Le passage de l'économie agricole à l'économie de pêche:les changements sociaux à Ndayane( Télécharger le fichier original )par Mamadou Ndoye Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise de Sociologie 1998 |
B/ TRANSFORMATIONS SOCIALESAu coeur du système social traditionnel des Lebu de Ndayane, il y avait la notion de solidarité. Plus qu'une valeur, elle était le fondement de l'existence de groupe lignager. Ainsi la solidarité traversait de long en large la structure villageoise dans son ensemble. Les travaux champêtres servaient de baromètre pour mesurer son impact réel sur la marche des choses. La saison des pluies était toujours un moment de mobilisation de toutes les forces dans un élan de solidarité et de communion collective avec comme objectif final la prospérité de tous. Comme support de cette solidarité il y avait la famille avec son corollaire le parenté. Comme dans l'agriculture c'est la famille domestique qui a accompagné l'essor de la pêche piroguière. Les premières pirogues étaient d'abord la propriété des chefs de carré. Le développement de l'économie monétaire a remis en cause le fonctionnement domestique de la pêche. Grâce aux revenus qu'elle procure, le désir de s'émanciper de la tutelle familiale s'est fait vite sentir comme une nécessité. Il y a comme une sorte de déterminisme économique qui s'exerce sur les mentalités. Karl MARX1(*) l'explique ainsi « les rapports sociaux sont intimement liés aux forces productrices. En acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production ,la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux » L'individu en tant qu'acteur autonome a émergé du système de l'économie maritime en sapant les fondements de l'économie traditionnelle d'essence communautaire. Le carré comme unité de production et de consommation avait commencé à être dissout par la traite arachidière. Ces changements structurels amorcés vont s'approfondir avec l'économie maritime nouvelle. En effet la famille biologique qui s'était d'abord érigée en unité de production va davantage se fragmenter avec l'émergence des individualités en son sein. Ces dernières grâce à leurs efforts personnels sont parvenus à acheter une pirogue et à construire leur propre maison hors du carré. Ainsi ces individus ont remis en cause le principe hiérarchique de l'adage (père / fils aîné / cadet) très caractéristique de la culture Lebu. De plus en plus, les pêcheurs ont pris conscience de l'indépendance économique. Ce désir psychologique se retrouve dans toute la population active (pêcheurs) et se traduit par une augmentation progressive des pirogues individuelles. Ces modifications de la structure sociale intervenues dans un contexte où l'argent a pris une part importante dans le lien social sont manifestes à l'intérieur de l'équipage des pirogues. En effet plus que la parenté, l'argent est au coeur du système de production. Il faut même dire que l'intérêt guide les pêcheurs vers la mer. C'est pourquoi tout capitaine de pirogue qui s'avère un escroc ou un mauvais gestionnaire perd son équipage. Avec la multiplication des pirogues, seuls les propriétaires réputés intègres et travailleurs parviennent à garder les membres de sa pirogue pendant une longue durée. Les dissensions à l'intérieur des pirogues mettent de plus en plus aux prises les membres d'une même famille (entre frères) qui s'étaient mis d'accord au début pour partager la même embarcation. C'est le cas de D.D pêcheur qui avait mobilisé 350.000F ajouté à la part de son grand frère pour avoir leur pirogue personnelle. Une fois la pirogue acquise, après deux ans de No'or le grand frère se considère selon lui comme le propriétaire véritable de la pirogue. Il a fait une plainte déposée à la gendarmerie mais il leur est demandé de se réconcilier entre parents. Jusqu'à présent le problème est en suspend. Ce Cas est assez courant maintenant à Ndayane. Ainsi avec la pêche piroguière modernisée aussi bien les facteurs structurels (organisation du travail, technique etc.) que culturels qui étaient le fondement de l'organisation sociale ont subi des mutations qui ont influencé profondément les rapports sociaux. A l'image des greniers qui étaient le long de la