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La société sucrière du Burkina Faso (SN SOSUCO : de l'aménagement du territoire à  la construction de la mémoire (1965-2020)


par Thomas Frank Bancé
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master de recherche 2023
  

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ANNEXES

Page 144

Annexe 1 : Liste des investissements retenus par la Caisse Nationale de Crédit Agricole en

1986.

Secteurs

Désignation de l'investissement

Montant (FCFA)

Usine

Alimentation des chaînes CHAMBON

97

000

000

Alimentation des chaînes CHAMBON I

250

000

000

Alimentation des chaînes CHAMBON II

150

000

000

Matériels divers usine

56

000

000

Culture et mécanisation

Grue

78

000

000

Epandeur d'engrais

7

000

000

Tuyaux d'irrigation

20

000

000

Total

658

000

000

Source : Ministère du Commerce, de l'Industrie et des Mines, Programme d'investissement soumis à la caisse nationale de crédit agricole, Centre National des Archives du Burkina, série V, sous-série 17V, 17V93, 1986, p.1.

Observation : Ce tableau présente la liste exacte des équipements et des coûts inclus dans le dossier d'investissement soumis à la Caisse Nationale. L'objectif était de mécaniser davantage la culture de la canne à sucre et d'augmenter la capacité de production journalière de la sucrerie-raffinerie.

Page 145

Annexe 2 : Cahier de doléances du 1er Mai 1991 présenté par les centrales syndicales de la

SOSUCO

I. Economique et social

a) Non à l'application d'un programme d'ajustement structurel sauvage à la SOSUCO.

b) Mise en place d'un statut du personnel à la SOSUCO et son application effective.

c) Matériel de sécurité et de travail en rapport avec la nature des travaux à la SOSUCO.

d) Révision et reclassement des travailleurs du Service entretien et des autres cas d'injustice à la SOSUCO.

e) Abrogation de la note de service suspendant provisoirement les tenues de travail à la SOSUCO.

f) Réorganisation du service de l'action sociale pour qu'il joue pleinement son rôle en faveur des travailleurs.

g) Elaboration de textes clairs concernant la cité de Bérégadougou dont les habitants vivent dans l'incertitude totale quant à leurs droits et devoirs.

h) Précisez les attributions des différentes responsables à la SOSUCO afin de favoriser les prises de décisions rapides et efficaces pour l'entreprise et les travailleurs.

II. Santé et éducation

a) Prise en charge à 80% des ordonnances des travailleurs de la SOSUCO et leur famille.

b) Prise en charge des examens et évacuations sanitaires des travailleurs de la SOSUCO et leur famille à 100%.

c) Nécessité d'une deuxième ambulance au centre médical de la SOSUCO.

d) Application effective de la formation professionnelle du personnel à la SOSUCO.

e) Reprise des travailleurs suspendus ou licenciés sans motif valable.

f) Une juste solution au problème de ces travailleurs contribuera à décrisper la tension sociale à la SOSUCO.

Source : Cissé O., « Une approche historique de l'agro-industrie au Burkina Faso », op. cit, Annexe

n°4.

Observation : La lecture de ce cahier de doléances nous donne une idée sur la situation socio-économique qui prévalait à la SN SOSUCO dans les années 1990. Tous les secteurs d'activité étaient soumis aux revendication syndicales.

Page 146

Annexe 3 : Lettre ouverte à Monsieur le Ministre du Commerce, de l'Industrie et de
l'Artisanat/ Ouagadougou

Organisation syndicale SN SOSUCO : CGTB-SYNACAME/CSB/ONSL-SYNTCAS/USTB/
UGTCS/FESBACI/CSB Banfora

Monsieur le Ministre,

Nous venons par la présente vous faire connaitre ce qui suit :

Depuis le lancement du processus de privatisation de la SOSUCO, les organisations syndicales ont, à travers toutes les rencontres officielles ou par correspondances, émis des inquiétudes quant à la fiabilité du système de contrôle et autres accords destinés à pérenniser la SOSUCO et à sauvegarder nos emplois.

Six mois seulement après la fin de ce processus de privatisation, nos inquiétudes se confirment chaque jour puisqu'on assiste à des importations de sucre de toutes qualités à des prix divers qui rendent difficile la commercialisation de nos produits.

