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La problématique de la mise en œuvre des recours judiciaires en cas de violation des droits économiques, sociaux et culturels en RDC.


par Christophe KISAMA SHINDANO
Université officielle de Bukavu - Licence en droit 2019
  

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II. HYPOTHESES

A la question de savoir quelles sont les contraintes de la justiciabilité des DESC, il faut d'emblée préciser que plusieurs facteurs peuvent être soulevés.

Comme en droit congolais, la fonction de dire le droit et de faire justice revient exclusivement au juge, dans le cas d'espèce, il demeure le premier obstacle. Le juge congolais semble ne pas prendre en compte les DESC comme des « véritables » droits. Comparativement aux droits civils et politiques où il existe une jurisprudence abondante et encourageante, le juge congolais ne prend souvent pas en compte les DESC. Dans la plupart des cas, il rejette les arguments des justiciables lorsqu'ils reposent leurs prétentions sur le PIDESC. Ce qui montre qu'il n'est pas suffisamment formé sur la protection des DESC.

De par son inaction, il semble s'inscrire encore et malheureusement dans la logique des années quatre-vingt-dix tendant à nier la justiciabilité des DESC. Cette passivité est assimilable au déni de justice. Saisi par les individus au moyen des recours individuels ou par les associations de défense des droits de l'homme par le biais des recours collectifs, le juge congolais ne répond pas favorablement. Le juge devrait au minimum se limiter, comme font les juges dans plusieurs pays, à établir des règles minimales que l'Etat devait prendre allant dans le sens de l'effectivité et de l'application des DESC par l'Etat.

Le juge reste retissant quant au sort à donner aux recours judicaires relatifs aux règles des droits de l'homme en général et celles des droits économiques, sociaux et culturels en particulier.

Les défenseurs des droits de l'homme et les justiciables constituent aussi un frein à la justiciabilité des DESC. Pour les défenseurs des droits de l'homme, ils ses limitent à défendre plus les droits d'ordre politiques. Soit ils méconnaissent les DESC, soit ils sont encore inscrits dans la différenciation d'ordre idéologique des années soixante entre le bloc socialiste_ (qui soutenait les DESC) et le bloc occidental_ (qui était pour les droits civils et politiques). Ce raisonnement peut paraitre vrai car la plupart des défenseurs des droits de l'homme sont de la deuxième école.

Les justiciables sont aussi responsables car ils ne prennent pas souvent le courage d'introduire des recours lorsque c'est les DESC qui sont violés. Ceci est la conséquence de leur manque d'information. Un droit dont on ne réclame pas exécution ou application par les organes habilités risque de paraître inexistant.

A la question de savoir quelles sont les voies de sortie face à ces différentes contraintes, la réponse pourrait varier selon qu'on est juge, justiciable ou défenseur des DH.

Pour le juge, les textes juridiques existent bel et bien. Le problème ici est leur application. Il n'est donc pas question de voter une loi spéciale. Il faut plutôt la formation spécifique et la prise de conscience. Même si l'on parle de la formation, il est une présomption que tout juge congolais est censé connaitre l'arsenal juridique du pays. Cela étant, il ne peut prétendre méconnaitre l'existence des DESC ni leur caractère obligatoire qui est certes encours d'évolution mais qui a déjà des fondements solides. Cette formation approfondie, à l'instar de celles organisées dans les cadres des droits civils et politiques, permettrait au juge congolais de se ressaisir et de ne pas rejeter catégoriquement les réclamations introduites par les citoyens dans le cadre des DESC mais plutôt de les examiner cas par cas, d'en définir la portée et enfin donner sa position en tenant compte de chaque droit économique et social et de sa spécificité.

Pour les défenseurs des droits de l'homme, ils doivent introduire dans leur champ d'application et dans leurs revendications les DESC et les donner la même considération comme ils font pour les droits civils et politiques.

Pour les justiciables, ils doivent savoir que les DESC font partie des droits justiciables. Et cela doit se faire par les sensibilisations de masse par les défenseurs des droits de l'homme. Les pouvoirs publics ont déjà montré leur limite. Il serait aberrant de s'attendre à leur aide pour la vulgarisation des DESC. Mais le disfonctionnement de la justice en RDC laisse les justiciables perplexes. Ces derniers n'ont quasiment aucune confiance à la justice.

La non application des textes juridiques en République démocratique du Congo est une question très complexe.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote