ANNÉE ACADÉMIQUE : 2013-2014
UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA
UFR : Communication, Milieu et
Société Département de Géographie
MÉMOIRE DE MASTER
MENTION : Géographie Humaine Spécialité :
Géographie des transports
Sujet:
« ORGANISATION DU TRANSPORT DANS LA
VILLE DE BOUAKE »
Présenté par :
M. KALOU BI KALOU DIDIER
|
Sous la direction de :
M. ZAH Bi Tozan
Maître assistant
Sous la responsabilité scientifique de
:
M. KOFFI Brou Emile
Maître de Conférences
|
SOMMAIRE
2
SOMMAIRE 2
SIGLES ET ACRONYMES 3
DEDICACE 5
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENT 6
INTRODUCTION GENERALE 8
1 JUSTIFICATION DU SUJET ET REFLEXION SUR QUELQUES CONCEPTS
12
2 REVUE DE LA LITTERATURE 16
3 PROBLEMATIQUE 26
4 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 28
5 HYPOTHESES DE LA RECHERCHE 28
6 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 29
PREMIERE PARTIE : LES FACTEURS QUI ORGANISENT LE TRANSPORT
ROUTIER DANS LA VILLE DE BOUAKE 40
Chapitre 1: L'interaction entre transport routier et le cadre
urbain 42
Chapitre 2 : Les infrastructures et equipements de transport
dans l'organisation du transport
dans la ville de Bouaké 52 DEUXIEME PARTIE : LES
MOYENS DE TRANSPORT COLLECTIF DANS LA VILLE
DE BOUAKE 68
Chapitre 3: Les moyens habituels du transport collectif dans
la ville de Bouaké 70
Chapitre 4: L'emergence de nouveaux moyens du transport
collectif urbain à Bouaké 82
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DES ACTIVITES DU TRANSPORT
URBAIN 93
Chapitre 5: Impacts socio-economiques du transport dans la
ville de Bouaké 95
Chapitre 6 : Les effets nefastes des activites du transport
urbain 104
CONCLSUION GENERALE 114
BIBLIOGRAPHIE DE REFERENCE 116
TABLE DES ILLUSTRATIONS 121
ANNEXES 124
TABLE DES MATIERES 129
3
SIGLES ET ACRONYMES
AGETU
|
Agence de Gestion du Transport Urbain
|
AGEROUTE
|
Agence de Gestion des Routes
|
AVP
|
Accident sur la Voie Publique
|
AVS
|
A Votre Service
|
BNETD
|
Bureau National d'Etude Technique de Développement
|
CEA
|
Commission Economique Africaine
|
CEI
|
Commission Electorale Indépendante
|
CETMO
|
Centre des Etudes de Transport en Méditerranée
Occidentale
|
CFA
|
Communauté Financière Africaine
|
CFPA
|
Centre de Formation Professionnelle et d'Apprentissage
|
CHU
|
Centre Hospitalier Universitaire
|
CIDT
|
Compagnie Ivoirienne du Développement du Textile
|
CNO
|
Centre-Nord- Ouest
|
CNPS
|
Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
|
DRT
|
Direction Régionale du Transport
|
DST
|
Direction des Services Techniques
|
FFA
|
Fanny Fofana Assita
|
FECAAREG
|
Fédération des Coopératives et Associations
des Artisans de la Région du Gbêkê
|
GSPM
|
Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires
|
HCPETRCI
|
Haut Conseil du Patronat des Entreprises de Transport Routier de
Côte d'Ivoire
|
INFAS
|
Institut National de Formation des Agents de la Santé
|
INS
|
Institut National de la Statistique
|
MOS
|
Mode d'Occupation du Sol
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economique
|
OMS
|
Organisation Mondiale de la Santé
|
OSER
|
Office de la Sécurité Routière
|
PAST
|
Programme d'Ajustement Structurel des Transports
|
PND
|
Programme National de développement
|
PPU
|
Programme Présidentiel d'Urgence
|
PRICI
|
Programme de la Renaissance des Infrastructures de Côte
d'Ivoire
|
PST
|
Programme Sectoriel des Transports
|
4
PUR
|
Programme d'Urgence de la Renaissance des infrastructures
urbaines
|
RER
|
Réseau Express Régional
|
RGPH
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
SOTRA
|
Société des transports d'Abidjan
|
SOTUB
|
Société de Transport Urbain de Bouaké
|
STRAC
|
Société des Transports du Cap-Vert
|
STUB
|
Société de Transport Urbain de Bouaké
|
SYMTB
|
Syndicat des Motos Taxis de Bouaké
|
UTB
|
Union des Transports de Bouaké
|
DEDICACE
5
Ce mémoire est dédié à mes
défunts parents, plus particulièrement à mon oncle GBESSI
Bi Kalou Robert, sans qui ma scolarité allait s'arrêter au CM2
après la mort de mon père. Tonton que ton âme repose en
paix. Parents d'où vous vous trouvez, ayez un droit de regard sur votre
petit Didier. Papa et Maman que la terre vous soit légère. Amen
!!!
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENT
6
Dans le but de mieux comprendre le fonctionnement de certains
secteurs d'activité qui contribuent au bien-être des populations,
nous nous sommes intéressés au secteur du transport dans l'espace
urbain de Bouaké. L'objectif de notre travail sur l'organisation du
transport dans la ville de Bouaké est de connaître les facteurs
qui contribuent à l'organisation de cette activité, les
différents moyens du transport collectif et les impacts de
l'activité du transport dans la ville de Bouaké. Nous tenons
à souligner que ce mémoire est notre contribution à la
compréhension d'une activité qui apparait à la fois loin
et proche de tous « le transport».
Avant de présenter ce travail, nous tenons à
remercier celles ou ceux qui de près ou de loin ont contribué
à son aboutissement. Ce document est le couronnement de nos efforts. Il
est le résultat d'un travail de longue haleine. Ce mémoire
n'aurait certainement pas pu être mené à son terme si nous
n'avions pas bénéficié de la disponibilité, de la
compréhension et de la collaboration de certaines personnes et
institutions ressources.
Ainsi, nous remercions tout le corps enseignant du
département de géographie de l'université Alassane
Ouattara. Une note spéciale est adressée au Professeur DJAKO
Arsène qui déjà en licence nous a inculqué les
rudiments de la recherche scientifique en géographie.
Nous accordons notre reconnaissance très appuyée
au Docteur TOZAN, qui n'aménagé aucun effort pour mener à
bien notre encadrement par sa disponibilité et ses observations toujours
justes et surtout sa courtoisie et sa compréhension de nos
difficultés et de nos limites en tant qu'étudiants. Aussi, nous
remercions le Professeur KOFFI Brou Emile, le responsable scientifique de notre
travail qui a toujours été disponible lorsque nous le
sollicitons. Nous remercions également Docteur AYENON enseignant
d'Histoire et Géographie au Lycée Moderne TSF de Bouaké
pour ces remarques et ses recommandations toujours justes.
Nos reconnaissances sont aussi dédiées à
des personnes ressources qui nous ont aidés d'une manière ou
d'une autre. Ce sont monsieur SACKO Brahima, Directeur Régional du
transport, qui nous a facilité l'accès à tous les services
relevant de ses compétences. Monsieur SANOGO Aboulaye, Directeur du
service transport à mairie de Bouaké et tout le personnel des
différents services techniques de la mairie. Monsieur le commandant du
groupement des sapeurs-pompiers militaires et tout le personnel de son service
des registres.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
messieurs SANOU Adama coordinateurs des gares de gbakas de Bouaké et
chef de ligne d'Ahougnassou, SOMA Aboubacar
7
responsables syndical des motos-taxis, Sékou TOURE
gérant de la STUB et monsieur N'DRI vice-président de la
société SOTUB.
Nous remercions aussi monsieur KOUAME Yao Lambert, Doctorant
au département de géographie à l'université
Alassane Ouattara. Monsieur MOINTI Bi Zahouo Abraham, étudiant en
Licence 2 d'Histoire, qui nous a aidés dans nos enquêtes. Nous
accordons aussi une note de reconnaissance aux camarades étudiants en
Master II, en particulier à messieurs ZAMBLE Bi Irié
Élisé et ISSA Bonaventure Kouadio, avec qui nous partagions nos
difficultés. A mademoiselle SILUE Hodanhan qui nous aide au quotidien
à travers ses soutiens.
Quant aux institutions, nous accordons des notes de
reconnaissances aux différents services de l'université Alassane
Ouattara qui ont été toujours prêts à nous
délivrer des documents exigés par les différents services
techniques de la ville de Bouaké. Nous remercions également la
mairie de Bouaké qui dans sa réponse à notre demande
d'autorisation de recherche dans la ville, nous a accordé un stage de
deux mois dans le domaine du transport. Nous ne saurions clore cette liste de
reconnaissance sans faire un clin d'oeil aux services du Haut Conseil du
Patronat des Entreprises de Transport Routier de Côte d'Ivoire
(HCPETRCI), section de Bouaké.
8
INTRODUCTION GENERALE
Dans le champ de la géographie actuelle des transports,
l'approche spatiale est privilégiée. Il existe un rapport
dialectique entre transports et aménagement des territoires avec des
interactions réelles entre réseaux de transports et espaces
(KAUFMANN et al., 2003). Le transport, l'un des secteurs clés du
développement d'un territoire, facilite non seulement les
échanges entre agents économiques, mais également
améliore la circulation des personnes et des biens, des idées et
des services, ainsi que le raffermissement des liens d'amitié et de
fraternité entre les peuples (MVUEZOLO, 2005). Aussi, faut-il comprendre
que l'économie et la qualité de vie dans une ville
dépendent essentiellement des systèmes de transport de celle-ci
(OCDE, 2003).
Les systèmes de transports, tous modes confondus,
constituent des facteurs d'intégration physique et économique
d'un pays. C'est l'un des vecteurs du développement de la promotion des
échanges et de la cohésion sociale. De ce fait, tous les pays
cherchent à établir des systèmes de transport
adéquats, efficaces et forts variés dans leurs espaces physiques.
La dynamique urbaine d'un pays repose en grande partie sur des systèmes
de transport mis en place par ce pays (ZORO, 2007).
En fait, le phénomène urbain introduit en
Afrique par la colonisation avait plusieurs objectifs, entre autres : le
quadrillage de l'espace colonial, la création des centres de
contrôle politique et d'encadrement administratif des populations, la
création des marchés pour développer une économie
de traite et enfin la création d'un cadre sain de vie, favorable
à une installation de longue durée. Ce faisant, le milieu urbain
apparait ainsi aux yeux des indigènes (populations africaines) comme un
espace à conquérir, à connaître et à s'y
intégrer forcement. Ainsi, après les indépendances, ce
phénomène va continuer à progresser et prendre une allure
fulgurante à cause de l'exode rural et de l'augmentation rapide de la
population totale de ces pays. D'où la situation critique des citadins,
dues au fait que cette croissance urbaine se produit depuis un certain temps
dans un contexte de manque de véritables politiques de transport
collectif urbain.
La Côte d'Ivoire, à l'instar des autres Etats
subsahariens ne sera pas en marge de ce nouveau mode de vie (urbanisation). En
fait, l'urbanisation de ce pays a démarré timidement avec la
colonisation, par la création de quelques villes (Grand-Bassam, Abidjan,
Bingerville, Bouaké) pour ne citer que celles-là. Elle va
véritablement s'accélérer à partir de
l'Indépendance
9
(1960), et grâce au miracle économique des
années 1960 (le boom de l'économie de plantation) qui entraine
plusieurs mouvements migratoires (l'exode rural et l'immigration
étrangère). Dès lors, la Côte d'Ivoire connaît
à la fois une croissance démographique galopante (4,48%), et une
croissance urbaine extrêmement rapide. De 4,6% entre 1921 et 1932, le
taux moyen de croissance urbaine ivoirienne est aujourd'hui autour de 7,5% par
an pour toutes les villes de l'intérieur (KOFFI, 2002). Ce qui fait de
la Côte d'Ivoire, l'un des pays à fort taux de croissance urbaine
au monde.
Les villes ivoiriennes se caractérisent comme toutes
autres villes de l'Afrique subsaharienne par une urbanisation horizontale,
dispendieuse en espace et de flux de déplacements spatialement diffus.
Bouaké, seconde ville de la Côte d'Ivoire du point de vue
démographique est l'un des exemples de cette croissance urbaine rapide.
En effet depuis sa création en 1900, cette ville n'a cessé de
croître pour devenir en moins d'un demi-siècle, l'une des plus
importantes agglomérations urbaines d'Afrique de l'Ouest du point de vue
de sa population et des services qu'elle offre. De seulement 3 500 habitants en
1900, la ville de Bouaké comptait à l'Indépendance en
1960, 55 000 habitants et 461 618 habitants en 1998 (INS ,1998). D'après
l'enquête réalisée par le service des infrastructures de la
mairie de février 2013 à mars 2014, Bouaké compte
actuellement 39 quartiers (carte n°2). Cet accroissement
rapide et peu planifié de Bouaké, comme toutes les villes
ivoiriennes, entraine des difficultés de transport à
l'intérieur des villes ivoiriennes d'une part et d'autre part des
déficits de liaisons routières entre elles par le manque de
matériels et d'infrastructures de transport collectif et individuel.
Cette réalité des difficultés de
transport dans toutes les villes, va amener l'Etat ivoirien à oeuvrer
pour un système de transport capable d'accompagner sa dynamique urbaine
et par ricochet celle de son économie. Ainsi, comme tous les autres pays
africains sortis fraîchement de la colonisation, la Côte d'Ivoire
va mettre l'accent sur le développement et la modernisation des
transports, tant en ce qui concerne le déplacement des personnes que le
transit des marchandises. C'est ainsi que, d'importantes infrastructures sont
réalisées dans tous les différents secteurs du transport
(Transport routier, Transport ferroviaire, Transport maritime et Transport
aérien). Un accent particulier a été mis sur le transport
routier urbain par la création d'une société de transport
commun « la SOTRA » à Abidjan, mais aussi l'adoption d'une
législation approfondie dans ledit secteur pour toutes les villes.
Etant donné qu'on soit en milieu urbain ou en milieu
rural en Afrique, c'est le transport routier qui demeure le premier mode de
transport et de déplacement (SOUMANA, 2010).
10
Dans cette étude, nous avons décidé
d'analyser l'organisation de cette activité dans la ville de
Bouaké. Aussi, vu que ce type de transport renferme plusieurs pans, de
façon particulière, nous avons décidé de nous
limiter seulement qu'au transport collectif, à savoir : les munis-cars
(gbakas), les taxis-moto, les taxis-villes et les sociétés de
transport de Bouaké comme STUB et SOTUB.
Carte n°1 : La région de
Gbêkê
Carte n°2 : Les quartiers de la ville de
Bouaké
11
12
1 JUSTIFICATION DU SUJET ET REFLEXION SUR QUELQUES
CONCEPTS
1-1 La justification du sujet
Notre sujet, apparaît d'actualité, car à
l'aube de la mondialisation et des politiques d'intégrations
régionales et sous régionales, les transports constituent l'un
des leviers fondamentaux de l'aménagement et la structuration spatiale
des villes à travers le drainage des flux et les connexions entre les
différentes réalités sociales (FAYE, 2013). Aussi,
constituent-ils des vecteurs de rapprochement et l'un des secteurs pourvoyeurs
d'emplois (KASSI, 2007). À cela, il faut noter que le transport se
présente aujourd'hui comme l'une des données primordiales du
développement des sociétés modernes avec
l'évolution des déplacements des marchandises et des personnes
(LENORMAND, 2002). Ainsi les transports tous modes confondus, de par leurs
dynamismes améliorent les conditions de vie de l'homme, qu'il soit un
acteur direct ou indirect. C'est pourquoi nous avons jugé bon de nous
intéresser à ce secteur d'activité.
? Mais, pourquoi le transport collectif ?
Le transport collectif, à la différence des
voitures personnelles, assure simultanément, le déplacement
public des voyageurs : ce sont les taxis communaux, les minicars « gbakas
», les sociétés d'autobus et aujourd'hui à
Bouaké les taxis-motos (ALOKO, 2001). Les difficultés
économiques que connait la Côte d'Ivoire depuis les années
1980 (crises économiques), tout comme les multiples crises
politico-militaires qu'elle a traversées (de 1999 à 2010), ont
affecté durablement tous les secteurs d'activités. La politique
de privatisation, ou de désengagement de l'Etat dans bien de secteurs
d'activités comme celui du transport routier, initiée dès
les années 1990 ont occasionné une désorganisation dudit
secteur, car le privé veut maximiser le profit.
Aujourd'hui, se déplacer dans les grandes villes
ivoiriennes est synonyme de casse-tête, bien que le cas de Bouaké
soit acceptable par rapport à celui d'Abidjan. Avec, l'évolution
de la situation du transport collectif dans ces villes, chacun se doit de
s'interroger sur son organisation, pour comprendre son fonctionnement et
proposer quelques pistes de solutions aux problèmes de ce type de
transport. Aussi, nous avons choisi le transport collectif, parce que tout
habitant d'une ville ou toute autre personne désireuse d'y passer un
temps est
13
directement ou indirectement influencé par les
infrastructures et équipements de transport, mais aussi par
l'organisation du transport collectif de cette localité. Dans le cas la
ville de Bouaké, elle est frappée par une évidence
implacable. L'expansion rapide de la ville et l'absence de l'administration
pendant la crise ont fait du secteur de transport collectif, le lit de nombreux
problèmes liés à l'occupation spatiale
désordonnée du territoire communal, impactant les
déplacements des personnes et des biens. Selon le maire DJIBO (2013),
Bouaké porte aujourd'hui le visage d'une ville défigurée
par l'occupation anarchique de ses espaces verts, de ses réserves
administratives, de ses aires de jeux. Ainsi, nous voulons analyser le
fonctionnement de cette activité dans la ville de Bouaké, et
aussi connaître son importance économique.
1-2 Réflexion sur quelques concepts
Le sujet de notre étude fait intervenir quelques
notions ou concepts tels que la ville et le transport collectif, qui sont
également communs à diverses disciplines.
? La ville
Définir la ville n'est pas chose aisée, c'est un
concept complexe et très délicat à appréhender.
C'est cette difficulté qui a poussé BEAUJEU-GARMIER1
à révéler son impuissance à définir cette
notion : « la ville, je sais ce que c'est tant qu'on ne me demande pas
de la définir ». Pour EGAL (1999), la ville se base sur la
nécessité de valorisation et de rapprochement entre les services
et les habitants pour favoriser « un meilleur accès aux lieux
de travail et de commerce » et d'économiser de
l'énergie du temps, de l'espace et les coûts de construction des
réseaux (routes, d'eau, d'électricité) relativement
élevés dans la ville. Il évoque la théorie de ville
compacte. Dès, les années 1960, la ville est analysée
comme un système complexe, un lieu d'interaction sociale avec des
modèles et des paradigmes très variés. La ville est la
première phase d'organisation géographique et fonctionnelle.
C'est un génotype de substance sociétale fondé sur la
coprésence. « La coprésence est le regroupement de maximum
d'individus, d'activités ou de firmes sur un même espace dans le
but d'accroître l'efficacité
1 Cité par (FAYE D, 2013)
14
économique et des interactions sociales qui doivent
être facilitées par la proximité géographique
». L'organisation et le fonctionnement des collectivités
territoriales, qui définit cinq (5) catégories de
collectivités territoriales, la ville est un regroupement de plusieurs
communes contiguës. Si, nous retenons cette catégorisation, nous
pouvons dire que Bouaké n'est pas encore une ville car composé
d'une seule commune. Mais, elle l'est si l'on tient compte de la
définition de ville en vigueur en Côte d'Ivoire : « est
considérée comme ville, toute localité de plus de 3 000
habitants agglomérés, dotée d'une fonction politique et
administrative, qui se distingue du village par le niveau de ses
équipements, et au sein de laquelle la population active non agricole
dépasse 50 % (INS, 2001) ». Cette
définition nous fait sortir du débat et donc le titre de ville
que porte l'agglomération de Bouaké est belle et
mérité, car c'est une localité qui comptait au moins 461
618 habitants en 1998.
? Le transport collectif à Bouaké
Selon le Dictionnaire (De la Géopolitique aux
paysages), le mot « transport » est composé du latin
« trans » qui signifie par-delà ou à travers
et de « portare » qui veut dire porter. C'est donc en un
mot, porter quelque chose ou quitter d'un lieu à un autre. Le transport,
c'est l'action d'acheminer des personnes ou des biens au moyen
d'équipements particuliers. C'est aussi le fait de se déplacer
d'un point à un autre. Le transport est aussi la manière de se
déplacer ou de faire parvenir par un procédé particulier
(animal, véhicule, récipient, etc.). Il comprend non seulement
les conditions de déplacement, le déplacement de personnes et de
biens mais aussi la transmission des messages et des images.
Le transport collectif est un type de transport qui assure le
déplacement public des voyageurs. Dans le cas de la ville de
Bouaké, il est assuré par : les taxis-communaux, les minicars
« gbakas », les taxis-motos et les sociétés
d'autobus.
Le transport routier
Transport collectif
Véhicules motorisés
Véhicules non motorisés
Transport privé (personnes)
Les charrettes
Les véhicules lèges
Les bachées
Les tricycles
La STUB
La SOTUB
Les véhicules lourds
Les remorques et citernes
Les quatre roues (voitures)
|
Les
|
Les
|
Les
|
Les
|
gbakas
|
taxis-
|
entreprises
|
motos-
|
|
ville
|
de transport
|
taxis
|
|
Les bernes
Les
bourrettes
Les deux roues (vélos et motos)
Transport de marchandises
Transport de personnes
Source : Mairie de Bouaké Réalisation et
conception KALOU BI K Didier, 2014
Figure 1 : Le cadre conceptuel de la décomposition
du transport terrestre
2 REVUE DE LA LITTERATURE
Le secteur du transport nous semble très pertinent et
délicat surtout dans les villes du sud et particulièrement en
Côte d'Ivoire. Cette pertinence de ce secteur a amené de nombreux
chercheurs et institutions internationales à accorder un
intérêt particulier à l'activité. Les travaux qui y
ont été consacrés témoignent de l'importance de la
problématique. Certains ont orienté leurs recherches sur la
complémentarité entre l'espace urbain et l'évolution des
systèmes de transport, d'autres sur les différents types de
transport ou sur les difficultés de déplacements dans les villes
du sud et enfin sur l'importance du transport dans l'économie des pays
en développement.
2-1 La complémentarité entre urbanisation et
dynamisme des transports collectifs
Pour beaucoup d'auteurs, la ville est le support idéal
des activités de transport. Ils soutiennent qu'à l'échelle
urbaine, le transport collectif constitue l'un des leviers fondamentaux de
l'aménagement et de la structuration spatiale. L'espace est alors un
support sur lequel doivent s'inscrire des réseaux coordonnant des
mouvements d'hommes et de produits. Pour ces auteurs, les systèmes de
transport collectif sont des instruments majeurs dans l'organisation de
l'espace de la ville. Ainsi, le transport collectif urbain joue un rôle
indispensable dans le développement urbain.
Pour FAYE (2013), l'évolution conjointe des
réseaux de transport et l'urbanisation périphérique
fulgurante des villes africaines est devenue très courante partout sur
le continent ces trente dernières années. Toujours, selon lui, la
question du rapport entre transport collectif et fabrique de la ville constitue
une problématique très actuelle. Il remarque qu'à l'image
des extensions périphériques où de l'urbanisation
désordonnée, la qualité de desserte est médiocre
dans les grandes villes. Pour lui, la ville et le transport collectif
entretiennent des rapports dialectiques, des dynamiques d'interaction et
d'influence mutuelles. Dans la même veine d'idée, FAYE souligne
que la mise en place d'un système de transport collectif est absolument
nécessaire pour améliorer les mobilités quotidiennes et
conjurer la distance. FAYE va plus loin en soutenant que le
développement urbain peut conditionner les choix opérés
par les usagers en termes de déplacement et de moyen de transport. Les
transports constituent des instruments privilégiés de production
de l'habitat, des lieux d'activités et de sociabilités dans les
villes d'Afrique subsaharienne.
17
Quant à GHENOUCHI (2008), il soutient que l'espace est
un support sur lequel s'inscrivent des réseaux coordonnant des
mouvements d'hommes et de produits entre les différents centres et les
différentes régions. Ces mouvements se traduisent par l'existence
de flux (d'énergie, de matières, de biens, de capitaux,
d'idées...) et expliquent la dynamique de ces phénomènes
géographiques dans cet espace. Pour lui, tout développement
économique d'un territoire implique une croissance et toute croissance
entraîne une intensification des transports des biens et des personnes.
Dans le même ordre de réflexion, GHENOUCHI souligne que l'absence
d'un réseau adéquat peut donc constituer un facteur de blocage au
développement. Ainsi, la mise en place de réseaux de transports
adéquats constitue un instrument de développement harmonieux d'un
pays. Le transport est indéniablement un secteur clé pour une
meilleure intégration physique régionale. Il contribue en outre,
à la réduction des disparités sociales et
économiques et permet l'attraction des investissements.
Pour MVUEZOLO (2005), l'Afrique est un continent immense dont
plusieurs contrées sont encore enclavées à ce jour. De ce
fait, elle nécessite des systèmes de transport adéquats,
efficaces et fort variés, car de l'intégration des
différents systèmes de transport adaptés à son
espace physique dépend en majeure partie son développement. En
effet, l'ouverture et l'accroissement des échanges rendus possibles
grâce auxdits systèmes ont pour rôle de stimuler la
croissance économique. Il soutient même que le manque de
communication adéquate entre la ville et la campagne d'un
côté, et entre les zones de production et celles de forte
densité et consommation de l'autre, se trouve à la base du
développement déstructuré de l'espace africain. MVUEZOLO,
rêve de routes et de chemins de fer panafricains, dont le but serait de
relier les grandes aires économiques et démographiques du
continent. Pour lui, ce qui représentera l'un des atouts fort
intéressants dans le cadre de l'aménagement du territoire et de
la qualité de vie des populations sur le continent africain.
La place de chaque élément dans un espace
géographique ne se comprend que dans ses relations avec les autres. Dans
une étude des villes, l'articulation systémique entre zones
urbaines et réseaux de transport est déterminante. La mise en
relation des territoires urbains à tous les niveaux géographiques
par des flux de personnes, des échanges de biens matériels et
immatériels est une nécessité notoire. La ville est aussi
le support des transports avec lesquels elle entretient des relations
d'interdépendances et d'influences mutuelles. Pour cette raison, il est
difficile d'imaginer un territoire sans réseaux de transport (KAUFMANN
et al., 2003).
18
ALOKO (2001), dans son étude sur « les relations
entre transports collectifs et espace urbain de Bouaké », fait une
liaison entre l'évolution spectaculaire spatiale de la ville de
Bouaké et l'évolution de son système de transport
collectif. Il révèle que de 1960 à 1965, l'espace urbain
de Bouaké s'est trouvé multiplié par 2, et jusqu'en 1998,
sa population s'est vue croître à un rythme de 4,7%. Toutes ces
évolutions tant spatiales qu'humaines ne se sont pas faites en marge des
systèmes de mobilité. Le déplacement des personnes et des
biens va s'accompagner de l'introduction progressive des taxis collectifs dans
les années 1960, puis des gbakas à la fin des années
1979.
On note que la ville, est en perpétuelle
réinvention, au sens où elle est le résultat
matériel de l'action humaine et pas uniquement d'un héritage du
passé. Dans les pays subsahariens les formes urbaines sont le fruit d'un
aménagement collectif, à la fois institutionnel et informel,
d'où une constante transformation. Certaines transformations des villes
ne sont pas toujours le fruit d'une volonté urbanistique, mais le fait
des hasards. En Afrique subsaharienne, ces différentes transformations
des villes se font sans un système de transport adéquat surtout
le transport collectif. Ce qui entraine des dysfonctionnements de tout genre
dans ces grandes villes.
2-2 Les différents types de transport dans les villes
du sud
Les systèmes de transport urbain sont très
diversifiés et en mutation rapide dans les villes en
développement et particulièrement dans les villes africaines.
Pour nombre de recherches, les moyens de transport et de communication sont des
outils privilégiés de l'étude spatiale de ces villes.
GODARD (2009), au colloque international sur l'environnement
et les transports dans des contextes différents, relève que la
bicyclette est peu utilisée sur le continent africain (excepté
Ouagadougou). Et ce malgré les nombreux avantages de la bicyclette pour
les trajets de courte distance. Il poursuit sa réflexion sur les
principaux modes de déplacement, pour souligner que, malgré que
le modèle automobile soit attractif partout dans le monde, son extension
en Afrique se heurte à de nombreuses contraintes: coût
d'acquisition des véhicules, coût d'usage (carburant notamment)
etc. Quant à l'utilisation des motos dans le monde, certaines villes se
révèlent atypique avec un fort taux d'usage des deux roues. Il en
distinguer deux catégories de villes :
19
- Les villes où les motos sont privées, il donne
l'exemple emblématique en Afrique de Ouagadougou où ces deux roux
dominent le système de mobilité. En Asie, le Vietnam est
pratiquement le pays de motos, avec une part de l'ordre de 60 à 70% des
déplacements motorisés tant à Hanoi qu'à Ho Chi
Minh ville.
- Les villes où les motos sont utilisées
principalement en motos-taxis; l'exemple de la ville de Cotonou avec les
Zémidjan qui couvrent 60% des déplacements motorisés est
la plus notoire. Même dans les pays développés,
l'introduction des taxis-motos se fait avec succès mais à une
échelle très restreinte, c'est le cas de la ville de Paris en
France.
Ainsi, pour KASSI (2007), l'urbanisation rapide des villes
subsahariennes, est synonyme d'éloignement spatial tout azimut, ce qui
joue un rôle primordial dans le choix des moyens de transport. En effet,
cette extension spatiale pose d'énormes problèmes aux citadins
comme ceux d'Abidjan du fait de la desserte limitée du transport public.
