pas
être confronté à la véritable conflictualité
des rapports de forces avec le milieu économiques, les
propriétaires de logement, les préjugés des juges ?
N'est-ce pas renoncer à faire appliquer la loi, et à transformer
en profondeur la société ?
Au moment où la société
française affronte une crise identitaire cette incantation sur la
discrimination positive renforce l'atomisation. Certains lancent un appel comme
indigènes, d'autre en tant que blancs, noirs, juifs, musulmans,
laïques, chrétiens, femmes, gays, chômeurs, quinquas. Peut-on
exister à part entière dans le débat public, sans de
désigner par un qualificatif ? Comme si la qualité de
citoyen, de résident français, ne suffisait plus à
garantir une place en France. Chacun semble vouloir se catégoriser, se
caractériser et appliquer ce même traitement aux autres. Certaines
de ces catégorisations sont entrées dans le langage courant alors
qu'elles sont en contradiction avec les principes républicains. Aux yeux
de la République point de préfet musulman, ni d'intellectuel juif
ou noir.
Enfin la portée donnée à ces
questions identitaires par la droite s'accompagne d'une déstructuration
des politiques publiques sur lesquelles se fonde la République. Qu'il
s'agisse de l'emploi, du logement, de la santé ou de l'éducation,
les restrictions budgétaires conjugués à
l'idéologie du marché ont conduit à détruire la
plupart des mesures prises par la fauche (35heures, emplois jeunes), à
limiter les solidarités et à délégitimer l'action
publique. L'accroissement des inégalités sociales et
territoriales et la ghettoïsation à la française sont
devenues un lieu commun. La discrimination positive n'est-elle pas la pilule
destinée à nous faire oublier la croissance des
inégalités sociales ?
La seule ligne de la droite est, le plaquage du
modèle américain sur la société française.
Ce prêt à penser libéral et cette politique de Gribouille
ont créé la confusion. Nous avons vécu d'interminables
débats sur le voile à l'école sans ligne claire, les
élections au CFCM présentées comme une étape
essentielle dans la construction d'un espace représentatif pour les
musulmans de France ont tourné à la farce manipulée, Azouz
Begag ou Tokia Saïfi ressemblent de plus en plus à des alibis. Le
feuilleton de l'intégration à droite ressemble à une
série télévisée aux rebondissements incessants mais
dont les personnages ne parviennent jamais à nous être
sympathiques ou même à acquérir une
épaisseur.
A mesure que les échéances de 2007 se
rapprochent, le discours sécuritaire caricatural ressurgit, et vient se
substituer aux positions sur l'identité. L'accent est mis sur les
restrictions à l'immigration afin d'incarner une fermeté payante
électoralement. L'UMP se cache de moins en moins de vouloir
récupérer les électeurs du FN. En trois ans nous sommes
passés d'un discours qui faisait de la sécurité la
première des libertés à la nécessité de
« nettoyer au karcher » les quartiers. « Quand Le
Pen parle, Sarkozy agit » tel pourrait être le nouveau slogan
de l'UMP. On assiste à la stigmatisation des jeunes vivant dans les
quartiers d'habitat social, ceux qui connaissent les plus grandes
difficultés et qui ont aux yeux de la droite, comme de l'extrême
droite, le défaut de ne pas avoir le profil du « bon
français ».
La droite se sert de la question identitaire comme d'un
paravent pour dissimuler sa politique sociale et le déni des droits
essentiels (emploi, logement, santé). Au point qu'elle inquiète
certains des siens. Certains élus UMP disent publiquement qu'il faudrait
remettre en place certains dispositifs de la politique d'emploi du gouvernement
Jospin (emplois jeunes).
C'est une ségrégation sociale et urbaine qui
s'organise. A cette ségrégation sociale et urbaine, s'ajoute une
ghettoïsation par l'origine. Celle-ci concerne de plus en plus
l'école. Une étude comme celle de Georges Felouzis sur la
composition ethnique des collèges dans la région bordelaise
(2003) a ainsi montré que les taux de ségrégation en
fonction de l'origine ethnique sont bien plus importants que ceux concernant
l'origine sociale ou le retard scolaire dans ces établissements.
Ce que la droite met en scène c'est une
société de la violence et de l'atomisation sociale. C'est son
seul projet. Nous devons combattre ce projet par celui de la République
de l'égalité réelle et du respect des
identités.
II - Une république de
l'égalité réelle et du respect des
identités.
Nouer les liens entre question sociale, question
identitaire et question démocratique.
Il ne s'agit pas pour la gauche d'abandonner sa lecture
des inégalités sociales mais de la compléter par la prise
en compte d'éléments culturels, identitaires, et
politique.
La vision traditionnelle de l'égalité doit
être complétée par une approche de l'égalité
réelle. L'évaluer nécessite une réflexion sur les
liens entre discriminations et inégalités sociales. Cette
approche par les discriminations « systémiques »
concerne surtout les discriminations produites collectivement par
l'organisation sociale et les institutions publiques. Qu'il s'agisse de
réussir ses études, de trouver un emploi ou un logement, c'est le
système social qui secrète des discriminations. 18% des jeunes
français d'origine maghrébine ayant fait des études
supérieures sont au chômage, alors que seuls 6,5% des jeunes
français qualifiés dont les deux parents sont français
sont dans la même situation.
L'approche de gauche de l'intégration sociale et de
la lutte contre les discriminations doit refonder les politique de droit commun
(éducation, emploi, logement, santé) autour de la notion
d'égalité réelle. Il ne s'agit pas de multiplier des
dispositifs spécifiques mais de recréer le lien entre des
institutions et des politiques conçues à l'origine pour produite
de l'égalité, mais qui sont aujourd'hui accusées de
reproduction sociale.
Cette démarche doit être
complétée par une évaluation concrète des
dispositifs particuliers mis en place dans les quartiers de la politique de la
ville et dans les ZEP. Sait-on que la carte des interventions de l'Etat dans
ces zones n'est pas la même d'un ministère à l'autre,
notamment entre l'Education nationale et le ministère de la ville (20%
de recoupement) ? Trois principes devraient inspirer cette réforme
de l'intervention publique : simplification des procédures,
cohérence des dispositifs de droit commun avec les mesures
spécifiques (aujourd'hui le fait d'être en zone politique de la
ville peut conduire à ne pas bénéficier des dispositifs de
droit commun), accroissement des moyens quand c'est la condition de
l'efficacité. Le débat sur les ZEP a été ainsi
relancé par une étude qui montre son efficacité si on va
jusqu'au bout de sa logique en réduisant davantage le nombre
d'élèves par classe.
