Conclusion
L'industrie sucrière du Burkina Faso est un ensemble
composé d'un paysage de canne à sucre, d'installations
industrielles et de cités d'habitation. Ce complexe est l'un des
exemples phares du passage du Burkina Faso d'une production artisanale à
une production industrielle à partir de 1972. Ces sites, qui conservent
la mémoire du sucre, sont aussi des témoins
privilégiés des débuts de l'industrialisation au Burkina
Faso. Un demi-siècle plus tard, l'usine sucrière reste la plus
ancienne industrie du pays encore en activité. Il est essentiel que les
traces de cette industrialisation et la mémoire du sucre qui habite ces
sites soient préservées et transmises aux
générations futures. Pour ce faire, il est nécessaire de
développer des projets de conservation, de valorisation et de
transmission de ce patrimoine aux générations futures. Dans cette
optique, nous avons proposé deux projets de valorisation. Le premier est
la création du Centre d'Interprétation du Sucre des Cascades
(CISC) qui vise à créer un parcours muséographique en 4
étapes pour la découverte et l'appropriation du patrimoine
sucrier. Le CISC siégera à Bérégadougou, dans le
périmètre sucrier. La deuxième proposition concerne le
développement d'une technique de communication appelée le
storytelling. L'objectif du storytelling est de développer des
récits émouvants sur l'histoire de la SN SOSUCO, sur les marques
de sucre commercialisées au Burkina Faso, sur le sucre et ses
sous-produits. L'importance de cette communication est de rassurer les
consommateurs de sucre et de créer un lien fort entre l'industrie
sucrière et eux. Une fois ce lien tissé, les consommateurs
développeront une identité de fierté envers l'industrie
sucrière et la protégeront à tout égard.
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CONCLUSION GÉNÉRALE
La recherche dans le cadre de ce document a été
menée autour du thème suivant : La société
sucrière du Burkina Faso (SN SOSUCO) : de l'aménagement du
territoire à la préservation de la mémoire (1965-2020).
L'objectif de la recherche a été de montrer la valeur
patrimoniale de l'unique industrie sucrière au Burkina Faso. En
activité depuis un demi-siècle, la Nouvelle Société
Sucrière de la Comoé (SN SOSUCO) n'a pas fait l'objet
d'études pour la valorisation et la préservation de son
patrimoine sucrier. Cependant, elle est l'une des rares industries
créées après l'indépendance du pays en 1960
à être encore en activité. Au vu de toutes ces
années d'activités de la SN SOSUCO, nous avons pensé
qu'elle dispose d'un patrimoine sucrier qui méritait d'être mis en
valeur.
La SN SOSUCO a été créée en 1965
avec pour objectif la production et la commercialisation du sucre et de ses
sous-produits sur le territoire national et dans la sous-région.
L'analyse historique a établi que la société
sucrière avait du mal à décoller. En 58 années
d'existence, son statut juridique a évolué de
Société d'économie mixte (1972-1985) à
Société d'État (1985-1998) avant de redevenir une
Société d'économie mixte (1998 à ce jour).
A l'image de son statut juridique, la situation économique et sociale de
la société sucrière montre une grande instabilité.
Sur le plan économique, la SN SOSUCO a pu réaliser une production
record de 37 600 tonnes de sucre (2007-2008) et des ventes de 55 938 tonnes
(2001-2002). Cependant, certaines années, elle peine à produire
20 000 tonnes de sucre et à les commercialiser (32 000 tonnes de
méventes en mars 2015). De 1998 à 2010, la société
sucrière a bénéficié d'investissements d'environ 20
milliards de francs CFA pour dynamiser la production et rendre le sucre local
compétitif sur le marché national. Malheureusement, les
résultats tardent à venir, compte tenu de la série de
méventes qu'elle a connue entre 2007 et 2019. Quant au climat social, il
est aujourd'hui plus détendu qu'en 1991 et 1999. Les travailleurs
étant la force productive de l'entreprise, leurs conditions de travail
et de vie doivent être régulièrement
améliorées pour espérer des rendements à la hauteur
des attentes.
Après avoir établi le cadre historique de
l'industrie sucrière, nous nous intéressons à son
occupation spatiale et à ses activités internes. En effet, la
culture de la canne à sucre dans un pays soudano-sahélien
nécessite un aménagement du territoire spécifique. Du
système d'irrigation à la récolte de la canne, en passant
par la phase d'entretien et de croissance, la zone de culture offre un
rendement annuel assez satisfaisant pour la production du sucre. La
mécanisation d'une grande partie des opérations de culture a
facilité les activités et amélioré les rendements
qui s'élèvent en moyenne à 300 000 tonnes de canne
à sucre. La canne obtenue dans la zone de culture est broyée,
raffinée et agglomérée dans les installations
industrielles de la SN SOSUCO. Le sucre blond et blanc ainsi obtenu est ensuite
commercialisé sur le marché national par l'intermédiaire
de
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grossistes. Les sous-produits de la canne à sucre
(bagasse, mélasse et vinasse) sont valorisés de plusieurs
manières. La mélasse est utilisée pour produire de
l'alcool éthylique 96° GL, de la bagasse pour la production
d'énergie et d'engrais et la vinasse comme engrais pour les sols. Le
travail est organisé et hiérarchisé à la SN SOSUCO.
Le personnel exerce dans trois activités principales : la gestion, la
production et le soutien. Les directeurs et les chefs de services sont
chargés de veiller au quotidien au respect de cette organisation du
travail, afin d'atteindre les objectifs de l'entreprise. Aujourd'hui, la
société sucrière est une source de fierté pour ses
nombreuses contributions au développement social et économique de
la région des Cascades. Avec ses 3 000 employés, c'est le
deuxième employeur du Burkina Faso après l'État.
Cependant, la culture de la canne à sucre s'est
révélée être une culture qui épuise les sols
et la nappe phréatique. Les installations industrielles polluent
l'environnement en libérant des produits chimiques et des eaux
usées. Ces impacts négatifs de l'industrie sucrière sur
les personnes et la nature doivent être au centre de l'attention des
autorités publiques burkinabè.
Le patrimoine sucrier matériel et immatériel du
Burkina se divise en trois grands ensembles : les paysages de canne à
sucre, les installations industrielles et les zones d'habitation. Les biens
matériels trouvés dans ces espaces sont constitués de
champs de canne à sucre, d'équipements agricoles,
d'équipements hydrauliques, de machines, de bâtiments industriels,
de logements, d'une voie ferrée abandonnée et d'une abondante
documentation. Tous ces biens matériels fonctionnent grâce
à un savoir-faire artisanal (travail manuel dans les champs et ateliers
industriels) et à la technique de transformation de la canne à
sucre en produits et sous-produits sucriers. Tous les sites qui conservent la
mémoire du sucre constituent des témoins
privilégiés des débuts de l'industrialisation au Burkina
Faso et de son évolution. Il est donc essentiel que les traces de cette
industrialisation et la mémoire du sucre qui habite ces sites soient
préservées et transmises aux générations futures.
Pour ce faire, il est nécessaire de développer des projets de
conservation, de valorisation et de transmission de ce patrimoine aux
générations futures. Dans cette optique, nous avons
proposé deux projets de développement. Le premier est la
création du Centre d'Interprétation du Sucre des Cascades (CISC)
qui vise à créer un parcours muséographique en 4
étapes pour la découverte et l'appropriation du patrimoine
sucrier. La deuxième proposition concerne le développement d'une
technique de communication appelée storytelling. L' objectif du
storytelling est de développer des récits émouvants sur
l'histoire de la SN SOSUCO, sur les marques sucrières
commercialisées au Burkina Faso, sur le sucre et ses sous-produits.
L'importance de cette
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communication est de rassurer les consommateurs de sucre et de
créer un lien fort entre eux et l'industrie sucrière.
En somme, on constate que l'industrie sucrière au
Burkina Faso possède un important patrimoine sucrier matériel et
immatériel qui mérite d'être inscrit sur la liste nationale
du patrimoine culturel. Si nos recherches documentaires et nos sorties de
terrain ont mis en lumière le patrimoine sucrier matériel du
Burkina Faso, nous pensons que le patrimoine sucrier immatériel reste
à explorer. En effet, pour des raisons de sécurité
liées aux attaques terroristes et contraintes personnelles, nous n'avons
pas pu réaliser d'enquêtes orales auprès des
détenteurs de la mémoire du sucre, qui sont : les dirigeants de
l'entreprise sucrière, les représentants des travailleurs, les
responsables syndicaux et les autorités administratives, religieuses et
coutumières de la région. Il serait donc judicieux que nous y
revenons dans des études ultérieures afin de dresser un
inventaire exhaustif du patrimoine immatériel de l'industrie
sucrière burkinabè.
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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
I. Les sources
A/ Les archives
Centre National des Archives du Burkina Faso,
série V.
Présidence du Faso, sous-série 7V
7V405, Situation des industries burkinabè :
correspondances, rapports, 1960-1995.
7V408, Correspondance relative au projet de création
d'industrie, 1965-1994.
Ministère du Plan, Commerce, Industrie et Mines,
sous-série 17V
17V93, Société Sucrière de la Comoé :
études diverses, 1989.
17V109, Aménagement du périmètre de Banfora
: études de détails, programmation, notes, 1973.
Ministère du Commerce, du Développement
industriel et des Mines, sous-série 31V
31V145, Création d'une agglomérie de sucre à
Bérégadougou (cercle de Banfora), 1968.
31V82 Arrêté portant fixation des prix du sucre de
la Société Sucrière de la Haute-Volta (SOSUHV), 1972.
Ministère des Travaux publics et de l'Urbanisme,
sous-série 40V
40V28, Société Sucrière de la Haute-Volta :
études d'urbanisme de Banfora, levers topographiques, correspondance,
1972.
Ministère du Plan, des Mines et de l'Industrie,
sous-série 41V 41V234, Société Sucrière de
Haute-Volta : études diverses, 1972.
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Archives Privées de Tiemounou Vinama François
Djibril, sous-série 2AP
2AP18, Procès-verbal manuscrit de la réunion tenue
le 22 janvier 1977 sur la situation de la SOSUHV et la situation politique du
pays, 1977.
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Archives nationales de France, Fond MC.
Direction du développement économique du
Ministère chargé de la coopération, Fond 201 MC,
19860346/19, Contrat d'ingénierie Fives Lille-Cail,
1972.
19860346/19, Contrat d'ingénierie pour la construction
d'une sucrerie-raffinerie, 1972.
19860346/19, Études d'urbanisme du
périmètre de Banfora, 1972.
19860346/20, Projet sucrier de Banfora, 1972.
19860346/20, Complexe Agro Industriel de Banfora, 1972.
19860346/20, Contrat d'ingénierie et d'assistance
technique pour la création du complexe sucrier de
Banfora, 1972.
20030075/34, Note sur l'enracinement de la canne à
sucre à la SOSUHV, 1980.
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