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La société sucrière du Burkina Faso (SN SOSUCO : de l'aménagement du territoire à  la construction de la mémoire (1965-2020)


par Thomas Frank Bancé
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master de recherche 2023
  

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Conclusion

L'industrie sucrière du Burkina Faso est un ensemble composé d'un paysage de canne à sucre, d'installations industrielles et de cités d'habitation. Ce complexe est l'un des exemples phares du passage du Burkina Faso d'une production artisanale à une production industrielle à partir de 1972. Ces sites, qui conservent la mémoire du sucre, sont aussi des témoins privilégiés des débuts de l'industrialisation au Burkina Faso. Un demi-siècle plus tard, l'usine sucrière reste la plus ancienne industrie du pays encore en activité. Il est essentiel que les traces de cette industrialisation et la mémoire du sucre qui habite ces sites soient préservées et transmises aux générations futures. Pour ce faire, il est nécessaire de développer des projets de conservation, de valorisation et de transmission de ce patrimoine aux générations futures. Dans cette optique, nous avons proposé deux projets de valorisation. Le premier est la création du Centre d'Interprétation du Sucre des Cascades (CISC) qui vise à créer un parcours muséographique en 4 étapes pour la découverte et l'appropriation du patrimoine sucrier. Le CISC siégera à Bérégadougou, dans le périmètre sucrier. La deuxième proposition concerne le développement d'une technique de communication appelée le storytelling. L'objectif du storytelling est de développer des récits émouvants sur l'histoire de la SN SOSUCO, sur les marques de sucre commercialisées au Burkina Faso, sur le sucre et ses sous-produits. L'importance de cette communication est de rassurer les consommateurs de sucre et de créer un lien fort entre l'industrie sucrière et eux. Une fois ce lien tissé, les consommateurs développeront une identité de fierté envers l'industrie sucrière et la protégeront à tout égard.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La recherche dans le cadre de ce document a été menée autour du thème suivant : La société sucrière du Burkina Faso (SN SOSUCO) : de l'aménagement du territoire à la préservation de la mémoire (1965-2020). L'objectif de la recherche a été de montrer la valeur patrimoniale de l'unique industrie sucrière au Burkina Faso. En activité depuis un demi-siècle, la Nouvelle Société Sucrière de la Comoé (SN SOSUCO) n'a pas fait l'objet d'études pour la valorisation et la préservation de son patrimoine sucrier. Cependant, elle est l'une des rares industries créées après l'indépendance du pays en 1960 à être encore en activité. Au vu de toutes ces années d'activités de la SN SOSUCO, nous avons pensé qu'elle dispose d'un patrimoine sucrier qui méritait d'être mis en valeur.

La SN SOSUCO a été créée en 1965 avec pour objectif la production et la commercialisation du sucre et de ses sous-produits sur le territoire national et dans la sous-région. L'analyse historique a établi que la société sucrière avait du mal à décoller. En 58 années d'existence, son statut juridique a évolué de Société d'économie mixte (1972-1985) à Société d'État (1985-1998) avant de redevenir une Société d'économie mixte (1998 à ce jour). A l'image de son statut juridique, la situation économique et sociale de la société sucrière montre une grande instabilité. Sur le plan économique, la SN SOSUCO a pu réaliser une production record de 37 600 tonnes de sucre (2007-2008) et des ventes de 55 938 tonnes (2001-2002). Cependant, certaines années, elle peine à produire 20 000 tonnes de sucre et à les commercialiser (32 000 tonnes de méventes en mars 2015). De 1998 à 2010, la société sucrière a bénéficié d'investissements d'environ 20 milliards de francs CFA pour dynamiser la production et rendre le sucre local compétitif sur le marché national. Malheureusement, les résultats tardent à venir, compte tenu de la série de méventes qu'elle a connue entre 2007 et 2019. Quant au climat social, il est aujourd'hui plus détendu qu'en 1991 et 1999. Les travailleurs étant la force productive de l'entreprise, leurs conditions de travail et de vie doivent être régulièrement améliorées pour espérer des rendements à la hauteur des attentes.

Après avoir établi le cadre historique de l'industrie sucrière, nous nous intéressons à son occupation spatiale et à ses activités internes. En effet, la culture de la canne à sucre dans un pays soudano-sahélien nécessite un aménagement du territoire spécifique. Du système d'irrigation à la récolte de la canne, en passant par la phase d'entretien et de croissance, la zone de culture offre un rendement annuel assez satisfaisant pour la production du sucre. La mécanisation d'une grande partie des opérations de culture a facilité les activités et amélioré les rendements qui s'élèvent en moyenne à 300 000 tonnes de canne à sucre. La canne obtenue dans la zone de culture est broyée, raffinée et agglomérée dans les installations industrielles de la SN SOSUCO. Le sucre blond et blanc ainsi obtenu est ensuite commercialisé sur le marché national par l'intermédiaire de

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grossistes. Les sous-produits de la canne à sucre (bagasse, mélasse et vinasse) sont valorisés de plusieurs manières. La mélasse est utilisée pour produire de l'alcool éthylique 96° GL, de la bagasse pour la production d'énergie et d'engrais et la vinasse comme engrais pour les sols. Le travail est organisé et hiérarchisé à la SN SOSUCO. Le personnel exerce dans trois activités principales : la gestion, la production et le soutien. Les directeurs et les chefs de services sont chargés de veiller au quotidien au respect de cette organisation du travail, afin d'atteindre les objectifs de l'entreprise. Aujourd'hui, la société sucrière est une source de fierté pour ses nombreuses contributions au développement social et économique de la région des Cascades. Avec ses 3 000 employés, c'est le deuxième employeur du Burkina Faso après l'État. Cependant, la culture de la canne à sucre s'est révélée être une culture qui épuise les sols et la nappe phréatique. Les installations industrielles polluent l'environnement en libérant des produits chimiques et des eaux usées. Ces impacts négatifs de l'industrie sucrière sur les personnes et la nature doivent être au centre de l'attention des autorités publiques burkinabè.