Faire du droit de vote des étrangers une
des mesures importantes du projet socialiste pour 2007
Dès 2002 la droite a déclaré qu'elle
ne donnerait pas le droit de vote aux étrangers. Au candidat socialiste
à la présidentielle de prendre le contre pied de cette position,
en reconnaissant les inhibitions de la gauche sur ce sujet. Cette orientation
permettrait ensuite de décliner des propositions sur la
citoyenneté et l'accès à la nationalité pour mettre
l'accent sur l'importance d'une démocratie vivante et ouverte.
Une citoyenneté concrète pour
refonder l'identité nationale autour des valeurs
républicaines
Les discours sur la citoyenneté n'ont pas permis de
dépasser la crise démocratique. La montée de l'abstention,
chez les jeunes et dans les quartiers populaires témoigne de la distance
des citoyens. Parallèlement, le sentiment que les incivilités
sont en augmentation est de plus en plus partagé. Vit-on une crise de la
citoyenneté ?
Les signes d'une demande d'engagement existent. La
vitalité des associations, le développement de la
démocratie participative en témoignent. Mais le désir qui
émerge est celui d'une citoyenneté incarnée, qui permette
un rapprochement des citoyens et des responsables politiques, une relation
continue et fréquente, autour de thèmes concrets, qui sorte de
l'incantation et d'une approche trop institutionnelle.
Par ailleurs, le thème de l'identité
nationale ne peut être structuré par une vision xénophobe
et passéiste. La question « qu'est-ce qu'être
français dans la mondialisation » représente pour la
gauche un champ de réflexion et de débat essentiel ; Il
s'agit de construire les valeurs communes et la culture des Français et
de tous ceux qui vivent sur le sol français pour demain.
Dans le champ symbolique, lors de l'acquisition de la
nationalité française une vraie cérémonie doit
venir donner du prix à un processus qui prend de deux à trois
ans, représente pour les candidats un investissement personnel important
et comporte une enquête portant sur des éléments
personnels. La République ne peut ainsi limiter son lien avec ses
nouveaux citoyens à une enquête préalable et un
« kit de citoyenneté ».Il faut aussi mettre en place
une éducation à la citoyenneté par la connaissance des
fondements de la République, ainsi que ceux de l'Union
européenne. En France la plupart des citoyens n'ont qu'une faible
connaissance du droit et de l'action publique. Les élus, les
associations d'utilité publique, les agents de l'Etat et des
collectivités publiques doivent redevenir les principaux acteurs de
l'éducation citoyenne et mettre en place des rendez-vous
périodiques qui structurent le lien avec la société
(compte rendus de mandat...)
Un travail sur la mémoire et la culture
commune dans le respect des valeurs de la République
Notre République a une histoire. Nous avons chacun
une histoire personnelle liée à cette histoire de la
République. La mémoire est un travail collectif. L'importance de
ce principe avait conduit le gouvernement de Lionel Jospin à organiser
une réflexion sur un Musée des immigrations en France. Ce projet
aujourd'hui repris par la droite doit permettre de raconter autrement
l'histoire de notre pays en montrant la diversité des parcours des uns
et des autres. Il doit également être un lieu de débats, de
rencontres et créer une nouvelle impulsion pour les recherches
universitaires.
La reconnaissance par le Président de la
République actuel de la responsabilité de la France dans la Shoah
doit permettre qu'un travail de mémoire collectif soit fait par tous les
citoyens de France. Alors que les commémorations du soixantième
anniversaire de la libération des camps sont derrière nous, nous
devons faire durer ce souvenir et les débats au-delà des
témoignages. C'est un travail commun à tous les citoyens
indépendamment de leur histoire. Nous sommes tous héritiers du
passé.
Nous demandons l'abrogation de la loi du 23 février
2005 (article 4) qui met face à face les anciens colons, les anciens
colonisés et leurs descendants en préconisant l'instauration
d'une histoire officielle de la présence française dans ses
anciennes colonies en prévoyant « que reconnaître
l'oeuvre positive de nos compatriotes sur les territoires anciennement
colonisés est un devoir pour l'Etat français »
Les socialistes doivent s'engager clairement sur cette
question. C'est l'occasion pour eux de dépasser les non dits de leur
propre histoire. Dans cette perspective, ils devraient mener en leur propre
sein avec des historiens, un travail de vérité sur la
colonisation et les renoncements aux valeurs de la République qu'elle a
comportés.
Nous demandons aussi l'application de toutes les mesures
de la loi Taubira du 10 mai 2001, c'est-à-dire donner dans les
programmes scolaires la place qu'ils méritent à la traite
négrière et à l'esclavage et à l'Histoire de la
civilisation des peuples colonisés. Le Ministère de
l'éducation pourrait s'inspirer des initiatives de certains enseignants
à ce sujet comme le cours de français sur l'histoire de
l'esclavage et de la traite crée par une enseignante du Havre. Cette
démarche doit permettre de construire un multi culturisme
français en conformité avec les valeurs de la République,
particulièrement celle de la laïcité.
Définir la place de l'Islam dans le cadre
laïque
Les errements de la mise en place du CFCM et des
élections de cette année ont montré à contrario que
les réflexions sur la place de l'Islam en France devraient s'inscrire
dans une perspective d'avenir, en tenant compte des aspirations des musulmans
de France, en non en calquant un schéma hérité de
l'organisation de la communauté juive par Napoléon au XIXè
siècle.
Les musulmans de France souhaitent pouvoir pratiquer leur
culte librement et dans des conditions décentes. Cette aspiration est
conforme au principe de la laïcité et de l'égalité de
traitement entre les cultes prévus par les lois de la République.
