1-3- Variabilité de la distribution des
forêts congolaises
La forêt congolaise est qualifiée de formation
dense humide sempervirente selon Aubreville et Letouzey : la forêt se
développe sur un substrat ayant une structure géologique
caractérisée, dans la partie Nord et Nord-Ouest du pays, par une
épaisse couche de terrains sédimentaires ou quaternaires, et dans
la partie sud-ouest et Nord-Ouest, par deux zones précambriennes.
(Aubreville, 1958 ; Letouzey, 1957). De plus, cette forêt présente
des aspects divers, en fonction notamment de l'humidité du sol. Sita,
(1989). On distingue les forêts sur terre ferme et les forêts
marécageuses (Venntier, 1968 ; Moutsamboté, 1985 et 2012). Ainsi,
l'écosystème forestier en République du Congo n'est pas
uniforme sur l'ensemble du territoire national. Il est conditionné par
un certain nombre des facteurs abiotiques (température,
pluviométrie, éclairement), ou de nature climatique et de nature
édaphique ou lié au sol (nature chimique, fertilité du
sol, rapport avec l'eau, texture). Lambin et al. (2003) ont
identifié quatre grands
8
groupes de facteurs qui peuvent être
considérés comme les causes immédiates de la
déforestation et la dégradation de la forêt,
c'est-à-dire les facteurs qui agissent directement sur elles. Il s'agit
principalement : de l'extension des infrastructures ; de l'expansion de
l'agriculture ; de l'extraction du bois et autres facteurs.
1-3-1- Régénération des forêts
et succession végétales
Dans le sens des forestiers, la
«régénération naturelle» est une technique qui
fait appel à l'ensemencement spontané : elle s'oppose aux
techniques d'enrichissement ou de plantation (Alexandre, 1989). Dans le sens
des écologistes, c'est l'ensemble des processus dynamiques qui
permettent de reconstituer un couvert qui a été entamé. La
régénération naturelle est la faculté d'un
écosystème à se reconstituer spontanément
après une destruction totale ou partielle du couvert forestier. Elle
comprend l'ensemble des processus biologiques et écologiques qui
permettent aux peuplements de se renouveler (Baraloto, 2003). Elle conduit
souvent au développement d'un nouveau système forestier qui
retrouve progressivement de nombreuses propriétés de
l'écosystème forestier précédent (Cramer et
al., 2008).
Les successions primaires caractérisent
l'établissement d'une biocénose climacique sur un biotope
récemment formé. La dynamique d'occupation se fait sur une
surface nue au départ (Jaufret, 2001). Pour (Fournier et al.,
2001), les successions primaires correspondent à l'installation des
êtres vivants dans un milieu comme un sol nu qui n'a jamais
été peuplé. Les organismes qui s'installent en
1er sont qualifiés de pionniers.
Les successions secondaires correspondent au processus de
reconstitution de la végétation dans un milieu qui a
déjà été peuplé mais dont les êtres
vivants ont été éliminés totalement ou
partiellement par des modifications climatiques, géologiques
(érosion) ou par l'intervention de l'homme (défrichement). Une
succession secondaire conduit souvent à la formation d'un dis climax
différent du climax primitif (Alexandre, 1989).
Elles s'observent dans les milieux où une
végétation développée est détruite par une
agression externe (Diouf, 2011). Cette végétation reposait sur un
sol évolué, en règle générale plus fertile
qu'un sol jeune, et la dynamique conduit alors à un retour sur place
d'une formation qui existait avant la perturbation. Dans ce cas
«régénération naturelle» est synonyme de
«reconstitution». Au sens de Tansley (Alexandre, 1989), on parlera de
dynamique autogène et allogène. Quand le facteur d'agression est
l'homme, on peut parler de série anthropogène.
Le déroulement des successions est ainsi très
variable, les espèces diffèrent en fonction de la situation
géographique du site, de son sol, de son état de
dégradation. La durée même du
9
processus de reconstitution n'est pas identique dans tous les
cas. Dans chaque région, les successions sont visiblement très
marquées par le cadre éco-climatique, par d'autres facteurs du
milieu naturel (notamment édaphiques), mais aussi par des contraintes
imposées par l'homme (Fournier et al., 2001).
Clements (1936), pense que la succession secondaire est synonyme
du processus de reconstitution de la végétation après
destruction totale ou partielle d'une communauté préexistante.
|