L'année 2018 aura été
particulièrement rude pour l'économie et la population
congolaises à cause d'un environnement international qui leur a
été fatal. Il faudra encore, expliquent des spécialistes,
s'attendre, cette année 2019, à une situation d'incertitude si le
gouvernement ne respecte pas les fondamentaux60.
En ce moment, la croissance économique chinoise
ralentit. Les secteurs liés aux infrastructures et aux matières
premières en sont pénalisés, à l'inverse des
secteurs liés à l'émergence de la classe moyenne et de la
consommation des ménages. Quand la demande chinoise faiblit, c'est
l'Afrique qui souffre. Si la demande chinoise diminue, c'est d'abord parce que
la structure de l'économie chinoise évolue rapidement.
59
www.radiookapi.net,
consulté le 13 juin 2019.
60
www.radiookapi.net,
consulté le 25 mai 2019.
38
Selon des spécialistes, le défi pour les pays
émergents d'Afrique subsaharienne est d'arriver à restructurer et
changer leurs exportations pour pouvoir bénéficier des secteurs
émergents en Chine. En effet, l'Afrique est le continent le plus
dépendant de la Chine, devant l'Amérique latine. Ces
spécialistes estiment que le moment est venu pour les pays africains de
se trouver d'autres produits que le pétrole et les minerais à
exporter vers la Chine. Et ce, pour atténuer le choc.
Plusieurs pistes s'offrent donc aux pays africains en
général et la RDC en particulier. La première piste est
toujours liée aux matières premières (pétrole et
minerais). Il s'agit de se tourner vers les industries de transformation des
matières premières. D'après les spécialistes, les
produits transformés n'intéressent pas que la Chine. Beaucoup de
pays en sont demandeurs. Par ailleurs, les industries de transformation ne
concernent pas que le secteur des mines et sont encore relativement faibles en
Afrique. On en trouve, par exemple, dans le secteur de l'industrie
forestière. Elles concernent aussi les matières premières
agricoles, comme le sésame, le tabac, le millet, qui sont très
recherchés notamment par les nouvelles classes émergentes en
Chine.
Pour les mêmes spécialistes, s'il y a
restructuration, cela pourrait mécaniquement servir la diversification.
Certains pays, comme l'Ethiopie, font le pari de devenir des « zones de
délocalisation » pour l'industrie chinoise et créent des
hubs de manufacturassions. C'est un exemple à suivre et même une
stratégie de développement payante, recommandent-ils, même
si cela reste vraiment une dynamique de long terme sans impact très
significatif sur la croissance de ces pays à court terme.
Bref, l'Afrique doit transformer sa dépendance
économique en atouts, c'est-à-dire le moment est venu pour que
les États africains exportent les produits transformés, sous
peine de subir constamment les ajustements de l'économie chinoise, voire
de l'économie mondiale.
L'objectif de la politique économique d'un État
est de créer un environnement règlementaire, fiscal et
institutionnel dans lequel les activités économiques dans tous
les secteurs prennent leur essor sans entrave. Si l'on
39
a quelquefois parlé de « malédiction des
ressources naturelles » pour caractériser la performance
décevante de beaucoup de pays africains exportateurs de produits
primaires, c'est parce que les dirigeants de ces pays se sont inscrits dans une
logique de redistribution de la rente minière et/ou
pétrolière. Encore que les richesses provenant de l'exploitation
des matières premières ne bénéficient qu'à
la minorité au pouvoir. La richesse en ressources naturelles n'est pas,
en soi, un facteur inhibant de la croissance ou du bien-être de la
population. Ce qui importe, pour la République démocratique du
Congo comme pour tous les autres pays exportateurs de produits de base, c'est
d'inscrire la rente minière et/ou pétrolière dans une
logique d'investissement dans tous les secteurs (routes, infrastructures,
industries de transformation, etc.). Nul n'ignore que le pétrole et les
minerais ont une durée de vie limitée. La plupart des gisements
en RDC ont encore des réserves pour environ 50 ans. Et après ? Il
s'agit donc de mettre en place un environnement porteur pour tous les secteurs
de l'économie, dans lequel chacun a accès aux facteurs de
production dans un environnement concurrentiel et dans un État de
droit.
Un environnement macroéconomique stable constitue le
prérequis de base à l'efficacité des marchés.
Cependant, l'économie congolaise a récemment été
soumise à des tensions importantes. Les prix des produits primaires se
sont effondrés mais celui du cuivre, par exemple, remonte à une
vitesse quasi similaire à celle de sa chute. Cette situation de basse
conjoncture a amené le gouvernement à recourir aux emprunts
auprès de la Banque centrale du Congo (BCC). La chute des cours mondiaux
des matières premières a suscité des craintes du
marché sur la solidité du franc congolais, contribuant à
sa dépréciation. La parité sur le marché de change
parallèle est passée à 1 dollar pour 1 640 francs, voire
plus depuis quelques semaines passées. La réponse des
autorités en termes de politique macroéconomique reste
ambiguë, en particulier en ce qui concerne la politique monétaire.
Les estimations de la croissance en 2017 sont autour de 2.4 %, contre 9,9 % en
2014. L'inflation, déjà élevée, est passée
de 25 % en 2008 à un pic de 55 % à fin 2017, après une
période de stabilité relative entre 2010 et 2014. On ne dispose
pas des chiffres réels sur le déficit du compte courant qui s'est
accru naturellement ni sur les investissements directs étrangers (IDE)
par rapport au Produit intérieur brut (PIB).
40
En termes d'ouverture globale (ratio du commerce au PIB), la
RDC est comparée aux pays à revenu équivalant et se situe
dans la moyenne des pays exportateurs de produits primaires à même
niveau de revenu. Une amorce de diversification sectorielle et
géographique de ses exportations a pu être remarquée. En
termes sectoriels, la diversification reste cependant cantonnée aux
produits miniers. En termes géographiques, la Chine prend une place
croissante dans le commerce extérieur de la RDC. L'orientation
générale des exportations congolaises demeure par contre
dépendante de destinations à faible croissance, comme l'Europe,
l'Afrique du Sud, etc.
Au-delà des questions de gouvernance qui sont
récurrentes, la RDC se doit d'opérer des choix importants en
matière de politique économique. De tous les choix à
opérer, le plus important est sans nul doute de redonner au secteur
privé, créateur d'emplois et de richesses tout son poids
économique historique61.