Environnement face aux relations internationale. Analyse de gestion de l'incendie de la forêt amazonienne.par Bernard KAMBALE KALONGOLERO Université de Kisangani - Licence en Relations Internationales 2019 |
Section 3. Réactions de la communauté internationale face à l'incendieDans cette section, nous allons faire un bref aperçu sur les différentes réactions initiées par la communauté internationale réparties en trois volets entre autres : les réactions des chefs d'Etat, de personnalités ou autres experts et enfin de organisations internationales. 2.3.1. Réactions des chefs d'EtatNous avons constaté qu'en fin juillet 2019, le Président brésilien Jair BOLSONARO avait annulé au dernier moment, une rencontre avec le ministre français des Affaires Étrangères, Jean-Yves le Drian, en tournée en Amérique latine31. Le Président français Emmanuel Macron saisit cette aubaine pour déclencher son arme écologique face au Brésil au travers d'un tweet « notre maison brûle littéralement ». L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu. C'est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence»32. Ce tweet a été suivi par les commentaires dans les réseaux sociaux et de réactions d'autres personnalités et organisations internationales. Parmi ces personnalités qui ont réagi, il y a le souverain pontife, le Pape François qui a appelé à l'intervention internationale pour sauver la forêt amazonienne33. Beaucoup ont été frappés par le fait que le 19 août 2019, la ville de Sao Paulo a connu quelques heures d'obscurité en milieu d'après-midi. Vers 15 heures, le ciel est devenu le noir, « comme si quelqu'un avait éteint le soleil ». Le phénomène s'expliquait par une combinaison atypique, de gros nuages bas et la présence de brouillard sec : chargée de particule en suspension, cette couche dense bloquait la lumière solaire. 31 Article 31 Juillet 2019, RTL, « Bolsonaro humilie Le Drian en lui préférant un rendez-vous chez le coiffeur ». Disponible sur https://www.rtl.fr/actu/international/bolsonaro-humilie-le-drian-en-lui-preferant-un-rendez-vous-chez-le-coiffeur-7798132802. Consulté le 30/10/2020 à 11h47'. 32 Tweet Emmanuel Macron du 22 Août 2019 - « Note maison brûle littéralement ». Disponible sur https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1164617008962527232. Consulté le 30/10/2020 à 12h36'. 33 Mouvement #ActForTheAmazon sur Twitter. Disponible sur 26 2.3.2. Réactions des personnalités et autres expertsA la suite de l'incendie des forêts de l'Amazonie brésilienne, certains observateurs étrangers n'ont pas hésité pas à parler de « paranoïa » quand il s'agit de définir l'attitude méfiante des Brésiliens envers toute ingérence sur l'Amazonie, c'est-à-dire ces observateurs ont été convaincus qu'à l'issu de cet incendie il y a eu un bon nombre de population qui ont rencontré des problèmes mentaux ou encore de trouble de l'intelligence. En 2008, la revue Veja publiait une étude montrant que 82,6% des militaires brésiliens croyaient que l'Amazonie était menacée par une invasion étrangère. En 2005, un sondage similaire montrait que 75% de la population était du même avis. C'est dire si ce sentiment est profondément ancré. Le sénateur Fernando Collor, ancien Président du Brésil, chef de la Commission des relations extérieures et de la Défense nationale (CRE) ne disait pas autre chose : « Il est vrai qu'il y a un intérêt international, le Brésil éveille les convoitises. La forêt amazonienne éveille les convoitises à cause de sa biodiversité. Nous devons être prêts à défendre toutes les avidités visant nos richesses ». L'ouvrage intitulé « Máfia verde : o ambientalismo a serviço do Governo Mundial » - la Mafia verte : l'environnement au service du gouvernement mondial, publié sous la direction du Mexicain Lorenzo Carrasco, dénonce les ONG et les écologistes les décrivant comme des « ennemis de la civilisation ». Ce brûlot a reçu un accueil très favorable au Brésil dans une large part de la population. Il dénonce une action politico-économique téléguidée par une oligarchie anglo-américaine qui se sert des ONG comme WWF, Greenpeace, la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller et bien d'autres chargées de mettre en place l'agenda du gouvernement mondial. Des fonds d'investissements américains achèteraient même des terres en Amazonie au travers de sociétés écrans selon l'ABIN, le service de renseignement national. Pourtant, le Brésil est le « champion » du monde en matière de déforestation. Au Brésil on prend très au sérieux toutes les déclarations des responsables étrangers concernés par la situation préoccupante de l'Amazonie : la déforestation, la condition des peuples indigènes, la pollution, la sauvegarde des espèces végétales et animales. Tout cela est considéré comme des manoeuvres hypocrites des puissances étrangères (sont souvent cités les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et même la Chine) dans le but d'arracher des pans entiers du pays 27 afin d'exploiter les ressources avérées et supposées de la forêt. Au Brésil on parle de « discours menaçants », de « convoitise internationale », d' « ingérences déguisées ». Eric G. L. Pinzelli34 pense que de nombreux citoyens Brésiliens « bien informés » pourraient citer les déclarations de Madeleine Albright : « quand l'environnement est menacé, il n'y a pas de frontière » ; de l'ex Président Gorbatchev : « le Brésil doit déléguer une partie de ses droits sur l'Amazonie aux organismes internationaux » ; du Prix Nobel de la paix Al Gore : « contrairement à ce que les Brésiliens pensent, l'Amazonie ne leur appartient pas, elle appartient à nous tous » ; ou encore de Pascal Lamy, alors commissaire européen, qui affirmait que les forêts tropicales devraient être considérées comme « un bien public mondial » et donc soumises à une gestion collective. Au Brésil, de telles déclarations ne sont jamais prises à la légère. Le général de réserve Luiz Eduardo Rocha Paiva déclarait ainsi récemment que les Guyanes constituaient la « tête de pont de One American News network OAN en sigle » parce que « là se trouvent la France, la Grande Bretagne et les Pays Bas ». Le Brésil serait donc un pays sans ennemi déclaré mais entouré d'ennemis potentiels. Il s'agissait d'un avertissement non déguisé.35 |
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