Rôle de l’état dans la croissance économique en RDC.par Andy Onokoko Shango UNILU - Licence 2019 |
4° - Effets sur les investissements domestiquesDans les études empiriques sur les effets des IDE, une question centrale revient régulièrement à savoir, dans quelle mesure l'IDE exerce un effet d'éviction ou un effet d'entraînement sur les investissements domestiques. Cette question a été largement traitée par Borenstein. D'autres études théoriques considèrent qu'il existe également des effets possibles de complémentarité entre les IDE et les entreprises domestiques . Dans le World Development Report de 2001, la CNUCED avance que l'effet positif des IDE sur l'investissement domestique se manifeste à travers plusieurs canaux tels que : (1) l'accroissement de la concurrence et de l'efficacité, (2) la transmission des techniques de contrôle de qualité à leurs fournisseurs et (3) l'introduction d'un nouveau savoir-faire (effet de démonstration des nouvelles technologies). Les FMN peuvent aussi pousser les entreprises locales à améliorer leur gestion ou à adopter les techniques de commercialisation employées par les multinationales sur le marché local ou mondial11( *). De Gregorio et Lee montrent une relation positive entre les IDE et les investissements domestiques, même si cet impact n'est pas très significatif. De même, De Soya et Oneal affirment que les IDE encouragent les investissements locaux au lieu de leur nuire. Bosworth et Collins estiment les effets des IDE et des flux de capitaux sur l'investissement intérieur pour un panel de 58 pays en développement entre 1978 et 1995.L'échantillon assure une bonne couverture de l'Asie de l'Est et du Sud, de l'Amérique latine, du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne. Trois types de flux sont considérés (IDE, investissements de portefeuille, prêts bancaires) qui n'apparaissent pas corrélés entre eux. Les auteurs trouvent qu'à chaque dollar d'entrée de capitaux correspond une augmentation de 50 cents des investissements intérieurs pour l'ensemble de l'échantillon. Ce résultat général cache toutefois des différences marquées selon le type de flux. En effet, l'IDE a l'impact le plus important : un dollar d'IDE augmente l'investissement intérieur de 80 cents; les investissements de portefeuille n'ont pratiquement pas d'incidence et les prêts bancaires ont un effet intermédiaire. Dans le même sens, Agosin et Mayer étudient justement l'impact des IDE sur l'investissement intérieur par région en retenant un échantillon moins étendu que celui de Bosworth et Collins (32 pays) mais une période plus longue (1970-1996). Ces auteurs montrent que l'IDE a stimulé l'investissement intérieur en Asie (c'est-à-dire que 1 dollar supplémentaire d'IDE entraîne une augmentation de plus d'un dollar d'investissement total (crowding in)), qu'il a eu par contre un effet d'éviction (crowding out) en Amérique latine et que son incidence est plutôt neutre en Afrique, où néanmoins quelques pays semblent tirer parti des investissements étrangers. Dans le but d'analyser les effets des FMN dans le pays d'accueil, Markusen et Venables (1999) construisent un modèle théorique dans lequel ils montrent que l'effet d'entraînement dépend de la stratégie suivie par les multinationales (production pour le marché local ou exportation à l'étranger) et du volume des liens en amont générés par elles. Pour ces auteurs, plus ces liens sont importants plus la probabilité de l'effet d'éviction sera faible. Sinon, du fait qu'elles disposent d'un pouvoir de marché en termes d'avantages technologiques, de produits de marques ainsi que des techniques de marketing, l'entrée des firmes multinationales peut affecter négativement l'existence des firmes locales12( *). Bouklia et Zatla soutiennent qu'un effet d'éviction de l'investissement domestique par les IDE dans les PSEM réduit nécessairement leur contribution à la croissance économique. Les auteurs pensent qu' « à côté d'éventuels effets de seuil ou d'une insuffisante capacité d'absorption technologique des entreprises locales, c'est, tout autant, l'absence de complémentarité entre le capital étranger et local qui expliquerait le faible impact de l'IDE sur la croissance des économies sud et est-méditerranéennes». Dans le même ordre d'idées, une étude de Harrison et McMillan sur l'impact des IDE sur les marchés financiers de la Côte d'Ivoire entre 1974 et 1987 montre que les FMN, grâce à la supériorité de leurs garanties et de leur rentabilité, bénéficient d'un accès plus facile aux banques locales, au détriment des entreprises locales. Cela étant, une des limites de ces analyses tient au cadre de statique comparée adopté, alors qu'il semble plus réaliste de supposer que l'incidence de l'IDE sur l'investissement intérieur est par nature dynamique et peut se dérouler en deux temps : (i) un effet initial négatif dû à l'entrée de la multinationale qui, du fait de ses avantages compétitifs, gagne des parts de marché au détriment des entreprises locales ; (ii) un effet à long terme plus favorable sur les entreprises locales, qui bénéficient des externalités liées aux activités des multinationales, par « effet de démonstration » ou diffusion du savoir-faire. |
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