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La femme dans la diplomatie de la CEMACpar Simon Pierre Boris EBANGA Université de Yaoundé 1 - Master en Histoire des Relations Internationales 2020 |
A. LES LEGISLATIONS EN FAVEUR DES FEMMES DANS LA CEMACLes Etats, les organisations internationales et régionales ont été invités au cours des dernières décennies à institutionnaliser les échanges, à créer des inter-organisations d'informations et de coopération dans le domaine de la promotion des femmes. A cet effet, plusieurs législations ont été élaborées pour promouvoir la femme, que ce soit dans le cadre national, sous régional, régional ou international. Ces textes de divers ordres contribuent considérablement à promouvoir la femme dans tous les domaines de la vie. Mais le but premier est de promouvoir l'être humain en général et d'accroître la considération de la femme en particulier dans la société pour une égalité entre l'homme et la femme dans tous les secteurs d'activité1. Pour une bonne appréhension de l'impact de ces législations sur la considération de la femme, vu également le caractère pléthorique de ces textes, il convient de les étudier sur trois cadres notamment international, national et sous régional2. 1. Les législations internationales ratifiées par les Etats de la CEMAC D'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), le souci de promouvoir la femme dans le monde a été l'une des préoccupations de l'ONU dès sa création3. Raison pour laquelle cette organisation a créé dès 1946, une Commission de la Condition de la Femme dont le but est de promouvoir et de valoriser la femme dans le monde. Cette initiative de la Communauté Internationale trouve l'une de ses 1 A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de Stage, IRIC, 2015-2016, p23. 2 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019. 3 CINU, Manuel de vulgarisation de l'approche genre, Yaoundé, p.15. 55 justifications dans le rôle socioéconomique joué par cette couche sociale précisément pendant la Deuxième Guerre mondiale4. Il s'agit ici de l'ensemble des législations internationales et des plateformes ratifiées par la CEMAC ou les Etats de la CEMAC. Sont étudiés ici : la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (CEDEF) adoptée en 1979, le Pacte International Relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), la Charte africaine des droits de l'hommes et des peuples, la conférence de Maputo et la Conférence féministe de Beijing de 1995. Parlant tout d'abord de la CEDEF, elle a été adoptée à New-York le 18 décembre 1979 et est entrée en vigueur en 1981 après la signature par vingt pays. Cette convention a établi les droits des femmes dans tous les secteurs d'activité. Elle accorde une grande priorité aux droits des femmes rurales, considérées comme les plus victimes de discriminations même en dépit des textes relatifs. En son article 11, cette convention souligne l'élimination des discriminations à l'égard des femmes dans le domaine de l'emploi, afin d'assurer 1°) Le droit du travail en tant que droit inaliénable de tous les droits humains ; 2°) Le droit aux mêmes possibilités d'emploi y compris l'application des mêmes critères de sélection en matière d'emploi. Cette convention a été adoptée et ratifiée respectivement par les pays de la CEMAC comme l'indique le tableau suivant5. Tableau 3 : Ratification de la CEDEF par les pays de la CEMAC.
Source : A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de Stage, IRIC, 2015-2016, p23. Le PIDESC a été adopté en 1966, entré en vigueur en 19756. Il est divisé en quatre parties et comporte 31 articles. Les principaux articles qui traitent de la femme sont notamment les articles 2 à 5 et l'article 10 dans lesquels les Etats s'engagent à garantir les droits sans 4 CINU, Manuel de vulgarisation de l'approche genre, 9.15. 5 CINU, Communauté Economique pour l'Afrique, Genre et éducation pour la culture de la paix en Afrique, Septembre 2013, p.3. 6 J. A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme...", pp.23-38. 56 discrimination aucune, tout en prônant l'égalité homme/femme. Par ailleurs, il stipule en son article 7 alinéa a que les Etats reconnaissent le droit que toute personne a de jouir des conditions de travail justes et favorables qui assurent à tous les travailleurs un salaire équitable et une rémunération égale sans discrimination aucune. Les femmes doivent avoir la garantie que les conditions de travail qui leurs sont accordées ne sont pas inférieures à celles dont bénéficient les hommes7. Le PIDESC a été adopté par les pays de la CEMAC comme suit : Tableau 4 : Ratification du PIDESC par les pays de la CEMAC
Source : Tableau de ratification du PIDESC, in www.google.research.com. Consulté le 03/10/2019. Aussi, la Charte Africaine des droits de l'homme adoptée à Nairobi au Kenya en 1981, entrée en vigueur en 1986, présente l'égalité homme/femme comme gage d'une société plus juste et encourage les décideurs à valoriser la femme. Dans son entièreté, le document traite des droits fondamentaux comme son titre l'indique. Cependant, le préambule, les articles 2 et 18 précisent la clause de non-discrimination basée sur un quelconque critère notamment le sexe. Autrement dit, tout comme l'homme, la femme bénéficie également de tous les droits qui y sont traités8. Il n'en reste pas moins de l'acte constitutif de l'Union Africaine étant le premier instrument juridique de l'Union africaine, il prônent l'équilibre entre l'homme et la femme au sein de la société ; du Nouveau Partenariat Economique pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), de la Convention contre la traite des femmes et des enfants qui prônent également une représentation équitable entre l'homme et la femme. La charte africaine des droits de l'homme et des peuples a été ratifiée par les pays de la CEMAC selon le tableau suivant : 7 Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme...", p.23. 8 Cf. La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981. 57 Tableau 5 : Ratification de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples par les Etats de la CEMAC
Source : Tableau de ratification de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, in www.google.research.com. Consulté le 03/10/2019 à 16h22min. En outre, une plateforme d'action est adoptée suite à la quatrième conférence à Beijing en 1995 : Beijing + 5. Au cours de l'an 2000, se tient à New-York une rencontre internationale (Beijing +5) pour l'évaluation de cette plateforme. A cet effet, Hillary Clinton, alors première dame des Etats-Unis, fit un discours dans lequel elle relève que "les droits des femmes sont les droits des hommes", comme pour dire qu'il n'y a pas de droits réservés aux femmes et d'autres aux hommes9. C'est dans cette perspective que les Etats ont élaborés des lois qui promeuvent l'égalité entre les deux sexes. Le Protocole de Maputo ou Protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, considéré comme le dictionnaire africain des droits de la femme a été adopté le 11 juillet, lors du second sommet de l'Union Africaine à Maputo au Mozambique. Il exprime une vision lucide de la situation de la femme ainsi que le statut qui devrait être le sien. Il est le défenseur de celle-là qui très souvent à cause du poids des traditions, de la configuration de nos sociétés et du rôle assigné à la femme, de l'ignorance des lois est sans cesse victime de discriminations et d'injustices10. Il s'agit d'un pas important dans le cadre des efforts effectués pour promouvoir et assurer le respect des droits des femmes africaines. Le Protocole exige des gouvernements africains l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l'égard des femmes en Afrique et la mise en oeuvre d'une politique d'égalité entre hommes et femmes11. Le protocole engage également les gouvernements africains qui ne l'ont pas encore fait, à inclure dans leurs constitutions nationales et autres instruments, législations, ces principes fondamentaux et veiller à leur application effective. En outre, il contraint les gouvernements à intégrer à leurs décisions 9 C. Durieux, Les femmes américaines en politiques, Paris, Ellipses, 2008, p.12. 10 Rapport périodique du Cameroun sur la CEDEF, Février 2009, Septembre 2011, p.2. 11 Cf. Protocole à la charte africaine des droits l'homme et des peuples relatifs aux droits des femmes. 58 politiques, leurs législations, leurs plans de développement, la notion de discrimination fondée sur le sexe et la promotion du bien-être général des femmes. A côté de ces lois internationales, les Etats se sont dotés des instruments juridiques pour promouvoir la femme dans le cadre national. 2. Les législations nationales sur la femme Les textes nationaux étudiés ici sont ceux qui promeuvent la femme dans la société, prônent l'égalité homme/femme dans la représentation sociale. Ils sont constitués principalement des constitutions des six Etats de la CEMAC, des programmes nationaux notamment les ordonnances. Au Cameroun, de nombreux textes régissent la condition et la promotion de la femme. C'est le cas de la Constitution camerounaise. En tant que loi fondamentale qui organise la nation, la constitution camerounaise révisée par la loi n° 96-06 du 18 janvier 1996, portant révision de la Constitution du 02 juin 1972, présente en son préambule la vision et la philosophie générale de la nation. Elle engage l'Etat à promouvoir l'égalité de sexe et à éradiquer les discriminations, comme stipule le préambule : "le peuple camerounais proclame que l'être humain, sans distinction de race, de religion, de sexe, de croyance possède des droits inaliénables et sacrés [...] la nation protège la femme". L'Etat camerounais affirme aussi son attachement aux libertés fondamentales inscrites dans les instruments internationaux. Cette constitution affirme : 1°) le principe de l'égalité de tous devant la loi, la liberté et la sécurité, le droit de se déplacer et de se placer en tout lieu ; 2°) le droit à la santé ; 3°) le droit au travail. Dans ce même préambule, il est écrit que "l'Etat garantit à tous les citoyens de l'un et l'autre sexe, les droits et les libertés énumérés au préambule de la Constitution"12. A côté de cette constitution, l'ordonnance n° 81-02 du 29 juin 1981 sur l'état civil, pose le principe de la liberté pour la femme mariée d'exercer une profession de son choix sans l'autorisation de son mari. Aussi, l'article 61 alinéa 2 du Code du travail de 1992 stipule que le salaire est égal pour tous les travailleurs à conditions égales du travail, d'aptitudes professionnelles, quel que soit l'origine, le sexe, l'âge, le statut et la confession religieuse13. Plusieurs lois et programmes sont élaborés pour promouvoir la femme dans l'éducation, la santé, l'économie et même dans la politique. Cette même Constitution camerounaise prévoit dans ce préambule que tout enfant a droit à l'éducation et que l'enseignement primaire est obligatoire et gratuite. L'article 7 relève formellement que "l'Etat garantit à tous l'égalité de 12 Cf. Constitution camerounaise du 18 Janvier 1996. 13 Cf. Code du travail camerounais issu de la loi n°92/007 du 14 août 1992. 59 chances d'accès à l'éducation sans discrimination de sexe, d'opinion publique, philosophique et religieuse, d'opinion sociale, culturelle, linguistique ou géographique"14. Par ailleurs, la loi n°98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l'éducation au Cameroun prévoit non seulement une éducation de qualité pour tous les enfants, mais aussi des réformes tendant à corriger les problèmes pédagogiques. Plusieurs programmes de promotion d'envergure ont également été élaborés, notamment le Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricoles (PNVRA) dont l'objectif est d'accroître la productivité des femmes par le renforcement de leurs compétences techniques. Ce même Code du Travail protège la femme pendant les périodes de procréation en ses articles 84 (alinéas 1à 5) et 85 (alinéas 1 à 3)15. Aussi la promotion de la femme au Gabon par les lois gabonaises amène à penser au Code de travail gabonais, qui consacre l'égalité aux travailleurs devant la loi et interdit toute discrimination en matière d'emploi et de condition de travail fondées sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l'opinion politique et l'origine sociale. Ce qui permet à la femme d'occuper des postes de responsabilité tant dans le secteur public que privé. Dans la même perspective, plusieurs programmes ont été initiés par l'Etat gabonais pour promouvoir l'égalité entre l'homme et la femme dans la société, à l'instar de : - promo Gabon ; - le Fonds d'Aide et de Garantie (FAGA) ; - le Fonds d'Expansion économique (FODEX) ; - l'octroi aux femmes des microcrédits par l'Etat pour inciter les femmes à pratiquer l'agriculture16. Le Gabon est également engagé dans le respect de l'ensemble des droits fondamentaux de chaque être humain. C'est dans cet optique qu'il promeut l'éducation sans distinction de sexe. Ce qui stipule l'élaboration de la loi n°25/59 du 22 juin 1959 qui rend obligatoire la scolarisation dans la République gabonaise. Ladite loi a été complétée par la loi n°16/66 du 09 août 1966 portant organisation générale de l'enseignement en République du Gabon. En outre, plusieurs programmes en matière de santé ont été élaborés pour protéger les femmes enceintes : 14 Cf. Loi constitutionnelle n° 1/1995 du 17 janvier 1995. 15 Cf. Code du travail camerounais 16 A. M. F Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2012, pp.100-101. 60 - fourniture au plus grand nombre de femmes enceintes et d'enfants de moins de 5 ans atteints de paludisme, un traitement correct dans les premières 24 heures après l'apparition des premiers signes ; - fourniture aux femmes enceintes du Traitement Préventif Intermittent (TPI). De même, la constitution adoptée le 23 décembre 1990 en Guinée Equatoriale et révisée en 2001, proclame dans son préambule, "l'égalité et la solidarité de tous les nationaux sans distinction de race, d'ethnie, de sexe, d'origine, de religion et d'opinion". Dans son article 1, elle réaffirme ce principe d'égalité de tous, sans distinction devant la loi. L'article 2 formule : "dans les conditions déterminées par la loi, sont électeurs tous les citoyens guinéens majeurs de l'un et de l'autre sexe, jouissant de leurs droits civils et politiques". De même, l'article 8 évoque que "tous les êtres humains sont égaux devant la loi". En outre, cette loi fondamentale guinéenne prévoit en son article 23 que "l'éducation est un devoir primordial de l'Etat, tout citoyen a droit à l'éducation primaire, gratuite et garantie"17. Par ailleurs depuis 2006, la Guinée Equatoriale s'est dotée de nouvelles méthodologies d'enseignement aux niveaux primaire et secondaire, l'élève devenant acteur et promoteur de son propre apprentissage et l'enseignement ayant un rôle d'appui et d'orientation. Ce même article 23 garanti que "nul ne peut être contrarié dans son travail en raison de son sexe, de sa race, de son ethnie ou de ses opinions". En plus, la loi guinéenne consacre le caractère obligatoire de l'enseignement primaire et l'égalité de tous sans aucune discrimination devant les services de l'éducation. En outre, un prix de l'excellence pour les filles admises aux examens nationaux et un prix d'encouragement aux familles ayant scolarisé davantage de filles sont octroyés ; l'octroi de bourses aux filles méritantes, des dons de fournitures et de manuels scolaires pour les filles de faible niveau y sont également octroyés. Aussi l'on observe la volonté de l'Etat guinéen à construire l'égalité homme/femme par ricochet la promotion de la femme dans tous les domaines de la vie. il est aussi noter la mise en place d'un Fonds National de Soutien à l'Education des Filles (FONSEF), la répartition équitable de balayage des salles de classes et de la cour des établissements scolaires est observée18. Dans la même initiative, plusieurs politiques nationales ont été élaborées pour la protection et la promotion de la femme, entre autres : - la distribution gratuite des médicaments antipaludéens aux femmes enceintes ; 17 Cf. La constitution équato-guinéenne adoptée le 23 décembre 1990 et révisée en 2001. 18 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.8. 61 - l'approvisionnement du plus grand nombre de femmes enceintes et d'enfants de moins de 5 ans en moustiquaires imprégnées d'insecticides19. - l'octroi des crédits aux femmes présentant des garanties bancaires exigées par les banques commerciales ; - le projet PRAMUR, cofinancé par l'Agence canadienne de Développement international. Le Ministère des affaires sociales et la condition de la femme apporte aussi un appui à travers des microcrédits et par là, une formation des femmes à la planification et à la vérification des produits horticoles. Aussi, le Décret présidentiel N°127/1993 en date du 15 septembre 1993 accorde la création du Comité national pour l'intégration de la femme au développement20. Tout comme les autres pays de la CEMAC, la RCA à travers plusieurs textes promeut la femme dans tous les secteurs d'activité. Sa Constitution a consacré de nombreux articles pour l'expansion de la femme. L'égalité entre l'homme et la femme en RCA est avérée dans les articles 1, 2 et 5 qui relèvent la nécessité de protection de la personne humaine notamment l'homme et la femme. L'article 1 ressort que la personne humaine est sacrée et inviolable. Tous les agents de la puissance publique, toute organisation ont l'obligation absolue de la respecter et de la protéger. La République reconnaît l'existence des Droits de l'Homme comme base de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde. L'article 2 quant à lui agrémente que la République proclame le respect et la garantie intangible au développement de la personnalité. Chacun a droit au libre épanouissement de sa personnalité pourvu qu'il ne viole pas le droit d'autrui, ni n'enfreigne l'ordre constitutionnel. En son article 5, souligne de l'égalité qu'ont tous les êtres humains devant la loi sans distinction de race, d'origine ethnique, de région, de sexe, de religion, d'appartenance politique et de position sociale. La loi garantit à l'homme et à la femme des droits égaux dans tous les domaines. Il n'y a en République Centrafricaine ni sujet, ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille21. C'est également ce que mentionne l'article 19 que tous les Centrafricains des deux sexes, âgés de dix-huit ans accomplis, jouissant de leurs droits civils et politiques, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi22. 19 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.97. 20 Ibid., pp.101-102. 21 Cf. Constitution de la République Centrafricaine, pp.3-4. 22 Ibid. p.8. 62 En outre, l'article 5 en son alinéa 3 consacre la protection de la femme et de l'enfant contre la violence et l'insécurité, l'exploitation et l'abandon moral, intellectuel et physique qui sont une obligation de garantie pour l'Etat et les autres collectivités publiques. A côté de tous ces droits, le droit au travail est en droite ligne protégé par les autorités centrafricaines, pour les deux sexes à travers la constitution, d'autres textes nationaux et des institutions liées à la question. De même, l'article 9 de la constitution de la République garantit à chaque citoyen le droit au travail, à un environnement sain, au repos et aux loisirs dans le respect des exigences du développement national. Elle lui assure les conditions favorables à son épanouissement par une politique efficiente de l'emploi. Par ailleurs, tous les citoyens sont égaux devant l'emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail ou son emploi en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions ou de ses croyances. Le droit à l'association qui permet de se regrouper en syndicat ou en parti politique est également promu dans cette constitution, comme le relève l'article 12, "tous les citoyens ont le droit de constituer librement des associations, groupements, sociétés et établissements d'utilité publique, sous réserve de se conformer aux lois et règlements"23. Pour matérialiser cela, l'article 74 relatif au Conseil Constitutionnel relève les quotas qu'il faille respecter pour promouvoir la femme dans cette institution étatique. La Cour Constitutionnelle comprend neuf (9) membres dont au moins trois (3) femmes, qui portent le titre de Conseiller. La durée du mandat des Conseillers est de sept (7) ans, non renouvelable. Toutefois, les membres de la Cour Constitutionnelle sont désignés comme suit : - deux (2) Magistrats dont une (1) femme, élus par leurs pairs ; - un (1) Avocat élu par ses pairs ; - deux (2) Professeurs de Droit élus par leurs pairs ; - deux (2) membres dont une (1) femme, nommés par le Président de la République ; - deux (2) membres dont une (1) femme, nommés par le Président de l'Assemblée Nationale24. Aussi le projet de constitution de la République du Congo de janvier 2002, tient compte de la promotion de la femme dans la société congolaise. L'article 15 de la partie consacrée aux droits, libertés et devoirs des citoyens met en exergue l'égalité de tous les congolais devant la loi, et tous sont protégés par cette loi, sans aucun favoritisme ou désavantage à quiconque du fait de son origine familiale, ethnique, de sa considération sociale, de ses convictions politiques, 23 Cf. Constitution de la République Centrafricaine, p.6. 24 Ibid., p.25. 63 religieuses philosophiques et autres25. L'article 17 relève l'égalité entre l'homme et la femme ainsi que la représentation de la femme à toutes les fonctions politiques, électives et administratives. Aussi, l'assurance est faite pas l'Etat sur l'épanouissement de la jeunesse et le droit à l'éducation et égal accès à l'enseignement et à la formation à tous à l'article 29. Alors qu'à l'article 30, l'Etat reconnaît le droit de travail à tous les citoyens et crée les conditions qui en rendent effective la jouissance26. En sus, l'Etat congolais dans sa constitution issue de la réforme constitutionnelle du 25 Octobre 2015 en ses articles 232 et 233 met en relief, l'institutionnalisation du Conseil consultatif des femmes qui sera chargé d'émettre des avis sur la condition de la femme et de faire des suggestions au gouvernement, visant à promouvoir l'intégration de la femme au développement, ainsi que l'organisation, la composition et le fonctionnement du Conseil consultatif des femmes27. Selon l'Enquête Congolaise sur les Ménages (ECOM 2005) et au regard du poids numérique des femmes dans la population congolaise (51,1% de femmes contre 48,9% d'hommes), l'opinion publique s'accorde à reconnaître qu'au-delà d'une simple question de droits, l'égalité de genre est un enjeu du développement humain harmonieux et durable28. Il en ressort que la condition de la femme au Congo est considérée comme enjeu majeur pour un développement harmonieux et réussi du pays. Raison pour laquelle la parité homme/femme est un objectif affirmé dans la constitution. En outre pour promouvoir l'activité de la femme, l'Etat tchadien a mis sur pied des mécanismes voire des structures de promotion de la femme. C'est le cas du Ministère de l'Action Sociale, de la Solidarité Nationale et de la Famille (MASSNF) qui regorge une pléthore de structures chargées de rehausser le statut de la femme dans tous les domaines de la vie. La constitution tchadienne consacre au système éducatif le droit à l'instruction pour tout tchadien mais accorde une place de choix à la laïcité et la gratuité de l'enseignement public. Aussi, la loi n°16/PR/06 du 13 mars 2006 portant orientation du système éducatif tchadien dispose en son article 4 "le droit à l'éducation et à la formation, reconnu à tous sans distinction d'âge, de sexe, d'origine régionale, sociale, ethnique ou confessionnelle". Il a également été élaboré un programme de traitement préventif intermittent du sida chez la femme enceinte29. Le statut de la Fonction publique a été reformé par la loi n°17/PR/01 du 31 décembre 2001. Cette loi vient remplacer l'ancien statut de 1996 promulgué par ordonnance n°15/PR/86/ 25Projet de la constitution de la République du Congo de 2002, p6. 26 Ibid. 27 Projet de modification de la constitution du Congo, Octobre 2015, p.16. 28 Ibid., p.101. 29 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", pp.93-94. 64 du 20 septembre 1986. Ce nouveau statut général dispose en son article 5 que " l'accès aux emplois publics est ouvert à égalités des droits, sans distinction de genre, de religion, d'origine, de race, d'opinion politique, de position sociale". Le secteur privé cependant est régi par la loi n° 038/PR/96 du 11décembre 1996, portant Code de travail. Il relève qu'est considéré comme travailleur ou salarié, selon l'article 3 de cette loi, toute personne physique, quel que soit son sexe et sa nationalité "qui s'est engagé à mettre son activité professionnelle moyennant rémunération sous la direction et l'autorité d'une personne physique appelée employeur". Alors que l'article 6 ajoute qu'aucun employeur ne peut prendre en considération le sexe, l'âge ou la nationalité des travailleurs pour arrêter ses décisions concernant le recrutement, la répartition de travail, la formation professionnelle, l'avancement, la promotion, la rémunération, l'octroi d'avantages sociaux, la discipline ou la rupture de contact de travail. Et concernant la rémunération pour un travail de valeur égale, le salaire est le même sans distinction de sexe. C'est ainsi que pour assurer l'accès à tous les tchadiens dans la fonction publique sans distinction de sexe, il est institué un concours de recrutement30. En plus de ces lois nationales, il existe des législations propres à la CEMAC en tant qu'institution communautaire. 3. Les législations de l'Organisation Internationale sous régionale la CEMAC La législation sous régionale évoquée ici est le Programme Economique Régional (PER), élaboré par la CEMAC pour promouvoir la femme. Bien que cette question soit abordée pendant des grandes assises de la communauté, le PER est le seul instrument qui soit élaboré jusqu'aujourd'hui en matière de promotion de la femme. La communauté sous régionale n'a point établi un véritable instrument juridique de promotion du genre, qui permet de promouvoir la femme depuis l'UDEAC. Il n'en demeure pas moins que de l'UDEAC à la CEMAC, les femmes ont toujours été représentées, malgré leur petit nombre. Pour pallier à cette insuffisance ou manque de législation dans le domaine, la CEMAC s'est donnée pour initiative dans le PER élaboré en 2011, d'intégrer la question genre. Le PER répond à une vision de l'avenir de la Communauté à l'horizon 2025, consistant à "faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent ou règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain"31. C'est un programme élaboré pour trois périodes quinquennales. La première phase allait de 2011 à 2015, 30 Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", pp.97-98. 31 Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, Programme Economique Régional, Plan opérationnel, 2011, p.9. 65 la deuxième de 2016 à 2020, et la dernière va de 2021 à 2025. Le premier plan opératoire 20112015 se traduit par les atouts principaux dont : un cadre institutionnel clair et logique caractérisé par la déclinaison des axes en objectifs stratégiques, en programmes puis en projets et un plan cohérent dans lequel les projets des différents axes se renforcent les uns les autres et convergent vers un même objectif, excluant une compilation de projets sans cohérence entre les actions. Aussi une approche programme permettant l'élaboration d'un budget programme pluriannuel qui facilite la recherche, la mobilisation et l'affectation opportune des ressources à ces projets déjà identifiés de manière claire, logique et cohérente. Par ailleurs, ce plan est appelé à servir de guide d'action permanent pour les Institutions, les Organes et les Institutions spécialisées de la Communauté en commençant par la Commission de la CEMAC. Chaque Etat membre de la CEMAC y retrouve l'agenda régional de son plan national de développement économique et social (devant être mis en forme à travers le volet pays du PER). Ce qui lui permet d'assurer une bonne articulation entre le niveau régional et le niveau national, les acteurs du secteur privé, partenaires essentiels et indispensables dans la création des richesses dans la Communauté et les bailleurs de fonds, qui y trouveront une meilleure visibilité lors des missions d'élaboration de leurs cadres d'intervention dans les pays et d'appui à la communauté. Autrement dit, le PER permet d'une part, d'assurer une bonne articulation entre l'agenda de la CEMAC, de ses Etats membres et le secteur privé, et celui des partenaires au développement de la Communauté et, d'autre part, fournit des possibilités de complémentarité entre les interventions des différents bailleurs de fonds au niveau de la Communauté32. Contrairement aux instruments juridiques précédents de la CEMAC, ce dernier a élaboré un programme de développement sur le genre. Avec une population de plus de 50 millions d'habitants aujourd'hui, sur un territoire communautaire de plus de 3002144millions de km2, une densité démographique de 13habitants/km2, bien que faible, et 7 personnes/13 sont du genre féminin. Continuer à exclure par quel motif que ce soit, cette population féminine, pénalise grandement la réalisation de l'émergence économique de la Communauté. Motivation incontestée de la mise sur pied d'un texte consensuel de promotion du genre dans cette communauté. Le Programme de développement genre vise ici à insérer davantage, voire réinsérer les ressources humaines féminines de manière pragmatique et efficace dans les activités économiques et sociales de la Communauté, à travers la mise en oeuvre de trois projets. Aussi, la mise en oeuvre d'une politique de promotion genre vise à assurer la promotion genre 32Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, plan opérationnel..., pp.9-10. 66 dans toutes les actions et activités du PER, par une forte implication des ressources humaines féminines de la CEMAC. Pour ce faire, il a été procédé à la formulation de manière consensuelle dès l'année 2011, d'une politique de promotion genre, dont la mise en oeuvre est entamée dans le courant de l'année 201233. Pour réaliser cet exploit, il est préconisé de mettre sur pied ou de renforcer les réseaux d'actrices économiques, mais aussi d'insérer les femmes dans la promotion de la paix et de la sécurité. Les organisations de groupements féminins existants dans chacun des Etats membres de la CEMAC, développent séparément leurs programmes d'activités, souvent sans une coordination à l'échelle de la Communauté. Il s'agit par-là, de mettre en oeuvre ce projet, de bâtir ce maillon manquant destiné à assurer la convergence des programmes nationaux afférents aux femmes, en particulier, à celles membres de réseaux nationaux évoluant les divers secteurs économiques. La pleine implication des femmes actrices économiques à travers un Réseau communautaire fonctionnel pourrait ainsi contribuer amplement à l'accélération de la mise en place effective du marché commun. Car aucune action de développement ne peut être viable si la Communauté n'évolue pas dans un environnement de paix et de sécurité34. Il est plus qu'impératif que soient pacifiées toutes les zones et poches de conflits et que les Etats membres de la CEMAC cultivent et entretiennent précieusement entre eux une diplomatie de bon voisinage, de manière durable. Sous ce rapport, la population féminine de la Communauté dispose d'atouts considérables à faire prévaloir, afin de contribuer à la pacification et sécurisation de toutes les zones et poches de conflits, à travers des stratégies se référant au patrimoine culturel des civilisations de l'Afrique centrale35. Face à toutes ces législations, le rôle de la femme dans la CEMAC est examiné afin de comprendre l'importance accordée à la femme dans cette sous-région. B. DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME Plusieurs femmes occupent de nos jours de nombreux postes au sein de la CEMAC, que ce soit dans la classe des fonctionnaires du régime international que celle des fonctionnaires du régime local. Ces femmes jouent un rôle considérable pour l'avancement de l'intégration politique et économique de la sous-région, sans oublié l'harmonie sociale. C'est ce que s'attèle à examiner cette partie. 33 Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, plan opérationnel, pp.102-103. 34 D'après Mbassi Ondigui, entretien. 35Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018. 36 Commission économique pour l'Afrique, le Genre et l'Education à la culture de la paix en Afrique Centrale, septembre 2013, p.4. 67 Autrefois, la différence de genre soumettait la femme à une discrimination sociale et à la privation des privilèges liés à sa contribution au développement. De nos jours, les femmes de la sous-région sont davantage conscientes de leur force sociale, économique et politique. D'où elles s'affirment comme "sujet" de leur histoire et actrices incontournables de la CEMAC sur les plans politique, économique et social. 1. La femme sur le plan politique Parler du cadre politique dans la CEMAC renvoie à aborder plusieurs domaines notamment la sécurité, la paix, la prévention des conflits, l'élaboration des grandes politiques de l'organisation, la prise des décisions importantes, les grands débats sous régionaux (conférences, colloques, séminaires), les accords de coopération entre Etats de la sous-région et entre la CEMAC et d'autres structures partenaires. a. Dans les domaines de la paix, la sécurité et la prévention des conflits en zone CEMAC Dans ces domaines de la sécurité, du maintien de la paix et de la prévention des conflits dans la sous-région, les femmes contribuent massivement à la stabilité de la sous-région à travers leur activisme. Ceci en accord avec les législations nationales, sous régionales et internationales. La résolution 1325 sur les femmes, sur la Paix et la Sécurité du Conseil de Sécurité des Nations Unies affirme l'importance de la femme dans la consolidation de la paix et invite les Etats membres à assurer une représentation accrue des femmes à tous les niveaux du processus décisionnel dans les institutions nationales, régionales et internationales et dans les mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits36. C'est le cas de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix, initiées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le maintien de la paix et la sécurité dans le monde et de la résolution des conflits par des moyens pacifiques. C'est ce qui ressort de la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix initiées par le Conseil de Sécurité en Centrafrique en 2014 et même bien avant, et dans d'autres pays. Aussi, les femmes de la CEMAC participent à la sécurité de la sous-région dans le cadre de la Force Multinationale de la CEMAC (FOMUC) qui est la force multinationale qui regroupe les Etats de la CEMAC. C'est ce qui explique l'intervention de la FOMUC dans le conflit centrafricain en 2002. Les femmes ne sont pas en reste dans cette épreuve d'aide au pays en 68 conflit dans la sous-région. Même si elles ne sont pas aux fronts, elles sont employées comme médecins, et dans d'autres commissions du cadre du maintien de la paix dans le monde37. La présence d'Interpol-CEMAC connaît également la participation des femmes dans les forces de maintien de l'ordre et de la paix. D'où la présence du Comité des Chefs de Polices d'Afrique Centrale (CCPAC). Les femmes ont toujours été très actives dans les campagnes, des zones urbaines et les mobilisations publiques pour la paix dans leurs Etats. Pour mieux jouer ce rôle, Armelle Pana membre de l'unité de la protection de l'enfant de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) en 2014 relève que : "afin de rendre plus efficace leur participation aussi bien à la vulgarisation qu'au processus de paix, les besoins les plus profonds des femmes doivent être pris en compte". C'est dans ce sens que Gladys Atinga, Conseillère principale en genre pour la MINUSCA en 2014 souligne que : La participation des femmes dans le processus de paix est indispensable à l'établissement et au maintien de la paix. L'exclusion des femmes lors de ces processus a des conséquences importantes sur la façon dont les questions qui les concernent sont abordées, tels que les problèmes de violence envers les femmes. Il est alors nécessaire de revoir le rôle des femmes et surtout de les préparer.38 Donc les femmes peuvent contribuer au même titre que les hommes à la promotion de la paix dans le monde et sphériquement dans la CEMAC39. Dans cette initiative, le Club CEMAC est une plateforme de cohésion, de concertation, de dialogue et de promotion des valeurs d'humilité et de partage entre les jeunes, au service de l'intégration. Mais aussi et surtout au service du développement durable de la Communauté, dans un environnement de fraternité, de tolérance, de solidarité et de paix40. D'autant plus qu'elles occupent des postes importants : Lemi Clarisse Penga, Présidente du club CEMAC, Emmanuelle Ngo Bayina Trésorière, Jeannette Ngo Mbemoun, Conseillère.41 En outre, des conférences sont organisées toujours dans le but de la préservation de la paix en Afrique centrale zone CEMAC, c'est le cas du séminaire tenu du 18 au 19 Décembre 2017 qui avait pour thème "prendre en compte les besoins spécifiques des femmes dans le processus de paix et de sécurité en RCA". Il en ressort que la femme participe activement au processus de maintien de la paix, et de la prévention des conflits en Afrique centrale. Cependant, 37 J. Nna, "Sécurité et défense en Afrique centrale 1960-2009", Mémoire de master en Histoire, Université de Yaoundé I, 2009, pp.33-35. 38 D. Thiénot, "Les femmes entre les fronts en République centrafricaine", in Rapport sur l'Afrique centrale 10, Institut d'Etudes de Sécurités, Septembre 2017, pp.2-4. 39 https://minusca.unmission.org/prendre-en-compte-les-besoins-sp%C3%A9cifiques-es-femmes-dans-le-processus-de-paix-et-de-s%C3%A9curit%C3%A9-en-rca. Consulté le 15/03/2018. 40 Plan d'action du Club CEMAC pour l'année académique 2013-2014, une présentation du bureau entrant, 20132014, 9p. 41 Ibid. 42 Réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités, Rapport des Experts, Yaoundé, 14-15 Septembre 2010, pp.2-3. 69 sa contribution devrait être redynamiser pour qu'elle contribue plus efficacement, afin de participer à la stabilité de la sous-région. Un rôle qui est promu par la Résolution 2387 du Conseil de sécurité qui met en exergue le rôle crucial de la société civile dans le processus de paix et de réconciliation, encourageant par ailleurs la participation entière et effective des femmes. Elles sont aussi présentes dans l'élaboration et l'adoption des grandes politiques de la Communauté. b. Les femmes dans les grands débats et l'élaboration des directives politiques de la Communauté Les femmes sont également présentes dans l'adoption des directives politiques de la sous-région et à la tenue des conférences pour une gestion efficace de la sous-région. Elles ne sont pas en marge de l'adoption des législations nécessaires par la CEMAC pour l'avancement de cet espace communautaire. L'on peut citer Chantal Elombart Mbedey, Directeur de l'Intégration régionale au Ministère de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire de la République du Cameroun. Elle a présidé du 14 au 15 Septembre 2010, la cérémonie d'ouverture de la réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités. Cette réunion était convoquée conformément aux instructions du comité de pilotage de la Communauté Economique Régionale (CER). Elle avait mis sur pied un groupe de travail dont la mission était d'élaborer un plan d'action pertinent qui servira de tableau de bord au processus de rationalisation. Cette dernière a montré l'importance de cette réunion et a exhorté les participants à procéder à une analyse approfondie de la problématique posée et identifier les voies et moyens qui permettront d'élaborer un plan d'action réaliste, répondant aux attentes exprimées par les Chefs d'Etats et les Ministres de la Communauté42. Il en va de même pour Dorothée Aimée Calenzana, ministre centrafricaine de la Coopération, de l'Intégration Régionale et de la Francophonie, qui est également Coordonnatrice du Réseau de Soutien au Leadership Politique des Femme Centrafricaines (RESOLEP-FC) et cumulativement Présidente nationale du Collectif des Femmes de la société civile centrafricaine (COFEM) et Yvonne Adélaïde Mougany, ministre congolais des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat, Madjima Kalzeube Neldikingar, Ambassadeur extraordinaire du Tchad auprès de la République du Congo, qui ont toutes pris part à la 22ème 70 session ordinaire du Conseil des Ministres de l'UEAC tenue à Brazzaville le 19 Décembre 2011, qui tablait sur la nécessité de dynamiser la sous-région.43. Toujours dans la même initiative, Mahadie Outhman Issa, Secrétaire d'Etat aux infrastructures et au transports du Tchad a pris part à la 20ème réunion du Collège de la surveillance multilatérale de la CEMAC, tenue à Douala les 16 et 17 Décembre 2010 dans les locaux de la Banque de Développement des Etas de l'Afrique Centrale (BDEAC). Réunion au cours de laquelle, des objectifs ont été préconisés pour le Collège de surveillance multilatérale notamment d'assurer un pilotage efficace et une appropriation du PER au niveau de chaque Etat membre et une large diffusion de la Vision CEMAC 2025, du PER, mais aussi de consolider la bonne gouvernance. Elle a fait un discours constitué de remerciements à l'encontre du Président Congolais Denis Sassou N'Guesso, devant une pléthore d'hommes et de femmes. C'est également l'intelligentsia féminine qui était prouvée ce jour-là, (cf. photo 2)44. Photo 2 : La représentante du Tchad Mahadie Outhman Issa, Secrétaire d'Etats aux infrastructures et aux transports à la 20ème réunion du Collège de la Surveillance multilatérale de la CEMAC, Douala les 16-17 Décembre 2010. Source : Vision CEMAC, n°01, 29 décembre 2010, p.8. Cette photo présente la ministre tchadienne des transports en plein discours, lors de la 20ème réunion du Collège de la Surveillance multilatérale de la CEMAC à Douala les 16 et 17 Décembre 2010. Une réunion au cours de laquelle des hommes et des femmes de la haute classe 43 Procès-verbal de la 22ème session ordinaire du Conseil des Ministres de l'UEAC, Brazzaville (R. Congo), 19 décembre 2011, p.3. 44 Ibid., p.2. 45 Réunion du groupe de travail chargé de l'élaboration du plan d'action et du chronogramme d'activités, Rapport des Experts, 2016, p.2. 71 des fonctionnaires de la CEMAC étaient présents. Elle représentait son pays au cours de cette conférence. Un exemple de plus de la confiance mise sur la gente féminine dans la sous-région. Car que ce soit au plan national comme international, les femmes tiennent des conférences45. En plus, d'autres conférences d'envergure sont généralement organisées par les femmes en ce qui concerne les activités économiques dans la sous-région. C'est le cas de la Conférence débat sur la fluidification des échanges en zone CEMAC, tenue lors de la Foire Transfrontalière de l'Afrique Centrale (FOTRAC) 2016, dont Danielle Nlaté a ressorti la nécessité pour les "sexes" et particulièrement les femmes, de s'investir sur la question des échanges afin de booster cet espace communautaire, (cf. photo 3). Photo 3 : Conférence débat sur la fluidification des échanges en zone CEMAC lors de la FOTRAC 2016. Source : FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.9. Cette photo présente les femmes en pleine conférence sur la libre circulation lors de la Fotrac de 2016, aux rangs desquels, la présidente fondatrice du REFAC, de la droite vers la gauche, qui expose les biens fondés de ladite foire pour la sous-région. Une autre Conférence sur la libre circulation s'est tenue au cours de cette foire. Car la libre circulation devenue l'un des principaux obstacles de la CEMAC, il est fondamental de s'atteler dessus pour sensibiliser 72 tous les ressortissants de la sous-région de prendre en considération ce pan qui incombe toutes les populations46. c. L'expertise féminine dans le cadre bilatéral pour un renforcement des relations communautaires Pour une coopération plus fluide et prometteuse, de nombreuses Commissions mixtes sont établies entre les pays de la CEMAC. Des commissions au cours desquelles les femmes participent au même titre que les hommes. C'est le cas de la grande Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale. Au cours de la 8eme session de ladite Commission ténue du 27 au 30 mai 2012 à Yaoundé, de nombreux ministres camerounais et équato-guinéens ont pris part, au rang desquels des femmes ministres du côté de chaque pays. Le Cameroun comptait 14 émissaires dont Messina née Beyene Clémentine Antoinette, ministre délégué auprès du ministre de l'agriculture et du développement rural, chargé du développement rural. Elle a participé à cette Commission mixte au côté de 13 autres ministres camerounais de sexe masculin. Du côté équato-guinéens, Victoria Nchama Nsue Ocomo, vice-ministre des Affaires étrangères guinéennes. Il a par ailleurs été examiné des questions d'ordre juridique et politique, de la coopération économique et de la coopération scientifique, culturelle et technique47. A l'issu des travaux, huit accords ont été signés. Il y'a eu l'accord relatif à l'exemption réciproque de visas pour les titulaires des passeports diplomatiques, de service ou officiels, celui portant création de la Commission mixte permanente de sécurité. De même l'accord sur le Règlement Intérieur du comité de suivi des questions consulaires et de sécurité transfrontalières, celui de coopération dans le domaine de l'éducation et de la culture. Aussi, le Protocole d'accord en matière d'agriculture, celui du domaine de la promotion de la femme et du genre et l'accord de partenariat entre le Ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative du Cameroun et le Ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative de la Guinée Equatoriale. Sans omettre la Convention de partenariat entre le Ministère des relations extérieures du Cameroun et le Ministère équato-guinéens des affaires étrangère et de la coopération pour la formation et le perfectionnement du personnel de la diplomatie de la Guinée Equatoriale. La question genre qui a fait l'objet d'un débat au cours de cette rencontre bilatérale, relève de la place que les pays de la sous-région accordent à la question genre et mieux encore 46 FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.9. 47 Rapport 8eme Commission Mixte Cameroun-Guinée Equatoriale, Yaoundé, 30 août 2012, p.3. 73 à la femme48, même s'il faut relever un déséquilibre d'effectif de représentation des femmes par rapport aux hommes. Ceci peut être expliqué par la sous-représentation des femmes au sein des pays respectifs de la CEMAC. Aussi, le fait que des femmes occupent très peu de postes de responsabilité au sein des Administrations nationales entraine leur faible représentation au-delà des frontières nationales. Pour ce qui est du cadre national, au Gabon par exemple Rose Francine Rogombé, ex-Président du Sénat et ex-Président par intérim démontre que les femmes en Afrique central et au-delà, peuvent bien diriger leurs pays et même les organisations internationales. A la mort du Chef d'Etat Omar Bongo, elle a assumé la transition de son pays et a organisé avec succès les élections présidentielles remportées par Ali Bongo, fils du défunt49. Il en va de même de Catherine Samba Panza, qui a assuré la transition en RCA avant que soient organisées les élections remportées par Archange Touadera, l'actuel président de ce pays. Il en ressort que la femme est présente dans les domaines de la sécurité, de la paix, de la prévention des conflits, de l'élaboration des grandes lignes de conduite de l'organisation, de la prise des décisions importantes, dans les grands débats sous régionaux (conférences, colloques, séminaires), les accords de coopération entre les Etats de la sous-région, et entre la CEMAC et d'autres organisations ou Etats dans le monde. L'on ne saurait denier à quel point la diplomatie féminine pour le dynamisme politique de la sous-région est présente et efficace. Même s'il faille relayer leur petit nombre par rapport aux hommes. Il nécessite toutefois de diagnostiquer sa place dans le volet économique qui sous-tend même cette espace communautaire. 2. Le rôle de la femme dans le volet économique En plus de son rôle joué dans la politique de la sous-région, la femme joue également un rôle déterminant dans le volet économique de la CEMAC. Aussi depuis, les pays de l'Afrique centrale avaient manifesté une volonté de mettre sur pied une entité géoéconomique intégrée car les indépendances sont proches. Ce qui explique le processus de création de la CEMAC qui couvre non seulement l'économie, mais aussi la monnaie avec des déclinaisons culturelles et politiques. Il incombe donc aux hommes et aux femmes de la Communauté de dynamiser l'économie de la sous-région par leur savoir-faire et de surcroit permettre le décollage économique de cet espace géographique. Il est question dans cette partie de ressortir 48 Rapport 8eme Commission Mixte..., p.9. 49 Commission Economique pour l'Afrique..., p.19. 74 le dynamisme de la femme dans plusieurs domaines de l'économie de la sous-région. Notamment dans l'agriculture, la pêche, l'élevage, le commerce et les transports. a. Dans l'agriculture La CEMAC est un espace de six pays avec une superficie de plus de 3 millions de km2 et une population de plus de 51 millions d'habitants, disproportionnelle aux pays. Cette situation géographique particulière offre à la zone CEMAC, une diversité de zones agro-écologiques. Cette diversité fait en sorte que l'agriculture occupe une place cruciale dans cette sous-région50. L'agriculture est l'un des principaux secteurs de l'économie des pays de la CEMAC. Elle emploie environ 64% de la force vive de la zone et contribue pour 25% au Produit Intérieur Brut (PIB) de la sous-région, bien que ce soit de manière variable d'un Etat à un autre. Cependant, elle ne procure qu'environ 15% des recettes d'exportation en raison du poids relativement important des exportations du pétrole produit dans quatre pays sur six de la CEMAC51. Cette contribution est tout aussi variable d'un pays à l'autre. La part des importations des produits agricoles, dans le total des importations, est de l'ordre de 16%52. Les produits les plus importants de cette agriculture sont entre autres le cacao, le café, la banane, le caoutchouc, l'huile de palme qui sont des produits fortement exportés par des pays étrangers et permettent de propulser le PIB de la sous-région. Conformément aux constats de la littérature sur l'agriculture en Afrique subsaharienne53, les observations sur le terrain démontrent que les femmes ont moins d'accès à la terre, cultivent généralement des parcelles de moindre taille et ont un moindre accès aux services de conseil. De plus, la contribution des femmes au travail agricole est de manière disproportionnée plus grande, bien que les hommes assument les gros travaux (défrichage et labour)54. Ce qui explique le fait que, peu d'organisations de producteurs sont dirigées par des femmes, l'une des exceptions notables étant le Conseil Régionale des Organisations Paysannes de la Partie Septentrionale du Cameroun (CROPSEC), une association agropastorale active dans les régions du Nord et de l'Extrême Nord comptant plus de 3 000 femmes (soit 59% des 50 V. Achancho "Revue et analyse des stratégies nationales d'investissements et des politiques agricoles en Afrique du Centre : cas du Cameroun", in Reconstruire le potentiel alimentaire de l'Afrique de l'Ouest, A. Elbehri (ed.), FAO/FIDA., p.127. 51 Discours de Poul Nieson à propos de l'accord de Cotonou en 1999. 52 Stratégie agricole commune des pays membres de la CEMAC, Version provisoire, mai 2004, pp.6-7. 53A. N. Mukasa, and A. O. Salami, (2016). Gender equality in agriculture : What are really the benefits for Sub-Saharan Africa ? Africa Economic Brief Chief Economist Complex | AEB, 7(3), 2016, pp.1-12. 54 Anne Mindang, 35 ans, cultivatrice centrafricaine, entretien réalisé à Yaoundé le, 15/06/2019. 75 membres)55. Cependant, ces difficultés d'accès aux terres n'empêchent point ces femmes de la CEMAC de pratiquer l'agriculture qui nourrit des populations à l'intérieur comme à l'extérieur de ces pays à travers la commercialisation, (cf. photo 4). Photo 4 : Les produits de l'agriculture vivrière dans la CEMAC à Kyo-Ossi. Source : International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71. Cette image représente certains produits cultivés par les femmes dans la CEMAC, ce qui contribue massivement à l'alimentation d'une grande partie de la population dans les zones frontalières de la sous-région, à travers la commercialisation de ces produits, (cf. photo 5). 55 Aba Minlo, 35 ans, Agent CROPSEC, entretien réalisé à Yaoundé, le 25/05/2018. 76 Photo 5 : Surcharge d'un pick-up face à l'augmentation des coûts de douane Source : International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71. Cette image présente la surcharge d'une voiture afin de pallier aux coût tarifaires d'impôts, pour éviter l'inadéquation entre les prix colossaux de la douane et la vente56. Il faut relever que la plupart des femmes pratiquent ces activités d'une façon informelle à cause d'énormes entraves liées à la libre circulation, mais qui ne sont pas de moindre importance. En plus de l'agriculture, la pêche et l'élevage ne sont pas en reste dans ces activités.57 b. La pêche et l'élevage A côté de l'agriculture, l'on relève l'élevage et la pêche qui sont des principales sources de protéines d'origines animale dans l'alimentation des populations de la CEMAC. Ces deux secteurs d'activité font partir des secteurs promus par la sous-région et dont le cadre a été harmonisé par la création de la Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques (CEBEVIRHA). Même s'il faut relever que d'autres femmes pratiquent ces activités à usage personnel et de façon informel. Cependant, l'importance est également avérée par la fluidité du commerce dans les différentes zones frontalières de ces Etats de la sous-région.58 56 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank, Briser les Obstacles au Commerce Agricole Régional en Afrique Centrale, Août 2018, p.71. 57 Ibid.. 58 S. Hekebereya, "La coopération sectorielle en Afrique Centrale : le cas de la CEBEVIRHA (Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques)", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2009, p.7. 77 Les activités pastorales menées dans trois des six Etats couvrent une superficie d'environ 1,1 millions de km2. Plus de 35% des populations au Cameroun et 40% au Tchad se consacrent aux activités d'élevage. L'effectif global du cheptel bovin de la zone était de 13 millions de têtes en 1995, et l'effectif disponible à l'exportation sur pied et vivant représente 12% de ce total. Mais de nos jours, on dénombre plus de 37.014 151 têtes reparties entre les Etats membres, soit une augmentation de 25.014 151 têtes. Le Tchad et la RCA sont des exportateurs nets du bétail. Le Cameroun est à la fois importateur et exportateur. L'Afrique centrale n'a cependant pas pu bénéficier du Protocole viande prévu par la Convention de Lomé IV. Au contraire, elle est envahie par les produits carnés européens subventionnés. La promotion et la valorisation des produits de l'élevage restent insuffisantes et non pas permis d'exploiter à fond des ressources de la zone. Les importations du lait dans l'ensemble des pays en constituent une illustration. La zone CEMAC dispose pourtant d'atouts importants pour le développement de l'élevage, notamment l'abondance de pâturage et un climat très favorable. Les échanges en bétail se multiplient de plus en plus dans cette zone. Le commerce est dominé par l'exportation des animaux sur pied du Tchad vers le Nigéria en passant par Kousseri au Cameroun. Aux circuits intrarégionaux que sont Tchad-RCA, Bangui-Brazzaville, Adamaoua-Yaoundé, RCA-Cameroun, Yaoundé-Douala, Yaoundé-Libreville et Yaoundé-Malabo, s'ajoutent des circuits extrarégionaux dont Tchad-Nigéria et Cameroun-Nigéria59. Face à ce vaste terrain qu'offre le domaine de l'élevage en Afrique centrale, les femmes ne sont pas en reste et contribuent au développement du secteur tant d'une façon formelle qu'informelle. De nombreuses femmes pratiquent l'élevage dans différents pays de l'Afrique centrale et permettent à travers cette activité d'alimenter une grande partie de la population de la sous-région. Cependant, les échanges sont malheureusement entravés dans leur développement par de nombreuses contraintes notamment l'inorganisation des marchés à bétail, l'insuffisance des statistiques, les maladies animales émergentes, les coûts élevés de production, le manque d'une législation adaptée, les mesures de l'Organisation Mondiale sur le commerce des animaux et de leurs produits et la faible structuration des acteurs, qui sont autant de défis qui font à ce que la zone ne soit pas compétitive. Même s'il faut aussi noter l'inégale répartition des activités dans ce secteur entre l'homme et la femme. Pour ce qui est de la pêche, l'idée de promouvoir la pêche continentale et l'aquaculture en zone CEMAC est née en 1999 à Bangui (RCA). C'est le Secrétaire Général de la CEMAC de l'époque, Thomas Dakayi Kamga qui avait révélé aux participants l'importance que 59 Hekebereya, "La coopération sectorielle en Afrique Centrale...", pp.7-10. 78 représenterait la mise en place d'un projet régional de la pêche continentale et d'aquaculture. C'est ce qui justifie la tenue d'un atelier de lancement du projet "Promotion de la pêche continentale et de l'aquaculture en zone CEMAC", du 18 au 20 Mai 2011 à Bangui, au siège de la CEMAC60. Plusieurs femmes ont saisi cette opportunité pour contribuer à la dynamisation de ce secteur en zone CEMAC. C'est ce qui explique la présence de nombreuses femmes dans le personnel de la PPCA/CEMAC, tel l'illustre ce tableau 6. Tableau 6 : Personnel féminin au PPCA/CEMAC en 2012
Source : CEBEVIRHA Info, N°003, Juin 2012, pp.10-11. Ce tableau est une liste exhaustive du personnel féminin dirigeant de la PPCA/CEMAC en 2012.61 Ces femmes représentent des Antennes de la PPCA/CEMAC dans les différents pays de la Communauté. Il s'agit uniquement du personnel féminin. De nombreuses femmes pratiquent la pêche dans le cadre de la sous-région. Elles sont regroupées pour certaines dans le cadre du REFAC, ce qui leurs permet d'exposer ces produits aquacoles lors de la foire transfrontalière qui a lieu tous les ans entre le mois de Juin et celui de Juillet, (cf. photo 6). Mais aussi de vendre dans les marchés frontaliers ou dans les Etats de la communauté. 60 CEBEVIRHA Info, n° 003, Juin 2012, pp.1-2. 61 Ibid., p.10. 79 Photo 6 : Etang de Mitone à la Lambarene, Antenne du PPCA/CEMAC au Gabon Source : CEBEVIRHA, N° 003 Juin 2012, p.8. Cette photo présente les différents étangs de poissons de l'Antenne du PPCA/CEMAC au Gabon. Ceci est l'oeuvre conjointe des hommes et des femmes dynamiques pour le projet sous régional d'aquaculture62. Photo 7 : Le poisson dans un Stand lors de la Foire Transfrontalière de juin 2016. Source : https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/, consulté le 19/04/2019 à 16h30min. 62 CEBEVIRHA Info, n° 003..., p.2. 80 En plus de ce type de poisson, bien d'autres sont exposés pendant la foire communautaire, venant des différents pays de la sous-région. Le commerce connait également un fort déploiement des femmes. Par ailleurs, les pêches africaines d'une façon générale emploient au total 19,2 millions de personnes, dont 34 % de femmes63. 96% des emplois occupés par les femmes concernent les activités post-récoltes, 3,1 % de femmes sont employées comme pêcheurs et 0,7 % dans l'aquaculture. La contribution totale de la pêche et de l'aquaculture au PIB agricole est estimée à 9,2 % (26,6 milliards de dollars), une part importante étant créée par les femmes.64 c. Le secteur commercial : une étude à travers la foire transfrontalière Le secteur commercial est également très prisé par les femmes de la sous-région. Elles contribuent énormément dans l'harmonisation du commerce de la CEMAC, non seulement à travers la foire transfrontalière qui a lieu tous les ans, mais aussi à travers des marchés frontaliers et l'import-export. Parlant des activités commerciales à travers la foire, la 9ème édition de la foire transfrontalière de la CEMAC s'est ouverte le 29 juin 2018 à Kyé-Ossi. Elle avait fait cohabiter des exposants venus de 10 pays appartenant aux communautés économiques régionales d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest. Une interconnexion socioéconomique qui a pour objectif de prôner le vivre ensemble régional et interrégional. Venus nombreux, les participants ont bravé le soleil pour commercialiser leurs produits de divers sorte, comme le démontre cette image65, (cf. photo 8). 63 E. Kaunda, "Étude sur le potentiel de l'aquaculture en Afrique", Mai 2015, p.42. 64 Ibid., p.42. 65 https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/ consulté le 19/04/2019 à 16h30min. 66 Z. R. Mbarga, "Intégration Régionale, Fotrac 2018 : Place à l'interrégionalisme par le bas", publié le 11/07/2018, in https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/.Consulté le 19/04/2019 à 16h30min. 81 Photo 8 : Les produits agricoles de la Guinée Equatoriale exposés à la FOTRAC 2016. Source : FOTRAC, 7ème édition, Kyé-Ossi, du 25 juin au 09 juillet 2016, p18. Cette image présente les produits agricoles (tomates, banane plantain, ananas, cannes à sucre, manioc, poisson, macabo, igname, etc.), du thé des produits artisanaux des femmes équato-guinéennes qui sont exposés lors de cette foire et ont été exposés lors de la foire en 2016. Il est clair que les femmes jouent un rôle important dans la dynamique commerciale de la CEMAC, à travers cette foire qui regroupe des femmes et des hommes des horizons divers. Cela permet également de lever des voiles sur la libre circulation. Ce qui fait dire à Benjamin Ambela, jeune entrepreneur présent à cette foire "qu'il est difficile pour nous, jeunes leaders et entrepreneurs, de tourner le dos à cette dynamique. Elle nous permet de comprendre les subtilités de l'intégration. Simplement, on a l'impression de lever les barrières et les obstacles à la libre circulation"66. Tandis que la présidente fondatrice du REFAC relève que : "avec le processus de rationalisation des communautés économiques régionales de l'Afrique centrale, nous avons bon espoir que la foire pourra déjà investir l'Afrique centrale géographique". En effet, la Fotrac se veut être un regroupement pour tous les peuples d'Afrique afin de contribuer à l'échange continental. D'où Nlaté Danielle justifie : 82 Avec la zone de libre-échange continental (ZLEC), nous pensons pouvoir accueillir d'autres frères et soeurs des régions voisines, Pour ce faire, nous savons que nous pouvons toujours compter sur votre mobilisation et votre soutien. La tâche est difficile. Nous trimons au quotidien. Mais réussissons toujours à joindre les bouts les plus essentiels.67 Les activités économiques ne sont pas seulement l'apanage des hommes dans la sous-région. Car les analyses précédentes expriment une contribution majeure de la femme dans ce secteur. Cependant, qu'en est-il du domaine socioculturel ? 3. La femme dans le domaine socioculturel Parlant du secteur socioculturel, il s'agit de mettre en relief les domaines de l'éducation, de la santé, de l'enseignement, de la recherche, de l'art artistique, du sport. Les femmes de la CEMAC contribuent à plusieurs niveaux dans le domaine socioculturel, à travers des événements culturels, à travers des associations, au sein des institutions spécialisées et même des organes centraux afin de dynamiser cette institution communautaire. Le traité instituant la Communauté est le premier texte juridique en matière sociale et culturelle. C'est une véritable loi fondamentale applicable en vue de la réalisation des politiques communes des six Etats membres notamment sur l'éducation, l'enseignement, la formation professionnelle, le sport, la recherche, la santé. Mais avant d'intégrer l'ordre juridique interne des Etats membres de la CEMAC, ce droit est soumis aux actes conventionnels du droit international, et doit suivre la procédure de ratification et de réception dans ces Etats. Il est aussi composé d'articles aux dispositions culturelles. Par ailleurs, quatre institutions que sont l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC), l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC), la Cour de Justice Communautaire (CJC), le Parlement Communautaire (PC), font l'objet de conventions séparées 68 qui ont été signées préalablement pour des actions économiques conformément à l'orientation faite par les objectifs et les missions stipulés par le traité de la CEMAC. Cependant, la société est faite des lois et la culture est une composante essentielle du développement, des politiques sectorielles sociales et culturelles.69 Et le Parlement de la CEMAC a pour rôle de légiférer par voie de directives même dans le domaine social et culturel. 67 P. Ibrahim, in Afrique centrale, Intégration, N°109, Interview réalisée à Danielle Nlate, présidente fondatrice du REFAC. 68 68 CEMAC, Textes organiques..., p.29. 69 Ndong Owono Abang, entretien, in J.L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Thèse de doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, p.113. 83 Avant sa création, une commission interparlementaire composée de cinq membres par Etat désignée par l'organe législatif de chaque Etat membre était instituée. Son but était de contribuer par le dialogue et le débat, aux efforts d'intégration de ladite Communauté dans les domaines couverts par le traité et les textes en vigueur, surtout ceux sportifs, éducatifs et de formation70. Dans le même ordre, la Cour de Justice Communautaire (CJC) est une institution communautaire en charge du contrôle juridictionnel des activités économiques et culturelles, mais également de l'exécution budgétaire des institutions de la CEMAC. Il en est de même pour l'UMAC dont le siège est à Yaoundé. Elle est en charge de la politique monétaire, dont la Banque des Etats de l'Afrique centrale constitue la pierre angulaire. Cette institution rattachée de la CEMAC a également un volet social et culturel. Aussi, l'UMAC participe avec l'Union économique à l'exercice de la surveillance multilatérale par la coordination des politiques économiques et la mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune, bénéfique pour tous les secteurs d'activités même ceux culturels71. a. Dans la santé Sur le plan sanitaire, la CEMAC a harmonisé la politique sanitaire de la sous-région à travers la création de l'OCEAC. Créée en 1963 à Yaoundé par la volonté des Ministres de la Santé du Cameroun, du Congo, du Gabon, de la RCA et du Tchad, l'institution portait le nom de l'Organisation de Coordination et de Coopération pour la lutte contre les Grande Endémies en Afrique Centrale (OCCCGEAC. Les buts de l'organisation devenue OCEAC en 1965 sont entre autres : la coordination des politiques et actions de santé, la formation du personnel de santé des Etats membres, la recherche dans les domaines des sciences de la santé, la contribution à la promotion de la santé et l'appui dans les interventions d'urgences sanitaires. Ce qui explique la mise sur pied du Centre Inter-Etats d'Enseignement Supérieur en Santé Publique d'Afrique Centrale (CIESPAC)72. Erigée depuis 2003 en une Institution spécialisée de la CEMAC, l'OCEAC est devenue en 2006 un véritable organe d'exécution de la Communauté pour les questions de santé publique. Chaque Etat a mis à la disposition de ses citoyens, des écoles de formation dans le domaine sanitaire. Ce qui permet aux hommes et aux femmes de profiter de ces formations. Par ailleurs, de nombreux étudiants de la sous-région profitent réciproquement des formations 70 Ndong Owono Abang, entretien, p.15. 71 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats...", p.16. 72 Le Magazine, n° 003, Juillet 2013, p.3. 84 sanitaires dans les différents Etats membres de la CEMAC, ce qui leurs permet d'avoir les aptitudes nécessaires pour répondre à des impératifs sanitaires dans la sous-région. Elles contribuent à la stabilité sanitaire de la sous-région par leur déploiement tant à partir de l'OCEAC que dans le cadre des centres médicaux nationaux. Pour ce qui est du cadre communautaire, de nombreuses femmes sont recrutées pour contribuer à la santé humaine, animale et végétale de la sous-région. Marlyse Peyou Ndi de nationalité camerounaise, fait partir des experts du Réseau de surveillance et de suivi de la résistance du VIH aux ARV en Afrique Centrale73. Elle contribue aussi bien que des hommes dans de nombreuses recherches concernant la prévalence ou l'atténuation de la contamination du VIH-SIDA en Afrique centrale zone CEMAC. Dans le cadre de l'harmonisation des politiques pharmaceutiques dans la sous-région, de nombreuses femmes font parties de l'équipe dirigeante. C'est le cas d'Emilienne Yissibi Pola, Expert consultant de l'OCEAC. Elle a été primée par la Communauté pour ses actions menées dans la bonne Coordination du processus d'harmonisation des politiques pharmaceutiques nationales des pays de la CEMAC. Nommée en 2007 à la coordination du programme d'harmonisation des politiques pharmaceutiques nationales des pays de la CEMAC mise en place à l'OCEAC, elle a conduit avec l'équipe du Département des Programmes et Recherches, le processus d'harmonisation avec les experts des pays membres, en collaboration avec les partenaires concernés par les questions de la pharmacie et du médicament dans la sous-région Afrique centrale. Ce processus a abouti au développement d'une politique pharmaceutique commune et des documents connexes, qui ont été validés par les Ministres de la santé de la CEMAC. Ce sont tous ces efforts déployés pour le succès de ce travail qui lui ont permis d'acquérir le prix de la pharmacie francophone, remis à Genève en Suisse le 20 mai 2013 lors de la rencontre Leem/pays francophones74. Dans le cadre de ces politiques pharmaceutiques harmonisées, de nombreuses conférences sont ténues, auxquelles des femmes font preuves de leur rhétorique en matière de dialogue communautaire pour des meilleures modalités dans le domaine. Par ailleurs, les femmes ne sont pas en reste dans le Projet de Prévention du VIH/SIDA en Afrique centrale lancé par la sous-région CEMAC. Il en est de même du domaine de l'éducation. 73 Le Magazine de l'OCEAC, n° 001, Novembre 2007, p.29. 74 Le Magazine, n° 003..., p.29. 75 CEMAC, Répertoire des établissements d'enseignement supérieur des pays membres de la CEMAC, des centres et unités de recherche rattachés, Yaoundé, Ed. Saagraph, Janvier 2006, p.3. 85 b. La femme dans l'éducation, l'enseignement et la formation Concernant l'enseignement, la recherche, et la formation professionnelle, plusieurs écoles ont été ouvertes pour permettre aux étudiants de la sous-région de bénéficier de l'enseignement, de l'éducation, de la recherche et des formations professionnelles désirées pour mieux répondre aux défis de la sous-région en matière de développement et d'intégration. A cet effet, des filles et des hommes de la CEMAC sont inscrits dans ces écoles et reçoivent les mêmes enseignements sans distinction. Et ces enseignements sont dispensés aussi par des hommes que des femmes compétentes, dont le recrutement ne tient compte des critères autres que ceux des qualités et aptitudes professionnelles. C'est le cas de l'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme, de l'Institut de l'Economie et des Finances-Pôle Régional, de l'Institut d'Economie et de Statistiques Appliquées, de l'Institut Sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, ou de l'Ecole Inter-Etats des Douanes, du Pôle Régional de Recherche Appliquée au développement des Savanes d'Afrique Centrale, etc. Ce sont des écoles sous régionales qui sont mises sur pied par un consensus des Etats de la CEMAC pour former des ingénieurs, des cadres administratifs et bien d'autres75, (cf. tableau 7). Tableau 7 : Liste des étudiants filles inscrits dans la filière TSS1 pour l'année académique 2007-2008 à l'ISSEA.
Source : www.issea-cemac.orgindex.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min. Ce tableau représente l'effectif des filles ayant obtenues le concours de l'ISSEA dans la filière des Techniciens Supérieurs de la Statistique (TSS) niveau 1, pour le compte de l'année académique 2007-2008. Il s'agit d'un effectif de 5 filles sur 42 garçons ayant obtenus ce concours. Bien que l'effectif entre les filles et les garçons soit inégal, les filles ne sont pas en reste pour l'admission dans cette prestigieuse école sous régionale qui offre de nombreuses 86 formations dans plusieurs filières. Il faut également noter qu'il existe d'autres filières dans lesquelles elles sont intégrées76. Cette école regroupe aussi parfois des étudiants ressortissants des autres pays ou sous-régions. C'est ce qui explique qu'en 2019 en 3e année JAS, dans une classe de 34 étudiants, il y a des togolais77, des ressortissants de la RDC qui suivent les cours dans cette école pour les uns dans le but de maîtriser les études sur les statistiques et relever l'appareil statistique de leur pays qui n'a pas été actualisé il y'a pratiquement 30 ans78. Et pour d'autres, il s'agit de bénéficier des hautes études en matière de statistiques79. Ce qui montre que de plus en plus, les filles s'intéressent aux affaires de la sous-région. Leur scolarisation connait des avancées notoires dans les différents pays de la CEMAC. Même si le Staff Administratif en lui, n'est composé que des femmes secrétaires dans cette école80. Cette école regroupe également le personnel féminin enseignant tant régulier que vacataire, même s'il est minoritaire, (cf. tableau 8). Tableau 8 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en 2017.
Source : www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min. 76 www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019. 77 Alexise Sabrina Mebe Asoui, 24 ans, étudiante camerounaise à l'ISSEA, entretien réalisé le 10/05/2018. 78Berry Swana, 24 ans, étudiant ressortissant de la RDC en 3eme année IAS à l'ISSEA, entretien réalisé le Mercredi 14/02/2018. 79 Emile Simpa, 22 ans, étudiant togolais en 3eme année TSS à l'ISSEA, entretien réalisé le Mercredi 14/02/2018. 80 Rondo Lemercier, 24 ans, Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année JAS, entretien réalisé à l'JSSEA, le 14/02/2018. 87 Les femmes jouent un rôle déterminant dans l'éducation dans cette sous-région, à travers des disciplines multiples qu'elles dispensent aux différents étudiants. En ce qui concerne les enseignants vacataires, ils sont au nombre de quatre-vingt-trois (83) dont soixante-quinze (75) hommes au détriment de 8 femmes dont l'expérience avérée les a conduits dans cette haute structure d'enseignement sous régionale. Alors que le corps des enseignants permanents renferme treize (13) hommes et une (1) femme qui contribuent à la formation physique et intellectuelle des étudiants de la CEMAC et de d'autres pays de l'Afrique. En outre, l'EIED contribue également à la formation des contrôleurs et les préposés de douanes des Etats membres. De même, cette école reçoit à chacun de ses cycles de formation, des stagiaires recrutés compte tenu des besoins exprimés par chaque Etat et des capacités d'accueil de l'établissement81. Cependant, l'admission à cette école est subordonnée à un concours organisé et corrigé par sa direction. Cela permet de choisir les meilleurs. Pour permettre de programmer ses enseignements, chaque Etat fait connaître ses besoins en formation pour l'année à venir au cours du Conseil d'administration au mois de Décembre. Même si tous les besoins en formation des Etats ne sont pas toujours palliés82. Aussi, l'Institut Sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, de Planification et d'Evaluation de Projets (ISTA) dont le siège est à Brazzaville, a été créé du fait que les pays africains notamment ceux de la sous-région CEMAC, souffraient de l'insuffisance des cadres possédant des compétences nécessaires à l'identification, la conception, l'exécution et l'évaluation des projets de développement. Cette école est chargée entre autres de la formation universitaire sanctionnée par un diplôme de haut niveau, le Master en analyse et évaluation de projets, ainsi que du perfectionnement des cadres à des outils et techniques de conception, à la réalisation et le suivi-évaluation des projets de développement. Sans oublier la réalisation des études de projets de développement et la promotion des opérations industrielles, par des actions diverses portant sur l'identification des partenaires techniques et financiers. Pour ce faire, cet Institut est doté d'un Centre de formation et d'un bureau d'études. De nombreuses femmes suivent également des formations à son sein, pour mieux répondre aux défis de leurs pays et de la sous-région83. Il en est de même pour les autres écoles qui jouent un rôle important en matière d'enseignement, d'éducation et de formation dans la sous-région et en Afrique en générale. 81CEMAC, Répertoire des établissements d'enseignement supérieur des pays membres de la CEMAC, p.3. 82 Bulletin officiel CEMAC n°1, République du Cameroun, République Centrafricaine, République du Congo, République du Gabon, République de Guinée équatoriale, République du Tchad, 2004, p.3. 83 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats ..." pp.129-130. 88 Dans le but de faciliter la coopération universitaire, il a été initié la Conférence des Recteurs des Universités et des Responsables des Organisations de Recherche en Afrique Centrale (CRUROR/AC). Cette instance permet d'harmoniser la recherche dans cet espace géographique, en étroite collaboration avec les politiques nationales en matière d'enseignement universitaire. C'est ce qui explique la tenue du 20 au 23 Novembre 2007 de la 3emeSession ordinaire du CRUROR/AC à Ndjamena. Rencontre au cours de laquelle, de nombreuses femmes de différentes universités d'Afrique centrale ont pris part, parmi lesquelles Balla Marthe Solange le Chef Service Accueil Protocole et Relations Publiques à l'Université de Yaoundé II au Cameroun, Ntone Kouo Hélène le Chef de Division de l'Enseignement et des personnels enseignants à l'Université de Douala, Sapou née Lady Bawa le Directeur du Centre des OEuvres Universitaire de l'Université de Ngaoundéré. Par ailleurs, la tchadienne Sylvie Lewickidhinaut, Directrice Régional pour l'Afrique du Centre International de Recherche en Agriculture et pour le Développement a participé aux côté de ses homologues camerounaises à cette rencontre84. Jacqueline Moto-Ossou, Conseiller auprès du Recteur de l'Université Omar Bongo, membre de la cellule Technique Licence Master de la CEMAC, par ailleurs Secrétaire de l'Association CEMAC des OEuvres Universitaires y était présente. En outre, la même conférence fut organisée du 20 au 21 Décembre 2006. Albertoul Zakaria, Ministre Délégué chargée de l'Alphabétisation auprès du Ministre Tchadien de l'Education Nationale avait présidé ladite conférence. Cette dernière représentait le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Formation Professionnelle dudit pays. Il est d'acte que les femmes ne sont pas en reste dans l'enseignement supérieur car elles exercent les mêmes tâches que les hommes85. Le domaine du sport n'est point exempt. c. Dans le cadre du sport Concernant le domaine sportif, la législation de la CEMAC en matière de pratique du sport est en adéquation avec les politiques nationales. La coupe de football CEMAC est une compétition de football qui se joue depuis l'UDEAC en 1984 pour les hommes. Elle regroupe les pays de l'Afrique centrale (le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA, la R. Congo et le Tchad). La CEMAC remplace l'UDEAC en 1999, c'est ainsi que le règlement n° 08/99/UEAC-007-CM-02 du 18 août 1999 institutionnalise la coupe de football CEMAC86. 84 Liste des Participants à la 3eme Session ordinaire de la CRUROR/AC, Ndjamena (CEBEVIRHA), du 19 au 21 décembre 2007, pp.1-7. 85 Compte-Rendu des travaux de la 3eme Session ordinaire de la CRUROR/AC, Yaoundé le 20 novembre, 2007, 1p. 86Bulletin officiel CEMAC n° 1..., p.36. 89 Les articles 8 et 9 du règlement intérieur avaient trait à la nomination des représentants du secrétaire exécutif de la CEMAC, au comité d'organisation et à la commission technique de celle-ci.87 Il était aussi nécessaire de compléter ce règlement par la décision n° 046/SE/DECAS. D'où l'article 2 disposait que les représentants constituaient le groupe de travail interne du Secrétariat exécutif de la CEMAC sur la coupe qui sera élargie en cas de besoin. Cela traduisait la présence de ces représentants lors de ladite coupe, au moment des rencontres des équipes nationales des Etats membres de la CEMAC. Mais aussi, la présence au sein du Secrétariat exécutif de la CEMAC, d'une structure chargée de la promotion du sport car, la culture est le catalyseur du développement politique et socio-économique. Cette coupe de football CEMAC88 étant déjà une réalité, se situe dans le cadre de la redynamisation des relations culturelles entre Etats et répond du souci de fraternité, de distraction et d'éducation à la paix entre les peuples et les Etats. Cependant, plusieurs coupes masculines de la CEMAC ont déjà eu lieu à l'instar de celles de 2002 et de décembre 2003 du Stade Massemba-Débat de Brazzaville89. Mais la 5ème édition de 2008 se jouait sous une grande ambiance. Le Cameroun, le Congo et la Centrafrique, les trois premières équipes du classement, étaient acclamées par les Chefs d'Etats.90 On assista donc ici au respect total par les Etats des stipulations des règlements et la décision en favorisant la tenue de cette coupe de football, qui engendra aussi le brassage des populations, défiant les égoïsmes nationaux. Ceci relève de la volonté des Etats membres de faire du sport un véritable levier de développement et principalement d'intégration dans la CEMAC car, le sport est un événement qui rassemble davantage les peuples. C'est pour cette raison que les femmes de cette Communauté ont aussi choisi le sport comme moyen d'action pour sensibiliser un maximum des habitants de la sous-région sur la nécessité du savoir vivre, pour un développement harmonieux et pour l'intégration dans cette sous-région. A côté de l'équipe masculine de football, l'on note une section féminine de la coupe de football CEMAC. La première édition de la Coupe de football CEMAC dames a eu lieu à Ndjamena fin mars 2014, (cf. photo 9). 87 Bulletin officiel CEMAC n° 1..., p.36.. 88Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34 e année, mercredi 25 Juin 2008, p.9. 89Echos d'Aujourd'hui n°15, p.14. 90 On comptait au total cinq chefs d'Etats, deux premiers ministres. Cf. Cameroon Tribune, n° 9126/5325, p.9. 90 Photo 9 : Equipe de football féminine tchadienne de la coupe CEMAC Source : https://www.google.com/amp/s/amp.rfi.fr/afrique/foot/20141215-le-tchad-rempor, consulté le 24/04/2019 à 15h30min En poste en maillots de la Coupe CEMAC, ces filles représentent l'équipe tchadienne convoquée par leur sélectionneur Zam Gagsou Barkos, en plein entrainement au stade de Paris-Congo. Mais il faut noter que la Coupe de football féminin de la CEMAC est récente, raison pour laquelle, un grand nombre d'informations n'est pas disponible. Toutefois, il existe des coupes nationales jouées par des femmes. Cependant, notre étude est basée sur l'institution CEMAC et non sur la zone CEMAC. d. Le domaine de l'art Le domaine artistique n'est pas en reste, il est également très envahi par la gente féminine. La conception des bijoux fait partie de nombreux objets artisanaux fabriqués par les femmes de la sous-région et vendus dans le cadre des marchés nationaux ou communautaires. Ces bijoux viennent renforcer le commerce des femmes avec d'autres produits relevant des activités agricoles, pastorales et aquacoles. C'est ce qu'illustre l'image suivante91, (cf. photo 10). 91 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34 e année, Mercredi 25 Juin 2008, p.9. 92 Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12 91 Photo 10 : Les produits artisanaux féminins à la FOTRAC 2016. Source : Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12. On remarque la représentation des produits artisanaux de la sous-région dans cette photo, relevant de l'expertise féminine et masculine. Ces produits sont originaires de la République du Congo. En plus de ceci, les produits cométiques originaires de la Guinée Equatoriale sont également présentés au cours de cette foire de 2014, (cf. photo 11). Photo 11 : L'entrepreneuriat cosmétique équatoguinéen féminin à l'honneur à la foire de 2014. Source : Rapport FOTRAC, 5ème édition, du 10 au 23 Juin 2014, p.12. 92 Cette image ressort les produits cométiques équatoguinéens. Placé au-devant du stand, la présidente fondatrice du REFAC, promotrice de la FOTRAC et de la gauche vers la droite, le Ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana dont les produits font l'objet de la présentation93. Il a en est de même dans le domaine de la mode où les femmes émerveillent le monde de la beauté sous régionale à travers les miss qui font l'objet d'un défilé de mode à chaque foire, (cf. photo 12). Photo 12 : Les miss présentées au stade d'Ebébiyin lors de la foire transfrontalière de 2016. Source : FOTRAC, 7ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.23. Cette photo présente la Miss et les deux Dauphines de la FOTRAC 2016. A l'extrême droite se trouve la présidente du REFAC, promotrice de la foire94. Tout ceci montre que les femmes jouent un rôle important dans la CEMAC. Toutefois, les femmes de la CEMAC utilisent de nombreux moyens pour agir dans cette institution. C. LES MOYENS D'ACTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC En dehors des postes occupés par les femmes au sein des organes de la CEMAC, ou des Institutions auxquelles les femmes font preuve de leur grande expérience, elles utilisent aussi de nombreux autres moyens pour atteindre leurs objectifs au sein de la CEMAC. 93 Rapport FOTRAC, 5ème édition..., p.12. 94 FOTRAC, 7ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2016, p.23. 93 1. Les groupes d'association : le REFAC et la Synergie Jeune-CEMAC Les groupes d'association sont les premiers moyens par lesquels les femmes de la sous-région agissent. C'est l'ensemble des organes associatifs créés par les femmes de la sous-région pour agir dans le cadre de la dynamique diplomatique consentie par les Etats membres de la CEMAC, afin de contribuer à la dynamisation de cette organisation, que ce soit dans le cadre d'une intégration par le bas que par le haut. Sont étudiées ici, les associations telles le REFAC, la SJ-CEMAC.95
En plus du REFAC, la Synergie Jeune de la CEMAC (SJ/CEMAC) qui est une initiative conjointe est également un moyen par lequel les femmes de la CEMAC s'expriment. La direction de l'organe est sous la tutelle féminine avec Ruth Kamga comme "Représentante et Ambassadrice" de la structure des jeunes femmes de la CEMAC97 et Nina Baho comme Déléguée générale à l'Intégration/SJ-CEMAC, nommée le 04 février 201298. Créée suite à la conférence des Chefs d'Etats de la CEMAC tenue à Yaoundé le 24 et 25 Juin 2008 sous la 95 Le Relais de l'négation, n° 0006, Juin 2012, p.4. 96 FOTRAC, 9ème édition, du 25 juin au 09 juillet 2018, p.23. 97 Ibid. 98 Ibid., p.7. 94 Présidence de Paul Biya président en exercice, la SJ-CEMAC voit officiellement le jour le 18 Septembre 2008 en tant que structure sous régionale favorisant le brassage des cultures entre les jeunes de la Communauté. Son but principal étant notamment de commémorer la journée du 16 Mars 1994 avec la CEMAC. La Synergie Jeune constitue un moyen d'expression des femmes, comme en témoigne la photo ci-dessous, (cf. photo 13). Photo 13 : Les jeunes dans le processus d'intégration sous régionale. Source : Relais Intégration, n° 0006, Juin 2012, p.8. Cette image présente les jeunes participants à la 4ème édition de la "Journée CEMAC" ténue le 16 Mars 2012, à la Représentation de la CEMAC au Cameroun. Cette image relève une forte dominance de la gente féminine lors de cette journée commémorative du 16 Mars 1994, gage d'une forte implication des femmes dans la dynamique diplomatique communautaire. C'est une Institution de la CEMAC en charge des questions relatives à la jeunesse sous régionale99. Lors de cette quatrième édition, elle a connu la participation de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, Malaïka Ndoumbe Ngollo. Elle y a fait un discours en présence du Commissaire de la CEMAC Hassan Adoum Bakhit, (cf. photo 14). 99Le Relais Intégration, n° 0006..., p.5. 95 Photo 14 : Le discours de la Représente de la CEMAC au Cameroun lors de la 4ème édition de la journée CEMAC. Source : Relais Intégration, n° 0006, Juin 2012, p.6. En plus de ces deux Associations reconnues par la CEMAC, les femmes de la sous-région agissent aussi à travers le Réseau des femmes Parlementaires d'Afrique Centrale. C'est une association qui regroupe des femmes députés et sénateurs de la zone CEMAC qui travaillent en synergie dans le but de dynamiser la femme parlementaire de cet espace géographique. Ce qui explique la ténue du 05 au 06 Mars 2015 à Libreville, de la 18ème Conférence annuelle des femmes parlementaires de l'Afrique Centrale portant sur le thème : "les femmes parlementaires face au défi des mariages et grossesses précoces". Les différentes conférences ténues dans ce cadre résultent dans l'intérêt de la nécessité d'une action parlementaire globale100. Outre ces associations à travers lesquelles les femmes militent activement, leur rôle est perceptible à travers également des événements culturels et sportifs. 2. Des événements culturels et sportifs : la coupe de football CEMAC, la Coupe d'Afrique des Nations de football et les foires communautaires Dans cette partie, il s'agit de présenter les événements sportifs et les foires communautaires comme les moyens utilisés par les femmes dans la CEMAC pour s'exprimer car ce sont des grands moments d'attraction. 100Régionale la Découverte, Juillet/Août, 2015, p.26. 96 a. La coupe de football CEMAC et la Coupe des Nations de Football Les événements sportifs font partir des moyens d'action des femmes de la CEMAC pour toucher une grande partie de la population sur les questions qui concernent la sous-région. Etant donné que ce sont des moments de grands rassemblements, il s'agit des opportunités pour sensibiliser au maximum la population sur la nécessité de participer et contribuer activement au processus d'intégration non seulement économique, politique et sociale de la CEMAC. Parlant de la Coupe de football CEMAC101, elle se situe dans le cadre des relations culturelles entre six Etats de la CEMAC et répond du souci de fraternité, de distraction, mais surtout de l'éducation à la paix entre les peuples et les Etats de cette sous-région. Ce qui se traduit par l'élaboration du règlement n°08/99/UEAC-007-CM-02 du 18 août 1999, portant institutionnalisation d'une "Coupe de football CEMAC" et la décision n° 046/SE/DECAS portant nomination des représentants du Secrétaire exécutif de la CEMAC au comité d'organisation et à la commission technique de cette coupe. On note plusieurs éditions, comme celles masculines de 2002 et de décembre 2003 qui avaient eu lieu au stade Massemba-Débat de Brazzaville102. Aussi, la 5ème édition de 2008 se disputait sous une ambiance de fête. Les trois premières équipes (le Cameroun, le Congo et la Centrafrique) étaient chaleureusement félicitées par les Chefs d'Etats103. Cela montre le travail du personnel en service à la CEMAC, pour atteindre les objectifs assignés. En plus de la coupe de football masculine de la CEMAC, la coupe CEMAC des femmes connait généralement un fort déploiement de la gente féminine, qui veut maximiser les chances de sensibiliser les ressortissants de tous les pays d'Afrique centrale sans distinction de sexe ni d'origine. C'est ce qui ressort de ce fort déploiement des femmes du REFAC qui sont des habituées de tels événements, pour espérer de toucher le public cible, lors de la première coupe CEMAC tenue en décembre 2014 au Tchad. Ces femmes de la CEMAC se déploient également dans les compétitions continentales. A côté des coupes CEMAC qui connaissent une attention particulière des femmes, les femmes de la sous-région agissent également à travers les coupes d'Afrique des Nations de football. C'est ce qui ressort de plusieurs coupes auxquelles elles ont assisté. Notamment : la Coupe d'Afrique des Nations de football de 2017 qui s'est déroulée au Gabon. Les femmes ont pris part à cet événement dans le cadre du REFAC. Elles ont pris part à cette coupe malgré quelques désagréments qui ont empêché certaines femmes de ne pas y prendre part. Ces 101 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325..., p.9. 102 Echos d'Aujourd'hui n°15, CEMAC, Trimestriel, Edition CEMAC, Juillet 2005, p.14. 103 On comptait au total cinq chefs d'Etats, deux premiers ministres. Cf. Cameroon Tribune, n° 9126/5325, p.9. 97 désagréments étaient dus aux lenteurs administratives, ce qui a valu à la présidente fondatrice de "batailler", d'effectuer toutes les manoeuvres possibles pour permettre au REFAC d'y assister à cette rencontre continentale qui se tient tous les deux ans104. Au cours de cette CAN, le REFAC a eu un agenda chargé. Les objectifs étaient kyrielles et la quintessence renvoyait à : - La mobilisation et la sensibilisation au plus haut point et au plus haut niveau, des autorités administratives et des populations gabonaises et autres, sur le bienfondé de s'ouvrir définitivement aux autres pays de la communauté pour faire face à la mondialisation précédente et surtout une invite à l'adhésion au projet FOTRAC, plateforme d'échanges et de promotion socioéconomique et culturelle. - la nécessité de promouvoir les valeurs d'intégration sous régionales, la lutte contre la pauvreté, la sensibilisation sur les violences faites aux femmes et aux hommes, les droits et le développement humain à travers l'agriculture, l'échange, l'éducation, la santé. - affronter les réalités sur le terrain et sensibiliser les citoyens de la communauté sur les idéaux des pairs fondateurs et la nécessité des pays de briser les barrières et d'être solidaires pour un développement harmonieux et rendre aussi concrète l'Unité africaine105. A l'issue de cette sensibilisation, de nombreuses femmes et hommes ont adhéré à ladite association, car ils ont trouvé son bien-fondé pour la sous-région. Il en est de mêmes des activités artistiques et culturelles. b. Les activités culturelles, artistiques et le dynamisme des femmes dans la CEMAC Les activités culturelles font aussi partir des moyens d'action des femmes de la CEMAC. Étant des situations de grands accolements, ce sont des circonstances pour relayer aux hommes et aux femmes l'importance d'une intégration réussie dans la sous-région. Les activités culturelles sont notamment étudiées ici dans le cadre de la Foire transfrontalière annuelle de la CEMAC qui est créée en 2010 par Jeanne Danielle Nlate et sur la Foire Touristique, Artisanale, Culturelle de la CEMAC (FOTAC). La Fotrac est une Foire 104 Hebdo Intégration, La tribune des communautés n° 260, 30 janvier 2017, p.9. 105 Ibid., p.7. 98 multisectorielle qui regroupe les acteurs de développement de tous les pays d'Afrique centrale et d'ailleurs, les administrations, les Chambres consulaires, les Organisations internationales, les Chancelleries, les Instituts de Recherches, les Opérateurs économiques. Aussi, un espace d'échanges, de partage d'expériences surtout dirigé en faveur des femmes dans le cadre de l'amélioration de leurs conditions de vie en milieu urbain et rural, pour une meilleure implication de celles-ci dans le développement de la sous-région. La première foire CEMAC était à Libreville en 2010. Elle avait été inaugurée par le Ministre d'Etat gabonais à l'économie et aux finances, avec certains responsables du Secrétariat Exécutif de la CEMAC. Pendant quelques jours, une soixantaine de structures exposaient leurs potentialités dans les secteurs aussi variés que l'artisanat, le commerce, l'industrie, les services, l'agriculture. Cette foire CEMAC répond du souci de promouvoir les affaires entre Etats membres de la CEMAC, du voeu d'intégration sous régionale notamment économique, tout en reflétant les idéaux Communautaires106. Moment de rencontre, la foire est aussi une occasion de soutenir les opérateurs privés notamment ceux du domaine culturel, qui en tant que locomotive de toute économie, contribue pour les Etats membres de la CEMAC à la lutte contre la pauvreté par la création des richesses et les emplois. Bien que cette première édition a connu quelques difficultés, elle sera suivie par d'autres mieux planifiées, avec la participation effective et importante des opérateurs économiques comme ceux du secteur culturel. Aussi, cette foire CEMAC de Libreville avait malgré quelques problèmes, eu le mérite d'être organisée pour matérialiser l'initiative107. En outre, une autre foire CEMAC avait eu lieu à Mvangane le 26 mars 2011, à l'initiative du réseau des femmes de la CEMAC, appuyée par la Commission de la CEMAC. Les femmes du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad, faisaient valoir leur savoir-faire pratique, en exposant aussi bien au public de la sous-région que d'ailleurs, les produits de l'artisanat. C'était leur niveau d'inventivité et de créativité qui était mis en relief à des fins utilitaires. Les enjeux sont multiples mais, cela participe également à des échanges culturels partagés par les textes de la CEMAC. Ceci montre que la sous-région constitue une diversité culturelle. Cette foire permet également de se faire entendre, malgré la communication limitée des décideurs de la CEMAC. Même comme un certain éclectisme institutionnel a souvent mis la culture à une portion congrue. 106 Echos d'Aujourd'hui n°16, CEMAC, trimestriel, Edition CEMAC, Août 2006, p.19. 107 Ibid., p.7. 99 Cet événement culturel, avec des tendances économiques et politiques se tient chaque mois de Juin voire de Juillet de l'année, depuis sa création. Elle ne cesse de regrouper une multitude de personnes venant non seulement de l'Afrique centrale, mais aussi de d'autres sous-régions dont l'importance de rassemblement constitue un intérêt particulier. C'est ce qui ressort de la participation d'une dizaine de pays lors de la Foire de 2018 où dix (10) pays ont pris part à cette dernière, au rang desquels certains pays de l'Afrique de l'Ouest. Conscient que la zone CEMAC est l'espace sous régional le moins avancé dans le processus d'intégration et dans le but de raffermir les solidarités et promouvoir le dynamisme au sein de la gente féminine de la CEMAC, la foire touristique, artisanale, culturelle de la CEMAC (FOTAC-CEMAC) est créée en 2013. C'est une plateforme au même titre que la Fotrac. Alors que la foire est à sa 7eme édition nationale, elle représente la première édition d'envergure sous régionale. Elle s'est ouverte le 04 mars 2019 à Yaoundé sur le thème "Promotion de l'entreprenariat et du dynamisme féminin pour l'émergence de la zone CEMAC".108 Il s'agit d'offrir aux femmes un espace idoine pour s'affirmer et promouvoir leur condition à l'émergence de la sous-région CEMAC. Cette mobilisation citoyenne autour de nombreuses activités touristiques, artistiques, artisanales et culturelles ont retenu l'attention du MINREX et celui du Ministère du Tourisme et des Loisirs (MINTOUL). Ceux-ci, séance tenante, ont adopté le concept et ont promis un soutien indéfectible : "Nous sommes particulièrement intéresser à tout ce qui concerne l'intégration sous régionale. Nous bénéficions d'une certaine expérience et une parfaite connaissance de la région. Donc, n'hésitez pas à prendre attache avec le MINREX", déclare le représentant du MINREX à l'équipe organisatrice. C'est donc des partenaires institutionnels de poids que la foire touristique, artisanale et culturelle de la CEMAC se fait. En présence des représentants du corps diplomatique, notamment le représentant de la République démocratique du Congo Khou Stanislas, le Conseiller de l'ambassadeur du Congo. Il est clair que le dynamisme des femmes est indéniable109 Les femmes occupent de nombreux postes de responsabilités au sein de la CEMAC. Elles occupent des postes qui vont du régime international pour la catégorie des grands fonctionnaires, au régime local, pour la catégorie des petits fonctionnaires, que ce soit au niveau des organes, des Institutions rattachées que des Institutions spécialisées, dans tous les Etats de 108 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325, 34e année, mercredi 25 Juin 2008, p.9. 109 https://afrikinfo.net/fotac-cemac-2019-rendez-vous-le-04-mars/ consulté le 12/06/2019 à 12h02min. 100 la CEMAC. Ce qui leur permet de contribuer comme les hommes et sans discrimination aucune à la dynamisation de la sous-région. Même au plan politique, économique que socioculturel, les femmes jouent un rôle important pour le développement de la sous-région. Dans le volet politique, les Camerounaises, les Centrafricaines, les Congolaises, les Equato-guinéennes, les Gabonaises comme les Tchadiennes jouent un rôle important. Elles sont présentes dans les accords multilatéraux signés entre les différents Etats de la CEMAC, les grandes conférences que la sous-région tient avec d'autres pays ou sous-régions110. Elles participent au processus décisionnel de la CEMAC, à l'élaboration des plans d'action de la Communauté. La paix n'est pas en reste, elles contribuent à la stabilisation de la zone CEMAC, en participant à des rencontres de réconciliation, de médiation et à des OMP, comme celles initiées en Centrafrique par l'ONU pour réinstaller la paix dans ce pays. L'économie est également très prisée par ces femmes, dans tous les volets : agricole, aquatique, commercial, industriel, que ce soit de manière formelle ou informel111. Les femmes de la CEMAC dynamisent aussi la sphère socioculturelle à travers différents produits artisanaux le sport, et des foires pour rapprocher les peuples de la sous-région. La réalisation de tout ceci passe par plusieurs moyens, notamment les événements sportifs comme la Coupe CEMAC, les événements culturels, comme la FOTRAC, la FOTAC, des grands moments d'attraction112. Ainsi loin d'être inférieures, les femmes jouent un rôle complémentaire à celui des hommes dans la CEMAC. Aussi, leur pouvoir bien que mal perçu par certains, est indéniable, toutefois, elles font face à de nombreuses difficultés au sein de cette Organisation Internationale sous régionale, qu'il faille remédier. 113. 110 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 9126/5325..., p.9. 111 Lucien Henry Ticky, entretien. 112 Echos d'Aujourd'hui, n° 16, p.10. 113 Jean Léonard Thierry Ondigui Mbassi, entretien. 101 LES LIMITES A L'ACTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME AU SEIN DE LA CEMAC CHAPITRE III : Les femmes en Afrique sont des agents économiques, des cadres d'administration, des agents politiques, des agents sociaux1, de la petite à la grande échelle, dans le cadre national comme international. Au-delà de leurs activités génératrices de revenus, elles sont les principaux leviers de l'économie domestique et du bien-être familial. Elles jouent un rôle indispensable, mais parfois méconnu des dirigeants au sein de leur communauté et de leurs nations respectives2. Et pourtant, sur l'ensemble du continent africain, les femmes se heurtent à toute une série d'obstacles qui entravent la réalisation de leur plein potentiel, qui sont parfois la conséquence de la conjoncture internationale, des pratiques culturelles restrictives, aux lois discriminatoires à des marchés du travail très segmentés. Elles jouent un rôle important pour la dynamisation de la CEMAC tant sur le plan politique, économique et socioculturel. Cependant, cette action est empiétée par de nombreuses difficultés qu'elles rencontrent3. A. LA CONJONCTURE COMMUNAUTAIRE ET LES LOIS DEFAVORABLES AUX FEMMES D'après la BAD, l'élimination des inégalités entre les genres et l'autonomisation des femmes pourraient augmenter le potentiel de production d'un milliard d'Africains et stimuleraient considérablement les potentialités de développement du continent4. Cependant, les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles qui limitent leur travail dans la CEMAC. Sont étudiés ici : les crises économiques, les conflits frontaliers et les facteurs socioculturels5. 1E. Ahohe, M. Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale : enjeux et défis de l'économie verte en Afrique centrale, 2013, p.27 2 Marcelline Mebounou, 32 ans, Sous-directeur de la sous-direction Afrique au MINREX, entre réalisé au Minrex le 24/01/2018. 3 Henry Lucien Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018. 4 BAD, Indice de l'égalité du genre en Afrique, Autonomiser les femmes africaines : plan d'action, Abidjan, 2015, p.5. 5 Marcelline Mebounou, entretien. 102 1. Les crises économiques Dans la plupart des pays de l'Afrique, la discrimination à l'égard des femmes se combine à d'autres formes de disparités sociales et économiques, comme le lieu d'origine, l'emplacement, la communauté, la catégorie sociale et le métier. Facteurs qui jouent un rôle clé dans l'ampleur des privations. Il est important de souligner que les personnes les plus affectées par les crises internationales sont des femmes, qui sont souvent les plus défavorisées à la base dans la plupart de ces pays6. Les crises économiques provoquent généralement le déclin de l'économie mondiale, ce qui affecte directement la production vouée à l'exportation. Par un effet multiplicateur négatif, les marchés intérieurs, l'inversion des mouvements de capitaux y compris les portefeuilles des investissements et le crédit bancaire externe, la pro-cyclité de l'écoulement de l'aide, l'impact de la crise sur les travailleurs migrants et donc sur les transferts de fonds, la conséquente dévaluation des taux de change qui affecte la production nationale et les prix, la volatilité extrême des prix des denrées alimentaires mondiales et les restrictions budgétaires dans beaucoup de pays africains en développement qui ont déjà mené d'importantes réductions de leurs dépenses publiques, affectant ainsi l'accès aux services de base et la qualité de vie7. Ces processus provoquent, de différentes manières, des effets nuisibles aux femmes, dont plusieurs peuvent s'empirer à court terme et ce, même si les économies se rétablissent. Certains des effets principaux impliquent des impacts sur l'emploi, le déclin du salaire réel et des revenus de l'auto-emploi (activités en tant que travailleur indépendant), des changements dans les modèles de la migration, l'impact des prix élevés des denrées alimentaires sur la consommation alimentaire, l'accès aux soins de santé, l'accès à l'éducation et une plus grande exposition aux formes de violences domestiques et autres, dues aux tensions sociales accrues8. L'impact le plus immédiat et le plus direct de la crise est généralement la déflation dans les entreprises. Ce qui entraine la perte ou l'abandon d'emploi et par ricochet le chômage. Les entreprises, à causes des crises internationales connaissent souvent des déficits financiers, ce qui les met dans une incapacité de payer leurs employés9. A cet effet, les femmes se trouvent généralement majoritaire à la classe des employés de second rôle, à côté d'un effectif masculin dirigeant. Elles sont toutefois révoquées ou se trouvent dans la contrainte d'abandonner pour 6 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.20. 7 Jayati Ghosh "L'impact de la crise sur les droits des femmes : les perspectives sous régionales", Octobre, 2009, p.5-7. 8 Ibid. 9 Galloye née Iwandza Catherine, 53 ans, Secrétaire particulier de l'Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun, entre tien réalisé à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun, le 14/06/2019. 103 aller ailleurs. Ces crises affectent généralement tous les secteurs d'activités (formel et informel). Tandis que les emplois salariés diminuent, les travailleuses de plusieurs pays se tournent vers des activités de sous-traitance à domicile ou bien vers des activités au sein d'unités très réduites, mal payées et sans aucun avantage extra-professionnel. Par ailleurs, le phénomène d'exportation des produits pour l'industrie connait en Afrique centrale, une faible participation des femmes. Quand bien même elles sont présentes, elles sont à la sous-traitance. Très peu de femmes ont des capitaux pour faire le commerce international à cause de leurs revenus qui sont généralement inférieurs à ceux des hommes qui occupent les mêmes postes dans des structures avec des meilleurs salaires. A cela s'ajoute le manque de moyens leurs permettant de supporter le coût d'imposition dans le marché mondial10. C'est dans cette logique qu'en 2011, l'activité économique au niveau mondial avait considérablement ralentie, dans un contexte caractérisé par la persistance de la crise, la dette souveraine en Europe et les difficultés budgétaires des pays industrialisés. Chez le géant économique mondial (les Etats-Unis), la reprise économique avait été moins forte que prévu, en raison notamment d'un épisode de grande sècheresse qui avait frappé près de 60% du territoire et du déferlement de l'ouragan Sandy11. L'intensification de la crise et la chute de la production dans la zone euro avaient eu des effets négatifs sur la confiance des entreprises et des consommateurs au niveau mondial. La progression de l'investissement des entreprises avait ralenti, surtout dans le secteur de l'industrie manufacturière. La demande des ménages s'était affaiblie. Certaines mesures d'austérité prises par les gouvernements des pays de la zone euro pour restructurer de manière ordonnée la dette de certains pays en difficultés n'avaient fait que renforcer les turbulences sur les marchés financiers et suscité de nouvelles préoccupations sur un éventuel défaut de paiement de certains grands pays de la zone. A cette épreuve, les pays de l'Afrique avaient relativement été affectés12. C'est le cas des pays de la zone CEMAC qui avaient connu une régression du pourcentage du PIB en 2011 par rapport en 2010, comme l'illustre le graphique ci-dessous : 10 Galloye née Iwandza Catherine, entretien. 11 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.30. 12 Ibid., p.18. 104 Graphique 1 : Taux de croissance du PIB réel dans les pays de l'Afrique centrale entre 2010 et 2012 Source : E. Ahohe, M. Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale : enjeux et défis de l'économie verte en Afrique centrale, 2013, p.30. Ce graphique présente l'évolution triennale du P11B de la CEMAC. Comme relevé plus haut, la CEMAC a connu une régression du P11B à partir de 2011 à cause de la crise économique mondiale.13 Cette crise a affecté aussi bien les hommes que les femmes que ce soit dans des secteurs formels qu'informel14. La plupart de ces femmes vivent ces crises dans les ménages à travers soit l'inflation dans le marché ou la détérioration des salaires dans les entreprises. Parlant des dettes des pays de la CEMAC15, les conditions de remboursement de la dette extérieure se sont traduites par la politique d'ajustement structurel dont le coût social est très élevé16. Les femmes ont également été victimes de ces mesures. En plus des crises économiques, les conflits frontaliers et internes font aussi partir des entraves au travail des femmes dans la CEMAC. 13 Ahohe, Malick Bale, al., Les économies de l'Afrique centrale..., p.30. 14 Anne Mindang, 35 ans, Cultivatrice centrafricaine, entretien réalisé à Yaoundé le 15/06/2019. 15 Marie Gaspar Nicolas Messi, 52 ans, Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, 23/01/2018. 16 A. M. Bakyono, D. Nagnigui Kamara, al., Les économies de l'Afrique centrale, Paris, Maisonneuve et Larose, 2005, pp.13-26. 105 2. Les conflits frontaliers et internes aux Etats : cas de Boko Haram et du conflit centrafricain Les Etats de la CEMAC depuis une décennie, sont en proie à de nombreux conflits dans les zones frontalières. C'est le cas de Boko-Haram. Existant depuis des années 2000 dans la zone sahélienne, le conflit terroriste va s'étendre notamment en Afrique centrale zone CEMAC et par conséquent dans la frontière Tchad-Cameroun. En 2015 lors d'un sommet à paris, le Chef d'Etat camerounais déclare la guerre à la "secte islamiste" Boko-Haram. C'est ainsi que les combats vont s'acharner à l'Extrême-Nord du Cameroun et du côté du Tchad, à cause de nombreux attentats suicides orchestrés par ces terroristes dans ces zones. Une force multinationale sera constituée pour faire obstruction à cet ennemi non seulement national mais sous régional. Le combat va dépasser le cadre national, pour devenir sous régional17. Cette guerre a plus que jamais couté des vies à la population féminine des Etats de la CEMAC, des moyens financiers et de nombreuses richesses. Aussi face à cette guerre, certaines femmes battent en retraite, ce qui freine leurs initiatives au-delà des frontières nationales. Le processus d'intégration, tant politique qu'économique est ainsi empiété. De nombreuses femmes ont été affectées, d'autres ont même perdu leurs vies, pas parce qu'elles étaient aux combats, mais elles ont été des victimes. D'autres par contre ont fait l'objet des kamikazes indépendamment de leur volonté. Face à tout ceci, le travail des femmes dans la sous-région a ralenti18. Pour ce qui est du conflit centrafricain, le 24 Mars 2013, la Seleka s'empare de Bangui (la capitale centrafricaine) et pousse François Bozizé, le président en exercice depuis 2002 en exil. Ce groupe armé disparate repose sur des alliances de circonstance. Il a profité durant les premiers mois de la lassitude d'une partie de la population envers le gouvernement Bozizé, accusé notamment de corruption, de violences et de pressions envers les populations du Nord et de favoriser son ethnie, les Gbayas. Pour faire face à la progression de la Seleka plusieurs milices locales d'autodéfense s'organisent et se structurent. Soutenus par les partisans de Bozizé et des militaires restés fidèles, les anti-balakas gagnent en importance dans le sud et l'ouest du pays. Acculé, sous la pression de l'ancien allié Idriss Deby, président du Tchad, Michel Djotodia, éphémère président, démissionne le 10 janvier 2014, neuf mois après sa prise de pouvoir. Accusé ainsi que son Premier ministre, d'avoir laissé commettre les exactions 17 Marie Gaspar Nicolas Messi, entretien. 18 Yahya Adoum Mahamat, 59 ans, 1er Secrétaire à l'Ambassade du Tchad au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Tchad le 01/03/2018. 106 contre les civils, et incapable de mettre un frein aux combats entre milices, Michel Djotodia ne pouvait s'appuyer ni sur le soutien des Centrafricains, ni du Tchad voisin, ni de la France, qui lance officiellement l'opération Sangaris le 5 décembre 2013.19 Dans les jours qui suivaient, les exactions se multiplièrent. Selon Amnesty International, en deux jours, environ 1000 chrétiens et 60 musulmans ont été tués par les milices lors des combats. Les forces françaises interviennent officiellement en décembre 2013. Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) qui succède à la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA), ne parviendra qu'à freiner l'escalade de violences et la dérive vers des affrontements communautaires. Fin 2015, on compte 450000 déplacés à l'intérieur du pays et 500000 réfugiés dans les États voisins. Près de 2.5 millions de Centrafricains, soit environ la moitié de la population totale du pays ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Plus de 60 % d'entre eux vivent dans le plus extrême dénuement. Dans ce conflit amorcé depuis 2013, les femmes paient encore aujourd'hui un lourd tribut. Les motivations de celles qui ont choisi de rejoindre les groupes armés sont diverses. L'indigence, le désespoir et la défiance envers les autorités a pu en pousser certaines à rejoindre la Seleka. Celles qui ont opté pour les anti-balaka recherchaient pour la plupart la protection du groupe et la vengeance, après les exactions commises envers leurs proches par les combattants de la Seleka. En Centrafrique, les femmes ont pris les armes et joué un rôle autre que celui de supplétives20. Les femmes qui ont accompagné les groupes armés durant le conflit en Centrafrique n'ont pas eu qu'un rôle supplétif. Du côté des ex-Seleka comme des anti-balaka, elles sont venues volontairement ou par la force, et un nombre important d'entre elles est devenu combattants, en particulier du côté des ex-Seleka. Elles ont suivi un entraînement militaire21. Ce conflit interne a entrainé le ralentissement des activités, non seulement en Centrafrique, mais aussi dans la sous-région. Et de surcroît les femmes aussi bien que les hommes ont subi les effets de cette guerre dans tous les domaines d'activité. Toutes les femmes associées à l'un ou l'autre des groupes armés rencontrent des difficultés, soit au sein même du groupe soit pour retrouver leur communauté délaissée au début du conflit. D'une manière générale, elles se trouvent dans une situation de solitude extrême qui s'ajoute à leur 19 D. Thiénot, "Les femmes entre les fronts en République centrafricaine", in Rapport sur l'Afrique centrale 10, Institut d'Etudes de Sécurités, Septembre 2017, pp.2-4. 20 Thiénot, "Les femmes entre les fronts...", p.2. 21 Ibid. 107 vulnérabilité. Dans une période encore instable de méfiance généralisée et de prédation économique, leur communauté ne semble pas prête à les accueillir22. 3. Les contraintes socioculturelles et les lois défavorables aux femmes Il en ressort des consultations au niveau des différentes institutions nationales des pays de la CEMAC que la femme est particulièrement vulnérable, à cause de plusieurs facteurs qui sévissent encore malgré leur abolition par les législations en vigueur. Ces considérations socioculturelles sont d'une immensité que la liste ne saurait être exhaustive. Les responsabilités familiales sont l'une de ces contraintes. La proportion majoritaire des femmes des Etats de la CEMAC est assignée au rôle qui consiste à l'essentiel des soins des enfants et des tâches ménagères. Les femmes assument en moyenne les trois-quarts des tâches ménagères. En zone rurale, elles ont l'obligation de participer aux travaux champêtres, ce qui influe sur leur rendement socioprofessionnel. Les femmes sont aussi victimes des violences de toutes sortes, de la pauvreté. Elles sont généralement victimes des violences conjugales à tous les niveaux et représentent la couche la plus défavorable en matière de revenus dans la société, celle victime d'une grande paupérisation sociale23. La polygamie est un élément narcotique des femmes dans la société. Bien que sollicitée par la plupart des hommes en Afrique, elle est souvent fustigée par des femmes, sauf dans les cas d'exception où parfois la première femme est stérile24. Ne voulant pas adopter d'enfant, encourage son mari à prendre une seconde épouse. En effet, la polygamie est un facteur de plusieurs maux dans les foyers conjugaux. La femme est certes consciente du combat qui est sien, mais le poids des traditions pèse encore sur elle, de telle sorte qu'elle est toujours victime de discriminations et d'oppressions. Son plein épanouissement est freiné par un ensemble de clichés de pratiques et croyances aussi bien coutumières que religieuses. A la maison comme à l'école, dans les affaires comme dans le gouvernement, elle demeure le "sexe faible". Quand bien même elle serait compétente, elle est la moins sollicitée comme le témoigne le palmarès genre25. Le déficit d'éducation et de la formation montre que, moins de femmes sont scolarisées, d'autres abandonnent des études, faute de moyens et moins de femmes se trouvent dans des 22 Thiénot, "Les femmes entre les fronts...", pp.2-3. 23 A.M.F. Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC", Mémoire de master en relations internationales, IRIC, 2011-2012, p.9. 24 Inès Fotsing, 70 ans, ménagère, entretien réalisé à Yaoundé le 22 septembre 2018. 25 Galloye née Iwandza Catherine, 53 ans, Secrétaire particulier de l'Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun le 14/06/2019. 108 enseignements professionnels. Par ailleurs, il existe relativement moins d'écoles secondaires pour accueillir des filles des Etats de la CEMAC, comme le témoigne par exemple le nombre de Collèges D'enseignement Technique Industriel Féminin (CETIF). Ce déficit qui relève toujours du caractère traditionnel de la non-scolarisation des filles comme en témoigne Napoléon Bonaparte "l'éducation publique ne convient point aux jeunes filles puisqu'elles ne sont pas appelées à vivre en public. Le mariage est toute leur destination"26. La vulnérabilité en matière de santé montre que les femmes sont plus touchées que les hommes en matière de contamination des maladies. La science relève que la femme est une sorte de "dépotoir", à cet effet, elle serait donc plus affectée et par ricochet plus vulnérable que l'homme. En outre, La non-maîtrise des ressources productrices comme la terre et les biens constitue une contrainte défavorisant les femmes. La majeure partie des femmes notamment dans les Etats de la CEMAC dépendent entièrement des revenus de leurs conjoints. D'autres sont privées d'héritage familial, ce qui expliquerait la faible proportion de femmes propriétaires d'entreprises de commerce, d'exploitation agricole. Un partage inégal des responsabilités au sein de la famille et du ménage est aussi manifeste. Les hommes considèrent généralement les travaux ménagers comme étant l'apanage des femmes. Certains hommes voient en d'autres qui s'entremêlent des travaux domestiques comme une sorte de "fille garçon"27. La faible représentation des femmes aux postes de responsabilité. Une observation des secteurs publics et privés des pays de la CEMAC permet de se rendre compte du petit nombre de femmes occupant des postes de responsabilité. De ce fait, si la politique de l'égalité des sexes est presque toujours mise en avant, il semble que la classe dirigeante, essentiellement masculine, a bien du mal à en intégrer ce principe. C'est ce qui implique des pourcentages aussi médiocres des femmes au gouvernement. Les femmes sont reléguées dans les activités mal rémunérées et peu reconnues : des études montrent que de nombreuses femmes dirigent des micros commerces, surtout dans l'économie informelle, mais qu'elles sont en revanche moins nombreuses dans les moyennes et les grandes entreprises. Plus une entreprise est importante, moins il est probable qu'elle soit dirigée par une femme28. 26 N. Bonaparte cité par O. Dhavermas, Droits des femmes : pouvoirs des hommes, Paris, Seuil, 1978, p.241. 27 Aramatou Fadila, 22 ans, étudiante tchadienne en 2eme année à l'Université de Yaoundé II en Science politique, entretien réalisé le 25/01/2018. 28 OIT, 12eme Rapport de la Réunion Régionale africaine, Johannesburg, Afrique du Sud, 11-14 Octobre 2011. 109 Dans les Etats CEMAC, la femme prise sous ce prisme occupe place moins importante dans le partage du pouvoir et la responsabilité en matière de prises de décisions. Ce qui explique sa place toujours seconde dans les postes de responsabilités29. Si affirmer la domination de l'homme, c'est reconnaître l'infériorité, l'impuissance et par là, la soumission de la femme, ce rapport de condescendance incontestable est pourtant bien loin de révéler les enjeux véritables de l'option prise de la femme de se laisser diriger. Aussi serait-il d'un intérêt certain de procéder à l'analyse des relations apparemment très simple qui unissent l'homme à la femme pour en découvrir les véritables fondements cachés. A l'issue d'une importante étude menée en Afrique sur la légendaire soumission de la femme à l'homme qui en profite souvent pour asservir, Fieloux Michelle (1988) relève que "si les hommes se sont établis maîtres des femmes, ce n'est pas toujours sans consentement de celles-ci. Et que ce consentement a, en retour fourni aux femmes un réel pouvoir qui fait partir de leur asservissement". Comme le dirait lors d'un culte du dimanche, un prédicateur : "les femmes sont des ministres de l'intérieur et les hommes ministres de l'extérieur". Pensée qui laisse traduire la puissance absolue qu'elles incarnent au sein des foyers. Ce qui est en adéquation avec les saintes écritures qui présentent le rôle de la femme comme un rôle ni inférieur, ni supérieur à celui de l'homme, mais complémentaire à celui de l'homme. Car chacun joue son rôle à son niveau et à son poste. Il va sans dire que cette remarque qui corrobore une opinion très largement partagée par les femmes des Etas de la CEMAC selon laquelle le pouvoir dont dispose l'homme sur la femme est une véritable bénédiction de Dieu, ce qui trahit tout effort de libération de cette femme en même temps qu'elle dégage sa part de responsabilité qu'elle tient dans son assujettissement. Par ailleurs, Guillaume Garathier Chantal (1985) qui s'est consacrée à l'étude du mariage chez les Fali du Nord Cameroun relève que : Chez les Fali, le rôle de la femme se joue dans la différence qui n'est ni égalité ni opposition par rapport au rôle de l'homme, mais plutôt complémentarité dans le respect de l'harmonie du monde voulue par Dieu. Si l'homme est maître incontesté dans les relations extérieures, soutient-elle à la maison, elle (la femme) règne d'une façon aussi incontestable sur le foyer de son mari.30 Cette conception pourrait ainsi laisser voir l'acceptation de l'infériorité par la femme, non pas de son vouloir, mais pour respecter et faire une volonté d'un ordre préétabli. En effet, le genre est l'identité construite par l'environnement social des industries : la féminité ou la masculinité ne sont pas des données naturelles mais le résultat de mécanisme de 29 R. Boudon, L'Inégalité des chances, Paris, Armand Colin, 1973, cité par A.M.F. Elanga Mbangono, "Les politiques sociales au bénéfice des femmes en zone CEMAC...", p.108. 30 B. Ehrenreich, Rites de sang : origines et histoire des passions de la guerre, Metropolitan book, 1997, p.52. 110 construction et de reproduction sociale. Consciemment ou inconsciemment, la société s'organise selon le paradigme des "choses des hommes" et des "choses des femmes" au point que l'on se convient qu'il y a des domaines ou des niveaux socialement réservés à tel ou tel des deux sexes31. Cette conception, véritable stéréotype, est enracinée dans les représentations sociales. Ce qui explique le fait que les femmes se sont impliquées dans l'armée avec beaucoup de peine. Comme l'explique Bouba Ehrenreich : le militaire est d'abord un homme. Il relève qu'il existe une interdépendance entre la guerre, la virilité et l'homme ; le militaire est homme dans la mesure où chaque homme est un potentiel guerrier. A l'homme, l'oeuvre de la mort, à la femme l'oeuvre de vie. La femme porte l'enfant et lui donne la vie32. Cette différenciation naturalisée des rôles s'est prolongée dans le droit du travail. C'est ainsi que la femme est considérée comme "faible et fragile par nature", les mineurs aux même titre que les enfants, "naturellement" condamnés à la sphère domestique, à la reproduction33. Les attitudes transmises d'une génération à une autre, constituent également une cause de l'infériorité féminine. La transmission des valeurs culturelles et traditionnelles contribue à la perpétuation des pratiques néfastes suivant les identités et les spécificités de chaque pays. Tous ces stéréotypes de la féminité : les clichés, les images, les symboles, les préjugés et toutes sortes d'opinions arrêtés sur la nature, l'identité et le statut de la femme, qu'ils soient d'origine culturelle, historique, religieuse ou mythique, ces éléments qui sont constitutifs de l'image que la société a créé de la personnalité féminine déterminent fondamentalement la perception et la conception que l'on a de la femme. En zone CEMAC, il y'a une coexistence du droit coutumier et du droit moderne, ce dualisme juridique entretenu par les différentes institutions de la place rend le statut sociojuridique de la femme un peu confus. Dès leur accession à l'indépendance, dans des années 1960, la plupart des pays africains francophones ont opté pour l'application du code civil français de 1958. Celui-ci s'est révélé inadapté aux réalités de ces pays. Ce qui a abouti à une coexistence de deux catégories de droit notamment ce droit coutumier qui est oral et le droit moderne qui est écrit. Au Tchad par exemple, l'Ordonnance N°667/MJ du 21 mars 1967 portant réforme de l'organisation judicaire fait de la coutume une composante prépondérante dans le système juridique national. Cette Ordonnance dispose en son article 11 que : " en cas de silence de la coutume, la loi doit être appliquée". Cela rend complexe la situation d'autant plus que les juges 31 I. Théry, La Distinction de sexe : Une nouvelle approche de l'égalité, 2007, p.218. 32 Ibid., p.218. 33 E. Durkheim, La division du travail social, Paris, PUF, 1893, p.53. 111 ignorent les règles coutumières qui peuvent s'appliquer à tel ou tel contentieux opposant les différentes parties. La femme est alors celle qui est la plus défavorisée dans cette situation. Elle subit les vicissitudes laissées par le vide juridique par exemple dans la succession, la dot ou en cas de polygamie. D'après le document de Politique Nationale de Genre de 2011-2012 au Cameroun, 52% de femmes ont déjà subi au moins une fois la violence conjugale, 53% ont subi des violences depuis l'âge de 15 ans et au rang de ces violences, on compte les mutilations génitales, les violences sexuelles, les mariages forcés et précoces34. Cet état de chose a ceci de spécifique que même si c'est sur le plan traditionnel qu'il puise sa force et se nourrit, il parvient à suivre la femme partout où elle pourrait se retrouver et par là affecte la condition de la femme même dans le milieu académique, sa participation à la vie politique et autre. Le monde professionnel a longtemps connu une division du travail dans les pays de la CEMAC ce qui n'a toujours pas été chose facile pour la promotion professionnelle des femmes, réel facteur de limitation jusqu'aujourd'hui de leur insertion dans la CEMAC. C'est dans cette perspective que Pierre Bourdieu relève : L'ordre social fonctionne comme une immense machine symbolique tendant à ratifier la domination masculine sur laquelle il est fondé. C'est la division sexuelle du travail, distribution très stricte des activités imparties à chacun des deux sexes. Il appartient, aux hommes situés du côté officiel, du public d'accomplir tous les actes périlleux et spectaculaires qui, comme la guerre, marquent des ruptures dans le cours ordinaire de la vie ; au contraire, les femmes étaient situées du côté de l'intérieur, se voient attribuer tous les travaux domestiques comme le soin des enfants ainsi que le reste des travaux qui leurs sont impartis.35 C'est à l'homme de "partir" et à la femme de "rester" garder les enfants et la maison. Cette division sexuelle de l'espace du travail demeure une réalité dans la professionnalisation des métiers et ce qui n'est pas en reste dans l'attribution des postes de responsabilité dans la l'espace communautaire CEMAC au vu des différents postes de responsabilités qu'occupent les hommes et les femmes dans cette institution36. En outre, l'on dénote un manque de volonté politique de la part des dirigeants de la sous-région à l'égard des femmes : les femmes de la sous-région sont nombreuses aujourd'hui à être formées dans les grandes écoles et universités de leurs pays et du monde, dans des domaines divers. Certaines ont fait montre de leurs compétences en d'importants postes tant dans l'administration publique que privée. Il convient que les femmes ne sont plus en marge de 34 Rapport de la CNDHL sur les droits de l'homme en 2014, p.9. 35 P. Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, p.36. 36 Baban Remy, 36 ans environ, Vigil depuis 3 ans à la Représentation de la CEMAC Cameroun, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé le 31/05/2019. 112 l'éducation et de l'instruction dans les différentes sociétés car elles ont aujourd'hui des aptitudes leurs permettant d'exercer toutes les fonctions au même titre que les hommes. Cependant, la phallocratie de la société politique, parfois aussi misogyne ne permet pas à la femme d'accéder à tous les postes au sein de cette homogénéité spatiale. La présence limitée des femmes dans les partis politiques est également un facteur interne qui limite la promotion des femmes dans l'arène politique et donc diplomatique de cette sous-région. En effet, les discours qui ont cours dans les partis politiques frappent les esprits par leurs contradictions internes et notamment le clivage qui règne entre l'application à la lettre des discours politiques et le comportement des tenants des partis sur le terrain. L'avènement du multipartisme et plus précisément l'ouverture des partis politiques aux femmes prônée dans les différents textes constitutifs des partis a suscité bien d'espoirs pour les femmes en général et à celles de la CEMAC en particulier, jadis abandonnées à leur triste sort. Mais force est de constater que ces promesses ne sont plus les mêmes. Il est observé que ces promesses ne sont pas toujours respectées lors des investitures dans la scène politique. Par ailleurs, la création des sections féminines dans les partis politiques constitue également un moyen de constituer une scission entre le travail de la femme et celui de l'homme. Cette situation empêche aux femmes de se frotter aux hommes même dans les compétitions pour l'accession aux différents postes37. En plus de cela, l'un des obstacles à la promotion effective de la femme est le décalage qui existe dans tous les domaines entre la législation et son application. L'existence même déjà des dispositions législatives discriminatoires ou non adoptées à l'égard des femmes : droit à la succession, à la propriété, au contrôle des biens, à la liberté de circulation, à la garde des enfants, etc. Toutes ces situations ne permettent pas qu'elles aient des avantages proportionnels à leurs efforts et au même titre que l'homme. C'est le cas en Guinée Equatoriale où la majorité nuptiale de la fille est à 17 ans contrairement aux dispositions de la Convention sur les Droits de l'Enfant (18 ans) et l'absence d'une législation en matière de pénalisation du harcèlement sexuel. Aussi, il faut noter la non-adoption du projet de code des personnes et de la famille, du projet de code civil révisé et du projet de code de l'enfant qui corrigent des idées juridiques et font plus de place aux droits des femmes. Les innovations principales portaient sur le statut de la femme dans le mariage, l'âge légal du mariage, le renforcement des peines contre les auteurs des délits de violences faites aux femmes, le droit de garde des enfants après divorce et le droit de jeune 37 A. Foulda, "Rapport de stage Académique au Ministère de l'action sociale, de la solidarité nationale du 16 Octobre 2013 au 31 septembre 2014", Master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014, pp.41-43. 113 fille et de la femme handicapée38. Face à toutes ces difficultés d'ordre conjoncturel et socioculturel, il est constaté que les femmes ne sont pas promues à tous les plans pour participer au même titre que l'homme à la dynamisation de la CEMAC. Par ailleurs, il existe également des problèmes généraux à la libre circulation, épineux problème donc à toujours fait face la sous-région. B. LES PROBLEMES GENERAUX A LA LIBRE CIRCULATION La libre circulation est l'une des questions centrales dans la dynamique diplomatique entreprise par la CEMAC car, l'on ne peut parler de coopération entre les Etats sans évoquer la libre circulation. Lorsqu'on parle de libre circulation, il s'agit de la circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux. C'est ainsi que pour faciliter cette épreuve, la CEMAC a mis sur pied des textes juridiques qui promeuvent notamment la circulation des personnes et des services, la circulation des marchandises et la facilitation des transports, la libre circulation des capitaux. Même si ce n'est pas toujours ce qui se matérialise sur le terrain à travers des barrières douanières, sanitaires, éducationnelles. Sans oublier les textes élaborés qui ne sont pas appliqués. 1. Des barrières douanières, sanitaires et éducationnelles Pour faciliter la libre circulation, la CEMAC a mis sur pied de nombreuses législations notamment : la Convention du 30 Janvier 2009 régissant l'Union Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (UEAC), l'Acte N°1/72/-UDEAC-70-A du 22 Décembre 1972 relatif à la Convention Commune sur la libre circulation des personnes et le droit d'établissement en UDEAC, l'Acte N°7/93-UDEAC-556-CD-SE1 du 21 Juin 1993 portant révision du Tarif Extérieur Commun (TEC) et fixant les modalités d'application du Tarif Préférentiel Généralisé (TPG), le Règlement N° 04/01-UEAC-089-CM-06 portant du Code Communautaire révisé de la route, signé à Bangui le 03 Août 2000, la Convention régissant l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC), le règlement N° 02/02/CEMAC/UMAC/CM du 14 Décembre 2000. Tous ces textes régissant la libre circulation à la CEMAC s'appliquent aussi bien aux hommes qu'aux femmes de la sous-région. Cependant, l'on note la persistance des barrières douanières dans cette communauté39. 38A. M. F. Elanga Mbangono., "Les politiques sociales au bénéfice des femmes...", p.9. 39 Vision CEMAC, publication de la CEMAC, n° 005, Février 2012, p.5. 114 Les barrières douanières dans la sous-région CEMAC sont également autant de problèmes qui entravent l'action des femmes entre Etats membres dont la Commission de la CEMAC doit davantage y remédier40. Aussi, c'est le nombre exorbitant des barrières douanières surtout dans les axes routiers, qui entravent les échanges, le déplacement des personnes, des biens dans la sous-région CEMAC et limitent aussi les relations économiques, sociales et culturelles des femmes dans cette communauté41. En outre, parfois il y a plusieurs contrôles des forces de maintien de l'ordre dans ces Etats (des gendarmes, des policiers, des douaniers et bien d'autres). Dans un axe, on peut avoir dix contrôles et plus, comme à l'axe Douala-N'Djamena ou Douala-Bangui. C'est pourquoi, les dirigeants tchadiens menacent de passer avec leurs produits par la Centrafrique42. En plus des problèmes liés aux barrières douanières, les femmes font face à de nombreux problèmes en matière d'accès à l'éducation et la santé dans le cadre communautaire. Pour ce qui est de la formation elle est limitée ou est inexistante dans certaines localités de la sous-région, ou ne fait pas toujours l'unanimité des différents Etats membres. Ce qui justifie le faible taux de formation surtout de fille qui ont connu une scolarisation tardive. C'est le cas dans les structures de formation sous régionales suivantes : l'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ESSTIC) et l'Ecole Inter-Etats des Douanes (EIED). Parlant de l'ESSTIC, elle est créée en 1970 et porte la dénomination d'Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé (ESIJY), placée sous la tutelle d'une dizaine d'Etats africains. Cette école de renom voit son nom évolué deux fois en trente ans. En 1982, l'ESIJY devient nationale et prend l'appellation d'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information (ESSTI). En 1991, l'ESSTI devient grâce au développement des nouveaux métiers de la communication, ESSTIC. Elle forme aujourd'hui dans les filières de : Information documentaire, Journalisme, Publicité, Communication des Organisations, Edition et Arts graphique. A sa création, l'ESIJY avait une vocation internationale et particulièrement régionale. Elle devait accueillir des étudiants de toutes nationalités et particulièrement les ressortissants de la sous-région Afrique centrale. Chaque Etat était tenu de verser une contribution financière, indispensable au soutien institutionnel de l'école. Les premières années de fonctionnement de 40 Cameroon Tribune, quotidien bilingue n° 8993/5192, 34e année, Décembre 2007, p.8. 41 Vision CEMAC n° 005..., p.5. 42 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (1959-2010)", Thèse de doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, p.388-392. 115 cette école ont respecté cette vocation. Force est de constater aujourd'hui que son caractère international n'est plus qu'un lointain souvenir43. Cette école permettait la formation de nombreux ressortissants de l'Afrique en générale et de la CEMAC en particulier. Ce qui permettait aux hommes et aux femmes de se former dans tous ces domaines dont offre l'école. La nationalisation de cette école limite l'enjeu sous régional et par conséquent, le coût de formation pour les ressortissants d'un autre pays ou d'une autre sous-région est élevé. Ce facteur devient un problème non seulement pour les hommes, mais aussi pour les femmes qui voudraient se faire former dans cette école. Pour ce qui de l'EIED, située à Bangui, elle voit le jour le 22 décembre 1972 par l'Acte 8/72-UDEAC-151 du Conseil des Chefs d'Etat de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique centrale. Quatre Etats avaient participé à sa naissance, à savoir le Cameroun, la Centrafrique, le Congo et le Gabon. Avec l'adhésion de la Guinée équatoriale en 1983 et le retour du Tchad en 1984 au sein de l'organisation sous régionale, l'EIED compte aujourd'hui six Etats membres. L'EIED compte parmi les institutions de formation spécialisées de la CEMAC telles que l'ISSEA à Yaoundé et l'ISTA au Gabon. L'EIED a pour objectif la formation professionnelle des agents des douanes et pour vocation la formation initiale et la formation continue des stagiaires fonctionnaires et futurs fonctionnaires des administrations des douanes des Etats membres et des opérations économiques ou de tout autre Etat qui en fait la demande. Elle devait assurer la formation et le perfectionnement des cadres des Douanes des Etats membres. Alors que le Cameroun forme ses propres douaniers, cette école ne reçoit seulement que quelques étudiants camerounais en matière de formation des douanes. Par ailleurs, alors qu'il existe également l'ENAM au Congo et au Gabon, la plus-value de l'école en terme de formation devient faible. Cela diminue le pourcentage d'apprentissage des femmes dans un espace communautaire44. La santé est également un grand problème pour les femmes de la sous-région. Elles se réclament d'une bonne prise en charge en matière sanitaire. En République du Congo par exemple, les hôpitaux sont minoritaires et ne peuvent prodiguer tous les soins médicaux à cause de la précarité des équipements et du manque des spécialistes dans divers domaines de la santé. Ce qui parfois entraine des pertes en vies humaines dans des cas de maladies qui le plus souvent nécessitent des interventions d'urgences et très délicates45. En plus de ces difficultés de libre 43 D. Avom, "Intégration régionale dans la CEMAC : des problèmes institutionnels récurrents", in Afrique Contemporaine, n°222, 2007, pp.199-221. In www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2007-2-page-199.htm. Consulté le 14/06/2019 à 8h05min. 44www.google.com/serach.EIED. Consulté le 14/06/2019 à 16h22min. 45 Galloye née Iwandza Catherine, entretien. 116 circulation, l'on dénote également le retard de l'application, voire des décisions prises mais qui ne sont pas appliquées dans cette espace communautaire. 2. Les décisions non appliquées De nombreuses décisions prises dans le cadre de la CEMAC en général et sur la femme en particulier ont généralement connu un retard en matière d'applicabilité et voire d'autres ne sont même pas appliquées. L'on s'interroge bien sur ce qui bloquerait des décisions prises à l'unanimité des membres de la communauté. Parlant par exemple des décisions sur la libre circulation des biens, des personnes des capitaux et même des idées, de nombreuses décisions ont été adoptées par les Etats de la CEMAC. Cependant, elles ne connaissent pas une application unanime de ces Etats. C'est le cas de l'article 8 de la Convention commune et 27 de la Convention relative à l'Union Economique de l'Afrique Centrale qui accordent certes la liberté de circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, mais sont généralement soumis aux formalités et aux limitations par des raisons d'ordre public, de sécurité et de santé publique. Ce qui justifie que lors de la FOTRAC de 2016, les différents membres du REFAC ont été retenus entre les frontières Cameroun-Guinée Equatoriale et Cameroun Gabon. L'on s'interroge si cela était dû la non-conformité ou alors c'était l'une des magouilles douanières monotones46. Aussi, le PER élaboré depuis 2011 par la CEMAC tient compte de la question genre dans toutes ses dimensions47. Cette politique économique a été élaborée pour une durée de quinze ans, divisée en trois phases quinquennales. Cependant, depuis 2011, un véritable changement en matière d'équilibre de genre ne s'est opéré au sein des structures de la CEMAC48. Le quota de fonctionnaires masculins est largement toujours supérieur à celui des femmes, que ce soit dans les organes centraux que des institutions spécialisées. Il existe une marge de manoeuvre entre les décisions prises et l'application de ces décisions49. Cela pourrait également se justifier par le fait que depuis même la création de l'UDEAC aucune politique en 46 Etienne Nguema, 38 ans, Administrateur civil au Gabon, participant de la Fotrac 2017, entretien réalisé à Kyé-ossi le 25/06/2017. 47 Le PER est une politique économique de la CEMAC qui répond à une vision de l'avenir de la communauté à l'horizon 2025, qui consiste à "faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent ou règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain". Cette politique tient compte de la femme dans le plan économique, réclamant la mise en oeuvre d'un réseau d'actrices économiques. L'implication de la femme dans le processus de paix et de sécurité et l'amélioration de la santé de la communauté tout entière et de la femme en particulier. In CEMAC, PER, plan opérationnel 2011-2015, Décembre 2011, pp.7-104 48 Lucien Henry Ticky, entretien. 49 Idem. 117 matière de genre n'a été élaborée dans la sous-région. Si oui, dans le cadre national. Alors que les lois nationales ne s'appliquent pas dans le cadre de la Communauté. Il importe donc pour la communauté de se doter des instruments juridiques fiables et strictes pour la bonne mise en oeuvre des politiques en matière d'équilibre sociale entre l'homme et la femme au sein de la communauté. C. AUTRES FORMES DE DIFFICULTES De nombreux autres facteurs jouent défavorablement à la promotion de la femme dans la CEMAC. Il s'agit notamment de l'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC aux questions de genre, le manque de volonté politique des Etats membres et l'absence du budget alloué aux questions genre ou à la promotion de la femme dans cette communauté. 1. L'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC à la cause des femmes L'implication limitée du "gouvernement" de la CEMAC est à critiquer. Cette situation est engendrée par le laxisme des décideurs de cette Organisation internationale sous régionale. De manière générale, tout se passe comme si la CEMAC est réservée aux chefs d'Etats, aux ministres, aux hauts cadres ou aux élites mais pas aux autres. D'où lors des prises de décisions par la conférence des chefs d'Etats et les sessions des ministres, celles-ci sont adoptées et s'imposent à toute la Communauté. Aussi, certains chefs d'Etats ne maîtrisent pas toujours tous les maux dont les peuples, notamment les femmes font face. Aussi, on remarque l'absence dans le traité instituant la CEMAC, d'un Département en charge des questions de genre voire de la femme au sein de la Commission de la CEMAC. En plus, quand on parle d'intégration sous régionale, il est question de l'intégration des peuples et non des décideurs ou des chefs d'Etats, des ministres ou des recteurs des universités. Lorsqu'il est constaté que très peu de femmes occupent de tels postes pour décider au même titre que les hommes. Il est donc urgent d'y impliquer les peuples notamment les femmes en faisant notamment des sondages publiques sur les questions majeures les concernant, les émissions dans les médias50où elles pourront contribuer et tout cela permettra aux décideurs de mieux prendre des décisions qui engagent toute la Communauté51. 50 Vision CEMAC, publication de la CEMAC n° 001, 28 Décembre 2010, p.3. 51 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats ...", p.388. 118 En outre, la CEMAC est une organisation constituée des organes et des institutions. Les administrateurs de ces structures parlent moins, lors des conférences ou débats communautaires, des questions de la femme, si non de la répartition égale des postes de responsabilité au sein de l'organisation52. Car que ce soit le gouvernement communautaire ou les gouvernements des Etats membres, le silence constitue l'avis de chacun. 