côte et qui ont disparu, la structure sociale archaïque s'efface de plus en plus A Ndayane, contrairement à la Grande côte où la culture maraîchère est très présente, la pêche reste et demeure le puissant facteur de transformation sociale. C'est elle qui a fait bouger les choses. C/ UNE VIE ASSOCIATIVE GRIPPEE. Le village de Ndayane a toujours vécu dans une ambiance de fête surtout après chaque saison de pluie. La fin de l'hivernage était toujours accompagnée par des activités récréatives notamment les séances de lutte mais aussi des matches de football dans le cadre des «Nawetaan». Ces activités essentiellement récréatives jouaient sur le plan social un rôle important car permettaient une recréation de l'esprit communautaire après les durs travaux champêtres. Aujourd'hui à Ndayane du fait des migrations des pêcheurs il y a un tassement de ces activités, mieux même, elles sont mises en veilleuse. Les méfaits de cette situation sont plus effectifs pour la nouvelle génération qui n'a pas la chance de partager des équipes de football en commun. En effet les réflexes d'identité chez les jeunes sont manifestes lorsqu'il y a des séances de lutte organisées par un quartier quelconque. C'est souvent des moments de confrontation et de confusion. L'esprit communautaire que la vie associative traditionnelle avait forgé à laissé un vide qui est la conséquence immédiate des pérégrinations continues des pêcheurs. On peut dire sous ce rapport que les déplacements des pêcheurs ont joué un rôle important dans le processus de déstructuration des relations sociales jadis bâties sur une forte conscience communautaire. L'animation culturelle1(*) est une diminution importante dans toute société qui veut reproduire son identité . Les migrations ont empêché à la population de vivre sous l'influence de l'esprit communautaire traditionnel. Le peu de temps passé au village et mis à contribution pour organiser des combats de lutte entre les différents quartiers CONCLUSION Le constat fait à propos des Lebu et généralement des populations riveraines du Littoral sénégalais est que celle-ci ont investi le secteur de la pêche au détriment de celui agricole. Une telle situation a un caractère à la fois particulier et historique. En effet ce groupe s'est toujours distingué par sa double activité de paysans-pêcheurs. Une telle histoire économique et sociale n'est pas spécifique à Ndayane où l'organisation socio-économique est de nature mixte. Les pratiques sociales se sont singularisées par une organisation du mode de vie sous le modèle du paysan - marin. La subdivision effectuée par les Lebu de Ndayane en quatre périodes (citées dans la première partie) répond à un souci de clarification de leur système bâti autour d'une logique communautaire. L'agriculture étant la principale activité pourvoyeuse de revenus avec la traite arachidière joue donc ici un rôle important car permet l'accès aux biens de consommation comme le riz et l'huile. Son importance à Ndayane était liée à ce qu'elle permettait aux paysans d'être exemptés de l'achat de la principale production vivrière qu'est le mil. Les champs sont dans ce contexte presque sacralisés car ils étaient la source même de la vie communautaire en permettant à la société de se perpétrer car sans production il n'y a pas de vie sociale. C'est pourquoi pendant les trois mois de saison des pluies, le village rythmaient par l'intermédiaire du bruit de l'hilarité et de la houe. Par enchaînement de circonstances, la sécheresse s'est installée annihilant tout espoir chez les paysans de Ndayane. La pêche grâce à son évolution technique et socio-économique va servir de contrepoids face au désastre né de l'agriculture. La pêche plus qu'une caractéristique socioculturelle du groupe Lebu va s'affirmer en tant qu'activité socio-économique nouvelle grâce à sa nouvelle orientation (motorisation, matelots). En moins de dix ans, la pêche va éclipser l'agriculture à Ndayane. Il y a une dépaysannisation qui s'est installée avec le développement de l'économie maritime. Un ajustement en faveur de l'activité la plus rémunératrice a été effectué. Cette mutation socio-économique va être le point de départ d'une capitalisation monétaire sans