Deux revendications y sont traditionnellement attachés :
l'ouverture de lieux de culte en quantité suffisante et la construction
de mosquées, la création de carrés musulmans dans les
cimetière.
Nous sommes favorables à la poursuite de la mise en
place d'une fondation chargée de recueillir les dons destinés
à la construction de lieux de culte et de les répartir. Nous
voulons également que des carrés confessionnels musulmans soient
crées dans les cimetières comme pour toutes les autres
religions.
Définir un programme d'égalité
réelle au sein des services publics pour un Etat enfin exemplaire dans
la lutte contre les discriminations.
Au sein des services publics, les résistances
à la mise en place d'une action publique efficace de lutte contre les
discriminations sont nombreuses. Les habitudes, le scepticisme, l'organisation
même du travail sont autant d'éléments explicatifs.
Ces résistances ne seront surmontées que par
une formation adaptée de tous les personnels. Celle-ci est
particulièrement essentielle pour ceux dont le métier joue un
rôle dans l'émancipation des citoyens et leurs choix de vie
(conseillers d'orientation,, enseignants, conseillers ANPE)
L'Etat et l'ensemble des collectivités publiques
doivent aussi mener une réflexion sur leurs modes de fonctionnement et
les raisons qui expliquent pourquoi les résultats de certaines
procédures (accès à des subventions, processus de
nominations à des emplois de responsabilité, processus
d'orientation des élèves dans l'Education nationale etc)
aboutissent à des processus discriminatoires sans qu'il soit possible
d'identifier un ou des responsables de ces discriminations. Une
évaluation de ces « discriminations
systématiques » devraient être menée dans tous
les services publics qui gèrent l'accès à des droits
essentiels (justice, logement, emploi, éducation) . Celle-ci serait
rendue publique et l'obligation d'en tenir compte pour des propositions de
réorganisation inscrite dans la loi.
Construire l'égalité des droits dans
l'accès aux fonctions électives.
Les élections de 2004 ont donné à la
demande des français d'origine étrangère d'accéder
à des fonctions électives une nouvelle ampleur. Cette demande a
trouvé au sein de la société un écho réel et
renforcé le constat que la société française n'a
pas aujourd'hui une représentation politique qui reflète sa
diversité en termes de sexe, d'origine, de génération et
de milieu social.
Il est scandaleux qu'il n'y ait aujourd'hui aucun
député dont les parents sont ou ont été des
étrangers à l'Assemblée nationale ; le même
constat vaut quasiment pour les Domiens. Les partis politiques doivent prendre
des mesures correctives lors du choix des candidatures des
échéances électorales prochaines. L'approche retenue ne
peut être la voie législative ou les quotas pour des raisons
constitutionnelles. Mais au parti socialiste ce point doit faire l'objet d'un
engagement solennel et public des instances nationales et du premier
secrétaire.
Nous devons nous placer dans une perspective plus large.
Rapprocher la sociologie des représentants politiques des
caractéristiques de la société française est
essentiel. Il faut reprendre le projet de statut de l'élu. Avant
même d'accéder à ce statut les difficultés pour la
plupart des français à envisager un engagement électoral
sont insurmontables lorsqu'ils ne sont pas fonctionnaires ou n'appartiennent
pas aux professions libérales, a fortiori s'ils sont en
précarité sociale. Ce n'est pas admissible.
L'égalité d'accès aux fonctions électives est un
élément essentiel de l'égalité réelle.
Comment sinon mettre la citoyenneté en actes ?
Conclusion
Pour donner toute leur place à l'intégration
et à la lutte contre les discriminations, il faut substituer une
conception de l'égalité abstraite une égalité
réelle donnant à chacun la place qui lui revient. Notre
République n'est pas celle de la négation des différences,
elle reconnaît les cultures et les identités. Elle est une
République qui assume les principes sur lesquelles s'est
structurée la démocratie en France : liberté,
égalité, fraternité, laïcité. Elle se donne
pour ambition la fondation d'un nouvel universalisme.
III - LA QUESTION DE L'INTEGRATION DES IMMIGRES
SUB-SAHARIENS A EVRY
En luttant contre les discriminations, l'intégration
des immigrés s'est faite progressivement et suivant l'arrivée des
familles et leur installation à Evry.
La mise en place d'un service de l'intégration a permis
à la ville d'accompagner des familles déjà
installées et les primo-arrivants vers l'intégration.
La ville accueille toujours chaque année les nouveaux
arrivants et les personnes qui le souhaitent peuvent prendre des cours
d'alphabétisation pour améliorer leur niveau de français.
L'intégration passe par l'apprentissage linguistique en l'occurrence la
langue française.
C'est le Président de la République, Jacques
Chirac, qui, dans un discours prononcé à Troyes, le 14 octobre
2002, avait dévoilé la volonté de la République
française d'inscrire l'accueil et le processus d'intégration des
étrangers dans le cadre d'un engagement réciproque de la France
et du migrant autour d'un contrat d'intégration.
A Evry, l'intégration des immigrés se poursuit
et entre dans le cadre de la politique globale du projet de la ville qui a fait
de l'intégration des immigrés, son cheval de bataille.
III.1 - CONTRAT D'INTEGRATION : CONTENU ET
APPLICATION EFFECTIVE
Selon le Premier Ministre français au cours d'un
Comité Interministériel à l'intégration, "la
politique d'intégration doit se concevoir comme la définition et
la réalisation d'un projet civique partagé, commun à tous
les habitants de notre pays".
Cette politique poursuit-il doit se traduire par la
restauration du vouloir vivre ensemble, dans le respect intangible des droits
en particulier entre hommes et femmes, la laïcité et la
fraternité. Ce dispositif met l'accent sur deux objectifs, à
savoir :
Développer l'apprentissage de la langue
française, c'est l'une des conditions de l'autonomie indique cf Article
« Le contrat d'accueil et d'intégration de Mme Anne
Bisson, Direction de la Population et des migrants, Ministère des
Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité »,
et donc de l'accès de chaque personne à tous les droits ou
dispositifs permettant l'intégration.