2. Le manque de Fonds et de volonté politique des Etats membres Concernant les Fonds, les femmes de la CEMAC font face à de nombreuses difficultés d'ordre financier. La plupart des associations ne bénéficient pas des fonds publics de la CEMAC. Leurs fonds viennent des acteurs privés53. C'est le cas des différents réseaux d'association féminine tels que le Réseau des Femmes Parlementaires d'Afrique Centrale (RFPAC), du REFAC dont le gouvernement de la CEMAC tarde toujours à reconnaître comme institution spécialisée de la CEMAC54 et qui pourrait mieux s'occuper des questions de la femme. Aussi, le gouvernement de la CEMAC et même les gouvernements respectifs des Etats membres ne soutiennent pas suffisamment la FOTRAC comme une foire de facilitation d'intégration dans la communauté et en Afrique en générale. Car cet événement communautaire connaît depuis 2016 la participation de d'autres pays de la zone CEDEAO comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire55 . Cela pourrait justifier le faible taux de participation des populations de la communauté et de l'Afrique en générale, lorsqu'il est observé l'importance de cet événement pour le processus d'intégration de l'Afrique56. Il est donc clair que les gouvernements des Etats membres et celui de la communauté doivent revoir la place accordée à cette foire dans leurs budgets pour contribuer à faire de la FOTRAC un espace qui contribue au processus d'intégration de la CEMAC57. Une preuve du rôle indéniable de la femme dans cet espace géographique. Prenant le cas du REFAC par exemple, ses activités tournent autour de : le développement agropastoral et artisanal, des voyages d'échange, d'étude, de découvertes des sites, des symposiums, des séminaires, des formations, des séminaires culturels, des activités sportives. D'autres activités sont menées dans le cadre de la santé, à travers les campagnes de sensibilisation, de promotion et de prévention des maladies telles que le VIH, la drépanocytose, 52 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien. 53 Idem. 54 Ndong Owono Abang, entretien. 55 Lucien HenryTicky, entretien. 56 Idem. 57 Idem. 119 le diabète, le cancer et d'autres ; la distribution des moustiquaires imprégnées dans les zones à risques, le soutien et l'assistance aux personnes fragilisées par les maladies ou vivant dans la précarité (enfants, femmes, personnes âgées)58. Une attention particulière est accordée à la formation, la sensibilisation des groupes sur la lutte contre toutes les formes de violence, contre l'utilisation des Armes Légères et de Petits Calibres (ALPC) en vue d'éradiquer les trafics illicites des armes et celui des humains59. A partir de cela, le REFAC nécessite une plus-value des pouvoir publics de la communauté et des Etats membres. Par ailleurs, le gouvernement de la CEMAC ne manifeste pas toujours beaucoup de volonté politique en matière de promotion du genre. Il existe très peu d'instruments juridiques en matière de promotion de la femme au sein de cette espace communautaire60. De l'UDEAC à la CEMAC, la volonté politique du gouvernement de la communauté ne connait pas beaucoup d'évolution sur la question d'égalité sociale. En effet, même le PER qui tient compte de la question genre, ne s'applique totalement pas dans la proposition des fonctionnaires dans la sous-région. Il a été élaborée dans ce programme économique régional, une volonté politique de mettre sur pied un réseau d'actrices économiques pour accélérer la mise en place effective d'un marché commun. Cependant, cette initiative n'a point connu une matérialisation. Il en est de même de l'initiative d'implication de la femme dans la paix et la sécurité en Afrique centrale, qui tarde toujours à connaitre des avancées notoires. Ceci démontre à suffisance le manque de volonté politique des Etats mêmes de la CEMAC sur la question d'équilibre sociale entre l'homme et la femme. Il est donc constaté après cette longue analyse des facteurs de limitation des femmes dans la communauté, que les femmes font face à de nombreuses entraves dans la CEMAC. Ce qui ne leurs permet pas de contribuer au tant que l'homme à la dynamisation de la communauté. Toutefois, il n'est pas désavoué que la femme depuis l'UDEAC jusqu'à la CEMAC, connait des avancées notoires à matière de représentation dans les différents postes de responsabilité dans la CEMAC61. Ce qui justifie le chapitre suivant sur le bilan de la contribution diplomatique de la femme au sein de la CEMAC. Même s'il faut relever qu'il y a des mesures à prendre pour une meilleure implication de la femme dans cette communauté. 58 Rapport FOTRAC, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, 2016, p.3. 59 Etienne Nguema, entretien. 60 Lucien Henry Ticky, entretien. 61 Idem. BILAN DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DE LA FEMME CHAPITRE IV : 120 La femme de l'UDEAC à la CEMAC occupe de nombreux postes de responsabilité aux travers desquels elle joue un rôle important pour l'avancement de la sous-région. C'est ce bilan que se propose de ressortir ce chapitre pour montrer que ce rôle qu'elle joue depuis l'UDEAC est dynamique car il s'est accru dans la CEMAC avec le temps. A. DES REALISATIONS DIPLOMATIQUES DE LA FEMME DANS LA CEMAC, ENJEU DE LEUR PRESENCE DANS DES POSTES DE RESPONSABILITE De la Commission aux Représentations pays, passant par les Institutions sous régionales, les femmes jouent un rôle important, ce qui leurs permet d'occuper les postes de responsabilité au même titre que les hommes dans la CEMAC. 1. Au sein de la Commission et des Représentations-pays De nombreuses femmes occupent des postes important depuis la création de la CEMAC et cela se justifie par la plus-value que cette institution accorde à cette dernière1. D'où sa présence tant à la Commission de la CEMAC qu'aux Représentations-pays. Pour ce qui est de la Commission de la CEMAC, de 1964 à 1999 ou de l'UDEAC à la CEMAC, c'est le Secrétariat Général. Aussi de 1999 à 2007 c'est le Secrétariat Exécutif. À partir de 2007, on a la Commission de la CEMAC. Dès lors, la Commission est l'organe exécutif de la Communauté. C'est elle qui porte les dossiers auprès des instances supérieures. Elle est en charge de l'organisation des Conseils des ministres de l'UEAC et des Conférences des Chefs d'Etat de la CEMAC dont elle assure le Secrétariat. La Commission est dirigée par un Président. Elle composé de six Commissaires désignés chacun par son Etat membre2. L'un des Commissaires exerce la fonction de président et est secondé par un autre qui assure la vice- 1 J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Thèse de Doctorat/Ph.D en histoire, Université de Yaoundé I, Décembre 2014, pp.321-328. 2 Cf. Equipe dirigeante actuelle de la Commission de la CEMAC, annexe N° X. 121 présidence. Les quatre autres Commissaires sont chacun à la tête des départements techniques ci-dessous3 : - Département du Marché Commun (DMC) ; - Département des Infrastructures et du Développement Durable (DIDD) ; - Département des Politiques Economiques, Monétaires et Financières (DPEMF) ; - Département de l'Education, de la Recherche et du Développement Social, des Droits de l'Homme et de la Bonne Gouvernance (DERDSDHBG)4. Le gouvernement de la Commission a un Mandat de 5 ans non renouvelable. Les postes de Président et de Vice-Président sont rotatifs par ordre alphabétique des noms des Etats membres. Par ailleurs, le pays qui abrite le siège de l'institution ne peut occuper le poste de Président ni de Vice-Président. La Commission comprend aussi des cadres à régime international (Conseillers, Directeurs, Sous-Directeurs, Chefs de Service et Experts), et des Agents locaux recrutés sur place où se trouve le siège. Parmi les cadres, l'Agent comptable et le Contrôleur financier sont nommés par décision du Conseil des Ministres de l'UEAC. Pour raison d'incompatibilité, ces deux postes ne peuvent être occupés par des personnes ayant la même nationalité que le Président ou le Vice-président. Par ailleurs, l'Agent comptable avant de prendre fonction, prête serment devant la Cour de Justice de la CEMAC et verse une caution. La Commission compte actuellement un effectif d'environ 150 personnes. Son siège statuaire se trouve à Bangui en République Centrafricaine sur l'avenue des Martyrs5. Pour assurer sa représentation auprès des Etats membres, elle dispose d'une Représentation dans chaque pays de la CEMAC. Aussi seuls les ressortissants des six Etats de la Communauté peuvent être employés à la Commission ainsi que dans toutes les autres Institutions et Organes de la CEMAC. Le premier Président de la Commission de la CEMAC est le Camerounais Antoine Ntsimi, nommé en 2007, suivi du congolais Pierre Moussa en 2012. Actuellement c'est le gabonais Daniel Nna Ondo depuis le 01 novembre 2017. Plusieurs femmes ont été nommées au sein de la Commission de la CEMAC en tant que vice-présidente de la Commission, mais aussi en tant que représentantes auprès des Etats membres ou Directeurs, Sous-Directeurs, Conseillers, Experts. Parlant de la vice-présidence de la Commission de la CEMAC, deux femmes ont déjà occupé ce poste jusqu'à nos jours : Rosario Mbasogo Kung Nguidang de la Guinée Equatoriale 3 Cf. Equipe dirigeante actuelle de la Commission de la CEMAC, annexe N° X. 4 Cf. Organigramme de la Commission de la CEMAC, annexe N° XI. 5 www.cemac.int/qui sommes nous. Consulté le 13/06/2019 à 6h30min 122 de 2012 à 2017 et Fatima Haram Acyl du Tchad qui l'occupe depuis 2017.6 Il faut également noter qu'avant ces femmes, ce poste de vice-président de la Commission a été assuré par un homme en la personne de Jean Marie Maguena qui siégeait à côté d'Antoine Ntsimi, Président de 2007 à 20127. Cependant, les femmes n'avaient jamais été ni Secrétaire principal, ni Secrétaire adjoint à l'UDEAC. Mais elles ont travaillé en tant que fonctionnaires à L'UDEAC. C'est ainsi qu'avec la décennie de la femme lancée par les Nations Unies en 1975 et la réforme des lois de la CEMAC comme l'introduction du PER en 2011 qui tient compte de l'équilibre genre8, les femmes sont introduites à des postes clés comme à la Commission ou les Représentations-pays. La première femme vice-Présidente de la CEMAC est Rosario Mbasogo Kung Nguidang, de nationalité Equato-guinéenne. Après ses études à l'Université de Moscou, elle se voit confier les hautes responsabilités dans son pays. Notamment au Cabinet du premier ministre chargée de l'intégration sous régionale et du ministre à la Présidence en charge de l'intégration. Ensuite elle est Directrice générale de l'intégration régionale. C'est ainsi qu'elle officie à partir de 2010 au sein de la Cellule communautaire du Programme de la réforme institutionnelle de la CEMAC. Elle s'est moulée dans les dossiers d'intégration notamment au niveau sous régional, ce qui l'a conduit en 2012 à la vice-présidence de la Commission de la CEMAC9. Elle a été expert au sein de la Commission et a participé à plusieurs conférences pendant qu'elle occupait ce poste, contribuait dynamiquement à l'avancement de la sous-région. Cette dernière a participé à plusieurs Conférences, Sommets et Colloques au cours desquels elle a démontré l'intelligentsia féminine pour l'évolution de la CEMAC10. 6 www.cemac.int. Consulté le 12/08/2018 à 13h5min. 7 Vision CEMAC, publication de la CEMAC, n° 001, 28 décembre 2010, p.2. 8 Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018. 9 Vision CEMAC, n° 007, Septembre 2012, p.9. 10 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019. 123 Photo 15 : Rosario Mbasogo Kung Nguidang, ancienne et première femme Vice-présidente de la Commission de la CEMAC de 2012-2017. Source : https://www.google.com/search?source=hp&ei=Frk XPP3046IackpIbgB&q=photo+ de+Rasario. Consulté le 24/04/2019 à 6h30min En plus de cette dernière, Fatima Haram Acyl officie ce poste depuis 2017. Détentrice d'un DEA en finance de l'Université Xavier de Cincinnati aux Etats-Unis d'Amérique et d'une Maîtrise en administration des affaires à l'Université de Moncton au Canada, elle entame sa carrière aux Etats-Unis dans plusieurs cabinets d'audits dont Pricewaterhouse Coopers (PwC). Elle a également été Commissaire à l'Union Africaine en charge du Commerce et de l'Industrie de 2012 à 2017. C'est ainsi qu'elle a contribué valablement au processus d'intégration économique du continent en vue de la mise en place de la Zone de Libre Echange Continental (ZLEC) et au développement industriel de l'Afrique11. C'est ainsi que tous ces atouts la porteront à la Vice-présidence de la Commission de la CEMAC en 201712. 11 Vision CEMAC n° 007..., p.2. 12 Ibid. 13 Roger Faustin Ndzana, Lettre adressée à Monsieur le Directeur Général de l'Agence de Régulation des Télécommunications, Yaoundé, 04 avril 2013, p.1. 124 Photo 16 : Fatima Haram Acyl, actuelle Vice-président de la Commission de la CEMAC depuis 2017. Source : https://www.google.com/search?source=hp&ei=Frk_XPP3046IackpIbgB&q=photo+de+Haram-acyl. Consulté le 24/04/2019 à 6h30min. Ces deux femmes susmentionnées démontrent la place incontestée occupée par des femmes d'une grande expérience professionnelle au sein des instances dirigeantes ou pilotes de la CEMAC. En plus de la vice-présidence, d'autres femmes ont été Commissaires au sein de la CEMAC et ont aussi joué un rôle important. De même, d'autres continuent d'occuper ces postes et jouent des rôles déterminant au sein de la CEMAC, pour l'avancement de la sous-région. C'est le cas de Jacqueline Meyo Soua, ancienne Commissaire à la Commission de la CEMAC. Elle a participé à la concertation sur le système à mettre en place pour le suivi des cargaisons par géolocalisation et par radio communication sur les corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjamena tenue en Mars 201313. D'autres femmes ont parfois joué le rôle de représentante des Commissaires de la CEMAC au cours des grandes concertations internationales concernant la sous-région. C'est ce qui ressort du rôle joué par la Centrafricaine Bernadette Siéwé Youani, qui a représenté l'un des Commissaires de la CEMAC lors de la Conférence tenue du 27 au 28 février 2014 à Yaoundé-Cameroun, organisée par la Commission de la CEMAC et la Fondation pour les 125 Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI), qui portait sur le renforcement de l'intégration pour accélérer la croissance et les priorités pour la CEMAC14. En plus d'être Commissaire, les femmes ont occupé de nombreux postes comme ceux de Directeur, Sous-Directeur, Conseiller ou Expert, à travers lesquels elles jouent un rôle considérable dans cette Communauté. Juliette Engoué par exemple a été Sous-directeur du Commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC. Elle a joué le rôle de rapporteur lors de la conférence sous régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI en 201415. C'est également le cas dans la Commission où l'on retrouve des professionnels libéraux agréés de la fiscalité (CF et SCF) dont les femmes font parties. Tableaux 9 : Quelques professionnels libéraux agréés de la Fiscalités (CF/SCF) par la Sous-Commission des Affaires Fiscales de la CEMAC à Ndjamena le Jeudi 26 Octobre 2017.
Source : CEMAC, Sous-Commission des Affaires Fiscales sur les agréments des Professionnels libéraux de la Fiscalité (CF et SCF), Ndjamena, jeudi 26 octobre 2017. Ce tableau ressort la liste des femmes que la Sous-Commission des affaires fiscales de la CEMAC a accordé des agréments en 2017. Ces femmes ont obtenu leurs agréments lors des travaux du Comité Inter-Etats tenus à Ndjamena, le Jeudi 26 octobre 2017. Une séance présidée par Ahamad Teiro Issa le Directeur adjoint des études de la législation et du contentieux à la Direction Générale des Impôts, délégué de la République du Tchad. La troisième femme de ce Tableau, Loudegue Evelyne, Centrafricaine, était par ailleurs Présidente du Comité Inter-Etats. 14 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI, "Renforcer l'intégration pour accélérer la croissance : quelles priorités pour la CEMAC ?", Yaoundé, 27-28 février 2014, p.6. 15 Ibid., p.3. 126 A côté de cette Commission, plusieurs autres femmes ont occupé de nombreux postes au sein d'autres organes de la CEMAC, tels que la BEAC, la COBAC, la COSUMAF16. La création de la Commission de la CEMAC en 2007 a permis de mettre sur pied des Représentations-pays dans chaque Etat membre. Ces Représentations-pays constituent des représentations de la Commission de la CEMAC dans chaque Etat membre. Ainsi, à la tête de chaque Etat, se trouve un Représentant de la Commission de la CEMAC. Toutefois de 2007 à 2011, aucun pays de la CEMAC n'avait encore accordé l'opportunité à une femme d'être à la tête d'une Représentation-pays. C'est ainsi qu'en 2011, fut nommée à la tête de la Représentation de la CEMAC au Cameroun, Malaïka Ndoumbe Ngollo. Cette dernière avait occupé plusieurs postes à la Commission de la CEMAC, à l'instar de celui chargé du développement et du partenariat, avant d'être nommée à la tête de la Représentation CEMAC Cameroun. L'ancien Secrétariat Exécutif devenu la Commission, est animée par un effectif de 130 personnes dirigées par une équipe de six membres dont le président de la Commission, le vice-président et quatre commissaires. En plus, six personnes par représentation de celle-ci, soit un total d'environ 160 personnes pour tout le personnel de la Commission. Aussi, les postes occupés respectent le principe d'équilibre des pays dans la répartition entre les six Etats membres de la CEMAC17. Même si cela ne tient pas toujours compte de l'équilibre de genre. Ces femmes occupent aussi de nombreux postes au sein des Institutions Spécialisées. Il est constaté que les femmes au sein des Représentations-pays n'ont pas encore connu un effectif pléthorique jusqu'à ce jour. Lorsqu'il est noté jusqu'à cette date qu'une seule femme a déjà occupé ce poste dans une Etat membre : le Cameroun. Qu'est-ce qui pourrait justifier une telle absence des femmes ? Cela pourrait renvoyer au manque de volonté politique des Etats membres, à des textes adoptés mais non appliqués par les Etats membres et toutes les barrières qui peuvent exister en matière de limitation de la promotion des femmes. 2. Des Institutions spécialisées On appelle Institutions Spécialisées, celles issues des dispositions spéciales (art.1) du statut des fonctionnaires de la CEMAC du 11 Décembre 200918. Il s'agit de l'ensemble des 16 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI..., p.4. 17 Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats...", p.351. 18 Règlement N003109-UEAC-007-CM-20 Portant Statut des fonctionnaires de l'UDEAC, 11 décembre 2009, p.2. Cf. annexe N° IX. 127 institutions citées au chapitre I. aussi, ces femmes ne font pas l'exhaustivité de toutes les femmes présentes au sein de ces Institutions spécialisées. Il s'agit de donner quelques exemples de femmes à ces postes de soit Directeurs, Sous-directeurs, Conseillers Principaux, Experts comptables, Président du Conseil d'Administration (PCA), de simples agents. Pour mieux lister ces femmes, il est capital de procéder par les tableaux. Ces Institutions choisies sont entre autres : L'Ecole d'Hôtellerie et de Tourisme (E.H.T.), l'Ecole Inter-Etats des Douanes (EIED), L'Institut Supérieur d'Economie et de Statistiques Appliquées (ISSEA), le Comité des Pesticides d'Afrique Centrale (CPAC), l'Organisation de Coordination pour la lutte Contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC). Tableaux 10 : Le personnel féminin dans la direction de l'EHT- CEMAC de 2008 à 2011.
Source : Echo de l'E.H. T-CEMAC, N°002, Novembre 2011, p.3. Ce tableau relève de nombreuses femmes qui ont occupé des postes stratégiques au sein de l'E.H. T-CEMAC, et dont le rôle a été déterminant en matière d'hôtellerie et de tourisme en Afrique centrale zone CEMAC. Gertrude Nfono Edou a été directrice de cette école pendant cinq ans et son passage au sein de cette institution spécialisée de la CEMAC lui a permis de contribuer à l'amélioration de la qualité de l'enseignement et des infrastructures 20. Il en va de même dans le Comité des Pesticides d'Afrique Centrale (CPAC) où les femmes ne sont pas en reste, (cf. tableau 11). 19 Echo de l'E.H. T-CEMAC, n° 002, Novembre 2011, p.3 20 Vision CEMAC, n° 001..., p.4. 128 Tableau 11 : Quelques fonctionnaires féminins du CPAC de 2014 à 2017.
Source : CPAC Info Pesticide, N°0006, Avril-Juin 2009, p.16. Initiative prise depuis 2001 au cours d'une réunion organisée par AMEWG/GCP, d'initier une procédure d'harmonisation des règlementations phytosanitaires en zone CEMAC. De fait, le CPAC voit officiellement le jour en 2007 avec l'installation solennelle de son Secrétariat permanent. Il s'agit pour les Etats de la CEMAC de faire table rase sur les multiples législations en matière de règlementations phytosanitaires, afin d'avoir une législation commune et d'agir en synergie sur la question22. Ce tableau relève en effet la participation des femmes aux questions phytosanitaires de la sous-région. Leur rôle n'est pas moindre à travers des différents postes qu'elles occupent. Elles contribuent aussi à l'amélioration de la santé en Afrique centrale. Catherine Azouyangui occupe le poste de Directeur Général depuis 2017. En plus, l'enseignement est prisé depuis la création des écoles sous régionales par les femmes. C'est le cas dans l'ISSEA où le corps enseignant et étudiant connaît la présence massive des femmes (cf. tableau 12). 21 CPAC Info Pesticide, n° 0006, Avril-Juin 2009, p.16. 22 Vision CEMAC, n° 001..., p.10. 129 Tableau 12 : Le Personnel enseignant féminin de l'ISSEA de toutes les filières confondues en 2017.
Source : www.issea-cemac.org/index.php, consulté le 25/04/2019 à 15h30min. GAGE Ce tableau représente la liste des femmes faisant partir du corps enseignant de l'ISSEA en 2017. Bien que minoritaire, elles contribuent à l'apprentissage sous régional à travers des disciplines multiples qu'elles dispensent aux différents étudiants de la sous-région23. Aussi, quatre (4) femmes sont secrétaires24. Ces secrétaires sont respectivement : une Secrétaire principale et une assistante au Secrétariat, la Secrétaire du Directeur général et la Secrétaire du Directeur des études, toutes de nationalité camerounaise. A côté de celles-ci, l'on retrouve également une bibliothécaire et une femme vigile25. Il en est de même de l'OCEAC, une Institution spécialisée qui connait aussi l'expertise féminine dans le domaine de la santé, pour la lutte contre les endémies en Afrique Centrale. Leur nombre est également pléthorique et à de postes stratégiques. C'est le cas de Emilienne Yissibi Pola de nationalité Congolaise, Expert Consultant au sein de cette organisation depuis 201326. 23 Rapport d'activités de l'ISSEA, année académique 2009-2010, p.4. 24 Rondo Lemercier, 24 ans, Etudiant centrafricain à l'ISSEA en 4eme année IAS, entretien réalisé à l'ISSEA, le 14/02/2018. 25 Claudine, 23 ans, étudiante camerounaise à l'ISSEA, filière IAS 3eme année, entretien réalisé le 10/05/2019. 26 Le Magazine de l'OCEAC, N°003, Juillet 2003, p.29. 130 En outre, les femmes contribuent efficacement à la dynamisation de l'EIED et occupent des postes prestigieux, (Cf. tableau13) 27. Tableau 13 : Quelques femmes de 2010 à 2013 au sein de l'EIED
Source : Projet du programme d'activités de l'EIED, Note de présentation du projet du Budget d'exercice 2011, p.4. Ce tableau n'étant point exhaustif, laisse voir que la femme n'est pas exempte du secteur des douanes, elle contribue également aussi à l'implémentation du secteur douanier dans la sous-région28 . En plus des Organes et Institutions spécialisées étudiées ci-dessus, les femmes occupent des postes au sein de d'autres structures comme les Associations partenaires de la CEMAC. En plus de ces institutions spécialisées, la femme joue un rôle important dans la CEMAC à travers d'autres structures partenaires de la CEMAC. 3. Les autres structures partenaires de la CEMAC. Les femmes occupent également des postes dans plusieurs autres structures qui sont considérées comme des Associations partenaires de la CEMAC au sein desquelles elles jouent un rôle important et militent considérablement pour une cohabitation pacifique et prometteuse pour la dynamisation de la sous-région. C'est le cas notamment de la Synergie Jeune-CEMAC, du REFAC. a. Cas de la Synergie Jeune-CEMAC Suite à la conférence des Chefs d'Etats de la CEMAC tenue à Yaoundé du 24 au 25 Juin 2008 sous la Présidence de Paul Biya, Président en exercice et au Communiqué final qui stipule que la Conférence a par ailleurs décidé de l'institutionnalisation d'une "Journée CEMAC" dans les Etats membres le 16 Mars de chaque année, correspondant à la signature du traité instituant la CEMAC en vue de la sensibilisation des populations aux idéaux de l'intégration et du renforcement de l'esprit communautaire nait l'idée de fonder la SJ-CEMAC. 27 Projet du programme d'activités de l'EIED, Note de présentation du projet du Budget d'exercice 2011, p.4. 28 Lucien Henry Ticky, entretien. 131 Cette Synergie voit officiellement le jour le 18 Septembre 2008, en tant que structure sous régionale favorisant le brassage des cultures entre les jeunes de la Communauté. Elle oeuvre pour devenir un jour "Institution spécialisée de la CEMAC en charge des questions relatives à la jeunesse communautaire"29 et a pour objectif : - faire connaître l'institution d'intégration sous régionale, la CEMAC en vulgarisant : sa création, sa structure, ses institutions spécialisées, ses grands chantiers. Aussi, la libre circulation des personnes et des biens, Air CEMAC, le passeport biométrique CEMAC, Programme Economique Régional (PER), le Programme d'Intégration Régionale (PIR), l'Accord de Partenariat Economique (APE). Mais aussi ses progrès à travers ses réalisations, sa vision future. - exalter et renforcer les liens de fraternité entre les peuples des six Etats membres ; - Favoriser les échanges interuniversitaires, mutualiser les ressources de formation existant dans la zone et encourager la création de pôles d'excellence ; - encourager les rencontres entre hommes d'affaires, et entre opérateurs économiques et culturels de la sous-région ; - organiser des rencontres sportives entre les Etats membres. La SJ-CEMAC est une association reconnue par la CEMAC au sein de laquelle les femmes occupent de nombreux postes et jouent un rôle considérable. C'est le cas de Ruth Kamga, nommée "Représentante et Ambassadrice" de la SJ-CEMAC.30 Nina Baho qui est également déléguée générale à l'Intégration/SJ-CEMAC depuis le 04 février 201231. Cette structure organise en collaboration avec plusieurs écoles communautaires, des journées CEMAC qui connaissent l'affluence aussi bien des hommes que des femmes. b. Cas du REFAC et de la FOTRAC Le Réseau des Femmes Actives de la CEMAC est fondé en 2007 à Douala et légalisé en Janvier 2008. Il regroupe des individus, des Groupes d'Initiatives Communes (GIC), des associations et d'autres groupes d'Afrique centrale, sans distinction d'âge, de race, de sexe ou de religion. Organisation non-gouvernementale à but non lucratif et apolitique, son but premier est de fraterniser par des échanges économiques et socioculturels. Ce Réseau a progressivement installé ses antennes au Cameroun (2007), en RCA (2008), au Gabon (2009), au Tchad (2010), 29 Journée internationale des jeunes de la CEMAC, objectif citoyen, le courrier de la SJ-CEMAC, kit pour la mobilisation et la sensibilisation, 1ere Edition, 18 Septembre 2012, p.2. 30 Le Relais de l'Intégration, n° 0006, Juin 2012, SJ-CEMAC, p.4. 31 Ibid., p.7. 132 au Congo-Brazzaville (2011). Par ailleurs, des activités sont organisées avec la Guinée Equatoriale depuis 2011, dans le cadre de la foire transfrontalière annuelle. Cette structure étend désormais ses tentacules en Angola et Sao Tomé et Principe par des points focaux. Le Réseau des femmes actives de la CEMAC oeuvre pour lutter contre la pauvreté en fraternisant les femmes de la sous-région d'Afrique centrale quelque soient leurs secteurs d'activités, pour un développement durable. Il aide les femmes à contribuer elles-mêmes à leur épanouissement tout en les mettant en relation, pour des échanges fructueux. L'objectif principal étant de favoriser l'intégration sous régionale et lutter contre la pauvreté32. Aussi, les activités du REFAC s'articulent sur le développement agropastoral et artisanal, des voyages d'échange, d'étude, de découvertes des sites, des symposiums, des séminaires, des formations, des séminaires culturels, des activités sportives. D'autres activités sont menées dans le cadre de la santé, à travers les campagnes de sensibilisation, de promotion et de prévention, avec notamment le VIH, la drépanocytose, le diabète, le cancer et d'autres, la distribution des moustiquaires imprégnées dans les zones à risques, le soutien et l'assistance aux personnes fragilisées par les maladies ou vivant dans la précarité (enfants, femmes, personnes âgées). Une attention particulière est accordée à la formation, la sensibilisation des groupes sur la lutte contre toutes formes de violences, contre l'utilisation des Armes Légères et de Petits Calibres (ALPC), en vue d'éradiquer les trafics illicites des armes et humains33. Par ailleurs, les femmes du REFAC demandent un accompagnement beaucoup plus accru pour le développement des économies des pays d'Afrique centrale et l'amélioration de la qualité de vies des femmes (renforcement de leurs projets pour autonomiser tant la femme rurale qu'urbaine car elles ont un large potentiel qui nécessite beaucoup plus de considération et d'attention). A la tête de cette association, se trouve Danielle Nlaté qui est la présidente fondatrice de ce réseau des femmes dynamiques d'Afrique Centrale. Elle travaille également avec plusieurs autres femmes de presque tous les secteurs d'activités, qu'elles soient des femmes rurales ou urbaines et de nationalités différentes, (cf. tableau 14). 32 Rapport FOTRAC 2016, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, p.5. 33 Etienne Nguema, 38 ans, Administrateur civil au Gabon, participant de la Fotrac 2017, entretien réalisé à Kyé-ossi le 25/06/2017. 133 Tableau 14 : Responsables féminins du REFAC de cinq pays de la CEMAC.
Source : Rapport FOTRAC 2016, 7e édition du 25 juin au 9 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon-Guinée Equatoriale, p.5. Ce tableau présente le Bureau du personnel dirigeant et représentant l'Association dans les différents pays de la sous-région34. Il faut noter qu'en plus du rôle économique du REFAC dans la communauté, c'est un organisme de promotion culturelle dans la cadre de la FOTRAC. Cette Foire est créée en 2010 par Danielle Nlate. En 2013, elle s'étend désormais sur 14 jours contre 9 pour les éditions précédentes. C'est une Foire multisectorielle qui regroupe les acteurs de développement de tous les pays d'Afrique centrale et les Administrations, les Chambres consulaires, les Organisations Internationales, les Chancelleries, les Instituts de Recherches, les Opérateurs Economiques. C'est un espace d'échanges, de partage d'expériences surtout dirigé en faveur des femmes dans le cadre de l'amélioration de leurs conditions de vie en milieu urbain et rural pour une meilleure implication de celle-ci dans le développement de la sous-région. Il s'agit d'un événement fort du Réseau des femmes actives de la CEMAC35 qui se veut de faciliter les échanges socio-économiques et culturels, la libre circulation des personnes et des biens sans contrainte ni discrimination. L'objectif est de sensibiliser et lutter contre la pauvreté dans la CEMAC auprès de la gente féminine qui représente un pourcentage élevé de la population de la sous-région36. Née de l'idée de pallier aux souffrances dont les femmes font face aux frontières, la foire va s'intensifier davantage par les contacts dans les régions de chaque pays de la CEMAC. Aussi, l'idée sera initiée à la frontière commune Cameroun - Gabon - Guinée Equatoriale37. Ce qui explique le choix de la ville de Kyé-Ossi comme site principal de la FOTRAC. 34 Lucien Henry Ticky, entretien. 35 FOTRAC 2016 : du 25 juin au 09 juillet 2016 à Kyé-Ossi, frontière Cameroun-Gabon - Guinée Equatoriale, 7e édition, p.5. 36 Afrique Centrale, Dossier intégration, n° 109., p25. 37 Interview réalisée par Ruben Tchounyabe à Danielle Nlate, Présidente du FOTRAC, in Intégration n° 106, p.11. 134 Il est question pour les femmes, explique Danielle Nlate par l'intermédiaire d'un entretien : De réussir davantage là où les hommes trainent le pas, à savoir, consolider l'intégration sous régionale. En réunissant les femmes auteures d'une idée, l'on est certain que les hommes accompagneront. La FOTRAC est surtout dirigée par les femmes afin d'améliorer leurs conditions de vie en milieu urbain et rural, pour leur meilleure implication dans le processus de développement et d'intégration de la sous-région. Il s'agit de l'autonomisation de la femme.38 Les activités de la Foire reposent sur les expositions-ventes dans le village de la Foire, les espaces d'échange entre les différents exposants pour d'éventuels partenariats et joint-ventures, des espaces de promotion, des conférences-débats, divers ateliers de formation des femmes à la prévention des conflits, la paix et la sécurité en Afrique, des animations culturelles avec des artistes de renommée internationale. Des groupes de danse traditionnelle, et un tournoi de football féminin et masculin baptisé "Tournoi de la fraternité" regroupant les équipes du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et une équipe constituée des ressortissants des autres pays participants. Le premier tournoi a débuté le 17 Juin 2014 et la finale s'est jouée le 21 Juin 2014, suivie d'une marche sportive pour la paix et l'intégration sous régionale, une campagne de sensibilisation santé sur les grandes pandémies et les endémies de l'heure (VIH, diabète, hypertension, cancer du sein). Il existe d'autres associations comme le Réseau des femmes parlementaires d'Afrique centrale, qui sont également des organismes associatifs qui jouent un rôle important pour la promotion de la femme en Afrique centrale et la dynamisation de la CEMAC. En plus d'occuper de nombreux postes dans les structures de la CEMAC, les femmes jouent aussi un rôle important comme démontré plus haut, (cf. chapitre II). B. L'IMPACT DE LA CONTRIBUTION DIPLOMATIQUE DES FEMMES DANS LA CEMAC La contribution des femmes dans les domaine politique, économique et socioculturel dans la CEMAC, impacte considérablement sur les questions de la sous-région. 1. La prise de grandes décisions et la réforme des politiques communautaires Le rôle des femmes dans la CEMAC entraine leur présence dans la prise des grandes décisions de la communauté, la réforme des politiques communautaires. Pour ce qui est de la prise des grandes décisions, les femmes participent au même titre que les hommes à des grandes 38 Entretien réalisé par Marie-Noëlle Cruchi à Danielle Nlate, in Mutations, n° 3163, 2012, p.7. 135 rencontres sous régionale au travers desquelles sont élaborées les grandes politiques de la Communauté39. C'est le cas de la Conférence sous régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI qui portait sur le renforcement de l'intégration pour accélérer la croissance notamment sur les priorités de la CEMAC. Au cours de cette conférence tenue du 27 au 28 Février 2014 au Cameroun à l'hôtel Hilton de Yaoundé, plusieurs femmes de la CEMAC ont pris part à cette rencontre internationale et ont exposé leurs différents points de vue sur cette question de l'intégration dans la CEMAC. Il s'agit notamment de Minette Libom Lilikeng, directrice générale des Douanes camerounaise en cette période, actuelle Ministre des postes et des télécommunications. Elle a présenté l'état des lieux des douanes en Afrique centrale, tout en ressortant quelques points sur lesquels il faut palier40. Aussi, Juliette Engoué, sous-Directrice du commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC a pris part à cette conférence, au nom du directeur du commerce et de la concurrence à la Commission de la CEMAC. Son exposé donnait la quintessence sur la situation du commerce et de la concurrence dans la CEMAC. C'est dans cette même ardeur que Rosario Mbasogo Kung Nguidang, Vice-Présidente de la Commission de la CEMAC a pris part à cette rencontre41. Au cours de cette conférence, de nombreuses décisions sur l'intégration ont été adoptées par le gouvernement de la CEMAC pour renforcer le processus d'intégration dans la CEMAC et limiter les barrières inter-états42. En outre, la conférence entre le Fonds Monétaire International (FMI) et les institutions de l'Afrique centrale a connu la participation de de nombreuses femme parmi lesquelles : Babakas. Etant chef de service à la Commission Bancaire d'Afrique centrale, elle a participé au nom de la CEMAC à cette conférence pour contribuer au processus d'allocation financier des institutions de Bretton Wood en Afrique centrale43. Pour ce qui est de la réforme des politiques de la communauté, au cours des débats, des conférences, des assises communautaires, des conférences des Chefs d'Etats et de gouvernements, sont élaborées les nouvelles politiques de la sous-région. Dans cette perspective, des femmes participent au même titre que les hommes à l'élaboration des politiques 39 Marcelline Mebounou, 32 ans, Sous-directeur de la sous-direction Afrique au MINREX, entre réalisé au Minrex le 24/01/2018. 40 CEMAC, Conférence Sous Régionale organisée par la Commission de la CEMAC et la FERDI, pp.2-5. 41 Ibid. 42 Marie Gaspar Nicolas Messi, 52 ans, Assistant de la Représentante de la CEMAC au Cameroun, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, 23/01/2018. 43 Liste des participants, Consultations FMI/Institutions de l'Afrique centrale, Yaoundé, 2006, pp1-2. 136 de la sous-région, comme Secrétaires, assistantes. Même si faut noter qu'elles ne participent pas directement entend qu'esprit d'initiatives ou de proposition des politiques à adoptées44. Cela est d'autant plus visible car elles n'occupent pas de postes de président de la République et quand même elles sont ministres, les hommes sont majoritaires. Toutefois, leur rôle dans la CEMAC permet également la promotion du secteur économique. 2. La promotion de l'intégration économique dans la CEMAC et le vivre ensemble Le processus d'intégration économique est l'un des idéaux visés par la CEMAC. Les femmes ont pris très tôt l'initiative de participer au processus d'intégration de cette communauté. Elles contribuent à cet idéal à tous les niveaux. Sur le plan agricole, elles sont pourvoyeuses de produits agricoles qui contribuent à alimenter la sous-région45. En tant que population majoritaire de la CEMAC, leur main d'oeuvre est abondante. Etant donné qu'elles vendent ces produits à proximité des frontières et au-delà de leurs pays, elles facilitent l'intégration économique46, et même les produits de l'aquaculture. Les femmes participent à la dynamisation de la pêche sous régionale à travers non seulement le projet de pêche continentale lancé par la CEMAC en étroite ligne avec la politique de l'Union africaine de pêche continentale, mais aussi par de petits étangs privés47. Le commerce est une activité qui a toujours connu un afflux de femmes. Néanmoins elles sont présentes lors du commerce à l'intérieur du pays ou de la sous-région et surtout au niveau des zones frontalières48. Les frontières de la CEMAC connaissent à cet effet un flux de petits commerçants et commerçantes qui le plus souvent n'ont pas l'opportunité, à cause des barrières douanières ou des moyens limités pour faire du commerce au-delà des frontières nationales. Plusieurs d'entre elles rencontrent des difficultés liées au manque des documents officiels notamment le passeport, le certificat de commerce49. Mais l'on ne saurait refouler l'idée selon laquelle toutes ces activités économiques frontalières ou transnationales contribuent à petite ou à moyenne échelle, à l'alimentation des Etats de la CEMAC. De fait, il est observé de nombreux touristes africains et internationaux dans ces localités50. 44 Lucien Henry Ticky, entretien. 45 Idem. 46 Idem. 47 CEBEVIRHA, n° 003, Juin 2012, p.8. 48 Carine Djomo, 35 ans, Commerçante Camerounaise, Yaoundé, le 25/06/2018. 49 Idem. 50 Etienne Nguema, entretien. 137 L'on pourrait ainsi affirmer que les femmes contribuent à la dynamisation de l'économie sous régionale par l'organisation des foires comme la FOTRAC, qui a un double volet : économique et culturel. Elle a lieu chaque année entre Juin et Juillet en fonction du calendrier établi par le REFAC et connait l'exposition de nombreux produits agricoles, aquacoles, artistiques cosmétiques et bien d'autres. Tout ceci contribue à promouvoir le vivre ensemble dans cette communauté. Le vivre ensemble est un idéal cher à tous les Etats de la CEMAC. Il permet aux populations d'horizons divers51 de cohabiter pacifiquement. Les femmes participent également à cet idéal à travers le commerce inter-frontalier, mais aussi par l'organisation des foires communautaires comme la FOTRAC et la FOTAC. Ces solennités connaissent généralement la présence massive des populations féminines venues de tous les horizons. Ces populations apportent chacune son savoir-faire économique, culturel. De nombreuses festivités ont lieu et sont des moments de convivialité entre les peuples de la zone CEMAC, mais aussi de d'autres sous-régions.52 Tout ceci permet de rapprocher les peuples et d'éloigner la violence, les conflits entre les africains53. C. DES PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE PROMOTION DE LA FEMME DANS LA CEMAC Les progrès les plus importants ont été constatés en matière d'enseignement, que ce soit l'alphabétisation ou l'instruction élémentaire dans la plupart des pays de la CEMAC. Cependant, le bilan partiel des progrès réalisés depuis en matière de considération ou de promotion de la femme souligne que les femmes, malgré les mesures adoptées sont toujours désavantagées en terme de salaire et de nomination aux postes de responsabilités dans la CEMAC. C'est ainsi qu'il est fondamental de ressortir dans le cadre de ce travail, quelques mesures pour une considération équitable de l'homme et de la femme dans la CEMAC54. 1. Des mesures institutionnelles De nombreuses mesures sont entrevues sur le plan institutionnel afin de mieux promouvoir la femme dans la CEMAC. L'institution est une structure légale qui implémente 51 La diversité d'horizons ici renvois aux origines, au pays, à la langue, à la culture et tout ce qui peut faire la différence entre les individus. D'après Mbassi Ondigui, entretien. 52 Carine Djomo, entretien. 53 Etienne Nguema, entretien. 54 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien. 138 les politiques élaborées à base des lois obtenues par un consensus. C'est ainsi qu'il convient de créer des commissions nationales sur les droits de la femme chargées de préparer les projets de textes, en vue d'harmoniser les législations nationales avec les conventions internationales, de combler les vides juridiques et d'éliminer tous les obstacles à la promotion de la femme. Ces commissions devront également travailler en étroite collaboration avec les structures tant publiques que privées pour des résultats plus probants. Il faut également renforcer les institutions en vue d'établir des droits égaux et des opportunités égales pour chaque tous. Cela permettra une représentation égale des deux sexes dans les postes de responsabilité au sein des institutions, et de surcroit une meilleure plus-value sera observée dans cette institution55. La réforme institutionnelle nécessite également la mise sur pied des structures de contrôle et d'évaluation au niveau des Etats, dont la dynamique permettra de propulser la cause sous régionale. Ces structures devront suffisamment être indépendantes afin de rendre des résultats authentiques pour une meilleure action. Il faut doter les structures existantes des infrastructures suffisantes, des formations appropriées et des ressources financières suffisantes en créant par exemple un Fonds spécial pour la femme et ce fonds devra être géré par les femmes elles-mêmes pour la réalisation des projets de développement relatif au développement des femmes et bien évidemment dans le cadre national et de la communauté. En plus de ces fonds nationaux, il devrait être inclut un fonds sous régional pour la dynamisation des femmes de la sous-région CEMAC, avec un comité de suivi. Il est également judicieux de penser à l'institutionnalisation du système de quota par le biais d'un texte légal. Ce quota contribuera à équilibrer aussi des responsabilités au sein des instances de la CEMAC56. Ceci devrait également être valable dans toutes les Institutions Spécialisées concernant tant les fonctionnaires à régime international que les fonctionnaires à régime local. En ce qui concerne la journée de la femme décrétée depuis 1975 il importe de mettre sur pied, un comité en charge de l'organisation des journées de la femme, journées au cours desquelles l'on pourrait par exemple mieux expliquer le bien-fondé d'une journée internationale de la femme, afin d'éviter des cas de dérives des femmes pendant cette dernière57, dépravations qui conduisent parfois à la perte de vie par certaines femmes, voire même à la destruction des foyers conjugaux. 55 Norbert Obasseliki, 55 environ, 1er Conseiller à l'Ambassade de la République du Congo au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Congo le 14/06/2019. 56 Idem. 57 A. Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale : cas du Cameroun", Rapport de stage en relations internationales, IRIC, 2015-2016, p.35. 139 En 2007, la Commission de la CEMAC remplace le Secrétariat Exécutif. Cette Commission est représentée dans chaque Etat membre. Toutefois, il est observé qu'il n'existe pas une Commission en charge des questions de genre ou de la femme. Alors que la femme malgré son fort déploiement dans cette organisation, reste moins représentée à des postes stratégiques. Cela nécessite dès lors la création d'une Commission sous régionale en charge des questions de genre. Ladite Commission devra bien évidement avoir des représentations nationales. En effet, la Commission aura pour objectif de contribuer à la promotion de la femme, renforcer, favoriser la prise en compte des politiques visant l'autonomisation des femmes dans toutes les politiques communautaires en adéquation avec les politiques nationales en zone CEMAC et veiller à l'exécution de celle-ci. La Commission devra également lutter contre les discriminations fondées sur le sexe et sensibiliser les citoyens de la communauté à l'importance de la femme dans tous les domaines de la vie, en fournissant une assistance technique aux autorités des Etats membres. Elle devra conduire ses activités de manière indépendante dans l'intérêt des citoyens. Cette Commission aura une personnalité juridique et devra être autonome58. Il nécessite aussi des améliorations dans le cadre juridique car ce sont de bonnes lois qui font de bonnes institutions 2. Dans le cadre juridique Plusieurs mesures sont également à élaborées dans le cadre juridique pour une meilleure considération la femme dans la CEMAC. Parmi les principales mesures juridiques à prendre au niveau communautaire pour assurer la réalisation "des objectifs d'égalités", on peut souligner, l'accès à la terre et autres moyens de production, à la formation et au crédit pour toutes les femmes. La terre a longtemps été perçue comme propriété masculine. Dans certaines familles dans la CEMAC, il est communément reconnu que la femme n'a pas le droit d'hériter que ce soit la terre ou aux biens légués par un parent ou un tiers. Par contre, l'homme occupe toujours la place de chef de famille et "naturellement" reconnu comme héritier du défunt ou de la défunte. Cette conception de la femme ne lui permet pas ainsi au fil des années, de jouir des biens comme la terre et limite par conséquent ses propriétés. Car même les espaces cultivés sont le plus souvent la propriété d'un homme ou familiale. Face à cette discrimination domaniale, les Etats de la sous-région devraient élaborer des législations fortes pour promouvoir partout l'accès des terres aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Quant à l'accès aux crédits, les lois sur les finances doivent connaitre une modification pour un accès de tous 58 Jean Léonard Thierry Mbassi Ondigui, entretien. 140 (homme/femmes) aux crédits pour le financement des projets, sans d'abord demander la permission de l'époux. Toutes lois devraient non seulement être élaborées par chaque Etat membre, mais aussi par un consensus sous régional59. Pour ce qui est spécifiquement des droits de la femme, ils ont généralement connu des abus que ce soit dans le cadre familial que professionnel. Il est donc juste de renforcer des dispositions en matière des droits de la femme et cela implique le fait que les instruments juridiques déjà concluent soient scrupuleusement appliqués et que des mesures pénales soient prises à l'égard de tous ceux qui violent ces droits. Aussi, il est important de maximiser la communication en ce qui concerne les droits des femmes notamment à l'éducation par la sensibilisation de tous les acteurs juridiques au respect des textes et l'encouragement des femmes à revendiquer leurs droits et surtout les mettre en confiance afin qu'elles puissent briser le silence. Comme il est de coutume observé que les femmes victimes des abus de tous sortes préfèrent ou sont souvent forcées au silence pour éviter d'être la rusée de son environnement et ne pas être traitée de sycophante de la société60. Par ailleurs, la mise sur pied d'une politique commune en matière de promotion des femmes permettra à la CEMAC d'accélérer l'exécution de son mandat qui consiste en la promotion du développement économique, social et culturel de la sous-région à travers la coopération et l'intégration. Aussi, cela aidera l'intégration de toutes les couches sociales et permettra de réaliser tous les objectifs permettant de consolider les efforts déployés par le passé en matière d'égalité de genre. L'échantillon des législations de la CEMAC doit connaître une augmentation par l'élaboration des lois qui garantissent l'égalité de la femme dans tous les secteurs d'activité. La CEMAC, bien qu'étant une Communauté économique et monétaire, couvre aussi le volet politique et social. La garantie et l'application de tous les droits de la femme dans tous ces domaines lui permettra de participer et de contribuer avec dynamisme à la transformation de la CEMAC, par le travail qu'elles réalisent déjà pour l'intégration des Etats membres à travers aussi des groupes d'association, le commerce qu'elles effectuent dans les zones frontalières et qui facilite le vivre ensemble au sein de cette Communauté.61 Il faut élaborer un manifeste sous régional des femmes en étroite ligne avec les politiques nationales, soutenant et formant les femmes candidates aux élections (le manifeste 59 Moneyang Yana, "La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale...", p.40. 60 A. Foulda, "Rapport de stage Académique au Ministère de l'action sociale, de la solidarité nationale du 16 Octobre 2013 au 31 septembre 2014", Master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014. 61 Moneyang Yana, " La promotion et la protection des droits sociaux de la femme en Afrique centrale... ", p.40. 62 https://journalintegration.com/fotrac-2018-place-a-linterregionalisme-bas/. Consulté le 19/04/2019 à 16h30min 63 Norbert Obasseliki, entretien. 141 doit être un instrument de persuasion des hommes et des femmes afin qu'ils/elles votent pour la femme, lorsque cette dernière répond aux critères d'éligibilité). Il faut organiser des ateliers dans tous les pays de la sous-région, destinés à accroître les cadres de concertation sur les sujets relatifs au statut de la femme, mais renforcer des capacités des femmes à négocier. Il s'agit en effet de dénombrer les femmes membres des institutions de formation par Etat membres de la CEMAC. Apporter un appui à leur formation politique et renforcer leurs aptitudes en communication/sensibilisation, tout en créant un événement autour d'elles et les aider à préparer leurs projets de campagne. Il est important que les Associations féminines comme le REFAC, soient reconnues comme des Institutions spécialisées de la CEMAC et bénéficient des budgets annuels pour un meilleur fonctionnement car leur champs d'action dépasse le cadre sous régional et connaît la participation des pays de d'autres sous-régions d'Afrique. C'est le cas, de la Foire Transfrontalière de 2018 qui a connu la participation de nombreux pays de l'Afrique de l'Ouest comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire62. En plus, le REFAC à travers la Fotrac contribue non seulement à unir les peuples, mais à développer le potentiel économique de la CEMAC et de l'Afrique en générale. Les Etats de la CEMAC doivent fructifier les échanges entre eux, dans un cadre multilatéral qui devrait surpasser le cadre bilatéral. Et ces échanges sur tous les plans devraient être régis par des textes bien élaborés qui tiennent compte de la promotion des deux sexes à travers le système de quota. Pour ce qui est des conférences dans le cadre de la communauté, avec d'autres organisations internationales ou d'autres Etats hors de la CEMAC, la représentation devrait être équilibrée en matière d'effectif entre les hommes et les femmes. Il devrait avoir autant d'hommes que de femmes, tout en prenant en compte le facteur compétence. Ce qui revient ici à questionner les formations initiales tant au niveau national que sous régional63. 3. Des mesures dans le cadre sociopolitique De nombreux éléments sociopolitiques continuent d'entraver le dynamisme de la femme dans la CEMAC. D'où la nécessité de remédier à cela. Pour rendre le travail de la femme plus aisé, l'Etat doit se montrer assez fort afin que soient éradiquées toutes les pesanteurs socioculturelles défavorables au plein épanouissement de la femme, l'éradication des violences à l'égard des femmes. Nos traditions et coutumes ont 142 longtemps dénié le potentiel féminin dans le développement de la vie extraconjugale. La femme a longtemps fait l'objet d'une appartenance au foyer, s'occuper du ménage, des enfants et du bien-être de son mari, qui lui est considéré comme le maître de la vie hors du foyer, un "ministre de l'extérieur". Il faut maximiser les capacités d'instruction des femmes par la création des infrastructures scolaires et l'inscription massive des femmes à ces écoles. Il faut noter que, même si ces mesures existent dans ces différents Etats de la CEMAC, il est capital qu'elles soient appliquées sans "condition". Longtemps il a été considéré que l'homme doit poursuivre ses études alors que la femme doit se préparer pour son futur foyer. Cette conception de la femme a fait d'elle une analphabète et une incapable de s'exprimer en publique, à cause de la non-maîtrise des langues nationales et du dénie de le faire, qui a été imposé par la société et perpétué par sa la famille et ou sa belle-famille. La lutte contre l'analphabétisme des femmes passe ainsi par la mise sur pied de nouvelles stratégies encourageant l'éducation des jeunes filles, garantir le libre accès des femmes à tous les niveaux d'enseignement, de formation, d'emploi et de service de santé, lutter contre l'ignorance des droits des femmes, par la création d'un centre de recherches d'informations et documentation sur la femme dénommée pourquoi pas, "la Maison de la femme"64. Développer des possibilités d'emploi qui permettent aux femmes de subvenir à leurs besoins est important, cela leurs permettra d'être autonome et contribuer au développement de leur pays et donc de la sous-région. Pour ce faire, il faut sensibiliser les masses sociales, les leaders religieux et traditionnels et même, en mettant par exemple sur pied un système d'encouragement et de soutien en faveur de ceux qui promeuvent le bien-être social de la femme. En plus, il faut assurer des conditions de rémunérations égales pour les hommes et les femmes exerçant les mêmes fonctions, pour éviter les disparités salariales, tout en éduquant les populations sur l'importance de l'élimination des préjugés à l'égard des femmes. Mettre en place des mécanismes qui permettent de suivre la situation des femmes afin de l'améliorer. Pour cela, l'existence des statistiques fiables et la mise à jour régulière, sur la situation des femmes est indispensable65. Les femmes sont reconnues pour la plupart pour leur immense employabilité au sein des ménages, ce qui parfois contraint ces dernières à s'engager dans le monde professionnel. Cela explique la présence de peu de femme dans le monde professionnel si non dans des postes 64 Norbert Obasseliki, entretien. 65 Macelline Mebounou, entretien. 143 stratégiques des entreprises66. Ce qui nécessite à promouvoir le partage des responsabilités domestiques entre les deux sexes pour permettre aux deux conjoints d'exceller dans le monde professionnel. En plus, effectuer des recherches qui devraient mettre l'accent sur l'étude des problèmes soulevés par les rapports entre droits et devoirs des hommes et des femmes, la condition et la situation matérielle des femmes ; ladite recherche devrait également dépister la discrimination dans l'enseignement et la formation à l'égard des femmes. D'après la Banque mondiale, pour promouvoir la femme, il faut favoriser un développement économique incitant à une participation plus grande des femmes et à un partage plus équitable des ressources. De plus, partager des ressources et des postes de responsabilités de façon équitables aux deux sexes67. Par ailleurs, il faut procéder au recensement des femmes spécialisées dans la formation, informer et les faire connaître auprès des groupes désireux de mener des ateliers de formation politique afin d'accroitre l'effectif des femmes dans la politique. Encourager toutes les femmes qui occupent des postes de responsabilité à tous les niveaux dans la sous-région à se constituer en groupe de pression en vue d'exercer une pression sur les mécanismes nationaux chargés des affaires féminines68. Les mariages précoces sont aussi un facteur de limitation de l'expansion professionnelle des femmes dans la sous-région. Ainsi la lutte contre ce phénomène, qui a pour corollaire les grossesses précoces constitue par conséquent un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) et l'égalité des sexes. Les femmes elles-mêmes constituent des obstacles à leurs carrières professionnelles, car faisant précocement des enfants, deviennent très tôt mères et épouses. Cela hypothèque leur chance d'apporter leur pierre à la construction de l'édifice69. Ce qui nécessite de ce fait la proposition des outils de réflexion au fondement de l'action collective féminine70. Par ailleurs, elles peuvent utiliser l'idéologie infériorisant pour braver des obstacles à leur hégémonie, pour faire entendre leurs voix. Elles doivent aller au-devant de ce qu'elles considèrent comme danger71 et ne pas céder aux scènes d'infériorisation pour atteindre leurs objectifs et se hisser à la haute échelle de la société. 66 Marcelline Mebounou, entretien. 67 R. H. Menye-Ella Ekotto, "Disparités de genre et accès des salarié(e)s) à la formation professionnelle continue au Cameroun : Une approche comparée du secteur public et privé et du secteur privé de la ville de Yaoundé", Mémoire de master en sociologie, Université de Yaoundé I, 2014, p.25 68 E. Le-Yotha Nagartebaye, "La participation de la femme à la vie politique au Tchad : 1933-2003", Mémoire de maîtrise en sciences sociales, UCAC, 2003. 69 Régionale La Découverte, Août, 2015, pp.26-27. 70 C. Guionnet, E. Neveu, Féminins/Masculin : sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2005, p.20. 71 Ibid., pp.39-40. 144 Un bilan important au terme des décennies est que la condition des femmes ne s'améliore pas automatiquement avec la croissance économique. Il faut donc une volonté politique pour intégrer les femmes au processus d'adaptation des politiques de développement. Parmi ces stratégies de base à promouvoir, nous pouvons souligner : la nécessité d'évaluer les conséquences des politiques et des projets de développement sur les femmes et d'inclure systématiquement les questions relatives aux femmes dans tous les domaines et secteurs, tant au niveau local, national, sous régional et international. Aussi de supprimer le parti pris en faveur des hommes de la plupart des projets de développement, de reconnaître, mesurer et intégrer dans les comptabilités nationales, les statistiques économiques et les produits nationaux bruts, le travail rémunéré et non rémunéré des femmes. En plus d'instituer des horaires souples pour tous afin d'encourager le partage des responsabilités parentales et domestiques, de constituer des pépinières de leader politique des femmes et promouvoir l'image des femmes. De même, organiser une équipe technique pour améliorer les programmes des partis politiques aux candidates et en ressortir les actions et stratégies de promotion de la femme en vue d'informer, à travers les médias toute la sous-région et recourir aux langues de la sous-région pour informer l'électorat féminin et en conditionner le vote. Aussi, de promouvoir la représentation, la mobilisation et le militantisme des femmes dans les Opérations de Maintien de la Paix, comme celles initiées par le Conseil de Sécurité de l'ONU dans la sous-région pour la Centrafrique. C'est ce qui en ressort de la collaboration de la Division de la Promotion de la Femme des Nations Unies (DAW), du Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) qui a amené le Conseil de Sécurité à adopter le 31 Octobre 2000, la Résolution 1325 portant sur la paix et la sécurité72. Cette résolution a été saluée comme étant la première résolution à porter sur les femmes et le genre. Elle souligne l'importance d'une pleine participation active des femmes, dans des conditions d'égalité, à la prévention et au règlement des conflits, ainsi qu'à l'édification et au maintien de la paix. La résolution 1325 marque à ce jour le progrès le plus significatif dans le processus souvent à faire des questions de genre, de paix et de sécurité une préoccupation pertinente aux quatre coins cardinaux. Grâce à son adoption, une barrière a été brisée par la reconnaissance d'un lien entre la paix et la sécurité internationale et la promotion des droits des femmes. Les quatre premiers articles de cette résolution mettent les femmes au centre des jeux de paix et de sécurité. 72 E. M. V. Beng, "Gestion et participation du personnel féminin des forces de défense et de sécurité camerounaise aux opérations de Maintien de la Paix de 2000 à 2014", Mémoire de master professionnel en sociologie, Université de Yaoundé I, 2015, p.36. 145 Les femmes doivent également saisir les opportunités qui leur sont souvent offertes et faire acte de candidature aux échéances électorales. Car même si la loi est votée et promulguée, elle ne pourra s'appliquer et montrer son intérêt que si les femmes elles-mêmes s'impliquent et envahissent la sphère politique. L'on constate malheureusement que les femmes sont aussi responsable de l'obstruction à leur insertion véritable dans les instances de décisions, notamment par manque de confiance en soi et de solidarité entre elles-mêmes73. L'attitude des femmes par rapport à la prise de parole publique ne devrait plus être différente à celle des hommes. En effet, dans de nombreuses réunions en particulier en politique ou l'économie, les femmes sont souvent beaucoup moins nombreuses que les hommes à prendre la parole. Leurs interventions devront être moins courtes comme d'habitude ou plus modeste (elles se contentent souvent de poser une question plutôt que d'exposer leurs propres idées)74. Il est important que les gouvernements de la CEMAC, pensent à la redistribution des richesses car cette redistribution est disproportionnelle entre l'homme et la femme. Au Gabon par exemple, cela a amené l'actuel président à créer, en fonction des richesses qui se trouvent dans une localité, des industries, afin de permettre aux populations de participer tous à la construction de leur pays et de bénéficier également de ces richesses. Les gouvernements communautaires devraient également favoriser l'émancipation de la femme en permettant le suivi des projets tenus par les femmes, en promouvant des associations féminines et en créant des commissions de suivi de ces projets75. Ceci permettra aux femmes de connaitre une meilleure plus-value dans leurs activités dans tous les secteurs d'activité. Il est important d'introduire une compensation pour les femmes dynamiques dans cette sous-région. Au Gabon par exemple, Omar Bongo avait instauré une cérémonie au cours de laquelle, la femme qui s'était distinguée par son dynamisme était primée. Cette initiative de l'ancien président avait donc boosté la naissance des coopératives76. Par cette pratique, cela peut permettre à la femme de la CEMAC d'être plus entreprenante et pragmatique. Car son émancipation ne lui sera donné que si elle travaille pour contribuer à toutes les sphères de la société, la sphère familiale et professionnelle. La CEMAC est une institution communautaire qui coopèrent multilatéralement avec ses Etats membres. Au sein de cette communauté, la femme joue un rôle important. Toutefois, elle 73 Régionale la Découverte..., p.23. 74 M. Wilson, "Closing the leadership cap viewing", New-York, p.40, in C. Durieux, Les femmes américaines en politiques, Paris, Ellipses, 2008, pp.83-84. 75 Julie-Diane Benita Djambo, 42 ans environ, Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Gabon au Cameroun le 20/06/2019. 76 Idem. 146 est généralement confrontée à de nombreuses difficultés. Tout ceci malgré l'adoption de nombreux instruments juridiques nationaux, sous régionaux, régionaux et internationaux77. D'où l'élaboration de nombreuses recommandations qui sont d'ordre institutionnel, juridique et socioculturel78. 77 Marie Gaspar Nicolas Messi, entretien. 78 Régionale la Découverte..., p.25. 147 CONCLUSION GENERALE La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale est constituée de six (06) Etats membres (le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad)1. Ces six Etats membres entretiennent de multiples relations notamment politiques, économiques, socioculturelles. L'avènement de cette structure est l'aboutissement d'un long processus. Aussi, l'Union douanière équatoriale2 est née pour préserver les marchés coloniaux, rebaptisés "marchés tropicaux" des sociétés commerciales françaises implantées en Afrique noire. La France sauvegardait ses intérêts. Après les indépendances des Etats, survenues pour la plupart en 1960, ils sont confrontés aux problèmes économiques et à la recherche du développement. Cela ne pouvait que les pousser à se regrouper. En outre, la Commission économique des nations unies pour l'Afrique3, avait proposé une nouvelle stratégie pour le développement basée sur le regroupement des Etats en entités géographiques qui soient fiables sur le plan économique. Les petits Etats exigus, mal équipés ne pouvaient rien devant des grands ensembles. La théorie des réalistes qui partage le pragmatisme, montre comment de l'UDE, on aboutira à l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale le 08 Décembre 1964. Aussi, n'ayant pas atteint son ambition d'intégration sous régionale, le traité des six Etats membres en 1994 aboutit à la mise en place de la CEMAC en 1998. C'est une Organisation interétatique sous régionale d'une superficie de 3020145 km2 avec environ 36,7 millions d'habitants jusqu'en 20104. Mais aussi, une personne juridique internationale régie par le droit des Organisations internationales. C'est en 1999 que sont définis ses objectifs avec un aspect économique majeur. Son objectif primordial est de promouvoir le développement des Etats dans le cadre de deux unions : l'Union économique de l'Afrique centrale et l'Union monétaire de l'Afrique centrale, avec de multiples missions5 notamment, l'établissement d'un marché commun et d'une union de plus en plus étroite entre les peuples des Etats membres, pour 1 Ndong Owono Abang, entretien, in J. L. T. Mbassi Ondigui, "Les relations culturelles entre Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale", Décembre 2014, p.416. 2J. R. Booh Booh, Organisation et Relations Interafricaine, Yaoundé, ENAM, 1972, p.73. 3 Ibid., p.72. 4 Le Courrier de la SJ-CEMAC, 1ère édition, 18 Septembre 2012, p.10. 5 B. Lepouma-Mapoba," La libre circulation des personnes et des biens dans la sous-région de l'Afrique Centrale", Mémoire de master en Sciences politiques, CREPS, Université de Yaoundé II, 2012, p.15. 148 raffermir la solidarité géographique et humaine, la coordination des programmes de développement. Cette communauté est constituée des hommes et les femmes qui travaillent en synergie afin de la dynamiser. C'est dans cette perspective que ce travail porte sur : "le rôle de la femme dans la diplomatie de la CEMAC ". Il s'agissait pour nous de ressortir la contribution de la femme dans la dynamique diplomatique des membres pour l'atteinte des objectifs de la CEMAC. Il en ressort que le rôle de la femme au sein de la société, que ce soit en Afrique comme partout dans le monde, a évolué dans le temps. En Afrique précoloniale, il existait des sociétés matrilinéaires, mais la plupart des sociétés africaines étaient patrilinéaires. L'homme était le seul chef de famille et le pouvoir décisionnel lui incombait. Une minorité de femme comme les femmes de certains chefs participaient à certaines réunions importantes de la société et à la prise des décisions. Le plus souvent à l'absence de leurs époux. La femme était donc résolue aux travaux domestiques et champêtres, elle contribuait au bonheur de son mari et de la famille6, une sorte d'obéissance au rôle préétabli, selon la thèse Vétérino-testamentaire. Alors que l'homme était le pourvoyeur de revenus familiaux. Car le travail des activités génératrices de revenus lui revenait. Néanmoins, la femme n'était pas oppressée7. Cependant, avec l'arrivée des européens la situation de la femme connaît une toute autre forme. Les femmes sont quasiment reléguées au second rang, alors que l'homme est au-devant de la scène. Car toute activité génératrice de revenus revient exclusivement à l'homme tandis que la femme s'occupe du foyer8. Certaines femmes sont faites domestiques, esclaves sexuelles, et d'autres sont faites épouses des colons. Car même le peu de pouvoir qu'elles avaient avant cette période a disparu. Même si quelques rares seront faites espionnes par l'administration au sein des communautés locales. C'est ainsi qu'ayant subi toutes ces vicissitudes, elles vont prendre conscience et lutter contre le colonialisme à travers des groupes de revendications et conduire avec les hommes, leurs territoires à l'indépendance. Après l'indépendance, ces femmes vont devoir s'affirmer une fois de plus dans la société qui parfois est misogyne, voire phallocrate. La théorie féministe préconise la représentation de la femme au sein de la société, c'est dans cette logique que les femmes vont devoir lutter pour une représentation sociale, professionnelle au même titre que les hommes. 6 L. Second, La Sainte Bible, Nouveau testament, Printed for Bibles par Internet and GLIFA, 1910, pp.1146-1147. 7 H. Ngoa, Non, La femme africaine n'était pas opprimée, Yaoundé, Clé, 1975, p.35. 8 G. Mikelle, African feminism in subsaharan Africa, Philadelphia University of Pennsylvania, 1997, p.16. 149 Car les coutumes d'antan n'ont pas disparu, et font leur résurgence. Alors que les hommes préfèrent voir leur conjointe à la maison, cette dernière se réclame d'une compétence professionnelle pondérant celle de l'homme. Face à ces revendications perpétuelles, les Etats de l'Afrique centrale prennent conscience des pertes accusées par l'impéritie concédée à l'égard de la femme, d'où la nécessité de leurs accorder cette revendication sociale. Ces Etats vont ratifier et élaborer de nombreuses législations dans le cadre national, sous régional et international pour promouvoir la femme dans la CEMAC. Ce qui explique l'ascension des femmes sur le plan politique, économique et socioculturel, de surcroît le rôle important qu'elles jouent dans cette communauté. Depuis la création de l'UDEAC, les femmes ont commencé à se mouler aux affaires de la communauté. Même si elles n'occupaient pas les postes stratégiques, elles occupaient des postes nobles9 et jouaient un rôle qui n'était pas différent de celui des hommes10. Elles ont intégré la sphère professionnelle qu'elles ont longtemps observé être occupée par les hommes. Toutefois, aucune loi pour les promouvoir dans l'UDEAC n'a été élaborée. Ce qui pourrait justifier l'absence de ces dernières à des postes clés depuis la création de l'institution. Par ailleurs, les insuffisances de l'UDEAC conduisent à la création de la CEMAC en 1994. C'est ainsi que l'on aboutit au remplacement du Secrétariat Exécutif par la Commission de la CEMAC, sans omettre la création de nouvelles Institutions spécialisées dans cette communauté. Dès lors, la question du genre dans la CEMAC va se poser avec acuité. Les décideurs politiques de la CEMAC se retrouvent cette fois dans l'impératif d'inclure la question genre, les préoccupations concernant la femme dans leur agenda. Cependant, il faut noter que même si cette question était discutée dans les conférences de la communauté, aucune loi sur la question n'était réellement élaborée. Aussi, depuis les années 1970, le statut et la place de la femme dans les sociétés ont connu des mutations. D'autant plus que l'ONU lance dans les années 1975-1985, la "Décennie pour la femme". Ce qui se traduit en 1975 avec la première conférence sur la femme à Pékin. Très peu nombreuses avant la fin des années 1960 ou réduit à des descriptions statiques et pittoresques d'une condition féminine immuable, les femmes vont émerger sous l'impulsion 9 Lucien Henry Ticky, 47 ans, Expert Principal CEMAC en circulation, entretien réalisé à la Représentation de la CEMAC au Cameroun à Yaoundé, le 15/10/2018. 10 Tableau des professionnels libéraux agréés de la comptabilité par le Comité de Direction de l'UDEAC, 31 juillet 1998, pp.5-17. 150 des mouvements féministes11. C'est dans cette perspective que la Communauté économique et monétaires des Etats de l'Afrique centrale va élaborer le Programme économique régional, une vision dans laquelle elle inclue la question genre, pour propulser le dynamisme féminin dans la sous-région. Cependant, dès la mise sur pied de la CEMAC, avec la question genre en actualité dans le monde, de nombreuses femmes vont occuper des postes importants, que ce soit dans les Organes ou les Institutions spécialisées de la CEMAC, (cf. chapitre II). C'est surtout à partir des années 2000 que la présence des femmes dans la Communauté s'accroit dans les différents Organes, les Institutions spécialisées, mais aussi dans d'autres structures partenaires de la CEMAC. Le rôle de la femme n'est plus indéniable à cet effet dans la communauté. Par ailleurs, la première femme est nommée en 2011 à la tête d'une Représentation pays dans la CEMAC. Alors qu'en 2012, la vice-présidence de la Commission de la CEMAC connaît la présence d'une femme également. Il en est de même en 2017, avec la nomination de Fatima Haram Hacyl à la tête de la vice-présidence de la Commission de la CEMAC 12. C'est dans la même initiative que les autres structures partenaires de la CEMAC comme le REFAC, la Synergie jeunes et différentes autres associations dans lesquelles le rôle diplomatique des femmes pour l'avancement de la communauté n'est plus à démontrer, promeuvent l'expertise féminine. Cette promotion de la femme dans les différents pays de la CEMAC, les amène à prouver leur savoir-faire au-delà des frontières communautaires, d'où leur présence dans d'autres institutions internationales notamment l'Union africaine, l'ONU13. Même s'il faut noter qu'à cause du caractère naturel attribué à ses tâches et de ses préoccupations, la femme africaine a longtemps été sous-estimée dans son rôle qu'elle peut jouer comme actrice dans la dynamique diplomatique entreprise par les Etats de la CEMAC. Ce d'autant plus que ce qui pourrait être considéré comme son apport est plus concentré dans les secteurs où l'enregistrement n'est pas de règle, et donc presque ignoré par les statistiques nationales, sous régionales et même internationales14, (dans le travail domestique, l'artisanat, l'agriculture, le commerce des vivres)15. C'est ainsi que le travail de la femme dans la sous- 11 F. Thébaud, "Les femmes", in Histoire de l'humanité, le XXe : De 1914 à nos jours, Volume VII, Londres, UNESCO, 2009, pp.208-230. 12 Lucien Henry Ticky, entretien. 13 Idem. 14 A. P. Temgoua, "Femme et intégration en Afrique centrale", in A. Daniel, J-M. Essomba, Als., Dynamiques d'intégration régionale en Afrique centrale, Tome 2, Yaoundé, PUY, 2001, pp.609-616. 15 Ibid. 151 région est mal apprécié aussi bien par les décideurs que par les populations elles-mêmes, très imprégnées des idées préconçues sur le rôle de la femme. Cependant, de nombreux efforts consentis entre les Etats de la CEMAC donne une plus-value à la femme, ce qui lui permet de jouer un rôle aussi important que celui de l'homme dans les communautés économiques régionales, sous régionales comme la CEMAC. Toutefois, il est nécessaire de relever que le manque de législations pour promouvoir la femme dans la CEMAC, est l'un des principaux obstacles à son travail. Jusqu'à nos jours, le PER est le seul instrument qui a mis en exergue la question genre dans la communauté. Il n'existe véritablement pas encore d'instruments juridiques pour promouvoir l'égalité entre l'homme et la femme dans l'espace communautaire, peut-être dans le cadre de la législation onusienne. Ceci pourrait être considéré comme une interpellation vis-à-vis des Etats membre pour la mise sur pied conjointe des lois pour promouvoir la femme et l'équilibre genre dans la CEMAC, afin de mettre un terme à des déséquilibres de représentation au sein des postes de responsabilité. Tout ceci devrait corroborer avec les lois nationales16. La CEMAC deviendra ainsi plus sensible aux questions relatives aux femmes et pourra apporter une assistance de qualité aux Etats membres dans l'intégration de la femme dans leurs plans nationaux et sous régionaux de développement et leurs budgets. La politique encouragera de surcroît la participation et la contribution des femmes dans tous les secteurs, comme partenaires de la dynamique diplomatique entreprise par la CEMAC17. 16 Jean Leonard Thierry Mbassi Ondigui, 47 ans, Historien, entretien réalisé au département d'Histoire, le 20/03/2019. 17 Julie-Diane Benita Djambo, 42 ans environ, Conseiller Economique et Commercial à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, entretien réalisé à l'Ambassade du Gabon au Cameroun, le 20/06/2019. ANNEXES 152 153 Annexe N° I : Guide d'entretien n°1 154 155 Annexe N° II : Guide d'entretien n°2 156 157 Annexe N° III : Traité instituant la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale Le Gouvernement de la République du Cameroun Le Gouvernement de la République Centrafricaine Le Gouvernement de la République du Congo Le Gouvernement de la République Gabonaise Le Gouvernement de la République de Guinée Equatoriale Le Gouvernement de la République du Tchad Conscients de la nécessité de développer ensemble toutes les ressources humaines et naturelles de leurs Etats membres et de mettre celles-ci au service du bien-être général de leurs peuples dans tous les domaines, Résolus à donner une impulsion nouvelle et décisive au processus d'intégration en Afrique Centrale par une harmonisation accrue des politiques et des législations de leurs Etats, Prenant acte de l'approche d'intégration proposée en UDEAC telle qu'inspirée par les Chefs d'Etat de l'OUA lors de la Conférence d'Abuja en juillet 1991, Considérant la nouvelle dynamique en cours dans la Zone Franc, au demeurant nécessaire au regard des mutations et du recentrage des stratégies de coopération et de développement observés en Afrique et dur d'autres continents dont l'Europe, Désireux de renforcer la solidarité entre leurs peuples dans le respect de leurs identités nationales respectives, Réaffirmant leur attachement aux principes de liberté, de démocratie et de respect des droits fondamentaux des personnes et l'Etat de droit, Décident de créer une «Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale», en abréviation CEMAC. Article 1er - La mission essentielle de la Communauté est de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de l'institution de deux Unions : une Union Economique et une Union Monétaire. Dans chacun de ces deux domaines, les Etats membres entendent passer d'une situation de coopération, qui existe déjà entre eux, à une situation, susceptible de parachever le processus d'intégration économique et monétaire. Article 2 - Les parties signataires décident du principe de création de quatre institutions rattachées à la Communauté celle-ci : 158 ?? L'Union Economique de l'Afrique Centrale ?? L'Union Monétaire de l'Afrique Centrale ?? Le Parlement Communautaire, ?? La Cour de Justice Communautaire, comprenant une Chambre Judiciaire et une Chambre des Comptes. ?? Les principaux organes de la Communauté sont : ?? La Conférence des Chefs d'Etat, ?? Le Conseil des Ministres, ?? Le Comité Ministériel, ?? Le Secrétariat Exécutif, ?? Le Comité Inter-Etats, ?? le Banque des Etats de l'Afrique Centrale, ?? La Commission Bancaire de l'Afrique centrale ?? L'Institution de Financement du Développement. Article 3 - Les quatre Institutions citées à l'article 2 ci-dessus feront l'objet de Conventions séparées, à annexer respectivement au présent Traité et dont elles feront intégralement partie. Les Statuts des organes cités ci-dessus et existant déjà, feront l'objet, si nécessaire de modification par conventions séparées en vue de leur harmonisation avec les dispositions des Actes régissant la Communauté. Article 4 - Le Parlement Communautaire, qui sera créé ultérieurement par une Convention séparée aura pour rôle essentiel de légiférer par voie de directives. Article 5 - La Cour de justice Communautaire comporte deux Chambres : Un Chambre Judiciaire et une Chambre des Comptes. La Chambre Judiciaire assure le respect du droit dans l'interprétation et dans l'application du présent Traité et des Conventions subséquentes. La Chambre des Comptes assure le contrôle des comptes de l'Union. La composition, le fonctionnement et le champ de compétence de chacune des deux Chambres sont contenus dans la Convention instituant l'Union Economique de l'Afrique Centrale. Article 6 - Tout autre Etat africain, partageant les mêmes idéaux que ceux auxquels les Etats fondateurs se déclarent solennellement attachés, pourra solliciter son adhésion à la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale. Source : CEMAC, Textes organiques, Yaoundé, Ed. Saagraph, Mai 1998. 159 Cette adhésion ne pourra intervenir qu'après accord unanime des membres fondateurs. Toute adhésion ultérieure d'un nouvel Etat sera subordonnée à l'accord unanime des membres de la Communauté. Article 7- Le présent Traité rédigé en un exemplaire unique en langues française, espagnole et anglaise, le français faisant foi en cas de divergence d'interprétation, entrera en vigueur dès sa ratification par tous les Etats signataires auprès de la République du Tchad, désignée comme Etat dépositaire de tous les Actes afférents à la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale. Fait à N'Djamena, le 16 Mars 1994. 160 Annexe N° IV : Organigramme de l'UDEAC Source : J. Touscoz, J. Lormand, Coopération scientifique et technique entre les Etats membres de l'UDEAC, Paris, Unesco, 1977 161 Annexe N° V : Extrait de la Convention sur l'Elimination de toutes les formes de Discrimination à l'Egard des Femmes (A.G. res. 34/180, 34 U. N. GAOR Supp. No. 46, à 193,
U.N. Doc. A/34/46, Les États parties à la présente Convention, [....] Sont convenus de ce qui suit : PREMIÈRE PARTIE Article 1 Aux fins de la présente Convention, l'expression "discrimination à l'égard des femmes" vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice par les femmes, quel que soit leur État matrimonial, sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme, des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine. Article 2 Les États parties condamnent la discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes, conviennent de poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une politique tendant à éliminer la discrimination à l'égard des femmes et, à cette fin, s'engagent à :
Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun 162
Article 29
Article 4 La présente Convention, dont les textes en anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe font également foi, sera déposée auprès du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. 163 Annexe N° VI : Extrait du rapport de la 13eme session ordinaire de la conférence des chefs d'Etats de LA CEMAC au cours de laquelle des nominations ont été enregistrées à la cour de justice et à la cour des comptes de la CEMAC, parmi lesquelles on retrouve les femmes 164 Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun 165 Annexe N° VII : Rapport de la 33eme session ordinaire du conseil des ministres de L'UEAC au cours de laquelle une femme a été nommée fonctionnaire classe exceptionnelle Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun 166 167 Annexe N° VIII : Exemple d'appel à candidature à un poste d'une institution spécialisée de la CEMAC : la CEBEVIRHA Source : Archives de la Représentation de la CEMAC au Cameroun 168 169 Annexe N° IX : Extrait du statut des fonctionnaires de la CEMAC du 11 décembre 2009 170 2 Communauté ou CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale ; Union ou UEAC : Union Economique de L'Afrique Centrale ; Union Monétaire ou UMAC : Union Monétaire de l'Afrique Centrale ; Etat membre : Tout Etat partie prenante au Traité de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale, tel que prévu par son préambule ; Fonctionnaire de la Communauté : Toute personne nommée et titularisée dans l'un des emplois permanents ouverts dans les services d'une Institution, d'un Organe ou d'une Institution Spécialisée de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale ; Agent contractuel : Toute personne nommée et titularisée dans un emploi permanent relevant des classes HG à CIII tel que précisées à l'article 34 et à l'annexe du présent Règlement ; Fonctionnaire du régime local : Toute personne nommée et titularisée dans un emploi permanent relevant des classes CIV à CVII des services généraux tel que précisées à l'article 35 et à l'annexe du présent statut ; Organes : La Conférence des Chefs d'Etat, le Conseil des Ministres, le Comité Ministériel, la Commission, la Banque des Etats de l'Afrique Centrale, la Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale et la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale ; Institutions : L'Union Economique de l'Afrique Centrale, l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale, le Parlement Communautaire, la Cour de Justice Communautaire et la Cour des Comptes Communautaire; Les Institutions Spécialisées : Les Institutions Spécialisées de l'Union Economique de l'Afrique Centrale et les Institutions Spécialisées de l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale, sauf dispositions spéciales. |
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