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Le Train Express Régional et ses effets sur la
ville de Dakar, en particulier le tronçon Dakar-Diamniadio : les
impactés du TER
Diplôme de l'Université Paris-Diderot - Paris
7 UFR de Géographie, Économie et Sociétés
Master 1 Géographie et science des territoires -
2019 Spécialité : Dynamique des pays émergents et en
développement
Par Babacar Tandian
Sous la direction d'Amandine Spire
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REMERCIEMENTS
Je souhaite tout d'abord adresser mes remerciements à
ALLAH, le tout puissant, qui m'a donné la patience, le courage et la
détermination durant toutes ces longues années
d'études.
J'adresse mes remerciements à ma directrice de
mémoire, madame Amandine Spire, pour avoir accepté de m'encadrer
tout au long de mon travail. Ses conseils et l'énergie qu'elle m'a
accordé m'ont permis de mieux structurer mon travail.
J'adresse également mes remerciements à
l'ensemble des professeurs du Master 1 pour tout ce qu'ils nous ont
enseigné tout au long de l'année scolaire.
Enfin, je tiens à remercier ma famille qui m'a toujours
soutenu et, en particulier, mes parents qui m'ont tout donné, à
travers leur soutien inconditionnel et leurs conseils. Je leur dédie
toutes mes réussites.
Je dédie aussi ce travail à feu Lamine Seye, un
ami à moi qui n'a ménagé aucun effort pour me faciliter le
terrain car c'est lui qui me conduisait pour faire mes entretiens dans des
endroits que je ne connaissais pas.
Sommaire
Liste des acronymes 4
Liste des illustrations 5
Introduction et méthodologie 6
Partie I. Le TER, un projet phare du plan
Sénégal Émergent 24
Partie II. La nouvelle sociabilité des PAP :
plusieurs reconfigurations 46
Conclusion 65
Bibliographie 68
Annexes 71
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ACRONYMES
AIBD Aéroport International Blaise DIAGNE
AFD Agence Française de Développement
AFTU Association de Financement des Professionnels du
Transport Urbain
APIX Agence pour l'Investissement et les Grands Travaux de
l'État
ANSD Agence Nationale de Statistique et de la
Démographie
BAD Banque Africaine de Développement
BM Banque Mondiale
BRT Bus Rapide Transit
CC Commission de Conciliation
CDREI Commission Départementale de Recensement et
d'Évaluation des Impenses
CETUD Conseil Exécutif des Transports Urbains de
Dakar
CLE Commission de Libération des Emprises
DDD Dakar Dem Dikk
DELE Direction de l'Environnement et de la Libération
des Emprises
DRTT Division Régional des Transports Terrestres
FCFA Franc de la Communauté Financière
Africaine
KMF Keur Maye Fall
MTER Maison Train Express Régional
PAMU Programme d'Amélioration de la Mobilité
Urbaine
PAP Personnes Affectées par le Projet
PAR Plan d'Actions de Réinstallation
PDU Plan Directeur d'Urbanisme
PTB Petit Train de la Banlieue
PIB Produit Intérieur Brut
RTS Radiotélévision Sénégalaise
SOTRAC Société de Transport en commun du
Cap-Vert
TER Train Express Régional
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ILLUSTRATIONS
Cartes
Carte 1: Tracé du TER sur l'axe Dakar-AIBD
Cartes 2 et 3: Occupations sols de Dakar de 1978 et de 2014
Carte 4 : Emprise à libérer
Carte 5 : Localisation des différents sites de
relogement
Documents
Document 1: Moyens de déplacements utilisés par le
dakarois (domicile - travail Documents 2 et 3 : Choix d'indemnisation des
PAP d'après le PAR Graphique
Graphique 1 : Flux d'échange intra-départementaux
dans la région de Dakar
Images
Image 1: Maquette du projet Diamniadio Lake City
Image 2 : Projet Diamniadio Lake City en cour de construction
Image 3 : Plan de la gare de Keur Mbaye Fall
Photos
Photos 1, 2, 3, 4, 5 : Pluralité des modes de transport
à Dakar
Photo 6 : Réunion du collectif national des
impactés
Photo 7 : Gare de KMF en construction
Photo 8 : Site de recasement en cour de viabilisation (Camp
Thiaroye )
Photo 9 : Situation d'une maison élaguée
Photos 10 et 11 : Traversée des rails pour vaquer à
leur occupations
Photo 12 : Pont rails en construction
Schéma
Schéma 1 : Interactions des acteurs qui composent le
projet
Tableaux
Tableau 1 : Catégorie de PAP dans les communes
traversées par le TER
Tableau 2 : Taille moyenne des ménages PAP dans les
communes et départements
Tableau 3 : Barème d'indemnisation par type de droit de
propriété
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INTRODUCTION
1.
Un projet d'infrastructure majeur dans une agglomération fortement
urbanisée
A. Une accélération de la croissance urbaine
à Dakar depuis les indépendances
Les villes du Sud sont de plus en plus
caractérisées par un étalement urbain. La région de
Dakar est la plus urbanisée du Sénégal. Comparée au
reste du pays, elle est aussi la région la plus densément
peuplée avec 4915 habitants au km2 et concentre la presque
totalité des infrastructures et réseaux d'infrastructures. Le
surpeuplement de la région de Dakar s'est effectué sous l'effet
combiné du dynamisme de la croissance naturelle de sa population, de son
rôle de principal carrefour économique et de zone d'accueil de
migrants (ANSD/SRSD Dakar : situation Économique et Sociale
régionale - 2012).
En 2012, la région de Dakar comprend 4
départements, 10 arrondissements, 4 villes, 43 communes et 3
communautés rurale ( ANSD 2012).
Avec un taux d'urbanisation de 97,2% en 2012, Dakar reste la
région la plus urbanisée du pays. En effet, la région de
Dakar, avec seulement 0,28 % du territoire, abrite à elle seule plus de
20% de la population nationale, soit un Sénégalais sur cinq.
Cette urbanisation vertigineuse est liée à une attraction
qu'exerce la capitale sur les populations des autres régions et plus
particulièrement les populations rurales mais aussi les étrangers
(Bâ, 2012). C'est dans cette perspective que beaucoup de ruraux ont
choisi de migrer vers Dakar dans le but d'y trouver de l'emploi ou autres
activités économiques. Sous la double action des apports
migratoires et de la croissance naturelle, l'agglomération dakaroise se
développe de manière rapide, concentrant la majeure partie des
activités économique du pays et une grande partie de la
population du Sénégal. Ainsi, cette population est passée
de 892 000 habitants en 1976 à 3,6 millions d'habitants actuellement,
et, d'après les projections démographique, cette population
atteindra 5 millions d'habitants à l'horizon 2030 (CETUD). De plus,
l'urbanisation accélérée s'est traduite par le
regroupement de 40% de la population urbaine du pays à Dakar.
Parallèlement, les zones péri-urbaines à vocation agricole
et environnementale sont progressivement urbanisées, ce qui les
amenuise. Cette situation a été, pour une large part,
renforcée par le choix longtemps opéré pour l'habitat
horizontal (villa) au détriment de celui de type vertical fondé
sur l'aménagement de parcelles collectives et la construction
d'immeubles à étages.
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B. La modernisation du secteur du transport avec le projet
TER pour accompagner la croissance urbaine.
- Problématique du transport à Dakar
La région de Dakar est marquée par des
aménagements urbains insuffisants comme en témoigne
l'inégale répartition des infrastructures de transport
(Diakhaté ; 2007). Le système de transport collectif dans la
ville est constitué de bus (TATA), de Cars Rapides, de Ndiagua Ndiaye et
de taxis. Le site de la presqu'île du cap vert, accompagné d'une
forte urbanisation non maîtrisée, cause d'énormes
problèmes pour relier le centre-ville et les
périphéries.
Or, Dakar concentre la plupart des services de la capitale et
les plus fortes densités localisées dans la banlieue.
D'importants flux domicile-travail s'effectuent donc en transport commun depuis
la banlieue vers le centre-ville de Dakar. Avec un réseau qui a atteint
ses limites de capacité, les temps de parcours deviennent de plus en
plus longs et incertains malgré les efforts de création et
d'aménagement de voies (par exemple l'autoroute à péage,
la Voie de Dégagement Nord et la Corniche Ouest qui ont
amélioré la situation dans les secteurs concernés).
Graphique 1: flux d'échange intra-départementaux
dans la région de Dakar
Source : SITRASS/CUREM 2015
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Ce graphique montre la répartition des flux de
déplacements en transports en commun de l'agglomération
dakaroise. Ainsi, le graphique montre une disparité en termes de
déplacement entre les départements dans la région de
Dakar. Le département de Dakar vient en tête en enregistrant le
plus grand flux des déplacements intra-département avec 708665
déplacements par jour, ce qui s'explique par la concentration des
activités économiques dans cette zone. Après le
département de Dakar, s'en suit celui de Pikine (315485), car Pikine
enregistre la plus grande démographie de la région. On a ensuite
le département de Rufisque (117200) et Guédiawaye (81331). Ce
graphique confirme que le département de Dakar est le principal lieu
d'activité de la région à côté des deux
autres département que sont Pikine-Guédiawaye et Rufisque. Le
secteur du transport en commun est composé par différents types
d'acteurs et différents modes de transports que nous détaillerons
dans la partie qui suit.
- Le secteur du transport structuré par des acteurs
semi-informel et informel
Évoquer la ville africaine équivalait à
parler du manque d'infrastructures, des bidonvilles, d'urbanisation sauvage ou
de pauvreté (Laurence Marfaing, 2019). À Dakar, comme dans la
plupart des villes du sud, la mobilité des personnes, des biens et des
services est fortement entravée par des problèmes de transports
(Diakhaté, 2007). En ce qui concerne les exploitants publics comme Dakar
Dem Dikk (DDD) et Petit Train de Banlieue (PTB), leur niveau de performance
reste très bas, en particulier pour des motifs techniques, financiers et
organisationnels. Les secteurs semi-informels comme l'Association de
Financement des Professionnels du Transport Urbain (AFTU) et informel tels que
Cars Rapides, Ndiaga Ndiaye et Clando assurent l'essentiel des
déplacements motorisés réalisés en transports
collectifs, avec une part modale de l'ordre de 90% (CETUD 2018). Pour desservir
la Médina et le Plateau jusqu'à la rupture du contrat avec
l'État en 1949. En 2001, Dakar Dem Dikk (DDD) a repris les actifs de la
SOTRAC (Société de Transport en commun du Cap-Vert) qui a
été mise sur place en 1971 et a pris fin en 1999 avec une
convention d'exclusivité de 15 ans (Godard, 2002). L'État du
Sénégal a très tôt compris que le monopole de la
SOTRAC ne parvenait pas à régler la situation déficitaire
de l'offre de transport. De leur apparition à 1973, date à
laquelle l'État a proposé la coexistence des cars rapides et de
la SOTRAC, le secteur informel oeuvrait illégalement dans Dakar à
côté de cette dernière (Godard, 2002). Ainsi, les cars
rapides passent de la répression à la reconnaissance et, en 1976,
l'on assiste au premier renouvellement des vieux cars rapides en circulation
puis en 1980 à une opération d'extension. D'après Godard
(2002), la part de marché des cars rapides dans le transport
collectif passe, selon diverses estimations, de 18% en 1980
à 66% en 1998 (Sustra), 95% en 2000 (Syscom). Les images suivantes
illustrent la pluralité des modes.
Photos 1, 2, 3, 4, 5: pluralité des modes de transport
en commun à Dakar
1) Car rapide 2) Clando
3) Ndiagua Ndiaye 4) Bus TATA
5) Petit train de la banlieue
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Source : Babacar Tandian
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Dans ces différentes images, on remarque que plusieurs
opérateurs informels et institutionnels coexistent et mettent en oeuvre
le service public de transport collectif à Dakar. Néanmoins, le
besoin de transport de la population de Dakar est supérieur à
l'offre des différents modes de transport qui s'y opère. Certes,
les transporteurs informels jouent un grand rôle quant à la
couverture de la demande, mais la qualité du service laisse à
désirer. Le déficit de l'offre des services de transports est
particulièrement apparent aux heures de pointe.
Document 1: Moyens de déplacements utilisés par
le dakarois (domicile - travail
Source : CETUD 2017
La part des modes motorisés sur l'ensemble des
déplacements réalisés quotidiennement est de seulement de
30%, dont 9% assurée par l'automobile (voiture particulière,
taxis, clandos) 19% par les transports collectifs et 2% par les autres modes
motorisés. Le faible niveau d'équipement automobile des
ménages (40 véhicules pour 1000 habitants) et le faible niveau de
performance des transports publics expliquent que 70% des déplacements
sont réalisés en marche à pied. Au Sénégal,
la gestion urbaine a été longtemps caractérisée par
un interventionnisme de l'État. Ainsi, dans le cinquième plan de
développement économique et social (1977-1980), les pouvoirs
affectent 42,2% des investissements au secteur urbain pour développement
des infrastructures. En outre, l'État intervient massivement dans la
production
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de l'espace urbain en s'arrogeant le monopole dans l'affection
des usages du foncier (Khouma, 2017).
Dès lors, l'on remarque une nette amélioration du
réseau de voirie ces dernières années et la
réalisation de voies structurantes, comme le prolongement de la Voie de
Dégagement Nord qui se poursuit. Cependant, malgré les efforts
ainsi réalisés, le réseau routier est fortement mis en
tension aux heures de pointe où se réalisent 27% (soit 2 millions
de déplacements) de la demande de transport liée aux motifs
professionnels et à la formation (CETUD, 2016).
- Un projet ambitieux d'envergure internationale
Classée depuis 2014 par l'UNESCO comme « ville
créative », Dakar est désignée comme une ville
résolument « moderne » qui, dans la perspective de son
développement, tend vers l'accroissement de ses capacités
d'innovation. C'est ainsi, en 2014, que le gouvernement du
Sénégal retient le projet TER comme solution pour assurer la
desserte de la grande banlieue de Dakar vers le centre-ville. Le présent
projet figure dans le Plan d'Actions Prioritaires (PAP 2014-2018) du PSE. Le
Décret n°2015-298, en date du 5 mars 2015 Art.1, déclare
d'utilité publique le projet de TER Dakar - Aéroport
International Blaise Diagne (AIBD).
Le projet est lancé en décembre 2016 et le
coût est estimé à 568 milliards de francs CFA (866 millions
d'euros). La construction est assurée par l'entreprise française
Alstom et appuyée par l'Agence de promotion des investissements et des
grands travaux (APIX). Toujours en
cours, à terme, le projet TER desservira 14 gares de
Dakar à l'AIDB sur 56 km (fiche de projet TER Dakar-AIBD).
L'objectif de ce projet d'après le PAR est de :
- contribuer au réaménagement et
rééquilibrage de l'espace urbain dans Dakar pour atteindre
le niveau de croissance du PIB tel que défini dans le Plan
Sénégal Émergent (PSE) ; - permettre un
développement équilibré de la métropole ;
- désenclaver la capitale, qui représente la
majeure partie de l'activité du pays, du reste du Sénégal
(le TER est complémentaire à l'autoroute A1 dans cet effort) et
s'orienter vers les réseaux de chemins de fer internationaux ;
- améliorer le secteur du transport à Dakar de
manière à satisfaire la forte demande de
transport dans les meilleures conditions de performance ;
- créer un effet structurant du tissu urbain par le
renouveau du centre-ville ;
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- diminuer la congestion routière par un transfert modal
de la voiture vers le BRT ; - poursuivre la politique de développement
du réseau de transport collectif. Carte : 1 Tracé du TER sur
l'axe Dakar-AIBD
Source : SYSTRA
Sur cette carte figure le tracé tu TER avec les
différentes gares qu'il desservira. Le projet suit le tracé
initiale du chemin de fer qui existe déjà et viens en appui au
projet de l'autoroute A1 qui relie Dakar à l'AIBD. Ainsi, nous allons
détailler les enjeux qui tournent autour du projet sur le plan
économique, social et politique.
2. Cadre théorique et problématisation
A. État de l'art
Dans le cadre de la recherche documentaire j'ai
consulté des documents pertinents accessibles en lien avec mon sujet.
Ainsi, j'ai exploré des travaux de recherche (des universitaire, des
chercheurs, des étudiants et professionnels du secteur), des
mémoires, des thèses, et tout autre document (ouvrage, revue,
article) pouvant permettre de collecter les informations nécessaires
à la construction de mon travail. Après avoir consulté
cette documentation, j'ai pu structurer mon travail sur trois axe principaux,
à savoir le cadre
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normatif d'un tel projet, les acteurs qui le composent et
enfin l'impact social du projet sur la mobilité quotidienne des
personnes affectées.
Concernant le cadre normatif du sujet, il met l'accent sur les
normes qui définissent la procédure d'expropriation. Ces normes
définissent le cadre juridique de tout projet moyennant l'expropriation
pour que la procédure puisse se faire tout en respectant la
législation nationale du pays ainsi que les directives de la BM et de la
BAD qui traitent des déplacements involontaires.
La législation nationale du Sénégal,
relative à l'expropriation du 22 janvier 2001, mise à jour le 07
mars 2008 et le 20 mars 2016, consacre un certain nombre de dispositions
applicables au droit de propriété. Il s'agit, entre autres, des
dispositions des articles 8 et 15. L'article 8 garantit le droit de
propriété au profit des personnes physiques et morales. L'article
15 précise que le droit de propriété, à l'instar
des autres libertés et droits consacrés, s'exerce dans les
conditions prévues par la loi. En outre, l'article précise :
« l'homme et la femme ont également le droit d'accéder
à la possession et à la propriété de la terre dans
les conditions déterminées par la loi». C'est la loi
76-67 du 02 juillet 1976 relative à l'Expropriation pour Cause
d'Utilité Publique qui constitue la base légale pour les
procédures d'expropriation pour cause d'utilité publique
(ECUP).
L'article premier de ce texte définit l'ECUP comme :
« la procédure par laquelle l'Etat peut, dans un but
d'utilité publique et sous réserve d'une juste et
préalable indemnité, contraindre toute personne à lui
céder la propriété d'un immeuble ou d'un droit réel
immobilier ». C'est dans ce sens que l'État du
Sénégal à travers l'APIX d'éclanche la
procédure d'expropriation en 2016 pour que les travaux du TER puissent
commencer.
La Banque mondiale utilise le terme déplacement «
involontaire » pour parler de l'expropriation. Celle-ci considère
que les actions peuvent être entreprises alors que les personnes à
déplacer n'ont pas la possibilité de rester sur place, de refuser
le déplacement ou de continuer la jouissance de leurs droits et de leurs
biens. Dès lors, elle met en place la politique opérationnelle
4.12, relative à la compensation des populations vouées au
déplacement et une réinstallation involontaire. Cette politique
opérationnelle a trois objectifs majeurs :
- éviter le déplacement des populations ou la
limitation de leurs accès aux ressources vitales et minimiser les effets
de la réinstallation lorsque le déplacement est inévitable
au regard de l'importance comparative des bénéfices globaux du
projet ;
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- planifier la réinstallation de façon
participative par les populations concernées dans une approche de
développement communautaire pris en charge par le projet en ce qui
concerne les investissements immédiats ;
- garantir aux personnes affectées des conditions de
compensation qui les mettraient dans une situation de qualité de vie
équivalente au moins à la situation avant la mise en oeuvre du
projet ;
- assurer les bénéfices additionnels globaux du
projet pour toute la population devant leur être également
accessibles.
La Note d'Orientation de la BAD sur la Réinstallation
Involontaire a pour objectif d'étudier la conception du projet pour
éviter ou réduire, dans la mesure du possible, les
déplacements de population envisageant des conceptions alternatives aux
projets ; atténuer les incidences sociales négatives
découlant de la perte de biens ou de restrictions liées à
l'utilisation des terrains en accordant des compensations.
Le SO2 Réinstallation Involontaire de la BAD vise
à assurer que lorsque la réinstallation physique ou
économique ne peut être évitée, les populations
soient traités équitablement, reçoivent une compensation
ou une aide à la réinstallation pour améliorer leur niveau
de vie dans le meilleur des cas et garder la même situation d'avant le
déplacement dans le pire des cas.
La jurisprudence du Sénégal sur la
procédure d'expropriation, la politique opérationnelle 4.12 de la
Banque mondiale et la note d'orientation de la BAD m'ont permis de mieux
comprendre le cadre normatif de mon étude, ce qui m'amène
à m'intéresser sur la question de la mobilité
quotidienne.
Dans le cadre d'études sur les transformations
urbaines, un grand intérêt est porté à la question
de mobilités sous contrainte en ville (Blot et Spire 2014). La
mobilité quotidienne peut être définie comme l'ensemble des
pratiques de déplacement d'une population dans son cadre habituel. Ce
« cadre habituel » est la plupart du temps défini
conventionnellement comme un espace centré sur le domicile (moins de 50
km en Allemagne, moins de 80 km en France, moins de 75 miles aux Etats-Unis),
où se fait l'essentiel des déplacements (Orfeuil 2003). La
mobilité quotidienne se réalise dans un cadre de la vie
quotidienne qui est répartie dans le temps contraint et le temps libre
et dans les activités rémunérées et non
rémunérées, elle est donc associée à des
mobilités spatiales spécifiques. Elle constitue les dimensions
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spatialisées de mode de vie, qui intègrent les
choix et contraintes en matière de localisation et de mobilité
résidentielle en matière d'activités, ainsi que le mode
d'insertion sociale préféré : par contiguïté
(relation de voisinage) ou par connexité (Mignot 2001).
L'évolution de la mobilité quotidienne des
sénégalais a bien sûr à voir avec le
phénomène d'urbanisation et de périurbanisation important
depuis les indépendances en 1960. Le terme de mobilité est
équivoque. Dans le dictionnaire le Petit Larousse (Édition 2001)
elle est définie ainsi comme « la facilité à se
mouvoir, à changer, à se déplacer ».
Dans les villes du nord comme du sud, la satisfaction des
besoins de déplacements et les modalités de réalisation de
la mobilité sont soumises à de multiples facteurs (Lourdes,
Olvera et Plat, Pochet 2018). Ces facteurs ont notamment trait aux
caractéristiques des citadins (âge, genre, statut
d'activité ou encore position dans le ménage), de leur
ménage (composition, revenus), et à leur environnement quotidien
(accessibilité, services de transport collectif, en lien avec la
localisation du logement). Les déplacements des personnes, les
localisations des activités et des zones résidentielles et la
forme des villes sont inextricablement liés.
La prise en compte de la notion de gestion urbaine trouve son
sens dans ce projet. Gervais-Lambony et Alii (2007) soulignent combien la
notion de gestion urbaine est ambiguë. Selon Osmont (1997, p147) « la
notion se rapporte d'un coté à la gestion au quotidien, allant de
la tenue de l'état civil à la perception des taxes sur les
marchés en passant par l'entretien de la voirie urbaine et la mise sur
pied de plan comptable pour le budget communal. Dans un plan plus large, le
même terme évoque la gestion entendue comme contrôle de la
croissance urbaine. Comme l'on peut remarquer dans la définition
d'Osmont, la complexité de la gestion urbaine est liée au
caractère qu'elle embrasse. De plus, la gestion urbaine se
réalise dans un contexte caractérisé par la
pluralité des acteurs parmi lesquels l'État, la Banque mondiale,
la société civile et les ONG.
Toute cette littérature m'a permis de comprendre que
l'analyse des transformations urbaines est permise par la notion de gouvernance
urbaine (Diakhaté 2016). S'agissant de la gouvernance urbaine, elle
relève de plusieurs grandes interrogations récurrentes en
sciences sociales qui se réfèrent à ce concept (Jouve
2003). Les conséquences socio-politiques, dans le cadre des projets de
développement notamment le projet TER, doivent en effet être
réellement intégrées au gouvernement des villes. La
gouvernance renvoie d'une part à de nouvelles formes de redistribution
des responsabilités dans les collectivités locales, de pilotage
et de direction de secteurs économiques, face au diagnostic d'une
incapacité des
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gouvernements à répondre aux problèmes
qui leur sont soumis (Le Galès 2004) ; d'autre part, elle met l'accent
sur l'ensemble des processus de coordination d'acteurs, groupes sociaux et
institutions visant l'exécution de projets urbains collectivement
négociés (Jaglin 1998). La diffusion d'une approche en termes de
gouvernance urbaine permet de dépasser le cadre d'action des seuls
appareils gouvernementaux étatiques pour s'intéresser à la
diversité des acteurs intervenant autour de politiques, programmes et
projets urbains (Khouma 2017 ), en mettant en lumière les conflits et
les consensus qui émergent.
Une fois sur le terrain je me suis rendu à l'APIX et
dans toutes les autres structures en lien avec l'activité du transport
public urbain au Sénégal pour trouver de la documentation. J'ai
consulté des documents administratifs et juridiques du cadre
institutionnel, organisationnel et réglementaire portant sur la mise en
oeuvre d'infrastructures de transport et la mobilité quotidienne. J'ai
pu ainsi collecter un panel d'information sur l'histoire de l'urbanisation et
du secteur du transport de la région de Dakar.
B. Problématique et hypothèses -
Problématique
Le début des années 2000 marque
résolument un tournant dans l'évolution de Dakar, ce qui
correspond, d'une part, à l'impact des importants investissements du
gouvernement sénégalais dans la construction de nouvelles
infrastructures urbaines, et, d'autre part, à la mise en oeuvre, par la
Ville, d'un plan d'urbanisme résolument moderne (Marfaing 2019). Dans le
cadre des projets de développement, les conséquences
socio-politiques de la globalisation s'inscrivent pleinement dans le
gouvernement des villes. Dans ce domaine, les acteurs de la coopération
internationale et du développement ont une place importante, leurs
rôles étant de financer et de réguler le projet (Kadjomou
2015). Le projet TER est aussi financé par des acteurs de
coopérations internationale tels que le gouvernement français
à travers le Trésor, l'Agence française de
développement, la Banque mondiale et la Banque BAD.
Ainsi, la construction des lignes de chemin de fer
nécessite le déplacement de centaines de familles, plus de 12 000
personnes selon les résultats des études d'impacts
réalisées par l'APIX dans le PAR. L'article 2 du Décret
n°2015-298, en date du 5 mars 2015, stipule que « l'expropriation est
faite dans un délai de trois ans conformément aux dispositions
de
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l'article 3 de la loi n°76-67 du 02 juillet 1976 relative
à l'expropriation pour cause d'utilité publique et aux autres
opérations foncières d'utilité publique ». En 2014,
le cabinet CIMA International a été sélectionné par
l'APIX pour élaborer un PAR pour les personnes concernées par le
PAP sur le tronçon Dakar-Diamniadio. Concernant la zone d'emprise, deux
communes du département de Dakar sont affectées par le projet,
Colobane et Han-Bel-Air), ainsi que dix communes du département de
Pikine et cinq communes du département de Rufisque (APIX 2016).
La voie ferrée est occupée avant le projet par
des activités économiques des résidents qui sont
établis, dans certains cas, depuis de nombreuses années. Le
tracé du TER suit la ligne de chemin de fer déjà existante
pour limiter les impacts liés au projet. Les abords existants sont
cependant très exploités parce que les populations y ont vu des
espaces vacants propices à la construction d'habitations et à
l'installation de petits commerces ou autre activités. Les espaces
faisant partie de l'emprise sont densément peuplés. Leur
déplacement constitue une question centrale pour les
autorités.
À la lumière de toutes ces
considérations, j'ai pensé qu'il était légitime de
poser la problématique en ces termes :
quels sont les effets de la mise en oeuvre d'un grand projet,
ici le TER en terme de répercussion sur la vie des citadins, en
particulier pour ceux déplacés par ce projet ? Dans quelle mesure
le projet a-t-il modifié la pratique spatiale des familles
déplacées ? Comment se caractérisent les changements
induits par les déménagements ? Les ménages ont-ils
accepté ou contesté leur déplacement ?
- Principales hypothèses
Après l'élaboration de cette
problématique, une série d'hypothèse a été
formulée. Il m'a semblé plus pertinent de traiter les
hypothèses selon deux formes d'impacts : les processus d'inclusion
sociale et les processus d'exclusion voire d'ascension sociale.
Dans un premier temps, considérons les impactés
qui ont connu une ascension sociale grâce au projet. Une grande partie
des impactés vivait dans une précarité totale. Avec la
compensation ils ont pu s'offrir des maisons plus modernes dans des zones
beaucoup plus calmes. Certains sont passés de résidents
illégaux à propriétaires de titres fonciers dans les
différents sites de relogement qui se trouve à Thiaroye Gares,
sur le prolongement de la VDN à Malika et à Lac Rose.
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Considérons par ailleurs le fait que certains citoyens
semblent à l'inverse paupérisés par le projet. En effet,
plusieurs familles sont passées de propriétaires de maisons
à locataires dans des quartiers parfois éloignés de leurs
lieux de travail. L'on voit aussi une perturbation de la scolarité des
enfants dans la mesure où le déménagement a eu lieu en
pleine année scolaire. Le projet est à l'origine de la
séparation de plusieurs familles. L'on peut noter une nouvelle
socialisation, de nouveaux types de voisinage de la part des impactés.
Pour ce qui est des commerces, certains enregistrent une perte de revenu du
à la destruction de commerces.
Le retard de livraison des sites de recasement pourrait
expliquer entre autre ce choix d'acheter une nouvelle maison avec l'argent de
la compensation en attendant des sites de relogement.
Notons finalement l'existence d'impactés indirects,
c'est à dire des habitants qui ne font pas parti de la zone d'emprise et
qui, à cause du projet, ont perdu des voisins avec qui des liens
étroits avaient pu être tissés depuis des dizaines
d'années.
C. Le choix du terrain
Je suis originaire du Sénégal, un pays pauvre
d'Afrique de l'Ouest qui aspire au développement et à
l'émergence. J'ai fait le choix de travailler dans un projet au
Sénégal car le pays connaît un processus d'urbanisation qui
se déroule rapidement avec la croissance économique. La forte
concentration de la population dans la capitale de Dakar, sans
développement convenable des infrastructures, est en train de menacer le
développement durable de l'économie, de l'environnement et la
qualité de vie. Ainsi, le sous-développement du réseau de
transport et l'augmentation excessive de véhicules, surtout motocycles
et voitures, sont des problèmes graves depuis une vingtaine
d'années. Cette problématique a attiré beaucoup de
chercheurs de disciplines diverses : ingénieurs de transport,
économistes de transport, politologues ainsi que sociologues du monde
entier. C'est dans cette logique que j'ai choisi de m'inscrire dans le projet
TER et d'y apporter ma contribution universitaire.
En outre, ce choix est aussi motivé par le fait
qu'étant sénégalais et géographe
spécialisé dans les études du développement, je
porte beaucoup d'intérêt à toutes les problématiques
de développement qui concernent la gestion de la mobilité
urbaines dans mon pays.
Mon pays aspire au développement avec des projets
ambitieux mis en place par le Président de la République,
notamment la nouvelle ville de Diamniadio, le projet de l'autoroute à
péage et le projet TER, pour ne citer qu'eux.
Page 19 sur 86
N'ayant pas encore fait l'objet d'étude approfondie de
la part des chercheurs, toute origine confondue, j'ai décidé
d'orienter mon sujet de mémoire dans le projet TER, qui est un grand
projet d'infrastructures afin d'examiner toutes les conséquences qu'il
peut engendrer en terme de mobilité urbaine et de déplacement
d'individus.
3. Méthodologie, acteurs ciblés et profil
socio-économiques des PAP
A. Méthode par enquête qualitative
J'ai choisi de procéder selon une méthode
qualitative à travers des entretiens semis-directifs et l'observation
directe. C'est à travers l'alternance d'entretiens avec des PAP et des
représentants des institutions que j'ai pu avoir en ma possession le
témoignage de différents discours et de point de vue sur la
situation de chacun d'entre eux.
Tout d'abord, j'ai mobilisé mes connaissances
antérieures à la réalisation de ce travail pour prendre
contact avec les personnes affectées par le projet. J'ai
réalisé mon premier entretien avec un impacté dans sa
nouvelle maison. Puis l'occasion s'est présentée d'enregistrer
quelques entretiens mais je ne l'ai pas fait systématiquement car les
impactés ont préféré être prudent ; d'autres
étaient perturbés et gênés par l'enregistrement, ce
qui témoigne du caractère tabou des enjeux de mon enquête.
J'étais dans un terrain sensible car le projet est toujours en cours.
J'ai même eu des refus de la part d'impactés qui pensaient que
j'étais un agent envoyé par l'État pour venir
enquêter sur eux.
Une vingtaine d'entretiens a été
réalisé, allant d'une trentaine de minute à une heure et
demie selon la disponibilité de l'enquêté et son rôle
dans le projet. Tous mes rendez-vous ont été effectués
soit dans les bureaux des acteurs institutionnels, soit au domicile des
impactés. La plupart de mes entretiens était en wolof, l'une des
langues nationales du Sénégal. Pour ce qui est de
l'accessibilité, ma bonne connaissance de Dakar et du
Sénégal m'a évité des problèmes de
compréhension des langues parlées ; je n'ai pas eu besoin de
guide ou de traducteur pour réaliser mes entretiens avec les acteurs qui
ne parlaient pas français. Ainsi un accueil chaleureux m'a
été réservé de la part des enquêtés
qui ont accepté de répondre à mes questions.
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Lors des différents entretiens, après avoir
brièvement présenté le sujet et le cadre de mon projet de
mémoire, les interviewés m'ont fait part de leur ressenti sur
tout ce qui est de l'évolution du projet et des problèmes
rencontrés. Concernant les acteurs institutionnels, il a surtout
été question de l'acceptation du projet de la libération
d'emprise. L'accompagnement social aussi a été un point
fondamental. Convaincre les impactés de quitter des lieux n'ai pas
aisé, car il existe un attachement moral et sentimental à ces
lieux, que beaucoup d'entre eux considèrent comme sacrés et
historiques. C'est dans ce sens qu'on peut comprendre l'inquiétude d'un
de mes interviewé, à savoir l'Imam S.S Sylla, un impacté
résidant à Keur Mbaye Fall qui explique :
« j'ai ressenti de la douleur quand j'ai su qu'on
devait partir. Tout ce que mon père a enterré dans la cour de la
maison en terme de protection est perdu. Cette maison avait une valeur mystique
parce que beaucoup de personnes venaient chez nous pour faire des
prières ».
Pour beaucoup d'impactés, la libération de leurs
maisons a été un choc moral et psychologique aussi. Ils m'ont
surtout fait part de la lenteur de la disponibilité des sites de
recasement et du manque de communication entre l'autorité et les PAP.
Ils ont aussi mis l'accent sur leur nouvelle sociabilité. Pour ce qui
est de la méthodologie de l'observation directe, j'ai connu une
déroute qui s'explique par la dispersion des ménages car les
sites de recasement sont en cours de viabilisation.
B. Acteurs ciblés
Plusieurs acteurs interviennent dans la gestion urbaine
à Dakar et proviennent de différents horizons. Tout d'abord
l'État qui a mis en place ce projet. Dès lors, des acteurs
institutionnels aussi bien privés qu'issus de la société
civile sont intervenus pour l'avancement du projet et la réduction des
conséquences négatives. L'on retrouve :
- des acteurs institutionnels comme l'APIX en tant que
maître d'ouvrage, les maisons TER dans les différentes communes,
les préfectures de chaque commune et la mairie de chaque commune ;
- des acteurs privés comm la CIMA et
les différentes ONG qui jouent le rôle d'intermédiaire
entre l'État et les impactés, ce sont en quelque sorte des
facilitateurs ;
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- des acteurs de la société civile comme le
Collectif National des Impactés, les chefs de quartiers et les Imams.
Schéma 1: Interactions des acteurs qui composent le
projet
Source : Babacar Tandian
Ce graphique montre comment l'État du
Sénégal est à la base du projet. Une fois le projet
pensé, l'État se tourne vers les bailleurs pour trouver l'argent
nécessaire à sa réalisation. Après avoir obtenu le
financement, l'État délègue la maîtrise d'ouvrage
à l'APIX, qui est chargé de mener les grands travaux. Dès
lors, l'APIX désigne le cabinet international CIMA pour la production du
document PAR pour l'étude d'impact du projet. Ainsi, après la
production du PAR l'APIX met en place des maisons TER dans chaque
département traversé par le train pour plus de proximité
entre les agents de l' APIX et les impactés. L' APIX signe ensuite des
contrats avec des ONG pour faciliter les négociations entre les
impactés et l'APIX pour la libération des emprises et les
modalités concertants la compensations. C'est dans cette même
logique que le Président du Sénégal a nommé trois
de ses amis comme facilitateurs dans un contexte ou le contrat des ONG est
expiré et que le projet n'avance pas.
Dans la partie qui suit nous allons faire un diagnostic du
secteur du transport à Dakar et voir le rôle de ses
différents acteurs dans le projet.
C. Profils socio-économiques des PAP
L'analyse du profil socio-économique porte sur les
différentes catégories de PAP. Parmi les catégories de PAP
se trouvent les ménages qui constituent 45,2% des PAP, les places
d'affaires avec 41,9% et les PAP agricoles ou exploitantes de parcelles
agricoles avec 1,7%. Ces catégories ont été
recensées par le cabinet CIMA lors de différentes enquêtes
qu'ils ont mené avant la mise en oeuvre du projet en avril 2016.
Le résultat de ces enquêtes démontre
qu'ils y a 4% de catégories d'entreprise formelles parmi les
impactés, pour ce qui est des Infrastructures et équipements
collectifs c'est 0,5% qui sont touchés. Et parmi les PAP
propriétaires non-résidents, l'on compte un pourcentage de
10.3%.
Tableau 1 : Catégorie de PAP dans les communes
traversées par le TER
Catégories PAP
|
Dakar Plateau
|
Hann Bel Air
|
Rufisque Ouest
|
Rufisque Nord
|
Rufisque Est
|
Bargny
|
Diamniadio
|
TOTAL
|
M
|
1
|
1513
|
46
|
53
|
127
|
23
|
2
|
1765
|
|
|
|
|
|
|
|
|
51%
|
AE
|
2
|
872
|
277
|
56
|
273
|
158
|
1
|
1639
|
|
|
|
|
|
|
|
|
47%
|
PAG
|
0
|
38
|
3
|
00
|
12
|
11
|
1
|
65
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2%
|
TOTAL
|
3
|
2423
|
326
|
109
|
412
|
192
|
4
|
3469
|
|
|
|
|
|
|
|
|
100%
|
Source : Recensement PAR Dakar et Rufisque, avril à juin
2016, CIMA PAP Ménages M
PAP activités économiques AE
PAP Agricoles PAG
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Tableau 2 : Taille moyenne des ménages PAP dans les
communes et départements
|
Dakar Plateau
|
Hann Bel Air
|
Rufisque Ouest
|
Rufisque Nord
|
Rufisque Est
|
Bargny
|
Diamniadio
|
TOTAL
|
Nombre de ménages
|
3
|
2 423
|
326
|
109
|
412
|
192
|
4
|
3469
|
Nombre de personne dans les ménages
|
30
|
17642
|
3064
|
623
|
4720
|
2266
|
40
|
28385
|
Taille
moyenne des ménages
|
10
|
7,3
|
9,4
|
5,7
|
11,5
|
11,8
|
10
|
8,2
|
Source : Recensement PAR Dakar et Rufisque, avril à juin
2016, CIMA
Dans ce tableau l'on remarque qu'il y a un nombre important de
personnes dans les ménages des principales communes traversées
par le train. Au vu du nombre considérable de personnes affectées
par le projet l'APIX, la mission que doit se fixer celle-ci est de faire
accepter aux PAP le projet pour qu'ils puissent libérer les zones
d'emprise sans résistances. Ce qui s'avère compliqué dans
la mesure ou les impactés ont mené une résistance tout au
long de la mise en oeuvre du projet au nom du droit à la ville. Dans les
villes du sud la question du droit à ville se pose avec les mouvements
sociaux qui établissent parfois le droit à la ville en slogan
(Spire, Morange 2014). C'est ainsi que des milliers de personnes faisant partie
du collectif national du TER descendent très souvent sur les voies du
train dans la Banlieue de Dakar pour exprimer leur colère et revendiquer
leur droit à la ville.
Dans ce genre de projet qui nécessite d'importants
déplacement, les acteurs internationaux à l'image de la Banque
mondiale et certaines ONG établissent des lois en faveur des
démunis, leur permettant de bénéficier du droit à
la ville.
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Partie I. Le TER, un projet phare du plan
Sénégal Émergent aux enjeux économiques et
socio-politiques
Cette partie analyse les effets concrets d'un grand projet
dans une ville du sud, plus particulièrement dans la ville de Dakar. Il
s'agit d'observer quels impacts peut avoir ce projet sur le plan
économique, politique et social dans le pays. Nous esquisserons un
tableau des différents acteurs concernés par le projet, le cadre
normatif, la chronologie des événements et tous les conflits
liés à la compensation.
1. La décongestion de Dakar, une
préoccupation du Président de la République
A. Le projet TER comme solution pour la restructuration de
l'espace urbain à Dakar
Avec ses 3 137 196 habitants, soit près du 1/4 de la
population sénégalaise, la région de Dakar est la plus
urbanisée du Sénégal. Elle est aussi la région la
plus densément peuplée avec une densité de 5 704
habitant/km2 (Ba 2012). Les fonctions économiques, politiques
et administratives que la région de Dakar exerce font d'elle une ville
attractive à l'échelle de l'Afrique. La croissance rapide de la
population (3% par an) fait que Dakar est devenue
surpeuplée avec une demande en immobilier explosive. La région de
Dakar est également une ville cosmopolite accueillant des milliers de
migrants ressortissant des pays voisins.
Ses principaux pôles d'attractions comptent :
- le monument de la Renaissance ;
- le palais du Président de la République qui se
dresse au milieu d'un très beau parc face à
l'océan ;
- le musée Théodore Monod d'art africain
consacré aux arts et traditions de l'Afrique de
l'Ouest ;
- le marché couvert de Sandaga à l'architecture
néo-soudanaise ;
- la Grande Mosquée, désignée comme des plus
beaux édifices religieux d'Afrique.
Cette forte concentration urbaine fait qu'aujourd'hui, la
région de Dakar connaît une augmentation croissante en demande de
logement. L'on note un amenuisement des réserves foncières et une
croissance exponentielle des prix du foncier et du logement (Yaya 2014).
Cette croissance urbaine importante accélère le
processus d'étalement urbain, causant un déséquilibre dans
la répartition des fonctions urbaines.
Cartes 2 et 3 : occupations du sol de Dakar de 1978 et de
2014
Source : M Niass 2015
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Ces deux cartes montrent la différence en termes
d'occupation du sol de l'année 1978 et 2014 à Dakar.
L'étalement urbain a fait que presque toutes les zones naturelles ou
encore zones de cultures ont été occupées par l'habitat
pour répondre à la forte demande en logement. Le gouvernement du
Sénégal est de plus en plus confronté à des
problèmes accrus de déplacement par cette expansion urbaine. Pour
essayer de les résoudre, plusieurs plans de développement urbains
(PDU) ont été posés (Lessault et Imbert 2013). Le Plan
Directeur d'Urbanisme 2001 reprenait dans ses grandes lignes celui de 1967,
surtout, pour ce qui concernait les zones de la Commune de Dakar, dont le
bâti était déjà dense et la morphologie quasi
définitive. Du fait des retards enregistrés dans son
élaboration, certaines options et orientations définies ont
été dépassées par le rythme de croissance spatiale
des différentes communes concernées par ledit Plan Directeur
d'Urbanisme. L'un des premiers objectifs du Plan Directeur d'Urbanisme de Dakar
2001 était la création d'une structure urbaine
équilibrée qui intègre les trois pôles de
développement de la région que sont Pikine, Dakar et Rufisque, en
affirmant la vocation de centralité géographique dévolue
à Pikine. Le Plan Directeur d'Urbanisme insistait sur la
nécessité de mettre sur pied un réseau de voies terrestres
en mesure d'intégrer les différents pôles urbains de la
région. Dans cette optique, la réalisation de l'autoroute
Dakar-Thiès, de la Voie de Dégagement Nord (VDN) et le
renforcement du Chemin de Fer furent décidés.
B. Des acteurs multiples et des enjeux multiformes dans la
gestion urbaine de Dakar
De 2000 à 2011, le président du
Sénégal Abdoulaye Wade, se voulant le bâtisseur du
Sénégal moderne en impliquant les financements chinois, a
mené ses campagnes politiques sur « les grands chantiers »,
dont les publicités ont vendu le rêve d'une ville moderne voire
globale aux dakarois et ainsi considérablement influencé leur
vie. L'évolution des infrastructures a été saluée
comme une « révolution infrastructurelle » et les «
grands travaux de l'État » ont posé les jalons d'un Dakar
moderne et internationale (Sarr 2013).
L'ex maire de Dakar (2009-2018), Khalifa Ababacar Sall,
à son tour a fait de l'aménagement urbain une de ses
priorités. Avec le plan Dakar 2025 il souhaite concevoir la ville comme
une « capitale moderne » avec des conséquences sur le mode de
vie des populations et les activités informelles, notamment dans les
domaines de l'emploi et de la mobilité urbaine. La construction de
nouvelles infrastructures permettrait à la capitale d'avoir une
nouvelle
envergure aux yeux des habitants et même sur le plan
international (Bautes, Reginensi et Fatima 2008 ; Gervais-Lambony 1994). C'est
maintenant le nouveau président Macky Sall qui met l'accent sur le plan
Sénégal Émergent. Adopté en novembre 2012 par le
Gouvernement et l'ensemble de ses partenaires au développement, le PSE
vise l'émergence économique à l'horizon 2035. Avec ce
plan, l'État du Sénégal souhaite
l'accélération de la croissance économique à fort
impact sur le développement humain. Pour ce faire, il s'agira de
consolider les acquis, notamment en matière de gouvernance
démocratique, et de recentrer les priorités dans la perspective
de garantir durablement la stabilité économique, politique et
sociale (PSE 2012).
Le président de la république, toujours dans le
souci d'accompagner la croissance urbaine de Dakar qui est de 3%/an met en
place un grand projet d'aménagement du territoire.
Il s'agit du nouveau pôle urbain de Diamniadio qui est
en cours de construction. La nouvelle ville de Diamniadio est un projet qui
consiste à construire une ville nouvelle pour désengorger la
capitale dakaroise, se trouvant à 26 km de celle-ci. À terme,
Diamniadio Lake City, comme on la surnomme, accueillera de nouvelles
activités industrielles et commerciales, avec en même temps une
délocalisation des activités administratives, industrielles et
commerciales existantes. Diamniadio Lake City, c'est aussi la construction
d'une nouvelle université qui porte le nom d'Amadou Makhtar Mbow, ainsi
que d'habitations modernes donnant une autre image de la métropole
dakaroise.
Image 1: Maquette du projet
Source : Semer Group
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Image 2: Projet en cour de construction
Source : Semer Group
Diamniadio Lake City est un projet qui se veut l'incarnation
de la ville nouvelle sénégalaise. Ce projet de
développement immobilier est le plus grand projet en Afrique de
l'Ouest.
Comme autres priorités du plan Sénégal
Émergent, l'aménagement de la Voie de Dégagement Nord
(VDN) consiste à renforcer le secteur du transport au
Sénégal. Ce projet d'infrastructure s'inscrit dans le cadre de la
politique de décongestion de la ville de Dakar à travers
l'amélioration des conditions de déplacement et la
réduction des coûts de transports (APIX 2018). Les travaux ont
démarré en 2016.
À travers le Conseil Exécutif des Transports
Urbains de Dakar (CETUD), l'État mise sur le projet de « bus
rapides sur voies réservées », encore appelé «
Bus Rapide Transit » (BRT). C'est un projet qui souhaite apporter une
solution efficace et durable aux difficultés de transport urbain dans la
capitale, avec un système de transport de masse capable de transporter
jusqu'à 300 000 passagers par jour (CETUD 2006).
Le plus grand projet d'infrastructure de l'État du
Sénégal dans sa logique de modernisation du secteur des
transports dans la métropole dakaroise est le projet TER qui fait
l'objet de mon étude. Pour la réalisation de ce grand projet
d'infrastructure, le gouvernement du Sénégal, à travers
l'APIX, procède à la planification et la mise en oeuvre du PAR
(s'agissant du
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déplacement des citadins) du Projet de TER. La mise en
oeuvre de ce projet nécessite l'implication de plusieurs institutions
qui sont incontournables par leurs compétences et
prérogatives.
Les institutions essentielles qui sont intervenues dans le
processus du PAR du Projet de TER sont les suivantes :
- l'APIX ;
- la structure de suivi du projet de Train Express
Régional ;
- les structures de l'Administration centrale ;
- le Comité ad hoc de Supervision des
Opérations de libération des emprises des grands projets de
l'État.
Les structures de l'Administration déconcentrée
et décentralisée sont consultées et incluent :
l'administration territoriale et locale, la commission départementale de
recensement et d'évaluation des impenses (CDREI) dans chaque
départements traversés par le projet, la commission de
conciliations, les commissions de médiations sociales, les
comités des PAP, les structures facilitatrices recrutées pour la
mises en oeuvre du PAR et la société civile.
Nous allons ci-après détailler le rôle de
toutes ces structures et voir comment elles interagissent entre elles.
L'APIX, qui est l'Agence nationale chargée de la
Promotion de l'Investissement et des Grands Travaux de l'État est une
entité de L'État qui assure la maîtrise d'ouvrage
déléguée du Projet de TER. Créée en 2000,
elle est chargée de l'exécution du Projet TER. Elle comprend des
ingénieurs, des experts en communication, des sociologues et des
urbanistes. L'on retrouve au sein de la Coordination Générale des
Grands Travaux de l'APIX la Direction Environnementale et de Libération
des Emprises (DELE), chargée de veiller à l'élaboration et
à la mise en oeuvre du PAR. Cette direction collabore avec la Direction
du Projet de TER. Étant une institution responsable de
l'exécution du Projet de TER, l'APIX est aussi chargé de choisir
avec qui elle travaillera dans ce projet, que ce soit les services de
consultance ou les cabinets ou des organisations non-gouvernementales. C'est
ainsi que l'APIX donne au cabinet CIMA International le mandat de
préparer le PAR.
· Le Comité ad hoc de Supervision des
Opérations de libération des emprises des Grands Projets de
l'État est créé par arrêté du Premier
Ministre N°21.03.2011-002943 du 21 mars
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2011, abrogeant et remplaçant l'arrêté
N°2004-005619 du 30 juin 2004 chargé de superviser la
libération des emprises des Grands Projets de l'État. Ce
comité est présidé par le Ministre de l'Intérieur
qui, à chaque étape de la procédure, rend compte au
Premier Ministre de l'avancée du projet ou des difficultés qui
sont rencontrées. Le Comité ad hoc est composé
par des autorités telles que : des représentants de la Primature
; les ministères chargés de l'Économie et des Finances, du
Tourisme, des Transports aériens, de l'Énergie et des Mines, des
Infrastructures, des Transports terrestres et des Désenclavements, de
l'Urbanisme et de l'Habitat et enfin de l'Aménagement du Territoire. Il
comprend aussi des personnalités comme le Directeur
Général de l'APIX, l'Agent judiciaire de l'État, le
Directeur des Affaires Générales et de l'Administration
territoriale, les Gouverneurs des régions concernées, le
Directeur des Collectivités locales, le Directeur de l'Industrie, le
Directeur du Budget, le Directeur de l'Enregistrement, des Domaines et du
Timbre, le Directeur du Cadastre, le Directeur de l'Agriculture, le Directeur
du Tourisme, le Directeur de l'Agence nationale de l'Aviation civile, le
Directeur des Mines, le Directeur des Travaux publics, le Directeur de l'Agence
des Travaux et de la Gestion des Routes (AGEROUTE), le Directeur de l'Urbanisme
et de l'Architecture, le Directeur de la Surveillance, du Contrôle et de
l'Occupation des Sols, le Directeur de l'Action sociale et de la
Solidarité Nationale, le Directeur du Développement
Communautaire, le Directeur de l'Assainissement, le Directeur de
l'Environnement et des Établissements classés, le Directeur des
Eaux et Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols.
Cette longue énumération d'acteurs prouve à
quel point la mise en oeuvre de ce genre de projet est complexe car rares sont
les projets qui nécessitent l'implication d'autant
d'acteurs.1 Le Secrétariat du Comité ad hoc
est assuré par l'APIX et se réunit au moins une fois par
mois,sur convocation de son Président. Il peut aussi se réunir en
session extraordinaire chaque fois que son Président le juge
nécessaire.
En pratique, un protocole d'accord est signé entre
l'APIX et le Gouverneur de la région concernée pour permettre au
Groupe Opérationnel de disposer plus facilement des moyens qui lui sont
nécessaires pour mettre en oeuvre les opérations de
libération des emprises.
Les trois départements traversés par le TER sont :
Dakar, Pikine et Rufisque
·
Page 31 sur 86
La Commission Départementale de Recensement et
d'Évaluation des Impenses (CDREI), est instituée par la loi
N°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national. Dans chacun des
trois départements traversés par le TER Dakar-Diamniadio, AIDB,
la commission accompagne la réinstallation des PAP. En fait, un
protocole d'accord est signé entre l'APIX et les Préfets
concernés, afin de permettre à chaque commission
départementale d'assumer sa mission. En discutant de la procédure
mise en place par l'APIX pour la libération des emprises, le
préfet de Pikine, monsieur M. NDIAYE nous détaille dans un
entretien effectué le 02 mars 2019, de 16h02 à 16h51 dans son
bureau à la préfecture de Pikine que :
« la procédure est la suivante. fl y a
d'abord une étude d'impact environnemental et social qui a
été partagée avec toutes les PAP concernées
à travers le recensement. Après l'étude d'impact, il y a
eu un plan de gestion économique et sociale. L'étude d'impact
fait le résumé de l'ensemble des difficultés que l'on va
être confronté. Maintenant chaque contrainte a une mesure dans le
PGES. Le plan apporte la mesure à prendre pour atténuer les
difficultés exposées dans l'étude d'impact et cela s'est
fait avec la participation des populations concernées à travers
leurs représentants à défaut de quoi le projet ne peut pas
démarrer. »
Ce témoignage met en avant les mesures mises en oeuvre
par l'État du Sénégal pour que le processus
d'éviction se fasse dans un cadre de dialogue entre les impactés
et le gouvernement. Ainsi le préfet poursuit les explications en disant
:
« après la validation de cette étude
d'impact, le quitus est donné pour le démarrage du projet. Il y a
eu un recensement exhaustif des personnes affectées par le projet et des
biens qui vont être perdus. On vient dans les maisons, on calcule
l'ensemble des biens susceptibles d'être indemnisés. Après
la fiche de recensement, l'administration met en place une commission
départementale de recensement et d'évaluation des impenses
(CDREI). Cette commission est composée de spécialistes
d'évaluation des biens et services de l'agriculture, de l'urbanisme et
de l'action sociale, le maire de la commune concernée, le cadastre, le
service des impôts, le sous-préfet ; la commission est
présidé par le préfet du département. Cette
commission se penche sur le recensement et procède
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à l'évaluation des impenses selon le
barème fixé par la loi pour arrêter le montant de
l'indemnisation. »
Après tout ce travail, le préfet met en place
une commission de conciliation. C'est une commission qui est chargée
d'obtenir l'accord avec les PAP su le montant de l'indemnisation. Si le PAP est
d'accord, il signe un acte d'acquiescement et de non recours. Il peut arriver
que le PAP ne signe pas. Dans ce cas, le PAP est obligé de signer un PV
de désaccord. Selon le préfet :
« deux solutions s'imposent, la première
consiste à convoquer le PAP pour une autre négociation en
présence du préfet pour marquer plus de solennité.
Mais si le PAP résiste malgré tout, le
préfet consigne le montant de son indemnisation à la caisse de
dépôt et de consignation et un procès sera ouvert pour que
l'administration puisse saisir le juge des expropriations. Le juge
évalue et se prononce pour permettre au projet d'avancer. On a eu des
résistances mais jusque-là on n'a pas encore saisi le juge des
expropriations. On privilégie les négociations malgré
quelques dialogues intenses.»
Les PAP avaient refusé de signer parce qu'ils
estimaient que le barème d'indemnisation proposé par
l'État était trop faible et que la valeur de leur maison
était supérieure au prix proposé. Dès lors, s'en
sont suivies des négociations intenses entre les PAP et la commission
départementale de recensement et dévaluation des impenses pour
que les prix proposés par l'APIX puissent être à la hauteur
des attentes des PAP.
La commission est composée par les Préfets des
départements traversés par le Projet de TER, en l'occurrence les
Préfets de Dakar, Pikine et Rufisque, qui agissent à titre de
Président ; les Maires des communes concernées dans chaque
département, le Chef de la Division Régionale de l'Urbanisme et
de la Construction, le Chef du Bureau du Cadastre, un Représentant de
l'APIX, un Représentant de la Société Civile, un
Représentant du collectif des PAP.
Après l'évaluation des impenses, le
préfet de chaque commune concernée met en place une autre
commission de conciliation.
·
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La commission de conciliation a pour mission de fixer à
l'amiable le montant des indemnités à verser aux personnes
affectées. Elle a aussi pour but de gérer les réclamations
des PAP, si un accord à l'amiable ne peut pas être trouvé
avec la CDREI ou le Comité de médiation sociale comme nous la
expliqué le préfet de Pikine. Cette commission est
présidée par le Gouverneur de Dakar ou un de ses
représentants (Préfet de Dakar, Pikine ou Rufisque). Le
Président de cette Commission à pour rôle de veiller
à la libération des emprises.
La Commission de Conciliation est ainsi composée d'un
représentant : du service de l'Agriculture, des services des Domaines,
du Cadastre, des Eaux et Forêts, de l'Hydraulique.
Tous les PAP que j'ai rencontrés ont eu recours
à cette commission car le mot d'ordre que s'était fixé les
PAP est de ne pas signer tant que le barème proposé par l'APIX
n'est pas changé.
· Les commissions de médiations sociales (CMS)
sont des structures locales mises en place par le maître d'ouvrage pour
plus de proximité avec les impactés du projet. Elles sont souvent
convoquées lorsque les CDREI ne peuvent trouver un accord satisfaisant
avec les impactés qui ne sont pas d'accord avec le mottant de
l'indemnisation proposé par l'autorité. Les Commissions de
médiations sociales sont ainsi des instances de médiation sociale
pour le règlement des réclamations à l'amiable,
après étude par la commission départementale de
recensement et d'évaluation des impenses.
Chaque commission est composée de personnes ressources
qui connaissent le sujet ainsi qu'une autorité morale ou professionnelle
pour exercer une médiation avec le PAP qui ne veut pas signer. Dans
cette commission, l'on retrouve par exemple le maire de la commune
traversée par le chemin de fer, des notables du quartier (imams ou
leaders d'opinions), des délégués de quartier à
l'image de Saliou Diop, l'un de mes interviewés qui est le
délégué du quartier de Yeumbeul. D'après les
témoignages des agents de l'APIX, il a joué un grand rôle
pour faciliter les négociations entre APIX et certains PAP. L'on
retrouve aussi des représentants des Comités des PAP comme en
témoigne Macodou Fall, président du collectif national des PAP
affirmant ainsi que :
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« les négociations étaient intenses et
pouvaient durer de 7h à 2h du matin car
l'APIX ne voulait pas augmenter le barème
proposé et tant que les PAP ne signent pas, le projet ne peut pas
avancer».
Enfin, sont retrouvés des représentants des
structures facilitatrices recrutées pour la mise en oeuvre du PAR.
· Les comités des PAP ou collectif national des
impactés. Dans chaque commune, et éventuellement dans chaque
quartier, un Comité des PAP a vu le jour pour s'assurer que les PAP
disposent d'un cadre d'échange sur leur situation. Macodou Fall, le
président du collectif national des impactés Macodou Fall,
explique les étapes de la création du collectif dont il est le
président :
« c'est lorsqu'ils nous ont convoqués
à la maison TER que j'ai pris contact avec quelques impactés.
Ensuite je leur ai proposé de constituer un collectif dans chaque zone
touchée par le projet. C'est après ça que tous les
collectifs locaux se
sont retrouvés pour former le collectif national
des impactés don je suis le président ».
La maison TER est un démembrement de l'APIX dans les
différents départements traversés par le train pour que
les impactés aient plus de proximités entre eux et les agents de
l'APIX. L'objectif principal du collectif national des PAP est de
défendre les intérêts des PAP auprès des
différentes instances et de partager toutes les informations relatives
à leurs situations. Les PAP ont choisi le terme collectif national mais
pas local pour que leur mouvement ait plus d'ampleur aux yeux de l'opinion
internationale. Concernant le processus de désignation des
présidents, dans chaque commune, est né un petit collectif pour
défendre ses intérêts. C'est ainsi que tous les collectifs
de chaque départements se sont retrouvés pour élire un
président. Le président du collectif habite dans le
département de Pikine, qui enregistre le plus grand nombre
d'impactés. Le collectif a joué un rôle de
résistance car, malgré l'acceptation du déplacement, ils
estiment que l'État doit augmenter le montant de la compensation et leur
octroyer des terrains pour qu'ils puissent se reloger.
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Photo 1 : Réunion du collectif national des
impactés
Source : Macodou Fall
Cette photo a été prise lors d'une rencontre
organisée par le collectif pour défendre ses
intérêts. La désillusion qui s'affiche sur le visage des
PAP est visible, ainsi que la présence de différentes
génération. Le collectif national des impactés donne son
importance à une représentation féminine correspondant
à la proportion de femmes PAP en référence au nombre total
de PAP dans un quartier ou une commune donnée.
Malgré toutes les difficultés
rencontrées, le collectif a joué un grand rôle pour
maintenir le droit des impactés. Comme en témoigne monsieur D.W,
l'un des impactés membre du collectif :
« le collectif a été d'un grand apport
pour les PAP. Grâce au collectif nous sommes arrivés à une
collaboration avec l'État et désormais on n'est plus des
personnes affectées par le projet mais des personnes
bénéficiaires du projet ».
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À travers cette citation l'on peut voir que
l'État du Sénégal, conscient que le projet ne peut pas
avancer sans la signature des PAP, accepte toutes les demandes des PAP.
Dès lors, tous les PAP ont reçu le double, voire le triple du
montant proposé au départ. Ils bénéficient aussi de
3 sites de recasement que le gouvernement leur a offert gratuitement. Il est
à noter que dans ce projet il n'était pas initialement
prévu de site de relogement.
· Les structures facilitatrices. La mise en oeuvre du
PAR, a nécessité l'implication de plusieurs activités que
l'on peut classer en cinq étapes. Le processus d'indemnisation, le
processus participatif, la gestion des réclamations, les mesures
d'accompagnement et le suivi-évaluation. Dans le PAR, les principaux
responsables de ces catégories d'activités identifiées ont
du mal à mener à bien leurs mandats sans un appui externe (APIX
2015). Ces appuis proviennent des structures facilitatrices choisies par le
maître d'ouvrage ou par le Président de la République en
personne. Les structures facilitatrices sont généralement des ONG
ou des cabinets recrutés par le maître d'ouvrage afin de faciliter
de processus d'information et de négociation avec les PAP. Parmi les
structures facilitatrices qui interviennent dans ce projet, on retrouve des ONG
comme : ENDA ECOPOP ou encore 3D pour le développement qui se
décline à travers trois axes suggérés par sa
dénomination : démocratie, développement local et droits
humains. Quant à l'ONG ENDA ECOPOP, elle intervient sur tout ce qui
concerne les droits de l'homme et droits des peuples, l'appui aux peuples
culturellement les plus menacés et les disparités
socio-spatiales. Ces ONG sont responsables de l'ensemble des activités,
telles que l'aide à la préparation des dossiers de
l'impacté, et autres activités de suivi, qui sont entre autres
les paiements effectués et des options de réinstallation choisies
par les PAP, ainsi que des activités de suivi d'avant et après
projet. Ces ONG doivent également s'assurer que les PAP sont bien
informes de la procédure d`indemnisation et que les autorités ont
respecté les droits des impactés.
Toujours dans le souci de favoriser le dialogue et respecter
les droits des PAP, le Président de la République Macky Sall a
par la suite nommé trois de ses connaissances en tant que facilitateurs.
En effet, l'État n'a pas voulu renouveler le contrat des ONG car les
résultats attendus n'étaient pas satisfaisants. Ainsi ces trois
facilitateurs sont nommés pour continuer les négociations car le
contrat des ONG avait pris fin alors que le projet était toujours en
cours.
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2. Portée économique du projet
Le système du transport, sous ses différents
modes, est un secteur clé du développement dans un pays. Il
permet et facilite la mobilité des personnes et des biens dans le cadre
de leurs activités économiques et sociales (Olievsch 2013).
Dans le contexte des métropoles du Sud, à
l'exemple de la métropole dakaroise où le dynamisme
démographique, l'urbanisation croissante ainsi que la transformation des
pratiques de mobilité interrogent fortement les conditions du
développement urbain, le développement de ce genre de projet est
crucial avec une portée économique importante pour un avenir
durable.
Le système ferroviaire sénégalais est
jusqu'à présent peu performant pour espérer jouer un grand
rôle dans le développement du pays. La situation politique et
économique du pays n'a pas permis le développement de
systèmes de logistique modernes qui stimulent le commerce et la
croissance économique. Selon l'Indice de performance logistique de la
Banque mondiale (LPI), les pays africains, à l'exception de l'Afrique du
Sud, ont des infrastructures en très mauvais état et connaissent
d'énormes difficultés en matière de logistique (Courson,
Gaudron, Oudin 2013).
Avec le projet TER, le chemin de fer contribuera à
l'amélioration du secteur du transport à Dakar tout en conservant
un rôle dominant dans le transport des marchandises et des voyageurs
à faible coût. Ce qui dès lors, permettra aux voyageurs et
aux chargeurs des services d'être beaucoup plus compétitifs car le
temps de parcours sera plus rapide contrairement aux autres modes de transports
(TATA, Car rapide ou encore Ndiagua Ndiaye), sur l'axe
Dakar-Diamniadio-AIBD.
Le projet est en train de créer de l'emploi au
Sénégal car les entreprises qui y travaillent ont favorisé
la main d'oeuvre locale. Il y a entre autre une école de formation en
ingénierie ferroviaire qui est mis en place à Dakar dans le but
de permettre aux Sénégalais d'acquérir des
compétences nécessaires pour travailler dans le TER.
D'après l'État du Sénégal, le
projet TER contribuera aussi à la réduction des
inégalités sociales et territoriales en assurant la
mobilité de toutes les classes sociales avec un faible
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coût. Mais force est d'admettre que le prix du transport
estimé à 1500 FCFA demeure inaccessible pour toutes les classes
sociales car cette somme peut représenter une journée de travail
pour la plupart des dakarois. Cependant, d'après toutes ces
considérations, la question qui se pose est de savoir si le Projet TER
n'a pas vu le jour pour assurer la desserte de la nouvelle ville de Diamniadio,
une ville futuriste inaccessible à certaines classes sociales ?
A. Rôle des gares du TER sur le plan
économique et social
Les gares sont des lieux forts de l'organisation des
transports au coeur du système urbain et territorial. En effet, en tant
que lieux de connexion, les gares voient aujourd'hui leur rôle
s'accroître de plus en plus. Elles sont des lieux carrefours où se
développent plusieurs activités économiques et
sociales.
Dans un contexte de population et de mobilité
croissante dans les villes des pays du Sud, les enjeux liés au
développement des gares sont multiples : politiques, urbains,
économiques, sociaux, symboliques, sanitaires, ou encore
sécuritaires (Courson et Gaudron 2013).
Dans le cadre de ce projet, il est prévu le
développement de plusieurs activités économiques dans les
grandes gares. Dès lors, la construction des gares a
nécessité la prise en compte de l'installation d'entreprise au
sein des gares pour faciliter l'exploitation commerciale et le
développement du commerce dans ces villes. Ce qui permettra aux
voyageurs et même aux habitants de la ville d'avoir de nouveaux commerces
dans leurs territoires.
À cet effet, l'on peut constater que la relation entre
la gare et son environnement urbain ne se base pas tout simplement sur le lieu
de transit mais un endroit au sein duquel se développent des
activités économiques et sociales déployées dans la
gare ou aux environs, qu'elles soient formelles ou informelles.
Désormais; en tant que lieu de rencontre et non
seulement de passage, la gare assume alors pleinement sa fonction sociale
dépassant largement les frontières du transport (Arafer 2018).
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Image 3 : Plan de la gare de Keur Mbaye Fall
Photo 7 : Gare de KMF en construction
Source : Babacar Tandian
Comme l'on peut le voir dans sur la première photo, il
est prévu dans le plan la construction de plusieurs bâtiments
pouvant servir à la création d'activités
économiques. Sur la deuxième photo, la construction est toujours
en cours. D'après le responsable des travaux, la gare sera
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prête en fin juin 2019, ce qui m'a paru ambitieux au vu
du manque de matériel et le nombre réduit de travailleurs comme
on peut le voir sur la deuxième photo.
Pouvant être considérées à la fois
comme porte d'entrée et de sortie des villes, les gares peuvent
être des endroits privilégiés pour le développement
économique et social d'une ville. En effet, plus que des lieux de
passage, elles sont des lieux de rassemblement, d'échanges et de
mixité, dont la gestion peut être parfois délicate et
source de nombreux conflits. C'est dans ce contexte que la prise en compte de
l'aspect sécuritaire par la mairie de chaque commune desservie par le
train trouve son importance pour réguler tout ce qui relève de la
violence au sein de ces gares.
B. Une mobilité fluide de la Banlieue vers le centre
de Dakar
Dans la première partie du tracé (Dakar-Bargny
sur 33 km environ), la densité démographique avoisine 30 000
habitants/km2. C'est le cas des Communes populaires comme Diamaguène
Sicap Mbao, Yeumbeul Sud, Thiaroye et de bien de communes traversées par
l'emprise du chemin de fer. Par contre, d'après les études
d'impacts menées par les experts de la BAD, dans la deuxième
partie du tronçon du projet qui concerne surtout les Communes à
forte dominante rurale, telle que (Diamniadio, Diass et Keur Moussa), les
densités n'atteignent même pas les 300 habitants/km2 . Par
ailleurs, quelque soit la zone traversée par les rails, les populations
souffrent d'un besoin de mobilité à l'intérieur de leurs
communes comme vers l'extérieur du fait de la qualité des voies
de circulations ; les pistes sont défectueuses en milieu rural avec
l'absence de voies d'accès à certaines parties des quartiers en
milieu urbain.
Dès lors, la réflexion sur la mobilité et
sa gestion repose sur la prise en compte de la complexité des pratiques
de la mobilité en milieu urbain. Le concept de mobilité urbaine
s'inscrit sur la dimension urbaine du transport dans la mesure où si
toutefois la ville est complexe, les déplacements dans la ville le sont
aussi. Dans la métropole dakaroise, l'on note que les transports
occupent un temps important de l'activité des individus et influence
l'environnement urbain du pays (APIX 2016). En prenant compte de l'importance
de la mobilité dans le quotidien des dakarois, les experts
spécialistes de la mobilité formés aux
problématiques urbaines voient dans le projet TER et BRT la solution
pour rendre fluide la
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mobilité dans la capitale (CETUD 2018). Pour les
autorités, le fait de pouvoir se déplacer facilement, c'est se
donner la possibilité de profiter pleinement de la vie en ville, Or,
certains groupes sociaux, pour des raisons divers, ne maîtrisent pas
totalement leur mobilité, de ce fait, ils rencontrent beaucoup de
difficultés pour assurer leur mobilité en ville.
Pour les individus, l'usage de modes de transports rapides et
souples permet de faciliter l'accès aux services nécessaires au
quotidien, qu'il s'agisse de se rendre au travail, de partir faire les courses,
de rentrer chez soi. C'est dans ce contexte que l'on comprend le
témoignage de Madame G.N, la sociologue de la MTER de Mbao qui explique
:
« chaque matin je galère pour me rendre au
travail, je fais 2h de temps dans la circulation pour rejoindre le bureau.
Dès fois, j'arrive en retard et une fois au bureau je suis très
fatiguée. Une fois au bureau je prends 10 à 15 munîtes pour
souffler avant de commencer le travail ».
Par cette assertion, l'on comprend le problème de tous
les groupes sociaux touchés par les difficultés de
mobilité mais plus particulièrement des individus qui sont en
situation d'exclusion pour la plupart, dû à des raisons
économiques. Ils sont en effet dans l'incapacité d'accéder
à des services de transports appropriés à chaque fois
qu'ils en ressentent la nécessité. L'on retrouve ces groupes
sociaux pour la plupart dans des quartiers de la périphérie de
Dakar mal desservis par les transports en commun, notamment Keur Massar,
Malika, Yeumbeul, Mbao... et qui ne possèdent pas de mode de transport
individuel, comme la voiture.
En effet, l'approche transversale des enjeux de la
mobilité au Sénégal a permis aux spécialistes de la
ville et des transports de faciliter la mobilité en mettant en place ce
projet selon une double approche. Une approche spatiale pensée par les
autorités, qui à terme du projet favorisera
l'accessibilité urbaine pour les populations qui sont dans la
périphérie de la métropole.
Mais aussi une approche temporelle qui mettra l'accent sur une
mobilité durable car la prise en compte de l'aspect environnemental a
une place importante dans ce projet (BAD 2016).
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Concernant l'approche spatiale, à terme, le projet
permettra d'assurer entre autre une forme d'équilibre entre les
différentes communes traversées par les rails dans la mesure
où toutes les communes doivent être accessibles à tous.
Cela sous-entend que le projet doit permettre de relier d'une façon ou
d'une autre les autres communes de la métropole pour que les usagers
puissent s'y rendre et en sortir facilement. Car un territoire qui n'est pas
accessible, c'est un territoire qui souffre d'exclusion, avec des impacts forts
en termes économiques et sociaux.
Concernant la mobilité durable, par ce projet, le
gouvernement du Sénégal ambitionne de soutenir des formes de
mobilité pour réduire le maximum de nuisance à
l'environnement dans la capitale, ce qui est profitable pour un
développement harmonieux de la métropole. Pour les
autorités en charge du projet, penser le caractère durable de la
mobilité, c'est penser aux générations futures et à
la ville de demain. Ainsi, en favorisant une mobilité durable, l'on
assure le maintien dans le temps de la mobilité.
La mise en oeuvre de ce projet a nécessité la
production du document (PAR) pour mesurer l'ampleur du projet et les impacts
sociaux qui peuvent en découler.
3. Le PAR, document clé permettant aux
autorités de mesurer l'ampleur du projet en terme de perte de bien
L'élaboration du projet TER a nécessité
la mise en place d'un plan d'action et de réinstallation par le
maître d'ouvrage APIX.
La production du Plan d'Action de Réinstallation du TER
s'est faite suivant une approche participative impliquant la présence de
toutes les autorités administratives, les collectivités locales,
les services techniques ainsi que les populations affectées dans le
projet. Durant la mise en oeuvre du PAR, l'indemnisation a constitué un
important volet car l'APIX, sous l'influence de la BM et de la BAD, a produit
un travail minutieux afin de définir clairement les barèmes pour
que chaque impacté soit en mesure de se reloger sans problème
financier.
À cet effet, il est noté dans le PAR que
l'expropriation doit respecter les deux conditions suivantes :
- une indemnisation préalable en ce sens qu'elle soit
fixée, payée ou consignée avant la prise de possession
;
- une indemnisation juste en ce sens qu'elle doit
réparer l'intégralité du préjudice,
l'exproprié devant être réinstallé, dans des
conditions quasi-similaires à sa situation antérieure.
D'après le PAR :
« en effet, l'expropriation ne peut être
prononcée tant que l'utilité publique n'a pas été
déclarée et que les formalités prévues n'ont pas
été respectées. Elle s'applique à tous les travaux
publics, à des projets relatifs à la salubrité publique,
à l'exécution de plans de développement et de
programmes
d'aménagement »
L'indemnité allouée doit couvrir
l'intégralité du préjudice direct, matériel et
certain causé à l'exproprié. En effet, selon les chiffres
fournis par l'APIX, près de 12 000 familles sont touchées par le
projet et doivent quitter la zone d'emprise. Ce projet enregistre le plus grand
nombre de déplacement dans l'histoire de l'urbanisme au
Sénégal, dépassant celui de l'autoroute à
péage. Le premier tronçon Dakar - Diamniadio concentre la
majorité des emprises à libérer. La carte qui suit montre
les emprises à libérer pour les besoin du projet.
Carte 4 : Emprises à libérer
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L'on y voit que le département de Pikine est le plus
touché concernant les emprises à libérer.
En effet, Pikine est le département le plus populaire
de la banlieue de Dakar. La forte densité dans ce département et
sa position géographique fait qu'il soit le plus touché. Dans le
département de Dakar, nous avons une partie de la commune de Hann qui
est touchée, il en est de même pour le département de
Rufisque où l'on voit que seule la commune de Bargny est touchée
par le projet.
L'expropriation des familles installées dans la zone
d'emprise est soumise au respect d'une procédure très rigoureuse
qui a pour objet de garantir les droits des expropriés dans toutes les
phases du projet en commençant par la constitution du dossier de
l'impacté jusqu'à l'accompagnement sociale pour la
réinstallation. Dans le cadre du projet nécessitant le
déplacement de centaine de familles, l'état peut indemniser en
nature ou en argent. Pour l'indemnisation en nature, l'Administration des
Domaines peut être amenée à procéder à des
échanges de terrains si elle est saisie dans ce sens par les
propriétaires ou les titulaires de droits réels immobiliers dont
les biens ont fait l'objet d'une expropriation pour cause d'utilité
publique et qui ont choisi d'être indemnisés en nature.
Quant à l'indemnisation en argent, l'article 14 de la
loi n° 76-67 du 2 juillet 1976 précise que « l'expropriant
peut, moyennant paiement ou consignation de l'indemnité provisoire,
prendre possession de l'immeuble ». Mais dans le projet TER,
l'indemnisation est faite en argent. Néanmoins, l'État a mis
à la disposition des PAP des terrains. Ce ne sont pas des terrains qui
ont fait l'objet d'indemnisation mais plutôt de don de la part de
l'État car en dépit de l'argent reçu, les PAP ont
bénéficié gratuitement de terrains dans les
différents sites proposés par l'État.
Le développement de ses activités
socio-économiques, sa démographie galopante ainsi que le fort
taux d'urbanisation de l'agglomération dakaroise occasionnent
d'importants déplacements urbains et interurbains. La morphologie de
Dakar et l'accroissement de la demande de service de transport très
entravé dictent la structure de l'offre. C'est dans ce contexte qu'est
né le projet TER pour essayer d'apporter des solutions face aux
problèmes de transport des dakarois.
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Ainsi, la réalisation de cette infrastructure a une
portée sociale inéditd avec le plus grand nombre de
déplacés lié à un projet d'infrastructure à
Dakar. La disparité spatiale des services de base et de la population,
l'enclavement et l'éloignement des sites de recasement par rapports au
centre-ville, lieux d'activité de la plus part des impactés,
amplifient les coûts du transport et modifient la trajectoire quotidienne
des PAP.
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Partie II : La nouvelle sociabilité des PAP :
une reconfiguration sociale économique et politique après le
déplacement
Cette deuxième partie traitera des changements induits
au quotidien par les familles déplacées, en particulier ceux
concernant les mobilités quotidiennes. Il s'agira de voir comment le
projet TER a permis la modification de la trajectoire quotidienne des PAP. En
effet, la mobilité quotidienne des PAP a complètement
changée, ce qui est dû à la libération d'emprise
pour les besoins du projet TER.
1. Une portée sociale inédite du projet
avec le plus grand nombre de déplacés lié à un
projet au Sénégal
A. Un projet sans site de relogement à la base : de
la protestation à la contestation
Le projet du TER a fait l'objet de nombreux problèmes
à Dakar. En plus des litiges concernant le barème d'indemnisation
que le PAP considère comme insuffisant, ces derniers réclament
des sites de recasement qui n'étaient pas prévus dans le PAR.
D'après les résultats sortants des entretiens effectués
dans le PAP, la plupart des PAP ont optés pour l'indemnisation en
espèces sans site de recasement comme le prouve les documents
ci-dessous.
Document 2 et 3 : Choix d'indemnisation des PAP d'après
le PAR
Source : extrait du PAR
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Source : Plan d'action et de réinstallation 2016
Ces deux documents, extraits du plan d'action et de
réinstallation du projet TER, témoignent le choix des PAP sur
leurs préférences en matière de réinstallation.
Au moment de l'élaboration du PAR notamment sur la
question de l'indemnisation, il a semblé plus judicieux à
beaucoup de PAP d'être indemnisé en espèces. Ce choix
s'explique par la faiblesse de la somme accordée aux PAP si
l'État devrait les relogés entre autres aussi parce qu'ils ne
voulaient pas s'éloigner de leur communes respectives.
Ainsi, l'État retient le choix de l'indemnisation en
espèce pour ce projet et fixe les barèmes de l'indemnisation
relative à chaque catégorie de PAP. Mais contrairement à
ce qu'est noté dans le PAR concernant les indemnisations, les
autorités en charge du projet ont été confrontées
à une situation inattendue. En effet, les PAP, par le biais du collectif
national des impactés du TER réclament des sites de relogement en
dehors de l'indemnisation en argent dont ils ont
bénéficié. D'après les témoignages de
Monsieur Wade, membre du collectif national :
« il n'ont pas respecté leurs engagements. Ils
pensaient que nous sommes des ignorants mais nous connaissons nos droits. On a
rassemblé toutes les informations relatives à ce genre de projet
telles que la politique opérationnelle (op4. 12 de la Banque mondiale et
le SO2 de la Banque Africaine de Développement). Tout ce que nous
réclamions c'est nos droits. En plus des indemnisations, ils doivent
nous donner des sites de relogement. Ainsi, nous avons créé un
document en contre-proposition du guide du déplacé car dans le
guide du déplacé, les
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propositions que nous avons relevées
n'étaient pas adéquates avec ce que nous avons relevés
dans le résumé du plan complet de réinstallation
émis par le groupe de la Banque Africaine de Développement
».
Nous pouvons ainsi voir que le projet a fait l'objet de
beaucoup de problèmes liés à l'indemnisation, que
ça soit en nature ou en argent. Ce qui nous amène à voir
les contestations des PAP sur le barème proposé par le
gouvernement.
B. Le barème d'indemnisation à l'origine de
protestations
Selon le guide du déplacé, la
détermination de la valeur du foncier est fondée sur un
découpage en six zones homogènes sur lesquelles toutes les
transactions foncières effectuées au niveau des bureaux de
recouvrement des domaines des départements de Dakar, Pikine et Rufisque
ont été recueillies sur une période allant de janvier
à juin 2016.
Après l'analyse de ces données, l'APIX
détermine une moyenne pour chaque zone :
- le montant total obtenu représente le barème
moyen au mètre carré établi pour indemniser la perte d'un
titre foncier sur un terrain à usage d'habitation ;
- les autres titres d'occupation tels que le bail et le droit
de superficie sont indemnisés à une valeur équivalente
à 70% de celle du titre foncier dans chaque zone ;
- les occupants sans droits réel sont indemnisés
à une valeur équivalente à 40% de celle du titre
foncier.
Ainsi, au prix moyen estimé dans chacune des zones, il
faut ajouter 19,5% à l'indemnité versée afin de couvrir
les frais inhérents à ces démarches. Cet ajustement au
mètre carré totalise :
- 117 000 FCFA dans la zone 1 ; - 54 304 FCFA dans la zone 2 ; -
7 799 FCFA dans la zone 4 ; - 4 316 FCFA dans la zone 5 ; - 1 149 FCFA dans la
zone 6.
Une fois ces frais d'acquisition ajoutés aux prix
moyens estimés dans les différentes zones, les barèmes
fonciers ont été harmonisés en arrondissant au millier
près. Le tableau suivant présente les barèmes fonciers
obtenus par type de droit de propriété.
Tableau 3 : Barème d'indemnisation par type de droit de
propriété
L'indemnité est calculée en fonction de la
superficie impactée. Si la superficie restante n'est plus utilisable, la
superficie totale du terrain est alors indemnisée. Dans les rares cas
où des PAP résident sur un terrain sans droit réel et que
ce terrain fait l'objet d'un titre foncier détenu par une autre PAP, il
est prévu que les PAP concernées partagent l'indemnité
calculée sur la base du barème pour un terrain avec titre
foncier. Les PAP occupant le terrain de façon informelle recevront
l'indemnité prévue pour un terrain occupé sans droit
réel et le reliquat de l'indemnisation sera remis au propriétaire
du titre foncier.
Cependant, le barème d'indemnisation proposé par
l'État a fait l'objet de refus de la part des PAP qui estimaient que ce
sont des prix dérisoires qui ne leur permettaient pas de se
réinstaller décemment. Mais après de longues
négociations chacun y a trouvé son compte. Comme l'explique
l'imam Serigne S, le guide religieux des impactés :
« j'ai manifesté une résistance, je
leur ai dit que je ne quitterai pas les lieux tant que je n'aurai pas
reçu mon indemnisation. Le Président de la République
était même au courant de mon cas car les travaux ne pouvaient plus
avancer tant que je n'avais pas quitté ma maison. Le barème
qu'ils m'avaient proposé était faible. J'étais le dernier
PAP à quitter la zone d'emprise. »
En somme on peut dire que le barème proposé par
l'État n'était pas celui qui est appliqué pour
l'indemnisation car les PAP étaient en position de force et que les
travaux ne pouvaient
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pas avancer tant que les PAP n'ont pas quitté les
lieux. Ce qui explique les lenteurs du projet. Mais finalement un consensus a
été trouvé car toutes les PAP que j'ai rencontré
mon dit qu'elles sont satisfaites du montant qu'elles ont reçus. F. L,
un des impactés qui réside nouvellement à Sicap Mbao
m'explique que :
« l'État a triplé le montant initial,
finalement, toutes les compensations ont répondu aux attentes PAP qui
ont signé avec la commission de recensement et d'évaluation des
impenses dirigé par le préfet de chaque commune. »
Finalement, les PAP ont reçu des indemnisations
répondant à leur attentes et en même temps des sites de
recasement dont nous allons maintenant discuter.
2. Des sites de recasement finalement acquis
après de longs mois de réclamation
Comme indiqué un peu plus haut dans ce projet, il
n'était pas prévu de site de relogement. Les PAP ont vu dans le
proje une occasion d'accès gratuit au foncier. Dès lors, ils
réclament au gouvernement du Sénégal des terrains pour
qu'ils puissent se réinstaller. En effet, ils sont conscients des
difficultés rencontrées pour avoir un terrain à Dakar
où le tarif du foncier est très élevé mais aussi
dans une société où avoir sa propre maison est synonyme de
réussite ou encore de succès. Ils ont profité de
l'occasion pour réclamer des titres fonciers. Et finalement leur combat
a porté ses fruits car le gouvernement a mis en place trois sites de
recasement. Comme l'explique monsieur M.D, chef du bureau de la maison TER de
Dakar, dans un entretien en date du 20 mars 2019 dans les locaux de l'APIX :
« l'option du gouvernement c'est de ne
réinstaller personne à cause des contraintes foncières
à Dakar, bien que en cours de mise en oeuvre. Il est arrivé
quelques modifications dues à des situations imprévues tel que
les résistances des PAP. Ce qui a poussé l'État à
trouver des sites pour les réinstaller. »
S'agissant des PAP qui se sont installés dans les zones
irrégulières d'après monsieur M.D :
« on ne devrait même pas payer le foncier parce
qu'ils n'ont pas de titre foncier mais on a accepté de payer le foncier
à 60,000 f le m2 mais l'un dans l'autre. Quand vous rassemblez toute la
somme, cela ne peut pas leur permettre
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d'acheter un terrain ni même prendre une maison
normale à Dakar en terme de loyer parce qu'avec cette somme vous n'avez
que 2 mois de loyer et vous n'avez plus rien. Donc ces gens-là
s'étaient regroupés et ont fait de la résistance. Ils se
sont organisés en groupes pour occuper les médias, ils ont fait
de la communication et au plus haut sommet le président les a
reçu et donc ils ont pu avoir des terrains sur Pikine et Rufisque.
»
Ce témoignage montre à quel point les PAP se
sont battues pour avoir des sites de recasement. Le gouvernement, dans le souci
de respecter les normes établies par la BM et la BAD décide
finalement de donner à chaque PAP un titre foncier de 150 m2.
La carte qui suit localise les différents sites de
recasement mis à la disposition des PAP.
Carte 5 : Localisation des différents sites de
relogement
À la lumière de toutes ces considération,
l'on peut constater que les PAP sont satisfaits de l'indemnisation qu'ils ont
reçue car en dépit de la compensation en espèces,
l'État leur a donné ces trois sites de recasement. Ainsi les PAP
du département de Dakar et de Pikine
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seront relogés dans le site de Malika, ceux du
département de Rufisque dans le site de lac Rose. Pour les places
d'affaires, ils seront logés au niveau du camp de Thiaroye.
Cependant, contrairement aux autres projets d'infrastructure
nécessitant le déplacement de milliers de personnes tel que le
projet de l'autoroute à péage, l'on voit une nette
différence. En effet, pour ce qui est du projet de l'autoroute à
péage, les déplacés étaient recasés dans le
site de l'APIX à Tivaouane Peulh. L'APIX a vendu les terrains aux
impactés en fonction de ce qu'ils ont reçu comme compensations.
Mais dans le cadre de ce projet, l'État a offert les terrains aux
PAP.
Dès lors il convient de s'intéresser au nouveau
schéma urbain des impactés après le déplacement,
c'est à dire voir en quoi le déplacement a permis la modification
de la trajectoire quotidienne des PAP.
A. Des sites de recasement toujours en cours de
viabilisation
Il reste donc possible, à la lumière de ce qui
précède et conformément aux principes de compensation en
nature et suivant le choix des PAP, qui réclament la compensation en
nature malgré la compensation en espèce dont ils ont
bénéficié, d'envisager des dédommagements en
parcelles aménagées. Dès lors l'État accorde aux
impactés des sites de relogements qui sont en cours de viabilisation.
D'après la revue de Proparco du 19 juillet 2014, « en immobilier,
la viabilisation d'un terrain consiste à raccorder ce terrain à
l'ensemble des réseaux nécessaires : eau,
électricité, téléphone, assainissement des eaux
usées et, éventuellement, gaz. L'on emploie souvent l'acronyme
VRD (Voirie et réseaux divers) pour désigner les travaux
nécessaires à la viabilisation d'un terrain ». Un terrain
non viabilisé est un terrain qui n'est pas raccordé aux
réseaux d'eau, de gaz, de téléphone et
d'électricité. En effet, la viabilisation d'un terrain
constructible nécessite de nombreuses démarches auprès de
différents interlocuteurs et un budget conséquent. Or, dans le
cadre de ce projet il n'était pas prévu de budget pour les sites
de recasement. Ainsi, monsieur Y.D, directeur de l'environnement et de la
libération des emprises nous explique :
« tout au début du projet le gouvernement du
Sénégal avait opté pour l'indemnisation en espèce
donc pas de site de relogement. C'est après les différentes
négociations que le président du Sénégal a
décidé d'octroyer gratuitement aux PAP des sites de relogement.
C'est normal que les sites
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soient toujours en viabilisation car il fallait trouver
les terres, ensuite trouver l'argent nécessaire pour viabiliser les
sites. C'est beaucoup d'argent mais les travaux sont en cours et je pense que
les sites pourront être livrés dans les plus brefs
délais».
La zone de recasement est relativement éloignée
des services de base des communautés qui l'entoure et des réseaux
des concessionnaires, ce qui va impliquer dans la phase réalisation, un
raccordement onéreux aux réseaux existants.
D'après Macodou Fall président du collectif
national des impactés du TER, l'assiette foncière dans les sites
de recasement mise à la disposition des impactés du projet TER
couvre une superficie de 4 à 6 hectares dans le Camp de Thiaroye, 23
hectares au prolongement de la VDN à Malika et 14 hectares au niveau du
lac Rose.
Photo 8 : Site de recasement en cours de viabilisation (Camp
Thiaroye)
Source : Babacar Tandian
Cette image montre que les travaux sont toujours en cours
à cette date. Comme les travaux s'avéraient longs et
onéreux pour l'État et que les PAP avaient déjà
reçus leurs compensations, certains ont commencé à
utiliser l'argent qui était prévu pour construire dans le site.
C'est dans ce sens que monsieur Wade affirme :
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« je suis en location en attendant le site de
relogement. Mais c'est un grand problème car c'est avec l'argent de la
compensation qui est destiné à construire dans le site que je
suis en train de payer mon loyer. Le soucis c'est qu'on ne sait pas quand le
site sera prêt. Je ne sais pas si d'ici là j'utiliserais tout mon
argent pour payer le loyer sachant que le prix du loyer est chèr
à KMF. Je pouvais acheter une maison mais je ne l'ai pas fait car il y a
eu plusieurs cas avec des PAP. Certains PAP dès qu'ils ont reçus
leur compensations, puisqu'ils ne veulent pas s'éloigner de leur
communes, ils se sont précipités pour acheter des maisons
à coté mais leurs nouvelles maisons étaient
recensées par la suite et considérées comme emprise
à libérer ».
Nombreux sont les PAP qui sont dans la même situation
que monsieur Wade. Cette situation explique la complexité des enjeux
liés à la mise en oeuvre de projet nécessitant autant de
déplacement. Dès lors, il serait beaucoup plus pratique de
prendre en compte toutes ces considérations avant la mise en oeuvre d'un
projet de telle envergure.
En somme, l'expropriation pour les besoins du TER fait que le
quotidien des PAP changent complètement car l'on assiste à la
modification de leur trajectoire quotidienne.
3. De nouvelles trajectoires géographiques
A. La trajectoire quotidienne des PAP modifiée
Le concept de trajectoire sert comme support pour analyser
l'organisation spatio-temporelle, les fonctionnements et interactions en son
sein et a été utilisé pour expliquer le quotidien des
individus (Tabaka 2009).
Le déplacement entraîne souvent des pertes de
repère aussi bien sur le plan social que spatial, avec de nouvelles
trajectoires spatiales de la part des déplacés. La situation du
déplacé ne produit pas seulement le changement de localisation,
elle est également génératrice d'autres types de
changements. En parlant de déplacement, il s'agit d'évoquer
à la fois un changement de lieu, de position et un changement
d'état d'une personne. À cet égard, il ne suffit pas de se
référer aux déplacements physiques (migrations, flux) mais
également à d'autres changements - quantitatifs et qualitatifs -
associés à ces déplacements, influencés par eux
et/
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ou les influençant (Tabaka 2009). La modification de la
trajectoire quotidienne peut avoir comme conséquence la perturbation de
la scolarité des enfants.
En effet, le déménagement de certaines PAP pour
la libération d'emprise du TER a fait que beaucoup d'enfant
étaient obligés de quitter leurs anciennes écoles pour se
trouver une autre école beaucoup plus proche de leurs nouvelles maisons.
Le déménagement s'est faite en pleine année scolaire ce
qui fait que les enfants seront obligés de s'adapter dans un nouveau
environnement avec de nouveaux camarades de classe ce qui peut prendre du temps
et contribuer à la perturbation de l'année scolaire de ses
enfants. Mais l'État a proposé des solutions pour faciliter la
situation des enfants qui sont dans cette situation.
Monsieur D. W, l'un des impactés rencontré dans son
bureau à Mbao nous explique :
« le collectif a posé cette question quand on
a accepté d'être déplacé. Ainsi l'État nous a
dit que si une telle situation se présente, le PAP peut se signaler pour
que l'État puisse trouver à l'enfant une école pas loin de
chez lui le plus rapidement possible pour qu'il continue ses cours.
»
Par ce témoignage l'on constate que l'État
s'évertue tant bien que mal à améliorer les conditions des
impactés par des accompagnements sociaux. Mais beaucoup de PAP n'ont pas
suivi la procédure comme l'explique Madame S. N, l'une des
impactée interviewée dans son nouveau domicile à Sicap
Mbao :
« personnellement je n'ai pas contacté
l'État pour signaler le cas de mon enfant car je fais trouver une maison
dans la même commune. Mon enfant a gardé la même
école mais le seul problème c'est qu'avant le
déménagement, il payait 150 FCFA pour rejoindre son école
mais actuellement il paie 500 FCFA. Il est obligé de prendre trois
transports différents car nous sommes un peu éloignés de
son école.»
Ainsi, malgré toutes ces contraintes, certains PAP ont
décidé de rester sur place. Mais ce choix peut en outre
s'expliquer par le fait qu'ils sont dans l'incapacité de rejoindre les
sites de relogement qui sont toujours en cours de viabilisation.
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B. Le choix de rester dans la même commune
Dans le cadre de ce projet, la plupart des PAP ont choisi de
rester dans la même commune après expropriation. Ce qui motive ce
choix c'est la lenteur du site de recasement et la distance entre les sites de
recasement et leur lieux de travail. Pour certains, il n'est pas question de
quitter un endroit qui représente beaucoup en terme de pratique
culturelle car ce sont des lieux sacrés pour eux. Si nous prenons le cas
de la population Lébou qui se trouve majoritairement à Rufisque,
leur ancrage dans ces lieux historiques fait qu'il est difficile pour eux de
quitter cette commune car ils ont l'habitude de vivre ensemble et d'organiser
des cérémonies culturelles fréquemment.
L'on retrouve cette même population Lébou
à Thiaroye. Cette catégorie de population pratique
essentiellement la pêche comme activité car ils habitent à
la bordure de l'océan atlantique. Ainsi, quitter ces villes
représentatives pour eux revient à se séparer de leur
ancrage culturel et aussi de leur activité économique qui est la
pêche.
C'est dans ce sens que Monsieur S. D, mon premier
interviewé, confie :
« j'habite à Yeumbeul depuis 1999 ;
j'étais propriétaire de la maison. C'était ma maison
conjugale. Je me suis installé là-bas quand j'ai pris ma retraite
dans l'armée. En tant que délégué de quartier je
fréquentais tout Yeumbeul, j'avais de bons rapports avec tout le monde.
Actuellement j'habite à Keur Massar chez mon fils mais je me rends
à Yeumbeul tous les jours même hier j'étais là-bas,
j'administre les nouveaux délégués. Je vais retourner
vivre à Yeumbeul ,j'ai acheté un terrain à 11 million 500
000 FCFA qui est en phase de construction. »
Ainsi en restant dans la même commune, le même
cadre de vie, il privilégie le choix où malgré le
déménagement ils pourraient préserver leurs
repères. Mais le choix de rester et de ne pas rejoindre le site de
recasement a engendré une vulnérabilité des PAP face
à la pression foncière à Dakar.
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4. La vulnérabilité des PAP face à
la pression foncière à Dakar
Dans ce contexte de mise en oeuvre du projet TER, et en
prenant compte des enjeux liés à l'installation de cette nouvelle
infrastructure, les promoteurs immobiliers envahissent la zone pour des
opérations immobilières sur des terrains donnés. En effet,
conscients que certaines familles pourront être amenées à
modifier leur choix de mode de transport en empruntant le chemin de fer pour
avoir un gain de temps, les promoteurs immobiliers tendent de faire monter le
prix des terrains et, par la suite, les prix des logements.
Le ménage, dans son choix de localisation, effectue un
arbitrage entre accessibilité, aménité et prix du logement
(Deymier 2003). C'est par la prise en compte de tous ces paramètres que
le ménage détermine son lieu de résidence.
Les ménages vulnérables sont ceux qui risquent
de devenir plus vulnérables suite au processus de
déménagement et de réinstallation. La pression
foncière à Dakar est importantes, surtout dans les quartiers
périphériques densément peuplés, notamment les
quartiers de la communes de Pikine. Dans ces zones on note une hausse des prix
du foncier, dans un contexte où la demande ne cesse d'accroître.
En dépit de la demande habituelle, la libération des emprises du
TER fait que les PAP sollicitent fortement des logements dans ces quartiers. La
non pratique des différents sites de recasement et la volonté de
certaines PAP à rester dans la même communes les contraint
à s'installer dans les quartiers environnants en attendant la
viabilisation des sites de recasement. Ainsi, un barème des prix
officiels, périodiquement à jour, a été
établi afin de limiter les hausses spéculatives qui
caractérisent couramment les transactions immobilières
(Diakhaté 2017). Le président sénégalais Macky Sall
a promulgué en 2014 la loi prévoyant des baisses du prix des
loyers de 4 à 29 % dans le pays, selon le journal l'observateur. Cette
loi est adoptée à l'unanimité à l'Assemblée
nationale et destinée à permettre un meilleur accès au
logement au Sénégal. Mais force est d'admettre que cette loi
n'est pas respectée et que les citoyens en situation de
vulnérabilité peinent à trouver des logements
décents. Monsieur A. S, qui a trouvé un logement à
proximité de son ancienne maison, explique :
« j'ai reçu une somme importante pour
l'indemnisation, mais le prix du loyer fait en sorte que je dépense
beaucoup d'argent et d'ici quelques mois tout l'argent
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reçu sera dépensé pour couvrir les
frais du loyer. Or cet argent était destiné à construire
dans le terrain qu'ils m'ont donné à Malika. Si on avait
reçu les terrains le plus rapidement possible on n'en serait pas
arrivé là. »
En effet, la faible quantité de terrains libres
à Dakar et la hausse des prix du loyer ont contraint certains PAP
à s'installer dans des conditions de précarité totale dans
des maisons trop petites.
Malgré la vulnérabilité des PAP face
à la pression foncière, le projet permet de casser les prix du
loyer dans le centre de Dakar. Abordant cette question avec monsieur A. S,
adjoint du maire de Mbao, celui-ci nous a explique dans un entretien
effectué à la mairie de Mbao le 12 mars 2019 :
« avec le projet de l'autoroute à péage
et le train express régional, les gens peuvent quitter Thiés ou
Mbour pour venir travailler à Dakar et par la suite rentrer chez eux.
Là non seulement la demande de loyer va casser dans le centre de Dakar,
ce qui contribuera à baisser le coût du loyer, les gens auront le
courage de quitter les zones urbaines pour aller s'installer en zone
péri-urbaine. En contrepartie le prix du foncier dans ces zones
connaîtra une augmentation. »
Le modèle de base de choix résidentiel
développé notamment par les travaux d'Alonso (1964) et Muth
(1969), établit que la structure d'équilibre d'utilisation du sol
est déterminée par l'arbitrage entre accessibilité et
espace.
En 1993, Voith étudie les changements de la valeur de
l'accessibilité au centre de la ville durant la période 1970-1988
dans l'aire métropolitaine de Philadelphie. Les résultats qu'il a
obtenus montrent que les services du rail améliorant
l'accessibilité au centre sont capitalisés dans la valeur des
logements périurbains. Voith souligne notamment que la valeur de
l'accessibilité est corrélée avec les fluctuations
économiques des zones traversées par les rails et les chemins de
fer.
Néanmoins, la hausse du marché foncier et
immobilier autour des gares peut faire l'objet de critiques. En effet, si le
gain de temps économisé par les ménages peut contribuer
à l'augmentation du prix du foncier, les externalités
négatives telles que le bruit des trains, la
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pollution ou la congestion, vis-à-vis de
l'infrastructure, peut freiner certains ménage dans leur choix.
5. Un accompagnement social des PAP par l'APIX
Pour l'APIX, l'accompagnement social des personnes
affectées par le projet est d'une importance capitale. L'APIX, conscient
du souci de ces PAP décide de mettre en place une structure qui est
chargé de l'accompagnement social des PAP. Cette structure est
composée de sociologues. Ces agents ont organisés des campagnes
de sensibilisation pour faire accepter aux PAP de quitter l'emprise car il a
été difficile, pour nombreux impactés, de quitter leur
domicile. Certaines familles étaient établies dans ces lieux
parfois depuis plus de 4 décennies. Comparé au projet de
l'autoroute à péage, un projet dans lequel l'accompagnement
social a fait défaut, certains PAP ont vécu l'opération
d'expropriation comme une réelle spoliation et n'estiment pas avoir
été entendus ou soutenus de la part des institutions
(Diakhaté 2016).
M. F, l'un des impactés que j'ai interviewé,
témoigne de l'accompagnement social de la part de l'APIX en affirmant
que :
« l'APIX a accompagné les PAP pour la
libération de l'emprise. Ils ont démolis
calmement. Ils ont fait des campagne de sensibilisation
car voir ta maison familiale détruite du jour au lendemain c'est pas
facile sur le plan moral. »
Ce témoignage de la part d'une PAP prouve que l'APIX
met vraiment en oeuvre le plan social en mettant à la disposition des
PAP des sociologues qui ont pour but de faire accepter aux PAP le projet.
Un autre aspect de l'accompagnement social est de mettre
à la disposition des PAP une assistance pour la réalisation des
dossiers nécessaires à l'indemnisation. En effet, pour que les
impactés puissent recevoir leurs indemnisations, il est
nécessaire de construire son dossier et de le déposer au niveau
de l'APIX. Conscient aussi que beaucoup de PAP ne sont pas en mesure de monter
leur dossier, faute de ne pas faire d'étude, l'APIX signe des accords
avec des ONG telles que l'ONG 3 D. Dès lors, il appartient aux ONGs
d'accompagner ces PAP pour constituer leur dossier d'indemnisation et de le
transmettre à la commission de conciliation qui est chargée de
l'étudier.
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L'APIX intervient aussi sur la phase réinstallation en
accompagnant les personnes déplacées sur leur
réinstallation future, notamment sur les différents sites de
recasement. En effet, l'APIX intervient dans le domaine de la
réinstallation en mettant à la disposition des PAP une aide
à la réinstallation. Cette aide permet aux PAP locataires de
pouvoir assurer leur premiers mois de location.
6. Le cas des élagués et impactés
indirect dans ce projet
Lors de mon terrain, une problématique a attiré
mon attention. C'est le cas de ceux que certains agents de l'APIX mais aussi
certains impactés considèrent comme « élagués
». Selon le dictionnaire Larousse, le terme élagué
signifie le fait de retrancher ce qui est inutile, marginal, accessoire
pour ne conserver que l'essentiel sur un arbre. Du coup, j'ai trouvé que
ça serait intéressant de reprendre le même terme.
Dans ce projet j'ai remarqué qu'il y a eu beaucoup
d'élagués et impactés indirects, ce qui m'a poussé
à m'intéresser à cette question car la complexité
de cette situation mérite réflexion.
Concernant les élagués dans le département
de Dakar, monsieur Mor Dieng nous explique :
« ici on a des élagués mais qui
n'avaient pas reçu d'indemnisation. Le fait qu'il y ait des
élagués c'est des choses qui arrivent dans la mise en oeuvre des
travaux parce qu'on a commencé les travaux, les études
n'étaient pas totalement terminées. Les entreprises modifient un
peu le tracé et travaille sur ce que l'on appelle
l'optimisation.
L'optimisation, cela consiste à revoir le
tracé et à le redimensionner de telle sorte qu'il ait le moins
d'impact possible. Mais forcement vous avez des gens qui étaient
concernés au début mais qui ne le sont plus parce que c'est
lié aux aspects techniques que nous ne maîtrisons pas. Nous on est
là pour satisfaire les besoins des entreprises s'ils nous demandent des
zones à libérer on fait tout pour leur livrer la zone.
Mais faut comprendre aussi qu'on est dans un pays
où les ressources financières ne sont pas énormes, parfois
des élagués viennent se plaindre demandant à
être
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considérés comme PAP. Euh ! Si les
ressources le permettent et qu'il y a des situations exceptionnelles, par
exemples une zone où on a pris toutes les concessions et il reste une
maison, pour des questions de sécurité, des questions
d'accès pour qu'ils puissent se déplacer, le préfet prend
la décision et fait passer l'élagué en commission pour
qu'il puisse être indemnisé. Parfois certaines tiennent à
partir parce que leurs voisins s'est bien retrouver dans l'indemnisation mais
parfois aussi leur habitat est tellement précaire qu'ils voudraient
aussi en profiter pour pouvoir toucher quelques choses ce qui fait qu'au niveau
du préfet, les demandes sont examinées avec beaucoup de rigueur
et de délicatesse pour ne pas tomber dans le piège.
»
C'est un cas qui a touché plusieurs familles. J'ai eu
à rencontrer monsieur Sylla qui fait partie des élagués
à KMF. Il me dit que :
« ce qui est vraiment déplorable c'est le fait
qu'ils viennent nous recenser pour nous dire qu'on fait partie des PAP. Ils
nous ont même communiqué le mottant de l'indemnisation. Mais,
trois mois après la signature ils reviennent pour nous dire qu'on ne
fait plus partie des impactés. Il y a d'autres familles qui sont aussi
concernées comme la famille Ndiaye. »
Je n'ai pas le chiffre exact du nombre d'élagué
dans ce projet mais d'après les différents témoignages que
j'ai eu de la part des impactés, il y a un nombre considérable
d'élagués. Cependant, l'on note un traitement
différencié entre les déplacés et les
élagués car les déplacés ont pu
bénéficier des indemnisations alors que les élagués
sont laissés à leur sort.
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Photo 9 : Situation d'une maison élaguée
Source : Babacar Tandian
Sur cette photo, l'on peut voir une maison de la famille
Sylla, élaguée. L'on remarque que presque toutes les maisons
d'à côté ont été détruites. Du coup,
cette famille a perdu la moitié de ses voisins. D'autre part, le projet
a eu des impactés indirects dans la mesure où il a modifié
le quotidien de plusieurs familles. En effet, le voisinage dans la plupart des
quartiers africains se définit par solidarité et une entraide au
niveau du voisinage. Déloger une famille qui vient toujours en aide
à ses voisins d'à côté en termes d'appuis financiers
pour les besoins du quotidien revient à créer des impactés
indirects dans la mesure où ces familles n'auront plus sur qui compter
quand elles seront dans le besoin. Comme autres impactés indirects, on
retrouve le cas de personnes qui ne sont pas concernées par la
libération d'emprises et qui seront obligées de marcher des
kilomètres pour contourner les rails dans le but de rejoindre leurs
lieux de travail.
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Photos 10 et 11 : Traversée des rails pour vaquer
à leurs occupations
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Photo 12 : pont rails en construction
Source : Babacar Tandian
Sur ces images, l'on peut voir clairement les populations
utiliser les rails pour vaquer à leurs occupations. Mais à terme
du projet, ces personnes seront dans l'obligation de marcher, de ne plus passer
sur les rails et donc d'utiliser les ponts rails qui sont en construction. Ces
pont rails se localisent dans chaque 1 km, ce qui contribue à modifier
la mobilité spatiale quotidienne des citadins car désormais, ils
seront obligés de marcher beaucoup plus loin pour traverser les rails.
Dès lors, grâce au projet TER, l'on a un effet de coupure spatiale
à l'intérieur de ces quartiers. C'est l'exemple du marché
de KMF qui est coupé en deux parties. En somme, il y a lieu de retenir
que le projet TER a eu une conséquence sur le plan social chez les
impactés. Si certains ont vu leur situation sociale
améliorée grâce au projet dans la mesure où le
projet leur a permis de trouver leur propre maison et une vie meilleure
qu'avant le projet, d'autres par contre connaissent la paupérisation car
ils sont passés de propriétaires de grandes maisons à
locataires.
Tout compte fait, l'on assiste à une modification de la
trajectoire quotidienne avec une nouvelle pratique de l'espace.
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Conclusion
L'élaboration de ce mémoire de Master 1 est
basé sur une revue de la littérature et des entretiens avec des
acteurs qui composent le projet, notamment les acteurs institutionnels et les
impactés. Les lois et règlements en vigueur sur la
procédure d'expropriation m'ont servi de textes de
référence. Dans le cadre de ce mémoire, j'ai pu faire un
état des lieux de la mobilité urbaine à Dakar et les
conséquences de la mise en oeuvre dy grand projet d'infrastructure de
transport visant à améliorer la mobilité quotidienne dans
l'agglomération.
D'après les résultats obtenus, il y a lieu
d'admettre que certes, le projet TER contribuera à l'amélioration
de l'accès et de la qualité de service du transport mais il est
d'une conséquence sociale inédite avec le plus grand nombre de
déplacement lié à un projet d'infrastructure au
Sénégal.
Ainsi, à partir des différents entretiens que
j'ai eu à faire, j'ai pu constater que malgré la procédure
exemplaire du Sénégal concernant l'expropriation, il a
été possible de relever certaines difficultés dues aux
imprévus tels que la résistance des PAP. L'enjeu principal des
rapports de force entre autorité en charge du projet et impactés
était la question de l'avenir des expropriés. En effets, les PAP
du projet TER, contrairement aux PAP du projet de l'autoroute et du PIS ont
manifesté des résistances car dans le PAR de ce projet, il
n'était pas prévu de les reloger et l'on estime en même
temps que le montant de la compensation était très faible.
Des lors, les PAP se sont mobilisées dans un collectif
pour défendre leur cause. Leur armes de défense relèves
des directives de la Banque Mondiale 4.12 et le SO2 de la Banque Africaine de
Développement, qui insiste sur le fait d'améliorer le niveau de
vie des populations touchées, leur capacité à gagner leur
vie et leur niveau de production, par rapport à la situation
antérieure.
Après de longues et d'âpres négociations
concernant le sort des PAP, l'État a finalement décidé de
les reloger pour que le projet puisse avancer. Cette décision de
l'État s'inscrit dans un contexte où la date d'inauguration du
TER, prévue pour le 14 janvier 2019 approche sans que les travaux
n'avancent. Ainsi, pour respecter la feuille de route du projet et les
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engagements pris auprès des bailleurs, le gouvernement
se trouve dans l'obligation de répondre aux attentes des PAP qui se
traduit par l'augmentation du barème proposé et la mise en place
de sites de relogement. Les PAP en position de force n'ont pas donné
d'autre choix à l'État que de respecter leurs revendications.
Dès lors, le gouvernement du Sénégal ne
peut faire autrement que de revoir à la hausse le barème
d'indemnisation et la mise en oeuvre d'un site de relogement. Cette
décision s'explique par le fait que l'opinion internationale
s'intéresse à ce projet, notamment les bailleurs vers qui
l'État se tourne pour trouver l'argent nécessaire aux
financements des projets en cours, surtout celui de la nouvelle ville de
Diamniadio et des projets à venir.
Pour contextualiser, il est nécessaire de rappeler que
l'État du Sénégal était en plein négociation
avec la Banque Mondiale pour obtenir un financement pour la deuxième
phase du plan Sénégal Émergent. Ainsi, après avoir
calmer le problème d'indemnisation des PAP , l'État a pu
inaugurer le projet à la date du 14 janvier 2019, sans que les travaux
ne soient toutefois terminés. Il obtient par la suite un financement de
14 milliards de dollars alors qu'il n'en espérait que 4,5 milliards de
dollars, d'après un communiqué du Ministère des
Finances.
Cependant, la question qui se pose est de savoir si le
gouvernement a accepté la demande des PAP pour améliorer leur
situation sociale ou bien s'il l'a fait pour avoir beaucoup plus de
crédibilité auprès des bailleurs pour
bénéficier de financements.
Les hypothèses que j'avais posées se trouvent
pour la plupart validées. L'analyse des témoignages sur le
terrain indique une modification totale du quotidien des PAP. Le projet est
à l'origine d'une perte de repère avec de nouvelles pratiques de
l'espace. Je me suis donc intéressé à l'analyse des
stratégies d'adaptation dans l'espace des quelques PAP
réinstallées que j'ai eu à rencontrer enfin de saisir leur
pratique de l'espace avec la nouvelle trajectoire quotidienne. L'analyse du
déplacement des impactés du TER m'a permis d'appréhender
le volet social et les conséquences que peuvent engendrer ce genre de
projet.
Dès lors, il serait intéressant de faire une
étude comparative de la situation des PAP du TER avec les PAP des autres
projets comme l'autoroute ou encore la PIS pour comparer les trajectoires
résidentielle et quotidienne de ces groupes de PAP aux profils sociaux
similaires.
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Il serait intéressant d'analyser le vrai sens du projet
dans la mesure où la question qui me taraude l'esprit dans
l'élaboration du mémoire concerne l'accessibilité de cette
infrastructure.
À qui est destinée cette infrastructure ?
Est-ce-que tous les groupes sociaux ont accès à l'infrastructure
? Le projet n'est-il pas destiné à la population de la nouvelle
ville démesurée de Diamniadio ? Voici autant de questions que
soulève cette étude et qui peuvent faire l'objet d'études
approfondies.
Page 68 sur 86
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages et articles
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la réforme des transports urbains à Dakar : bilan et
perspectives, après quinze ans d'activités »
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«décongestion»" DALVAA retour de terrain à Accra
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-Youssouf SANE, 2016, «La décentralisation au
Sénégal, ou comment réformer pour mieux maintenir le statu
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Littérature grise
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« Résumé de l'étude environnementale et sociale
stratégique (EESS) du projet TER Sénégal »
-Groupe de la Banque Africaine de Développement, «
Politique en matière de déplacement involontaire »
-ONU Habitat, 2008, « Sénégal : profil urbain
de Dakar »
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Annexe 1 Grille d'entretiens Grille d'entretien
des impacts
Date: Heure: Prénom: Nom:
I. Situation géographique avant-projet
Q1 : Dans quelle commune habitiez-vous avant ?
Q2 : Depuis combien de temps habitez-vous dans cette commune ?
Q3 : Êtes-vous propriétaire de la concession ?
Q4 : Quelle était l'ambiance du quartier ?
Q5 : Aviez-vous un bon rapport avec vos anciens voisins ?
Q6 : Quelle était la distance entre votre domicile et
votre lieu de travail ?
Q7 : Quelles étaient les lieux que vous fréquentiez
avant votre déménagement ?
Q8 : Avez-vous gardé contact avec vos anciens voisins ?
II. Connaissance du projet TER
Q9 : Que pensez-vous du projet TER ?
Q10 : Comment avez-vous pris connaissance du projet ?
Q11 : Avez-vous reçu une notification de quitter la zone
d'emprise ?
Q12 : Quel sentiment vous a animé lorsque vous avez su que
votre concession faisait partie de la zone d'emprise ?
Q13 : Avez-vous manifesté une quelconque résistance
?
Q14 : Faites vous partie d'une quelconque association des PAP
?
Q15 : Pensez-vous que le collectif a atteint ses objectifs ?
III. Nouvelle socialisation
Q16 : Avez-vous reçu votre compensation ?
Q17 : La compensation répond-elle à la valeur de
votre ancienne maison ?
Q18 : Vous habitez dans quelle commune actuellement ?
Q19 : Depuis combien de temps avez-vous déménagez
?
Q20 : Et pourquoi n'avez nous pas rejoint le site de recasement
?
Q21 : Que pensez-vous de la situation géographique du site
?
Q22 : Et pourquoi le choix de Pikine « marché
Zinc» ?
Q23 : Quel impact a eu votre déménagement sur votre
vie quotidienne ?
Q24 : Quel impact sur la scolarité de vos enfants ?
Q25 : Quelle rapport entretenais vous avec votre voisinage ?
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Annexe 1 Grille d'entretiens
V. Présentation
Q26 : Vous êtes de quelle nationalité ?
Q27 : Vous travaillez sur quoi ?
Q28 : Quelle est votre situation matrimoniale ?
Q29 : Avez-vous des enfants ? Q29 : Combien ?
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Annexe 2 Grille d'entretien des maîtres
d'ouvrage
Date: Heure: Prénom: Nom:
I. Présentation du projet
Q1 : D'abord c'est quoi la maison TER de Mbao ?
Q2 : C'est quoi le projet TER ?
Q3 : Quelle est l'importance du projet à
l'échelle métropolitaine ?
Q4 : Le projet a-t-il une dimension politique ?
Q5 : Quel impact peut avoir le projet sur le plan
économique dans le pays ?
Q6 : Le train est-il accessible à toutes les classes
sociales ? Impacte-t-il sur le plan social ?
Q7 : Combien de famille ont été touchées
par le projet ?
Q8 : Quel est l'impact social du projet ?
Q9 : Y a-t-il eu des résistances de la part des
impactés ?
Q10 : Quelles sont les modalités mises en place pour la
compensation ?
Q11 : Comment s'est déroulé le recensement ?
Q12 : Est-ce-que toutes les concessions recensées ont
reçus leur compensation ?
Q13 : L'État a-t-il mit à la disposition des PAP
un site de recasement ?
Q14 : Les sites sont-ils occupés ?
Q15 : Si non pourquoi les sites demeures toujours vide ?
Q16 : Y a-t-il eu d'autres projets au Sénégal
à l'image de celui-ci ?
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Retranscription de l'entretien N1
Le 25/02/2019
De 17H11 à 18H41
Prénom : Macodou
Nom : FALL
Fonction : Président du collectif national des
impactés
I. Situation géographique avant-projet
Q1: Dans quelle commune habitiez-vous avant ?
J'habitais dans la commune de Pikine Thiaroye Gare, quartier Fass
2 au passage de niveau.
Q2 : Depuis combien de temps habitez-vous dans cette commune ?
Euh depuis ma naissance, c'est la maison familiale. Elle
appartenait à mon grand-père. Je suis né en 1976.
Q3 : Êtes-vous propriétaire de la concession ?
Oui oui, nous somme les propriétaires ma famille et
moi. C'est un héritage de notre grand père.
Q4 : Quelle était l'ambiance du quartier ?
Il y avait une bonne ambiance dans le quartier. On avait
l'esprit de voisinage. C'était vraiment une ambiance parentale. Il y
avait des associations dans le quartier. J'étais le président de
l'ASC (association sportive et culturelle) du quartier en même temps
président du CDQ (comité local de développement du
quartier).
Q5 : Aviez-vous un bon rapport avec vos anciens voisins ?
Bien-sûr évidement on entretenait de très bons rapports
même.
Q6 : Quelle était la distance entre votre domicile et
votre lieu de travail ?
Euh ce n'était pas très loin. S'il n'y a pas de
bouchon, je mets moins de 30 minutes de route pour rejoindre le bureau. Mais
s'il y a des bouchons, je fais presque 1h de route.
Q7 : Quelles étaient les lieux que vous fréquentiez
avant votre déménagement ?
Bah les lieux que je fréquentais c'est le terrain de
football qui se trouve au niveau du camp militaire de Thiaroye, les
réunions d'associations, la mosquée...
Q8 : Avez-vous gardez contact avec vos ancien voisin ?
Bien-sûr évidemment nous sommes toujours en
contact. Ils viennent me voir souvent, moi aussi je fais de même. En plus
ce n'est pas très loin de mon nouveau domicile, c'est tout
près.
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Retranscription de l'entretien N1 II. Connaissance du
projet TER
Q9 : Que pensez-vous du projet TER ?
Le projet TER c'est un bon projet de développement qui
est venu à son heure. Et comme nous on est pour le développement
du pays donc tout ce qui peut toucher au développement de notre pays on
est pour. Du coup, on a carrément adhéré au projet.
Q10 : Comment avez-vous pris connaissance du projet?
J'ai pris connaissance du projet par les informations qui
passaient à la télévision et par le recensement. Ils
venaient faire des recensements dans le quartier en nous posant toute sorte de
questions. Après ces séries de questions, je me suis rendu compte
de ce qui nous attendait. Après j'ai convoqué mes voisins en
réunion chez le chef du quartier pour partager mes inquiétudes
avec les autres qui seront éventuellement concernés.
Q11 : Avez-vous reçu une notification de quitter la
zone d'emprise ?
C'est après avoir reçu la convocation pour une
réunion à l'APIX que j'ai su qu'on allait quitter notre domicile
pour les besoins du projet. Au début, ils nous avaient appelés en
réunions au «bayal» (cour) de darrou salam pour nous informer
du projet. Dans cette réunion, ils nous ont exposé les avantages
d'un tel projet. Ils nous ont ensuite convoqué pour une deuxième
réunion. La réunion s'est tenu au niveau de la maison TER de Mbao
pour nous remettre un guide des déplacés pour les PAP.
Q12: Quel sentiment vous a animé lorsque vous avez su
que votre concession faisait partie de la zone d'emprise ?
C'est un sentiment de désolation qui m'anime car ce
n'est pas facile de quitter une maison dans laquelle on est né et qu'on
a passé tout notre jeunesse. Mes enfants sont nés dans cette
maison. Ça m'avait vraiment touché, mais on peut rien contre la
loi.
Q13: Avez-vous manifestez une quelconque résistance ?
Oui oui car ils n'ont pas respecté ce qu'ils ont dit au
début. Il n'y avait pas de collaboration entre les PAP et l'APIX. Dans
le guide du déplacé, il y avait des barèmes
dérisoires. Les images présentées dans le guide ne sont
pas les images qui illustrent nos maisons. Ce sont des quartiers inondés
qu'ils ont présentés dans le guide. En plus à la
période du 19/12/2016 un ministre de la république invité
à la RTS (radiotélévision sénégalaise)
disait que dans tout le
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Retranscription de l'entretien N1
tracé il n'y avait que des taudis et des baraques.
C'est aussi tôt qu'on a ripostés. On a écrit une lettre au
directeur général de l'APIX mais c'était sans
réponse. À cette période il y avait pas le collectif
national des impactés. On a écrit une deuxième lettre
aussi sans réponse aucune.
Q14 : Faites-vous partie d'une quelconque association des PAP
?
Oui oui lorsqu'ils nous ont convoqués à la
maison TER de Mbao, j'ai pris contact avec d'autres impactés du TER qui
habitent dans les autres communes touchées. Je leur ai proposé de
constituer un collectif local dans chaque zone. C'est après que tous les
collectifs locaux se sont retrouvés pour créer un collectif
national des impactés du TER et je suis le président du
collectif.