Formaliser l'engagement entre l'Etat et le nouvel arrivant
par la mise en place d'un contrat d'intégration signé entre
l'Etat et l'étranger accueilli en France
Désormais en France chaque famille
« rejoignante » dans le cadre d'un regroupement familial
pour un résident ou un réfugié bénéficie
d'un entretien personnalisé qui définira le rôle de chacun
des acteurs impliqués dans le processus d'intégration de
l'Immigré.
A Evry, le dispositif fonctionne bien et les Immigrés
en sont donc fiers
III.2 - QUELQUES CAS DE RÉUSSITE DE
L'INTÉGRATION NOTAMMENT AU SEIN DE L'ÉQUIPE
MUNICIPALE
La Ville d'Evry, dans sa politique globale
d'intégration des minorités a voulu montrer que
l'intégration des français originaires d'Afrique Subsaharienne
doit être une réalité.
Dans son équipe municipale, le Conseil Municipal compte
trois élus originaires d'Afrique Subsaharienne. Il s'agit de :
M. Salou Diallo, Maire Adjoint, chargé de la lutte
contre les discriminations et l'intégration. Il est l'élu
responsable du conseil du quartier des Pyramides.
M. Pacôme Adjourouvi, Maire Adjoint, chargé des
relations avec les usagers et l'Etat Civil.
Melle Patricia MBIMBI, Conseillère municipales en
charge de l'intergénérationnel.
Tous ces élus en lien avec Manuel Valls,
Député-Maire d'Evry oeuvrent pour une Ville d'Evry ouverte aux
minorités.
C'est en cela qu'elle est une ville multiethnique et
multicolores.
III.3 - L'ACCÈS À LA
CITOYENNETÉ : VÉRITABLE CHEMIN DE CROIX POUR UNE ÉCRASANTE
MAJORITÉ
L'intégration des Immigrés passe aussi par la
facilitation d'accès à la citoyenneté. En effet, il n'est
pas facile pour les étrangers actuellement d'accéder à la
citoyenneté par la naturalisation. Ils sont nombreux, ces
étrangers qui chaque année, formulent des demandes de
naturalisation. Au final, nombreux sont ajournés. Assouplir les mesures
visant à l'accès à la citoyenneté, c'est favoriser
l'intégration de ces milliers d'immigrés qui ne peuvent passer
des concours de la fonction publique ou accéder aux emplois
fermés aux étrangers en France.
De même le droit de vote pour les étrangers non
communautaires doit permettre à tous ces immigrés d'exercer leurs
droits civiques et participer à l'exercice de la Démocratie
française. Certains réfugiés, par exemple, qui n'ont plus
d'attache avec leurs pays d'origine peuvent jouir de ses droits civiques pour
se sentir pleinement impliqués dans le pays qui leur a offert
l'asile.
Pour les résidents plus nombreux que les
résidents communautaires, le droit de vote devient impératif dans
la mesure où certaines familles payent les impôts locaux,
participent pleinement à la vie de leur ville.
III.4 - L'INNOVATION DE LA VILLE D'EVRY DANS
L'ACCUEIL DES NOUVEAUX CITOYENS FRANÇAIS À EVRY
La Ville d'Evry notamment son Maire innove en accueillant
chaque année les étrangers admis à la citoyenneté
française.
Cette cérémonie qui ressemble à un
baptême républicain permet à tous ces étrangers
nouvellement naturalisés français de réaffirmer leur
volonté de vivre pleinement leur citoyenneté dans le strict
respect des lois de la République. C'est une cérémonie
souvent présidée par Manuel Valls, qui presque chaque
année reçoit ces citoyens en Mairie, en leur remettant à
chacun un exemplaire de la constitution de la République
française.
Cette innovation du premier responsable de la Ville d'Evry est
une volonté d'aider ces citoyens originaires d'Afrique ou d'ailleurs
d'être accompagnés dans le processus de la citoyenneté
française. Etre français, ce n'est donc pas seulement disposer
d'une carte d'identité, mais être français c'est aussi
vivre selon les règles de la constitution et être prêt
à défendre ce pays en cas de besoin.
La citoyenneté Française devient donc une
exigence de vie plutôt qu'une simple formalité.
III.5 - LES CONSEILS DE QUARTIER D'EVRY :
VÉRITABLES LIEUX D'APPRENTISSAGE DE LA CITOYENNETÉ ET DE LA
DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
Les conseils de quartier permettent de favoriser, par la
proximité, la participation des citoyens à la vie
démocratique de la ville a souligné M. Fred Manceau, Chef du
Service Politique de la Ville à la Mairie d'Evry.
C'est donc un lieu qui donne la parole au citoyen, un lieu
d'échange entre citoyens. A Evry, les conseils de quartier ont permis
l'enracinement d'une démocratie participative. L'exercice de cette
démocratie participative se fait non sans quelques difficultés
certes, mais nous avons espoir que la démocratie participative
s'enracinera, reconnaît un habitant d'Evry. Les conseils de quartiers
demeurent donc de véritable lieu d'apprentissage de la
citoyenneté.
Pour M. M'Baye Badiane, coprésident et habitant du
conseil du quartier des Pyramides, témoigne :"... Nous sommes des
relais d'information.. et c'est pour les habitants que les conseils de quartier
existent...".
La Ville d'Evry compte donc 8 conseils de quartiers et chaque
conseil de quartier dispose d'un budget de 39 600 € qui est un budget de
fond de participation des habitants et qui permet à chaque conseil
d'organiser des manifestations culturelles pour le bien des populations.
V - CONCLUSION
Au terme de cette réflexion sur la lutte contre les
discriminations et l'intégration des immigrés à Evry, il
ressort que les discriminations constituent des phénomènes qui
brisent notre cohésion sociale. Cette notion de cohésion sociale
a été inspirée par des textes constitutionnels et
fondateurs de notre pays à savoir (la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen, les deux constitutions de 1946, 1958) consacrent le
respect de l'homme en le mettant au coeur de ce qui fonde désormais
notre République.
L'homme et tout homme est un sujet de droit, lui faire subir
des discriminations liées à la couleur de sa peau, à sa
race et à sa religion, c'est le priver de ses droits sans lesquels, il
cesse d'être humain. Les discriminations sont par conséquent des
négations de ce qui fait l'essence de l'homme et de tout homme.
L'un des défis majeurs auxquels, notre siècle
nous invite est la lutte contre les discriminations et l'intégration des
immigrés. Plus qu'un simple slogan, c'est un défi qui
connaîtra sa réalisation que lorsque l'homme libéré
des stéréotypes, des peurs, des préjugés
dévalorisants considérera Autrui comme son semblable et donc
sujet de droit comme lui-même. Ainsi, en reprenant l'idée selon
laquelle les hommes sont des Etres conscients doués de raison et comme
tels, ils ne sont pas des simples individus, mais des personnes, Kant
reconnaît par là même qu'ils sont des fins en soi. Par
conséquent, les droits de l'homme qui interdisent les discriminations et
prônent des exigences du « vivre ensemble »
apparaissent comme des impératifs catégoriques dont aucun Etre
humain ne saurait s'y soustraire. Les droits de l'homme sont donc ce cadre
d'intersubjectivité où le « vivre-ensemble »
impose à chacun des exigences du respect mutuel. Les droits de l'hommes
ne sauraient être qu'un catalogue d'interdits, mais comme l'écrit
Guy Coq dans son livre Démocratie, Religion, Education
« ... Ce qui compte, c'est que l'idée des droits de
l'homme soit une tentative pour dégager un universel, une idée de
l'humanité, par delà des options philosophiques et religieuses.
Elle établit la nécessité de cette visée d'un
universel, non comme un fait constaté, mais une
exigence... »22(*).Mais pourquoi, malgré les textes
qu'interdisent les discriminations, la France est toujours pointée du
doigt comme un pays qui discrimine ?
Ne faut-il pas ajouter à tous ces textes, une
volonté politique qui mobilisera tous les acteurs socio politiques
autour de la lutte contre les discriminations qui passe d'abord par le respect
d'Autrui, inscrit dans le pacte du « Vivre ensemble en
paix ».
A propos de l'intégration, l'image d'une France
plurielle est possible. Pour preuve la composition de l'équipe de France
qui chaque jour nous rappelle que la France a toujours été forte
en considérant tous ses enfants quelque soient leurs origines. Ne
sommes-nous pas tous des enfants de la République ? Pourquoi donc
pratiquer des discriminations ?
Mais ce qui compte sur les questions liées à la
discrimination, à l'immigration et à l'intégration, c'est
la mise en place des politiques dont le seul objectif est le bien commun. A cet
effet, Alain Le Guyader le souligne dans son article : Ethique,
Autorité et Bien commun. Quelques
éléments de réflexion dans l'horizon des Droits de l'homme
dans lequel, il écrit : « ... Ni le SMIC, ni la
politique de la ville, ni le RMI, ni la Couverture sociale universelle, ni la
loi sur l'exclusion ou la politique d'intégration, ni même les
multiples dispositifs d'insertion, pour ne parler de la politique de l'emploi,
n'auraient la moindre signification s'ils n'étaient sous-tendus par
l'idée du bien commun. »
CHARTE DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
DANS L'ACCES A L'EMPLOI DES HABITANTS DES QUARTIERS
PRIORITAIRES DE
CORBEIL ESSONNES
ET DE LA COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION D'EVRY CENTRE
ESSONNE
La mise en oeuvre du principe républicain
d'égalité implique le refus de toutes les formes de
discriminations fondées sur le sexe, l'âge, l'origine ethnique,
les convictions religieuses et politiques, l`apparence physique, l'orientation
sexuelle, le lieu de résidence.
Ces discriminations concernent tous les groupes sociaux et
tous les domaines. Elles mettent en danger la stabilité de la
démocratie, et nuisent à l'économie de notre territoire en
privant ses acteurs de l'ensemble des compétences disponibles.
La présente charte constitue le volet local des
politiques publiques menées pour lutter contre les formes de
discriminations et favoriser l'égalité d'accès aux
services publics et l'égalité des chances.
Elle s'attache particulièrement à lutter contre
les discriminations dans l'accès à l'emploi des habitants des
quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cette attention
spécifique se fonde notamment sur les divers indicateurs qui
témoignent des écarts de développement visibles entre ces
quartiers prioritaires et le reste du territoire/
En effet, le monde du travail, tant les entreprises que les
administrations, n'échappe pas aux phénomènes
discriminatoires au même titre que le reste de la
société.
Ces discriminations peuvent s'exercer sur l'ensemble de la vie
professionnelle : les stages, le recrutement, le déroulement de
carrière, l'accès à la formation professionnelle, les
relations professionnelles.
Face à cette situation, la lutte contre les
discriminations est aujourd'hui un enjeu central pour reconstruire la
cohésion sociale.
La présente charte s'inspire d'un cadre juridique
existant fondé sur des résolutions et directives
européennes, notamment l'Article 13 du Traité d'Amsterdam, la
directive 2000/43/CE du 29 juin 2000 du Conseil de l'Union Européenne
relative à la mise en oeuvre du principe de l'égalité de
traitement entre les personnes sans discrimination de race ou d'origine
ethnique (HO/CE n L 180 du 19/07/2000) ainsi que de la loi 2001-1066 du 16
novembre 2001 relative à la lutte contre les discriminations (JO du
17/11/2001).
Cependant, l'arsenal juridique, à lui seul, ne suffit
pas si l'ensemble des principes d'égalité n'est pas
respecté par les acteurs.
C'est la raison pour laquelle chacun dans son domaine et
à son niveau doit refuser de laisser se commettre des actes qui
aboutiraient à une inégalité de traitement.
La population des jeunes habitant les quartiers prioritaires
est particulièrement touchée par les discriminations.
Cette situation est d'autant plus préjudiciable
à la dynamique territoriale que le tissu économique du
département ne tire pas profit de la proximité, des
qualifications, et des potentialités des jeunes diplômés de
ces quartiers.
Par conséquent les signataires de cette charte
affirment ouvertement, clairement, et publiquement, leur engagement à
impulser l'effort indispensable à la prévention des
discriminations.
Ils s'engagent à :
promouvoir l'égalité des chances dans
l'accès à l'emploi des habitants des quartiers prioritaires.
mettre en oeuvre des actions concertées contre les
discriminations raciales sur les lieux de travail.
axer leurs efforts prioritairement en direction des habitants
des quartiers de la Politique de la Ville.
Cette charte donne lieu à un plan d'actions dont les
objectifs sont définis en concertation avec les signataires puis
réactualisés annuellement en fonction des progrès
réalisés.
Ce plan d'actions fait l'objet d'un engagement des signataires
pour 2004-2005 en complément de la présente charte.*
Signatures
Monsieur le Préfet de l'Essonne Monsieur le Maire de
Corbeil-Essonnes
Bernard FRAGNEAU Serge DASSAULT
Monsieur le Député-Maire d'Evry Monsieur le Maire
de Courcouronnes
Manuel VALLS Stéphane BEAUDET
Monsieur le Maire de Ris-Orangis Monsieur le Président de
la Communauté
D'Agglomération du Centre Essonne
Thierry MANDON Jean HARTZ
Monsieur le Président du Conseil
Général
Michel BERSON
Madame la Directrice déléguée Essonne Est
Monsieur le Président de la Mission
De l'ANPE Locale d'Evry
Monsieur le Président de la Mission Intercommunale
Vers l'Emploi de Corbeil-Essonnes
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paradoxes de l'altérité - Editions Agence pour le
Développement des relations interculturelles - 1991
Véronique De Rudder, Isabelle Taboada-Leonetti,
François Vourc'h - Immigrés et Français :
stratégies d'insertion, représentations et attitudes - Editions
De Boeck Université - 1991
Henri Lebesque - Leçons sur l'intégration et la
recherche des fonctions primitives - Editions du Centre national de la
recherche scientifique - 1990
Véronique De Rudder, Isabelle Taboada-Leonetti,
François Vourc'h - Stratégies d'insertion et migration (rapport
intermédiaire) - Editions J. Gabay - 1989
ARTICLES
Alain Le Guyader, Une problématique philosophique des
droits de l'homme : pour introduire à la question de l'Autre.
Alain Le Guyader, Ethique, Autorité et bien commun.
Quelques éléments de réflexion dans l'horizon des droits
de l'homme.
Multapha Bourmani - De la notion d'étranger à la
variable « ethnie »
Bleich Erik, Histoire des politiques françaises
antidiscrimination : du déni à la lutte / Erik Bleich
in : Hommes et migrations, n° 1245, septembre-octobre 2003, p. 6-18.
(D'abord négligée, la lutte contre la discrimination devient peu
à peu priorité de l'Etat français, au point que la France
est devenue un des Etats les plus actifs en la matière)
Boeuf J.L : Potier V : Grange Y : Joly C, Le
pacte républicain à l'échelon local, in : La Gazette
des Communes, des départements, des régions, n° 1588, p.
77-79 (Etat et collectivités locales doivent ensemble défendre
les valeurs républicaines de liberté, égalité et
fraternité en garantissant un service public pour tous, en
protégeant les citoyens, en rendant compte régulièrement
de la gestion publique)
Chevènement Jean Pierre, L'Islam en France in :
Esprit n° 247, novembre 1998, p. 46-54 (Le ministre chargé des
Cultes, en rappelant ici l'importance du judéo-christianisme dans la
formation des valeurs républicaines, souligne comment la
laïcité, parce que garante de la liberté religieuse, se doit
d'organiser et de faire vivre sur notre sol un Islam moderne)
Clavès Gwénaële, Les politiques de
discrimination positive/dossier constitué par Gwénaële
Calvès in : Problèmes politiques et sociaux, n° 822, 4
juin 1999, 74 p. (Dossier sur les pratiques de discrimination positive
(affirmative action aux Etats Unis). Elles visent à lutter contre les
discriminations socio-économiques, racistes et sexistes et restent
très critiquées. Sont-elles efficaces ? Quels en sont les
effets pervers ? Sont-elles compatibles avec les principes
républicains ? Le modèle américain est-il
transposable en France ?)
Etat, laïcité, religions ; in : Regards
sur l'actualité, n° 298, 2004, février, p. 2-66 (La
République et la laïcité : entretien avec Jean
Baubérot. La laïcité dans l'enseignement :
problématique et enjeux / Dominique Borne, Jean Paul Dalahaye. L'Islam
dans la République : Le CFCM (Conseil français du culte
musulman) /Vianney Sevaistre. Pour la révision de la loi de 1905 / Jean
Arnold de Clermont. Contre la révision de la loi de 1905 / Henri
Pena-Ruiz)
Haute autorité de lutte contre les discriminations et
pour l'égalité : projet de loi. In : Liaisons sociales.
Documents, n° 33, 2004, 2 août, V 772, 5 p. (Une des mesures du
« plan de cohésion sociale » annoncée en
juillet 2004
ANNEXES
Les personnalités rencontrées lors de mon
enquête de terrain en vue de la préparation de ce
mémoire :
- M. SALLIOU-DIALLO, Maire Adjoint chargé de la lutte
contre les discriminations (Mairie d'Evry)
- Mme Maryse FONTAINE, Chef de service Intégration, Maire
d'Evry
- M. Fred MANCEAU, Chef de Service Démocratie
Participative, Mairie d'Evry
- M. DOGAD DOGUI, Président d'Africagora qui est un
réseau d'entrepreneurs de cadres et de décideurs de toutes
origine, engagés dans l'intégration économique,
l'insertion professionnelle et la promotion sociale des citoyens d'ascendance
africaine
- Mme SAFIA OTOKORE, Conseillère Régionale de la
Bourgogne, Maire adjoint d'Auxerre et membre du Conseil National du Parti
Socialiste et auteur du livre « Safia Otokore, un conte de fée
républicain » paru chez Robert Laffont.
- M. Hubert Gaspard LONSI-KOKO, Secrétaire de la section
François Mitterrand - Paris 15ème
- Mme Lydia GAUTHARD, Assistante du Chef de service
Intégration Mairie d'Evry
- Madame Fabienne COLOMBEL, Assistante du chef de service
Démocratie Participative
STAGE PRATIQUE AU DEPARTEMENT DE LA
POLITIQUE DE LA VILLE NOTAMMENT AU SERVICE
DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS
ET L'INTEGRATION DES IMMIGRES
DE LA MAIRIE D'EVRY
HISTORIQUE D'EVRY
Evry, Chef-lieu du département de l'Essonne est
situé au Nord -Est de l'agglomération. Cette ville occupe presque
tout le territoire situé entre l'autoroute, la Seine, la SNEGMA et
l'urbanisation de Ris-Orangis.
