CHAPITRE TROISIEME : IMPACT DE L'INCENDIE DES FORETS DE
L'AMAZONIE SUR L'ENVIRONNEMENT
Avant de parler de l'incendie, la première section sera
consacrée aux causes de l'incendie dans la forêt de l'Amazonie.
Section 1. Causes des incendies en forêt
amazonienne
La cause principale de l'incendie en forêt tropicale
amazonienne est liée au défrichage de la forêt pour
l'agriculture et la gestion forestière. On distingue trois types de
défrichage des forêts par le feu :
? Agriculture itinérante (agriculture sur
brûlis), où la terre est abandonnée pour revenir à
la végétation forestière après une période
d'utilisation agricole relativement courte;
? Elimination complète mais temporaire du couvert
forestier, avant l'installation de plantations forestières
(monocultures);
? Conversion définitive de la forêt en
pâturages ou en terres agricoles, ou pour d'autres utilisations non
forestières des terres.
Dans tous les cas, le défrichage et le brûlis
suivent initialement le même schéma: les arbres sont abattus
à la fin de la saison humide, et les rémanents sont
laissés à sécher pendant un certain temps pour obtenir une
efficacité de combustion maximale.
A l'origine, les pratiques et l'étendue des
systèmes d'agriculture itinérante étaient largement
déterminées par une faible pression des populations humaines sur
les ressources forestières. Elles offraient une base durable de
subsistance aux habitants indigènes des forêts, et leurs impacts
ponctuels n'avaient que peu d'effets sur la stabilité de
l'écosystème forestier dans son ensemble.
Outre la culture itinérante, de vastes surfaces
forestières sont converties en terres agricoles ou en pâturages
permanents. Cependant, les feux de défrichage des forêts
échappent souvent au contrôle. Les observations récentes de
l'impact de la sécheresse et des incendies de 1998 sur la forêt
tropicale humide du Roraima ont montré que les biomes non
perturbés de la forêt humide peuvent parfois devenir
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inflammables, et que les feux de défrichage des
forêts et les brûlages agricoles échappant au contrôle
entraînent des incendies très étendus.
La dernière glaciation qui s'est terminée il y a
60 000 ans, par une période froide et sèche, la foudre
était alors la seule cause des incendies, ce qui, associé
à une faible disponibilité en combustibles due à un climat
plus sec et à la présence de grands herbivores, laisse supposer
une très basse fréquence des incendies, concentrés pendant
la saison humide.
Dans cet ordre d'idées, après la période
suivante, entre -60 000 et -13 000, a été
caractérisée par la présence de chasseurs de la grande
faune du Pléistocène. Ils utilisaient le feu pour cuisiner et
probablement pour chasser, et la densité de population était
faible. Le régime des feux de cette époque peut être
décrit comme un régime de basse fréquence, la grande faune
contrôlant la végétation au niveau du sol.44
À la fin du Pléistocène, la disparition
de la grande faune laisse supposer de grands changements, en particulier au
niveau de la strate herbacée, avec cependant une augmentation de la
quantité de combustibles disponibles; ceci, associé au feu
utilisé par les premiers chasseurs, a certainement augmenté la
fréquence des incendies.
La fin de l'Holocène, entre -4000 et -2000, a
été marquée par l'arrivée de tribus d'Indiens
agriculteurs et chasseurs appartenant au groupe linguistique des
"macro-jê". La densité de population élevée (0,3
à 1,2 habitants au km2), et les implantations plus
importantes de ces tribus ont augmenté la fréquence des feux par
l'agriculture sur brûlis.
L'expansion territoriale des Européens au centre du
Brésil a commencé au XVIIème siècle; elle est
caractérisée jusqu'au début du XXème siècle
par une dépendance vis-à-vis de méthodes extractivistes et
par un bas niveau de vie. Les brûlages pour le renouvellement des
pâturages se sont généralisés, augmentant la
fréquence des incendies dans le centre du Brésil.
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Durant les 40 dernières années, le centre du
Brésil a connu une forte augmentation de la densité de
population, due essentiellement à l'établissement de la capitale
à Brasilia, qui a entraîné un développement
important de l'agriculture dans cette région, où les
brûlages de pâturages demeurent la première cause du
régime des incendies.
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