Pourtant au bouclage de ce processus, vous aviez affirmé toute votre grande satisfaction pour cette privatisation « Oh combien réussi » ; et affirmé aux travailleurs, l'engagement du gouvernement à appuyer les efforts du repreneur pour le maintien de nos emplois et la pérennité de l'entreprise, tout en exhortant les travailleurs à redoubler d'effort pour une meilleure productivité afin de mériter leurs emplois.

Monsieur le Ministre, les travailleurs ont joué pleinement leur rôle comme en témoignent les résultats partiels de la campagne en cours :

- Broyage moyen de canne par 24 heures = 2 461,800 tonnes contre 2 160 tonnes en 1997-1998.

- Extraction sucre = 95,25 contre 94,74 en 1997-1998. - Pertes totales = 2,20 contre 2,62 en 1997-1998. - Rendement = 11,41 contre 11,16 en 1997-1998.

Page 147

Cependant, l'inondation du marché national en sucre souvent de qualité douteuse, voire dangereuse pour la santé de nos populations déjà précaire et les niveaux de prix de la concurrence semblent découler d'une concurrence déloyale de certains importateurs.

Aussi, voudriez-vous bien faire prendre toutes dispositions utiles pour faire respecter rigoureusement la réglementation en matière d'importation de sucre (rigueur dans la délivrance des CNC, régularité des déclarations de mise à la consommation, paiement de tous les droits et taxes de douane, application de la TVA sur vente à réserver à l'État comme le fait la SN SOSUCO, etc.).

Monsieur le Ministre, l'État a déjà pris d'importantes dispositions telles que l'agrément au code des investissements mais nous pensons qu'au niveau du gouvernement, des efforts peuvent encore être faits pour une meilleure protection et sauvegarde de la SN SOSUCO. A ce titre et selon nos informations, la Côte d'Ivoire qui est un pays côtier par où transitent certains sucres qui inondent le Burkina Faso, n'a sur son marché que le sucre produit par ses unités locales (SUCAF et Sucre-Ivoire) fruits de la privatisation de SODESUCRE. Il est bon également de savoir que malgré notre position géographique, nos prix de vente au consommateur restent sensiblement les mêmes.

Monsieur le Ministre, il vous appartient en relation avec vos collègues concernés, de faire prendre toutes les mesures adéquates et rapides pour l'assainissement du marché national du sucre ; sinon la privatisation de la SOSUCO qu'on dit réussie, risque de se transformer en échec. Ce qui aura pour conséquence de rendre les travailleurs très méfiants et incrédules vis-à-vis des propos « rassurants » quant aux bienfaits de cette privatisation (maintien et création d'emploi, promotion de l'entreprise, développement économique et social, etc.).

En conclusion, Monsieur le Ministre, nous vous demandons de prendre toutes vos responsabilités face à la liquidation de notre secteur industriel.

Pour notre part, nous nous battrons pour la sauvegarde de notre unité industrielle et de nos emplois.

C'est pourquoi nous prenons l'opinion publique à témoin car si d'aventure des mesures sociales devraient être entreprises sur le dos des travailleurs, nous prendrons nos responsabilités en engageant toutes actions que nous jugerons utiles contre la liquidation de ce qui reste aujourd'hui comme entreprise digne de ce nom. Car faut-il le rappeler, la SN SOSUCO est le premier pourvoyeur d'emplois après l'État.

Page 148

Sûrs et convaincus que vous réservez une attention particulière à la présence, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à notre détermination à nous battre pour la sauvegarde de nos emplois.

Banfora, le 24 février 1999.

Source : Cissé O., « Une approche historique de l'agro-industrie au Burkina Faso », op. cit, Annexe

n°5.

Observation : Cette lettre des responsables syndicaux à leur ministre de tutelle témoigne de la méfiance des travailleurs à l'égard du fonctionnement de la SN SOSUCO au lendemain de sa privatisation. Tout en rappelant leurs efforts, les travailleurs s'inquiètent des conséquences de la libéralisation du secteur du sucre au Burkina Faso et appellent à la prise des mesures de restriction. Ils ont également rappelé au ministre leur attachement à la pérennité de leur industrie sucrière au-delà des luttes syndicales.

Page 149

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