Capital humain et transformation structurelle en Afrique subsaharienne.par Diosthin Majesté II De-gbodo Université de Yaoundé II-SOA - Master 2018 |
Section 2. Cadre théorique du concept capital humainDepuis le passage des OMD aux ODD ramenant l'être humain au centre des débats économiques et perçu comme moteur de toutes interactions, a permis une profonde réorientation des politiques publiques en matière d'éducation, de santé et d'emploi et de réduction de pauvreté touchant la majeure partie des pays du monde. A cet effet, il est primordial de remodifier la composition factorielle initiale de toute structure productive contenant le capital et le travail, afin d'inclure l'humain comme un autre type capital qui diffère du capital physique à travers ses diverses caractéristiques. Dans cette section nous présentons le capital humain à travers toutes ses dimensions afin de mieux l'appréhender dans la suite de notre étude. De ce fait, nous allons d'abord définir le capital humain (2.1), ensuite ressortir toutes les dimensions caractéristiques du concept (2.2). 2.4. Définition et évolution du capital humainL'intuition du concept capital humain figurait déjà dans les travaux d'Adam Smith (1776) où il affirmait qu'une main d'oeuvre qualifiée serait une source de productivité. Mais ceci est resté inerte jusqu'en 1961 dont ce concept a émergé dans les théories économiques grâce aux travaux de T. Schultz (1961) et G. Becker(1964), deux économistes américains nobélisés pour leurs travaux sur le capital humain. Ils définissent le capital humain comme l'ensemble des connaissances, aptitudes, compétences et capacités incarnées ou acquises au fil du temps par l'éducation, la formation, l'expérience professionnelle, les soins médicaux et la migration. Il peut être interprété comme l'ensemble des ressources immatérielles intégrées dans le facteur travail qui améliorent la productivité ( Goldin, 2016 ). L'OCDE (2018) le définit comme l'ensemble des connaissances, qualifications, compétences et création du bien-être personnel social et économique. En partant de la réflexion sur le moyen d'améliorer la productivité du travail des exploitants agricoles, Schultz (1950) utilise pour la première fois l'expression `human investment' dans un article intitulé « Reflections on Poverty within Agriculture » publié dans le Journal of Political Economy. Il est difficile d'attribuer la notion de capital humain a un seul auteur cependant Schultz est l'un des premiers à l'avoir exposé dans les années 50. Dans son ouvrage « Human capital », Becker (1964) développe la théorie du capital humain qui a révolutionné la fin du 19ieme siècle et demeure les travaux majeurs du capital humain. L'insistance progressive du concept rejoignait une préoccupation centrale de la comptabilité de la croissance dans l'économie agricole (Kuznets, 1952). L'ampleur de cette théorie vient du fait que pour bien d'auteurs elle était une solution nouvelle à ce titre non envisagé ou partiellement à l'énigme de la croissance (Fabricant et Abramovitz, 1956). Mais dès 1960 à 1970, la question des inefficiences qui résultent de l'allocation des dépenses éducatives et sanitaires aux États-Unis a conduit tout d'abord à réaffirmer la centralité du critère de taux de rendement du facteur travail. Et l'importance du cadre théorique de référence consistant à analyser les choix individuels par le prisme de la théorie du choix rationnel et le critère du taux de rendement social comme critère d'allocation des ressources. Alors que l'analyse des taux de rendements privés a suscité un certain consensus, l'approche du rendement social a donné lieu à des critiques. Le fait que ce critère ne puisse rendre compte des externalités générées par l'éducation et des rendements non monétaires (Blaug, 1976). Les économistes accordent la même valeur au travail non qualifié et au travail qualifié (Kuznets, 1957). Or il affirme que la hausse du produit par tête que l'on observe est en premier lieu imputable à des changements dans la composition de la force de travail, notamment la qualification. Pour Kendrick et mincer (1980), le progrès de la connaissance et de la qualification font partie d'un capital immatériel accumulé via un investissement (individuel) dans l'éducation et la recherche. Plus tard, des décennies 90 les travaux sur les déterminants de la croissance endogène que certains auteurs ont remis en premier plan la grande importance que revêt le capital humain (Romer 1990, Lucas et al. 2015) comme moteur de la croissance endogène. Et plus particulièrement du développement durable en passant par une transformation de la structure (kuznets1979, phelps et al. 2012) d'une économie. Jusqu'à ce jour où le capital humain demeure difficilement quantifiable en raison de sa complexité et de ses composants. Car la mesure de la qualité fait toujours l'objet de controverses déjà pour la littérature forgé d'une seule théorie fondamentale. |
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