Le patrimoine sucrier matériel et immatériel du Burkina se divise en trois grands ensembles : les paysages de canne à sucre, les installations industrielles et les zones d'habitation. Les biens matériels trouvés dans ces espaces sont constitués de champs de canne à sucre, d'équipements agricoles, d'équipements hydrauliques, de machines, de bâtiments industriels, de logements, d'une voie ferrée abandonnée et d'une abondante documentation. Tous ces biens matériels fonctionnent grâce à un savoir-faire artisanal (travail manuel dans les champs et ateliers industriels) et à la technique de transformation de la canne à sucre en produits et sous-produits sucriers. Tous les sites qui conservent la mémoire du sucre constituent des témoins privilégiés des débuts de l'industrialisation au Burkina Faso et de son évolution. Il est donc essentiel que les traces de cette industrialisation et la mémoire du sucre qui habite ces sites soient préservées et transmises aux générations futures. Pour ce faire, il est nécessaire de développer des projets de conservation, de valorisation et de transmission de ce patrimoine aux générations futures. Dans cette optique, nous avons proposé deux projets de développement. Le premier est la création du Centre d'Interprétation du Sucre des Cascades (CISC) qui vise à créer un parcours muséographique en 4 étapes pour la découverte et l'appropriation du patrimoine sucrier. La deuxième proposition concerne le développement d'une technique de communication appelée storytelling. L' objectif du storytelling est de développer des récits émouvants sur l'histoire de la SN SOSUCO, sur les marques sucrières commercialisées au Burkina Faso, sur le sucre et ses sous-produits. L'importance de cette

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communication est de rassurer les consommateurs de sucre et de créer un lien fort entre eux et l'industrie sucrière.

En somme, on constate que l'industrie sucrière au Burkina Faso possède un important patrimoine sucrier matériel et immatériel qui mérite d'être inscrit sur la liste nationale du patrimoine culturel. Si nos recherches documentaires et nos sorties de terrain ont mis en lumière le patrimoine sucrier matériel du Burkina Faso, nous pensons que le patrimoine sucrier immatériel reste à explorer. En effet, pour des raisons de sécurité liées aux attaques terroristes et contraintes personnelles, nous n'avons pas pu réaliser d'enquêtes orales auprès des détenteurs de la mémoire du sucre, qui sont : les dirigeants de l'entreprise sucrière, les représentants des travailleurs, les responsables syndicaux et les autorités administratives, religieuses et coutumières de la région. Il serait donc judicieux que nous y revenons dans des études ultérieures afin de dresser un inventaire exhaustif du patrimoine immatériel de l'industrie sucrière burkinabè.

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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

I. Les sources

A/ Les archives

Centre National des Archives du Burkina Faso, série V.

Présidence du Faso, sous-série 7V

7V405, Situation des industries burkinabè : correspondances, rapports, 1960-1995.

7V408, Correspondance relative au projet de création d'industrie, 1965-1994.

Ministère du Plan, Commerce, Industrie et Mines, sous-série 17V

17V93, Société Sucrière de la Comoé : études diverses, 1989.

17V109, Aménagement du périmètre de Banfora : études de détails, programmation, notes, 1973.

Ministère du Commerce, du Développement industriel et des Mines, sous-série 31V

31V145, Création d'une agglomérie de sucre à Bérégadougou (cercle de Banfora), 1968.

31V82 Arrêté portant fixation des prix du sucre de la Société Sucrière de la Haute-Volta (SOSUHV), 1972.

Ministère des Travaux publics et de l'Urbanisme, sous-série 40V

40V28, Société Sucrière de la Haute-Volta : études d'urbanisme de Banfora, levers topographiques, correspondance, 1972.

Ministère du Plan, des Mines et de l'Industrie, sous-série 41V 41V234, Société Sucrière de Haute-Volta : études diverses, 1972.

Centre National des Archives du Burkina Faso, série AP.

Archives Privées de Tiemounou Vinama François Djibril, sous-série 2AP

2AP18, Procès-verbal manuscrit de la réunion tenue le 22 janvier 1977 sur la situation de la SOSUHV et la situation politique du pays, 1977.

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Archives nationales de France, Fond MC.

Direction du développement économique du Ministère chargé de la coopération, Fond 201 MC,

19860346/19, Contrat d'ingénierie Fives Lille-Cail, 1972.

19860346/19, Contrat d'ingénierie pour la construction d'une sucrerie-raffinerie, 1972.

19860346/19, Études d'urbanisme du périmètre de Banfora, 1972.

19860346/20, Projet sucrier de Banfora, 1972.

19860346/20, Complexe Agro Industriel de Banfora, 1972.

19860346/20, Contrat d'ingénierie et d'assistance technique pour la création du complexe sucrier de

Banfora, 1972.

20030075/34, Note sur l'enracinement de la canne à sucre à la SOSUHV, 1980.

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La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme