Conclusion du chapitre
Les résultats de cette étude attestent que dans
le milieu congolais marqué par un contexte de désoeuvrement et de
chômage massif, le jeu parifoot perd sa dimension ludique,
pourtant sa principale fonction, au détriment de l'appât du gain.
Dans leur façon de jouer, les parieurs de Livulu donnent l'impression
que ce jeu constitue tout pour eux, c'est-à-dire leur unique espoir pour
améliorer leurs conditions de vie au quotidien. Pour tout dire,
terminons par révéler cette pensée tirée dans
l'oeuvre de Dostoïevski pour qui « le joueur ne joue
plus à un jeu, il joue sa vie ».
C'est ce que nous observons chaque jour, auprès de ces
parieurs qui recourent souvent à ce jeu, non pas pour se divertir mais
pour la quête de leur survie. Cet enthousiasme au jeu parifoot
explique son expansion spectaculaire dans nos quartiers où les points de
vente ne cessent de naitre comme des champignons. Ce jeu attire des personnes
de toutes les catégories sociales, de tous âge, de tout genre, ...
mieux, c'est un jeu pour monsieur tout le monde.
CONCLUSION GENERALE
Tout au long de cette étude, nous avons tenté
d'esquisser autant que faire ce peu, un phénomène complexe de
notre société qui est celui de parifoot. En effet, le
jeu de pari est un phénomène social dont l'apparition se perd
dans la nuit des temps. Par ailleurs, en tant que phénomène
global, la fièvre des paris sur le sport a atteint tous les pays du
monde, y compris ceux d'Afrique, notamment, la RDC. C'est ce qui nous a
motivé d'aborder cette thématique axée sur
L'état des lieux du jeu parifoot comme moyen de survie pour ses
consommateurs ».
Parti pour être une simple forme de divertissement,
miser de l'argent sur les résultats sportifs est devenu une
véritable passion pour certaines personnes. Il est vrai que la RDC n'a
pas rejoint la danse au même moment que certains pays du monde, voire
même de l'Afrique, mais ce qui est sûr, c'est que le pays entier a
pris le pas et s'est arrimé sur le jeu parifoot.Cependant,
même avec un regard distrait, il ressort quel'avènement de ce jeu
dans la ville de Kinshasa où une bonne partie de sa population vit dans
une situation de précarité démesurée, est
considéré par plus d'un comme un moyen de vivre et mieux
desurvivre.
À travers cette étude, notre principale
préoccupation était de savoir sur quoi est fondé
l'inclination de la population kinoise au jeu parifoot ? Ce
propos interrogatif a suscité d'autres questions secondaires dont les
plus pertinentes ont pu être formulées en ces termes :
i) l'avènement de ce jeu à Kinshasa, a-t-il eu
un impact substantiel dans le train de vie de ses consommateurs ?
ii) quelles sont les incidences constatées depuis
l'avènement de ce jeu dans cette ville capitale de la RDC ?
Pour valablement répondre à ces interrogations,
dont l'essentiel a constitué le fil conducteur de l'étude, nous
avons résolu de mener une investigation auprès des parieurs
kinois, ce qui nous a conduit à enquêter dans la commune de Lemba
et plus précisément au quartier Livulu. Afin de mener à
bon port cette étude, l'usage des méthodes analytique et
statistique, s'est révélé très important. A ces
méthodes, nous avons adjoint les techniques documentaire, d'observation
directe et de questionnaire pour la production des données.
Dans le but de mieux assurer le cheminement de notre
pensée, outre l'introduction générale et la conclusion
générale, cette étude a été articulée
en trois chapitres.Le premier chapitre a porté sur les
considérations générales des paris sportifs. Le
deuxième a présenté un état des lieux global de
l'activité paris sportifs. Et le troisième et dernier chapitre
quant à lui, a évalué le jeu parifoot comme moyen
de survie pour les parieurs kinois.
À l'issue de l'enquête de terrain, les principaux
résultats nous révèlent que,les paris sportifs s'emparent
sensiblement des moeurs des Kinois et la raison principale de l'explosion de ce
marché reste, en grande partie, la forte paupérisation qui
caractérise cette population. A cela s'ajoute d'autres stratégies
employées par les opérateurs de parifoot pour attirer la
clientèle. Dans une situation comme la nôtre, l'enquête fait
remarquer que les plus indigents s'adonnent le plus au parifoot
à la recherche du gain financier pour espérer subvenir à
leurs besoins existentiels. Cette pratique qui attire un grand monde mais
surtout les jeunes et parfois même les mineurs, représente pour
ces personnes une lueur d'espoir. Tel est le facteur clé qui explique
l'attirance des Kinois au jeu parifoot.
Au regard de ce qui précède, dans un contexte
marqué par l'étroitesse du marché d'emploi et surtout de
limitation de sources de revenus, l'activité de paris sportifs est
perçue comme la nouvelle mine d'or pour les parieurs kinois.En
réalité, les résultats de l'enquête attestent que,
ce qui est qualifié de « l'argent facile » par les
parieurs, s'avère ne pas l'être au final. Toutefois, ce jeu
procure à ses consommateurs, même de façon incertaine, des
revenus qui leurs permettent de résoudre tant bien que mal, quelques
problèmes quotidiens et dans certaines mesures, ils leur permettent de
subvenir aux besoins existentiels auxquels ils font face.
Pour ce qui est des retombées de ce jeu dans la ville
de Kinshasa, l'étude révèle qu'à travers les
données aussi bien de l'enquête que de la documentation, certains
éléments sont à mettre dans son actif, notamment, la
balance des emplois créés par les sociétés de
parifoot installées à Kinshasa, les impôts
qu'elles payent sur les revenus et les gains que certains parieurs remportent.
Cependant, notons que le parifoot est une forme de divertissement
à risque qui entraîne parfois des coûts exorbitants dans la
vie de certains parieurs. Ces effets s'accompagnent des conséquences
négatives.
Ainsi, à l'issue de l'analyse de ces résultats,
toutes les hypothèses que nous avons alignées se sont
avérés exactes et vérifiables à partir des
données de terrain récoltées auprès des parieurs de
Livulu. C'est ici l'occasion pour nous de recommander à l'Etat congolais
d'évaluer les conséquences tant économiques que sociales
causées par ce jeu afin de mettre en place des bonnes politiques qui
limitent les effets négatifs de ce jeu de hasard en favorisant ce
secteur qui s'annonce déjà prometteur.
Loin de nous toute idée de prétention d'avoir
épuisé la matière qui porte sur ce jeu et sur les parieurs
qui sont ses animateurs dans un si petit espace que nous offre le cadre de ce
travail. Aussi ne nous empêchons-nous pas de reconnaitre que cette
étude reste notre modeste contribution à l'oeuvre commune. Pour
cela, nous invitons d'autres chercheurs à nous emboîter le pas et
à l'enrichir avec de nouvelles réflexions scientifiques en vue de
l'édification de cet édifice commun.
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