Ces populations se tournent alors vers le transport populaire, donnant ainsi
une notoriété aux minibus « gbakas » et favorisent une
forte émergence des taxis collectifs «
wôrô-wôrô ». L'étalement urbain d'Abidjan
montre les difficultés des autobus (transport publique) 2dont
le réseau de lignes n'a pas suivi cette expansion, créant ainsi
une inadéquation entre l'offre et la demande et ce qui entraine une
certaine dynamique des transports populaires (privés). Ces types de
transports ont su profiter des insuffisances des autobus pour
pénétrer d'avantages les quartiers lointains et assurer un
complément de service indispensable dans les liaisons
périphériques-centre-ville. KASSI donne l'une des causes de la
multiplication des différents moyens de transport dans
l'agglomération Abidjanaise en ces termes : «la crise
financière qu'elle traverse et les limites gestionnaires dont elle a
été l'objet, font que la SOTRA n'est plus en mesure de remplir
convenablement sa mission de service public. Son offre s'adapte de moins en
moins à la demande des nouveaux espaces, qui en sont presque ou
totalement privés et dans les quartiers centraux, la desserte reste
insatisfaisante. L'émergence actuelle des transports populaires tente
d'apporter une solution à ce déséquilibre ». KASSI
évoque le transport populaire comme une alternative au transport
formel.
Pour ZORO (2007), la marche à pied constitue le
principal moyen de déplacement dans la mégapole abidjanaise. Il
renforce son argumentation à la suite de l'enquête qu'ils ont
réalisé lui et quatre autres étudiants du lundi 25 Octobre
2004 au 02 Novembre 2004 sur un
2 SOTRA
20
échantillon de 975 personnes. De cette enquête il
ressort que 75% des personnes interrogées utilisent la marche à
pied. Et que ce mode de déplacement se fait sur de courtes distances.
L'essentiel des déplacements, 83%, s'effectue dans une fourchette de 5
à moins de 60 minutes, avec une durée moyenne de
déplacement qui est de 32 minutes. Les déplacements en gbakas,
qui concernent la majorité des flux intercommunaux ont une durée
relativement longue avec en moyenne 36 minutes et près d'une heure
d'autobus (SOTRA). Ainsi, la marche s'impose comme le premier type de transport
dans la ville d'Abidjan.
BEGUIN (2006), lui évoque le transport guidé.
Par transport guidé, on entend le transport qui est assuré par
les appareils suivants : métro, tramways, train express urbains (RER :
Réseau Express Régional). Ce type de transport se
développe de plus en plus en raison de la qualité de transport de
masse qu'il constitue. Aussi, il est peu polluant et a de nombreux avantages
tels que: la diminution des encombrements automobiles en ville, les coûts
de transport plus abordables face au prix croissant du carburant automobile et
aux tarifs élevés des vols aériens. Tous les pays du monde
veulent arriver à ce type de transport.
2-3 Les difficultés du transport dans les villes du
sud
Plusieurs auteurs ont révélé à
travers leurs différentes recherches les maux dont souffre le transport
routier des pays pauvres. Malgré ces difficultés, ce secteur
d'activité, demeure très vivace et s'amplifie de plus en plus.
Pour YONLIHINZA (2011), en Afrique, la faiblesse de l'offre
des services de transport, la vétusté des infrastructures et le
difficile accès aux moyens de transport, sont des problèmes
récurrents pour les populations. Toujours pour étayer son
argumentation, YONLIHINZA donne les statistiques de la Commission
Économique Africaine (CEA, 2004) qui montrent qu'en Afrique les routes
qui permettent une mobilité permanente (qu'on soit en milieu urbain ou
rural) représentent 1 500 000 km, soit une densité
routière de 6,84 km/100 km2 contre 12 km/100 km2
pour l'Amérique Latine et 18 km/100 km2 en Asie. En ce qui
concerne la France cette densité est de 177 km/100 km2, 69
km/100 km2 aux USA et de 311 km/100 km2 au Japon. De ces
chiffres, il apparaît que le réseau routier africain est l'un des
plus faibles au monde. Ainsi, l'insuffisance d'infrastructures et de services
de transport demeure un obstacle majeur au développement de l'Afrique.
Le manque d'infrastructures de transport figure désormais parmi les
principaux indicateurs de la pauvreté du continent.
21
HASSAN (2009), dans son étude réalisée
sur « Les besoins de formation en transport dans les pays de la
méditerranée occidentale: cas des pays du Maghreb », a
montré que les pays d'Afrique du Nord au même titre que ceux
d'Afrique subsaharienne, sont aussi confrontés à la même
réalité du transport. L'un des problèmes majeurs du
transport dans cette partie d'Afrique est la non qualification associée
à une méconnaissance totale de la réglementation du
transport par la majorité des opérateurs dudit secteur. Vue
l'ampleur de la situation, l'Algérie par exemple a été
obligée en 2008 de créer 734 centres de formation professionnelle
et d'apprentissage (CFPA), qui seront chargés d'assurer la formation des
ouvriers et des techniciens du secteur de Transport.
Quant à TOURE (2008), lui, il touche l'un des
problèmes graves du transport routier en Côte d'Ivoire en
générale, et en particulier du transport urbain ivoirien:
le racket. Le racket est défini comme une extorsion de
fonds par l'intimidation, la terreur ou le chantage. Il est l'un des obstacles
majeurs au développement du transport en Côte d'Ivoire. Surtout
à la faveur de la crise politico-militaire de Septembre de 2002, le
racket est devenu le premier obstacle à la libre circulation des
personnes et des biens. Qu'on soit en milieu urbain où sur les routes
internationales, on assistait sur les barrages routiers à des rackets de
tout genre. L'impact indirect de ce phénomène se traduit souvent
au niveau des transports par une augmentation des prix de location ou du tarif
communiqué aux usagers des véhicules de transport en commun de
voyageurs. Pour ces opérateurs, ils sont contraints d'agir ainsi pour
compenser les montants payés au titre du racket.
PLAT (2002), dans la revue de Godard X (éd),
relève l'un des problèmes dont souffrent le transport et la
mobilité en Afrique sud Saharienne : la cherté des
véhicules, mais aussi le coût d'entretien au quotidien. Il en
donne pour exemple, qu'une voiture achetée à 8000 F
Français d'occasion dans un pays du Nord, est revendue jusqu'à
trois fois plus que le prix d'achat en Côte d'Ivoire ou au Cameroun.
Aussi, une fois acquise, son entretien impose au propriétaire de
débourser au moins 50 000F CFA par mois. Tout cela entraine la
rareté de voitures et surtout neuves. PLAT se base sur les chiffres
cités par [GODARD, TEURNIER, 1992] pour prouver qu'à Abidjan,
l'équipement en voiture qui était pendant le miracle
économique des années 1960 le double de certains pays a
chuté de 16% entre 1977 et 1988. Cette tendance continue, et s'est
même accélérée avec des moments troubles qu'a connus
ce pays (coup d'Etat de 1999 et la crise militaire de 2002 à 2010). On
pourrait retenir de sa réflexion, que, quelle que soit l'échelle
d'observation, le continent africain paraît à l'écart du
mouvement général de motorisation des ménages.
22
2-4 Les accidents de la route, un phénomène
mondial
Les accidents de la route sont ressentis dans les mêmes
proportions sur tous les continents et dans tous les pays. Mais en termes de
gravité, les pays en développement sont les mal-logés.
Partout, chaque jour est marqué par son lot d'accidents de circulation.
Ce phénomène d'accidents de la route est devenu l'une des
premières causes de mortalité. L'impact psychologique des
accidents de la route est ressenti presque dans le même degré, que
ça soit chez le riche que chez le pauvre, chez l'accidenté que
chez le secouriste.
C'est qui amène LOUCIF (2009) à dire que
l'accident de la route est considéré comme
l'événement le plus perturbateur dans la vie. A tout moment,
chacun peut être victime d'un accident de la route, ou encore en causer
un. C'est le seul phénomène de la vie où l'agresseur et
l'agressé éprouvent les mêmes sentiments douloureux. Cela
prouve que l'accident de la route est « doté » d'une puissance
énorme. En effet, les proportions des accidents des routes sont
très alarmantes, cela se voit dans un rapport de l'OMS cité par
LOCUIF: « les accidents de la route font chaque année 1,2
million de morts et l'on ne compte pas moins de 50 millions de blessés
ou de personnes handicapées. Pour l'OMS, si l'on n'améliore pas
tout de suite la sécurité routière, le nombre de morts sur
les routes augmentera selon les estimations de 80% dans les pays à
revenu faible ou intermédiaire d'ici 2020 » car la
qualité des routes dans ces pays reste à désirer.
Les pays développés ne sont pas eux aussi
épargnés. Selon CHEYNEL (2007), les accidents de la route sont un
problème majeur de santé publique en France, malgré une
amélioration du comportement des conducteurs, favorisée par des
mesures coercitives, de prévention routière et le
perfectionnement de la sécurité des véhicules. Cela se
voit à travers les chiffres des services de la sécurité
sociale française publiés par CHEYNEL : « du 1er mai 2004 au
30 avril 2005, une étude a dénombré 2 279 victimes des
accidents de la route survenue sur le seul territoire du département de
la Côte d'Or ». Ce chiffre concerne tous les engins de circulation
terrestre qui sont entre outre voiture, train, métro, bicyclette, pour
ne citer que ceux- là. Ce chiffre en dit long sur ce
phénomène en France.
BEGUIN (2006), évoquant la sécurité dans
le transport guidé, révèle que du fait de leur haute
technologie, ces modes de transport apparaissent aujourd'hui comme les plus
sûrs. Ici, la sécurité est d'autant plus recherchée
que l'occurrence des accidents peut entrainer la perte de confiance des
utilisateurs dans leur propre système. C'est en cela BEGUIN dit que la
sécurité, c'est maitriser les risques car son élimination
totale est illusoire.
23
La sécurité dans le transport terrestre, voire
routier est de nos jours objet de toutes réflexions. Car l'homme veut
aller plus vite, à moindre coût et en toute
sécurité. Bien vrai qu'il sait, qu'il ne peut avoir de
sécurité zéro risque dans n'importe quel domaine qu'il
soit. L'homme souhaite la garantie maximum possible de sécurité
sur toutes les routes et en particulier sur les routes africaines, voir
ivoiriennes et même celles dans la ville de Bouaké.
2-5 Les enjeux du transport routier
En parlant d'enjeux, nous voulons montrer les gains, mais
aussi les pertes, en un mot l'importance des appétits qu'aiguise le
transport, surtout routier. En d'autres termes son importance
économique, et surtout dans les pays en développement.
C'est ainsi, KONAN (2012) révèle des conflits de
compétences entre des structures étatiques de gestion du
transport routier et des entités décentralisées. Ainsi,
selon lui, depuis le démarrage des activités de l'Agence des
Transports Urbains (AGETU) dans la délivrance des titres de transport,
cette structure est confrontée à des conflits qui l'opposent au
District d'Abidjan, mais aussi aux différentes communes de son
périmètre de compétences. Ces conflits se sont même
radicalisés avec les communes qui, au mépris des lois de finances
en vigueur, procèdent à la perception de taxes de stationnement
auprès des opérateurs de taxis communaux. Cette situation
contribue à fragiliser cette autorité de régulation
(AGETU), plombant ainsi ses tentatives d'assainissement du secteur et
hypothèque sa stabilité financière.
Pour SAMNA (2010), l'organisation du transport et le
fonctionnement des entreprises dudit secteur à l'aune de la
mondialisation et de la modernisation laissent encore à désirer.
Nombreuses sont les difficultés recensées à divers niveaux
du système entravant ainsi le développement économique du
secteur. Le transport des voyageurs est désormais confronté au
défi de la concurrence sur les marchés tant intérieurs que
sous régionaux des voyageurs. La modernisation du secteur et son
développement ultérieur impliquent des adaptations des
entreprises artisanales, des changements dans l'organisation et les conditions
de fonctionnement de cette activité. SAMNA relève que la
libéralisation du secteur des transports au Niger en 1997 a permis
l'arrivée d'opérateurs privés, et de manière encore
plus significative pour les transports collectifs urbains. Les artisans
transporteurs organisent leurs activités suivant un système de
tour de rôle dans des gares publiques avec des véhicules de petite
capacité. Les sociétés de transport offrent des services
réguliers de transports nationaux
24
et sous régionaux, dans des gares leur appartenant avec
des autocars en bon état et de grande capacité. Les politiques
économiques des pays Africains ont favorisé la transformation de
ce secteur, le marché des transports de voyageurs, l'apparition
d'entreprises artisanales dynamiques qui renouvellent leur parc de
véhicules et gèrent leur activité de façon plus
« moderne ».
L'évolution économique des pays d'Afrique
subsaharienne, s'est accompagnée d'une forte intervention de l'Etat dans
presque tous les domaines de cette économie, dont le secteur du
transport routier. En effet, au lendemain des Indépendances de ces
jeunes Etats, ils devraient se substituer à la métropole pour
mettre en place les infrastructures de base et subvenir aux besoins sociaux de
leurs populations surtout dans le domaine du transport. C'est dans cette
optique que l'Etat ivoirien a créé en décembre 1960, la
Société des Transports Abidjanais (SOTRA). Aujourd'hui, avec les
reformes territoriales, le contrôle de la SOTRA est devenu un
problème de politique publique entre les différentes
entités territoriales et administratives du district d'Abidjan. Aussi,
étant, une société de création d'emplois, et donc
un facteur de cohésion sociale, chaque entité veut se tailler sa
responsabilité (BAMBA, 2010)
Pour LOMBARD (2006), la privatisation de l'espace public
interroge la capacité des pouvoirs centraux à mieux organiser le
transport urbain. La prolifération des transporteurs artisanaux, ainsi
que les conflits entre collectivités locales alimentent le
désordre dans le secteur. Pour lui, les espaces des gares
routières sont objet de conflits de compétence à cause des
ressources qu'engendre ce secteur. La gare d'Adjamé qui est devenue un
lieu conflictuel entre la mairie et le district d'Abidjan en est une
illustration. LOMBARD révèle qu'en effet, les rapports
conflictuels entre la ville d'Abidjan et la mairie d'Adjamé à
propos des transports urbains et interurbains ne sont pas nouveaux, ils datent
des années 1973. Ainsi, le transport, surtout routier est un secteur qui
aiguise les appétits. On y note de façon régulière
des conflits d'intérêt entre les différentes entités
(pouvoir central, pouvoir communal, les syndicats etc.) Tout cela
témoigne de l'importance du transport sur le plan économique.
ECHUI (1993), dans son étude sur les enjeux du
développement du transport des produits vivriers en Côte d'Ivoire,
révèle que l'enjeu d'une bonne organisation du secteur n'est pas
seulement d'assurer la rentabilité des prestations des transporteurs.
Mais aussi de permettre aux producteurs d'écouler
régulièrement leurs récoltes et d'améliorer leurs
revenus. Ce faisant, le transport est considéré comme une
condition permissive pour atteindre l'autosuffisance alimentaire.
L'intérêt du transport routier, est qu'il participe dans de
25
meilleures conditions à l'approvisionnement des zones
non productrices (les centres urbains, principaux débouchés de
l'agriculture vivrière ; mais aussi les zones rurales
déficitaires). Une bonne organisation des transports a une influence
décisive sur le niveau de la production. Ici, les enjeux sont
énormes tant au niveau des engins roulants qu'au niveau des
infrastructures de transport. En effet, l'organisation de l'affrètement
met en jeu quatre principaux acteurs qui animent le transport routier
intérieur de marchandises en Côte d'Ivoire. Ces types d'acteurs
sont: les chargeurs, les transporteurs, les affréteurs et les syndicats
des transporteurs.
En un mot, le transport quel que soit sa branche, connait des
difficultés, mais ce secteur au vu des nombreux enjeux qu'il
représente progresse de façon significative dans les pays en
développement en général et en particulier dans les pays
d'Afrique subsaharienne. Toutes les formes de transport évoluent partout
dans le monde, mais le cas des pays africains et surtout de la Côte
d'Ivoire depuis ces dernières décennies n'est pas à
négliger. Aussi, faut-il noter que la plupart des documents que nous
avons utilisé n'abordent pas le problème du manque des
sociétés de transport public dans les villes de
l'intérieures des pays en développement en général,
et de la Côte d'Ivoire en particulier.
26
3 PROBLEMATIQUE
Le transport, c'est consommer du temps dans l'espace. C'est en
ayant à l'esprit cet axiome qu'on peut analyser ses évolutions,
remarquables : toujours plus loin, toujours plus vite, dans un temps toujours
plus réduit, et à coût réduit (LOMBARD, 2002). C'est
à cela que les transports routiers en Afrique et singulièrement
le mode urbain, avec la motorisation, le bitumage des voies, la
démocratisation de la conduite, veulent arriver. En effet, le transport
urbain dans les grandes villes d'Afrique subsaharienne contemporaines à
fait l'objet de nombreux travaux scientifiques. L'orientation de ces travaux
montre l'importance et le rôle incontournable du transport urbain dans le
développement de ces villes. Malgré ces travaux, ce secteur reste
toujours confronté à d'énormes problèmes, surtout
de désorganisation, essentiellement le transport urbain collectif.
Règle à laquelle les villes ivoiriennes en général
et particulièrement Bouaké ne dérobent pas.
Ainsi, la Côte d'Ivoire à l'instar des autres
Etats en développement, va oeuvrer à la construction
territorialisée de son transport routier, cherchant d'abord, au sein de
son territoire, à maîtriser les distances pour l'accomplissement
de ses grands projets de développement économique et social. Car
selon FAYE (2013), les transports constituent des instruments
privilégiés de production de l'habitat, des lieux
d'activités et de sociabilités. C'est dans cette quête que
les politiques volontaristes et interventionnistes des différents
gouvernements ont été mises en place pour le développement
du transport en améliorant les infrastructures routières. Ainsi,
en dépit de la crise économique des années 1980, et
sachant qu'un système de transport performant est la condition
sine-qua-non du développement économique et de
l'intégration sociale (KASSI, 2007). La Côte d'Ivoire va investir
d'énormes moyens financiers pour atteindre en 2000, un réseau
routier long de 85 000 km, dont 78 300 km de routes en terre, 6 500 km de
routes bitumées, et 200 km d'autoroutes (PUR, 2012). Aussi, faut-il
noter la création d'une société publique de transport pour
la ville d'Abidjan (SOTRA) dès 1963.
Malgré ces énormes efforts consentis, la
Côte d'Ivoire a été obligée avec la
généralisation sur le continent Africain des politiques
libérales et les effets des différentes crises, de limiter ses
investissements dans le domaine du transport urbain. Du coup, dans les espaces
urbains ivoiriens et particulièrement de Bouaké par le manque de
sociétés publiques de transport urbain collectif, ce secteur sera
rapidement investi par les opérateurs privés. Et le transport
routier urbain collectif de Bouaké comme dans toutes les villes
ivoiriennes, constitue un
27
exemple de secteur que les sociétés ivoiriennes
(privées) ont façonné comme elles l'entendaient,
d'où une désorganisation due au manque ou à la faiblesse
des transports publics, mais aussi du non application véritable des lois
et règlements.
Cette désorganisation va entrainer des besoins de plus
en plus croissants. Ces besoins se caractérisent, soient par l'absence
de sociétés publiques de transport collectif, soient par le
nombre réduit d'engins de transport privé, soit par de nombreuses
déviations du fait de l'état des routes (Broukro, Zone etc.) ou
du manque de lieux d'embarquements ou encore de stationnement dans certains
quartiers.
Le rôle important accordé au transport en
général et surtout au transport routier de personnes par les
autorités ivoiriennes s'est considérablement renforcé
durant ces dernières décennies dans le milieu urbain.
D'où, l'on est à mesure de s'interroger sur la
problématique de « l'organisation du transport dans la ville de
Bouaké ». Autrement dit, les difficultés d'organisation du
transport collectif de personnes dans cette ville. En effet, le choix et la
disponibilité des moyens de transport, est l'un des facteurs
déterminants dans l'appréciation de l'évolution d'une
ville. En fonction des modes auxquels il peut accéder, le citadin pourra
ou non accomplir différentes activités à n'importe moment
et à tel ou tel endroit. Réciproquement, la disponibilité
d'un moyen de transport pourra créer des opportunités de
participation à diverses activités. Comment peut-on avoir
accès aux moyens de transport collectif à Bouaké en tout
lieu, à tout moment ?, Voici l'une des préoccupations majeures
des habitants (hommes d'affaire, jeunes, ou simple citadin) de cette ville.
C'est devant cette position primordiale du transport dans la vie de tous les
jours que s'inscrit notre sujet. Ainsi, nous pouvons nous demander, comment en
dépit de la multitude des moyens de transports et des infrastructures
routières non négligeables, le transport collectif de personnes a
du mal à bien fonctionner à Bouaké ?
Ce qui nous amène à nous poser les questions
spécifiques suivantes: Quels sont les différents facteurs qui
influencent l'organisation du transport routier dans la ville de Bouaké
? Quels sont les moyens du transport urbain collectif qu'utilisent les
habitants de Bouaké ? Quels sont les impacts socio-économiques et
environnementaux des activités du transport urbain de Bouaké?
28
4 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
4-1 Objectif général
Notre étude sur « l'organisation du transport dans la
ville de Bouaké », ambitionne d'analyser le fonctionnement du
transport collectif dans cette ville.
4-2 Les objectifs spécifiques
Spécifiquement, il s'agit de :
? Déterminer les facteurs qui conditionnent l'organisation
du transport collectif dans la
ville de Bouaké ;
? Identifier les différents moyens du transport collectif
utilisés dans la ville de Bouaké;
? Montrer les impacts socio-économiques et
environnementaux du transport collectif dans la ville de Bouaké.
5 HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
5-1 Hypothèse générale
Le transport collectif dans la ville de Bouaké fonctionne
grâce à plusieurs acteurs qui sont : les opérateurs du
secteur, les usagers, les autorités publiques (étatiques et
municipales).
5-2 Hypothèses spécifiques
? Les décisions politiques, l'état de la voirie et
l'existence où emplacement des gares sont
les principaux facteurs qui conditionnent la pratique du
transport collectif dans la ville de Bouaké ;
? Il existe une multitude de moyens de transport collectif dans
la ville de Bouaké ;
29
> Le transport collectif est un instrument du
développement économique et social de la
ville de Bouaké. Cependant, il impacte
négativement sur son environnement, à cause de l'utilisation
massive du gaz butane par les taxis-villes, la production des nuisances sonores
et l'occupation anarchique des espaces publics par les taxis-motos et les
gbakas.
6 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
6-1 Les Variables de recherche
6-1-1 Les infrastructures et équipements du
transport routier de Bouaké
Activité conditionnée par diverses
infrastructures, le transport routier doit son organisation aux routes. De par
leur état et leurs types, les routes conditionnent le
développement de certains moyens du transport routier. Le type ou
l'état d'une route détermine son volume de fréquentation
par tous les engins roulants. À cela, il faut aussi ajouter la
présence des gares et autres lieux de stationnement. Les gares de par
leur positionnement organisent à leur manière le transport
routier dans une localité, car elles permettent aux usagers d'avoir
accès aux moyens de déplacement. Les garages jouent aussi un
rôle primordial dans l'organisation du transport routier, la
présence d'un garage dans un endroit y contribue à sa
manière, en facilitant l'accès rapide aux mécaniciens et
donc pas de difficulté de s'y rendre. Les stations d'essences ou autres
lieux de ravitaillement en carburant, impactent à leur manière
sur le transport. On a les feux tricolores, qui sont des panneaux de
signalisation lumineux qui régulent la circulation. Ce faisant, ils
améliorent la sécurité routière. En ce qui concerne
les auto-écoles, elles sont des établissements de formation des
chauffeurs. Tous ces facteurs organisent le transport routier à leur
manière dans une localité.
Tableau n° 1 : Les infrastructures et
équipements du transport routier
Variables qualitatives
|
|
Variables quantitatives
|
V'
|
L'état des routes
|
|
V'
|
Le nombre de garages
|
V'
|
Le type de route ou voirie
|
|
V'
|
La fréquence des engins roulants
|
V'
|
Les types de garages
|
|
|
dans les garages
|
V'
|
Les feux tricolores
|
|
V'
|
Le nombre de station d'essences
|
V'
|
Les auto-écoles
|
|
V'
|
Le nombre de feux tricolores
|
V'
|
Les types de stations d'essences
|
|
V'
|
Le nombre d'auto-écoles
|
V'
|
Modalité de création garages
stations d'essence
|
ou
|
V'
|
Le kilométrage des axes routiers
|
Tableau n° 2 : Les lieux de charge et de
dessertes
30
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
y' Superficie de la ville
y' Les différents quartiers
y' L'état des gares
y' Niveau de sécurité dans les gares
|
|
6-1-2 Les acteurs du secteur du transport routier
Les acteurs sont des personnes qui de près ou de loin
influencent le transport dans un endroit, d'une ou d'une autre manière.
Il s'agit de voir comment les opérateurs du transport impactent sur
l'organisation du secteur dans un endroit. Quant aux usagers, qui de par leur
position différenciée organisent à leur manière le
transport routier collectif. Aussi, on a les acteurs publics, qui par les
différentes décisions politiques, organisent le transport d'une
localité. Tous ces acteurs contribuent à l'organisation du
transport des manières suivantes : le nombre des moyens de transport,
les relations entre toute les composantes du transport routier, la
disponibilité des opérateurs, la fréquence des demandes
des usagers des moyens ou des modes de transport d'une localité.
Tableau n°3 : Les usagers
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
y'
|
Le genre
|
y'
|
Le tarif par moyen de transport
|
y'
|
L'âge
|
y'
|
La distance des parcours
|
y' y' y' y' y' y'
|
La profession
Les moyens de transport utilisés
Objet des déplacements
La nationalité
Les lieux de départ
Les destinations
|
y'
|
effectif
|
Tableau n°4 : Les autres acteurs du transport dans
la localité (chauffeurs, apprentis, syndicats, la mairie, la
direction du transport etc.)
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
y' Nationalité des chauffeurs
y' Nationalité des apprentis
y' Le genre des exploitants
y' Le niveau d'étude des chauffeurs
y' Le niveau d'étude des apprentis
|
y' y' y' y'
y'
|
Le nombre de chauffeurs par engin La moyenne d'âge des
chauffeurs Le nombre d'apprentis par engin
La fréquence de rotation par chauffeur sur les
engins
L'âge des apprentis
|
31
6-1-3 Les différents moyens de transport routier
collectif dans la ville de Bouaké
Ce sont entre autres les différents engins qui
contribuent aux déplacements des habitants dans la ville de
Bouaké. Il s'agit de démontrer les différents rôles
joués par ces engins dans la mise en place du réseau routier. Ces
différents moyens de transport de par leur fonctionnement organisent
l'espace à leur manière par leur offre et leur
disponibilité, mais aussi par leur présence dans les lieux de
stationnement.
Tableau n°5 : Les moyens du transport collectif de
personnes
Variables qualitatives
|
|
Variables quantitatives
|
V'
|
Les taxis-ville
|
|
V'
|
Le nombre des taxis-ville
|
V'
|
Les motos-taxis
|
|
V'
|
Le nombre des motos-taxis
|
V'
|
Les minibus « gbakas »
|
|
V'
|
Le nombre des gbaka
|
V'
|
Les bus (SOTUB, STUB)
|
|
V'
|
Le nombre de bus
|
V'
|
L'état des engins
|
|
V'
|
La quantité de carburant consommée
|
V'
|
Les types d'engins
|
roulants
|
|
par jour par engin
|
|
(marques, l'âge)
|
|
V'
|
Le nombre de rotations par jour d'un engin
|
|
|
|
V'
|
Le nombre de places disponibles
|
6-1-4 Le fonctionnement du transport dans la ville de
Bouaké
Ce sont les liens qui réunissent les différents
acteurs du secteur. Les relations entre opérateurs et usagers. Il y a
aussi les différents contrats, ou conventions entre opérateurs du
secteur. Aussi la contribution du transport par les taxes et autres
contributions influencent l'organisation du transport dans une localité,
car impactent les infrastructures de cette localité.
Tableau n°6 : Le rapport entre les acteurs du
secteur du transport collectif
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
V'
|
Le type de contrat entre propriétaire
|
V'
|
Le salaire des exploitants
|
|
et exploitant
|
V'
|
Les différentes taxes
|
V'
|
Le type de contrat entre conducteur et apprenti « gbakas
»
|
V'
|
Le mode et le prix d'acquisition d'un engin roulant
|
V'
|
La couverture sociale des exploitants
|
V'
|
Revenu journalier par engins
|
V'
|
Le mode d'encaissement des usagers par engins
|
V'
|
Le nombre de lignes effectuées par engin
|
V' Les lignes exploitées par les
engins «gbakas»
|
V'
|
Le temps de remplissage dans les différents lieux de
stationnement
|
32
6-2 LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES
Les données qui nous ont permis de réaliser
cette étude proviennent de plusieurs sources. Notamment de la recherche
documentaire, des observations et des enquêtes.
6-2-1 La recherche documentaire
Nos recherches documentaires ont consisté à
consulter une documentation qualitative, quantitative, statistique et graphique
qui nous on permit de cerner notre sujet d'étude. Les documents
consultés sont les mémoires, les rapports et les thèses,
pris sur des sites internet dont « Google ». Ces documents sont tous
en ligne format PDF. Aussi la bibliothèque du campus 1 de
l'université Alassane Ouattara, nous a permis la consultation de
certaines thèses en géographie.
Au plan cartographique, nous avons
bénéficié des cartes de la part des services techniques de
la mairie de Bouaké. Aussi des données de l'Atlas Bouaké
2010 sont-elles été utilisées. Les différentes
cartes de cet Atlas proviennent des sources du BNETD 2007 et celle de la
mairie. Ces cartes nous ont permis d'avoir des informations sur la
répartition spatiale des habitants, sur le site urbain et sur la
répartition des infrastructures et équipements du transport
collectif de personnes dans la ville de Bouaké.
Pour les données statistiques, la plupart des
données que nous avons utilisées proviennent de l'Atlas
Bouaké 2010 et le site web de la mairie. Ces données, nous ont
permis d'avoir une idée sur le dynamisme de la population et sa
répartition, mais aussi sur les équipements de transport dans la
ville de Bouaké. Les données statistiques de cet Atlas sont
issues des données du RGPH de 1998 et celles de l'INS 1998.
6-2-2 Observation
Pour mieux cerner notre sujet, nous avons effectué
plusieurs observations de notre espace d'étude du 29 Janvier au 31 mai
2014. Aussi, faut-il noter que nous avons fait appel à nos connaissances
empiriques de la zone, car étant habitants de la ville depuis quelques
années. Ces observations nous ont permis d'apprécier les aspects
de l'urbanisation de la ville. Les aspects examinés sont le cadre
naturel, les quartiers, les voiries et autres réseaux divers. Ces
33
observations nous ont aussi permis de comprendre beaucoup de
choses sur le transport routier, à savoir : sur les gares, les lignes,
la voirie, les types de route, les acteurs du secteur, le rôle du
transport routier collectif de personnes au quotidien et le nombre de types
d'engins roulants utilisés par la population de Bouaké. Nous nous
sommes également intéressés aux acteurs et aux usagers du
transport routier collectif et à son organisation. C'est le lieu de
rappeler que nos observations ne sont pas des observations participatives, car
malgré que nous vivions dans cette ville, nous ne nous
intéressions pas à l'activité avant notre étude.
6-3 Enquêtes de terrain
Nous avons effectué plusieurs visites auprès des
personnes ressources et dans certains quartiers de la ville de
Bouaké.
6-3-1 Entretien ou interview
Pour mieux appréhender les différents contours
de notre sujet d'étude, nous avons eu plusieurs entretiens avec des
acteurs et autres structures intervenant dans le transport collectif à
Bouaké. Les structures et acteurs visités sont : la direction
régionale du transport (DRT), le service transport de la mairie de
Bouaké, l'AGEROUTE section Bouaké, les responsables des
organisations syndicales du transport collectif, les chefs de lignes et de
gares. Nous nous sommes également rendu auprès du Haut Conseil du
Patronat des Entreprises de Transport Routier de Côte d'Ivoire
(HCPETRCI), section Bouaké, et aussi au siège du Syndicat des
Motos Taxis de Bouaké (SYMTB). Pour analyser aussi l'effet accidentel du
phénomène étudié, nous nous sommes rendus dans la
caserne des sapeurs-pompiers de Bouaké.
À travers ces entretiens nous avons pu obtenir des
données relatives au transport et des données spatiales de la
ville. De ces entretiens, nous avons obtenu des renseignements sur le type de
routes, le kilométrage de route, le nombre de minicars (gbakas), de
taxis-motos, de taxis-ville, les types de taxis. Nos entretiens avec les
différents chefs des sociétés de transport urbain (STUB et
SOTUB), nous ont permis de connaître les types de bus, le nombre de bus,
les différentes lignes, les tarifs, mais aussi les difficultés
qui freinent le bon décollage.
34
Ces entretiens nous ont aussi permis de comprendre comment ces
différents acteurs entreprennent leur activité et l'organisent
selon leurs visions, mais aussi leurs perspectives du transport dans la ville
de Bouaké. Ensuite, nous sommes passés à la phase des
questions.
6-3-2 Enquête par questionnaire
Pour mieux apprécier les actions des différents
acteurs du transport, nous leur avons soumis des questionnaires, qui sont
à la fois des questions fermées et ouvertes. Nos questionnaires
ont été adressés à la fois, aux responsables
syndicales, aux chefs de lignes, aux chauffeurs, aux apprentis et aux usagers.
Les questions adressées aux chauffeurs et aux apprentis nous ont
informés sur leur situation socioprofessionnelle et sur la gestion au
quotidien des engins dont ils ont la charge. Quant aux usagers nous les avons
interrogés pour comprendre pourquoi, comment, et quand ils utilisent les
différents moyens du transport routier dans la ville. Nous avons
également cherché à comprendre la nature et le
caractère des relations entre les différents acteurs
(opérateurs et usagers). En effet, nos interrogations ne pouvaient
touchées tous ces acteurs, ainsi devant l'impossibilité de
pouvoir sillonner tout l'espace urbain du fait de l'insuffisance de temps et
d'enquêteurs, nous avons procédé alors à un
échantillonnage des quartiers, mais aussi des acteurs du secteur. Devant
la multitude des facteurs et moyens du transport routier, nous avons
décidé de nous intéresser qu'au transport routier
collectif de personnes. Car, touchant toutes catégories de personnes
(hommes d'affaire, pauvres, étudiants, sans emplois, jeunes, personnes
âgées etc.)
6-3-2-1 L'échantillonnage
Dans le but de mieux analyser le phénomène
étudié, nous avons décidé de choisir des quartiers
d'étude par la méthode des choix raisonnés. C'est au total
cinq (05) quartiers qui sont observés, à savoir :
? Le quartier Ahougnassou, situé au sud-ouest de la
ville. Cela nous a permis de cerner le phénomène
étudié dans cette partie de la ville. Aussi, ce quartier fait
partir des quartiers les mieux urbanisés. Il regroupe quelques grandes
institutions et structures comme l'université publique (Alassane
Ouattara) et l'université privée (université Atlantic), la
filiale de la CIDT. Ces institutions et structures entrainent une fluctuation
des déplacements de personnes.
35
? Le quartier Air-France situé au sud de la ville,
c'est l'un des quartiers modernes avec des rues marquées. Ce quartier
regroupe une population hétérogène. De façon
générale, l'accès est facilité aux sous-quartiers
d'Air-France (Air-France 2et3), dû au fait des voies bitumées.
Aussi, c'est l'un des quartiers de la ville qui s'est étendu de
façon spectaculaire pendant les moments difficiles qu'a connu la ville
et cette expansion entraine aujourd'hui des difficultés de transport,
surtout de personnes.
? Le quartier Commerce, nous avons choisi ce quartier pour la
simple raison que c'est le centre-ville et aussi c'est le quartier qui regroupe
toutes les gares de gbakas. Mais aussi toutes les routes et rues de la ville
convergent vers ce quartier. Il regroupe presque tous les grands magasins de la
ville, c'est donc le quartier de convergence et de départ vers les
horizons divers.
? Dar es Salam 1 situé au nord, parce que c'est l'un
des quartiers qui draine le gros de la population de Bouaké. Ce
quartier, regroupe une population un peu homogène (population à
majorité musulmane) et qui est reconnue pour sa grande culture
commerciale. La situation géographique de ce quartier et son rôle
de quartier très peuplé, nous permet d'analyser le fonctionnement
du transport de personnes dans cette partie de la ville.
? Le quartier-village Kahankro, situé au nord-est a
été choisi par le fait que c'est l'un des
quartiers éloignés du centre-ville et aussi qui
est difficile d'accès pour manque de routes praticables. Ce quartier du
fait de son éloignement, peut nous permettre de comprendre le
phénomène étudié à la
périphérie de la ville.
En ce qui concerne l'activité du transport routier
collectif, nous avons interrogé 150 personnes (acteurs et usagers). Le
choix de ces personnes, s'est fait selon la méthode de quotas, parce que
bien que disposant les chiffres des différents moyens de transport, nous
constatons des écarts très grands entre ceux-ci. Exemple, nous
avons 2 568 motos-taxis contre 239 gbakas.
En effet, au niveau des minicars (gbakas) et taxis-ville,
étant donné que l'écart entre les différents
nombres n'est pas grand (242 gbakas et 687 taxis-ville), nous avons pris le
même pourcentage d'observation (8%).
? En ce qui concerne les gbakas, nos différentes
enquêtes préliminaires menées auprès
des chefs de lignes ont permis d'avoir un total de 242 gbakas
après regroupements. Ce nombre dépasse légèrement
celui de la mairie (239). Ainsi, nous avons jugé utile d'utiliser le
nombre total obtenu auprès des acteurs directs, car il paraît
refléter la réalité. Parce que, le
36
chiffre de la mairie est établi sous la base de tickets
vendus, or comme tout secteur artisanal, il y a toujours un écart entre
la réalité du terrain et les données officielles. Sur
cette base, nous avons interrogés 19 acteurs (Chauffeurs, chefs de
lignes et chefs de gares) en raison de 2 acteurs par ligne (chauffeur et chef
de ligne), pour les 9 lignes que compte les gbakas, ce sont : la grande gare ;
les 6 autres lignes qui sont reparties de la manière suivante : (gare
Dar es Salam ; 1ligne, gare Belleville ; 1 ligne et la nouvelle gare d'Assekro
; 1 1igne). En dehors d'eux, nous avons interrogé le chef central des
gares, pour la simple raison qu'il est le responsable général des
syndicats des gbakas de Bouaké.
? Au niveau des taxis-ville, ne disposant pas de gares ou de
lieux de stationnement fixe
et après plusieurs tentatives infructueuses de
rencontrer les responsables syndicaux, nous nous sommes
référés qu'aux chiffres communiqués par la mairie
(687 taxis-ville). Sur la base de notre
pourcentage d'échantillonnage (8%), nous avons pu interroger 55
chauffeurs de taxis-ville. Vu qu'ils n'ont aucun lieu de stationnement, nous
les avons interrogés sur la base d'un quota de 11 chauffeurs pris de
façon aléatoire dans les différentes zones
d'enquête.
? Quant aux motos-taxis, nous sommes allés sur la base
des chiffres communiqués par la
mairie. Parce qu'alors que le président du Syndicat des
Motos Taxis de Bouaké (SYMTB) nous donne le chiffre de 5 000, la mairie
évoque le chiffre de 2 568. Mais après plusieurs investigations,
nous avons compris que le chiffre de 5 000 était une estimation qui
prenait en compte tous les motos-conducteurs des zones CNO. Surtout ceux des
départements de Bouaké, Katiola, Sakassou, Béoumi.
C'est-à-dire les départements de l'ancienne région de la
Vallée du Bandama, or nous travaillons à l'échelle de la
ville de Bouaké. Aussi, ce chiffre est devenu comme indicateur pour les
acteurs afin de montrer l'importance de leur activité. Car le
débat actuel sur ce secteur est la question de leur suppression ou
maintien. À cette réalité, il faut aussi noter que le
chiffre que communique ce syndicat se focalise seulement que sur les
conducteurs de motos, or sur une seule moto, on note souvent 2 voire 3
conducteurs. À l'opposé le chiffre que communique la mairie (2
568 motos) est fondé sur la base des tickets d'abonnement des motos.
Avec le système de traque mise en place par la police municipale contre
les motos contrevenantes, on peut dire que ce chiffre n'est pas loin de la
réalité car tient compte seulement du nombre des motos-taxis.
Alors sur la base de ce chiffre, nous avons interrogé 2% des chauffeurs
de motos, soit 51 personnes. Elles ont été prises sur la base
d'un quota de 10 motos par quartiers prises dans les cinq (5) quartiers
d'observation. Exception a été faite au quartier Commerce
où, nous avons interrogé 11 chauffeurs de motos-taxis, parce que
c'est le centre-ville.
? Au niveau des usagers, ne connaissant pas le nombre fiable de
personnes par quartier,
nous avons utilisé la méthode de quotas. Soit 5
personnes par quartier, ce qui nous donne un nombre total de 25 usagers
interrogés.
6-3-2-2 Répartition des
enquêtés
Tableau n°7 : Répartition des
enquêtés
Gbakas
|
Taxis-ville
|
Motos-taxis
|
Usagers
|
Population de base
|
242
|
687
|
2568
|
Non connu
|
Total
|
Echantillon observé
|
19
|
55
|
51
|
25
|
150
|
6-4 Le traitement des données
Nous avons procédé à un traitement
à la fois manuelle et automatisé des informations. Le
dépouillement de nos questionnaires a été effectué
de manière manuelle. Les logiciels WORD et EXCEL, nous ont permis de
saisir notre mémoire et de réaliser les tableaux et graphiques
qui figurent dans le présent document.
Pour la réalisation des cartes, nous avons
utilisé les logiciels QGIS2.0 et Arview3.2a. Aussi, la base des cartes
de Map-côte en plus des cartes de l'Atlas Bouaké et celle de la
mairie a été utlisée. Après le traitement des
informations collectées, le plan qui se dessine est le suivant :
- Première partie : Les facteurs qui organisent
le transport routier dans la ville de
Bouaké ;
- Deuxième partie: Les différents moyens de
transport collectif dans la ville de Bouaké ;
- Troisième partie : Les impacts des
activités du transport urbain.
6-5 Les difficultés de la recherche
37
Nous avons été confrontés à
plusieurs réalités du terrain dont nous ignorions, au
début de l'étude. Ces difficultés sont entre autre :
38
- Le problème d'accès aux données ; en
effet, certaines autorités ont refusé de diffuser
certaines informations. Surtout au niveau de la mairie, il
nous a fallu attendre plus d'un mois pour que notre interlocuteur nous dise que
nous devrions adresser une demande d'autorisation d'enquête à
monsieur le maire. Et que c'était à la suite de la réponse
de celui-ci que nous aurions toutes les informations que nous voulions. Chose
qui a été faite et c'est ainsi que nous avons eu accès
à ceux dont nous avions besoins.
- La question de la langue ; la plupart des opérateurs,
de gbakas et de taxis-brousse
répondait en malinké, qui est une langue dont
nous avons des difficultés pour bien articuler bien que nous là
comprenions.
- L'absence de responsables syndicaux pour les taxis-ville ;
nous avons passé plus de
trois mois à les rechercher, et nous sommes sortis
bredouille de nos efforts. Car des chauffeurs nous ont fait savoir qu'ils
ignorent l'existence de ce syndicat. Ils ne fonctionnent que par simple
connaissance. Donc, nous étions obligés de nous
référer que seulement aux données de la mairie.
- Les usagers, beaucoup se sont montré peu
réceptifs (surtout les scolarisés). Car ils
considéraient nos questionnaires comme une
enquête menée dans un quelconque but et ils voulaient des
explications avant toute réponse. Souvent après nos explications,
ils refusent de nous prêter attention. Donc nous étions
obligés de passer plusieurs heures dans les explications, mais sans
trouver des oreilles réceptives.
- Les difficultés liées à l'obtention de
la carte de la ville de Bouaké ; plusieurs cartes de
la ville se contredisaient. Des quartiers manquaient sur
certaines cartes bien que ces cartes exprimaient presque les mêmes
phénomènes. Devant ces différentes réalités
des cartes, nous avons procédés à un regroupement pour
ressortir les cartes qui nous intéressait.
Tableau n°8 : Tableau synoptique
Questions
|
Objectifs
|
Hypothèses
|
Variables
|
Méthodes de recherche
|
Mode
d'expression des résultats
|
Plan de rédaction
|
Quels sont les
différents facteurs
qui influencent
l'organisation du
transport routier
dans la ville de Bouaké ?
|
Déterminer les
facteurs qui
conditionnent
l'organisation du
transport routier
dans
la ville de Bouaké
|
Les décisions politiques, l'état de la voirie et
l'existence où emplacement des gares
sont les principaux facteurs qui
conditionnent la pratique du transport collectif dans la ville
de Bouaké
|
Les variables
relatives au
cadre urbain
Les variables
relatives aux
infrastructures
et équipements du transport
|
Recherches documentaires, observation, analyses cartographiques
des cartes
|
Textes, cartes,
tableaux,
diagrammes et photographies
|
-L'interaction entre
transport routier et le cadre urbain
-Les infrastructures et
équipements de
transport dans
l'organisation du
transport routier de la ville de Bouaké
|
Quels sont les
moyens du
transport urbain
collectif
qu'utilisent les
habitants de
Bouaké ?
|
Identifier les
différents moyens
du transport
collectif utilisés
dans la ville de Bouaké
|
Il existe différents moyens de transport collectif dans
la ville de Bouaké, qui sont entre autre les taxis-ville, les
motos-taxis, les minicars (gbakas) et les sociétés de transport
urbain telles que la STUB et la SOTUB).
|
Les variables
relatives aux
moyens de
transport collectif
Les variables
relatives à
l'organisation du transport
|
Recherches documentaire, observation, analyses,
cartographique,
des cartes et
enquêtes de terrain
|
Textes, cartes,
tableaux,
diagrammes et photographies
|
-Les moyens habituels du transport collectif de Bouaké
-L'émergence de nouveaux moyens du
transport urbain collectif à Bouaké
|
Quels sont les
impacts socio-
économiques et
environnementaux
des activités du transport urbain de Bouaké?
|
Montrer les
impacts socio-
économiques et
environnementau
x du transport collectif
dans la ville de Bouaké
|
Le transport collectif est un instrument du
développement économique et social de la
ville de Bouaké. Aussi il
impacte négativement sur son environnement, à
cause de l'utilisation massive du gaz butane les
taxis-villes, la production des
nuisances sonores et l'occupation anarchique des espaces
publics par les taxis-motos et les gbakas.
|
Les variables
relatives aux
rôles des
moyens de
transport dans
l'espace urbain
Les variables
relatives à la au carburant utilisé
|
Recherches documentaire, observation, analyses,
cartographique,
des cartes et
enquêtes de terrain
|
Textes, cartes,
tableaux,
diagrammes et photographies
|
-Impacts socio-
économiques du
transport dans la ville de Bouaké
-Les effets néfastes des
activités du transport urbain
|
PREMIERE PARTIE
LES FACTEURS QUI ORGANISENT LE
TRANSPORT ROUTIER DANS LA VILLE DE
BOUAKE
41
Introduction
Dans les villes des pays développés, les
infrastructures routières et l'automobile sont les principaux outils de
diffusion de l'urbanisation périphérique avec des ménages
équipés en véhicules individuels, pour lesquels, la
distance n'est pas forcément une contrainte. Cependant, la
réalité est tout autre en Afrique subsaharienne et surtout dans
les grandes villes comme Bouaké, où l'expansion ne s'accompagne
toujours pas d'infrastructures nécessaires notamment routières.
L'impact du milieu physique est aussi visible sur l'organisation spatiale du
transport routier-urbain à Bouaké. L'accroissement urbain se
traduisant par l'allongement des distances est beaucoup plus ressenti par les
citadins puisque cet étalement urbain se fait très souvent avec
l'absence d'infrastructures routières et des moyens de transport.
Dans ce contexte, le transport routier collectif tente de
s'adapter aux bourses des catégories sociales modestes. Les taxis-ville,
les minicars (Gbakas), les taxis-motos et autres sociétés de
transport (SOTUB et STUB), avec l'absence de transport urbain public, et
malgré leur offre parfois insuffisante, constituent une réponse
à cet étalement urbain. De toute évidence, la morphologie
urbaine, la diversité des formes d'urbanisation, les questions
d'accessibilité spatiale et la rentabilité économique des
moyens de transport orientent d'une certaine manière le choix des
opérateurs dudit secteur.
Pour analyser, l'impact du cadre physique et le manque
d'infrastructures et d'équipements sur l'organisation du transport
routier, surtout de personnes dans la ville de Bouaké, nous nous
intéresserons dans cette partie aux interactions entre transport et le
cadre urbain (chapitre 1) et aux influences des infrastructures et
équipements du transport sur l'organisation du transport routier de la
ville de Bouaké (chapitre 2).
42
Chapitre 1: L'INTERACTION ENTRE TRANSPORT ROUTIER ET LE
CADRE URBAIN
Les différentes formes physiques et plans urbains d'une
localité influencent les modes de transports routiers surtout dans un
espace où le niveau de vie et les équipements de transports se
font désirer. La création d'une ville répond toujours
à un objectif particulier. Bouaké, localité de notre
étude a été développée par le colon à
partir des années 1900 du fait de la position stratégique
qu'occupait ce petit village (Gbêkêkro). En effet, comme toutes les
villes subsahariennes, Bouaké va connaitre une croissance urbaine et
démographique rapide, entrainant un éclatement et l'occupation
sauvage de son cadre naturel.
L'urbanisation étant considérée en
Côte d'Ivoire et principalement à Bouaké comme un vecteur
de développement et un mode d'expression du modernisme. D'ailleurs, elle
est vue sous cet angle de la même manière partout en Afrique et
dans le monde. Ce qui amène (PAULET, 2000) à dire que, «
l'extension des zones urbaines constitue un phénomène mondial
touchant depuis quatre décennies l'Afrique subsaharienne ».
Cependant, sa montée rapide et incontrôlée en Afrique et
symboliquement en Côte d'Ivoire entraîne des bouleversements
majeurs de l'économie, de la démographie et une mutation des
systèmes sociaux et culturels.
Cette urbanisation dans les grandes agglomérations
africaines et particulièrement à Bouaké ressemble à
un phénomène non pensé et qui est issu pour une part non
négligeable de l'initiative privée. L'organisation de l'espace et
les paysages urbains africains traduisent en grande partie l'incapacité
des pouvoirs publics dans la plupart des cas à imposer les
différentes politiques urbaines. L'extension spatiale urbaine
échappe donc à tous les services officiels, qui restent
généralement impuissants face à ce rouleau compresseur.
Les périphéries deviennent alors synonymes d'éloignement
qui joue un rôle primordial dans le choix des moyens de transport.
La ville de Bouaké n'échappe pas à cette
réalité où les difficultés du transport collectif
ne sont pas seulement le fait d'une urbanisation incontrôlée. Mais
aussi, la faiblesse de l'offre des services de transport, la
vétusté des infrastructures et le difficile accès aux
moyens de transport sont des problèmes récurrents des populations
de ladite ville. À ces difficultés, il faut noter aussi, le
milieu naturel qui influence et impacte négativement les infrastructures
et équipements routiers à Bouaké, comme dans toutes les
autres villes de la Côte d'Ivoire.
43
De toute évidence, la morphologie urbaine, la
diversité des formes d'urbanisation, dense ou diffuse, les questions
d'accessibilité spatiale et la rentabilité économique des
moyens du transport collectif orientent d'une certaine manière le choix
de la desserte par les opérateurs dudit secteur, mais aussi des usagers.
Dans ce chapitre nous aborderons en premier lieu, l'influence de la morphologie
de la ville sur le transport terrestre et en second lieu la politique du
transport terrestre (routier) dans la ville de Bouaké.
Carte n°3 : Le cadre urbain de
Bouaké
44
1-1 INFLUENCE DE LA MORPHOLOGIE DE LA VILLE SUR LE
TRANSPORT TERRESTRE
MERLIN (2009), appréhende la forme urbaine dans le
dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement comme l'ensemble des
éléments du cadre urbain qui constituent un tout homogène.
La forme urbaine est assimilée à la morphologie urbaine qui fait
référence à la combinaison du cadre physique (topographie,
site et situation), du plan urbain (la voirie, le parcellaire, les usages du
sol), à la structure et à l'organisation de l'espace et des
activités. C'est un élément décisif pour les
transports, surtout routier et singulièrement de personnes. FAYE (2013)
dit ceci à ce propos: « A y regarder de plus près, on
note que le contexte géographique à l'instar des
déterminants socio-économiques apporte des contraintes sur les
transports et les mobilités ». Par là c'est le lieu de
comprendre que, le type de plan urbain est aussi un élément
déterminant dans l'organisation urbaine, mais aussi dans l'insertion des
transports dans les villes.
L'aménagement du territoire et l'organisation du
transport terrestre routier restent deux problématiques indissociables.
L'occupation d'un lieu par une activité donnée est
conditionnée par de multiples facteurs. La question inévitable
d'accessibilité aux moyens de transport se pose comme l'un des
éléments prédominants dans la prise de décision de
l'aménagement urbain qui influence la morphologie des villes.
1-1-1 Le rôle déterminant du cadre
physique
Les dessertes d'une localité, où des
différents lieux d'une agglomération en moyens et modes de
transport (routier) sont en rapport étroits avec le cadre physique qui
peut influencer la création et le développement urbain. Dans le
cas de la ville de Bouaké, le cadre physique joue un grand rôle
dans la mise en place des infrastructures routières. On note des zones
dépourvues de routes ou des routes dégradées sous l'effet
de la nature, bien que Bouaké bénéfice d'un milieu naturel
peu hostile à l'homme.
En effet, située au centre de la Côte d'Ivoire,
la ville de Bouaké se trouve sur un relief plat de plateaux dont la
particularité essentielle est sa digitation et son altitude moyenne est
de 310 m. Ce faisant, la ville est légèrement inclinée de
l'Ouest vers l'Est. De 390m à l'Ouest, l'altitude de la ville s'abaisse
progressivement pour atteindre 240 m à l'Est. Trois bassins versants
se
partagent ce plateau: au Nord, le bassin de la Loka ; au Sud,
celui du Kan et à l'Est, celui du Soungourou.
Les lits des différentes rivières sont peu
profonds et les pentes également peu prononcées, ce qui favorise
la stagnation des eaux entraînant parfois des menaces d'inondation des
habitations avoisinantes. Les terrains de pente supérieure à 10%
occupent une faible partie du site actuellement urbanisé et se trouvant
principalement localisés près du barrage de Kan3
(Houphouët-ville, Assekro, Air-France3 et Broukro2). Aussi, Bouaké
est morcelée par des rubans marécageux des rivières Loka
et Kan. L'espace urbain de la ville se caractérise donc en partie par
l'isolement de certains quartiers, allongeant ainsi les distances.
Par sa situation géographique, entre la latitude
7°69 N et à la longitude 5°03 W, l'espace urbain de
Bouaké est recouverte d'une savane arborée, un peu plus «
touffu » que celle du nord de la Côte d'Ivoire. Bouaké est
dans une zone de climat du nord qui est plus contrasté que celui du sud:
l'amplitude thermique est plus élevée (22°C à
35°C). L'ensoleillement est plus constant et l'hygrométrie plus
faible qu'au sud. Ce qui se caractérise par deux grandes saisons: la
saison des pluies allant de Mai à Novembre et la saison
sèche allant de Novembre à Mai. Le Harmattan, vent du Sahara,
intervient pendant la saison sèche vers Janvier et Février,
transportant du sable et desséchant tout sur son passage. Cet espace peu
accidenté est généralement soumis aux effets de
l'érosion (photos 1 et 2). Enfaite, l'espace urbain de Bouaké est
peu hostile à l'installation de l'homme, ce qui explique en grande
partie l'extension rapide de la ville de Bouaké.
45
3 Atlas Bouaké 2010
46
Photo n°1 : Effet de l'érosion sur une rue
d'Houphouët-ville
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Photo n°2 : Effet de l'érosion
menaçant une rue au quartier Nimbo (Habitat)
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
47
Ainsi, la période la plus confortable pour circuler
dans toute la ville de Bouaké et dans son paysage environnant est celle
de novembre à mars, ou le ciel est bleu, l'air sec, les nuits plus
fraîches et où l'on note une absence de pluie et donc les voies
non bitumées sont mieux praticables surtout pour rejoindre les
différentes quartiers et villages qui sont généralement
sous-divisés ou reliés par des routes ou rues non
bitumées.
1-1-2 L'influence de la ségrégation spatiale
du territoire sur le transport routier
La ségrégation spatiale, très souvent
distingue les pôles d'activités d'une part, et les zones
résidentielles d'autre part. Ces dernières ayant
elles-mêmes des organisations différentes selon le niveau de vie
et l'origine des populations qui y vivent. La morphologie urbaine renvoie aux
réalités socio-économiques tranchées. Chaque
quartier d'une ville correspond à une couche sociale plus ou moins
homogène et a des caractéristiques physiques qui le distinguent
des autres. Cette différentiation de zones d'habitations ou de
populations traduit une ségrégation sociale, culturelle et
économique, qui peut s'apercevoir au niveau des moyens de
déplacement utilisés.
Dans la ville de Bouaké, certains quartiers (Zone,
Broukro, Kahankro etc.), pour ne citer que ceux-là sont difficiles
d'accès, soit par le manque de moyens de transport, soit pour des
problèmes de l'état des routes ou encore pour cause de leur
éloignement.
Les différents programmes d'aménagement urbain
initié par la puissance publique en Côte d'Ivoire, avant et
après l'indépendance ont eu de lourdes conséquences sur le
transport et la mobilité en milieu urbaine (KASSI, 2007). Ces programmes
ont entrainé une distribution spatiale ségrégative qui
s'observe au niveau du lieu de résidence, ou également dans la
localisation des emplois. Les emplois administratifs sont
généralement groupés dans des zones administratives, les
emplois industriels sont concentrés dans des zones d'activités ou
dans des quartiers industriels bien délimités, le commerce dans
des zones commerciales et souvent le long des rues. Cette division
fonctionnelle de l'espace a un sens vis-à-vis de la problématique
des transports.
A Bouaké ces différentes réalités
sont observées, avec deux zones industrielles à savoir; la zone
industrielle du quartier zone située au nord-ouest et qui abrite presque
la quasi-totalité des usines de Bouaké et la zone industrielle du
sud, située au quartier Air-France3, qui est en voie de disparition, car
aujourd'hui une grande partie de cette zone est reconvertie en un
48
nouveau quartier d'habitation. Ce quartier
bénéficie actuellement des projets du programme
présidentiel d'urgence d'habitats initié par l'Etat depuis 2012.
On note également des quartiers d'habitations naturellement
éloignés du centre des affaires (commerce). Ce sont entre autre :
Broukro2 au sud-ouest, Allokokro à l'extrême nord-ouest, Bobo
sud-est et Kahankro au nord-est à la sortie sur la route de
Satama-Sokoura. Aussi, Bouaké dispose des quartiers précaires que
sont: Banco et Belleville-campement. Ces quartiers sont dépourvus du
minimum de commodités et surtout en matière de transport.
Le véritable problème de cette
ségrégation spatiale, est que certains de ces quartiers, par le
manque de routes praticables ou de leur éloignement, se trouvent
marginalisés. Parce que certains moyens du transport collectifs
(taxis-villes et gbakas) n'ont pas accès à ces zones ou refusent
de s'y rende ou encore s'y rend difficilement ou rarement. Et vu que ce type de
transport touche toutes les personnes, il affecte alors leur bien-être.
Les habitants de ces zones restent alors éloignés et en marge de
la des réalités du centre-ville, donc s'impliquent peu dans la
marche de la ville. A cela, il faut ajouter les contraintes budgétaires
qui limitent fortement la consommation de transport des citadins pauvres et qui
se retournent vers la marche à pied comme seule voie de salut.
1-2 LA POLITIQUE DU TRANSPORT TERRESTRE (ROUTIER)
Le transport, l'un des outils de l'aménagement d'un
territoire, et aussi l'un des domaines d'affirmation de soi, constitue l'objet
de toutes convoitises. L'expansion des villes d'un pays étant à
la mesure du développement de ce pays, les transports sont aussi
touchés directement ou indirectement par les différentes
décisions politiques nationales ou internationales.
Les crises économiques qui frappent depuis les
années 1980 les pays africains, les ont poussés à
privatiser tous les secteurs d'activité. Aujourd'hui, la configuration
privée vers laquelle évolue le transport surtout le transport
routier-urbain dans les villes ivoiriennes est de plus en plus ressenti. Parce
que de nombreux entrepreneurs privés s'investissent massivement dans ce
secteur. Cette privatisation pose la question cruciale de la desserte et de
l'accessibilité de tous aux moyens de transport. Elle interroge la
capacité des pouvoirs centraux et décentralisés à
combiner modèles importés d'organisation des transports et
pratiques locales.
En Côte d'Ivoire, les ajustements structurels des
économies des années 1980 ont provoqué un changement dans
le mode de gouvernance des secteurs d'activités économiques.
L'évolution
49
des financements a été symptomatique.