précédent. De profonds changements vont découler de cette situation. Les gains que la pêche procurent vont être les signes de l'avènement d'un nouveau mode de production où la monnaie va être au coeur des rapports sociaux. Cette transformation de la pêche traditionnelle à voile en une pêche moderne (motorisation) va modifier dans le temps tout le dispositif de la pêche piroguière notamment en ce qui concerne le circuit commercial (relations pêcheurs/ mareyeurs). Presqu'entièrement contrôlée par les mareyeurs à son origine, l'affirmation de plus en plus nette du pêcheur en tant que gestionnaire produit un tassement du mareyage classique avec l'affirmation des ajoor promus véritables marchands de poissons. Ceci a stimulé la conscience des pêcheurs qui s'érigent en tant que vendeurs habiles à la recherche d'intérêts économiques. L'intense accumulation monétaire dans la pêche piroguière a secoué les mentalités de ces anciens paysans-pêcheurs qui ont pris conscience de l'évolution de la situation socio-économique, évolution déroulant principalement de la pêche comme activité à forte productivité commerciale. Les premières fortunes individuelles de Ndayane sont nées de ce nouveau système de production qui les a propulsé au devant d'une société où la tradition communautaire est encore vivace. Comme la pêche piroguière sinon plus la pêche industrielle a joué un grand rôle dans ce processus de transformation sociale. Les revenus importants des matelots ont été mis à contribution pour construire des maisons qui ont déstructuré les carrés traditionnels et partant des anciens quartiers. Aussi les matelots ont participé à l'élargissement du parc piroguier villageois en finançant la construction de certaines embarcations. L'aisance dont ils font montre a orienté beaucoup de pêcheurs vers le port de Dakar à la recherche d'un emploi. C'est dire donc que c'est la pêche prise en tant qu'activité à forte productivité qui a permis aux Lebu de Ndayane de combler le vide de l'agriculture. Aujourd'hui la vie sociale est liée à la vitalité de la pêche c'est-à-dire de sa santé. L'écologie villageoise qui s'est beaucoup transformée durant ces dernières années souffrirait beaucoup d'un ralentissement des activités halieutiques car sa marche y est étroitement liée. Les migrations successives sur le littoral constituent un véritable problème pour l'émergence de Ndayane comme centre de distribution du poisson, c'est-à-dire un pôle économique à l'image de Joal. Le développement et l'avenir de la Petite Côte dépend de la déconcentration des centres de pêche traditionnels et donc de l'ouverture de nouveaux lieux de pêche. Pour ce faire il faut que le pêcheur de Ndayane soit conscient du rôle important qu'il doit jouer en se fixant sur son terroir pour en prendre le développement socio-économique. Probablement des hôtels qui sont en train de s'installer vont accélérer le processus de changement en cous.
ANNEXES HISTOIRE DE LA VIE N°1 D.P mareyeur est né il y a une cinquantaine d'années. Aujourd'hui il vit a Joal. Il nous fait part de sa trajectoire personnelle. Comme beaucoup d'enfants de ma génération, j'ai fréquenté l'école coranique à Ngaparou. J'ai passé une bonne partie de ma jeunesse dans le daara. A la fin de mes études coraniques, je suis retourné à Ndayane où je m'adonnais aux activités traditionnelles de l'agriculture et de la pêche. Parmi ces deux activités celle qui préoccupait le plus les vieux était l'agriculture. l'Hivernage avait la primauté sur toute autre activité. Les travaux champêtres nécessitaient beaucoup d'énergies car il n'y avait pas de machines agricoles. Cependant il faut dire que notre carré disposait de nombreux champs ce qui nous permettait d'avoir une nourriture abondante pendant toute l'année. Une fois l'objectif de remplir les greniers atteint chacun était libre de passer le No'or là où il le souhaite. Mais la pêche était l'activité la plus sollicitée par les populations de Ndayane. La période de No'or était comme celle de Naweet un moment de dures labeurs. C'était une période où l'on ne disposait pas de propulseur dans les pirogues. La pirogue à voile était d'actualité. Les campagnes saisonnières se faisaient à Joal ou à Mbour. Les