CHAPITRE 3 : LA GESTION
DES AIRES PROTEGEES URBAINES DE LUBUMBASHI ET L'OCCUPATION DE CELLES - CI
PAR LES TIERS
Dans ce chapitre, après avoir posé les bases
théoriques et méthodologiques de notre recherche dans les
chapitres précédents, nous allons procéder à la
présentation des résultats auxquels nous sommes arrivés
dans ce mémoire. Il sera aussi question d'expliquer la manière
dont se gère les aires protégées urbaines dans la ville de
Lubumbashiainsi que les principaux enjeux qui entourent l'octroi des espaces
aux particuliers dans ses aires.
Section 1 : types de
gestion des aires protégées urbaines
Etant un espace géographique clairement
défini,situé à l'intérieur ou aux abords de grands
centres de population reconnu, consacré et géré, par tout
moyen efficace, juridique ou autres, afin d'assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques
et les valeurs culturelles qui lui sont associés, une
aire protégée urbaine ne se gère pas de manière
hasardeuse, sa gestion se fait suivant une certaine normalisation. Ainsi nous
trouvons, selon l'UICN, plusieurs catégories de gestion que
voici (EDMISTON, 2016):
1. Réserve naturelle intégrale :
Strictement protégée pour la biodiversité et
aussi, éventuellement, pour des caractéristiques
géologiques/géomorphologiques, où les visites,
l'utilisation et les impacts humains sont strictement contrôlés et
limités pour garantir la protection des valeurs de conservation.
2. Zone de nature sauvage :
Généralement de vastes aires intactes ou
légèrement modifiées qui ont préservé leur
caractère et leur influence naturels sans habitations humaines
permanentes ou significatives, qui sont protégées et
gérées aux fins de préserver leur état naturel.
3. Parc National : De vastes aires naturelles
ou quasi naturelles mises en réserve pour protéger des processus
écologiques à grande échelle, ainsi que les espèces
et les écosystèmes caractéristiques d'une région,
qui fournissent aussi des opportunités de visites de nature spirituelle,
scientifique, éducative et récréative, dans le respect de
l'environnement et de la culture des communautés locales.
4. Monument ou élément naturel :
Aires mises en réserve pour protéger un monument naturel
spécifique, qui peut être un élément topographique,
une montagne ou une caverne sous-marine, une caractéristique
géologique telle qu'une grotte ou même un élément
vivant comme un îlot boisé ancien.
5. Aire de gestion des habitats / des espèces :
Aires qui visent à protéger des espèces ou des
habitats particuliers et dont la gestion reflète cette priorité.
Beaucoup auront besoin d'interventions régulières et actives pour
répondre aux exigences d'espèces ou d'habitats particuliers, mais
cela n'est pas une exigence de la catégorie.
6. Paysage terrestre ou marin protégé :
Aires où l'interaction des hommes et de la nature a produit, au
fil du temps, un caractère distinct, avec des valeurs
écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques
considérables et où la sauvegarde de l'intégrité de
cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l'aire, la
conservation de la nature associée ainsi que d'autres valeurs.
7. Aire protégée avec utilisation
durable des ressources naturelles : Aires qui préservent des
écosystèmes ainsi que les valeurs culturelles et les
systèmes de gestion traditionnels des ressources naturelles qui y sont
associés. Elles sont généralement vastes, et la plus
grande partie de leur superficie présente des conditions naturelles ;
une certaine proportion y est soumise à une gestion durable des
ressources naturelles, et une utilisation modérée des ressources
naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation de la nature, y
est considérée comme un des objectifs principaux.
Les catégories de gestion s'appliquent avec une
typologie des types de gouvernance - une description de qui détient
l'autorité et les responsabilités envers l'aire
protégée. L'UICN définit quatre types de
gouvernance (GRAHAM, 2003):
1. Gouvernance par le gouvernement : i.e., gouvernance par un
organisme ou un ministère fédéral ou national ; par un
organisme ou un ministère sous-national en charge ; ou
déléguée (ex. à une ONG),
2. Gouvernance partagée : i.e. gouvernance
collaborative (divers degrés d'influence) ; conjointe (conseil de
gestion pluraliste) ; et/ou transfrontalière (divers degrés de
part et d'autre de frontières internationales),
3. Gouvernance privée : i.e., gouvernance par un
propriétaire individuel ; par des organisations sans but lucratif (ONG,
universités, coopératives) ; par des organisations à but
lucratif (particuliers ou sociétés),
4. Gouvernance par des peuples autochtones et des
communautés locales : aires et territoires conservés par des
peuples autochtones ou des communautés locales - déclarées
et gérées par ces peuples et communautés.
Les aires protégées urbaines se distinguent par
:
- L'accueil de nombreux visiteurs, venant fréquemment,
voire quotidiennement. Nombre de ces visiteurs n'ont jamais été
en contact avec une nature plus sauvage. Ils sont souvent plus divers, au
niveau ethnique et économique, que les visiteurs des aires
protégées plus éloignées ;
- Les relations avec les acteurs du secteur urbain, dont les
décideurs des gouvernements, les médias, les chefs d'opinion, et
les principales institutions éducatives et culturelles ;
- La menace encourue du fait de l'étalement et de
l'intensification du développement urbain ;
- La fréquence de crimes et de vandalisme, les
problèmes de détritus, le déversement de produits
dangereux, sans oublier la pollution sonore et lumineuse ;
- Les conséquences de leur situation en
périphérie des villes : incendies plus fréquents et
graves, pollution de l'eau et de l'air, introduction d'espèces exotiques
envahissantes.
Les aires protégées urbaines sont importantes
pour les mêmes raisons que les autres plus isolées. Ainsi, elles
offrent des services écosystémiques, protègent des
espèces et soutiennent l'économie locale grâce aux revenus
du tourisme. Mais un rôle crucial les distingue des autres aires
protégées. Elles permettent aux citadins de faire
l'expérience de la nature, y compris ceux, nombreux, qui ne peuvent pas
visiter d'autres aires protégées plus lointaines. Ce rôle
est important pour deux raisons :
- Un contact régulier avec la nature a des effets
bénéfiques sur chacun. Outre les bienfaits de l'exercice en plein
air, les scientifiques ont prouvé combien passer du temps dans la nature
améliore la santé mentale et physique.
- Les populations urbaines de la planète jouent un
rôle essentiel dans la protection de la nature. Elles vivent là
où sont la richesse, les médias et les moyens de communication.
Or, les dirigeants ont tout intérêt à prendre en compte ce
qui est important pour leur électorat. La protection de la nature
dépend ainsi du soutien des électeurs urbains, des donateurs et
des communicants. Mais, les citadins ont de moins en moins de contact avec la
nature. Il faut recréer ce lien si nous voulons qu'ils incitent leurs
dirigeants à faire de la conservation de la nature une
priorité.
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