L'arrivée de la Banque Mondiale dans le secteur du transport des pays
Africains, a contribué à renforcer la prééminence
des logiques économiques libérales. Les programmes d'ajustement
structurel des transports (PAST), initiés au début des
années 1990 en Afrique subsaharienne, puis les programmes sectoriels des
transports (PST) qui leur ont succédés, ont cherché
à remodeler ce secteur dans chaque pays. Ils ont poussé à
la privatisation de la gestion de nombreux services de transport national ou
international tels que les lignes ferroviaires ou des terminaux à
conteneurs. Ces privatisations ont permis aussi l'insertion des pays africains
dans le commerce mondial. Ces pays vont alors généraliser
l'entrée dans l'entretien routier d'opérateurs privés
nationaux.
En Côte d'Ivoire, ce libéralisme de
l'économie a d'abord été marqué par la
privatisation des entreprises publiques (CONTAMIN, 1997). Le retrait de
l'État du domaine du transport terrestre, tout comme d'autres secteurs
d'activité s'est produit au moment même où la situation
économique de ce pays se dégradait et où ces ajustements
structurels comprimaient les dépenses étatiques. La valorisation
de l'entrepreneuriat privé entrait dans le vocabulaire gouvernemental.
Dans l'espace urbain, la place qu'occupaient les compagnies publiques de
transport (elles n'existent pas dans la ville de Bouaké) a alors
été rapidement investie par les transporteurs du secteur
privé.
1-2-1 Les effets de la politique libérale sur
l'organisation du transport
En Afrique de l'Ouest francophone, de la période
coloniale à nos jours, les relations entre autorité publique et
opérateurs de transport résultent des rapports de
complémentarité. Ces rapports sont en fonction des politiques
étatiques mises en oeuvre, de la puissance des acteurs
économiques et des intérêts économiques en jeu.
Avant leurs indépendances (en 1960 pour la plupart d'entre eux), le
rôle du secteur privé dans les économies locales
était important et les grands opérateurs industriels, commerciaux
et bancaires étaient des sociétés françaises. Avec
ces indépendances, la création de sociétés
nationales signe l'étatisation des économies. Mais ces
sociétés privées, souvent étrangères
(françaises dans la majeure partie des cas), sont restées
influentes au sein de ces filières commerciales étatisées
ou dans des sociétés à économie mixte telles-que :
la Société des Transports du Cap-Vert ou la SOTRAC au
Sénégal, ou encore la Société des Transports
d'Abidjan (SOTRA) en Côte d'Ivoire.
50
La libéralisation économique des années
1980 a eu raison de ces entreprises étatiques de transport qui
étaient en piteux état et a impulsé l'apparition d'acteurs
jusque-là déconsidérés, voire ignorés; les
artisans transporteurs. En Côte d'Ivoire, dans les années 1990, la
privatisation des sociétés publiques a entrainé
l'omniprésent du secteur privé dans le demain du transport
routier, surtout dans les villes comme Bouaké où le transport
interurbain public n'existait pas. La croissance du secteur privé dans
ce domaine, résulte des faibles coûts d'acquisition des
véhicules importés (ADOLEHOUME et ZORO, 2002). Le transport
routier est l'un des secteurs où les nationaux (Ivoiriens) s'imposent de
plus en plus.
La politique de libéralisation économique va
bouleverser profondément le secteur des transports urbains, dont
l'essentiel du parc se compose majoritairement de véhicules d'occasions.
En effet, l'acquisition de véhicules à bas prix a favorisé
l'entrée massive des petits propriétaires dans l'activité
de transport routier. Avec la possibilité d'importation de
véhicules âgés, ce secteur a connu un regain
d'activité. A Bouaké tous les engins de transport collectif en
circulation appartiennent aux tierces personnes. L'Etat est absent dans le
transport de personnes, contrairement à Abidjan où, il existe la
SOTRA. Cette domination toute azimute des privés dans le domaine du
transport dans toutes les villes de l'intérieur de la Côte
d'Ivoire comme Bouaké, est à l'origine du désordre
observé dans ce secteur.
1-2-2 Les limites gestionnaires des collectivités
locales: cas de la ville de Bouaké
Quelle que soit sa définition, juridique ou
institutionnelle, l'espace public apparaît pour les acteurs du transport
routier privé comme un lieu de non droit, une solution à la
capacité interne d'adaptation, en d'autres termes, un lieu de dynamisme
et de créativité. Car, selon HOSSARD et JARVIN (2005),
l'appropriation et le détournement des espaces publics incarnent en
quelque sorte la possibilité laissée à chacun d'exprimer
son individualité et c'est ce qui donne, une âme à une
localité. En se les appropriant, ces opérateurs se sentent comme
des acteurs. Ainsi pour eux, l'espace public n'est autre qu'un espace ouvert et
libre, un lieu d'échange et de commerce où la
propriété appartiendrait à tous et à personne
à la fois, autrement dit un espace ni public ni privé et dont
l'usage ne devrait en principe poser de problèmes. C'est ce qui explique
dans la ville de Bouaké l'occupation de presque tous les carrefours par
les motos-taxis, depuis leur apparition.
51
La prolifération des entrepreneurs de transports
privés ainsi que la difficile applicabilité des lois
emmènent ces opérateurs à occuper l'espace public sans
crainte. En effet, dans la ville de Bouaké, les taxis-ville, les
motos-taxis et les minicars (gbakas) préoccupés par leurs
clientèles préfèrent ignorer très souvent les
règles d'urbanisme pour leur implantation. Ils sont encouragés
par des décisions municipales (l'occupation par les gbakas et les
taxis-ville des artères de rues de la ville et autres espaces est
accordée provisoirement par la mairie). L'espace urbain ainsi
dérouté et perverti soulève la question de la
responsabilité municipale dans l'assainissement de l'environnement
urbain.
En conclusion, il faut retenir que l'occupation d'un lieu par
une activité donnée est conditionnée par de multiples
facteurs. Ainsi, le transport, l'un des secteurs d'activités qui
participe au développement urbain d'un pays est continuellement
influencé par les effets naturels des sites habités. À
cela, il faut ajouter les effets des actions humaines de l'urbanisation et des
différentes politiques (urbaine, économiques...), qui impactent
directement cette activité. Le transport et le milieu dans lequel il
s'emploi doivent former un ensemble homogène pour qu'y vivre soit
agréable.
52
Chapitre 2 : LES INFRASTRUCTURES ET EQUIPEMENTS DE
TRANSPORT DANS L'ORGANISATION DU TRANSPORT DANS LA VILLE DE BOUAKE
Les infrastructures et équipements de transport d'un
pays, d'une région ou d'une localité et en tout premier lieu ses
réseaux de transport routier sont considérés comme l'un
des facteurs déterminants de son développement. L'objectif de
toute politique de développement est de conjuguer ces infrastructures et
équipements avec celles qui sont réalisées dans les autres
domaines (commercial, culturel, administratif ...), c'est-à-dire les
réaliser en harmonie, de sorte que ces infrastructures et
équipements routiers ne soient ni en retard, ni en avance. C'est bien
à cette tâche essentielle que les autorités municipales de
Bouaké s'attèlent. Mais la réalité du terrain est
tout autre comme le témoignent les données de l'Atlas
Bouaké (2010), et confirmées par le service informatique de
ladite ville qui donnent la proportion des équipements de la ville de
Bouaké (Tableau 9).
Tableau n°9 : La superficie des équipements
de la ville
Equipements
|
Superficie (Ha)
|
Répartition en %
|
Administratifs
|
104
|
6%
|
Culturels
|
111
|
7%
|
Touristiques
|
71
|
4%
|
Sécuritaires
|
443
|
27%
|
Commerciaux
|
131
|
8%
|
Transport
|
40
|
2%
|
Sanitaires
|
61
|
4%
|
Agroindustriels
|
188
|
12%
|
Scolaires
|
484
|
30%
|
Total
|
1633
|
100%
|
Enquête MOS, BNETD, 2007
Il ressort de ce tableau que les équipements de
transport ne représentent que seulement 2% de la surface urbaine
occupée par les différentes équipements
socio-économiques de Bouaké, loin derrière les
équipements scolaires (30%) et sécuritaires (27%). Cette
réalité peut aussi expliquer les difficultés
d'organisation du transport à Bouaké. Car par infrastructures et
équipements de transport, on pourrait entendre les routes, les gares,
les écoles de formations, les aéroports etc. Donc des structures
clés pour mieux organiser le transport dans toutes ses dimensions. Ce
chapitre se structure de la manière suivante : en 1, nous
relèverons les infrastructures routières qui interviennent dans
l'organisation du transport à Bouaké ; en 2, nous
évoquerons la gare routière comme l'un des baromètres de
la vie urbaine ; en 3 Les feux
53
tricolores qui sont un gage pour la sécurité
routière ; et enfin en 4, les établissements de transport qui
contribuent au développement de l'activité.
2-1 LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES DANS L'ORGANISATION
DU
TRANSPORT A BOUAKE
La construction et l'amélioration du réseau
routier d'une région est à juste titre considérée
comme l'un des moyens efficaces de promouvoir son développement
économique. Les infrastructures en général, et les routes
en particulier sont incontestablement l'un des éléments de
développement. Ce sont les moyens d'ouverture et d'échange
indispensables à l'essor économique d'une région et
d'accès des populations aux biens et services de première
nécessité, mais aussi des moyens de facilitation des
échanges entre celles-ci.
C'est devant cette importance incontournable des
infrastructures routières que les différents gouvernements
ivoiriens n'ont ménagé aucun effort depuis 1960 pour doter la
Côte d'Ivoire de routes qui pussent répondre à ses besoins
de développement. Ainsi de 1960 à 2000, le réseau routier
total de la Côte d'Ivoire a évolué de 10 850 km à 85
000 km, dont 78 300 km de routes en terre, 6 500 km de routes bitumées,
et 200 km d'autoroutes4 (Tableau10).
Tableau n°10 : Evolution des routes en Côte
d'Ivoire
Catégories des routes
|
Longueurs des routes en kilomètre par catégorie
|
1948
|
1960
|
1980
|
2000
|
Pistes
|
7
|
200
|
14
|
800
|
32
|
000
|
50
|
000
|
Routes non bitumées
|
3
|
600
|
10
|
000
|
10
|
300
|
28
|
300
|
Routes bitumées
|
|
50
|
|
700
|
3
|
100
|
6
|
500
|
Autoroutes
|
|
00
|
|
00
|
|
00
|
|
200
|
Total kilométrique
|
10
|
850
|
25
|
500
|
45
|
400
|
85
|
000
|
Source : DRT, 2014
Malgré les efforts des gouvernements ivoiriens
successifs, les infrastructures routières sont continuellement soumises
aux effets de la nature qui les dégradent au fil du temps. Aussi,
faut-il noter que plus de 80 % de ce réseau routier ivoirien est
âgé de plus de 20 ans et est par conséquence usés.
Selon la Direction Régionale du Transport (DRT), cette
dégradation de routes dans le cas de la ville de Bouaké s'est
accélérée et aggravée pendant les moments
4 Les archives de la Direction Régionale du
Transport de Bouaké, consultée le 02/06/2014.
54
difficiles qu'a connus ce pays entre 1999 et 2011. Ces moments
ont entrainé aussi la dégradation de toutes les autres
infrastructures socio-économiques et sur l'ensemble du pays.
Particulièrement, dans les territoires des ex-zones occupées,
cette dégradation des infrastructures routières a
été des plus ressentie.
En ce qui concerne le réseau routier urbain de
Bouaké proprement dit, il représente en linéaire 107 km de
routes soit une moyenne de 0,29 mètre de route par habitant (DST, 2014).
Ce réseau, est mal hiérarchisé et incomplet par endroits,
ce qui provoque une desserte médiocre de certains quartiers. Nous
pouvons citer notamment les zones récemment urbanisées tels
qu'Air-france3, mais aussi des quartiers anciens comme Zone, Broukro qui sont
tous dépourvus de voies bitumées les reliant au centre-ville.
Il faut noter aussi la dégradation des infrastructures
urbaines de Bouaké en générale, et en particulier
routières depuis 2002. Cependant, avec la visite d'Etat du
président de la république dans la région (du 25/11/2013
au 1/12/2013), c'est environ 100,58 km de route des 107 km qui ont
été réhabilitée.
2-1-1 Les types de routes à l'intérieur de la
ville de Bouaké
Le réseau routier ivoirien long de 85 000 km, est un
réseau hiérarchisé qui classe les routes en trois
catégories suivantes : A, B et C.
- Selon ce classement, les routes de la
classe A (routes principales ou routes
internationales), correspondent aux itinéraires
d'intérêt régional ou international qui relient les
régions entre elles et qui permettent de rentrer en contact avec les
pays voisins,
- Les routes de classe B (routes
secondaires), ce sont les routes aux itinéraires
d'intérêt
régionale qui relient les préfectures entre elles
et aussi au réseau de classe A,
- En fin, on a les routes de classe C (routes de
dessertes), elles correspondent aux routes
d'intérêt local, qui relient les
sous-préfectures et villages entre eux et aux réseaux A et B.
De par sa position de carrefour, la ville de Bouaké
bénéficie de ces trois classes de routes. La voirie primaire (A)
venant du Sud, donne à Bouaké une configuration
étoilée de routes. Les principales voies d'accès à
Bouaké, convergent toutes au centre-ville à la rencontre de
cette
55
route internationale. A cela, il faut ajouter la croissance
spatiale de la ville qui s'effectue essentiellement le long des axes routiers
accentuant ainsi cette forme (figure1).
Figure n°2 : La configuration
étoilée de la ville de Bouaké
|
|
Katiola
|
|
|
Béoumi, Sakassou
|
N
|
M'bahiakro
|
O Bouaké E
S S
|
|
Yamoussoukro, Tiébissou
|
|
Source : Mairie de Bouaké Conception, Réalisation:
KALOU Bi K Didier, 2014
Cette route internationale Abidjan-Ferkessédougou via
Tiébissou au Sud et Katiola au Nord de la ville de Bouaké est le
cordon ombilical de cette ville qui la partage en deux zones (Bouaké
Est, Bouaké Ouest). Après avoir traversé le centre des
affaires, cette route se prolonge de façon rectiligne jusqu'à la
sortie Nord de la ville. Elle est rejointe au niveau du rail par une
pénétrante5 qu'est la route M'Bahiakro-Béoumi.
Deux bretelles (des radiales6) s'y greffent au niveau de la gare
routière : l'une est dirigée vers Gonfreville et
l'aéroport (au Nord-ouest) ; l'autre vers le Camp Militaire (au
Nord-est). Tout part du centre-ville et tout y aboutit. Les principales
liaisons entre les différents quartiers de la ville ne s'effectuent
qu'autour de
Il faut aussi noter qu'à l'intérieur de la
ville, le réseau de voirie et la configuration de l'espace, fait
apparaître deux catégories de routes :
- Les routes urbaines à la charge de
la commune, elles sont construites sur l'instigation
de la commune, notamment dans le cadre des opérations
de lotissement de nouveaux quartiers
5 Une pénétrante est une voie de
communication allant de la périphérie vers le centre d'une
localité, de l'arrière vers l'avant d'une région.
6 La radiale est une voie routière qui
constitue l'un des éléments des voies rayonnantes autour d'un
centre urbain, reliant celui-ci à sa périphérie.
56
ou de restructuration de vieux noyaux d'habitations
(bidonvilles, villages). Cette voirie constitue l'écrasante
majorité du réseau structurant l'espace urbain dans le cas de
Bouaké. Elle est caractérisée à l'intérieur
des quartiers par sa qualité médiocre et présentant un
état de délabrement très avancé: boueuse en saison
pluvieuse et poussiéreuse en saison sèche. Ce réseau
domine largement le paysage urbain de Bouaké à 90%.
- La voirie nationale inscrite dans les
limites de l'espace urbain est représentée par les
prolongements des routes à vocation nationale ou
internationale. Ce sont les pénétrantes, mais aussi les routes
reliant Bouaké à sa région environnante. Près de 45
km de voies bitumées, jouent ce rôle. Ce sont:
- La rue Houphouët-Boigny ou route de
Katiola vers le nord ;
- La route de l'Université ou route de
Béoumi-Sakassou vers l'ouest ;
- La route d'Abidjan- Bouaké vers le sud
;
- La route de l'aéroport vers le
nord-ouest ;
- La route de M'bahiakro vers l'est et
- La route de Belleville ou de Satama-Sokoura
vers le nord-est.
Toutes ces routes ont pour point d'arrivée pour
certaines et de départ pour d'autres le rondpoint central de la ville.
Cette catégorie de la voirie de la ville de Bouaké est la mieux
entretenue, sans doute par le fait que sa prise en charge incombe directement
au budget de l'Etat.
La configuration spatiale du réseau routier urbain de
Bouaké est en partie tributaire à la configuration de l'espace
urbanisé, consécutif au choix de lotissement des quartiers; elle
est influencée par le site et la situation géographique de la
ville. ALOKO (2001), identifie trois types d'organisation spatiale du
réseau des voiries et les configurations imprimées à la
structure urbaine :
- Le premier type s'observe au quartier
Air-France. Il présente une configuration spatiale
en damier. Le plan en damier, relativement classique fera
école, puisqu'il sera reproduit au quartier Dougouba, puis imité
à Broukro, en zone Industrielle ouest... ;
57
- Le deuxième type de configuration
spatiale du réseau est observé dans les quartiers de
Belleville et Liberté. C'est le plan en
demi-auréole ;
- Enfin, le plan en éventail, avec une
base rétrécie s'ouvrant dans sa partie supérieure
caractérise la configuration spatiale des
réseaux de voirie dans les quartiers comme Ahougnassou, Koko et
Kennedy.
Ces schémas de liaison variés rompent la
monotonie urbaine. Cependant, ils assurent mal la coordination des voies de
liaisons inter-quartiers. Ceci est une contrainte pour la fluidité de la
circulation urbaine à Bouaké. Cependant, cette
hiérarchisation du réseau n'apparaît pas suffisamment
claire en raison de l'absence d'itinéraires primaires de liaison
inter-quartiers
(Carte 4).
Carte n°4 : Les voies principales de communication
de la ville de Bouaké
2-1-2 L'état de la voirie urbaine de
Bouaké
En observant le réseau routier urbain de Bouaké,
un constat se dégage, toutes les bonnes routes (bitumées) relient
les quartiers entre eux et au centre-ville. Ces routes traversent ces
quartiers, sans pénétrer à l'intérieur de ceux-ci.
Les routes qui sont à l'intérieur des quartiers sont toutes non
bitumées, ou celles qui sont bitumées sont toutes
dégradées (les rues de Nimbo), et pourtant elles constituent la
majeure partie du réseau routier urbain de Bouaké.
Avant, la visite présidentielle, toutes routes et rues
de Bouaké étaient complètement dégradées du
fait de leur non entretient depuis 2002. Les seules voies praticables à
cette époque, étaient
les voies primaires qui traversaient la ville (Yamoussoukro
Katiola et M'Bahiakro Béoumi, Sakassou, avec une déviation au
niveau du pont Djibo, via Brobo). Ce qui permettait l'accès à la
ville sans grande difficulté. Ce mauvais état des routes,
entrainait des problèmes de sécurité routière et la
dégradation de l'état des voitures et tout autre engin de
transport motorisé.
Aujourd'hui, le programme présidentiel d'urgence, a
réhabilité près de 94% de la voirie urbaine de
Bouaké soit 31,6 km de routes ré bitumées, 20,5 km de
routes non bitumées et 10,5 km de réouverture de routes. Avec
cette réhabilitation, la circulation urbaine de Bouaké s'est un
peu améliorée (Photos 3 et 4).
Photo n°3 : Route reliant le quartier Dar es Salam
réhabilitée
|
Photo n°4 : Rue d'Air-France2
|
58
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
59
Cependant, malgré ces réhabilitations toutes les
voies d'accès de certains quartiers (Broukro 2 et le quartier Zone), et
celles se trouvant à l'intérieur d'autres sont toujours
difficilement praticables à cause de leur état de
dégradation très avancé (Photos 5 et 6). Le nombre trop
élevé de routes non bitumées est la cause du difficile
accès de nombreux quartiers. Ces routes sont ainsi à l'origine de
la circulation intérieure très compliquée. Donc un
problème d'organisation et de fluidité routière à
l'intérieure de la ville.
Photo n°5 : L'état dégradé
de la rue reliant le quartier Nimbo à Air-France 2
|
Photo n°6 : Etat de dégradation de la rue
du Commerce reliant le pont Djibo à gare UTB
|
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
2-2 LA GARE ROUTIERE, L'UN DES BAROMETRES DE LA VIE
URBAINE
La gare routière est définie comme un lieu
spécialement aménagé afin d'accueillir, véhicules,
passagers et marchandises. Elle permet aux usagers et opérateurs de se
retrouver facilement. C'est aussi un lieu cosmopolite, d'échanges,
où disputes, discussions, marchandages et éclats de rires,
rythment le quotidien des acteurs et des clients. FAYE, (2013), la
perçoit aussi comme un lieu d'échanges d'information, de flux
monétaires, de partage et de confrontation.
Les gares routières sont en Afrique subsaharienne et
principalement en Côte d'Ivoire, des espaces encombrés, sales et
peu sûrs sur lesquels les dirigeants étatiques et des
collectivités locales interviennent très peu. Ils portent plus
leur intérêt sur les taxes que ces gares
génèrent.
60
En un mot sous les tropiques, les gares routières sont
des lieux du laisser-aller. Pour WADE et al., (2010), toutes les
activités économiques et de transport au sein ou au voisinage
immédiat des gares routières impactent véritablement
l'espace. Les gares et leurs proximités sont ainsi victimes d'occupation
anarchique avec comme corollaires: l'encombrement, l'insalubrité et la
pollution. Ces problèmes se sont accentués avec certains
comportements tapageurs de certains chauffeurs (coups de klaxons intempestifs)
et aussi les bruits engendrés par les commerçants qui utilisent
des micros ou des chaînes de musique pour attirer les clients, et les
moteurs des véhicules rendent les gares routières invivables.
Sur le plan de la sécurité, les gares ne sont
pas non plus épargnées par les risques d'agression, de vol et de
bousculades. Aux heures de pointe, les bousculades occasionnées par les
ruées, les courses poursuites vers les cars font l'affaire des
voleurs.
2-2-1 Les gares routières et autres aires de
stationnement dans la ville de Bouaké: des lieux-autos-crées
Dans la ville de Bouaké, nous notons trois types de gares
:
- Les gares internationales; les véhicules et passagers de
ces gares ont pour destination
l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Ce sont entre
autre SAMATRANSPORT, MONDIAL TRANSPORT, RIMBO, RAKEITA. Ces gares sont presque
toutes situées au quartier Dar es Salam, et elles permettent de mettre
Bouaké en relation avec la plupart des pays limitrophes de la Côte
d'Ivoire, dont principalement le Burkina Faso et le Mali.
- Les gares interurbaines, elles mettent en contact
Bouaké et les autres villes ivoiriennes.
Ces gares sont dominées par celles dont les flux sont
dirigés en direction de la ville d'Abidjan et les villes se trouvant sur
axe Abidjan?Bouaké. Nous pouvons citer : les gares des compagnies
suivantes; UTB, FFA, A.V.S, etc. À côté d'elles, il faut
noter les petites gares qui relient Bouaké et les
sous-préfectures et villes proches, se trouvant presque toutes dans la
même région que Bouaké. Ces gares sont
généralement les gares des taxis-brousses, qui desservent les
villes comme Sakassou, Béoumi. Mais aussi les communes et
sous-préfectures environnantes comme Botro, Brobo, Diabo et Languibonou.
Dans la ville de Bouaké ces gares des taxis-brousses sont au nombre de
quatre, dont deux situées au quartier Dougouba, une au centre-ville
(quartier commerce) et une autre (pauvre gare) sur l'axe Béoumi?
Bouaké à côté de l'ancien stade municipal au
quartier N'Gattakro (Carte 5).
61
Carte n°5 : La répartition des gares de
gbakas et taxis-brousse de Bouaké
- En fin les gares et autres lieux de stationnement qui
desservent les quartiers et villages
environnants de la ville (les gares internes). Ce sont ces
gares qui nous intéressent dans le cadre de cette étude. Ces
gares n'existent véritablement pas quelques soit le mode de transport
utilisé par les populations de Bouaké. Cependant des endroits
sont aménagés provisoirement par la mairie, ou squatter par les
opérateurs eux-mêmes. En ce qui concerne les minicars (gbakas),
ils occupent quatre endroits et qui sont répartis en fonction des lignes
desservies (Carte5). En effet, la grande gare des gbakas qui regroupe à
elle seule 6 des 9lignes de gbakas de la ville, n'est qu'une partie non
aménagée de l'ancien marché. Elle se caractérise
par son état répugnant parce que tous les déchets du grand
marché sont déversés aux en entours de cette gare (Photo
7). A cela, il faut noter l'occupation de la chaussée par les gbakas des
lignes de Dar es Salam et de Belleville. En ce qui concerne les taxis-ville,
ils n'ont même pas un simple lieu fixe de stationnement. Aussi,
l'avènement des motos-taxis, tous les carrefours, espaces verts ou
autres endroits pouvant abriter au moins deux voire trois motos, sont
transformés en gares (Photos 8 et 9). Pourvu que le chauffeur de la moto
ait accès à sa
Photo n°7 : Le carrefour de Nimbo-habitat-fromager
transformé en gares par les taxis-motos
Photo n°9 : Le carrefour de l'école BASSA
à Air-France 2 transformé en gares par les
taxis-motos
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Photo n°8 : La grande gare des gbakas de
Bouaké au quartier Commerce
62
clientèle. Le manque de véritables gares du
transport urbain dans la ville, est à l'origine de tous les
problèmes d'accès aux moyens de transport. En un mot de la
désorganisation du transport collectif dans l'espace urbain de
Bouaké.
63
2-3 LES FEUX TRICOLORES, UN GAGE POUR LA SECURITE
Les feux tricolores, sont des panneaux lumineux de
signalisation invitant le passage ou l'arrêt
des engins motorisés, mais aussi des piétons. Au nombre
d'une douzaine avant les évènements de 2002 dans la ville de
Bouaké, à la faveur de ces évènements, tous les
feux tricolores avaient été endommagés ou détruits.
Ainsi de 2002 à 2013, Bouaké a fonctionné sans feux et
à cela, il faut ajouter l'avènement des motos-taxis et avec des
conducteurs qui ne connaissent pas le code de la route (soit plus de 80%
d'entre eux n'ont pas de permis de conduire)7. Aussi, la rude
concurrence entre les différents moyens de transport, les quelques
chauffeurs des taxis-ville et gbakas ont eux aussi baissé la garde,
faisant de la circulation dans la ville de Bouaké un endroit de grands
risques d'accidents.
Cependant, à la faveur de la visite
présidentielle de 2013 dans la région du Gbêkê, et
dans le cadre du programme de la renaissance des infrastructures de la
Côte d'Ivoire (PRICI) pour le compte du programme national de
développement (PND 2012-2015), tous les feux de Bouaké ont
été réhabilités. En effet, sur les 12 feux anciens,
ce sont ajoutés sept (07) nouveaux, ce qui donne un total de 19 feux
tricolores aujourd'hui dans la ville de Bouaké (Voir photo 10). Le
retour de ces feux a contribué considérablement à
l'amélioration de la circulation urbaine de Bouaké (DJIBO N,
2014).
Photo n°10 : Un panneau de feu tricolore au
rond-point de la Préfecture de la Police au
quartier Commerce
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
7 Nos enquêtes, 2014
64
2-4 LES ETABLISSEMENTS DE TRANSPORT QUI CONTRIBUENT AU
DEVELOPPEMENT DE L'ACTIVITE
Ces sont des équipements qui jouent un rôle non
négligeable dans l'évolution et le développement du
transport dans une localité.
2-4-1 Les stations d'essences
Ces stations sont des facilitateurs du transport car leur
présence en un endroit permet, l'accès au carburant sans trop de
peines. Selon nos enquêtes, on dénombre 28 stations de carburants
dans la ville de Bouaké. Ces stations sont presque toutes situées
le long des principales voies d'accès à la ville. Cependant, le
gros du lot se trouve aux abords de la route internationale
(Yamoussoukro Katiola), où nous avons enregistré
18 stations. Aussi, faut-il noter, que l'emplacement de ces stations pouvait
être rangé dans un cercle central, c'est-à-dire que les
quartiers qui abritent ces stations sont presque tous au centre de la ville et
font partir des vieux quartiers de la ville.
Graphique n°1 : Répartition des stations
par quartiers
Source : Nos enquêtes 2014
65
Le graphique 3 ci-dessus permet de dénombrer 28
stations dans la ville de Bouaké. Parmi ces stations, 6 sont hors
d'usage, soit 21,43% de l'ensemble. Avec la crise, des stations clandestines
sont nées pour répondre aux besoins du temps (Photos 11 et 12).
Néanmoins, avec la renaissance de la ville, ces baraques de vente de
carburants sont en perte de vitesse. D'où l'intérêt, de ne
pas chercher à les quantifier.
Photo n°11 : Une station clandestine de vente
d'essence au quartier Kahankro
Photo n°12 : Une station clandestine de vente
d'essence au quartier Ahougnassou-château
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
2-4-2 Les auto-écoles
Ces écoles forment les conducteurs à
connaître la machine (voitures et motos), mais aussi le code de la route.
Selon la Direction Régionale du Transport (2014), la ville de
Bouaké en compte dix-huit 18. Ces auto-écoles sont des
équipements de transport les plus mal distribués spatialement. On
retrouve près de dix auto-écoles au centre-ville et ses
environnants, mais aussi dans des quartiers fortement peuplés, tels que:
N'Gattakro, Koko, Nimbo, Air-France, Dar es Salam et Mamianou. Le
véritable problème que posent ces auto-écoles, c'est la
mise à jour des programmes de formation et l'application de la
réforme des permis de conduire.
66
2-4-3 Les garages
Les garages, sont des lieux de réparations des
machines, de transport ou pas. Dans le cas de notre étude, nous
intéressons seulement aux garages autos et motos.
Selon Monsieur Cissé Amadou, responsable de la
fédération des coopératives et association des artisans de
la région du Gbêkê (FECAAREG), la ville de Bouaké
compte près de 400 garages motos et 300 garages autos. Les garages sont
concentrés pour la plupart dans les quartiers comme Dar es Salam1 et 2,
Sokoura, Koko, Gonfreville et Belleville. Quant aux garages motos, ils sont
répartis de façon uniforme sur l'ensemble du territoire urbain.