Après la création du collectif, on s'est
attaqué aux médias. Ensuite on a fait des mobilisations sociales
par zones. On a tout fait pour rencontrer les bailleurs du projet à
savoir la BAD, la BID, l'AFD et la BM (banque mondiale). On a menacé de
porter plainte avec l'aide de nos avocats. On a rassemblé touts les
informations par rapport au projet comme l'OP4.12 de la Banque mondiale et le
SO2 de la BAD. Tout ce que nous réclamons c'est nos droits les plus
élémentaires. On réclame un paiement juste et
préalable. Ils doivent nous traiter équitablement. On a par la
suite organisé une grande marche dans laquelle il y a eu beaucoup
d'arrestations. J'ai moi-même été arrêté par
la gendarmerie. On s'est inspiré des gilets jaunes de la France pour
faire des gilets rouges. Par la suite on a organisé une pétition
internationale. On a écrit aux universitaire Français, à
l'AFD et la BM pour leur dire que la France en collaboration avec avec le
gouvernement du Sénégal sont en train d'appauvrir une population
déjà vulnérable. On a aussi utilisé les
réseaux sociaux pour avoir beaucoup plus d'ampleur. On a écrit
aux guides religieux tels que la mosquée et l'Eglise. On a eu à
faire des directs sur Facebook avec l'aide d'un ancien artiste de la banlieue
du nom de «King Bara» basé en Italie. On avait prévu
d'autres marches aussi, mais quand on a écrit au préfet pour
demander l'autorisation il nous interdisait la marche. Aussitôt, on a
pensé à mettre des drapeaux rouges sur tout le long du
tracé au sommet de nos maisons.
Après ça ils nous ont à plusieurs
reprises fais des mises en en demeure avec toute sorte de menace. On avait
décidé de ne pas passer au niveau de la commission de
conciliation. On savait que sans passer à ce niveau il ne pouvait pas
nous faire quitter la zone d'emprise car on n'avait pas signé.
Page 77 sur 86
Retranscription de l'entretien N1
Q15 : Pensez-vous que le collectif a atteint ses objectifs
?
Oui bien-sûr on a eu à rencontrer beaucoup
d'autorités à savoir des députés de
l'Assemblé nationale, le DG de l'APIX monsieur Mountaga Sy, et
finalement le président de la république son excellence monsieur
Macky Sall au centre Abdou Diouf de Dianiadio. Je lui ai personnellement
montré le guide du déplacé pour lui dire que tout ce qui
s'y trouve c'est du faux.
On a demandé à ce qu'il nous recase car il
n'était pas prévu de site de recasement dans le projet pour les
PAP. On lui a aussi dit que le barème de compensation était
faible. On a dès lors fait une contre proposition du barème de
l'APIX. C'est ainsi qu'ils nous ont proposé un site de recasement
à Lac Rose. J'ai moi-même refusé. Je leur ai proposé
comme site de recasement le camp militaire de Thiaroye, un site sur le
prolongement de la VDN à Malika, et à Lac Rose pour les habitants
de Rufisque. C'est lorsqu'on a signé le décret qu'on a finalement
accepté les négociations avec l'APIX car si on se rend pas
à l'APIX, le projet ne pouvait pas avancer donc tout était
bloqué au début.
On a eu 4 hectares 6 au camp de Thiaroye, 23 hectares sur le
prolongement de la VDN à Malika et 14 hectares à Lac Rose. Ainsi
on a levé notre mot d'ordre pour inciter les PAP d'aller à la
commission de conciliation. Au niveau de la commission de conciliation
c'était un autre combat, il y a eu des négociations de 7h du
matin à 2h du matin.
Un autre problème qui s'était posé c'est
les passerelles. Les autres populations étaient impactées
indirectement car elles n'avaient plus où passer pour rejoindre l'autre
côté de la ville. Il y avait un véritable problème
de mobilité. Du coup on a menacé de reprendre nos
activités si l'État ne réglait pas ce problème. Le
DG de l'APIX nous a reçus pour des négociations. On avait
prévu une marche pour le 30 décembre car jusque-là il y
avait des PAP qui n'avaient pas reçu de compensation. Après
négociations et en collaboration avec le DG de l'APIX, ce dernier est
venu sur les lieux pour rencontrer les populations et discuter des
différents problèmes que l'on rencontre sur le tracé. Faut
savoir qu'on était en position de force car c'était à
quelques jour de l'inauguration du train express régional prévu
pour le 14 janvier 2019.
Pour les places d'affaires plus de 1784 personnes n'avaient
pas reçu leur indemnisation. Ainsi par les différentes
négociations, l'État a commencé à indemniser
même si jusque-là il reste quelques une qui n'ont pas encore
reçu.
Grâce à notre combat, ils ont finalement
doublés voir triplés les montants proposés au début
pour la compensation. Après la signature au niveau de la commission de
conciliation, ils nous ont donnés une sommation de 10 jours pour quitter
la zone d'emprise. Une chose qui m'a
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Retranscription de l'entretien N1
marqué c'est lorsqu'on a refusé d'aller au
niveau de l'APIX pour poursuivre les négociations, l'ancien
préfet de Pikine faisait du forcing et a détruit la maison d'un
PAP. On a riposté et finalement le président l'a affecté
à Tambacounda à cause de l'acte qu'il avait commis.
III. Nouvelle socialisation
Q16 : Avez-vous reçu votre compensation ?
Oui presque tous les impactés ont reçu
j'étais le dernier à recevoir dans ma zone.
Q17 : La compensation répond-elle à la valeur de
votre ancienne maison ?
Oui oui finalement on a reçu une compensation raisonnable
même après la démolition de nos
maisons, l'APIX à accompagné les PAP. Ils ont
démolis calmement avec des séries de sensibilisation car ce n'est
pas facile de voir ta maison familiale en train d'être détruite.
Sur le plan moral ça touche vraiment.
Q18 : Vous habitez dans quelle commune actuellement ?
Actuellement j'habite à Pikine «marché zinc».
Q19 : Depuis combien de temps avez-vous
déménagé ?
J'ai déménagé il y a pas longtemps je fais
partie des derniers à libérer la zone d'emprise c'était
il y a deux mois.
Q20 : Et pourquoi n'avez nous pas rejoint le site de recasement
?
Le site n'est pas encore habitable, il y a beaucoup de travaux
à faire.
Q21: Que pensez-vous de la situation géographique du site
?
C'est un bon site en plus c'est à proximité de mon
ancien domicile. Il est aussi très accessible
grâce aux transports en commun.
Q22 : Et pourquoi le choix de Pikine « marché Zinc
» ?
Euh ! C'est que je ne voulais pas trop m'éloigner de mon
ancien quartier pour pouvoir m'y
rendre souvent et comme je suis le président des
impactés je dois rester dans un quartier accessible pour les besoins du
collectif.
Q23 : Quel impact a eu votre déménagement sur votre
vie quotidienne ?
Un impact négatif forcément car présentement
j'ai un statut de locataire. Je mets beaucoup
plus de temps pour rejoindre mon lieu de travail.
Néanmoins il y a eu des PAP qui sont sortis de la galère à
cause du projet. Avant le projet ils habitaient dans des baraques mais
grâce à la compensation ils sont parvenus à construire de
grandes maisons.
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Retranscription de l'entretien N1
Q24 : Quels impacts sur la scolarité de vos enfants ?
C'est un véritable problème. Je suis obligé
de les amener à l'école. Il y en a qui ont eu du
retard pour faire inscrire leur enfants, il y en a qui ont
déménagé en pleine année scolaire. Le
déménagement à perturbé l'année scolaire de
plusieurs enfants.
Q25 : Quels rapports entretenez-vous avec votre voisinage ?
Bons pour le moment on a de bonnes relations. Je les connais pas
tous car j'ai déménagé il y a
pas longtemps. V. Présentation
Q26 : Vous êtes de quelle nationalité ? Je suis de
nationalité Sénégalaise.
Q27 : Vous travaillez sur quoi ? Je travaille au tribunal de
Dakar.
Q28: Quelle est votre situation matrimoniale ? Je suis
marié.
Q29 : Avez-vous des enfants ? Oui oui j'ai des enfants.
Q29 : Combien ? J'ai 4 enfants.
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Retranscription de l'entretien N2
Le 17/02/2019
De 14H37 à 15H23
Prénom : Gnilane
Nom : NDOYE
Fonction : Agent de l'APIX en même temps sociologue au
niveau de la maison TER de Mbao
I. Présentation du projet
Q1 : D'abord c'est quoi la maison TER de Mbao ?
La maison TER de Mbao c'est comme l'APIX en miniature. C'est un
bureau implanté à Mbao
pour être beaucoup plus proche des personnes
affectées par le projet (PAP).
Q2 : C'est quoi le projet TER ?
Le projet TER fait partie des projets phares de l'État du
Sénégal. C'est un projet qui permettra
de faciliter la mobilité interurbaine à Dakar.
Ce projet vient aussi pour pallier les problèmes de transports de Dakar
à la banlieue et à Diamniadio. En somme, on peut dire que le
projet vient pour régler le problème de mobilité dans
l'agglomération de Dakar qui fait défaut.
Q3 : Quelle est l'importance du projet à l'échelle
métropolitaine ?
C'est un projet très très important, une
première au Sénégal. Le projet permet de rallier
plusieurs départements. Il poursuivra à terme
toute la ligne ferroviaire du Sénégal. Avec le train express
régional, en moins de 30 minutes on peut rejoindre le centre-ville de
Dakar. Si je prends exemple sur moi, pour rejoindre le bureau ici à
Mbao, je mets au moins 2H de route. J'arrive épuisée au bureau et
j'ai besoin de souffler une dizaine de minute pour commencer le travail.
Q4 : Le projet a-t-il une dimension politique ?
Bon ça dépend je ne vais pas dire que ça n'a
pas une dimension politique car c'est une
continuité. L'ancien président de la
république maître Abdoulaye Wade avait déjà
validé ce projet. Mais d'autres politiciens peuvent bien dire que le
projet est d'ordre politique pour capter l'électorat surtout que
l'inauguration est faite juste avant les élections le 14 janvier dernier
alors que les élections sont prévu pour le 24 janvier.
Q5 : Quels impacts peut avoir le projet sur le plan
économique dans le pays ?
Euh ! Économiquement parlant ça a
créé de l'emploi. Si nous prenons tout le tracé
beaucoup
de jeunes qui habitent aux alentours du tracé travail
dans le projet donc ça donne de l'emploi aux jeunes. Les entreprises qui
y travaillent favorisent la main d'oeuvre locale. Ils ont pris des
ingénieurs, des maçons, des chauffeurs dans ces communes pour
leur donner de l'emploi.
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Retranscription de l'entretien N2
Depuis que le projet est sur place beaucoup de jeunes y
travaillent. C'est des jeunes de la localité qui connaissent bien la
zone. Il y a des relais communautaires qui y travaillent aussi. Vu le seuil de
pauvreté dans la zone d'emprise, c'est vraiment du travail qui a
été créé. Mais bon comme je suis sociologue, je ne
veux pas m'éterniser dans un domaine que je ne maîtrise pas bien
car ça relève des économistes.
Q6 : Le train est-il accessible à toutes les classes
sociales ?
Sur le prix du voyage, si nous prenons tout le tronçon
c'est entre 1500F aller et 1500F retour.
Ça dépend de la population qui va l'utiliser
mais je pense que l'État fera des efforts pour que le train soit
accessible à toutes les populations qui auront besoin de voyager
avec.
II. Conséquences du projet sur le plan
social
Q7 : Combien de familles ont été touchées
par le projet ?
Euh on ne raisonne pas en termes de familles mais de concessions.
Je n'ai pas les chiffres en
tête dans le département de Pikine mais je vous
l'enverrai par mail lundi.
Q8 : Quel est l'impact social du projet ?
Alors c'est un grand impact social surtout dans le
département de Pikine qui est vraiment
touché parce que c'est le département le plus
peuplé. Il y a un impact vraiment social vu qu'il y a des familles qui
habitaient dans les lieux depuis plus de 40 ans. Mais il y a aussi des impacts
positifs. Si nous prenons l'exemple de plusieurs concession on voit qu'à
la base c'est le grand père qui était le propriétaire de
la concession, les enfants n'ont pas les moyens de s'offrir leur propre
concession. Le projet a permis à chaque famille d'avoir sa propre
concession. Les gens sont ensemble car ils n'ont pas les moyens de vivre
séparément.
Q9 : Y a-t-il eu des résistances de la part des
impactés ?
Oui bien-sûr il y a eu des résistances de la part de
certains impactés. C'est ce qui a donné la
naissance du collectif national des impactés du TER. Le
collectif s'est opposé aux modalités du paiement, ils se sont
beaucoup battus pour leur intérêt. Dans le projet il
n'était pas prévu de site de recasement pour les impactés.
Mais le collectif s'est battu pour que chaque impacté ait au moins 150
m2 de terrain. Les sous ménages aussi ont eu le droit au terrain. Les
sous ménages c'est l'exemple de plusieurs familles qui composent une
concession ou qui occupent une maison (les frères et soeurs avec leurs
petites familles). Chaque hérités a eu droit à un
terrain.
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Retranscription de l'entretien N2
Q10 : Quelles sont les modalités mises en place pour la
compensation ?
Bon la première démarche consiste à faire le
recensement des concessions qui se trouve dans
la zone d'emprise. Après le recensement, on
évalue le terrain selon le mètre carré et le titre de
propriété (soit l'acte de vente, le titre foncier ou le bail).
C'est selon les trois titres que le foncier est indemnisé. Après
cette étape, on calcule le nombre de mettre carré dans le foncier
et on le multiplie par le prix au mètre carré et vous avez le
montant de l'indemnisation. Aussi il y a les impenses (bâtis) il y a les
équipements (porte, fenêtres, carreaux, toilettes, types de
peintures). Il y a également les arbres fruitier, etc. c'est avec tous
ces paramètres qu'on totalise tout pour déterminer le montant de
la concession.
Q11 : Comment s'est déroulé le recensement ?
Avant le recensement, il y a eu des actions qui ont
précédé. Ce qu'on a fait d'abord c'est de
demander à la mairie de chaque commune de convoquer des
réunions avec les notables du quartier, les associations de jeunes. Une
fois sur place on fait des séances d'information sur le projet. C'est
là qu'on leur informe qu'on fera un recensement pour les besoins du
projet. On travaille avec un cabinet international basé au Canada pour
le recensement. Ce cabinet est chargé d'élaborer le PAR. On
raisonne ensuite en termes de catégories de PAP. Le mode de traitement
financier varie d'une propriété à l'autre. C'est à
dire, le résident n'est pas traité de la même
manière qu'un bailleur ou un locataire. On travaille avec eux sur le
barème d'indemnisation, une fois que les PAP signent au niveau de la
commission de conciliation, on leur donne un délai de 10 jours pour
libérer la zone d'emprise. Après la libération de
l'emprise, ils reçoivent un accompagnement social de la part de
l'APIX.
Q12 : Est ce que toutes les concessions recensées ont
reçu leur compensation ?
Euh c'est ce que je disais tout à l'heure par rapport aux
collectifs qui se sont beaucoup battus
pour ça. À ce stade du projet tous les PAP ont
reçu leurs compensations. Il y a juste quelques places d'affaires qui
n'ont pas encore reçu mais c'est en cour de traitement.
Q13 : L'État a-t-il mit à la disposition des PAP un
site de recasement ?
Oui oui finalement le collectif s'est battu pour que les PAP
soient recasés et ils ont eu gain de
cause. L'État leur a octroyé trois sites au
niveau du camp de Thiaroye, à Malika sur le prolongement de la VDN et
à Lac Rose.
Q14 : Les sites sont-ils occupés ?
Non ils ne sont pas occupés pour le moment.
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Retranscription de l'entretien N2
Q15 : Et pourquoi les sites demeurent toujours vides ?
Les sites sont en train d'être viabilisés. Je
pense qu'on est au stade de terrassement. La décision d'octroyer des
sites de recasement a tardé. Il faut d'abord faire le terrassement,
après assainir pour ensuite faire le morcellement avant de faire les
livrés aux PAP. Néanmoins chaque impactés à
reçu son numéro de parcelle. Les titres de
propriétés ont été déjà remis aux
bénéficiaires. Ce qu'il faut retenir c'est que dans ce cas on ne
parle pas de site de recasement mais de parcelle qui sont offertes par
l'État. C'est un plus pour les PAP car dans le projet il n'était
pas prévu que les PAP soient recasées.
Q16 : Y a-t-il eu d'autres projets au Sénégal
à l'image de celui-ci ?
Oui le projet de l'autoroute à péage.
C'était le premier grand projet de l'État du
Sénégal en termes de déguerpissement. Pour moi ça a
été une grande expérience. Mais contrairement au projet
TER, il était prévu un site de recasement pour les
déplacés de l'autoroute. Le site se trouve à Tivaoune
Peulh.
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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements 2
Sommaire 3
Liste des acronymes 4
Liste des illustrations 5
Introduction 6
1. Un projet d'infrastructures majeur dans une
agglomération fortement urbanisée 6
A/ Une accélération de la croissance urbaine
à Dakar depuis les indépendances 6
B/ La modernisation du secteur du transport avec le projet
TER 7
2. Cadre théorique et problématisation 12
A/ État de l'art 12
B/ Problématique et hypothèses 16
C/ Le choix du terrain 18
3. Méthodologie, acteurs ciblés et profil
socio-économique des PAP 19
A/ Méthode par enquête qualitative 19
B/ Acteurs ciblés 20
C/ Profils socio-économiques des PAP 22
Partie I. Le TER, un projet phare du plan
Sénégal Émergent 24
1. La décongestion de Dakar, une préoccupation
du Président de la République 24
A/ Le projet TER comme solution pour la restructuration dans
la gestion urbaine 24
B/ Des acteurs multiples et des enjeux multiformes dans la
gestion urbaine de Dakar 26
2. Portée économique du projet 37
A/ Rôle des gares du TER sur le plan économique
et social 39
B/ Une mobilité fluide de la banlieue vers le centre
de Dakar 40
3. Le PAR, un document clé pour mesurer l'ampleur du
projet 42
Partie II. La nouvelle sociabilité des PAP
46
1. Une portée sociale inédite du projet 46
A/ De la protestation à la contestation 46
B/ Le barème d'indemnisation à l'origine des
protestations 48
2. Des sites de recasement finalement acquis après de
longs mois de réclamation 50
A/ Des sites de recasement toujours en cours de viabilisation
52
3. De nouvelles trajectoires géographiques 54
A/ La trajectoire quotidienne des PAP modifiée 54
B/ Le choix de rester dans la même commune 56
4.
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La vulnérabilité des PAP face à la
pression foncière à Dakar 57
5. Un accompagnement social des PAP par l'APIX 59
6. Le cas des élagués et impacts indirects du
projet 60
Conclusion 65
Annexes 76
Bibliographie 68
Annexes 71
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