A. Faiblesse de la réponse de l'Union
Européenne
Face à ce contexte des crises de plus en plus
inquiétant, la réponse de l'Union Européenne est
restée limitée à l'image de la faiblesse de la position
adoptée plusieurs mois vis-à-vis du président Kabila et de
son gouvernement, les messages de l'Union Européenne se sont
limités à éviter les différentes forces populaires
de la RDC, au calme et à éviter les tensions, mais sans pour
autant exprimer une position claire quant aux tentatives
répétées du pouvoir en place de court-circuiter le
processus électoral. L'absence de la position ferme et distincte de
l'U.E. sur la question d'un éventuel troisième mandat du
président Kabila en est l'exemple le plus frappant de la faiblesse de
l'UE. En 2014, suite à une visite de suivi de la Mission D'observation
Electorale (MDE) en RDC, l'Union Européenne a insisté sur la
nécessité d'organiser un dialogue politique qui a un
caractère inclusif et sur le fait de maintenir l'espace
démocratique et politique ouvert.
Alors que ces recommandations n'ont en grande partie pas
été suivies par les autorités congolaises. Le discours de
l'UE ne s'est pas pour autant durci. L'UE reste jusqu'à présent
figée sur cette ligne au soutien, au « dialogue national inclusif
» sans engagé davantage les efforts diplomatiques pour tenter de
remédier au fait que ce dialogue souffre aujourd'hui d'un manque de
crédibilité et de confiance de la part des partis d'opposition et
des organisations de la société civile. Edem Kodjo étant
considéré comme proche du pouvoir en place et donc peu à
même de déférer. Lorsqu'elle déclare être
prête à soutenir le financement de processus électoral,
L'UE oublie de condamner le manque de volonté du gouvernement congolais
à organiser les élections et le retard pris par le processus
électoral. Et les nombreuses atteintes aux droits humains et aux
libertés fondamentales écrit ci-dessus n'ont pas que trop
rarement été dénoncé par l'UE.
La faiblesse de la réponse de l'UE peut en partie
s'expliquer par l'absence de position commune entre les différents Etats
membres, ce qui empêche la diplomatie
62 P. Ngoma Binda, op.cit., pp114-115.
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européenne, et la haute représentante de l'UE
Frederica Mogherini en particulier, de délivrer des messages forts au
pouvoir en place et à l'opposition et de jouer éventuellement un
rôle plus fort de médiation. On peut observer une dysmétrie
des positions entre Etats Européens, certains n'ayant que peu
d'intérêt pour la question de la démocratie en Afrique
centrale. Tandis que d'autre ont déjà adopté des positions
assez fermes vis-à-vis du régime congolais. La France a notamment
impulsé l'adaptation en Mars dernier de la résolution de l'ONU
N° 2277 prolongeant d'un an le mandat de la MONUSCO et qui envoie un
message fort aux autorités congolaises sur les délais pectoraux
prévus par la constitution
Au lendemain de la décision du 11 Mai 2016 de la cour
constitutionnelle congolaise de la possibilité de prolonger le mandat du
président Kabila après 2016, la diplomatie française
à demander aux autorités de travailler en priorité
à la « préparation active et de bonne foi des
élections seules sources de légitimité populaire
».
Plus précédemment, la Belgique au travers de son
ministre des affaires étrangères, a mis en garde les
autorités congolaises et l'opposition et prévenir qu' « il y
aura des conséquences si l'on continu à voir déraper la
situation sécuritaire et donc les violations des droit de l'homme
». Le 13 mai l'envoyée spéciale de la grande Bretagne pour
la région des grands lacs a par ailleurs annoncé qu'elle
travaillait avec d'autres pays européens à la mise en place de
sanctions ciblées à l'encontre de potentiels responsables d'acte
de « répression publique ».
Mais il faut aussi mentionner que d'autres Etas-membres ne
veulent pas voir l'UE prendre une position ferme en matière d'alternance
démocratique en RDC. Selon plusieurs sources, sont bien
informées, il s'agit notamment de l'Italie et l'Espagne qui s'opposaient
à ce que l'union Européenne prenne clairement position sur la
question du troisième mandat du président Kabila et plus
généralement sur le déroulement du processus
électoral en RDC.
Un autre élément qui explique la faiblesse de la
réponse de l'Union Européenne : l'UE n'a pas réussi
à mettre en place un dialogue structuré avec le gouvernement et
la présidence, tel que cela est prévu par l'article 8 de l'accord
de Cotonou. Aucun calendrier ni dialogue clairs et détaillés
n'ont été établis, principalement en raison du manque de
volonté des plus hautes autorités congolaise à participer
à ce dialogue.
KAYUMBA KIMAMBI Roger
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Le dialogue instauré par l'UE manque donc de la
régularité et des structures, il se déroule
essentiellement au niveau ministériel, avec des personnalités qui
ont peu d'influences sur la stratégie présidentielle. Or les
questions électorales sont gérées essentiellement au
niveau de la présidence et de quelques membres du gouvernement
considéré comme des proches du président Kabila. Cette
difficulté à mettre en place un réel dialogue politique
affaiblit de poids diplomatique de l'UE en RDC.
L'on ne peut manquer de contacter le décalage entre la
faiblesse du message de l'UE et de la plupart de ses Etas membres avec la
position plus ferme et audible d'autres acteurs internationaux en
commençant par les Etats-Unis qui ont une position beaucoup plus
marquée, remarquée et remarquable, on peut citer, par la menace
de mettre en exécution des sanctions économiques et
financières ciblées à l'encontre des haut-dignitaires du
gouvernement congolais.
Une fermeté de position accompagnée par la tenue
de rencontres diplomatiques entre le président Obama son
secrétaire d'Etas John Kerry ou l'envoyé spécial des
Etats-Unis pour la région des grands lacs et le président Kabila
le contraste avec l'UE est ici fragrant, à la fois quant au ton des
messages délivrés mais aussi, quant au niveau de
représentation diplomatique engagée63.
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