Après 1945, le bourg ancien d'Evry s'est étendu
progressivement sur les coteaux qui longent la Seine. En 1968, à la
veille du démarrage de la ville nouvelle, la commune comptait
déjà 7 113 habitants. En 31 ans, la population a
été multipliée par sept, atteignant ainsi 49 437 habitants
en 1999 et 50 174 suite au recensement complémentaire d'octobre 2000.
Commune de premier accueil des populations d'origines
lointaines.
La commune d'Evry, selon la convention Cadre du Contrat de
ville inter communal 2000-2006 est composée essentiellement de grands
quartiers d'habitants récents à dominante sociale (locatif,
accession), ainsi aucun des 12 quartiers qui la constituent n'a une part de
logements HLM inférieure à 20 % du total de ses logements.
Evry se caractérise aussi par une population importante
à faibles revenus qu'elle continue d'accueillir, touchée de
près par le chômage et la précarité
économique, bien que paradoxalement, bénéficiant du tissu
économique performant de la ville nouvelle.
I - DEROULEMENT DU STAGE
Le stage pratique que j'ai effectué au service de
l'intégration et des luttes contre les discriminations se voulait
pratique, car parmi les objectifs fixés conjointement entre
l'Université, la Mairie et l'étudiant, l'idéal
était d'appliquer sur le terrain, toutes les notions théoriques
liées à la politique de la ville, à l'intégration
et à la lutte contre les discriminations.
C'est donc dans le prolongement de la préparation du
diplôme que j'ai été amené à effectuer ce
stage spécifique des discriminations que l'on peut rencontrer à
Evry.
Cadre de travail et horaires
Mon stage s'est déroulé au service
d'intégration et de lutte contre lrs discriminations dirigé par
Mme Maryse Fontaine, Chef de service assistée par Mme Lydia Gautard
(Assistante)
Dès mon arrivée, mon intégration s'est
faite sans difficulté dans la mesure où une semaine avant mon
stage, j'ai été reçu par Mme Maryse Fontaine avec qui nous
nous sommes entendus sur le déroulement du stage. Je commençais
donc comme tous les autres agents de la Mairie à 9 h et je terminais
à 17 h. J'ai bénéficié d'un appui et d'une
écoute attentive de Mme Fontaine qui a mis à ma disposition des
documents, le téléphone, des contacts avec les autres services,
les associations de la ville et toute personne susceptible de m'aider au cours
de mon stage.
C'est ainsi que j'ai travaillé par exemple sur les
actes du colloque sur la discrimination organisé par la Ville en 2003.
Sur le plan pratique, j'ai pu m'intéresser aux activités des
associations grâce à Marie France Prazeles, étudiante de
DESS au développement social qui est aussi en stage à la Mairie
d'Evry.
L'ambiance qui y a régné tout au long de ce
stage m'a permis d'observer le côté pratique de ma formation
universitaire.
Du côté des associations, M. Tongi Bavouela,
Président de l'AICEF, avec qui nous avons parler de son association.
II - OBJECTIFS DE CE STAGE
PRATIQUE
Ce stage poursuivait plusieurs objectifs :
Lier les connaissances théoriques à la
pratique de terrain
Apprendre à travailler dans un service de
collectivité locale
Examiner le modèle Evryéen de
l'intégration
Faire connaître l'exemple d'Evry en matière de
lutte contre les discriminations.
III - CE QUE CE STAGE M'A APPORTE
Ce stage a été un premier contact avec un
service de la collectivité locale en l'occurrence la Mairie d'Evry.
Personnellement, j'ai toujours vu Evry comme l'image d'une ville aux couleurs
de l'arc-en-ciel, y effectuer un stage notamment au service de
l'intégration m'a permis :
de côtoyer les hommes et les femmes (élus et
techniciens) qui chaque jour travaillent pour une ville ouverte aux
minorités et respectueuse du droit à la différence. Dans
ce cadre, j'ai pu discuter avec certains élus sur la mise en oeuvre de
cette politique en direction des personnes d'origine
étrangère.
d'assister à la conception des programmes mis en
oeuvre dans le cadre de la lutte contre les discriminations et
l'intégration
de rencontrer des associations luttant contre les
discriminations
d'analyser des cas de discriminations existant à
Evry
de rencontrer et d'écouter des témoignages
poignants des victimes de l'intégration qui ont requis l'anonymat.
Ce fut un stage riche d'enseignement en ce sens que j'ai
appris et pu appliquer tout ce je savais en matière politique de la
ville à l'endroit des minorités.
IV - LES PERSONNES RENCONTREES AU COURS DE CE
STAGE
- Monsieur Salliou Diallo Maire adjoint chargé de la
citoyenneté, la lutte contre les discriminations et l'intégration
des immigrés à Evry, avec qui j'ai pu évoquer la mise en
oeuvre de la politique de la ville en matière de lutte contre des
discriminations et l'intégration des immigrés. Nous avons
également évoqué ce stage sous forme de perspectives
d'avenir.
- Madame Maryse Fontaine, Chef de Service Intégration
et lutte contre les discriminations. En sa qualité de chef de service,
j'ai beaucoup travaillé avec elle sur le fonctionnement du service, les
projets en cours et le déroulement du stage.
- Monsieur Frédéric Manceau, Chef de service
Démocratie Participative avec qui nous avons évoqué la
question de l'intégration des immigrés au sein des Conseils de
quartiers, leurs rôles, leurs fonctionnements et l'esprit qui a
présidé à leurs mises en place.
- Madame Lydia Gauthard, en sa qualité d'assistante de
Mme Maryse Fontaine qui m'a apporté un appui technique et logistique
tout au long de mon stage.
- Madame Fabienne Colombel, secrétaire au Service de
la Démocratie Participative pour son soutien technique
V - EN QUOI CE STAGE POURRA ETRE BENEFIQUE DANS MA
FUTURE VIE PROFESSIONNELLE
Ce stage effectué à la Mairie d'Evry pourra
déboucher sur plusieurs possibilités sur le plan professionnel.