travaux étaient très harassants pour les jeunes car les anciens pêcheurs qui nous encadraient étaient très exigeants. Tous les travaux de préparation de la pirogue incombaient au benjamin de l'équipage. Il fallait se lever très tôt amener tout le matériel à la plage avant le départ de la pirogue en mer. La pêche à cette époque nécessitait une maîtrise technique significative car l'engin de pêche était la ligne de fond et non le filet qui ne fait pas appel à l'habileté mais plutôt à la force physique. Nous pêchions dans des profondeur de 70 à 100 brasses, chose impensable pour les pêcheurs actuels. Nous ne comptions que sur notre connaissance de la mer mais nous ne disposions pas d'embarcation adaptée aux intempéries comme la marée haute. Il faut dire qu'a côté de la maîtrise technique, les connaissances mystiques étaient aussi mobilisées. Avec le recul, je me rends compte que les pêcheurs d'aujourd'hui sont vraiment à l'aise dans leurs embarcations très adoptées à la mer et à ses aléas. Cependant les revenus de campagne même s'ils sont insuffisants comparés à aujourd'hui il n'en demeure pas moins qu'ils avaient une grande valeur et permettaient de vivre pleinement la saison des pluies sans se soucier de la mer Ceci est tellement vrai que la première fois que notre pirogue avait une part de campagne de 52 000F en 1970 par membre d'équipage, ça avait crée un tollé au village. Notre pirogue avait dépassé largement la moyenne des revenus qui tournait autour de 20.000F. Après cette campagne fructueuse, j'ai pris la décision de faire autre chose que la pêche. Je me suis entretenu avec mon père qui m'a donné la permission d'apprendre le métier de chauffeur. C'est dans ce cadre que je me suis rendu à Pékiné chez mon oncle qui était mareyeur au port de Dakar. Celui-ci décida de m'initier au métier de mareyeur en même temps que celui de chauffeur. En procédant ainsi je voulais dépasser le cadre autarcique villageois où l'on ne faisait que la même chose chaque fois. A part l'agriculture et la pêche aucune perspective ne s'offrait aux jeunes . J'ai passé ainsi près d'une dizaine d'années à Dakar . C'est en 1978 que j'ai quitté Dakar pour Joal où je me suis installé depuis lors. HISTOIRE DE LA VIE N°2 M.S matelot au Port de Dakar âge de 52 ans nous fait part de sa vie de pêcheur artisan et de matelot à travers leurs différents contours. J'ai eu d'abord à fréquenter l'école coranique une bonne partie de ma jeunesse. Le retour au village nous à plongé dans le climat habituel de la pêche.. Je peux dire que notre génération est beaucoup plus tournée vers la pêche que vers les travaux champêtres. En effet c'est au moment où l'importance économique de la pêche s'affichait que nous avons débuté les campagnes à Joal et à Point Sarëne Je n'ai pas connu à proprement parler les filets dormants durant nos campagnes. C'était la pêche à la ligne qui était à la mode. La pirogue à voile était le principal support de cette forme de pêche. C'est une pêche très complexe où il faut connaître les différentes formes de vent mais aussi les étoiles pour guider la pirogue en période nocturne. Nous faisions des déplacements successifs sur la côte à la recherche des bancs de poissons. Personnellement, j'ai fréquenté les centres de pêche de Rufisque, Joal, Kayar et St Louis. Nous considérions ces centres de pêche comme plus dynamiques où les prix du poisson étaient plus intéressants. En effet le poisson était abondant à Ndayane mais les prix n'étaient pas élevés. On vendait la bassine de poissons à 1000F l'unité. C'est pourquoi les parts de pêche tournaient autour de 15 000 à 20 000F par personne. J'ai vécu cette situation jusqu'en 1973 date de mon premier embarquement au port de Dakar comme matelot. Avec les bateaux c'est une autre dimension qui s'offre à nous dans la pêche. Grâce à cette forme de pêche totalement nouvelle, je suis parvenu à avoir des revenus substantiels qui m'ont permis de construire deux maisons au village et je projette d'en faire une autre à Joal. C'est la pêche industrielle qui m'a permis d'avoir accès au salaire mais aussi à mes enfants de toucher des allocations familiales. Cependant toutes les compagnies de navigation ne sont pas comme la mienne qui a mis sur pied une organisation du travail permettant l'épanouissement de ses employés. Aujourd'hui être matelot est de plus en plus difficile car les embarquements se font rares. En effet le port n'est plus l'apanage des sociétés traditionnelles de pêcheurs tels que les Lebu, les Guet Ndariens et les Ñoninka. Notre génération, une des premières à fréquenter les bateaux a bénéficié à l'époque de la clémence du secteur. Les réseaux de relations et la corruption jouent un grand rôle dans le recrutement des matelots maintenant. C'est ainsi que s'est passé mon itinéraire de pêcheur et de matelot. HISTOIRE DE LA VIE N°3 M.MP âge de 76 ans trace dans cet entretien son itinéraire dans la société Lebu de Ndayane. C'est depuis notre enfance que tous les jeunes de mon âge ont été initiés aux travaux champêtres. Les travaux des champs ont fait germé en nous l'idée de classe d'âge «Maas». Notre carré disposait de plusieurs champs . Il y avait Kër Ndut, Kasa pani, Sam Keec etc. Le Borom Kër avait direction des travaux champêtres. C'est avec un dévouement significatif que nous travaillions dans les champs. Ainsi on se levait tôt le matin le plus souvent avant la prière de fajar ( matin) pour prendre la direction des champs . Le travail était harassant parce que tout se faisait à la main. C'est pourquoi pendant les semis aucune personne n'était laissée à la maison. Ainsi pendant trois jours ou faisait les semis en ce qui concerne les différents champs du carré. Des semis à la récolte, nous passions tout l'hivernage presque dans les champs. Nos principaux aliments étaient le laax et le couscous. Le couscous au lait était très fréquent surtout en saison des pluies. L'agriculture était tellement importante que les vielles femmes disposaient de champs d'arachide. La soudure était longue et seul le Borom Kër détenait un peu d'argent. Ainsi nous allons à Dakar après la saison des pluies pour travailler comme serveur dans les restaurants ou faire du jardinage ou du maraîchage. Ce poisson était abondant pendant le No'or mais il n'avait pas une certaine valeur commerciale. J'ai vécu dans ce système marqué par une près dominance de l'agriculture jusqu'en 1941 date de mon recrutement dans l'armée française pendant la deuxième guerre mondiale. De 1941 à 1946 je suis resté entre le Maroc et l'Algérie du fait de la guerre. C'est à mon retour en 1946 dû surtout par le fait que mon père était seul à travailler dans les champs. Ma conscience ne me permettait plus de continuer dans l'armée et de laisser seul au village mon père et sa famille. En effet, ce sont les familles les plus étendues qui disposaient de plus de nourriture en l'occurrence le mil et l'arachide. L'agriculture était le poumon de l'organisation socio-économique. Mais dans les années cinquante nous avons débuté des campagnes. à Joal avec la pêche à la ligne. C'était une pêche de soudure dans le but d'améliorer la situation familiale car la plupart du temps les revenus amenés ont servi à construire des maisons en dur à l'intérieur du carré. Les conditions de travail étaient très difficiles. En fait c'est la pirogue à voile qu'on utilisait. Comparés à aujourd'hui, les pêcheurs de notre génération disposaient de plus d'atouts sur le plan technique. méthodologique et mystique pour affronter la mer. Seulement les jeunes d'aujourd'hui ont plus de chance car la pêche est très intéressante sur le plan financier actuellement. La pirogue que j'ai eue dans les années soixante avait bénéficié de la motorisation mais c'est avec elle que j'ai laissé le métier de pêcheur pour celui de mareyeur . Durant une vingtaine d'années j'ai exercé comme mareyeur à Joal et à Missira. C'est en 1984 que j'ai pris ma retraite après avoir construit la maison où j'habite actuellement * 1 MARX (K) (Misère de la philosophie, 1847) Cité par Rocher (G) In Changement social, Paris Edition HMH Ltée, 1968 p.58 * 1 Depuis la fréquentation des lieux de pêche de Palmarin et de Djifère les jeunes pêcheurs ont adopté les séances de lutte fréquentes notamment à Palmarin. Le peu de temps passé au village est mis à contribution pour l'organisation des combats de lutte. |
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