Mais les nouveaux quartiers ou quartiers périphériques avec leurs
extensions sont seulement ceux des moins équipés.
Ces garages reçoivent en moyenne 5 à 7 voitures
et 10 voir 15motos (personnelles comme celles du transport collectif) par jour.
A regarder ces chiffres et la répartition spatiale de ces garages, ils
ne sont pas obstacles au développement du transport routier à
Bouaké. Au niveau de ces garages, c'est peut-être le manque de
véritables panneaux d'indication qui peut poser problèmes aux
usagers.
Au terme de ce chapitre, il ressort que les infrastructures et
équipements de transport d'un pays, d'une région ou d'une ville
sont des facteurs déterminants du développement de cette
activité. Dans la ville de Bouaké, bien que toutes les
catégories d'infrastructures et équipements du transport routier
existent, leur nombre apparait insuffisant pour une bonne organisation du
transport. Dans l'espace urbain de Bouaké, les routes praticables dans
la plupart des cas relient seulement les quartiers entre eux, mais
l'intérieur des quartiers est inaccessible pour cause de l'état
dégradé des rues. Aussi, le manque de véritable gare
urbaine est un véritable obstacle au développement du transport
urbain. Avec cet état peu reluisant du transport urbain de la ville,
l'urbanisation doit s'accompagner avec des équipements et
infrastructures de transport adéquats, pour une bonne organisation du
transport urbain, surtout collectif.
67
Conclusion partielle
Le transport, un élément clé du
développement d'un territoire, doit son épanouissement aux
facteurs qui sont à la fois naturels qu'humains. Ces différents
facteurs dans une ville, influencent l'émergence et le
développement des différents moyens collectifs de transport
urbain de personnes. Pour rendre agréable la vie urbaine, les
autorités publiques et les différents acteurs privés
prennent toujours différentes mesures pour réduire de
façon significative les facteurs qui impactent négativement le
bon fonctionnent du transport surtout collectif. Aujourd'hui dans toutes les
villes ivoiriennes, la tendance est à la conception plus large et plus
complète des réseaux de transport urbain, des gares
routières modernes, des auto-écoles à la norme (avec la
réforme du permis de conduire), des stations de carburant de haute
qualité et des garages modernes et disponibles en tout lieu et en tout
endroit. Le transport urbain collectif est un lieu d'expression de
l'évolution et du dynamisme économique d'une ville de par son
dynamisme. Chose à laquelle les autorités étatiques et
municipales de Bouaké pensent.
DEUXIEME PARTIE
68
LES MOYENS DE TRANSPORT
COLLECTIF DANS LA VILLE DE BOUAKE
69
Introduction
L'extension des zones urbaines constituent un
phénomène mondial qui touche depuis des décennies
l'Afrique subsaharienne (PAULET, 2000). Les enceintes des villes africaines
n'existent plus, et l'urbanisation s'étend de plus en plus loin de la
cité intra-muros. Les périphéries sont devenues alors
synonymes d'éloignement qui joue un rôle primordial dans le choix
des moyens de déplacement. Cette urbanisation favorise en Côte
d'Ivoire et comme partout ailleurs dans le monde une concentration de
populations et des activités. Aujourd'hui, l'expansion spatiale rapide
des villes ivoiriennes pose d'énormes problèmes aux populations
citadines notamment en matière de déplacement, elles se tournent
de façon massive vers le transport motorisé, notamment le
transport collectif à cause du manque généralisé
des engins personnels de mobilité.
Le fonctionnement des réseaux de transport devient
alors un élément clé pour ces villes et également
une condition préalable au développement des activités
économiques et sociales. Les moyens de transport collectif qui en
résultent dans ces villes et particulièrement à
Bouaké se multiplient et se côtoient souvent. Ainsi, allant des
taxis-ville, des gbakas, aux motos-taxis en passant par des
sociétés privées d'autobus (Sotub et Stub), tous ces
moyens constituent le système de transport de personnes de la ville de
Bouaké. Ce système, bien que souvent défaillant,
représentent actuellement l'essentiel des déplacements
motorisés et il est appelé à avoir son rôle
s'accroître dans les années à venir avec l'expansion sans
cesse croissante de la ville.
Depuis, l'introduction du transport urbain motorisé
dans la vie des habitants de Bouaké dans la seconde moitié des
années 1960 (ALOKO, 2001), son offre et ses moyens n'ont cessé
d'évoluer. Ainsi, en reliant les hommes entre eux et la population aux
services, le transport structure entièrement des espaces
jusque-là en retrait et facilite la renaissance de la dynamique urbaine.
La plasticité et l'adaptabilité du transport urbain se
repèrent d'abord par la diversité des moyens employés.
Cette réalité s'est accompagnée d'évolution
progressivement des processus démographiques, économiques et
politiques de la ville. La connaissance du fonctionnent du transport collectif
dans la ville de Bouaké, nous amène dans cette partie de notre
étude, à nous focaliser sur les moyens habituels de transport de
la population de Bouaké (chapitre 3) et sur l'émergence de
nouveaux moyens de transport (chapitre 4).
70
Chapitre 3: LES MOYENS HABITUELS DU TRANSPORT COLLECTIF
DANS LA VILLE DE BOUAKE
Les moyens habituels du transport collectif de Bouaké
sont composés de taxis communaux ou taxis-ville et de minicars «
gbakas », apparus dans le paysage urbain de Bouaké à partir
de 1965. Jusqu'en 2002, ces deux modes ont constitué les seuls moyens du
transport collectif de la ville. Le succès rencontré
auprès de la population a permis à ces moyens de se
développer rapidement pour atteindre un parc auto se chiffrant en 2000
à 1 490 taxis-ville et 530 minicars « gbakas » (ALOKO,
2001).
Il est actuellement très difficile en l'absence de
données chiffrées de montrer la part de marché de chacun
de ces modes. Cependant, ils répondaient majoritairement à la
demande urbaine en transport collectif. Leur rôle a été
déterminant pour le bon fonctionnement de l'espace urbain, en assurant
les liaisons entre les différents compartiments de la ville. Ces moyens
de transport étaient dynamiques pour accompagner la croissance spatiale
et démographique rapide de la ville. Les réseaux de lignes
couvraient l'ensemble du territoire urbain avec une forte concentration dans le
centre-ville et notamment à partir de la place du marché central
avant 2002.
Ces moyens de transport ont été des instruments
de la conformation de l'espace urbain de Bouaké. Ils ont permis par
leurs activités diverses l'intégration économique et
sociale des quartiers périphériques à l'ensemble urbain.
En ce qui concerne les lignes, les gares, chaque mode à sa
manière de fonctionner. Même les contrats qui lient les
propriétaires des engins aux utilisateurs (chauffeurs) ou les relations
entre passagers et les acteurs de ces moyens de transport sont fonction de
chaque secteur. Ce chapitre se structure autour de deux points à savoir
: en 1, les taxis-collectifs, des moyens de transport très anciens
à Bouaké et en 2, les minicars « gbakas », autres
moyens anciens de transport collectif à Bouaké.
3-1 LES TAXIS-COLLECTIFS, DES MOYENS DE TRANSPORT TRES
ANCIENS A
BOUAKE
L'activité de transports des taxis collectifs à
Bouaké remonte à la seconde moitié des années 1960.
Cela est lié à l'extension rapide des superficies occupées
par la ville. En effet, jusqu'en 1965, la ville avec ses plus de 55 000
habitants répartis sur une superficie de 1 404 hectares
71
urbanisés, restait encore une ville dans laquelle les
besoins de déplacement pouvaient pour l'essentiel être satisfaits
par la marche. Cependant, avec la création de nouveaux quartiers
périphériques, l'espace urbanisé se trouve
multiplié par 2 (ALOKO, 2001). Ainsi, pour relier les pôles
d'activités, la marche ne suffit plus. L'alternative fut trouvée
dans la promotion des taxis privés de transport (Photo 13), car
Bouaké ne possédait pas de système de transport public.
Photo n°13 : les taxis collectifs de la ville de
Bouaké (quartier Dougouba)
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
3-1-1 Les conditions d'évolution des
activités des taxis collectifs à Bouaké
L'expansion des superficies occupées par la ville de
Bouaké s'est réalisée à un rythme
élevé qui calque, dans les grandes lignes et étapes
majeures de la croissance démographique de cette seconde
métropole ivoirienne. En effet, entre 1940 et 1998, la population de la
ville s'est multipliée par 80 et la superficie par 46 (Tableau11). La
ville se voit s'inscrire ainsi dans un rayon moyen de 12km environ. Cette
extension spatiale et démographique de la ville est soutenue par un
effort de lotissement des quartiers qui leur donne un cachet urbain.
L'évolution des surfaces offertes à l'urbanisation s'est aussi
accompagnée de lotissement relativement important.
Cette opération technique d'urbanisme vise surtout à
restructurer l'espace urbain en le rendant accessible par les taxis.
72
Tableau n°11 : Evolution des surfaces
urbanisées et de la population de Bouaké de 1940
à 1998
Années
|
Surface urbanisée (ha)
|
Population urbaine
|
1940
|
85
|
10000
|
1958
|
1296
|
47110
|
1961
|
1404
|
49780
|
1965
|
2332
|
85000
|
1970
|
2763
|
104650
|
1975
|
4350
|
124000
|
1978
|
5257
|
173000
|
1988
|
7200
|
320850
|
1998
|
8000
|
461618
|
Source: Atlas Bouaké, 2010
Ainsi, à partir des années 1970, c'est entre 100
et 200 taxis collectifs qui assuraient les besoins de déplacement des
populations de Bouaké et à un coût raisonnable (50 F CFA la
course). L'adéquation entre la superficie de l'espace urbain, et la
tarification de ces taxis, les rendent attractifs et accessibles à une
frange significative de la population active.
Mais la conjonction des contraintes, apparues au cours de la
seconde moitié des années 1970, estompe cette « embellie
» dès le début des années 1980. En effet, en 1985,
date à laquelle les mairies prennent en compte l'activité des
transports urbains, Bouaké dénombrait 4 735 taxis (ALOKO, 2001).
Ce chiffre a continué de diminuer, pour atteindre en 1999, 1 900 taxis
et en 2000 seulement 1 490 taxis8. Avec les évènements
qu'a connus la Côte d'Ivoire en général, et Bouaké
en particulier (crise politico-militaire de 2002), les taxis-ville
disparaissent de la circulation à Bouaké en 2003 pour ne
réapparaître qu'en 2007. Aujourd'hui, avec la normalisation du
climat politique général de la Côte d'Ivoire et le
réveil économique de Bouaké, le nombre de ces taxis
collectifs est en pleine croissance. Le nombre de taxis est passé ainsi,
de près de 200 en 2011 à 687 en 2014 (Tableau12).
8 Archive du transport de la mairie de
Bouaké.
73
Tableau n°12 : Evolution du nombre de taxis de
1985 à 2014
Années
|
Nombre de taxis
|
1985
|
4735
|
1999
|
1900
|
2000
|
1490
|
2001
|
1200
|
2002
|
pas de données
|
2003
|
pas de données
|
2004
|
pas de données
|
2005
|
pas de données
|
2006
|
pas de données
|
2007
|
pas de données
|
2008
|
pas de données
|
2009
|
pas de données
|
2010
|
pas de données
|
2011
|
200
|
2012
|
528
|
2013
|
625
|
2014
|
687
|
Source: INS1998/ Mairie
3-1-2 Les opérateurs économiques du secteur
des taxis collectifs de Bouaké
Les opérateurs sont des hommes et femmes qui ont
trouvés leurs saluts dans l'activité de promoteurs de taxis
collectifs dans la ville de Bouaké. Depuis le début des
années 1990, on assiste à une dispersion de la structure de la
propriété dans de nombreuses entreprises, à cause de la
politique de la promotion du privé et de la crise de la
dévaluation du francs CFA (fin 1994). Ainsi, à Bouaké, on
est passé des regroupements de 30 à 50 taxis appartenant à
un seul et même propriétaire avec une gestion de type
entrepreneuriale moderne à une gestion artisanale de trois, voire deux
ou un seul taxi.
De nos enquêtes menées sur un échantillon
de 55 chauffeurs de taxis roulants, les chauffeurs qui ont
déclaré que leur patron possédait plus d'une voiture sont
au nombre de 17, soit 30,90% des enquêtés. Une autre chose est
à remarquer, c'est l'apparition de la gente féminine dans la
gestion ou l'initiative des entreprises. Nous avons déchiffré
11taxis (20%) ayant pour propriétaire des femmes. Et seulement 03, soit
4,54% des chauffeurs interrogés, roulaient pour leur propre compte.
74
3-1-3 Organisation fonctionnelle des taxis de
Bouaké
Les espaces pratiquées par la majorité des
populations de Bouaké de 6h à 10h pour leurs besoins de
déplacements en taxis, tous motifs confondus (travail, école,
marchés, affaires . . .), nous ont permis de définir trois grands
axes de flux des taxis (Carte 6)
Carte n°6 : Le flux matinal des taxis-collectifs
de Bouaké
- Le premier grand flux des taxis est dirigé vers
l'ensemble central appelé Commerce
(plus de 30 taxis interrogés (54%), répondent y
aller ou y reviennent). Il nous permet d'identifier 02 grandes destinations. Ce
sont, la place du marché central et tout son bloc jusqu'au marché
de gros. Et une autre se dessine au coeur du centre-ville où l'on trouve
les services financiers et commerciaux (banques, centre-commercial. . .).
- Le deuxième flux est en direction du quartier
Ahougnassou qui abrite des institutions
comme l'Université, les lycées Djibo et
Ouézzin. On a aussi, l'axe qui mène au quartier
75
Kamounoukro, à cause du CHU, du centre de l'INFAS et du
lycée classique (17 chauffeurs (30%) interrogés indiquent ces
quartiers comme leur destination).
- Le troisième flux (16%) est un peu disparate, il
mène vers les petits marchés
hebdomadaires des quartiers et quelques lycées et
collège de la ville.
Les taxis à Bouaké, n'ont pas de lignes fixes.
Ce qui crée des désagréments aux usagers, car les
directions peuvent à tout moment changer selon le bon vouloir du
chauffeur. Il arrive que le chauffeur change d'itinéraire en prolongeant
votre parcours. L'influence du nombre des nouveaux passagers joue un rôle
déterminant dans le choix des chauffeurs. Il est à souligner que
la tarification est la même (200 F CFA) selon l'embarquement et la
destination.
Au niveau fonctionnel, les contrats qui lient les exploitants
des taxis à leurs patrons sont individuels et dans la plupart des cas
sans règles écrites. Ces contrats stipulent dans presque tous les
cas, le versement journalier par les chauffeurs aux propriétaires des
montants qui varient entre 7 000 et 10 000 F CFA. Et le règlement
salarial mensuel de ces chauffeurs se situe en moyenne entre 60 000 et 120 000
francs CFA.
3-2 LES MINI-CARS « GBAKAS », AUTRES ANCIENS
MOYENS DE TRANSPORT COLLECTIF A BOUAKE
Les minicars dénommés « gbakas » sont
des véhicules le plus souvent usagés d'une capacité de
charge de 18 places, 22 places et de 32 places assurant le transport urbain de
passagers. Dans les cas de Bouaké, les gbakas ont presque tous 18 places
assises. L'utilisation des « gbakas » dans le transport urbain de la
ville de Bouaké est relativement récente par rapport aux taxis
collectifs. L'initiative des gbakas, copiée sur le modèle
Abidjanais, a été pour compenser les effets de la crise des taxis
qui n'arrivait plus à répondre aux besoins sans cesse
grandissants des populations. La première ligne de gbakas initiée
à la demande de la mairie remonte à 1979. Il s'agissait de la
ligne Dar-es-Salam?Marché et facturée à l'époque
à 50 F CFA le trajet. Cette ligne visait à relier un quartier
rejeté, car les taxis urbains, les seuls moyens de transports collectifs
de la ville à cette époque s'y rendaient rarement et y
pratiquaient des tarifs jugés hors de la portée des habitants de
ce quartier, peuplé majoritairement d'une population de classe sociale
modeste.
76
Très vite, les « gbakas » connaissent un
succès remarquable, à cause du développement spatial et
démographique de la ville. C'est dans cette dynamique de succès
que sont créées successivement plusieurs autres lignes,
notamment: les lignes d'Ahougnassou, de Broukro et même des quartiers
considérés comme bien structurés qui sont entre autre ;
Air-France (cette ligne va très vite disparaître) etc.
Ainsi, les gbakas jouent un rôle discret et efficace
dans la topologie sociale de la ville. Ils favorisent et maximisent
l'interaction sociale, consolident les traditionnels circuits de transport et
participent à l'animation de la vie de la cité. Les « gbakas
» deviennent alors des canaux incontournables dans la circulation des
hommes, des biens, des informations et des flux financiers à toutes les
échelles de l'espace urbain de Bouaké.
La symbiose hommes/espace qui s'est accompagnée d'un
état d'esprit dont l'expression marque un enracinement culturel des
populations, peut être portée au crédit des « gbakas
», considérés comme un moyen de transport de masse.
Grâce aux liaisons de masse qu'ils effectuent dans le
périmètre urbain, mais aussi les liaisons entre la ville et les
villages périphériques.
3-2-1 Organisation spatio-fonctionnelle des gbakas de
Bouaké
Dans son évolution, les gbakas vont adopter une
organisation et un fonctionnement propre à eux. Ce faisant, ils veulent
être plus proches des populations, surtout des couches
économiquement faibles. Mais aussi desservir des quartiers
périphériques marginalisés par les taxis collectifs pour
raison d'éloignement et de voirie presque impraticable. Ils apportent
ainsi une contribution significative au façonnement du paysage urbain de
Bouaké. Le processus d'urbanisation accélérée des
quartiers villageois intégrés dans la ville entraine la
création ex nihilo de quartiers périphériques dont leur
ravitaillement au quotidien à montrer la capacité d'adaptation
des gbakas. C'est à eux que l'on doit l'intégration rapide de ces
nouveaux quartiers dans la vie économique et sociale de la ville
(ravitaillement des marchés, offre de logement, demande de produits et
services urbains, échanges communautaire. . .).
77
3-2-1-1 La gestion des gares et lignes de gbakas
La configuration du réseau des « gbakas » va
connaître des changements au fil du temps. Des 13 lignes qu'il
était constitué, ce réseau ne compte aujourd'hui que 9
lignes de « gbakas » qui structurent l'espace urbain de
Bouaké. En effet, certaines lignes ont été
supprimées (trois), d'autres fusionnées à d'autres lignes
(deux). La ligne de Kouassi-Blékro (Idessa), a été
intégrée à celle de Belleville et celle
d'Odienné-Krouani, à la ligne quartier zone. La suppression des
trois autres lignes (N'Gattakro, Air-France et Piscine) remonterait dans les
années 1998. Toutes ces suppressions et fusion seraient liée
à plusieurs raisons, notamment; la non rentabilité des lignes.
Ainsi, avec l'arrêt momentané de leur activité (2002
à 2007), les gbakas ont repris avec 8 anciennes lignes. Mais depuis la
fin de 2013, on note l'ouverture d'une nouvelle ligne, celle d'Assekro
(Tableau13).
Tableau n°13 : Répartition des gbakas par
ligne
Gares
|
Lignes
|
Nombre de gbakas
|
Nombre de places assises
|
Grande gare
|
Ahougnassou- N'dakro
|
45
|
810
|
Beaufort
|
15
|
270
|
Broukro
|
15
|
270
|
Gonfreville
|
30
|
540
|
Tiérêkro
|
25
|
450
|
Zone- Odienné krouani
|
20
|
360
|
Gare immeuble Dougouba
|
Dar es Salam
|
55
|
990
|
Gare Etat civil
|
Belleville-Oliénou
|
35
|
630
|
Gare immeuble Harmattan
|
Assekro
|
02
|
36
|
|
Total
|
242
|
4356
|
Source: Nos enquêtes personnelles, 2014
Au niveau des gares, contrairement aux taxis-ville, les gbakas
ont des lignes et gares fixes, nous en dénombrons quatre (Carte 5). La
gestion de ces gares paraît uniforme, bien que chaque gare à sa
propre réalité quotidienne. Ainsi, quel que soit la gare, le chef
et son adjoint s'occupent de la coordination des activités. Ils
reçoivent et gèrent les sommes (tickets de chargement vendus
à 100 F CFA par voyage) que les chefs de lignes collectent auprès
des chauffeurs. Ces sommes sont destinées aux règlements des
différents problèmes socioprofessionnels auxquels seront
confrontés tous les agents (les responsables syndicaux et les
chauffeurs). Quant aux chefs de lignes, ils sont repartis selon les
différentes lignes. Chaque
78
chef de ligne veille au bon fonctionnement de
l'activité sur sa ligne. C'est-à-dire qu'il vend les tickets de
stationnement et gère les différents départs.
À partir de ces gares, les distances parcourues par les
« gbakas » s'inscrivent dans une fourchette de 11 km (zone
industrielle ouest) à 4 km (Beaufort) et le temps moyen des courses est
de 20 à 30 minutes pour une distance moyenne de 7 km environ (ALOKO,
2001). Aussi, les rues, mal ou pas entretenues des quartiers
périphériques, entraine des problèmes
d'accessibilité de ces quartiers, habités souvent par des couches
sociales défavorisées de la ville de Bouaké.
3-2-1-2 Le matériel roulant
L'activité des gbakas a connu plusieurs
évolutions. Cette évolution s'est faite en dents de scie.
Démarrée en 1980 avec 75 véhicules, le nombre des gbakas a
atteint 530 véhicules en 2000. Cependant, depuis la crise de 2002, qui a
fait naître les motos-taxis, le nombre de gbakas ne fait que
décroître pour atteindre actuellement 242 gbakas (Tableau 14).
Depuis la reprise de leurs activités, les gbakas ont des
difficultés pour atteindre leurs notoriétés d'attente.
Tableau n°14 : Evolution du nombre de gbakas
à Bouaké
Années
|
Nombre de gbakas
|
1980
|
75
|
1985
|
150
|
1990
|
300
|
1995
|
350
|
2000
|
530
|
2005
|
Pas de données
|
2006
|
Pas de données
|
2007
|
Pas de données
|
2008
|
50
|
2009
|
100
|
2010
|
200
|
2011
|
Pas de données
|
2012
|
257
|
2013
|
253
|
2014
|
242
|
Source: Nos enquêtes 2014/ Mairie
79
Le parc auto actuel des gbakas est composé en grande
partie des véhicules d'occasion et usés, c'est-à-dire des
véhicules dont l'âge est très avancé. Ils sont par
conséquent pour la plupart en mauvais état (Photo 14).
Photo n°14 : Les gbakas en stationnement dans
leur grande gare au quartier Commerce
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
3-2-2 Les acteurs du secteur
Ils se répartissent de trois grands groupes, à
savoir: les propriétaires, les exploitants et les usagers.
3-2-2-1 Les propriétaires des
véhicules
À ce niveau, il faut distinguer deux groupes de
propriétaires qui sont :
? Les propriétaires, simples patrons
Ce sont principalement des personnes nanties ou des cadres qui
dans le but de fructifier leurs gains, investissent dans ce type de transport.
Ils achètent des véhicules et les confient à de tierces
personnes en vue de leur exploitation. Dans ce cas, les propriétaires
n'ont aucune idée de l'environnement dans lequel fonctionnent leurs
véhicules. Ils ne contentent uniquement du
80
montant journalier (entre 4 000 et 10 000 F CFA) que doit lui
rendre son travailleur (Chauffeur).
? Les propriétaires-chauffeurs
Il s'agit de ceux qui exploitent eux même leurs
véhicules. C'est pour la plupart des commerçants ayant
économisé suffisamment pour acheter un véhicule, ou des
personnes ayant bénéficié d'une aide familiale ou de don
quelconque et se reconvertissent ainsi à cette activité. Cette
catégorie de propriétaires a l'avantage de maitriser tous les
bénéfices de l'exploitation du véhicule. À
Bouaké, cette catégorie de propriétaires n'est pas
à négliger. Sur les 9 chauffeurs interrogés, 03 soit
33,33% sont des chauffeurs propriétaires.
Le nombre de propriétaires (simple patron comme
propriétaire-chauffeur) est proportionnel au nombre de minicars
(Tableau15). Rare étaient des regroupements de véhicules ayant un
seul propriétaire. En effet, la proportion des
propriétaires-chauffeurs est en pleine progression selon SANOU Adama,
chef de ligne Ahougnassou. Les responsables syndicaux, quant à eux, ils
sont tous des propriétaires de véhicules.
Tableau n°15 : Proportion des catégories de
propriétaires
Catégorie
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Propriétaires simples
|
06
|
66,67
|
Propriétaires-chauffeurs
|
03
|
33,33
|
Total
|
09
|
100
|
Source: Nos enquêtes, 2014
3-2-2-2 Les chauffeurs, de simples employés
Ils sont difficilement dénombrables pour la simple
raison qu'il existe un système de co-chauffeurs. C'est-à-dire,
sur un seul véhicule, l'on peut avoir un, deux, voire trois chauffeurs
qui se répartissent le temps de travail par jour ou par semaine. La
majorité des chauffeurs sont d'ethnie malinké, à quelque
exception près ou nous retrouvons d'autres ethnies. Ces chauffeurs, sont
liés aux patrons, par des contrats qui renferment plusieurs closes: le
lavage, le contrôle routier, le gardiennage etc. Le salaire moyen des
chauffeurs de gbakas varie en 40 000 et 100 000 F CFA.
81
3-2-2-3 Les passagers
Ceux-ci se raréfient au fil du temps, pour raison des
temps que mettent les gbakas pour charger dans les gares, mais aussi leur
irrégularité sur les lignes. Aujourd'hui, les clients des gbakas
sont en majorité des commerçants qui habitent les quartier et
villages périphériques, pour cause du prix des courses
réduits (100 à 150 F CFA) le voyage). La majeure partie des
clients des gbakas, surtout les jeunes (élèves et
étudiants) et fonctionnaires (administrateurs, enseignants), se tournent
de plus en plus vers les taxis-ville qu'ils trouvent plus rapides et
très pratiques. Quant aux autres tranches de la population, elles
préfèrent massivement les motos-taxis. Des personnes
questionnées, seules 8 sur les 25, soient 4 personnes à Dar es
Salam, 2 au Commerce et 2 à Ahougnassou, ont reconnues qu'elles
empruntent régulièrement les gbakas.
L'évolution rapide de sa superficie et de sa population
dès création entraine la dotation de la ville de Bouaké
des moyens motorisés de déplacement. Les taxis-ville qui ont fait
leur apparition dans le paysage urbain de Bouaké dans les années
1960, jouent leur rôle de modernisation de la ville. En fait, dès
leur mise en circulation en 1965, les taxis-ville répondaient aux
besoins de mobilité des habitants de Bouaké. Cependant, ils
seront dépassés par l'évolution spatiale et
démographique de la ville de sorte qu'il était nécessaire
de penser à un autre moyen de transport qui puisse relier les quartiers
difficile d'accès, mais aussi répondre aux bourses des
populations dont le niveau de vie baissait à cause des effets de la
crise économique des années 1980. Ainsi les minicars
communément appelé gbakas apparaissent pour pallier sa
défaillance. Ces deux moyens de transport, constituaient les moyens de
mobilité collectif de Bouaké jusqu'à la crise
militaro-politique de 2002. En effet, depuis la fin de la crise, ils tentent de
reconquérir difficilement le terrain qu'ils avaient laissé.
Aujourd'hui, les gbakas sont particulièrement en perte de vitesse.
82
Chapitre 4: L'EMERGENCE DE NOUVEAUX MOYENS DU TRANSPORT
COLLECTIF URBAIN A BOUAKE
L'évolution démographique, politique et
économique de la ville de Bouaké depuis les années 2002, a
fait émerger d'autres moyens du transport collectif de personnes. Ces
moyens viennent comme tout autre moyen de transport en réponse à
une situation à laquelle les moyens usuels ne pouvaient plus pallier.
Pour ADOLEHOUME et ZORO (2002), l'essor d'un moyen de transport dans un paysage
urbain s'explique par la crise économique, ainsi que par la
déficience de l'offre de transport habituel. Ainsi, on note le
développement du système de motos-taxis et l'arrivé des
sociétés d'autobus (STUB et SOTUB) dans le paysage urbain de
Bouaké. Dans ce chapitre, nous allons en un (1) parler des taxis-motos
comme des moyens de transport de secours et en deux (2) parler des
sociétés de transport.
4-1 LES TAXIS-MOTOS, DES MOYENS DE TRANSPORT DE
SECOURS
Les motos-taxis sont actuellement, sinon la plus originale, de
l'offre de transport collectif qui connaît un fort dynamisme dans les
grandes villes d'Afrique sub-saharienne. Depuis une quinzaine d'années,
ils se sont rapidement développés dans de nombreuses villes
comme: zémidjan béninois, oléyia
togolais, okada nigérian, kabu-kabu
nigérien, boda-boda ougandais ou kenyans, kupapatas
angolais, bendskin camerounais, etc.
Dans certains cas, les motos-taxis sont
considérés comme des transports des périodes de crises. En
effet, les programmes d'ajustement structurel (PAS) imposés aux pays
Africain, ont conduit une frange importante des populations à la rue
surtout les jeunes. Aussi pour survivre, certains « déflatés
» se sont insérés dans l'activité des motos-taxis
dans la plupart de ces pays. Dans l'exemple Béninois, l'un des pays
africains pionniers dans le transport des motos-taxis. Les taxis-motos ont fait
leur apparition à Cotonou, suite au rapatriement massif des
Béninois du Nigeria en 1977. A eux, se sont ajoutés les
rapatriés du Congo Brazzaville et du Gabon de 1978. Certains
rappariés, confrontés au chômage, ce sont mis à
exploiter dans la ville de Cotonou des motos qu'ils ont ramenées avec
eux (AGOSSOU, 2004).
Aussi, à Douala (capitale du Cameroun),
l'émergence de ce mode de transport s'est faite à la suite de
l'arrêt de travail des moyens de transport collectifs habituels, lors de
l'opération « villes-mortes » initiée par l'opposition
pour obtenir le multipartisme et des élections
83
démocratiques au début des années 1990,
de sorte que ne pouvaient circuler que les piétons et les deux-roues.
Quant à Lomé (capitale du Togo), le processus s'est
enclenché dans cette ville, en novembre 1990 puis en juin 1991 à
l'occasion des grèves généralisées (KASSI,
2013).