Beaucoup de collectivités locales sont en pleine restructuration et
parmi elles, les mairies qui n'ont pas de service d'intégration et de
lutte contre les immigrés, malgré le nombre de personnes
étrangères dans leurs villes.
Mon travail consistera donc à rechercher des
possibilités de postes dans une collectivité locale, Mairie,
Conseil général ou régional, pouvant déboucher sur
des postes de, chargé de mission à la politique
d'intégration, Chef de service de la politique d'intégration
etc...
Mais tout ceci dépend bien sûr des besoins au
niveau des mairies souvent confrontées à des problèmes de
budget restreint.
Une autre possibilité qui pourrait s'offrir à
moi, c'est de continuer dans la voie de la recherche pour approfondir ces
questions autour d'un thème de doctorat.
Ce qui ouvrirait des possibilités dans l'enseignement
supérieur et la recherche
SOMMAIRE ET PLAN
TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE
I - INTRODUCTION
I.1 - Problématique et définition des
concepts :
- Discrimination
- Intégration
- Immigration/Immigré
I.2 - Fondements juridiques dans la lutte contre les
discriminations
- Plan du droit interne
- Plan du droit international
I.3 - Histoire de l'immigration à
Evry
- Accueil des primos-arrivants
- Regroupements familiaux
- Installation des familles d'Afrique Subsaharienne
à Evry (première, deuxième
génération)
DEUXIEME PARTIE
II - LES DISCRIMINATIONS - VIOLATIONS DU DROIT A
L'EGALITE DIFFERENCE
II.1 - Typologie des discriminations subies par les
étrangers originaires d'Afrique Subsaharienne à
Evry
- Discrimination directe
- Discriminations à l'embauche et à la
formation
- Discriminations dans l'emploi
- Discriminations aux logements
- Discriminations indirectes
II.2 - Causes et conséquences des
discriminations
- Les causes
Nature
- Les conséquences
Types
II.3 - Politiques de lutte contre les discriminations
mise en oeuvre par la Ville d'Evry
- Missions du service de l'intégration et de lutte
contre les discriminations
- Rôle des élus dans la lutte contre les
discriminations
- Action de la société civile à
travers les associations de la ville
II.4 - Analyse du modèle Evryéen de lutte
contre les discriminations
- Cohérence entre politique de la ville et
pratique citoyenne (élus, agents municipaux, associations)
- Evry, ville multicolore, multiethnique fait des efforts
dans la lutte contre les discriminations, mais beaucoup reste encore à
faire
II.5 - La discrimination positive : Notre point de
vue.
III - LES POLITIQUES DE L'INTEGRATION DES IMMIGRES
SUBSAHARIENS A EVRY
III.1 - Contrat d'intégration : contenu et
application effective
III.2 - Quelques cas de réussite de
l'intégration en politique notamment au sein de l'équipe
municipale d'Evry
III.3 - Accès à la
citoyenneté : véritable chemin de croix pour une
écrasante majorité mise de côté
III.4 - L'innovation de la Ville d'Evry dans l'accueil
des nouveaux citoyens français d'Evry
III.5 - Les conseils des quartiers :
véritables lieux d'apprentissage de la citoyenneté et de la
Démocratie participative
IV - CONCLUSION
V - RAPPORT DE STAGE AU SERVICE DE L'INTEGRATION DES
IMMIGRES A LA MAIRIE D'EVRY
* 1 Immigration
choisie plutôt qu'une immigration subie » propos de Nicolas
Sarkozy, lors d'une intervention télévisée sur France
2
* 2 Apartheid
social, territorial, ethnique, expression de Manuel Valls Député
Maire d'Evy, lors de son discours à l'occasion du colloque
intitulé : « Les jeunes diplômés issus
de l'immigration et l'accès à l'emploi », que la ville
d'Evry avait organisé en 2003.
* 3
Déclaration de Grenelle du 11 mai 1999
* 4 Discours de
Martine Aubry, actuelle Maire de Lille aux Assises de la Citoyenneté, le
18 mars 2000 à Paris
* 5 Dominique
Schnapper, - dans son livre la France de l'Intégration, sociologie de
la Nation, Paris - Ed Gallimard - 1990
* 6 Rapport du Haut
Conseil de l'Intégration de février 1991
* 7 Introduction
à la Politique de Maurice Duverger, Ed Gallimard - 1964 page 249
* 8 Altay
Manço - Intégration et identités : stratégies
et positions des jeunes issus de l'immigration, Ed de Boeck - 1999
* 9 Vladimir
Jankélevitch, Paradoxe de la Morale - Ed Seuil 1981 - 187 pages
* 10 Thomas
Hobbes - LEVIATHAN - Ed Latine - Trad. Tricaud - Ed Sirey - 1971
* 11
Chateaubriand - Mémoires d'Outre tombe - Ed Garnier - Paris 1861 et
1865
* 12 Philippe
Dewitte - Deux siècles d'immigration - Ed Documentation Française
- Paris - 2003
* 13
Merleau-Ponty - Phénoménologie de la Perception - Ed Gallimard -
1945
* 14 Jean-Paul
Sartre - L'Existentialisme est un humanisme - Ed Nagel - 1946
* 15 Martin
Heiddeger - L'Etre et le Temps - Ed. Gallimard 1986 - 590 pages
* 16 J. La Croix
- Sens du Dialogue - Ed Gallimard
* 17 Ahmed
Boubeker - Familles de l'intégration - Ed Stock 2001
* 18 Paul Ricoeur
- Soi-même comme un Autre - Coll Points Essai - 1996
* 19 Emmanuel
Levias - Totalité et Infini - Ed Partisans Nijhoff - La Haye -
1961
* 20 Charles
Rojzman - Savoir Vivre ensemble - Ed Syros - 1998 - 248 pages
* 21 Dominique
Schanapper - La France de l'intégration, Sociologie de la nation - Paris
Ed Gallimard 1991
* 22 Guy Coq,
Démocratie, Religion, Education, Ed Mame, Paris, 1993, p. 95
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