INTRODUCTION :
Partout dans le monde, la pression sur les ressources en eau
en général et sur les ressources en eau souterraine en
particulier est à la hausse (Nouayti N., et al (2015)), principalement
en raison d'une part, d'un contexte lié à l'accroissement de la
population avec comme corollaire l'expansion urbaine, le développement
industriel , le développement agricole et le tourisme avec du coup, une
demande croissante et une dégradation de la qualité de l'eau et
d'autre part, dans un contexte de changements climatiques dont les impacts sur
les ressources en eau sont de plus en plus évidentes .
Or, il n'y a pas de développement sans eau potable,
sans assainissement et sans hygiène, et un meilleur accès
à une eau de boisson saine peut se traduire par des
bénéfices tangibles pour la santé. (OMS, 2004).
Le Tchad, ne déroge pas à la règle
malheureusement et la disponibilité en eau jusqu'à présent
très limitée, risquerait de diminuer fortement à long
terme en raison de la rareté et le caractère aléatoire des
précipitations, le phénomène de désertification,
qui devient de plus en plus inquiétant, et menacent en plus des
agglomérations, les terrains agricoles et les infrastructures
d'irrigation (H, Abderamane ,2010). Ajouté à cela, une expansion
vertigineuse des principales agglomérations du Tchad, dont
l'illustration est donnée par la ville de N'Djamena notre zone
d'étude, expansion due à une forte croissance
démographique soit 3,5% par an (RGPH2), qui laisse présumer un
besoin encore croissant en eau potable.
La principale ressource en eau souterraine au Tchad
exploitable, est localisée dans le bassin du Lac Tchad avec une
superficie d'environ 2,5 millions de km2, c'est l'un des plus vastes
bassins endoréiques au monde et l'un des plus grands bassins
hydrogéologiques sédimentaires d'Afrique.
Le bassin du Lac Tchad comporte un sous bassin, le bassin du
Chari-Baguirmi où est logé notre secteur d'étude.
I. PROBLEMATIQUE :
L'eau souterraine constitue la ressource la plus importante et
relativement la plus accessible au Tchad en général et dans la
capitale N'Djamena en particulier puisqu'elle constitue une source
d'alimentation en eau potable, d'usage domestique et d'irrigation.
N'Djamena est comme toutes les capitales des Etats de
l'Afrique tropicale, équipée en installations produisant de l'eau
potable. Mais celles-ci ne desservent qu'une partie des quartiers de la ville
en raison de la vétusté du réseau de distribution d'eau,
son extension qui tarde à se faire et des conditions de distribution
sectorielle. C'est le cas avec la Société
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Contribution à l'étude de la qualité
physico-chimique et bactériologique des points d'eau dans la
ville
de N'Djamena
Tchadienne d'Eau, seule concessionnaire de l'état
tchadien chargée de la gestion et la distribution de l'eau potable, qui
ne couvre malheureusement pas l'ensemble de la capitale tchadienne (à
peine 30% du taux de couverture de N'Djamena, (PADUR,2013)).
C'est ainsi qu'une part importante de la population
n'hésite pas à faire recours aux forages à faible cout,
souvent de qualité préoccupante pour satisfaire leurs besoins
quotidiens, ignorant de ce fait que la majeure partie des eaux captées
par ces forages sont sujettes à des pollutions diverses en raison de la
nature lithologique des formations aquifères ou des sols
traversés, des épandages des ordures ménagères, des
eaux usées déversées sur le sol, des décharges
sauvages créées par ci et par là et des carences
d'hygiène, cela est aggravé par la croissance
démographique, augmentant les activités humaines, qui constituent
de plus en plus un réel danger pour l'environnement.
Or selon l'OMS, pour pouvoir protéger la santé,
l'eau destinée à la consommation doit être potable et de
bonne qualité.
Donc, c'est face à ces enjeux sanitaires,
socio-économiques et environnementaux devenus un défi dont tous
les acteurs doivent faire face, que nous avions opté pour le choix du
dit thème.
Hypothèses :
Les hypothèses qui sous-tendent notre recherche se
résument de la manière suivante :
- L'eau issue des forages sur certains sites (quartiers) de
notre zone d'étude n'est pas saine pour la consommation.
- La proximité des décharges et des fosses
d'aisance impactent sur la qualité des eaux de forages.
- Les mauvaises pratiques de l'hygiène et
d'assainissement sont des facteurs potentiels de contamination des eaux
souterraines (défécation à l'air libre notamment).
- La consommation de ces eaux est la cause de nombreuses
maladies hydriques (typhoïde, cholera, hépatite, diarrhée
...) au sein de la population.
Il serait donc judicieux avant de répondre à ces
assertions de faire une revue de l'hydrogéologie de la nappe du
Chari-Baguirmi et du coup, de notre zone d'étude.
Les anciens travaux de recherches relatifs à
l'hydrogéologie en général et à la connaissance du
fonctionnement des systèmes aquifères du Chari-Baguirmi dont fait
partie intégrante notre zone d'étude N'Djamena, ont
été amorcées en 1952 par (Abadie,J), suivi par les travaux
de recherche du BRGM vers la fin des années cinquante qui comprirent la
préparation de cartes hydrogéologiques de reconnaissance a 1/500
000 dont celle de Fort
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Contribution à l'étude de la qualité
physico-chimique et bactériologique des points d'eau dans la
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de N'Djamena
Lamy, complétés par les travaux des
équipes de l'ORSTOM dans les années 60.Les résultats
obtenus firent l'objet de deux synthèses, publiées en 1970 dont
la carte hydrogéologique a
1/1 500 000 avec notice explicative (par J
.L. Schneider).Ces travaux ont été complétés plus
tard par Schneider et Wolf en 1992 ( Massuel, 2001).
Les travaux récents menés dans la zone et
relatifs spécifiquement à la qualité des eaux souterraines
(physico- chimique et bactériologique) sont ceux du projet «
Gestion Durable de l'eau du bassin du lac Tchad ». Il s'agit d'un projet
de coopération technique entre la Commission du Bassin du Lac Tchad
(CBLT) et le BGR, projet qui a réalisé une analyse des eaux
souterraines de 52 forages équipés de pompes manuelles
situées dans la ville de N'Djamena (N.M Ronelngar, 2015). En outre dans
le cadre du projet « accès à l'eau potable et assainissement
dans les quartiers périphériques de la ville de N'Djamena»
piloté par la Voirie, un rapport sur la qualité
bactériologique des points d'eau souterraine des quartiers du
7éme et 9éme arrondissement a
été aussi mis à jour.
Nous n'occultons pas aussi les travaux de (Djoret (2000),
Massuel (2001), Kadjangaba (2007), Abdramane (2012)) qui ont trait à la
compréhension du fonctionnement du système aquifère du
Chari-Baguirmi, la compréhension des processus de recharge de
l'aquifère du quaternaire, des informations intéressantes sur
l'origine, la minéralisation, la géochimie et l'hydrodynamisme de
la nappe de N'Djamena. Tous ces travaux forment un jeu de données
très riches qui a servi de base pour ce travail (Bouchez. C, 2015).
Notre étude s'intéressera donc
spécifiquement à la qualité de l'eau captée par les
forages, elle nous permettra de dégager certaines causes de la
dégradation de ces eaux, de faire des propositions permettant à
nos populations d'observer des attitudes garantissant la qualité de
l'eau de consommation. Nous espérons que les résultats issus de
ce travail permettront de sensibiliser les décideurs pour une meilleure
application des normes de protection des forages en vue de la réduction
de l'incidence des maladies liées à l'eau.
II.OBJECTIFS :
Objectif global : Contribuer à la
connaissance de la ressource en eau (par la piézométrie) et de sa
qualité dans la ville de N'Djamena.
Objectifs spécifiques : Dans cette
étude, nous chercherons précisément à :
- Analyser les paramètres physico-chimiques et
bactériologiques de ces eaux et de vérifier s'ils
répondent aux normes de potabilité OMS/TCHAD ;
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Contribution à l'étude de la qualité
physico-chimique et bactériologique des points d'eau dans la
ville
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- rechercher les sources probables de pollution et
déterminer les niveaux de contamination physicochimique et
bactériologique des eaux de la nappe du plio-quaternaire à partir
des forages exploités par la population de la zone étudiée
;
- Evaluer les impacts de la consommation de ces eaux sur la
santé ;
- Faire des propositions pour l'amélioration de la
qualité des eaux consommées.
Pour atteindre ces objectifs, le rapport sera subdivisé
en trois parties :
? Dans la première partie, comportant deux chapitres,
nous présenterons le contexte d'étude et la problématique
dont la zone d'étude fait objet, nous relaterons le contexte
géographique, socio-économique, et nous aborderons la
géologie et l'hydrogéologie de la dite zone.
? La deuxième partie sera consacrée aux
paramètres et méthodes d'analyses.
? Dans la dernière partie, nous exposerons les
résultats obtenus lors de la recherche, suivie d'une discussion.
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physico-chimique et bactériologique des points d'eau dans la
ville
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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET SES
CARACTERISTIQUES
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