À Bouaké, (deuxième ville de la
Côte d'Ivoire), c'est à l'occasion de la crise militaro-politique
que ce mode de transport collectif est apparu dans le paysage urbain de la
ville, ainsi que dans les grandes villes du nord et dans certaines villes de
l'ouest du pays. Ils sont apparus comme une alternative à la crise des
transports. Ils ont été d'utilité publique pendant la
guerre au moment où les autres modes traditionnels de locomotion
étaient quasi inexistants. Ce moyen de transport de crise a
émergé de façon spontanée dans le paysage urbain
des zones CNO, pour répondre à la demande individuelle puis
collective. La disparition des moyens habituels a amené les
propriétaires de ces engins à deux roues à les utiliser
pour répondre aux besoins de déplacements des populations.
4-1-1 La genèse des motos-taxis à
Bouaké
La confiscation des véhicules de transport collectif
par les forces rebelles a entrainé l'apparition des taxis motos. En
effet, suspectés de transporter des infiltrés, les transporteurs
des véhicules collectifs ont dû garer leurs engins pour se
préserver de toute attaque. Aussi, pour renforcer leur parc de
véhicules de combats, les insurgés n'hésitaient pas
à confisquer les véhicules personnels et ceux des transports
collectifs qui, pour la plupart, ne sont plus jamais revenus à leurs
propriétaires. Ainsi, la confiscation des véhicules dans les
zones rebelles était une pratique très courante lors des crises
militaires en Côte d'Ivoire (KASSI ,2013). Ce qui contraint les
automobilistes à garer au risque de se faire déposséder de
leur bien. De plus, les transporteurs de ces véhicules qui le pouvaient
se sont délocalisés dans les villes sous contrôle
gouvernemental qui offrent de meilleures opportunités.
Ce départ massif a sonné le glas de
l'activité de transport collectif à Bouaké. Ainsi, sur la
trentaine de lignes (taxis et gbakas confondus) qui constituaient le
réseau de transport de la ville, aucune n'a pu résister à
la crise. Toutes ont cessé de fonctionner, ce d'autant plus que la
demande était quasi nul. Les déplacements des populations,
très limités se faisaient à pied ou au mieux avec les
deux-roues. De cette absence des moyens de transport habituels va naître
et proliférer un autre type de transport avec un fort impact sur le
paysage urbain (les motos-
84
taxis). Les quelques dizaines de motoristes ont d'abord
commencé par transporter les voyageurs sur les lignes interurbaines
notamment entre Bouaké et la ville de Djébonoua. Sur cet
itinéraire, le tarif appliqué était de 2 500 FCFA par
usager et par voyage. Les revenus que généraient ce mode de
locomotion font prendre conscience aux jeunes déscolarisés et
ceux au chômage de l'opportunité à s'insérer dans
cet emploi, fût-il informel. Peu à peu, ces taxis à deux
roues se positionnent dans la ville pour répondre à la demande
urbaine non satisfaite. Ils desservent dans un premier temps les lignes en
direction du marché central et par la suite vers tous les secteurs de la
ville. Ils tissent un réseau de lignes à la fois urbaines et
interurbaines pour capter le plus grand nombre d'usagers. Aujourd'hui, avec un
nombre estimé à 2 5689, les motos-taxis sont devenus
l'un des moyens de transport les plus prisés par la population de
Bouaké et donc incontournables.
4-1-2 Organisation fonctionnelle des motos-taxis de
Bouaké
Ayant, conquis l'espace urbain pendant la crise et
s'étant implanté durablement dans le paysage des transports
collectifs de personnes, les motos-taxis ont adopté un fonctionnement
propre à eux. Les motos-taxis de Bouaké n'ont aucune ligne, ni
gare fixes. Le secteur est dominé par la jeunesse de ses acteurs. Cette
population jeune importante en quête de travail et aux profils
professionnels très variés, mais dont un grand nombre est sans
aucune formation professionnelle et pour lequel l'espoir de trouver un travail
stable et rémunérateur est limité a ainsi trouvé
son salut dans ce secteur.
4-1-2-1 Les acteurs
Nous dénombrons plusieurs catégories d'acteurs
dans l'activité des motos-taxis, tant au niveau des propriétaires
qu'au niveau des conducteurs.
9 Service de Transport de la Mairie
4-1-2-1-1 Les propriétaires de motos
Officiellement, considéré comme le propre des
ex-combattants, nous avons découvert deux catégories de
propriétaires (Tableau 16).
Tableau n°16 : Proportion des catégories
sociales de propriétaires des motos-taxis
Simples investisseurs
Propriétaires-exploitants
Source: Nos enquêtes, 2014
Catégories socio-professionnelle
|
Nombre
|
Proportion
(%)
|
Commerçants
|
28
|
54,90
|
Fonctionnaires
|
7
|
13,73
|
Tierces personnes
|
2
|
3,92
|
Total
|
37
|
72,55
|
Ex-combattants
|
9
|
17,65
|
Autres
|
5
|
9,80
|
Total
|
14
|
27,45
|
Totaux
|
51
|
100
|
85
Ainsi, il y a :
? Des propriétaires, de simples investisseurs
Ce sont eux qui constituent le gros des propriétaires
des motos-taxis. Nous avons dénombré 37, soit 72,55% des acteurs
interrogés. Ces propriétaires sont de toutes catégories,
allant des commerçants (28, soit 54,90%), en passant par des tierces
personnes (2, soit 3,92%) jusqu'aux fonctionnaires (7, soit 13,73%). Ils
achètent des motos qu'ils confient aux conducteurs, qui eux sont tenus
de verser quotidiennement des sommes qui varient de 1 500 F à 2 000 F
CFA. Dans cette catégorie de propriétaires, on rencontre des
personnes qui possèdent plus d'une moto. Certains en possède
jusqu'à cinq motos (12 propriétaires sur les 37, soit 32,43%).
? Des propriétaires-exploitants
Ces derniers sont majoritairement des jeunes ex-combattants
reconvertis dans ce métier, soit 9 personnes sur les 14. Ils exercent ce
métier pour survenir à leurs besoins ainsi qu'à ceux de
leur famille. Les autres sont des déscolarisés ou des jeunes sans
aucune qualification professionnelle.
4-1-2-1-2 Les conducteurs de motos-taxis
Reconnaissables par le port de casques et de gilets orange
pour certains et par leurs simples grosses motos pour d'autres, les chauffeurs
de taxi-motos ne passent pas inaperçus dans la commune de Bouaké
(photos 15 et 16). La majorité d'entre eux ne possède pas de
permis de conduire (48 sur les 51 conducteurs interrogés, soit 94,12%).
Cette réalité est liée par le fait que la plupart des
conducteurs sont des élèves, des ex-combattants et autres jeunes
chômeurs. La moyenne d'âge de ces conducteurs varie entre 14 et 45
ans. Par le manque de formation de chauffeurs professionnels, les conducteurs
des motos-taxis se faufiler entre les voitures sans peur et sans respect des
règles de la circulation. Ils sont comme dans tout autre métier,
liés à leur patron par des contrats de divers niveaux.
Photo n°15 : Des conducteurs de mototaxis sans
aucune protection à un rond-point dans le quartier Dar es
Salam1
|
Photo n°16 : Un conducteur de mototaxis portant
un casque un gilet dans une rue du quartier Commerce
|
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
86
Dans certains des contrats, dans les closes, il est
demandé aux chauffeurs de verser une certaines sommes jusqu'à une
certaines périodes (6 mois à 1 an). La fin du contrat, le
conducteur devient le propriétaire définitif de la moto. Dans
d'autres cas, le propriétaire reste toujours le même, mais le
conducteur reçoit un salaire mensuel qui varie entre 15 000 et 30 000 F
CFA. En fin, dans le dernier cas de figure, le conducteur se paie
lui-même, après
87
avoir retrouvé ce dont il doit rendre à son
patron (par jour), il cherche son propre gain le reste du temps de la
conduite.
4-1-2-1-3 Les usagers
Les passagers des motos-taxis, sont de toute catégorie
sociale. Ces motos-taxis sont appréciés par la grande partie de
la population (18personnes sur les 25 interrogées), du fait de leur
rôle de taxis compteur dans la ville de Bouaké. Un taxi-moto,
dépose toujours son usager devant sa porte. Les quelques reproches qui
leur sont faites par les usagers, c'est le non-respect du code de la route,
mais aussi des prix des courses qui varient trop souvent à la hausse.
4-2 DES SOCIETES DE TRANSPORT À BOUAKE
La normalisation de la situation politique en Côte
d'Ivoire (accords d'Ouagadougou de 2007) conduit des sociétés
formelles à s'introduire dans le marché du transport urbain de
Bouaké. Ces sociétés s'inscrivent dans la logique de
résolution des problèmes de déplacement que connaît
la population après la crise.
En effet, en dépit de sa très forte
démographie et sa dynamique économique (deuxième ville
économique), la ville de Bouaké n'a pu bénéficier
d'un système de transport collectif de masse (public comme privé)
depuis l'Indépendance du pays. La politique de l'Etat ivoirien dans le
domaine du transport urbain a été destinée à la
métropole abidjanaise. En effet, au lendemain de l'indépendance,
toutes les attentions étaient portées sur la ville capitale en
plein boom économique et démographique. La croissance urbaine
rapide d'Abidjan a nécessité, dès 1960, la mise en oeuvre
d'une politique de transport urbain privilégiant les autobus (SOTRA) au
détriment des transports artisanaux inadaptés aux structures
urbaines et à la demande en transport. Les transports artisanaux n'ont
été tolérés que dans les villes secondaires dont
les pouvoirs locaux auraient souhaité bénéficier d'autobus
modernes. Ainsi, pour rattraper ce retard dans ce domaine, des
sociétés privées de transport (STUB et SOTUB), tentent de
s'implanter dans le paysage urbain de Bouaké, surtout avec l'absence de
l'Etat dans ce secteur.
4-2-1 La Société de Transport Urbain de
Bouaké (STUB), une entreprise à la traine
88
Mise en circulation à initiative du maire Fanny
Ibrahima en octobre 2009, les véhicules du stub avaient pourtant
suscité de l'espoir chez les populations de Bouaké
confrontées à de graves problèmes de transport. La plupart
d'entre elles qui avaient l'habitude de se déplacer en gbakas
(minicars), en taxis et surtout à motos-taxis avec le risque qu'elles
encouraient, voyaient désormais des bus un moyen sûr. Un
soulagement qui n'a duré qu'un an à peine. En effet, depuis
quelque temps, ces mastodontes aux couleurs rouge et blanc (photo17) ont
pratiquement disparu des voies de la capitale du centre au grand dam de ses
usagers. Cette disparition est en partie liée aux effets de la crise
dite «crise des listes électorales de 2010», mais aussi
à cause de la non rentabilité de la société.
Photo n°17 : Un bus de la STUB
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
4-2-1-1 Le parc auto et le fonctionnement de la
STUB
Démarrée avec 15 bus, la STUB ne compte
aujourd'hui que 03 bus. Née dans un environnement dominé par les
gbakas, taxis et motos-taxis, la concurrence est très rude avec ces
moyens de transport surtout avec les taxis-motos. La STUB se positionne comme
un concurrent redoutable sur les circuits de desserte du fait de la
capacité de ces bus à transporter un grand nombre d'usagers.
Cette concurrence, installe une situation de face à-face des
89
autobus avec les taxis-motos qui sortent perdants à
cause de leur faible capacité de charge. Son tarif de 100 F. CFA sur les
lignes urbaines et de 250 à 300 F.CFA sur les itinéraires
interurbains est largement inférieur à celui des taxis-motos
lequel varie de 150 F. CFA (négociable) à 200 F. CFA pour la
desserte urbaine et qui va jusqu'à 500 F. CFA pour la desserte
interurbaine.
Le conflit né de cette concurrence s'est traduit par la
destruction du matériel roulant de la STUB. En effet, à la faveur
des manifestations politiques de février 2010 suite à la
dissolution du gouvernement et au débarquement du président de la
Commission Electorale Indépendante (CEI) par le chef d'Etat. Des
manifestants incontrôlés en profitent pour piller et saccager le
dépôt de la STUB.
En dehors de cette situation, selon le gérant de la
société, Sékou TOURE, la société est aussi
confrontée à des problèmes de trésorerie. Dans la
même veine, il souligne que la société a du mal à
faire face à ses charges à cause du manque de rendement. La STUB
n'arrivait plus à rentrer dans ses fonds pour payer le carburant. Si au
début, il y avait de l'engouement et une sorte d'euphorie, au fil du
temps, les clients ont préféré recourir à leurs
anciennes habitudes (moto taxis) pour éviter les longues heures
d'attente aux différents arrêts de bus par le fait qu'il n'y a
plus assez de bus. Aussi, Il faut noter qu'en dépit de cette situation
matérielle et financière très difficile, certains
chauffeurs de l'entreprise manifestaient leur mécontentement quant au
traitement dont ils sont l'objet dans la société. « On n'est
ni embauchés ni déclarés à la caisse nationale de
prévoyance sociale (CNPS). Il n'y a pas de contrats qui nous lient
à la société. Des conditions bien réunies afin
qu'on soit sous-payés », s'offusque l'un des chauffeurs
interrogés.
Aujourd'hui, la STUB n'a qu'une seule véritable ligne
fonctionnelle, celle qui part de la Cathédrale à l'usine d'olam
à cause du contrat qu'elle a passé avec cette
société pour le ramassage de ses employés (3 000 F. CFA
par passagers et par mois). La STUB relie aussi de temps à autre la
commune de Djébonoua à la ville de Bouaké, le tarif de ce
trajet est à 300 F. CFA par passager (Carte 7). Elle ramasse en moyenne
100 à 300 personnes (TOURE).
90
Carte n°7 : Les lignes des sociétés
de transport (STUB et SOTUB)
4-2-2 La Société de Transport Urbain de
Bouaké (SOTUB), un difficile décollage
De même signification que sa précédente
soeur, la SOTUB est la deuxième société d'autobus de
Bouaké. Depuis son lancement en Novembre 2013, elle ne compte que 5 bus
de couleur jaune et noir (photo 18). Elle est confrontée presqu'aux
mêmes problèmes que la STUB. La seule grande différente est
que les difficultés de la sotub ne sont pas d'ordres fonctionnels, mais
d'ordre concurrentiel. Elle a pratiquement la même réalité
de terrain. La SOTUB a des difficultés pour se faire une
clientèle propre à elle. Elle est aussi obligée de passer
des contrats de ramassage avec la même société Olam. Elle
exploite presque la même ligne que la STUB. En effet, elle relie aussi de
temps à autre la commune de Djébonoua En dehors des lignes (la
cathédrale?olam et cathédrale?Djébonoua), la sotub
entretient une ligne moins danse, celle de son dépôt à
N'Gattakro, en passant par Air-France via olam. En fin, elle relie de temps
à temps le village périphérique de Tiérêkro
(carte 7 ci-dessus). Selon le Vice-président de la
société, c'est en moyenne 200 à 500 personnes que la sotub
transporte par jour.
91
Photo n°18 : Les bus de la SOTUB en stationnement
dans leur quai au quartier
N'Gattakro
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Au terme de ce chapitre, nous retenons que la ville de
Bouaké, dans son évolution socio-économique, va voir la
naissance d'autres moyens de transport collectif. Il s'agit entre autre de
motos-taxis apparus en 2002 au début la crise, et qui comptent
aujourd'hui parmi les moyens de transport les plus utilisés par la
population. Et des sociétés de transport collectif d'autobus
à savoir la STUB et la SOTUB. Ces sociétés, connaissent
des fortunes diverses. Pendant que l'une se meurt (STUB), l'autre (SOTUB) a des
difficultés de tous genres pour décoller. Aussi, d'autres moyens
de transport, surtout les motos-taxis viennent aujourd'hui comme une solution
à la crise de l'emploi en Côte d'Ivoire en général
et à Bouaké en particulier.
Conclusion partielle
Les nouvelles réalités sociales,
économiques et spatiales de la ville de Bouaké ont
influencé les modes de déplacement de ces habitants. En effet,
l'extension des superficies occupées par la ville qui s'est
réalisée à un rythme élevé a calqué
dans ses grandes lignes, les étapes
92
majeures de la croissance démographique de
Bouaké. En effet, dès la première moitié des
années 1960, est apparu les taxis-ville pour répondre à
une croissance urbaine et spatiale rapide. Cependant, dès les
années 1980, avec une croissance démographique de 4,7% et une
superficie qui se multiplie 3 fois chaque 10 ans, les taxis-ville ne pouvant
plus réponde à eux seuls aux attentes des populations, se voient
seconder par l'arrivée des gbakas. La crise de 2002 entraine
l'émergence d'un autre type moyen de transport urbain « les
motos-taxis ». Aussi, avec la reprise économique (fin de la crise
en 2008), l'espace urbain de Bouaké voit la naissance des
sociétés d'autobus de transport collectif (SOTUB et STUB).
Toutefois, la cohabitation de ces différents moyens de transport
collectif n'est pas chose aisée et surtout avec les motos-taxis. Pour
les motos-taxis, la coexistence avec les autobus constitue un manque à
gagner, voire à terme un frein à leur activité. Ainsi,
depuis la normalisation de la situation politique et économique de
Bouaké, ces différents moyens connaissent des fortunes diverses.
Au moment où les gbakas « anciens moyens de transport » sont
en perte de vitesse, les motos-taxis en dépits de toutes critiques
voient leur nombre s'accroître (Graphique 2). Ce qui nous amène
à comprendre les impacts socio-économiques et environnementaux de
ces moyens transports urbains sur la ville de Bouaké.
Graphique n°2 : Evolution du parc auto des moyens
de transport les trois dernières
années
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
257
528
625
Gbakas Taxis-ville Motos-taxis
253
242
2012 2013 2014
687
1113
1977
2568
Source: Mairie/ Nos enquêtes personnelles, 2014
TROISIEME PARTIE
93
LES IMPACTS DES ACTIVITES DU
TRANSPORT URBAIN
94
Introduction
Le transport, sans être la condition sine qua non du
développement d'un territoire, libère des potentialités
indispensables pour y parvenir. Parce que, ces effets affectent l'organisation
spatiale du territoire dans toutes ses dimensions, notamment; les structures
politiques locales, les réseaux économiques locaux et
l'intensité des relations entre habitants ou encore la
fréquentation des services et équipements sociaux. Le transport
urbain, s'exerçant à l'intérieur d'une ville à un
fort impact socio-économique et environnemental sur celle-ci, contribue
au dynamisme territorial de la ville. Car les réseaux de transport sont
de véritables vecteurs de diffusion de l'urbanisation
périphérique et des facteurs de production de l'espace urbain.
Le transport urbain collectif constitue aussi un secteur
d'expression de la vitalité économique et sociale des villes.
Parce que, les effets structurants des infrastructures de transport sur les
transformations spatiales, sociales et économiques sont difficiles
à ignorer. En fait, le transport urbain collectif contribue aussi
à l'étalement urbain en favorisant la circulation, la
densification de l'habitat et l'implantation de lieux d'activités et de
sociabilités le long des voies de communication (GODARD, 2007). Aussi,
il est dans les grandes villes subsahariennes comme Bouaké un facteur
d'enlaidissement et de pollution du territoire, ou encore l'une des causes de
l'insécurité urbaine. La question des rapports entre transports
et développement urbain reste toujours d'actualité notamment dans
le cas de Bouaké.
Dans cette partie de notre étude sur l'organisation du
transport dans la ville de Bouaké, nous allons évoquer les
impacts socio-économiques du transport dans la ville de Bouaké
(chapitre 5) et les effets environnementaux des activités du transport
urbain de Bouaké (chapitre 6).
95
Chapitre 5: IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DU TRANSPORT DANS
LA VILLE DE BOUAKE
Le transport, un des facteurs du développement,
à des impacts socio-économiques sur l'espace dans lequel il
s'emploie. La Côte d'Ivoire, dès son accession à la
souveraineté nationale a adopté une politique économique
libérale. Cependant, avec la crise économique qu'a connue ce pays
dans les années 80 et les Programmes d'Ajustement Structurels qui en ont
suivi, ont accélérés le retrait de l'État du
domaine du transport urbain surtout dans les villes de l'intérieur comme
Bouaké où il était naturellement absent. La configuration
privée vers laquelle le transport urbain a évolué de plus
en plus a ouvert de nouveaux champs d'investissement pour les entrepreneurs
privés, ce qui a provoqué l'inondation du secteur de
véhicules et autres engins d'occasion. En effet, au plan local, le
transport collectif est une activité lucrative parce qu'il garantit aux
trésoreries locales des ressources colossales par la collecte des
différentes taxes.
Ce transport garantit l'accessibilité de la population
en tout lieu et à tout moment aux équipements
socio-économiques de la ville de Bouaké, bien que l'accès
à tous les quartiers ne soit pas aisé. Mais, la multitude des
moyens de transport collectif compense ces difficultés de
mobilité dans la ville de Bouaké. Service d'accompagnement des
personnes et des biens dans leur mobilité dans les grandes villes, le
transport collectif constitue aussi l'un des éléments
déterminants de l'évolution de la ville. En ce sens que, sa
pratique participe à la satisfaction des besoins économiques et
sociaux. Dans la ville de Bouaké, ce transport s'inscrit dans cette
optique. Mieux, il remplit une fonction de représentation en tant
qu'usage éminemment socio-économique. Ce chapitre (5), abordera
en un (1), les impacts économiques du transport urbain pour la ville de
Bouaké et en deux (2) les impacts sociaux du transport collectif de
Bouaké.
5-1 IMPACTS ECONOMIQUES DU TRANSPORT URBAIN
Le secteur du transport routier en général et du
transport urbain collectif en particulier, constitue un enjeu majeur pour de
nombreux acteurs, allant de l'Etat aux collectivités locales, en passant
par les opérateurs privés. En première ligne l'Etat
chargé de réguler et de contrôler le secteur en
délivrant les autorisations et les licences d'exploitation. Il construit
des infrastructures de transport et facilite le renouvellement du parc auto.
Sur le plan financier, il
96
capte aussi d'importantes taxes fiscales sur les importations
des engins, du carburant et les formalités administratives payantes.
Dans le même sillage que l'Etat, les
collectivités urbaines ivoiriennes sont concernées, à
l'échelle locale, par le secteur du transport urbain à travers
les compétences qui leurs sont accordées. Elles sont
chargées dans leurs prérogatives de la construction et de
l'entretien des gares routières, de l'organisation de la circulation et
du stationnement urbains, même si la réalité est toute
autre. Enfaite, elles sont beaucoup plus intéressées par la
collecte des recettes venant des tickets de stationnement et autres taxes
journalières qu'à l'organisation véritable du secteur.
À Bouaké, à l'instar de toutes les villes
de l'intérieure, le libéralisme du secteur du transport urbain a
facilité l'accaparement total de ce secteur par les privés
(Bouaké n'a jamais eu une entreprise publique de transport comme
Abidjan). En fait, devant la demande toujours croissante en moyens de
mobilité, et à la faveur de la politique de libéralisation
de l'importation des véhicules et engins d'occasion afin de pallier
à l'insuffisance des moyens de transport. Plusieurs acteurs
socio-économiques vont s'investir massivement sur le marché du
transport collectif urbain. En témoigne, la multiplicité des
origines socio-professionnels des investisseurs du dit secteur à
Bouaké (commerçants, planteurs, cadre etc.).
5-1-1 La vitalité économique de Bouaké
dans le domaine du transport collectif
L'ensemble des activités du transport constitue une
source de revenus considérable pour les collectivités
décentralisées en l'occurrence la ville de Bouaké. Il est
démontré un lien entre le transport et l'essor économique
d'un territoire. Les activités découlant du secteur de transport
sont sources d'emplois directs et indirects. Le transport va de pair avec un
ensemble d'activités économiques: les ateliers d'entretien et de
réparation, la vente des engins de transport, de pièces
détachées, de carburant et autres. Ces activités
permettent le bon fonctionnement et la vitalité économique de la
ville.
Le transport routier urbain de personnes apparaît
à Bouaké comme une source d'approvisionnement non
négligeable de l'économie municipale. Les différentes
taxes que payent les différents moyens de transport collectif sont
réparties de la manière suivante, (Tableau 17). Ces taxes,
constituent des ressources très importantes pour la ville, vu que le
secteur du transport collectif de Bouaké est en pleine
évolution.
97
Tableau n°17 : Répartition des
différentes taxes communales en fonction des moyens de
transport
Nature du paiement Type de moyens
|
Abonnement
|
Ticket de stationnement à payer par mois
|
Montant annuel/ engin (francs CFA)
|
Gbakas
|
15000
|
350/jour, soit 10500
|
141 000
|
Taxis
|
4000
|
3000
|
40 000
|
Motos-taxis
|
23000
|
5000
|
83 000
|
Source: Mairie, 2014
En effet, ces moyens de transport ont fournie à la
mairie de Bouaké (secteur gbakas et taxis) au titre des
différentes taxes en 2012, une somme de 55 632 000 F. CFA10.
A cela, il faut noter que tous les moyens de transport collectif réunis,
ont contribué en 2013 au budget de la mairie à une hauteur de 166
628 000 F. CFA, ce qui a été une véritable bouffée
d'oxygène pour le trésor public national et la caisse communale
de Bouaké. La contribution fiscale de chaque moyen est donnée
dans le tableau 18 ci-dessous.
Tableau n°18 : Contribution financière des
différents moyens de transport au cours de
l'année 2013
Nature d'engins
|
Nombre
|
Montants annuels payés (francs CFA)
|
Montants estimé pour 2014 (F.CFA)
|
Gbakas
|
253
|
35 673 000
|
33 699 000
|
Taxis-villes
|
625
|
51 875 000
|
27 480 000
|
Motos-taxis
|
1977
|
79 080 000
|
213 144 000
|
Total
|
2855
|
166 628 000
|
274 323 000
|
Source: Mairie, 2014 plus nos calculs
À cela, il faut ajouter la grande contribution des
différents corridors11. Les données obtenues de nos
observations sur les corridors Nord et Sud de Bouaké, témoignent
de leurs importantes contributions financières dans le fonctionnement de
la mairie. C'est en moyenne 827 voitures de transport collectif et de
marchandises qui rentrent et sortent par jour de la ville, or 90% de ces
voitures payent des tickets de stationnement répartis comme suit :
10 Service du transport de la mairie
11 Observations des corridors Nord et Sud de
Bouaké les 17 et 18 Juillet de 9heures à 18heures
98
? Les véhicules de 5 à 18 places 500 F. CFA
? Les véhicules de 18 à 32 places 750 F. CFA
? Les véhicules de plus de 32places et les poids lourds
1000 F. CFA L'apport financier moyen des corridors (Nord et Sud) se voit
à travers ce tableau 19. Tableau n°19 : Nombre de
véhicules entrants et sortants par les corridors Nord et Sud
Nombre de véhicules Catégories de
paiement
|
Nombre moyen de véhicules rentrants
|
Nombre moyen de véhicules sortants
|
Total
|
500 F. CFA
|
103
|
139
|
242
|
750 F. CFA
|
185
|
185
|
370
|
1000 F. CFA
|
554
|
489
|
1043
|
Total
|
842
|
813
|
1655
|
Source: Nos enquêtes, 2014
Il aussi faut noter que l'avènement des taxis-motos a
redynamisé à sa manière l'économie locale pendant
et après la crise. La disponibilité de ces motos permet à
une frange importante de la population quelques facilités de
déplacement. Ces motos constituent ainsi des secteurs pourvoyeurs
d'emplois, parce qu'une moto peut être conduite par deux, voire trois,
personnes. Il est incontestablement prouvé que cette activité
participe à résoudre le problème de l'emploi qui s'est
davantage aggravé dans la zone avec la crise.
5-2 IMPACTS SOCIAUX DU TRANSPORT COLLECTIF DE
BOUAKE
Comme toute activité, le transport a des impacts
positifs et négatifs sur la société, notamment la
société urbaine. Dans son évolution urbaine, le transport
urbain se présente comme un amortisseur social car il permet à
toutes les catégories socio-professionnelles de s'y exprimer. Il y a
aussi des impacts accidentels qui sont très ressentis dans les grandes
villes où il ne se passe un jour sans accident de la circulation.
99
5-2-1 Le transport, un amortisseur social
L'acquisition à bas prix des moyens de transport
d'occasion, et aussi les effets de la crise (l'arrivé des motos-taxis)
ont favorisé l'entrée massive de petits opérateurs dans
l'activité de transport à Bouaké. En effet, les
propriétaires des moyens de transport collectif réunis (gbakas,
taxi-ville et motos) qui ont à eux seuls plus de 5 engins sont au nombre
de 11 sur un échantillon de115 acteurs étudiés, soit 9,57
(Tableau 20), ce qui témoigne que le secteur du transport n'est plus la
seule affaire des grands entrepreneurs. Tous ceux qui ont un peu de moyens s'y
investisse.
Tableau n°20 : Répartition des
opérateurs par nombre d'engins possédés
Catégorie des propriétaires
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Les petits investisseurs (moins de 5 engins)
|
104
|
90,43
|
Les grands investisseurs (plus de 5 engins)
|
11
|
9,57
|
Total
|
115
|
100
|
Source: Nos enquêtes, 2014
La possibilité d'importation de véhicules
âgés, a entrainé un regain d'activité du secteur.
L'approvisionnement de Bouaké en engin de mobilité et en
particulier les motos nous permettent de comprendre l'effet de la
mondialisation, par le fait que la plupart des motos qui circulent à
Bouaké viennent d'horizon diverses. Le réveil économique
de la ville (fin de l'état de siège dont elle était
objet), favorise l'approvisionnement massif du parc des taxis et motos-taxis en
témoigne la progression croissante de leur nombre.
Ainsi, l'activité croissante de promoteur de transport
est liée au faible coût d'acquisition des engins, mais aussi
à des facilités d'importation. Le transport urbain est devenu
ainsi la porte de salut de nombreux jeunes désoeuvrés qui dans
leur écrasante majorité, se trouvent dans l'obligation de lutter
contre le sort et la fatalité. Ils développent des
stratégies en cherchant des issues au chômage et à
l'oisiveté par le recours aux petits métiers dans le domaine du
transport (coxeurs ou apprentis, conducteur de motos-taxis etc.). Ces
jeunes n'ont pas en générale le temps d'apprendre un
métier surtout lorsque celui-ci parait difficile et long. Ils cherchent
à gagner leur vie, en attendant mieux et c'est le domaine du transport
urbain collectif qui se trouve le point de chute.
100
Le transport procure à cette population jeune des
ressources qui contribuent à relever sensiblement leur niveau de vie.
