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Lieux de mémoires et citoyen.ne.s numérique : un dialogue impossible ?


par Paul GOURMAUD
L'École de design Nantes Atlantique - Master 2 Digital Design 2024
  

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3.3 - Le monument aux morts contemporains

Ainsi, comment le Monument aux morts est-il perçu aujourd'hui dans l'espace public ? Plus particulièrement dans l'espace urbain ? Ces questions et les recherches de terrain que j'ai menées par la suite ont sûrement été inspirées par les travaux de Laurent Aucher à propos des

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pratiques nouvelles des visiteurs sur le mémorial de la Shoah à Berlin 45 (Aucher. L, 2018). Bien que l'on parle ici d'un « mémorial » et non d'un « monument aux morts », car plus récent et avec une gestion de l'espace différente des monuments de la Première Guerre mondiale. Ainsi, j'ai également souhaité mener mes propres observations sur les lieux de mémoire de ma région afin de comprendre comment ils s'intègrent et comment ils sont perçus dans l'espace urbain aujourd'hui. Réalisés en juillet et septembre 2023, la météo était estivale et les promeneurs nombreux dans les rues. Ce fut l'un de mes premiers constats, sûrement dû aux températures clémentes : certaines personnes profitaient ainsi des abords de certains monuments pour se détendre, s'allonger et dormir un peu, ou s'asseoir pour bouquiner. Ainsi, les qualités des interactions avec le monument dépendent de la manière dont il est agencé. Par exemple, le monument aux 50 otages à Nantes est constitué d'une structure verticale centrale avec autour des marches qui descendent progressivement vers le sol. Le monument est construit juste à côté de l'Erdre et offre également une vue directe sur la rivière avec un promontoire permettant de s'asseoir et de profiter de la vue. Ce monument, certes commémorant une mémoire lourde, peut aussi se transformer en espace de détente, à la

45 Aucher.L, (2018).«Devant le mémorial, derrière le paradoxe», Géographie et cultures, 105, 11-30. consulté le 26 juin 2023, à l'adresse, https://journals. openedition.org/gc/6351

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manière d'un square de taille réduite 46 Ce sont des constats qui peuvent être faits sur d'autres lieux de mémoires, étant donné que ces derniers s'intègrent dans un espace public qui évolue avec leur temps. Ils se fondent peu à peu dans le décor et sont utilisés au regard de leurs fonctions pratiques. Ils peuvent aussi devenir des espaces propices au jeu, même si ces comportements restaient minoritaires et limités à des enfants. Globalement, lorsque ces édifices sont finalement remarqués, c'est grâce au hasard ou à une balade qui prévoyait un détour par ce lieu. « Il n'y avait pas une valeur historique que je voulais connaître, c'était dans mon parcours nantais de la journée » 47. Encore que l'extrait présenté ici est tiré d'un échange au mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes, un lieu de mémoire bien plus autonome que les autres, dans la mesure où ce dernier offre des explications audios ainsi que des infographies pour le replacer dans son contexte. C'est une forme de mini-musée accessible gratuitement et qui affiche explicitement sa volonté d'apprendre une histoire à un public plus ou moins averti, « provoquant le hasard » pour qu'il soit approché. Ce sont également des lieux qui sont parcourus autrement, soumis aux normes de l'espace public, comme avec ces vélos accrochés aux rambardes d'entrée du mémorial,

46 D'après des observations et des photographies faites sur le monument des 50 otages à Nantes l'après midi du 08/07/2023

47 D'après une série de 6 interviews menés au mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes l'après midi du 21/06/2023

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Photos sur le monument aux 50 otages à
Nantes, Paul Gourmaud (c)

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ou bien alors, des cyclistes faisant un petit détour par l'esplanade de celui-ci, appréciant ainsi la vue sur la Loire. En effet, ces lieux de mémoire sont à l'image des rochers dans un cours d'eau : ils sont bien là, visibles, mais sont posés au milieu des flux de l'espace urbain qui obéissent à leurs propres règles. D'autre part, si un lieu de mémoire est finalement remarqué, c'est l'occasion pour certaines personnes d'immortaliser ce moment. Comme à Paris lors de mes observations sur un mémorial bien plus récent, commémorant les morts de la Première Guerre mondiale et situé sur l'un des murs extérieurs du cimetière du Père-Lachaise. Installé en 2018 à l'initiative d'Anne Hidalgo, ce sont au total 94 000 noms de Parisiens morts pendant le conflit qui sont gravés sur des plaques métalliques. Le tout, mesurant une longueur totale de 270 mètres, le monument souhaite ainsi représenter l'échelle du conflit et l'ampleur du sacrifice humain. À plusieurs reprises donc, des couples de sexagénaires parcouraient les noms (également classés par ordre alphabétique), n'hésitant pas à faire glisser un doigt sur les plaques. Lorsqu'ils semblaient avoir trouvé un nom familier, ils l'immortalisaient avec une photo ou un selfie 48. Cette volonté de garder une trace se retrouve aussi au moment des commémorations, comme à Nantes lors de la cérémonie du 11 novembre 2023 organisée sur

48 D'après des observations et des photographies faites sur le monument en mémoire des parisien morts pendant la première guerre mondiale à Paris le matin du 29/09/2023

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Photo sur le mémorial attenant au cimetière du Père-Lachaise à Paris, Paul Gourmaud (c)

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le monument en mémoire des Nantais morts pendant la Première Guerre mondiale. Déjà pendant la cérémonie, des photographes se frayent un passage dans la foule pour immortaliser l'événement : les discours, les musiciens et les personnalités présentes. À la fin du dernier discours, la foule se disperse enfin autour du monument, l'atmosphère se détend, des discussions émergent, et de nouveau, c'est le temps des photos. Un groupe de jeunes appartenant à la délégation de la frégate de défense Chevalier Paul prend ainsi la pose pour une photo de groupe, avec en toile de fond le monument, silencieux 49.

Face à la disparition des témoins, c'est un moyen de continuer à assurer une discussion sur ces mémoires, car ce sont autant de photos qui peuvent être partagées avec quelqu'un qui n'aurait pas été présent et réemployées dans le futur afin de se souvenir qu'en ce jour, une foule s'était réunie pour se souvenir des morts de la première guerre mondiale. C'est également, comme nous l'avons vu précédemment, une forme de réappropriation de la mémoire par une écriture de l'Histoire qui s'individualise. Nous pouvons également noter des modifications formelles sur les monuments construits en mémoire des conflits suivant ceux de 14-18. Ils ne se nomment d'ailleurs plus couramment « monuments aux morts », mais plutôt «

49 D'après des observations et des photographies faites durant la cérémonies du 11 novembre 2023 à Nantes.

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Photos d'observations à la cérémonie du 11
novemvre 2023, Paul Gourmaud (c)

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mémoriaux », un terme qui s'élargit même aux musées documentant ces conflits. Ces mémoriaux, contrairement à ceux de la Première Guerre mondiale, célèbrent moins des individus que des groupes, avec des monuments en l'honneur des résistants ou des juifs dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale.

Ce sont aussi des monuments qui utilisent un mode de représentation nouveau, avec des structures plus complexes, moins brutes, plus expressives afin de permettre aux visiteurs de se projeter vers les événements passés 50 (Trouche, 2015). Une section du cimetière du Père-Lachaise est ainsi dédiée aux mémoires des victimes de la Shoah. De la tombe, on passe à la sculpture. Et souvent, on se retrouve face à des représentations de corps humains squelettiques, témoignant de la souffrance endurée par les victimes. De cette manière, les choix symboliques et esthétiques des monuments de la Première Guerre mondiale sont dépassés par ceux qui sont faits pour nos monuments plus récents. Sans pour autant parler de concurrence, sachant qu'il arrive que les conflits contemporains comme la seconde guerre mondiale ou les OPEX (opérations militaires extérieures de la France) soient ajoutés à des monuments de la première guerre mondiale. Ainsi, il

50 Trouche, D. (2015, 7 janvier). Du monument aux morts au mémorial. Hypothèses. Consulté le 14 février 2024, à l'adresse https://sms.hypotheses. org/4652

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convient de se souvenir des monuments aux morts en gardant en tête les codes qui les font revivre, et dans le même temps, il faut construire des mémoriaux qui auront du sens pour les générations futures afin de leur faciliter ce travail de compréhension. En somme, il y a un double travail à faire, en maintenant une continuité entre ce qui a été et ce qui est à venir. Certains acteurs ont ainsi compris que mener des actions mémorielles afin de maintenir cette continuité pouvait devenir un levier puissant pour fédérer des personnes à leurs causes...

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Une réappropriation compliquée

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4.1 - Les politiques mémorielles et leurs limites

De quoi parle-t-on lorsqu'on évoque les politiques mémorielles ? Ce sont en fait des actions menées par l'État afin de proposer une écriture du récit national qui fait sens pour ses concitoyens. Ainsi, même si ces actions peuvent paraître récentes aujourd'hui à cause de leurs fréquences, c'est bien parce que les années 90 ont marqué un tournant dans la manière de les réaliser. En effet, à partir de la fin du XVIIIe siècle, l'État s'est engagé dans la construction d'un récit national glorifiant des événements emblématiques tels que le 14 juillet 1789 ou le 11 novembre 1918, ainsi que des figures héroïques (hommes politiques, résistants, artistes) qui ont contribué à la grandeur ou à la défense de la France. Ce récit, visant à unifier une population composite en partageant les mêmes références à un passé glorieux, a été promu notamment à travers l'éducation. Cette politique mémorielle a perduré jusque dans les années 1980, orientant la perception collective de l'histoire nationale et la valorisation des acteurs et événements qui la composent 51 (Ledoux, 2023). Mais, depuis les années 90, ces politiques mémorielles ne sont plus orchestrées pour glorifier des événements et des acteurs du passé.

51 Ledoux, S. (2023, 12 mai). Les politiques mémorielles en France depuis les années 1990 Vie publique Consulté le 12 novembre 2023, à l'adresse https :// urlz.fr/pyHJ

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Désormais, les victimes des conflits et les atteintes aux droits de l'homme ont supplanté la valorisation de la souveraineté de la nation. Ces nouvelles politiques mémorielles impliquent également une obligation morale de l'État à ne pas oublier les mémoires des victimes de ses conflits, ce « devoir de mémoire » ayant aussi pour objectif de prévenir le retour de ces événements à l'avenir. Ces décisions passent notamment par l'application des lois mémorielles, cette dénomination ne signifiant pas que ces lois bénéficient d'un statut particulier. Elles permettent d'appliquer un point de vue officiel à des évènements historiques. La première de ces lois fut ainsi adoptée le 13 juillet 1990, c'est la loi Gayssot réprimant tous les actes racistes, antisémites ou xénophobes. Elle considère également les actes négationnistes comme des délits. Ces actions mémorielles passent aussi par des discours, des actions directes du chef d'État qui se place en narrateur de l'histoire et promet, avec ses actions, « d'être celui qui soigne les maux de la société ».

En effet, la mémoire est désormais devenue un levier parmi d'autres afin de gagner une partie de l'opinion publique. Ainsi, donc parmi les conseillers du président, on peut retrouver un « conseiller mémoire » chargé de veiller à l'organisation des grands anniversaires, tels que l'armistice du 11 novembre ou la fête nationale du 14 juillet. Cependant, cette nouvelle direction est critiquée, notamment par des juristes qui considèrent que certaines

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L'historien Benjamin Stora et Emmanuel
Macron, lors de la remise du rapport sur la
colonisation et la guerre d'Algérie

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lois mémorielles, dont la loi Gayssot, ne contiennent pas de mesures assez précises pour légiférer correctement ; de ce fait, elles n'ont qu'une finalité idéologique 52 (Duclos-Grisier, 2021). Cette transformation des politiques mémorielles incite chaque nouveau président à investir un terrain qui n'a pas déjà été conquis et à y exercer un « devoir de mémoire » toujours plus rigoureux. Le président actuel Emmanuel Macron a par exemple choisi celui de la colonisation, notamment en axant ces efforts sur la Guerre d'Algérie. Ainsi, le 20 janvier 2021, l'historien Benjamin Stora remettait un rapport au président sur « ses conclusions et recommandations sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie » 53. Quelques mois après, le président annoncera qu'un réseau d'archives classifié en rapport avec l'événement sera ouvert. L'accès aux archives est important, c'est la matière nécessaire pour les historiens afin d'éclairer le passé.

Cependant, si l'on se rattache aux politiques mémorielles, depuis le début des années 2000, on remarque qu'elles sont davantage orientées vers des problématiques identitaires, chaque action mémorielle se faisant pour la

52 Duclos-Grisier, A. (2021, 3 mai). Lois mémorielles : la loi, la politique et l'Histoire. Vie publique Consulté le 15 février 2024, à l'adresse https ://urlz.fr/ pz2D

53 Elysée. (2021, 20 janvier). Remise du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie. Consulté le 15 février 2024, à l'adresse https://urlz.fr/pERC

54 Préfet du Nord. (s. d.). Cérémonies officielles & protocole. Les Services de L'État Dans le Nord. Consulté le 15 février 2024, à l'adresse https://urlz.fr/pzgJ

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mémoire d'un groupe (les harkis, les juifs, les arméniens, etc.). Le risque étant de provoquer des tensions entre ces différentes mémoires, car si certaines sont valorisées, d'autres restent dans l'ombre. Nous sommes alors face à une situation contre-productive pour la construction de la mémoire collective, dans la mesure où un processus de synthèse est nécessaire pour assurer une transmission intelligible. C'est de cette tension que témoigne le calendrier des commémorations désormais bien rempli. En effet, pour 2024, on compte 17 dates prévues, sans compter les anniversaires des conflits importants 54. Parmi cet agenda chargé, on retrouve 3 dates reliées à la Guerre d'Algérie, le 19 mars, le 25 septembre et le 9 décembre, symptomatiques d'un manque de consensus sur cette mémoire.

4.2 - Le cas complexe de la Guerre d'Algérie

Les politiques mémorielles, malgré les avancées qu'elles permettent dans l'éclairage du passé (notamment via la déclassification des archives), peuvent aussi devenir la source de tensions mémorielles. La Guerre d'Algérie est un exemple particulier, car sa commémoration reste encore problématique en France. S'attarder sur cet exemple peut nous permettre de comprendre les causes qui amènent à ce qu'une mémoire ne passe pas. Tout d'abord, la guerre

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d'Algérie, déjà dans ses racines, contient des ambivalences qui la rendent difficile à commémorer. Ce conflit a en effet impliqué une diversité d'acteurs aux revendications bien différentes. On parle d'ailleurs des mémoires et non pas de la mémoire de la guerre d'Algérie.

Cette guerre aura ainsi duré 8 ans, officiellement de 1954 à 1962 en Algérie, et opposant principalement l'armée française au FLN (Front de libération nationale) et à sa section armée, l'ALN (Armée de libération nationale). Du côté de l'armée française, on retrouve des soldats avec de l'expérience, ayant déjà combattu en Indochine, mais cultivant un ressentiment après avoir participé à une guerre très impopulaire. Ces « rappelés » arrivent donc en Algérie avec un esprit revanchard, ils ne veulent pas perdre « l'Algérie française ». À leurs côtés, on retrouve les « appelés » des militaires plus jeunes, abandonnant leur travail, leurs familles pour participer à leur première guerre. Ils sont beaucoup plus nombreux que les rappelés, mais seront traumatisés par leur expérience sur le champ de bataille. Parmi eux, l'armée française recrutera aussi des Algériens, majoritairement des paysans, ce sont les « Harkis ». Ces soldats supplétifs rejoindront l'armée française pour des raisons très diverses. Mais ils sont pris dans un entre-deux : d'un côté, ils subissent la méfiance des autres soldats français, et de l'autre, le risque de représailles de leur propre peuple qui les voient comme des traîtres. Enfin, parmi les victimes, on compte aussi les

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civils. En Algérie, ce sont principalement les « pieds-noirs », des colons européens qui se sont établis en « Algérie française » avant la guerre 55 (Dalisson, 2018).

Ainsi, les accords d'Évian signés le 18 mars 1962 instaurent un cessez-le-feu en Algérie et la fin officielle de la guerre. Cependant, il n'est pas encore question d'utiliser le mot « guerre », on parle plutôt des « événements » ou des « opérations de maintien de l'ordre », jusqu'en 1999 où une loi est votée pour adopter l'expression « à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc ». Ce manque de clarté transparaît aussi dans le choix des dates de commémorations qui sont encore débattues, témoignant d'un manque de consensus entre les multiples acteurs de cette mémoire. La principale, le 19 mars, est la « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc » (Duclos-Grisier, 202 ) 56. Cette date acte la fin officielle de la guerre, mais pour certaines communautés telles que les harkis ou les pieds noirs, elle marque aussi le début des violences à

55 Dalisson, R. (s. d.). L'impossible commémoration de la guerre d'Algérie (De 1962 à nos jours) | Canal U. Dans Canal-U [Rediffusion]. Université de Roue, Rouen, Normandie, France. Consulté le 26 juillet 2023, à l'adresse, https:// urlz.fr/pDrP

56 Duclos-Grisier, A. (2023, 16 mars). Guerre d'Algérie : quelle célébration du 19 mars 1962 ? Vie Publique. Consulté le 16 février 2024, à l'adresse https://urlz. fr/c87F

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leur encontre. À l'image du 5 juillet 1962, quelques mois après les accords d'Évian, où des centaines de personnes seront tuées à Oran, la ville la plus européenne d'Algérie, les causes de la fusillade restent encore mal connues tout comme le nombre de victimes exact 57. En plus du 19 mars, le 5 décembre célèbre également l'ensemble des morts pour la France pendant la guerre d'Algérie ainsi que les combats du Maroc et de la Tunisie. La différence étant que cette date est accolée à l'érection d'un mémorial à l'initiative de Jacques Chirac en 2002. La date n'a donc pas de relation directe avec l'histoire des événements et peut se confondre avec celle du 19 mars 58. On note finalement que le 25 septembre est spécifiquement dédié à la mémoire des anciens harkis et autres membres des formations supplétives ayant servi aux côtés de l'armée française.

Ainsi, chaque commune, chaque association peut décider de commémorer l'une ou l'autre des dates proposées en fonction de son point de vue sur les événements. Ce n'est donc pas pour faciliter la discussion autour de ces mémoires et le problème provient peut-être davantage

57 Mémoires des hommes. (2022, 4 juillet). Victimes des massacres d'Oran le 5 juillet 1962. Mémoire des Hommes. Consulté le 16 février 2024, à l'adresse https://urlz.fr/pzMD

58 SGA du ministère des Armées. (2022, 12 décembre). [De la mémoire à l'Histoire] Comprendre la Journée nationale d'hommage du 5 décembre [Vidéo]. YouTube. Consulté le 16 février 2024, à l'adresse https://www.youtube.com/ watch?v=CTB6fLSrL1Q

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d'un manque de pédagogie autour de ces histoires, comme le suggère l'historien Rémi Dalisson : « Il faut sortir des mythes d'une identité française, gauloise qui ne devrait pas changer, surtout à l'ère des migrations comme aujourd'hui [...] Tout ça, ce sont des problèmes mal expliqués, instrumentalisés, comme l'est la guerre d'Algérie et comme l'est la commémoration. » 59 (Dalisson, 2018)

59 Dalisson, R. (s. d.). L'impossible commémoration de la guerre d'Algérie (De 1962 à nos jours) | Canal U. Dans Canal-U [Rediffusion]. Université de Roue, Rouen, Normandie, France. Consulté le 26 juillet 2023, à l'adresse, https:// urlz.fr/pDrP

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Nouveau secteur, le tourisme de mémoire

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