C'est une preuve par-là que le secteur du transport peut contribuer
directement à la réduction de la pauvreté. En effet pour
être chauffeur de motos-taxis à Bouaké, il suffit d'avoir
une moto ou savoir en rouler, on n'a pas besoin d'être un professionnel.
La majorité des conducteurs de motos-taxis interrogés « 48
sur 51 » n'ont pas de permis de conduire. Il faut noter que les acteurs du
transport urbain collectif (chauffeurs, les chefs de lignes et chefs de gares)
de Bouaké sont tous différents niveaux. Et la majorité
d'entre eux est analphabète et est composée de jeunes (Tableau
21).
Tableau n°21 : Répartition des acteurs
interrogés selon leur niveau de scolarisation
Niveau scolaire
|
Nombre de personnes interrogées
|
Pourcentage (%)
|
|
Moyenne d'âge
|
Nombre
|
Analphabètes
|
72
|
57,6
|
14 à 25 ans
|
27
|
Primaire
|
33
|
26,4
|
25 à 36 ans
|
56
|
Secondaire
|
17
|
13,6
|
36 à 47 ans
|
29
|
Supérieur
|
3
|
2,4
|
Plus de 47 ans
|
13
|
Total
|
125
|
100
|
Total
|
125
|
Source: Nos enquêtes 2014
Graphique n°3 : Représentation de la
proportion des personnes interrogées selon leur âge et leur
niveau de scolarisation
Source: Nos enquêtes 2014
101
5-2-2 Incidences des accidents de circulation à
Bouaké
Un accident de la route ou accident sur la voie publique (AVP)
est un choc qui a lieu sur le réseau routier entre un engin roulant
(automobile, moto, vélo, etc.) et toute autre chose ou personne et qui
engendre des blessures ou morts humaines et/ou des dégâts
matériels. Ces dégâts peuvent concerner les engins
(camionnette, bus, car, motocyclette, cyclomoteur, bicyclette), un
élément de la route (chaussée, panneaux, barrières
de protection, etc.) ou un élément extérieur à
celle-ci (bâtiment, mobilier urbain, arbre...). L'accident de la route
constitue souvent un événement violent qui chez les victimes non
blessées, peut laisser des troubles psychiques durables (LOUCIF,
2009).
Un accident de la route est un accident impliquant au moins un
engin routier en mouvement. Il provoque des dommages matériels et
corporels. Dans les villes subsahariennes, près des trois quarts des
véhicules impliqués dans les accidents de la route sont mis en
service depuis plus de 10 ans, et un tiers depuis plus de 20 ans (CHEYNEL,
2007). A Bouaké, la moyenne d'âge de mise en circulation des
gbakas est de 13 ans et de 8 ans pour les taxis-ville, ce qui explique en
partie l'implication de ces deux moyens de transport dans les accidents
enregistrés. Pratiquement, la majorité des accidents mortels sur
les routes sont liés aux problèmes de la discipline des
chauffeurs, à l'absence de formation adéquate à la
conduite (le permis de conduire est souvent acheté par le biais de la
corruption), à l'irresponsabilité des jeunes conducteurs
immatures, et à leur négligence. Les motos-taxis sont les plus
impliqués dans les accidents de circulation à Bouaké, pour
la simple raison que la majorité des conducteurs sont
analphabètes, jeunes et sans formation professionnel (ils ne disposent
pas pour beaucoup de permis de conduire).
Les accidents de la route sont l'un des problèmes
majeurs de santé publique dans le monde, malgré
l'amélioration du comportement des conducteurs, favorisée par des
mesures coercitives de prévention routière (contrôle
policière, feux tricolores...), et le perfectionnement de la
sécurité des engins. Dans la ville de Bouaké, en
dépit de la mise en service des feux tricolores, on note une hausse des
accidents de la circulation. Dans les différents cas d'accidents
observés dans la ville de Bouaké, la proportion des accidents
impliquant les motos-taxis est la plus élevées (Tableaux 22, 23
et 24). Ils sont ainsi devenus la source d'autre problème (accident de
la circulation), bien vrai que le rôle dans la vie communale est non
négligeable.
Tableau 22, 23 & 24 : STATISTIQUES DES ACCIDENTS DE
CIRCULATION
ANNEE 2013
|
JAN.
|
FEV.
|
MARS
|
AVRIL
|
MAI
|
JUIN
|
JUILLET
|
AOUT
|
SEPT.
|
OCT.
|
NOV.
|
DEC.
|
TOTAL
|
ACCIDENT AVEC
EVACUATION
|
53
|
50
|
68
|
54
|
90
|
65
|
61
|
73
|
71
|
68
|
63
|
62
|
778
|
ACCIDENT SANS
EVACUATION
|
04
|
01
|
04
|
01
|
02
|
03
|
05
|
01
|
06
|
01
|
04
|
05
|
37
|
TOTAL
|
57
|
51
|
72
|
55
|
92
|
68
|
66
|
74
|
78
|
69
|
67
|
67
|
815
|
ANNEE 2014
|
JAN.
|
FEV.
|
MARS
|
AVRIL
|
MAI
|
JUIN
|
JUSQU'AU 06 JUILLET
|
TOTAL
|
ACCIDENT AVEC
EVACUATION
|
70
|
70
|
82
|
104
|
106
|
79
|
12
|
523
|
ACCIDENT SANS
EVACUATION
|
01
|
02
|
01
|
06
|
02
|
05
|
03
|
20
|
TOTAL
|
71
|
72
|
83
|
110
|
108
|
84
|
15
|
543
|
STATISTIQUES DES ACCIDENTS DE LA CIRCULATION IMPLIQUANT
LES ENGINS A DEUX ROUES, DE QUATRE ROUES ET PIETONS EN 2013
Motos- Voitures particulières
|
Motos- Dérapages
|
Motos- Piétons
|
Motos- Taxis
|
Collision entre motos
|
Véhicules particuliers sortis de route
|
Véhicules particuliers- Piétons
|
Collision entre véhicules particuliers
|
Taxis- Piétons
|
Motos- Vélos
|
Taxis- Véhicules particuliers
|
Voitures particuliers- Vélos
|
Taxis- Dérapages
|
Collision entre taxis
|
138
|
135
|
133
|
121
|
103
|
40
|
40
|
24
|
22
|
13
|
11
|
07
|
04
|
03
|
Source: Archives du GSPM de Bouaké 2014
Le transport dans les villes subsahariennes se présente
comme un amortisseur social, parce qu'il permet à tous de s'y
intégrer. Dans le domaine du transport et surtout du transport routier,
le niveau scolaire a peu de considération. Les activités du
secteur transport constituent des sources d'emplois directs et indirects.
Cependant, le fait qu'il est exercé majoritairement par des personnes
sans le minimum de formation professionnelle qualifiante, le transport urbain
de Bouaké se caractérise alors par de nombreux maux. Notamment
beaucoup d'accidents de circulation causés en majeur partie par les
motos-taxis. Mais ce côté peu négatif du transport
collectif de Bouaké ne saurait obscuré la grande place qu'occupe
cette activité dans la vitalité socio-économique de la
ville.
104
Chapitre 6 : LES EFFETS NEFASTES DES ACTIVITES DU
TRANSPORT URBAIN
La forte croissance économique de la Côte
d'ivoire des années 60-70 s'est traduite par un développement
rapide des modes de transport (transports routier, aérien, maritime, et
fluvio-lagunaire). L'effort d'équipement des villes qui en est suivi
s'est répercuté sur le développement des transports
urbains surtout le transport privé collectif. Cet effort a
entrainé une augmentation du parc automobile du pays en
général et de la ville de Bouaké principalement à
cause de la libéralisation des importations des engins de
mobilité. Ainsi, avec l'importation des engins d'occasion souvent
très âgés, le trafic routier urbain est devenu dans la
ville de Bouaké l'une des principales sources de nuisances
environnementales.
En fait, la surexploitation de ces engins de mobilité
et surtout des véhicules d'occasion dans l'activité du transport
collectif engendre une augmentation des effets néfastes du transport sur
l'environnement. En effet, il est certain que ces véhicules d'occasion
représentent une source importante de rejets de polluants dans
l'atmosphère, compte tenu de leurs âges et leur état
mécanique, comme illustrent les épaisses fumées noires que
drainent derrière eux le plus souvent les « gbakas » et les
« taxis-ville ».
Aussi, à Bouaké, la prolifération des
moyens de transport collectif dans la ville suscite de nombreuses
inquiétudes sur le devenir de l'espace urbain, sur sa transformation et
surtout sur un éventuel désordre. En effet, avec
l'avènement des motos-taxis, l'utilisation du carburant de contrebande
est légion, car on note un nombre élevé de stations
clandestines dans la ville. À cela, il faut ajouter la proportion
élevée d'utilisation de gaz butanes par les taxis-ville. Ainsi,
les activités de transport menacent de façon négative
d'une manière ou d'une autre l'espace urbain. Ces menaces
environnementales s'accentuent avec les ateliers mécaniques de carcasses
de véhicules, la brûlure des pneus, épandage de l'huile de
vidange, etc. Les déchets, le comportement tapageur de certains
chauffeurs (coups de klaxons intempestifs) et les bruits engendrés par
les motos-taxis qui pour un rien se mettent dans les rues à klaxonner et
occupe les rues de façon impunie sont causes de nuisance au quotidien
dans la ville. Ce chapitre se structure autour de deux (2) points, savoir : en
un (1) les nuisances liées aux activités de transport et en deux
(2) la décomposition spatiale de la ville de Bouaké.
105
6-1 LES NUISANCES LIEES AUX ACTIVITES DE TRANSPORT
Parmi les préoccupations croissantes de la
durabilité, les systèmes de transport posent tout un
éventail de problèmes environnementaux. C'est
particulièrement le cas du transport routier qui a pris plus
d'importance par rapport aux autres modes de transport. Le bruit et la
pollution de l'air causés par la congestion du trafic et l'augmentation
du dioxyde de carbone (CO2) et d'autres émissions des véhicules
font partie de ces problèmes. À Bouaké en particulier, ce
problème d'émission de gaz est causé par des gbakas
à cause de leur état (des véhicules âgés) et
les taxis-motos qui utilisent en majorité les carburants des stations
clandestines.
Les problèmes environnementaux et sécuritaires
dans les villes sont les principaux mobiles qui inspirent les
réglementations et législations relatives au transport collectif.
En effet, les multiples activités du transport urbain (collectif ou
personnel) participent à la transformation de l'espace urbain
traditionnel. Ces activités se produisent en général en
marge de toutes règles en vigueur, d'où la qualification du
transport urbain par KASSI, (2007) de transport informel. Il n'est donc pas
surprenant de voir que ce type de transport soit l'une des principales sources
des nuisances dans les villes. Selon plusieurs études, le
phénomène de la pollution atmosphérique a un impact
sensible et croissant sur la santé publique et sur la qualité de
l'environnement urbain. La consommation d'énergies intelligentes
(essence de qualité, énergies renouvelables) par les transports
des pays en développement en général et du transport
urbain de ces pays en particulier, constitue l'un des défis les plus
difficiles à relever.
6-1-1 La pollution atmosphérique de l'environnement
urbain
Nul n'ignore les effets de la pollution des engins
motorisés dans les grandes villes subsahariennes. À
Bouaké, tous les gbakas enquêtés (19 gbakas) utilisent le
gasoil. Et pourtant ce carburant est à l'origine des fumées
noires, particules fines de carbones émises principalement par la
combustion de ce composant chimique. À cela, on note une très
grande proportion de taxis-ville utilisant le gaz butane comme carburant. Sur
les 55 taxis que nous avons pris comme échantillon, 37 soit 67,27%
d'entre eux avouent rouler au gaz (Photo 19). Ils justifient ce comportement
par le prix réduit du gaz (2 500 F. CFA/ 6litres contre 3 690 F. CFA
pour le même nombre de litres de gasoil), alors que par jour un taxi de
Bouaké prend en moyenne 18 litres de carburants. Ce qui
représente au bas mot une réserve financière de 3 570 F.
CFA. Ce phénomène s'est amplifié avec l'arrivée des
motos-taxis, qui à part les taxes
106
communales ne soumis à aucun contrôle ni autres
taxes étatiques. Ce fait est considéré par les acteurs des
taxis comme un obstacle, car tous sont sur le même terrain de la
concurrence. Pour les acteurs des taxis, toutes les différentes taxes
(municipales, assurances, patente etc.) auxquelles ils sont soumis est l'une
des principales causes d'utilisation massive du gaz butane, parce que cela leur
permet d'amortir les dépenses liées à ces taxes. À
cette réalité, s'ajoute l'utilisation massive d'essence de
contrebande à Bouaké et comme dans la plupart des villes de
l'ex-zone CNO.
Photo n°19 : Chargement d'un taxi au gaz butane au
quartier Air-France2
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Le manque des données spécifiques sur
l'état de pollution causé par les moyens de transport en
général et du transport collectif à Bouaké est un
obstacle majeur à la connaissance des impacts du
phénomène. Nul ne doute que du fait de l'âge des
véhicules et de leur état technique précaire, beaucoup
plus de polluants sont rejetés dans l'atmosphère. En effet, selon
les données de la CERTU de 200212, les transports collectifs
ne représentent pas moins de 50% des émissions de polluants dans
les villes ivoiriennes et ils assurent plus de 70% de la mobilité sur de
longues distances dans les villes où ils existent. Aussi, les
transports
12 Cité par I KASSI, 2007
107
apparaissent comme les principaux émetteurs du monoxyde
de carbone (CO), de HC qui sont des composé organique contenant du
carbone et de l'hydrogène issus de la combustion incomplète de
carburant pétrolier et de plomb, qui sont tous trois polluants
caractéristiques des véhicules à essence.
Les transports collectifs émettent aussi une part
importante d'oxyde d'azote (NOX) (pollution mixte des moteurs à essence
et diesel) et des PM10 (pollution caractéristique des moteurs diesel).
Ces polluants constituent l'une des conséquences majeures de la
pollution de l'air qui touche naturellement la santé publique. À
ce jour, de nombreuses études démontrent clairement les effets
sanitaires de la pollution urbaine sur la population. Selon ces études,
les effets de cette situation se feront plus sentir dans les années
à venir dans les grandes villes des pays en voie de développement
comme Bouaké. Ils constitueront à long terme, les principaux
facteurs de risques pour les maladies respiratoires chroniques comme :
l'asthme, les troubles cardiovasculaires, les cancers de poumon etc. À
court terme, on peut évoquer certaines pathologies respiratoires
à caractère irritatif, allergique ou infectieux. Le tableau 28
ci-dessous énumère les impacts sanitaires connus de quelques
principaux polluants émis par les moyens de transport.
Tableau n°23 : Principaux polluants et leurs
effets sanitaires
Origine
|
Pollution générée
|
Effets sur la santé
|
Le dioxyde de soufre (SO2)
Combustion des
combustibles fossiles
contenant du soufre : fuel, charbon.
En présence d'humidité, il forme de l'acide
sulfurique qui contribue au phénomène des pluies acides et
à la dégradation de bâtiments.
Gaz irritant qui peut provoquer des troubles respiratoires
(toux, gênes respiratoires, baisse de la
capacité respiratoire chez l'enfant, crise
d'asthme).
|
Le plomb (Pb)
Il contribue aux pluies acides ainsi qu'à l'effet de
serre.
Principalement les véhicules. L'utilisation d'essence
sans plomb permet d'obtenir des concentrations dans l'air bien en dessous des
seuils de nuisance. Certains procédés industriels.
L'ozone (O3) Contrairement aux autres
polluants, l'ozone n'est pas émis par une source particulière,
mais il est issu de réactions chimiques, initiées par le
rayonnement solaire, entre les oxydes d'azote et les hydrocarbures. Ses
précurseurs sont le trafic routier et l'industrie.
Le monoxyde de carbone (CO) Combustion
incomplète des combustibles et carburants. Forts taux de CO :
- moteur tournant dans un espace clos (garage, tunnel,
parking, ...) ;
- mauvais fonctionnement appareil de chauffage
(chauffe-eau,...).
|
Toxique neurologique,
hématologique, le plomb peut entraîner des troubles
du développement cérébral et des difficultés
d'apprentissage chez l'enfant.
C'est un gaz agressif qui pénètre facilement
jusqu'aux voies respiratoires les plus fines. Il provoque, dès une
exposition prolongée de 150 à 200 ìg/m3, des irritations
oculaires, de la toux et une altération pulmonaire, surtout chez les
enfants et les asthmatiques. Les effets sont accentués par l'exercice
physique et sont variables selon les individus
Il se fixe à la place de l'oxygène sur
l'hémoglobine du sang, conduisant à un manque
d'oxygénation du système nerveux, du coeur et des vaisseaux
sanguins. Il peut être à l'origine de céphalées,
vertiges, asthénie ou vomissements. En cas d'exposition
prolongée, il peut être mortel ou laisser des
séquelles neuropsychiques irréversibles
|
Les oxydes d'azote (NOx)
Combinaison à hautes températures de
l'oxygène et de l'azote présents dans l'air ou dans les
combustibles. Ils sont émis par les moteurs (environ 75%) et les
installations de combustion (centrales énergétiques, ...).
Ils interviennent dans la formation de l'ozone de basse
atmosphère et contribuent au phénomène des pluies acides
(formation d'acide nitrique en présence d'humidité).
Le dioxyde d'azote pénètre dans les voies les
plus fines de l'appareil respiratoire et entraîne : - une hyper
réactivité de l'asthmatique ;
- une augmentation de la sensibilité des bronches des
enfants aux infections microbiennes.
108
Sources : KOFFI, Licence « Population et santé
» (2009-2010) ; ZAH, Master1 « Problématique de la
mobilité dans les métropoles » (2012-2013) et KASSI,
(2007)
109
110
Les conséquences de ces pollutions sont aussi
écologiques. La surexploitation de ces engins (motos et automobiles)
d'occasion dans les activités de transport partout en Afrique engendre
inévitablement une augmentation de la concentration des gaz à
effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique. Même
si l'ampleur du phénomène est causée par de grandes
industries et entretenue par les politiques occidentales, l'intense utilisation
des véhicules trop âgés fera des villes peu
industrialisées d'Afrique, à long terme, des zones urbaines
très polluées avec tous les risques écologiques qui s'en
suivront. Or, le continent africain est probablement le plus vulnérable
au réchauffement de la terre et est celui qui est confronté aux
plus grands défis d'adaptation : Sécheresses récurrentes,
diminution du rendement des cultures, la famine, plusieurs villes du continent
pourraient être partiellement englouties par les eaux. Les ressentes
inondations d'Abidjan et l'avancée de la mer à Lahou-Kpanda en
Côte d'Ivoire sont quelques exemples.
En somme, les impacts des activités de transport (la
brûlure des pneus, l'épandage des huiles de vidange, l'utilisation
des carburants contrefaits, du gaz butanes etc.) peuvent être dramatiques
au plan environnemental sans oublier les conséquences
économiques, sociales et humanitaires en Afrique en
générale et particulièrement en Côte d'Ivoire.
6-1-2 Les nuisances sonores
Le transport urbain, activité qui démontre le
niveau de la vitalité d'une ville, est aussi sources de nombreux bruits.
Dans les villes subsahariennes (ivoiriennes), les klaxons incessants des engins
de transport est signe de leur état d'évolution. Et pourtant,
parfois ces klaxons et autres vrombissements de moteurs sont causes de
nombreuses troubles. Pour LAPOIX (1999), les bruits excessifs des rues seraient
la cause de 80% des migraines, de 52% des troubles de mémoire et d'au
moins 50% des troubles caractérielles.
En dépit de ce constat, Bouaké est une ville
où les motos-taxis sont devenus les principales sources de production
des bruits de tout genre. En effet, les jeudis (jour de mariage de la
communauté malinké), les soirs sont des moments ou les jeunes
conducteurs de motos (collective comme personnelle) s'adonnent à coeur
joie à produire toutes sortes de bruits. Le phénomène est
plus ressenti dans les quartiers centraux que dans les quartiers
périphériques tels que Kahankro et Bobo quelque peu
épargnés. À cela, il faut noter les klaxons au quotidien
des engins de transport collectif à la recherche de leur
clientèle. Il arrive souvent même qu'en
pleine marche vous soyez surpris ou effrayés par un
éventuel chauffeur d'un moyen de transport à la recherche de
clients. Tout cela se produit, parce qu'il y a un véritable
problème d'organisation des transports collectifs dans la ville de
Bouaké.
6-2 LA DECOMPOSITION SPATIALE DE LA VILLE DE
BOUAKE
La mauvaise organisation du transport dans les villes
ivoiriennes et la mise en oeuvre de stratégies de survie des citadins
ont permis le développement des moyens du transport collectif dans ces
villes. Spécifiquement à Bouaké, la spatialisation des
gares de certains moyens de transport comme les taxis-motos dans les quartiers
et l'urbanisation lâche des quartiers ont favorisé la
décomposition de l'espace urbain. Le rôle important des transports
collectifs ou individuels est reconnu dans l'urbanisation diffuse (KASSI,
2007). Ainsi, les gares spontanées qui se créent dans les
quartiers ou en bordure des artères ou encore aux différents
carrefours deviennent des pôles d'activités informelles mais aussi
des endroits de la décomposition de l'espace naturel de la ville. Si ces
gares se sont autant multipliées c'est bien parce qu'elles constituent
une manne financière aussi bien pour les collectivités locales
que pour une frange importante de la population dont l'activité de
transport représente la principale source de revenu.
La croissance urbaine actuelle est le résultat d'un
nouveau type de relations entre les divers acteurs sociaux qui modèlent
l'espace urbain, dans un contexte où la pression démographique
impose de nouveaux choix en matière de transport. Pour leur part, au fur
et à mesure que le processus d'étalement urbain progresse, les
services collectifs se développent. Les lignes communales se multiplient
et viennent chercher leurs passagers dans les secteurs reculés. Aussi,
à Bouaké, au niveau des gbakas, on note un dédoublement
des lignes. Alors que certaines lignes sont supprimées ou
regroupées, d'autres sont créés, ce qui est un facteur de
la perpétuelle désorganisation et du dynamisme du circuit des
gbakas. Le marquage spatial réalisé par les moyens de transport
collectif est ainsi remarquable dans la ville. Bouaké est
entièrement recouverte par les moyens de transport. Cependant, le manque
d'organisation interne et collective du transport collectif de la ville ne
permet toujours pas à la population de bénéficier de ce
maillage territorial. Aussi, devant la concurrence et la course à la
clientèle, chaque acteur du transport collectif participe à la
décomposition de l'espace urbaine de Bouaké sans le vouloir
expressément par l'occupation spatiale qu'il fait du territoire.
111
6-2-1 Les inconvénients de l'accroissement des
activités du transport collectif à Bouaké
La prolifération des acteurs ainsi que l'immobilisme
des services de la mairie et l'absence des certaines institutions
étatiques (AGETU, OSER etc.) alimentent le désordre dans le
secteur du transport collectif urbain de Bouaké. Cette
prolifération interroge sur la capacité de gestion et
d'organisation des transports locaux par les pouvoirs centraux et
décentralisés. En effet, en l'absence d'une volonté
politique de prise en compte à la fois des modèles de gestion
importés et des pratiques locales, l'occupation spatiale anarchique des
villes ivoiriennes par le transport s'est accentuée depuis les
années 1990 (KASSI, 2007).
En fait, à Bouaké, les motos-taxis
préoccupés par leurs clientèles préfèrent
ignorer très souvent les règles d'urbanisme et d'occupation des
parcelles pour s'installer avec deux ou trois motos, n'importe où et
surtout à des carrefours. L'utilisation anarchique de ces carrefours par
les motos-taxis comme gare, cause de graves problèmes de circulation.
Ces gares spontanées des motos-taxis sont réputées pour
leurs désordres à cause du nombre très élevé
de jeunes (l'âge moyen est de 18 voire 20 ans) qui y travaillent. Aussi
certaines pratiques des conducteurs de motos-taxis (conduite sans respect du
code de la route et la production des bruits de n'importe quel genre pendant
des cérémonies « mariage »), font de Bouaké une
ville « de désordre ». En plus, du fait de leur
stationnement sauvage, ces motos-taxis empêchent une bonne circulation
automobile, qui se retrouve très réduite en certains endroits.
L'absence de gares fixes des taxis-ville est aussi source
d'obstruction à la fluidité du trafic routier urbain de
Bouaké. De même que les stationnements sur les trottoirs des
gbakas sont une entrave à la circulation piétonne. Par le manque
de véritable gare de gbakas, les lignes de gbakas de Dar es Salam et de
Belleville sont obligées d'installer leurs gares sur des trottoirs,
notamment le trottoir de la rue qui mène au marché d'oignon
« gare de Dar es Salam » (photos 20 et 21), et les abords de
l'état civile de la mairie « gare de Belle ville » (photos 22
et 23). Ces implantations désordonnées de ces gares posent de
graves problèmes car source d'anarchie au niveau du transport urbain qui
s'est répandue dans la ville. En tout état de cause, les
règles d'occupation des domaines publiques sont bafouées par les
opérateurs du transport urbain collectif. Ces transgressions aboutissent
souvent à des dysfonctionnements auxquels les pouvoirs publics se
trouvent obligés d'ajouter nécessairement une dose de la
régulation et de la réglementation afin de limiter les
dérives.
112
La gare des gbakas de Dar es Salam au quartier
Dougouba
Photo n°20 Photo n°21
Clichés KALOU BI K Didier ,2014
La gare des gbakas de Belleville en face de l'état
civil de Bouaké au quartier Commerce
Photo n°22 Photo n°23
Clichés KALOU BI K Didier, 2014
Au terme de ce chapitre, il faut retenir qu'aujourd'hui dans
le tout monde entier et particulièrement dans les grandes
agglomérations des pays en développement, le transport et
principalement le transport terrestre est à un degré non
négligeable responsable d'émission de
113
gaz polluants. Dans le cas de Bouaké et comme dans
presque toutes les villes ivoiriennes, bien que l'on ne dispose pas de
données relatives à l'impact de la pollution automobile sur la
santé des hommes, force est d'admettre que cette pollution est
réelle par les rejets de fumées noires émises par les
différents moyens de transport collectif. Ce phénomène
s'aggrave de plus en plus avec l'exploitation des véhicules
âgés appelés « France au revoir ». Aussi,
à Bouaké, en plus des conséquences éventuelles de
pollution atmosphérique, s'ajoutent les nuisances sonores et
l'occupation anarchique des espaces publics par les moyens de transport (gbakas
et taxis-motos). Ici, l'on est à mesure de se demander, s'il existe un
droit de regard véritable des autorités sur la régulation
du transport urbain de Bouaké.
Conclusion partielle
Le développement de l'activité de transport a
facilité la mobilité et les conditions d'accès des
populations aux services de base et aux ressources existantes ou potentielles.
Le transport surtout terrestre permet à toutes les couches sociales de
s'épanouir et de prendre une part active dans le développement
économique de l'espace dans lequel il est exercé. En Côte
d'Ivoire et particulièrement à Bouaké, la politique de la
facilitation d'importation des engins de transport afin de répondre
à une demande sans cesse croissante, a amélioré sans
contexte les déplacements des populations. Elle a permis
d'accroître le parc automobile de la ville et a renforcé celui du
transport collectif en dépit des moments difficiles qu'a connu cette
ville. Le phénomène des véhicules d'occasion et la
facilité d'importation des motos ont ainsi contribué à
atomiser d'avantage le transport urbain de Bouaké. Aujourd'hui, le
secteur du transport routier est considéré comme une source
d'oxygènes pour la trésorerie locale que nationale.
Cependant, en plus des impacts socio-économiques
positifs du transport, il faut noter qu'il a des impacts environnementaux et
sociaux négatifs. En effet, la plupart des activités du transport
ont des effets négatif peu significatifs pris individuellement, mais la
conjugaison de plusieurs de ces effets peut entraîner des
conséquences fâcheuses à la longue aussi bien sur
l'environnement biophysique que socio-économique. À
Bouaké, l'utilisation massive du carburant de contrebande, du gasoil par
les moyens du transport et de façon spécifique du gaz butane et
le manque généralisé des contrôles techniques,
constituent une source d'inquiétude tant pour la santé des
citadins que pour l'environnement urbain. Aussi, il faut noter la
surexploitation des véhicules d'occasion et l'occupation anarchique des
espaces publics.
114
CONCLSUION GENERALE
Cette étude a tenté d'analyser le fonctionnement
du transport collectif dans la ville de Bouaké. Il ressort que plusieurs
facteurs notamment humains et naturels conditionnent l'organisation de cette
activité. Ces facteurs sont la cause de l'émergence de plusieurs
moyens de transport et aussi la source du dysfonctionnement de cette
activité. Ces moyens de transport naissances toujours chacun à
des moments difficiles. Faut-il noter aussi que ces différents moyens de
transport s'exercent dans la plupart des cas en marge des règles
d'urbanisation et de la préservation de l'environnement.
En effet, l'explosion démographique et le
développement des activités économiques entraînent
une urbanisation accélérée des villes ivoiriennes
règle à laquelle Bouaké n'a pu se dérober. Les
lotissements et l'occupation « spontanée » de l'espace
constituent à Bouaké l'un des facteurs déterminants de
cette expansion des périmètres urbains. On remarque des vastes
périphéries urbaines (Air-France 3, Dar es Salam 2et 3, Broukro
2, Zone etc.) qui émergent loin du centre historique (Koko, Commerce et
Dougouba) et qui empiètent de plus en plus sur les espaces ruraux
immédiats, ce qui cause des difficultés de mobilité
urbaine à Bouaké. Car ce phénomène d'urbanisation
s'est généralement produite sans la mise en place des
infrastructures de transport adéquates dans ces zones
périphériques.
Avec l'indépendance de la Côte d'Ivoire,
l'urbanisation exponentielle des villes ivoiriennes a engendré des
mutations spatiales profondes et l'accroissement des besoins de transport
surtout du transport collectif. Plaçant ainsi au coeur du débat
l'épanouissement des habitants et les enjeux de transport. Cette
organisation de l'espace a engendré aussi de nombreux flux de transport.
En fait, cette expansion urbaine a conduit à un fort
développement des villes, à une dispersion des
équipements, des emplois et des services dans les territoires urbains de
plus en plus vastes (FAYE, 2013). La dispersion sociale, spatiale et
économique va impacter alors sur les pratiques de mobilité avec
des mouvements pendulaires quotidiens qui animent désormais d'une
certaine manière la dynamique urbaine. Il faut garder en tête que
le problème des transports dans les villes africaines est ancien. Il
remonte à la période coloniale, période pendant laquelle
des politiques discriminatoires étaient menées à
l'égard des autochtones dans l'accès à la ville et aux
transports. L'action des compagnies publiques de transport était
limitée à certains espaces des villes et à certaines
catégories sociales, les « indigènes » étaient
discriminés. Cette réalité s'est poursuivie et se poursuit
dans une moindre mesure jusqu'à nos
115
jours. Aujourd'hui, ce sont les grandes métropoles qui
bénéficient des systèmes de transport étatique ; le
cas de la SOTRA qui se limite seulement qu'Abidjan.
Au-delà de tous ces dysfonctionnements des politiques
d'aménagement et du développement intégral des
territoires, il faut reconnaître que l'implication massive du
privé dans le secteur du transport collectif dans les grandes villes
à contribuer à résoudre plusieurs problèmes
sociaux. Cette tendance privée de plus en plus grande des transports
urbains est aussi bénéfique aux trésoreries locales que
nationales, car les priorités de ces trésoreries seront ailleurs
et les différentes taxes collectées auprès des
opérateurs du transport constituent des bouffées
d'oxygènes pour elles. Aussi, en dépit de son rôle
important dans la facilitation des déplacements et de mobilités
des populations et des biens, le transport privé collectif
au-delà de son caractère informel et désordonné,
apparaît comme une opportunité d'emploi quoique modeste pour les
couches sociales exclues du marché du travail formel.
Ce côté positif du transport collectif
privé ne peut obscurer les effets socio-économiques et
environnementaux négatifs de ces diverses activités. À
Bouaké, certaines pratiques (favoritisme d'un moyen « les
taxis-motos » qui ne paient seulement que les taxes municipales, ils ne
sont soumis à aucun contrôle policier par rapport aux autres
moyens de transport. L'utilisation massive du carburant de contrebande et
l'utilisation à outrance du gaz butane par les taxis-ville) seront
à la longue très nocives pour la santé des populations,
mais aussi pour l'environnement biophysique.
Ainsi, Bouaké doit penser à un système de
transport conventionnel public du type d'un métro léger en site
propre, ou d'un service de transport urbain collectif conventionnel de grande
capacité. Encore, il peut être envisageable de combiner ces deux
modes. Ces modes de transport paraissent plus économiques et respectueux
de l'environnement. Il faut, qu'ils soient confortables et accessibles par les
classes moyennes. Bouaké pourrait-il arriver à ce type de
système ? Comment freiner ou endiguer le désordre dans le
transport collectif de Bouaké ? Que faire pour arriver à un
système de transport urbain qui réponde aux évolutions de
la ville et du moment ? Telles sont quelques pistes de réflexion pour un
système de transport et de mobilité futur pour la ville de
Bouaké qui ne cesse de croître.
116
BIBLIOGRAPHIE DE REFERENCE
ADOLEHOUME A., ZORO B.N., 2002, « A comme Abidjan ou le
système Gbakas », in GODARD X., Les transports et la ville en
Afrique au sud du Sahara : le temps de la débrouille et du
désordre inventif, Paris/Arcueil, Karthala/INRETS, pp. 23-35.
AGOSSOU N.S.A., 2004, « Les taxis-motos Zémidjan
à Porto-Novo et Cotonou », in Autrepart, n°32, Armand
Colin/IRD, Paris, pp. 135-148.
ALOKO N. J., 2001, « Les relations transport
collectif/espace urbain de Bouaké », in la revue de
géographie tropicale et environnementale, n°1 Presse
Universitaire de Côte d'Ivoire, Abidjan, pp.93-111
BAMBA Y., 2010, La problématique de l'efficacité
et de la croissance économique des entreprises publiques: cas de la
SOTRA, Université de Cocody, Mémoire de DESS soutenue en juillet,
56 p.
BENAISSA M. L, BOUGHEDAOUI M, JOUMARD R., 2009, Evaluation
de l'inter modalité du transport régional et son impact sur
l'environnement à l'est d'Alger, « Colloque international
Environnement et transports dans des contextes différents »,
Ghardaïa, Algérie, 16-18 fév. 2009. Actes, ENP éd.,
Alger, pp.143-152.
BENOS J., 2009, Comment concilier la rationalisation de
l'offre de transports en commun à l'échelle d'une Région
tout en répondant aux objectifs de desserte des territoires ? L'exemple
de la ligne de Toulouse-Boussens-Saint-Giron au sein de la Région
Midi-Pyrénées, Université lumière Lyon2,
Mémoire de Master, 91 p.
BEUGIN J., 2006, Contribution à l'évolution de
la sécurité des systèmes complexes de transport
guidé, Université de Valenciennes et du
Hainaut-chambrésis, Thèse soutenue le 20 Décembre, 179
p.
BLONDEAU M., Qualité de service en transport
interurbain routier de voyageurs. Certification NF de la ligne Express
Voiron-Grenoble-Crolles, Université lumière Lyon2, Mémoire
de Master, 66 p.
CHEYNEL N., 2007, Traumatismes hépatiques.
Epidémiologie lors des accidents de la route et physiopathologie:
étude biomécanique du comportement du foie en
décélération, l'Université de Bourgogne, U.F.R. de
Médecine, Thèse soutenue le 16 Février, 173 p.
117
118
CONTAMIN B., 1997, « Entreprises publiques et
désengagement de l'Etat en Côte d'Ivoire », in Le
modèle ivoirien en questions, Paris, Karthala, pp.89-107
CRUZ C., 2011, Le transport pour compte propre, un transport
routier comme un autre ? Pratiques et territoires en France depuis la
déréglementation, Université de Cergy-Pontoise,
Thèse soutenue le 14 juin, 370 p.
EGAL, Y., 1999, « Morphologie urbaine et
développement durable, favoriser la densité pour
économiser l'énergie et la pollution », in Villes en
développement, n°44, Juin, p2-3.
ELIZABHET Ardayfio-Schandorf, Paul W. K. Yankson, Monique
Bertrand., 2012, Accra, Capitale en mouvement. Familles citadines, logement et
pratiques résidentielles, CODESRIA, Dakar, 287 p.
FAYE Djib., 2013, Urbanisation et dynamique des transports
informels et des mobilités dans les villes secondaires
sénégalaises : les cas de Touba, Thiès et Saint Louis,
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, Thèse soutenue 12
Février, 269 p.
FILIPPI N., 2012, Le prix du transport terrestre de
marchandises, Université d'Aix-Marseille, Mémoire pour
l'obtention du Master 2, 79 p.
FOFANA Z. O., 2007, Dysfonctionnements urbains et
mobilité des pauvres à Abidjan, Université de
Créteil Paris XII, Thèse soutenue le 22 Mars, 427 p.
GACOGNE V., Impact des coûts de transport sur les
systèmes logistiques par une modélisation en dynamique des
systèmes. Le modèle SANDOMA, Ecole Nationale des ponts et
chaussés de LYON, Thèse soutenue le 27 juin, 263 p.
GHENOUCHI A., 2008, Réseaux de transport et
organisation spatiale dans le Nord-Est Algérien (Cas des réseaux
ferroviaire et routier), Université Mentouri Constantine, Mémoire
de Doctorat, 225 p.
GODARD X., 2007, « Contribution du transport artisanal
à la mobilité urbaine », in Revue ville en
développement, Décembre, n° 78, 12 p.
GODARD X., 2009, Variété des systèmes de
mobilité urbaine face aux enjeux de développement et
d'environnement, « Colloque international Environnement et transports dans
des contextes différents », Ghardaïa, Algérie, 16-18
fév. Actes, ENP (éd.), Alger, pp.131-142.
HASSAN A., 2009, Les besoins de formation en transport dans
les pays de la méditerranée occidentale, cas des pays du Maghreb,
CETMO, Barcelona, 243 p.
KASSI I., 2007, Régulation des transports populaires et
recomposition du territoire urbain d'Abidjan, Université de Bordeaux 3,
Thèse soutenue le18 juillet, 311 p.
KASSI I., 2013, « Les taxis-motos: un transport de crise
dans la ville de Bouaké (Côte d'Ivoire) », in
Géotransports, Transport et développement des territoires
Transport et développement des territoires, n° 1-2,
pp.105-114
KAUFMANN V et al., 2003, Coordonner transports et urbanisme,
Lausanne, Presses polytechniques universitaires romandes, 236 p.
KOFFI B. E, 2002, Urbanisation et aménagement d'une
commune : le cas de la commune d'Adjamé, Université de Cocody,
Thèse soutenue le18 novembre, 339 p.
KONAN Y G., 2012, « Régulation des transports
urbains dans l'agglomération Abidjanaise : bilan et perspectives »,
in Conférence CODATU XV Le rôle de la mobilité urbaine
pour (re)modeler les villes 22 au 25 Octobre 2012 Addis Abeba, 25 p.
KOUAME Y. L., 2011, Transports informels et structuration de
l'espace dans la commune d'Abobo, Université de Bouaké,
Mémoire soutenue le 26 Octobre, 158 p.
LEJOUX P., 2006, Localisation des consommateurs et
organisation spatiale de l'économie. Une mesure de la consommation
touristique nette générée par les flux touristiques dans
les régions françaises, Université Paris XII- Val de
marne, Thèse de Doctorat, 316 p.
LENORMAND A., 2002, Prévisions dans les modèles
cointégrés avec rupture : application à la demande de
transports terrestres de marchandises et de voyageurs, Université Paris
I Panthéon - Sorbonne, 583 p.
LOMBARD J., NINOT O., 2002, « Impasses et défis
dans le transport routier sénégalais », inM. C. Diop
(éd.), La société sénégalaise entre le local
et le global. Paris, Karthala, pp.109-162.
LOMBARD J., 2006, Enjeux privés dans le transport
public d'Abidjan et de Dakar, Marseille, in GÉOCARREFOUR VOL
81, IRD - LPED, pp.167-174.
119
LOUCIF L., 2009, La résilience chez les
traumatisés suite à l'accident de la route, Université
Mentouri - Constantine, Mémoire de Master, 138 p.
MERLIN P et CHOAY F., 2009, Dictionnaire de l'urbanisme et de
l'aménagement, Paris, Puff, 963 p.
MVEUZOLO B. J., 2005, Systèmes de transports pour un
développement intégré de l'Afrique: vers un réseau
routier et ferroviaire panafricain, Maputo, CODESRIA, 19 p.
OUEDRAOGO K.A., 2010, Répartition des infrastructures
routières et efficacité du secteur agricole, cas du Burkina Faso,
Université de Cocody ***UFR-SEG/CIRES***, Mémoire professionnel,
56 p.
PAULET J.P., 2000, Géographie urbaine. Paris, Armand
Colin (Coll. « U Géographie ») 288 p.
PLAT D., 2002, « Les transports et la ville en Afrique au
sud du Sahara », in Godard X (éd.) Collection Economie et
Développement, Paris, Karthala-Inrets, pp.191-202.
PLAT D., 2003, Mobilités quotidiennes en Afrique
Subsaharienne, Université lumière Lyon2, Dossier de candidature
en vue de l'obtention de l'habilitation à diriger des recherches,
soutenu le 8 Avril, 144 p.
RAVALET E., 2003, Différenciations sociales au travers
des parcours migratoires L'exemple de Niamey (Niger), Université
lumière Lyon2, DEA soutenu en Septembre, 87 p.
SITRASS (Solidarité internationale sur les transports
et la recherche en Afrique subsaharienne). 2004, « Pauvreté et
mobilité urbaine à Douala », Programme de politiques de
transport en Afrique subsaharienne (SSATP) Région Afrique Banque
mondiale, Rapport SSATP No 09/04/Dla, 152 p.
SITRASS (Solidarité internationale sur les transports
et la recherche en Afrique subsaharienne). 2004, Pauvreté et
mobilité urbaine à Conakry, Programme de politiques de
transport en Afrique subsaharienne (SSATP) Région Afrique Banque
mondiale, Rapport SSATP No 09/04/CKR, 146 p.
SOUMANA S.R., 2010, Stratégies d'entreprises de
transport routier interurbain des voyageurs en Afrique de l'Ouest : cas du
Niger, Université Lumière Lyon 2, Thèse de doctorat en
Sciences économiques, soutenue le 17 Mars, 226 p.
120
STARKEY P., 2001, « Les solutions au transport local
Acteurs, paradoxes et progrès Enseignements à tirer de la
croissance des moyens intermédiaires de transport, in Document de
travail. SSATP No. 56F, Programme de politiques de transport en
Afrique subsaharienne (SSATP), Département technique
pour l'Afrique Banque mondiale, 98 p.
TOURE M.A., 2008, Etude du racket sur les routes en Côte
D'Ivoire, Rapport d'étude (Version Finale), BANQUE MONDIALE, 73 p.
WADE, C.S, TREMBLAY R et N'DIAYE M., 2010 « La gare
routière et la ville à Dakar », in Revue Perspectives
& Sociétés, n°1, Janvier, 23 p.
WILHELM L., 1997, « Le transport et l'approvisionnement
inter-marchés dans les villes de l'Afrique », in Aliments dans
les villes » Service de la commercialisation et des financements
ruraux (AGSM) FAO, Viale delle Terme di Caracalla, Rome, bulletin
133, vol 2, Juillet, 25 p.
YONLIHINZA A.I., 2011, Transports et désenclavement
dans la problématique du développement local à Téra
au Niger, Université Toulouse 2 Le Mirail, Thèse soutenue le 5
décembre, 416 p.
ZHI PING J.l., 1994, Transport combine ou transport routier?
Etude des facteurs de choix entre deux systèmes de transport
intérieur de fret, Ecole Nationale des ponts et chaussés de LYON,
Thèse soutenue en juin, 291 p.
TABLE DES ILLUSTRATIONS
121
1 LISTE DES CARTES
Carte n°1 : La région de Gbêkê 11
Carte n°2 : Les quartiers de la ville de Bouaké 11
Carte n°3 : Le cadre urbain de Bouaké 43
Carte n°4 : Les voies principales de communication de la
ville de Bouaké 57
Carte n°5 : La répartition des gares de gbakas et
taxis-brousse de Bouaké 61
Carte n°6 : Le flux matinal des taxis-collectifs de
Bouaké 74
Carte n°7 : Les lignes des sociétés de
transport (STUB et SOTUB) 90
2 LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Les infrastructures et équipements du
transport routier 29
Tableau n° 2 : Les lieux de charge et de dessertes 30
Tableau n°3 : Les usagers 30
Tableau n°4 : Les autres acteurs du transport dans la
localité (chauffeurs, apprentis, syndicats,
la mairie, la direction du transport etc.) 30
Tableau n°5 : Les moyens du transport collectif de personnes
31
Tableau n°6 : Le rapport entre les acteurs du secteur du
transport collectif 31
Tableau n°7 : Répartition des enquêtés
37
Tableau n°8 : Tableau synoptique 39
Tableau n°9 : La superficie des équipements de la
ville 52
Tableau n°10 : Evolution des routes en Côte d'Ivoire
53
122
Tableau n°11 : Evolution des surfaces urbanisées
et de la population de Bouaké de 1940 à
1998 72
Tableau n°12 : Evolution du nombre de taxis de 1985
à 2014 73
Tableau n°13 : Répartition des gbakas par ligne
77
Tableau n°14 : Evolution du nombre de gbakas à
Bouaké 78
Tableau n°15 : Proportion des catégories de
propriétaires 80
Tableau n°16 : Proportion des catégories sociales
de propriétaires des motos-taxis 85
Tableau n°17 : Répartition des différentes
taxes communales en fonction des moyens de
transport 97
Tableau n°18 : Contribution financière des
différents moyens de transport au cours de l'année
2013 97
Tableau n°19 : Nombre de véhicules entrants et
sortants par les corridors Nord et Sud 98
Tableau n°20 : Répartition des opérateurs
par nombre d'engins possédés 99
Tableau n°21 : Répartition des acteurs
interrogés selon leur niveau de scolarisation 100
Tableau 22, 23 & 24 : STATISTIQUES DES ACCIDENTS DE
CIRCULATION 102
Tableau n°23 : Principaux polluants et leurs effets
sanitaires 108
3 LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Répartition des stations par
quartiers 64
Graphique n°2 : Evolution du parc auto des moyens de
transport les trois dernières années 92
Graphique n°3 : Représentation de la proportion
des personnes interrogées selon leur âge et
leur niveau de scolarisation 100
123
4 LISTE DES PHOTOS
Photo n°1 : Effet de l'érosion sur une rue
d'Houphouët-ville 46
Photo n°2 : Effet de l'érosion menaçant une
rue au quartier Nimbo (Habitat) 46
Photo n°3 : Route reliant le quartier Dar es Salam
réhabilitée 58
Photo n°4 : Rue d'Air-France2 réhabilitée
58
Photo n°5 : L'état dégradé de la rue
reliant le quartier Nimbo à Air-France 2 59
Photo n°6 : Etat de dégradation de la rue du
Commerce reliant le pont Djibo à gare UTB 59
Photo n°7 : Le carrefour de Nimbo-habitat-fromager
transformé en gares par les taxis-motos
62
Photo n°8 : La grande gare des gbakas de Bouaké au
quartier Commerce 62
Photo n°9 : Le carrefour de l'école BASSA à
Air-France 2 transformé en gares par les taxis-
motos 62
Photo n°10 : Un panneau de feu tricolore au rond-point de
la Préfecture de la Police au
quartier Commerce 63
Photo n°11 : Une station clandestine de vente d'essence
au quartier Kahankro 65
Photo n°12 : Une station clandestine de vente d'essence
au quartier Ahougnassou-château 65
Photo n°13 : les taxis collectifs de la ville de
Bouaké (quartier Dougouba) 71
Photo n°14 : Les gbakas en stationnement dans leur grande
gare au quartier Commerce 79
Photo n°15 : Des conducteurs de mototaxis sans aucune
protection à un rond-point dans le
quartier Dar es Salam1 86
Photo n°16 : Un conducteur de mototaxis portant un casque
un gilet dans une rue du quartier
Commerce 86
Photo n°17 : Un bus de la STUB 88
Photo n°18 : Les bus de la SOTUB en stationnement dans
leur quai au quartier N'Gattakro 91
Photo n°19 : Chargement d'un taxi au gaz butane au
quartier Air-France2 106
ANNEXES
QUESTIONS AUX CHAUFFEURS Date de l'enquête
:
Type d'engin :
N° d'engin enquêté : 1-
Identification de l'acteur
a)- Sexe : masculin
b)- Nationalité : ivoirienne
|
féminin
Etrangère
|
d)- A quel groupe ethnique appartenez- vous ?
2- Profession antérieure exercée :
Cultivateur Chauffeur Commerçant
3- Formation scolaire et expérience
professionnelle
- Niveau scolaire : Supérieur Secondaire Primaire
Analphabète
4- Quelle est la durée votre permis de conduire ? Moins
d'un an , de un an à cinq
ans , de plus de cinq ans
5- Depuis quand conduisez-vous ?
6- A quelle heure vous débutez le travail ?
7- A quelle heure se termine-t-il ?
8- Non
Autre activité extraprofessionnelle en dehors du
transport
Pourquoi ?
9- Etres- vous propriétaire ? Oui
10- Si oui de combien de l'engin disposez-vous ?
11-
124
Si avez un patron : son ethnie
Sa profession combien d'engins qu'il dispose?
12- Qualité des rapports avec votre employeur : Bon
|
Mauvais
|
Pas d'opinion
|
13- Qualité des rapports avec les clients : Bon
Mauvais
|
Pas d'opinion
|
14- Situation face à cet emploi :
a) Favorable au changement : Oui Non
b) Si oui, que voulez-vous faire ?
15- Combien d'aller et retour faites-vous par jour :
16- Combien de personnes transportez-vous à chaque
voyage ?
17- Faites-vous une pause pendant le travail ? Oui
|
Non
|
18- Si oui de quelle heure à quelle heure
19- Utilisez-vous l'engin pendant la pause pour faire des
courses personnelles ? Oui Non
20- Y a-t-il d'autres acteurs sur l'engin roulant ?
Aide chauffeur : qui l'embauche ?
Apprentis : qui l'embauche ?
21- Nombre de place ou capacité de l'engin
22- Etes-vous rémunéré ? Par jour ou par
mois
23- Quelle est votre recette journalière ?
24- Combien vous rendrez au propriétaire par jour ?
25- Quelle est la rémunération de l'aide chauffeur
?
26- Qui paie ?
27-
125
Quelle est votre consommation de carburant journalière
?
Essence
le litre...... le coût , Gas-oil
le litre ...le coût ,
Gaz le litre .. le coût
28- Combien payez-vous ? Pour
Taxe et impôts : Frais syndical :
29-
Pneumatiques pièces de rechange assurance
Quels sont les principaux frais à votre charge ?
Carburant
Patente contrôle routier
|
mécanique gardiennage
|
lavag
|
visite technique
|
vignette
|
chargeur
|
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHEFS DE GARE
Date de l'enquête :
1- Nom et prénom (facultatif)
2- L'âge ..Genre : Femme Homme
3- Situation matrimoniale : Célibataire Marié
Nombre d'épouse Nombre d'enfants
4- Nombre de personnes à charge en dehors de vos
enfants :
5-
auffeur Commerçant Artisan
Profession antérieure exercée
Cultivateur
Autre (précisez)
6- La nationalité : ivoirienne , ou
étrangère (précisez)
7- Votre groupe ethnique
8- Combien de véhicules enregistrez-vous par jour ?
9- A quelle arrivez-vous à la gare ?
10- A quelle heure quittez-vous la gare ?
11-
126
Connaissez-vous le nombre de chauffeurs de votre gare ?
Oui , ou non
12- Quel est le statut des terrains que vous
occupez ?
Municipal
|
Privé
|
espace vert
|
trottoir
|
13- Connaissez-vous le nombre de chauffeurs de cette gare
?
Oui , ou Non pourquoi ?
14- Etes-vous rémunéré ? Oui , ou Non
pourquoi ?
15- Quels sont les principaux problèmes que vous
rencontrez?
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX USAGERS
Date de l'enquête : Type d'engin : 1-
Identification du voyageur :
a) Sexe ; Masculin : Féminin
:
b) Age :
c) Nationalité : ivoirienne :
étrangère :
2- Provenance : (quartier : ) ;
Domicile , Travail , Ecole , Marché , Autre
(précisez) :
3-
127
Destination : (quartier : ) ;
Domicile , Travail , Ecole , Marché , Autre
(précisez) :
4- Prix du voyage :
5- Profession ; Travailleur : oui ou non , Etudiant : oui
ou
non
|
, Elève : oui
|
ou non
|
, Ménagère : oui
|
ou non Autre
|
(précisez) :
6- Empruntez-vous ce mode de transport :
Occasionnellement ou Habituellement
7- Pourquoi ce mode de transport
Moins chère , Disponible , Rapide , Confortable ,
Sécurisant
8- Difficulté de déplacement a- Etat des routes :
Bon
b- Enclavement
9- Quels sont les problèmes de transport que vous
rencontrez ?
- absence de moyens de transports
- irrégularité des moyens de transport
- l'accessibilité
- les frais de transport
128
- autre
129
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 2
SIGLES ET ACRONYMES 3
DEDICACE 5
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENT 6
INTRODUCTION GENERALE 8
1 JUSTIFICATION DU SUJET ET REFLEXION SUR QUELQUES CONCEPTS 12
1-1 La justification du sujet 12
Mais, pourquoi le transport collectif ? 12
1-2 Réflexion sur quelques concepts 13
La ville 13
Le transport collectif à Bouaké 14
2 REVUE DE LA LITTERATURE 16
2-1 La complémentarité entre urbanisation et
dynamisme des transports collectifs 16
2-2 Les différents types de transport dans les villes du
sud 18
2-3 Les difficultés du transport dans les villes du sud
20
2-4 Les accidents de la route, un phénomène mondial
22
2-5 Les enjeux du transport routier 23
3 PROBLEMATIQUE 26
4 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 28
4-1 Objectif général 28
4-2 Les objectifs spécifiques 28
5 HYPOTHESES DE LA RECHERCHE 28
130
5-1 Hypothèse générale 28
5-2 Hypothèses spécifiques 28
6 METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 29
6-1 Les Variables de recherche 29
6-1-1 Les infrastructures et équipements du transport
routier de Bouaké 29
6-1-2 Les acteurs du secteur du transport routier 30
6-1-3 Les différents moyens de transport routier collectif
dans la ville de Bouaké 31
6-1-4 Le fonctionnement du transport dans la ville de
Bouaké 31
6-2 LES TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES 32
6-2-1 La recherche documentaire 32
6-2-2 Observation 32
6-3 Enquêtes de terrain 33
6-3-1 Entretien ou interview 33
6-3-2 Enquête par questionnaire 34
6-3-2-1 L'échantillonnage 34
6-3-2-2 Répartition des enquêtés 37
6-4 Le traitement des données 37
6-5 Les difficultés de la recherche 37
PREMIERE PARTIE 40
LES FACTEURS QUI ORGANISENT LE TRANSPORT ROUTIER DANS LA VILLE
DE BOUAKE 40
Introduction 41
Chapitre 1: L'INTERACTION ENTRE TRANSPORT ROUTIER ET LE CADRE
URBAIN
42
1-1 INFLUENCE DE LA MORPHOLOGIE DE LA VILLE SUR LE
TRANSPORT
131
TERRESTRE 44
1-1-1 Le rôle déterminant du cadre physique 44
1-1-2 L'influence de la ségrégation spatiale du
territoire sur le transport routier 47
1-2 LA POLITIQUE DU TRANSPORT TERRESTRE (ROUTIER) 48
1-2-1 Les effets de la politique libérale sur
l'organisation du transport 49
1-2-2 Les limites gestionnaires des collectivités locales:
cas de la ville de Bouaké 50
Chapitre 2 : LES INFRASTRUCTURES ET EQUIPEMENTS DE TRANSPORT
DANS
L'ORGANISATION DU TRANSPORT DANS LA VILLE DE BOUAKE 52
2-1 LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES DANS L'ORGANISATION
DU
TRANSPORT A BOUAKE 53
2-1-1 Les types de routes à l'intérieur de la ville
de Bouaké 54
2-1-2 L'état de la voirie urbaine de Bouaké 58
2-2 LA GARE ROUTIERE, L'UN DES BAROMETRES DE LA VIE URBAINE 59
2-2-1 Les gares routières et autres aires de stationnement
dans la ville de Bouaké: des
lieux-autos-crées 60
2-3 LES FEUX TRICOLORES, UN GAGE POUR LA SECURITE 63
2-4 LES ETABLISSEMENTS DE TRANSPORT QUI CONTRIBUENT AU
DEVELOPPEMENT DE L'ACTIVITE 64
2-4-1 Les stations d'essences 64
2-4-2 Les auto-écoles 65
2-4-3 Les garages 66
Conclusion partielle 67
DEUXIEME PARTIE 68
132
133
LES MOYENS DE TRANSPORT COLLECTIF DANS LA VILLE DE BOUAKE 68
Introduction 69
Chapitre 3: LES MOYENS HABITUELS DU TRANSPORT COLLECTIF DANS
LA
VILLE DE BOUAKE 70
3-1 LES TAXIS-COLLECTIFS, DES MOYENS DE TRANSPORT TRES
ANCIENS A
BOUAKE 70
3-1-1 Les conditions d'évolution des activités des
taxis collectifs à Bouaké 71
3-1-2 Les opérateurs économiques du secteur des
taxis collectifs de Bouaké 73
3-1-3 Organisation fonctionnelle des taxis de Bouaké 74
3-2 LES MINI-CARS « GBAKAS », AUTRES ANCIENS MOYENS DE
TRANSPORT
COLLECTIF A BOUAKE 75
3-2-1 Organisation spatio-fonctionnelle des gbakas de
Bouaké 76
3-2-1-1 La gestion des gares et lignes de gbakas 77
3-2-1-2 Le matériel roulant 78
3-2-2 Les acteurs du secteur 79
3-2-2-1 Les propriétaires des véhicules 79
3-2-2-2 Les chauffeurs, de simples employés 80
3-2-2-3 Les passagers 81
Chapitre 4: L'EMERGENCE DE NOUVEAUX MOYENS DU TRANSPORT
COLLECTIF
URBAIN A BOUAKE 82
4-1 LES TAXIS-MOTOS, DES MOYENS DE TRANSPORT DE SECOURS 82
4-1-1 La genèse des motos-taxis à Bouaké
83
4-1-2 Organisation fonctionnelle des motos-taxis de Bouaké
84
4-1-2-1 Les acteurs 84
4-1-2-1-1 Les propriétaires de motos 85
4-1-2-1-2 Les conducteurs de motos-taxis 86
4-1-2-1-3 Les usagers 87
4-2 DES SOCIETES DE TRANSPORT À BOUAKE 87
4-2-1 La Société de Transport Urbain de
Bouaké (STUB), une entreprise à la traine 88
4-2-1-1 Le parc auto et le fonctionnement de la STUB 88
4-2-2 La Société de Transport Urbain de
Bouaké (SOTUB), un difficile décollage 90
Conclusion partielle 91
TROISIEME PARTIE 93
LES IMPACTS DES ACTIVITES DU TRANSPORT URBAIN 93
Introduction 94
Chapitre 5: IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DU TRANSPORT DANS LA VILLE
DE
BOUAKE 95
5-1 IMPACTS ECONOMIQUES DU TRANSPORT URBAIN 95
5-1-1 La vitalité économique de Bouaké dans
le domaine du transport collectif 96
5-2 IMPACTS SOCIAUX DU TRANSPORT COLLECTIF DE BOUAKE 98
5-2-1 Le transport, un amortisseur social 99
5-2-2 Incidences des accidents de circulation à
Bouaké 101
Chapitre 6 : LES EFFETS NEFASTES DES ACTIVITES DU TRANSPORT
URBAIN 104
6-1 LES NUISANCES LIEES AUX ACTIVITES DE TRANSPORT 105
6-1-1 La pollution atmosphérique de l'environnement urbain
105
6-1-2 Les nuisances sonores 109
6-2 LA DECOMPOSITION SPATIALE DE LA VILLE DE BOUAKE 110
134
6-2-1 Les inconvénients de l'accroissement des
activités du transport collectif à Bouaké
111
Conclusion partielle 113
CONCLSUION GENERALE 114
BIBLIOGRAPHIE DE REFERENCE 116
TABLE DES ILLUSTRATIONS 121
ANNEXES 124
QUESTIONS AUX CHAUFFEURS 124
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHEFS DE GARE 126
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX USAGERS 127
TABLE DES MATIERES 129
|