UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF
YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES
DU
CAMEROUN
859, Rue de Kribi/7001
Yaoundé 3
B.P. :
1637 Yaoundé
Tél: 222 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
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INTERNATIONAL RELATIONS
INSTITUTE OF
CAMEROON
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Master en Relations Internationales
Filière : Coopération internationale,
Action Humanitaire et Développement Durable Option : Coopération
au Développement et Action Humanitaire
DYNAMIQUE MIGRATOIRE ET PROCESSUS D'ACQUISITION DES
TERRES POUR L'INSTALLATION DES REFUGIES :
CAS DU CAMP DE GADO-BADZERE A L'EST DU
CAMEROUN
PROJET WORK
PROJET D'APPUI POUR LA SCOLARISATION DES ENFANTS DES
ZONES À
FORTS DÉFIS
Rédigé et soutenu Par
:
JUNIOR CHATELAIN AVORE SIMBE
Sous la Supervision de :
Pr. ABDOUL AZIZ YAOUBA Maitre de
conférences
Sous la Direction de :
Dr. OUSMANOU NWATCHOCK A BIREMA Maitre-Assistant
en sciences politiques
JANVIER 2023
i
SOMMAIRE
SOMMAIRE i
DEDICACE ii
REMERCIEMENT iii
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS vi
RESUME vii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : CADRE D'APPREHENSION DES
DYNAMIQUES MIGRATOIRES ET LES LOGIQUES D'INSTALLATION DES REFUGIES
CENTRAFRICAINS A GADO-BADZERE
19
CHAPITRE 1 : LES MOBILES D'INSTALLATION DES REFUGIES
CENTRAFRIACAINS A
GADO-BADZERE. 20
SECTION 1 : FACTEURS DE DÉPART DU PAYS D'ORIGINE
ET RAISONS DU CHOIX DE
LA DESTINATION DE GADO-BADZÉRÉ 20
SECTION 2 : L'INSTALLATION DES REFUGIES A GADO-BADZERE 25
CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES MIGRATOIRE DE LA
PRÉSENCE DES RÉFUGIÉS A
GADO-BADZERE ET L'ACCÈS AUX TERRES 36
SECTION 1: LES CHANGEMENTS DUS A LA PRESENCE DES
REFUGIES DANS LA
LOCALITE DE GADO 36
SECTION 2 : LA GOUVERNANCE DE L'ACCÈS AUX TERRES
AU CAMEROUN FACE
AUX DROITS DES REFUGIÉS 41
DEUXIEME PARTIE : PRATIQUES DE L'ATTRIBUTION ET
DE LA SÉLECTION DES SITES
DE RÉFUGIÉS SUR LE TERRAIN 48
CHAPITRE III : LES MECANISME DE SÉLECTION ET
D'ACQUISITION DES TERRES
POUR INSTALLER ET ABRITER LES RÉFUGIÉS 49
SECTION 1: PROCESSUS DE SÉLECTION DES SITES POUR
L'INSTALLATION DES
REFUGIÉS 49
SECTION 2 : LES CRITERES DE SELECTION D'UN SITE DEVANT ABRITER UN
CAMP DE REFUGIES ET L'IMPLICATION DES COMMUNAUTES HOTE DANS LE PROCESSUS
D'ATTRIBUTION DES TERRES 56
CHAPITRE IV : DIFFERENTS MODES D'ACQUISITION DES TERRES
PAR LES RÉFUGIÉS
AU DE-LÀ DES CAMPS ET RECOMMANDATIONS 66
SECTION 1: LES DIFFÉRENTS MODES D'ACCÈS
AUX TERRES PAR LES RÉFUGIÉS AU
DE-LÀ DES CAMPS ET QUELQUES IMPACTS LIÉS À
LEURS INSTALLATION 66
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN COMPTE DU
DROIT FONCIER
DES REFUGIES ET DES COMMUNAUTES D'ACCUEIL 82
CONCLUSION GENERALE 88
BIBLIOGRAPHIE 91
TABLE DE MATIERE 97
ANNEXES 100
ii
DEDICACE
A
Mon père AVORE SIMBE
A
Ma Mère
ASSALA ARIANE JOSEE
Pour l'éducation et l'orientation données.
Ils m'ont fortement inspiré dans mes études. Veillez
trouver,
cher père, chère mère, dans ce modeste travail, le fruit
de tant de dévouement et de
sacrifices ainsi que l'expression de ma
gratitude et de mon profond amour.
iii
REMERCIEMENT
Ce mémoire est l'aboutissement de la conjugaison de
multiples contributions dont nous ne saurions oublier l'intérêt et
la portée. Ainsi, J'exprime ma profonde gratitude à mon
superviseur Monsieur le Professeur Pr. ABDOUL AZIZ YAOUBA pour avoir
supervisé ce travail. Ma reconnaissance va à l'endroit de mon
encadreur le docteur OUSMANOU NWATCHOCK A BIREMA pour l'accompagnement, la
disponibilité et les conseils. Mes remerciements vont également
à l'endroit de monsieur le Directeur de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun (IRIC) et les responsables de l'Université
de Padoue en Italie pour cette idée merveilleuse de partenariat avec
l'IRIC.
Je remercie mes parents, ma tante NITCHEU JOSIANE, ma soeur
BABOGA AVORE et mon frère NGUILE qui m'ont soutenue moralement et
financièrement tout au long de la rédaction de ce travail de
recherche.
J'adresse ma profonde reconnaissance au docteure NYA ESTHER de
l'université de Maroua et au Professeure MEDIEBOU CHINDJI maitre de
conférence à l'université de Yaoundé 1 pour leurs
encouragements et conseils tout au long de mes études universitaires.
Je ne peux clore cette liste sans citer mes amis, devenus des
frères et qui m'ont encouragée au travers des messages et
même des paroles, je pense ici à ETOUNDI DEBORAH, MAGTEGUE INNOUA,
KOFANE ARNAUD, ANNON PIERRE, ASSOLA ALPHONSE D., TOKSIA FISTON. Sans oublier
tous mes camarades de promotions et à tous ceux que j'ai oublié
de remercier dans la course épuisante pour terminer ce document, qu'ils
nous pardonnent cette omission et trouvent ici également l'expression de
ma profonde reconnaissance.
iv
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
BM : Banque Mondiale
CADHP : Commission Africaine de Droits de
l'Homme et des Peuples
CESR : Commission d'Eligibilité au
Statut de Réfugié
CLIP : Consentement Libre, Informé et
Préalable
CNDHL : Commission Nationale des Droits de
l'Homme et des Liberté
DI : Droit International
DSCE : Document stratégique pour la
croissance et l'emploi
DUDH : La Déclaration universelle des
droits de l'homme
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
HCR : Haut-commissariat des
refugiés
IRIC : Institut des Relations Internationales
du Cameroun
IRRI : International Refugee Rights
Initiative
LWF : Luthran World
Fédération
MINDCAF : Ministère des Domaines, du
Cadastre et des Affaires Foncières
MINEP : Ministère de l'Environnement,
de la Protection de la nature
MINEPDED : Ministère de
l'Environnement, de la Protection de la nature et du
Développement durable
MINREX : ministère des Relations
extérieures
MINUSCA : Mission Intégrée des
Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique
MISCA : la mission internationale de soutien
à la Centrafrique
NRC : Norvegian Refugee Council
NU : Nations unies
ONG : Organisation Non Gouvernementale
v
OSC : Organisation de la
Société Civile
OUA : Organisation de l'unité
africaine
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PUI : Première Urgence
Internationale
RCA : République centre africaine
SI : Solidarités International
UNHCR : Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés.
vi
LISTE DES ILLUSTRATIONS
FIGURE
Figure 1 : Différents mécanismes d'accès
à la terre par les réfugiés observés dans le site
de
l'étude 77
PHOTOS
Photo 1: Identification et Enregistrement des Refugiés
31
Photo 2: Vue du Camp de Gado-Badzéré 51
ENCADRE
Encadré 1 : Les valeurs de la jachère 53
TABLEAU
Tableau 1 : facteurs importants pour la sélection d'un
site 58
vii
RESUME
Une série de crise en République centrafricaine
a entrainé des mouvements à grande échelle de personne et
de biens à l'intérieur et à l'extérieure du pays.
Au Cameroun, environ 30.000 réfugiés sont actuellement
installés dans les régions de l'Est. La présence de ces
réfugiés soulève le problème d'accès aux
terres pour la construction des abris et les pratiques agricoles indispensables
pour leur survie. Dans cette optique, comment les mouvements migratoires
favorisent-ils l'acquisition de terres pour l'installation de sites de
réfugiés ? Ce travail tente d'y répondre en partant de
l'hypothèse selon laquelle les mouvements migratoires favorisent la
création de nouveaux camps de réfugiés suivant un
processus assez strict de sélection des sites devant abriter les
réfugiés. L'objectif de cette étude vise à montrer
comment les mouvements migratoires sont facteur de création des sites
devant abriter les refugies. La théorie de l'institutionnalisme qui est
l'une des théories phare de notre travail met en évidence la
participation des institutions internationales et nationales au bon
fonctionnement du système internationale. Le comportement de chaque
acteur du système international est d'avantage influencé par des
conditions structurelles.
Le choix de la méthode
hypothético-déductive comme trame méthodologique de notre
étude nous a permis d'expliquer notre sujet, en passant par des
hypothèses sur le phénomène de dynamique migratoire et les
mécanismes de création des sites. Des entretiens ainsi que des
recherches documentaires nous ont servi dans le cadre de cette étude. Le
but était de nous permettre de récolter des informations et des
réflexions très détaillées et nuancées. Les
résultats de cette recherche peuvent être vus à deux
niveaux. Le premier est celui du cadre d'appréhension des mouvements
migratoires et des normes internationales et nationales dans l'encadrement des
réfugiés dès leur arrivée dans la localité
de Gado-Badzéré, et en complément de la
réglementation foncière édictée par l'Etat du
Cameroun. Le second est celui des mécanismes d'accès et de
sélection des terres pour l'installation des réfugiés.
Mots clés : mouvement
migratoire, réfugié, acquisition foncière, implantations,
camps de réfugiés, Gado-Badzéré.
viii
ABSTRACT
The successive crises in the Central African Republic have
resulted in the massive displacement of people and goods inside and outside the
country. In Cameroon, approximately 30,000 refugees are currently settled in
the East regions. The presence of these refugees raises the problem of access
to land for the construction of shelters and the agricultural practices
essential for their survival. In this perspective, how do migratory movements
promote the acquisition of land for the establishment of refugee sites ? This
work tries to answer it starting from the hypothesis according to which the
migratory movements favor the creation of new refugee camps following a rather
strict process of selection of the sites having to shelter the refugees. The
objective of this study is to show how migratory movements are a factor in the
creation of sites to shelter refugees. The theory of institutionalism, which is
one of the key theories of our work, highlights the participation of
international and national institutions in the proper functioning of the
international system. The behavior of each actor in the international system is
more influenced by structural conditions.
The choice of the hypothetico-deductive method as the
methodological frame of our study allowed us to explain our subject, through
hypotheses on the phenomenon of migratory dynamics and the mechanisms of
creation of the sites. Interviews and documentary research were used in this
study. The goal is to allow us to collect very detailed and nuanced information
and reflections. The results of this research can be seen at two levels. The
first is that of the framework for apprehending migratory movements and
international and national standards in the supervision of refugees upon their
arrival in the locality of Gado-Badzéré, and in addition to the
land regulations enacted by the State of Cameroon. The second is that of the
mechanisms of access and selection of land for the settlement of refugees.
Keywords: migratory movement, refugee,
land acquisition, settlements, refugee camps, Gado-Badzéré.
1
INTRODUCTION GENERALE
Les crises récentes en République centrafricaine
ont provoqué un flux migratoire des personnes de leurs lieux d'origines
vers les territoires d'accueils. Les affrontements armés entre Seleka et
Anti Balaka sonnent le glas d'une expérience très douloureuse,
qui est marquées par la recherche d'un ailleurs incertain. La question
des réfugiés, constitue une préoccupation importante dans
la mesure où ils trouvent la solution à leurs problèmes
dans la fuite. Ils réduisent cependant leur marge de manoeuvre. La
rupture forcée d'avec le pays de départ crée une cassure
dans le fonctionnement de la société selon Lassailly
Jacob1 ce qui le soumet à une situation très
vulnérable. L'octroi des terres est nécessaire à
l'aménagement et à la création des camps de
réfugiés à proximité des villages. Ce qui rend
compte des flux et des effets de la fuite.
La Déclaration universelle des droits de l'homme
DUDH2, dans son article 14, stipule que « face à la
persécution, toute personne a le droit de demander l'asile et de
bénéficier de la protection d'autres pays. Cela signifie que les
territoires d'accueil sont une extension de ce que prône la
DUDH3 , les Conventions de Genèvei et le protocole
de l'Organisation de l'unité africaine de 1967, prévus pour
protéger les réfugiés. Il est plus intéressant de
voir comment ces lois et protocoles sont mis en oeuvre par l'Etat du Cameroun,
sur la base de leur expérience avec les réfugiés
présents sur son territoire. Bakewell4 soutient que les
expériences, les circonstances et les perspectives qu'offrent ces
migrants contribuent à élargir la compréhension du
régime qui les protège en tant que victimes. Le
déplacement de ces migrants s'accompagne de préjugés
moraux, de stigmates qui affectent leur bien-être psychologique en voyant
de nouvelles réalités. Pour Van Damme5 en Afrique, les
réfugiés sont considérés comme des victimes de
l'incarcération dans des camps et qui dépendent de l'aide
étrangère. Après de nombreuses crises observées, un
grand nombre de réfugiés centrafricains ont demandé
l'asile au Cameroun. En quête de survie, les réfugiés en
fuite recherchent des pays où règnent la paix et la
sécurité. Il
1 Lassailly-Jacob, « Migrants malgré eux: une
proposition de typologie. » In Déplacés et
réfugiés. La mobilité sous contrainte, sous la direction
de V. Lassailly-Jacob, J.-Y. Marchal, et A. Quesnel, Paris: Éditions de
l'IRD, Collections Colloques et Séminaires, 1999 Pp.27-47
2 Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme (DUDH). Assemblée Générale des Nations Unies du 10
décembre 1948. Paris: Résolution 217, 1948
3 Idem.
4 Bakewell, O. « Research Beyond the
Categories: The Importance of Policy Irrelevant Research into Forced Migration.
» Journal of Refugee Studies 21, 2008, Pp. 432-453
5 Van Damme, W. « How Liberian and Sierra
Leonean Refugees Settled in the Forest Region of Guinea (19901996). »
Journal of Refugee Studies 12, 1999, Pp. 36-53
2
est important de noter que le Cameroun n'est pas à sa
première expérience en termes d'accueil de réfugiés
des pays voisins.
La République centrafricaine est un pays pauvre dont le
développement récent l'a transformé en un État
milicien avec 14 groupes rebelles circulant sur son territoire et ses zones
frontalières. Son instabilité politique ne favorise pas le retour
éventuel des réfugiés centrafricains en exil dans les
États voisins. La présence continue de groupes rebelles en
République centrafricaine favorise l'arrivée de nouveaux
réfugiés sur le sol camerounais. Les dynamiques migratoires
génèrent d'innombrables réfugiés et constituent une
grande préoccupation pour le gouvernement du Cameroun
Les réfugiés de la République
centrafricaine sont les bienvenus dans la région orientale du Cameroun.
Les camps de Gado-Badzéré (Région de l'Est) sont l'un de
nos principaux points d'appui dans cette analyse, chacun présentant des
caractéristiques intéressantes et fournissant une grille
d'analyse efficace. Elles sont tantôt surpeuplées, tantôt
désertes, et continuent d'accueillir des réfugiés
exilés, qu'il est difficile de catégoriser juridiquement, tant
les revendications qu'ils formulent que les comportements qu'ils expriment et
révisent périodiquement leurs dossiers. La question de l'accueil
des réfugiés et de l'établissement de camps d'accueil des
réfugiés est le principal sujet de préoccupation. Comme le
soulignait Alagbe Freedy, faut-il isoler les gens pour mieux les accompagner ?
Le modèle d'admission des réfugiés, tel qu'il est mis en
oeuvre au Cameroun, résiste-t-il vraiment à l'épreuve de
la cause humanitaire6 ? Selon Clochard, si les camps se veulent des
« lieux temporaires »7, des solutions provisoires pour ne
pas troubler l'ordre public, ils présentent aussi des complexités
liées notamment au changement identitaire et incontrôlé,
à la propagation des gangs et à l'augmentation des trafics
transfrontaliers, la criminalité.
Dans le contexte du Cameroun et des complexités
évoquées ci-dessus, il est très difficile de
contrôler et suivre les réfugiés. Alors que l'étude
de Minfegue classe les réfugiés comme pauvres et diminués,
les habitants les comparent à des personnes indisciplinées,
facteur d'insécurité et de désordre. Ils sont
stigmatisés et considérés comme des opportunistes dans
leur quête de survie. Beaucoup de ces considérations rendent la
tâche du gouvernement camerounais plus difficile, car ils craignent que
les guerriers de la Séléka ne viennent sur leurs
6 Alagbe Freedy, M. Les camps dans les crises humanitaires :
l'envers du décor. Paris : IRIS., 2016.
7 Clochard, O., Y. Gastaut, et R. Schor. « Les
camps d'étrangers depuis 1938 : continuités et adaptations. Du
modèle français à la construction de l'espace Schengen.
» Revue Européenne des Migrations Internationales, 2004 Pp.
57-87.
3
terres. Les victimes conservent leur statut parce qu'elles
sont contraintes ou obligées d'adapter leur profil à la situation
humanitaire8.
I. CONSIDERATIONS THEORIQUES SUR L'OBJET D'ETUDE
Il est question ici de présenter la délimitation
conceptuelle et spatiotemporelle de notre étude (A), et
d'élaborer la problématique de notre recherche
(B).
A. Délimitation conceptuelle et spatiotemporelle du
sujet
Tout travail scientifique doit pouvoir s'appuyer sur un
certain nombre de concepts qui éclairent la problématique
étudiée, la démarche suivie et les résultats
obtenus.9Aussi, parlant de la délimitation spatiotemporelle,
elle est tout aussi importante que la précédente pour un travail
de recherche scientifique. Nous allons donc dans cette partie du travail,
clarifier nos différents concepts (1) et par la suite,
délimiter notre étude sur les plans spatio-temporels
(2).
1. Clarification conceptuelle
On ne saurait aborder une recherche sur un ensemble de
concepts dont on ne perçoit pas véritablement le sens. Ainsi, la
clarification conceptuelle permet de partir sur des bases certaines dans la
réflexion ; s'étant assuré de la maitrise des concepts
faisant l'objet de l'étude.
A la question de savoir ce que c'est qu'un concept, Madeleine
GRAWITZ estime que ce n'est pas le phénomène lui-même,
c'est une abstraction, une pensée, un moyen de connaissance. L'auteur
révèle un double aspect du concept qui représente une
activité pratique sensible, le constat avec le monde sous la forme des
êtres singuliers : tel objet, tel animal et de proche en proche, il
s'élève en écartant les aspects particuliers, contingents
de ce contenu, pour atteindre par abstraction l'universel.10 Trois
concepts seront au coeur de notre réflexion à savoir :
Acquisition des terres, La Protection des réfugiés, La
gouvernance foncière.
a. Le concept de l'acquisition des terres
L'acquisition, c'est ce qui permet d'accéder à
un lieu, une situation etc. L'accès à la terre est donc la
possibilité voire la facilité de disposer et de jouir d'une terre
de la manière la
8 Minfegue, C. « S'engager quand on est
réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). »
Carnets de géographes, 2019.
9Guide de rédaction et d'évaluation
d'un mémoire en vue de l'obtention du diplôme de professeur des
lycées d'enseignement Secondaire Général de
deuxième grade, p.7.
10 Grawitz Madeleine, méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 11 éditions, 2001, P. 18.
4
plus absolue. Selon khalil BARA. La notion « Terre »
est donc restrictive car elle se limite à un élément du
substrat abiotique en l'occurrence l'aspect sol tandis que le «
Foncier c'est à la fois la terre et les ressources naturelles qui en
découlent. C'est également l'ensemble des relations entre les
individus ou les groupes pour l'appropriation et l'utilisation de ces
ressources »11.
L'acquisition d'une terre excède donc les droits
fonciers au sens juridique du terme. Les droits fonciers déterminent
bien l'accès, en vertu non seulement des droits de
propriété totale, mais également d'une série de
titre beaucoup plus large (notamment en matière de jouissance). Mais
l'acquisition des terres est également déterminée par des
relations sociales, notamment le contrôle sur les marchés, le
capital et la technologie ; par les relations de pouvoir, d'autorité et
d'identité sociale ; et par les relations de réciprocité,
de liens de parenté et d'amitié. Ces facteurs peuvent creuser un
fossé entre le droit légal de jouissance foncière et la
possibilité de se prévaloir de ce droit en pratique.
Dans le cadre de la présente étude, nous allons
employer le concept foncier qui est beaucoup plus large. Toutefois, nous
emploierons à certains moments le concept terre, mais dans une vision
large. Le processus d'acquisition des terres par les réfugiés
dans cette étude, n'est pas un droit, ni une obligation des états
qui les accueillent. Il s'agit d'un accès temporaire qui a pour but de
garantir le besoin (alimentaire) et l'autonomisation socioéconomique de
cette population forcée au déplacement jusqu'au retour dans leur
pays d'origine.
b. Le concept de la protection des
refugiés
Etymologiquement, le terme "réfugié" vient du
verbe latin "refuge", qui signifie "prendre un réfugié". Ce verbe
vient de fugere, qui signifie fuir. De ce point de vue, un
réfugié est quelqu'un qui trouve un abri quelque part pour
échapper à des menaces et dangers réels ou virtuels. Les
réfugiés eux-mêmes sont ici compris comme un asile,
où nous nous retirons et renouons avec nous-mêmes pour assurer la
sécurité.
En vertu de la résolution 428 (v) de l'Assemblée
générale des Nations Unies du 14 décembre 1950, le HCR a
été mandaté par les Nations Unies (NU) pour assurer la
protection des réfugiés, en particulier pour rechercher des
solutions durables aux problèmes des réfugiés. Cependant,
la définition de la protection des réfugiés
perpétue la tension entre la doctrine et le
11 Bara Boukaré Khalil, problématique
foncière et décentralisation : l'accès à la
terre en zones urbaines et rurales, sous la direction de M. BENON T.
Pascal, Mémoire ENAM, section Administration Générale,
1995, p.5
5
groupe de chercheurs, plutôt que de trouver une symbiose
parfaite entre l'Agence internationale de protection des réfugiés
et une organisation dédiée à sa raison d'être. Dans
le cas du HCR, la « protection internationale des réfugiés
comprend toutes les activités qui contribuent à la garantie des
droits des réfugiés ». Cela peut inclure des mesures de
soutien. Ces droits forment la base de la définition de la «
protection des réfugiés ». Il consiste à garantir des
droits. Ces droits se retrouvent dans le droit international et se composent de
trois volets liés à la protection des personnes.
Alors que la définition du HCR de la protection des
réfugiés reste large et imprécise, il est
profondément engagé à mobiliser des actions pour
promouvoir la protection ci-dessus. En fait, le HCR s'est engagé
à promouvoir l'adhésion à la Convention de 1951 relative
au statut de réfugié et à son Protocole de 1967, à
la Convention de 1954 relative au statut d'apatridie et à la Convention
de 1961. Dans le même domaine d'investissement, nous adopterons ou
modifierons les lois nationales sur les réfugiés, y compris les
directives administratives et les directives opérationnelles, pour
soutenir les procédures nationales de détermination du statut de
réfugié, les contacts avec les organisations gouvernementales et
non gouvernementales et les personnes concernées. Les Organisations de
défense des droits, enquête et conseils sur les nouvelles lois et
réglementations affectant les personnes concernées, les
facultés de droit, les agences gouvernementales (y compris la police et
l'armée) et d'autres organisations proposant des cours sur le droit des
réfugiés, le soutien aux droits de l'homme, les groupes de
défense des droits des réfugiés, les agences d'aide
juridique, et les organisations non gouvernementales intéressées
par la protection des réfugiés.
Selon l'agence du HCR, comprise et mandatée par les
Nations Unies, la protection repose sur trois piliers de la
sécurité.
· Sécurité physique : protection contre la
violence physique.
· Sécurité juridique : accès à
la justice, statut juridique, documents le prouvant et respect des droits de
propriété.
· Sécurité importante : Accès aux
biens et services de base.
Gardant à l'esprit l'inséparabilité, la
complémentarité et la substance de ces trois piliers de la
protection, rappelons que la jouissance de la sécurité physique
n'est que le résultat d'une sécurité juridique et physique
pertinente et effective. De même, la sécurité
matérielle n'a de sens que si elle est garantie par une bonne
sécurité juridique.
6
Le sens de ces différents sens démontre la
complexité des termes qui ne peut être arrêtée sans
l'impact sur l'opérationnalisation de la protection des
réfugiés mentionnée. C'est Michel Aguié qui
révèle le concept de protection des réfugiés d'un
point de vue socio-anthropologique, et à notre avis il décrit
brièvement et pratiquement l'étendue des champs d'action
humanitaire dans la responsabilité de protéger. Ce dernier
considère que la protection est la prise en charge politique, physique
des migrants forcés12. En outre, la protection peut
être entendue dans le cadre du droit international des
réfugiés, comme l'assistance juridique, physique et
matérielle dont bénéficie, en vertu de la convention de
Genève de 1951 et des textes régionaux et nationaux connexes,
toute personne persécutée ou en déplacement forcé
dans une zone transfrontalière, sous la juridiction d'un État
tiers accueillant.
Dans le cadre de notre travail, il est question d'interroger,
au-delà de ces aspects juridiques, physiques et matériels, les
moyens institutionnels qui encadrent la prise en charge des
réfugiés dans un État d'accueil d'Afrique Centrale.
c. Mouvement migratoire
Ce sont des déplacements justifiés par des
motifs contraignants : répression ethnique et religieuse, régimes
politiques injustes, guerre civile. 50% d'entre eux s'intéressent
à l'Afrique subsaharienne. Depuis plus de 100 ans, une partie des
dynamiques migratoires peut être assimilé à une migration
forcée. Selon Bouvet, la migration est le déplacement de
personnes d'un territoire ou d'une communauté à une autre avec
l'intention d'y rester un certain temps pour accomplir une
tâche.13
Selon le rapport des Nations Unies sur les migrations
internationales de 2005, la migration humaine est le déplacement des
lieux de résidence des individus. C'était un
phénomène peut-être aussi ancien que l'humanité. Les
statistiques officielles estiment entre 185 et 192 millions de migrants
internationaux dans les années 2000 pour ceux qui ont quitté leur
pays d'origine pour vivre et s'installer dans un autre pays pendant au moins un
an. Ce nombre augmente de 2% par an, malgré les restrictions à
l'immigration qui ont été décrétées dans de
nombreux pays. Il mesure un stock et inclut la migration volontaire et
forcée. La migration interne est également en augmentation, mais
on parle souvent de déplacement de population (également
volontaire ou forcé).
12Agier Michel, gérer les
indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement
humanitaire, Paris, Flammarion, 2008, 350 pages.
13 Bouvet C. et al. Géographie 2nd
Edition Hachette Education, Paris, 1993, P.495
7
Les statistiques montrent que les récentes vagues
migratoires très importantes se sont atténuées,
conformément à la tendance à l'immigration
sélective, qui a malheureusement facilité l'épuisement des
cerveaux et des compétences des pays pauvres, et au détriment des
pays plus récents. Le phénomène migratoire actuel se
caractérise par la diversification des pays d'origine et de destination,
ainsi que des formes de migration. On estime que le montant d'argent
injecté dans les pays d'origine depuis les pays d'accueil devrait
être au moins égal, sinon très supérieur, au montant
des aides financières que reçoivent les pays dits "riches", aux
pays les plus pauvres. Les démographes estiment que la migration sera
une variable d'ajustement importante d'ici 2050, lorsque 2 ou 3 milliards
d'individus supplémentaires sont attendus sur la planète,
à mesure que les effets du changement climatique et les
insécurités se font sentir.
Selon George et Verger, la migration est un ensemble de
mouvements qui ont pour effet de transférer la résidence de
personnes apparentées d'un certain lieu d'origine ou de départ
vers un certain lieu de destination ou de destination14. Levy
souligne que « l'usage des termes scientifiques doit
précéder une connotation restreinte liant nécessairement
les paramètres clés suivants : un mouvement doit être
marqué par le passage d'une règle d'échelle spatiale, les
acteurs du secteur migratoire sont les migrants et tous ceux qui assurent la
capacité à migrer (passeurs, transporteurs, hôtes,
employeurs), où et où résidence ainsi que la vie
quotidienne des migrants ».15
Dans ce travail, le mouvement est un ensemble de mouvements
Forcée des réfugiés centrafricains vers la zone de
Gado-Badzéré.
d. Zone d'accueil
Le concept de zone d'accueil est souvent utilisé par
les médias et les professionnels de l'action humanitaire. Cependant,
très peu de travaux s'attachent à définir ce concept,
préférant utiliser les termes camp de réfugiés,
réfugié urbain, etc. Indiquer les différents lieux
d'installation des réfugiés dans les pays d'accueil. Cependant,
dans la zone d'accueil, les réfugiés peuvent être
traités de plusieurs façons. C'est ainsi que nous aurons dans une
même zone, camp de réfugiés, réfugié urbain
ou rural. Définir la notion d'espace d'accueil est indispensable pour
mieux circonscrire la portée de ce travail. Il est utilisé ici
pour désigner des localités géographiques et
administratives et pas seulement des lieux d'installation de
réfugiés.
14 George et Verger, dictionnaire de la géographie,
collection Quadrig, 2013, P.478
15 Levy et Lussault M. dictionnaire de la
géographie et de l'espace, 2003, P.1024
8
La zone d'accueil ne se réfère pas au lieu
d'installation mais à la localité administrative de la
première installation du réfugié avec laquelle il a
traversé la frontière.
2. Délimitation du cadre
opératoire
Tout travail scientifique doit avoir des limites tout au moins
spatiale et temporelle, c'est dans cette optique que nous avons pris soin de
circonscrire notre travail de recherche dans l'espace et dans le temps.
a. Délimitation géographique
La région de l'Est est la plus vaste région du
Cameroun et représente 23,4% de la superficie nationale (109 011
km2). Répartie en 4 départements16dont 21
arrondissements et12 districts, son chef-lieu est Bertoua. Elle est
limitée au Nord par la région de l'Adamaoua, à l'Est par
la RCA, au Sud par la République du Congo et à l'Ouest par les
régions du Sud et du Centre Cameroun. Encore entendue sous l'appellation
« Région du soleil levant », la région de
l'Est est une aire écologique dominée par les grands arbres. On y
identifie près de 1500 essences végétales17
dont certaines sont entièrement ou partiellement
protégées, et plus de 500 espèces animales qui peuplent
surtout la réserve du Dja, déclarée patrimoine universel
de l'humanité. Le relief de la région est dominé par une
végétation de forêt dense et humide. Le climat est
essentiellement équatorial, de type guinéen,
caractérisé par quatre saisons. La température y est
élevée tout le long de l'année, avec un maximum de
30°c dont la moyenne oscille entre 23° et 25°. Les
précipitations quant à elles sont relativement abondantes avec
par exemple 1500 2000m/an pour la seule ville de Bertoua18.
La forêt équatoriale est par endroit
marquée par le passage des exploitants forestiers et celui des
populations rurales. Le sol de la région est de type ferralitique et se
prête aux cultures des régions chaudes et humides telles que les
tubercules, les arachides, le maïs, le sésame et plusieurs arbres
fruitiers (avocats, manguiers, orangers, etc.). Ici, on observe une faune
quantitativement et qualitativement riche qui regorge des pangolins, des
singes, des éléphants, des céphalophes, et de nombreuses
espèces protégées à l'instar des gorilles et des
chimpanzés19
b. Délimitation temporelle
16Il s'agit des départements du Haut Nyong, la
Kadey, le Lom et Djerem et la Boumba et Ngoko
17Parmi ces espèces, on distingue notamment le
Sapelli, l'Ayous, le Moabi, etc
18Rapport régional de progrès des
Objectifs du Millénaire pour le Développement de la Région
de l'Est
Cameroun, Op.cit.
19 DSCE, Gouvernement du Cameroun, 2010-2020
consulté sur
www.paris21.org/cameroon/
le 24 juillet 2022.
9
La période choisie pour mener cette étude va de
2013 à 2021. L'année 2013 correspond au déclenchement du
conflit politique, ethnique et religieux en RCA et au déplacement massif
de la population fuyant le massacre perpétré par les groupes
rivaux. En outre, les observations s'accordent à reconnaitre que des
guerres civiles déclenchées en Centrafrique depuis son accession
à l'indépendance, le conflit de 2013 est de loin le plus
meurtrier. L'année 2021 quant-à elle marque le début de
nos recherches.
3. Intérêt du sujet
Le présent travail met en relief les
d'intérêt suivants : un intérêt scientifique et
académique (a) et un intérêt personnel et
professionnel(b).
a. Intérêt scientifique et
académique
Au plan scientifique et académique, cette étude
cadre avec les 3 missions poursuivies par l'université d'Etat au
Cameroun : l'enseignement, la promotion de la recherche et l'appui au
développement. A travers ce mémoire, nous accomplissons la
deuxième mission qui consiste à valoriser la recherche afin de
contribuer au développement de la science. Cette étude vise
à mettre à la disposition des chercheurs et des décideurs
une base de données fiable et utile pour les recherches futures.
Ce travail s'inscrit dans la continuité des travaux
menés à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun sur
des problématiques similaires à celle de la Gouvernance
foncière et des politiques foncières en rapport avec la
problématique de l'installation des réfugiés dans les
zones d'accueils.
b. Intérêt personnel et
professionnel
Cette recherche, au plan personnel, va permettre au chercheur
que nous sommes, d'acquérir des connaissances approfondies sur la
protection des réfugiés et gouvernance foncière et en
particulier les processus d'acquisition des terres pour installer les
réfugiés. A terme, l'étude favorise une meilleure
connaissance du paradigme de la protection internationale des
réfugiés à l'aune du droit d'asile, et une initiation
à la géographie des conflits en Afrique centrale. De même,
elle contribue au renforcement des capacités des acteurs humanitaires en
faveur de la promotion/protection des droits des réfugiés, des
droits de l'Homme, de la dignité humaine, pour une paix sociale durable
entre les peuples d'Afrique Centrale.
Au départ, c'était une curiosité. Avec le
temps, l'actualité sur cette thématique, les difficultés
quotidiennes rencontrées par les réfugiés dans le
processus d'accès aux terres pour
10
son installation, m'ont poussé à analyser
profondément le problème. L'objectif visé est la
qualification en vue d'une insertion dans la vie professionnelle.
Fort de ces aspects saillants qui restituent l'objet de notre
recherche, il devient impératif d'exposer la démarche nous ayant
permis, à partir d'un cadre théorique et des travaux empiriques,
de bâtir le substrat de notre recherche.
4. Objectifs de l'étude
Il s'agit ici de préciser la raison pour laquelle nous
effectuons cette recherche.
a. Objectif principal
· Cette étude vise à montrer comment les
mouvements migratoires sont facteur de création des sites devant abriter
les refugies.
b. Objectifs spécifiques Plus
spécifiquement
· Présenter le cadre d'appréhension des
dynamiques migratoires et les logiques d'installation des
réfugiés à Gado-Badzéré.
· Montrer les pratiques de l'attribution et le choix des
lieux devant servir de camps de réfugiés sur le terrain et le
processus d'acquisition de terres par les réfugiés au-delà
du camp de réfugiés.
· Proposer des mesures que doivent prendre l'Etat et HCR
pour que les réfugiés, tout comme les communautés
hôtes jouissent de leurs droits fonciers
B. Élaboration de la problématique
Dans ce volet qui constitue l'enjeu de notre étude,
nous allons présenter la revue de la littérature
(1), le cadre théorique de notre étude
(2), les questions de recherche (3) et la
construction des hypothèses de recherche (4).
1. La revue de la littérature
Olivier Laurence et al, définissent la revue de
littérature comme ce phénomène consistant notamment
à "identifier les acteurs, les travaux, les articles scientifiques qui
ont façonné la connaissance d'une certaine discipline dans un
domaine plus précisément20. De nombreuses
études ont porté sur l'arrivée et la présence des
réfugiés dans les pays d'accueil. Les travaux analysés
dans le cadre de cette étude portent sur l'acquisition de terres pour
l'installation des réfugiés et l'acquisition de terres en dehors
des camps des réfugiés eux-mêmes. Ainsi, dans le
20Olivier Laurence et al, l'élaboration d'une
problématique de recherché, Paris, Le Harmattan, 2005, P.24
11
but de contribuer davantage à l'avancement de la
science, les ouvrages référencés seront classés en
deux catégories : l'accueil et les besoins urgents des
réfugiés dans le monde et en Afrique, le niveau de protection
accordé aux droits fonciers des réfugiés
eux-mêmes.
En effet, selon Cambrezy (2006), l'Ethiopie, le Kenya,
l'Ouganda et dans une moindre mesure le Congo et le Tchad, ont réussi,
avec l'aide de la communauté internationale, à prendre en charge
des centaines de milliers de réfugiés du Sud Soudan. Il prend
pour exemple l'Ouganda, qui comme la plupart des pays dans le monde, est
lié par la convention de Genève 1951.21 L'accord
stipule que les pays signataires doivent assurer la protection et l'assistance
des étrangers fuyant la guerre ou les persécutions et cherchant
refuge à l'étranger. Selon cette convention, est
considérée comme réfugiée « toute personne qui
a une crainte fondée d'être persécutée en raison de
sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à
un certain groupe social ou de ses opinions politiques, en dehors de son pays
dont elle est une nation et qui ne peuvent ou, à cause de cette peur, ne
veulent pas réclamer la protection du pays ». Il a poursuivi son
analyse en expliquant les difficultés de gestion de ces
réfugiés dans les pays d'accueil, en substance, il note que, dans
les pays les plus pauvres et en particulier en Afrique, il est rare que des
pays soient en mesure de supporter eux-mêmes le fardeau d'accueillir des
dizaines, voire des centaines de milliers de réfugiés.
Dans ces cas, les pays d'accueil feraient alors appel aux
Nations Unies par l'intermédiaire du Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (HCR), non seulement pour assurer et
contrôler la protection des réfugiés, mais aussi pour
mobiliser les ressources financières, humaines et logistiques
nécessaires au jour le jour. L'assistance actuelle de ces populations.
Généralement, au plus haut niveau du Pays, des conditions
d'admission spécifiques sont négociées avec le HCR. Dans
la plupart des cas, les réfugiés sont regroupés et
hébergés dans des camps et le HCR coordonne, sous contrat avec
des ONG locales ou internationales, diverses activités liées
à l'assistance à cette aide humanitaire (logistique, eau,
nourriture, santé, éducation...). La concentration des
réfugiés conduit alors à une concurrence accrue pour
l'accès et l'utilisation des ressources locales. Cela conduit à
la déforestation et à la dégradation de
l'environnement.
Pour résoudre ce problème, le HCR, comme toutes
les agences des Nations Unies, s'est engagé à intégrer
l'aspect environnemental dans ses activités statutaires d'assistance
aux
21 Cambrezy Luc, territoire et dimension géopolitique
de l'accueil des réfugiés : les colonies agricoles des
exilés du Soudan en Ouganda. Nature Sciences sociétés,
2006, p.365-375.
12
réfugiés. Pour ce qui est du degré de
protection réservé aux droits fonciers l'on note que « Le
but visé est de placer à nouveau les réfugiés dans
des conditions identiques ou équivalentes à celles d'avant les
événements dont ils ont été victimes
»22. En d'autres termes, dans ce cas, c'était une
situation où les réfugiés pouvaient définitivement
jouir de leurs droits fonciers. Il s'agit de rendre aux réfugiés
l'état des terres auxquelles ils avaient droit avant leur
évacuation. Un auteur souligne qu'à l'autre bout du spectre
concernant la garantie des droits fonciers des réfugiés : «
La protection et la défense des droits fonciers des
déplacés (...). La protection consiste à agir a priori
pour prévenir la violation des droits fonciers contre toute atteinte
provenant de tierces personnes. La défense, quant à elle,
consiste à réagir a posteriori contre les atteintes à ces
mêmes droits depuis leur survenance jusqu'à leur cessation
volontaire ou forcée »23.
En fait, l'enjeu principal de cette enquête est de
protéger les droits fonciers des réfugiés contre des tiers
qui pourraient enfreindre ces droits, en particulier les locaux. En effet,
à l'Extrême-Nord du Cameroun, « Les conflits fonciers sont
des oppositions ouvertes et parfois violentes qui ont pour cause un espace, une
parcelle de terre. Les espaces disputés sont destinés à
l'agriculture ou à l'élevage, à l'habitation ou
considérés par une communauté comme faisant partie de son
patrimoine historique. Les conflits surviennent lorsque les parties en
présence revendiquent la possession de la terre disputée
»24. Ainsi, la question de la nécessité de
renforcer la protection des droits fonciers des réfugiés dans
l'extrême nord du Cameroun semble être ancrée dans les
droits de propriété, facteur de conflit entre les peuples
autochtones et les réfugiés.
Au coeur de la problématique des conflits fonciers avec
les réfugiés de l'extrême nord du Cameroun se trouvent
clairement deux enjeux majeurs, notamment l'adéquation du cadre
juridique de la protection des réfugiés par rapport à la
réalité de l'intégration sociale des
réfugiés. Il y a aussi la question de la protection des droits de
propriété des réfugiés. Par conséquent,
notre étude montre comment les réfugiés sont accueillis et
protégés dans le pays d'accueil et le processus d'acquisition des
terres pour la construction de camps pour installer les
réfugiés.
22Odelag, « La protection et la défense
des droits fonciers des déplacés et réfugiés
», in Observatoire de l'Action Gouvernementale, 2006, p.7
23Idem.
24 OCHA «Conflits et mécanismes de
résolution de crises à l'Extrême-Nord du Cameroun »,
disponible sur
https://www.humanitarianresponse.info/ru/operation/cameroun/
, consulté le 17 Décembre 2021, p.22
13
2. Le cadre théorique de
l'étude
Le cadre théorique est la présentation d'un
cadre d'analyse et de généralisation des relations
théoriques déjà prouvées dans d'autres contextes
afin de les appliquer au problème. Il amène également une
justification scientifique aux recherches : il démontre que celles-ci ne
« sortent pas de nulle part » et qu'au contraire, elles
possèdent de solides fondations scientifiques. Pour répondre
à notre question de recherche, nous allons nous placer dans la
perspective de la théorie du transnationalisme et du
l'institutionnalisme.
Ø Le transnationalisme
Contrairement au réalisme, le transnationalisme rend
compte de la présence d'acteurs infra étatiques sur la
scène internationale et s'accompagne d'un processus de
déterritorialisation des relations internationales conforté par
la mondialisation. La prétention de l'État au monopole des
Relations internationales basées sur la maîtrise du territoire
géographique déterminé s'est vue avec l'action des
organisations internationales et les flux transnationaux reconnaitre à
d'autres acteurs la qualité d'acteur des relations
internationales25. De manière directe ou indirecte, les
réfugiés à travers les flux nationaux, subvertissent le
principe de souveraineté et affectent les zones d'accueil de diverses
manières.
Pour Luc Sindjoun lui par exemple, les
réfugiés, une fois dans les Etats d'accueil, mettent à
l'épreuve les capacités matérielles de l'Etat au point de
constituer un fardeau, un vecteur de transnationalisme des
conflits26 et marqueur de privatisation de la violence avec la
circulation d'armes légères. Le transnationalisme dans ce travail
permet de montrer que le processus d'acquisition des terres par les
réfugiés hors des camps et pour leur installation dans les camps
met la population locale en concurrence en matière d'accès aux
terres avec les réfugiés, dits « étrangers ».
Ø L'institutionnalisme
25 Sindjoun Luc, Sociologie des Relations
Internationales Africaines, Paris, Karthala, 2002, P.99
26Dans son étude sur la sociologie des
Relations Internationales africaines, Luc SINDJOUN souligne que les
réfugiés exportent l'insécurité dans la
région des lacs. Précisément en RDC, les
réfugiés Rwandais ont exporté leurs conflits ethniques
dans le camp. Les camps des réfugiés précisément
dans la région de Bukavu étaient des lieux de contrôle et
d'organisation pour la reconquête du pouvoir.
14
Depuis une quinzaine d'années, on assiste à un
regain d'intérêt pour les théories des institutions. Dans
le monde anglo-saxon notamment, la publication de plusieurs ouvrages soulignant
l'importance des institutions a contribué à susciter un
débat dans les revues scientifiques sur le rôle des institutions
dans la gestion des crises et la consolidation de la paix.
Ainsi, John Mearsheimer, dans son article intitulé
« La fausse promesse des institutions internationales » affirme que
les institutions internationales ne sont pas liées à la
stabilité politique et n'ont pas une grande influence sur les affaires
internationales de guerre et de paix. Il définit les institutions
comme«un ensemble de règles qui dictent la manière dont
les États doivent coopérer et se
concurrencer»27.Il se réfère aux
théories de l'institutionnalisme pour montrer son manque de confiance
dans l'efficacité des institutions internationales, en particulier
l'institutionnalisme libéral qui met l'accent sur la coopération
économique et environnementale comme moyen d'éviter la guerre,
puis, la sécurité collective se réfère à la
prévention de la guerre en refusant d'utiliser la force en
éteindre toute menace de guerre, en interdisant aux États d'agir
dans leur propre intérêt. Il a parlé de la théorie
critique selon laquelle une approche révolutionnaire et des efforts pour
changer la structure politique sont nécessaires pour rendre la
coopération inévitable et faciliter une paix durable.
3. Questions de recherche
La question des droits des refugié et de gouvernance
foncière dans la région de l'Est du Cameroun est une
préoccupation constante aux vues de l'évolution de la crise
sécuritaire en RCA. Pour cela, notre sujet nous permettra de nous
interroger dur le processus d'acquisition des terres pour l'installation des
réfugiés dans les camps l'ors de leur arrivé dans le pays
d'accueil.
a. Question principale
La question principale que nous nous posons pour cette
étude est celle de savoir :
ü En quoi les mouvements migratoires favorise-t-ils
l'acquisition des terres pour la création des sites devant abriter les
réfugiés ?
b. Questions secondaires
27 Mearsheimer John, sécurité
internationale vol.19, n°3, 1994-1995, P.5-49.
15
Deux (3) questions secondaires découlent de notre question
de recherche principale, à savoir :
y' Quelles sont les logiques d'installation des
réfugiés à Gado-Badzéré et les normes
édictées par l'Etat du Cameroun dans l'encadrement des
réfugiés réglementant les questions foncières ?
y' Comment s'opère le choix des lieux devant servir de
camps de réfugiés et les mécanismes d'accès aux
terres par les réfugiés au-delà des camps ?
y' Quelles sont les mesures que l'Etat et le HCR doivent
prendre pour que les réfugiés au même titre que les
communautés hôtes jouissent de leurs droits fonciers ?
4. Construction des hypothèses de
recherche
L'hypothèse est une explication provisoire de la nature
des relations entre deux ou plusieurs phénomènes. Au regard de la
question de recherche précédemment soulevé, nous
présenterons l'hypothèse principale (a) et
celles secondaires (b).
a. Hypothèse principale
Nous pouvons émettre l'hypothèse centrale
suivante : les mouvements migratoires favorisent la création des
nouveaux Camps afin d'installer les nouveaux réfugiés venus
massivement de la RCA.
Hypothèses secondaires
y' Il existe des instruments juridiques nationaux et
internationaux relatifs à la
protection des réfugiés une fois arrivée
dans une zone d'accueil pour des raisons sécuritaires et les normes
édictées par l'Etat du Cameroun réglementant les questions
foncières.
y' Le processus d'attribution des terres pour l'installation
des réfugiés dans et en dehors des camps s'opère selon des
procédures et critères destinés à garantir leur
sécurité, leur accessibilité et les droits fonciers
attachés aux sites d'installation.
y' L'Etat et le HCR doivent prendre des mesures en faveur des
communautés hôtes et des réfugiés pour qu'ils
jouissent chacun de leur droit foncier
II. CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES SUR L'OBJET DE
L'ETUDE
16
Par méthodologie de la recherche, il faut entendre les
méthodes utilisées et les techniques de recherche dont il sera
fait usage dans notre étude. Il s'agit ici de présenter la
méthode de recherche (A), les techniques de collecte de
données (B), et l'organisation de la
démonstration (C).
A. Le choix de l'approche
hypothético-déductive comme trame méthodologique de
l'étude
Reprenant GRAWITZ, la « méthode est
constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »28.
Autrement dit, la méthode est importante dans une recherche. René
Descartes corrobore cette pensée en disant que : « Cette aptitude
universelle : le bon sens, ne sert pas à grand-chose lorsqu'elle est
dépourvue de toutes méthodes ». Toutefois, il ne suffit pas
d'avoir une méthode, il faut également savoir l'utiliser. C'est
à ce niveau qu'intervient la Méthodologie, qui est comprise selon
Omar AKTOUF comme : « l'étude du bon usage des méthodes et
des techniques »29. Autrement dit, les méthodes et
techniques retenues dans une recherche donnée doivent être les
plus aptes à rendre compte du sujet étudié et à
mener le chercheur vers les buts qu'il s'est fixés en termes
d'aboutissement de son travail30
Comme méthode, nous utiliserons dans le cadre de notre
étude, l'approche hypothético-déductive. La méthode
déductive, aussi appelée «déduction logique» ou
«approche hypothético-déductive», est une
méthode de travail scientifique. Elle a pour but d'expliquer un
phénomène en partant d'un sujet ou d'une hypothèse sur un
phénomène. On ne part donc pas de faits observables. Les
recherches entamées pour répondre à cette hypothèse
permettent aussi au chercheur de développer d'autres hypothèses.
La confirmation ou la non confirmation des hypothèses de travail doit
permettre de trouver une explication au sujet ou au phénomène sur
lequel se porte la recherche31. Autrement dit, elle se base sur des
hypothèses de travail à valider ou invalider. Elle nous permettra
dans le cadre de notre recherche, de développer notre sens critique et
notre esprit scientifique, les observations et l'enquête sur le terrain
permettront de faire émerger de nouveaux éléments
susceptibles d'approfondir le sujet et les hypothèses,
28Grawitz (Madeleine), op.cit., p.351
29 Aktouf, Méthodologie des sciences
sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction à
la démarche classique et une critique, Montréal, les Presses de
l'Université du Québec, 1987,
p.27.
30 Idem.
31Accessible sur
https://www.scribbr.fr/methodologie/methode-deductive/.
Consulté le 5 décembre 2021
17
validées ou invalidées, permettront d'expliquer
scientifiquement le sujet ou le phénomène
étudié.
B. Les techniques de collecte de données
Au regard de la nature exploratoire de notre sujet de
recherche, nous avons décidé d'adopter une approche
qualitative32pour nous permettre de mieux collecter nos
données et les interpréter par la suite à travers des
entretiens (1) et une recherche documentaire
(2). « Le but de la recherche qualitative est le
développement de concepts qui nous aident à comprendre les
phénomènes sociaux dans des contextes naturels (plutôt
qu'expérimentaux), en mettant l'accent sur les expériences et les
points de vue de tous les participants »33 autrement dit,
faire de la recherche qualitative est une façon de regarder la
réalité sociale.
1. Les entretiens
L'entretien est une technique de recueil d'informations
largement utilisée dans les sciences sociales. Il est
apprécié par Romelaer comme étant : « Une des
méthodes les plus utilisées dans la recherche. Un entretien de
recherche n'a rien de commun avec une discussion dans laquelle on se laisse
porter par l'inspiration du moment »34. Il s'agit d'une
technique de collecte de données informatives qui permet de
récolter et d'analyser plusieurs éléments. En sciences
sociales, il existe 03 types d'entretien de recherche, à savoir :
l'entretien directif, l'entretien semi-directif et l'entretien non
directif35. Dans le cadre de notre étude, nous optons pour
l'entretien semi directif qui est aussi appelé « Entretien
qualitatif ou approfondi ». Il se base sur des interrogations assez
généralement formulées et ouvertes. Il est possible de
poser de nouvelles questions si la personne interviewée soulève
un aspect encore inconnu de l'étude. Ce type d'entretien
nécessite au préalable une préparation de question que
nous classerons de façon logique. Nous avons pu, dans le cadre de notre
recherche, nous entretenir avec des acteurs étatiques et internationaux,
les chefs coutumiers concernant, le droit des réfugiés et le
processus d'acquisition des terres pour la construction des camps afin
d'installer les réfugiés.
32 Creswell W. (John) le formule comme ceci : « Les
écrivains conviennent que l'on entreprend la recherche qualitative dans
un cadre naturel où le chercheur est un instrument de collecte de
données qui rassemble des mots ou des images, leur analyse inductive,
met l'accent sur la signification des participants, et décrit un
processus qui est expressif et convaincant dans le langage », dans
Qualitative Inquiry and Research Design : Choosen Among Five Approches, New
York, Sage, 1998, p.14
33 Pope Catherine et Mays Nicolas, Qualitative
research in health care, Oxford, Wiley Blackwell, 4e edition, 1995, p.43
34 Garreau Lionel et Romelaer Pierre, Méthodes de
recherche Qualitatives Innovantes, Paris, Economica, 2005, p.178.
35 Accessible sur
https://www.scribbr.fr/methodologie/entretien-recheche/.
Consulté le 5 décembre 2021.
2. 18
La recherche documentaire
Pour une recherche en sciences sociales, il n'est pas
toujours nécessaire de collecter seulement soi-même par le biais
de recherche qualitative ou encore quantitative, l'on peut utiliser aussi des
informations déjà existantes avec l'aide d'une recherche
documentaire. La recherche documentaire est une étape très
importante de notre travail de recherche et elle doit être
réalisée avant de se lancer dans notre étude. A partir
d'un sujet de recherche connu, elle revient à chercher et identifier des
documents issus de sources fiables. Dans le même sens, Dinet et
Passerault diront que : « La recherche documentaire vise à
identifier et localiser les ressources informationnelles déjà
traitées, soit par des individus soit par des machines. La recherche
documentaire s'accompagne du qualitatif `'informatisée» lorsque
cette activité implique l'interaction entre deux systèmes, l'un
humain et l'autre informatique, via un logiciel et une interface
»36.
Simplement, la recherche documentaire est un ensemble
d'étapes permettant de chercher, identifier et trouver des documents
relatifs à un sujet. Pour mener à bien notre recherche, nous
allons utiliser la recherche bibliographique ainsi que la recherche
exploratoire. Pour la première, nous l'avons menée dans les
bibliothèques de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun
(IRIC), celle du département de Géographie de l'Université
de Yaoundé I.
3. L'organisation de la démonstration
Notre travail s'organise autour de deux parties, qui sont
constituées chacune de deux chapitres. Dans une première partie,
il sera question pour nous montrer les mobiles d'installation des refugies
centrafricains a Gado-Badzéré (chapitre I). Pour le chapitre II,
les dynamiques migratoires de la présence des réfugiés
à Gado-Badzéré et l'accès aux terres. ensuite, nous
présenterons en deuxième partie, les pratiques de l'attribution
et de la sélection des sites de réfugiés sur le terrain en
évaluant le processus de sélection et d'acquisition des terres
pour installer et abriter les réfugiés (chapitre III) et en
présentant les différents modes d'acquisition des terres par les
réfugiés au de-là des camps et quelques recommandations
que devront prendre L'Etat et le HCR en faveur des réfugiés et
des communautés hôtes, afin qu'ils jouissent chacun de leurs
droits foncier (chapitre IV).
36 Passerault Jean-Michel et Dinet Jérôme, Une
approche centrée sur les usagers scolaires de la recherche documentaire
informatisée, CNRS, Reprise du n° 39 de la revue Hermès,
Critique de la raison numérique, 2004, p.45.
PREMIERE PARTIE : CADRE D'APPREHENSION
DES
DYNAMIQUES MIGRATOIRES ET LES LOGIQUES D'INSTALLATION
DES
REFUGIES CENTRAFRICAINS A GADO-BADZERE
19
La première partie de ce mémoire,
constituée de deux chapitres, faisant référence au cadre
d'appréhension des dynamiques migratoire.
Le premier chapitre définit de manière
générale les logiques d'installation des réfugiés
à Gado-Badzéré. Dans ce chapitre, il s'agit principalement
de présenter de façon particulière les motifs de
départ des réfugiés centrafricain de leur pays d'origine
vers un pays d'accueil et les instruments internationaux et nationaux de la
protection des réfugiés une fois arrivé dans le pays
hôte.
Le deuxième chapitre analyserales changements dues
à la présence des réfugiés dans la zone de
Gado-Badzéré Il s'agira dans ce chapitre de faire un bref
aperçu sur les dynamiques socio-économiques et
démographiques et la gouvernance de l'accès aux terres.
CHAPITRE 1 : LES MOBILES D'INSTALLATION DES
REFUGIES
CENTRAFRIACAINS A GADO-BADZERE
20
Introduction
Ce chapitre se permet d'analyser les causes de l'installation
des réfugiés dans la zone de Gado-Badzéré. La
présence des réfugiés dans la zone de Gado est le
résultat des troubles et de l'insécurité qui se vit en
République Centrafricaine. Les différents flux migratoires, sont
causés par d'importants facteurs dus à la situation
sécuritaire et humanitaire qui dominent en République
Centrafricaine et dans la zone de Gado-Badzéré
(Section1). La gestion des problèmes des
réfugiés est récurrente et de manière urgente, elle
nous explique comment les réfugiés sont installer dans la zone de
Gado dans une logique autre que les valeurs qu'ils prônent
(Section 2).
SECTION 1 : FACTEURS DE DÉPART DU PAYS
D'ORIGINE ET RAISONS DU CHOIX DE LA DESTINATION DE
GADO-BADZÉRÉ
L'on ne devient pas un refugié par simple plaisir ou
par pure coïncidence, on ne saurait quitter son pays et se réfugier
dans un pays d'accueil par simple conviction. Il faut cependant qu'on y soit
contraint par des menaces, par des crises, des guerres, des rebellions. Pour
expliquer de façon compréhensible la présence des
réfugiés dans un pays d'accueil, il faut remonter aux sources.
Ainsi, de savoir les réels motifs qui ont poussé les
réfugiés ces dernier temps à s'exiler dans les pays
hôtes (Paragraphe1) et connaitre la raison exacte qui
leur ont contraint à choisir Gado-Badzéré comme zone de
refuge (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Les sources du départ des
réfugiés centrafricains de leur pays
Le départ des réfugiés centrafricains de
leur pays d'origine prend ses sources de l'instabilité de la RCA
(A) et de la crise centrafricaine (B).
A. La République Centrafricaine : un pays en
instabilité politique
La République centrafricaine, couramment appelée
la Centrafrique (nom vulgarisé) ou désignée par le sigle
RCA. C'est un État d'Afrique centrale en voie de développement,
dont la
21
population est estimée à 4 500 000 habitants en
202037, pour une superficie d'environ 623 000 km2. Il est
enclavé par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord-ouest, le
Soudanau nord-est, le Soudan du Sud à l'est, la république
démocratique du Congo au sud-est et la république du Congo au
sud-ouest.
La Centrafrique est un Etat qui a connu et qui continue
même encore de nos jours à connaitre des crises et cela depuis son
accession à l'indépendance. Depuis le coup d'Etat de 1966, jean
Bedel Bokassa renverse le président David Dacko, qui privatise les
administrions, les ressources et fini par transformer la république
Centrafricaine en un Empire en 1976. Après que la république fut
restaurée en 1979, le pays n'avait pas pu mettre en place des
institutions assez fortes pour pouvoir maintenir le pays dans sa
stabilité. Le pays, s'est vu tour à tour gouverné par neuf
présidents et a connu au moins cinq crises soit en 1966, 1976, 1979,
2003 et 2013. Ces crises, sont en parti les conséquences des coups
d'Etat, des insurrections de la population qui durant ces dernières
décennies, déboucha sur une guerre.38
En Centrafrique, les coups d'Etats et les rebellions sont les
modes d'alternance du pouvoir depuis l'indépendance. Nous prenons
exemple du renversement du président David DACKO qui fut le premier
président à l'indépendance le 14 Aout 1960. Il est
renversé le 01 janvier 1966 par Jean BEDEL BOKASSA qui à son tour
est renversé le 20 septembre 1979 par un commando français, qui
réinstalla David BACKO à la tête de la Centrafrique. Il
sera à nouveau renversé le 01 septembre 1981 par André
KOLINGBA. Dans les années 1993, le pays connait une stabilité
politique éphémère, avec l'arrêt des coups d'Etat
à répétition. Ange PATASSE fut le premier président
élu démocratiquement par les urnes et non par les armes. Le 15
mars 2003, le pays retombe dans l'instabilité car on assiste à
nouveau coup d'Etat.
Cette fois ci, François BOZIZE accède au
pouvoir. Le 24 mars 2013, par Michel DJOTODJA dont le séjour en tant que
président ne sera que temporaire. L'absence de créativité
dans les offres et les discours des leaders politiques médiocres, le
déficit d'une capacité à manager la classe politique,
à changer, à s'adapter à la transformation du
système politique de la population centrafricaine va entrainer le pays
dans un abime.
37 RHPH 2020.
38 Augustin Jérôme, «
l'équilibre entre la sécurité et les garanties des droits
en RCA », Enjeux N°40, juillet-septembre 2009. Pp.43-46.
22
B. La crise centrafricaine de 2013
La République Centrafricaine, a vécu depuis son
indépendance plusieurs digressions d'instabilité politique et
militaire. En moyen, l'on compte un coup d'Etat tous les dix ans. Sous le
régime du General François BOZIZE, la RCA a atteint un niveau de
préoccupation importante sur les questions sécuritaires. Les
rebelles de la coalition SELEKA ont profité de l'impuissance de
l'armée nationale et de la garde présidentielle pour faire main
basse sur le pouvoir à Bangui par une cabale farouchement menée
par DJIOTODJIA le 24 mars 2013 et qui l'issa au pouvoir. Dans l'impuissance de
rétablir la sécurité dans le pays, il fera échoir
la RCA dans chaos total. Suite à une nouvelle vague de violence à
Bangui, la crise c'est transformé en conflit religieux ce qui a
entrainé de nombreux conséquents.
En effet, cette crise a eu des conséquences sur le plan
national, sous régional, régional et international. Les
violences, ont commencés à Bangui et des milliers de personnes
ont été échinés, de centaines personnes
mutilées. L'antagonisme religieux se sont accrues. Le 05 décembre
2013, vu le début de l'opération « Sangaris
»39 et à la mission internationale de soutien à
la Centrafrique (MISCA) sous la conduite de l'union Africaine.
Sur le plan purement humanitaire, le bilan fut
écrasant. Selon les données de la Banque Mondiale (BM), il eut
des milliers de blessés et de million de réfugiés. En
outre, les services de santé (les hôpitaux, les cliniques) ont
été endommagé ou demolis par les violences. Le pays, fera
ainsi face à une pénurie de service de santé. Dans les
villages, la population a dû fuir leurs habitations par peur
d'éventuels attaques pour aller dans les brousses et les zones
reculées. Cette situation de violence généralisée
n'a fait que rajouter encore plus de misère et la famine dans le un pays
au préalable affaibli et très pauvres40. Selon la
banque Mondiale, 25% de centrafricaine ont fui la guerre à cause des
hostilités et des menaces. En fin 2015, on a assisté à
500.000 personnes qui se sont réfugiés dans les Etats voisins. Le
Cameroun à lui abrite en février 2014 138.672
réfugiés centrafricains selon les données reçus par
l'UNHCR.
En 2022, le Chef de la MINUSCA a appuyé devant les
membres du Conseil de sécurité que, malgré la
déclaration de cessez-le-feu unilatéral
décrété en octobre 2021, la situation sécuritaire
demeure préoccupante, avec des manouvres, les combats militaires en
cours contre
39 Nom de l'opération militaire de l'armée
française en RCA du 05 décembre 2013 au 31 octobre 2016
40 Selon les informations disponibles sur http :
www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/republique-cebtrafricaine/representation-de-la-republique-centrafricaine/consulté
le 23 juin 2022 à 21h04
23
des groupes armés, membres de la Coalition des
patriotes pour le changement et les représailles menées par les
groupes armés à la fois contre les forces de
sécurité nationale et les populations. Kazimiro Rudolph Jocondo
(2022) signale que « le Représentant spécial a
encouragé le gouvernement à explorer une démarche plus
équilibrée qui tempère la prédominance des
opérations militaires par la poursuite des processus politique et de
paix » citant le Représentant spécial, pour qui « il
n'y aura pas de solution militaire exclusive à la crise » en RCA.
Ce qui d'autant plus inquiétant !
PARAGRAPHE 2 : Gado-Badzéré, ville
stratégique et une destination importante pour les
réfugiés centrafricains
Dans cette partie, il sera important pour nous de montrer que
la localité de Gado de par sa proximité avec la RCA est une zone
stratégique (A) et les raisons sociales du choix de la
destination de Gado par les réfugiés centrafricain
(B).
A. Zone stratégique
De par sa proximité frontalière avec la RCA,
Gado-Badzéré sert depuis des années de zone d'accueil pour
les populations centrafricaines qui viennent s'y refugier ou alors qui sont
simplement en déplacement. Limitrophe avec la RCA,
Gado-Badzéré est une zone commerciale ou s'effectue des petits
commerces dans des petits marchés. Situé dans la zone de transit
entre le sud et le Nord du Cameroun, entre les plaines du sud-Est et le plateau
de l'Adamaoua, le relief est peu accidenté. Gado-Badzéré
se positionne comme une zone à importance déterminante. Elle est
encerclée par les villes telles que Bertoua, Ngaoudere, Meiganga, et le
Tchad en passant par Garoua et Maroua. C'est par elle que charroient les
marchandises qui quittent du Cameroun pour la RCA en passant par
Gado-Badzéré dans l'arrondissement de Garoua Boulaï.
La ville, sert d'avitaillement en denrée alimentaire ou
autres produits venant du Cameroun vers la centrafricains. On y rencontre des
centrafricains qui y séjournent même en période de
tranquillité en RCA. Cette zone est un atout pour les etudes et
éducation des réfugiés centrafricains et aussi un avantage
pour trouver de quoi faire, un petit métier. Pour les
réfugiés et les populations de Gado-Badzéré, c'est
une zone de transition car elle se situant dans l'arrondissement de Garoua
boulai.
24
B. Les considérations du choix de la destination de
Gado-Badzéré
En outre, la stabilité politique et sociale de la zone
d'accueil, et la continuité socioculturelle, justifient en grande partie
le choix de cette zone par les réfugiés centrafricains à
Gado-Badzéré. Au regard de la situation de
stabilité politique du Cameroun, la zone de Gado-Badzéré
est une zone de haute sécurité et de tranquillité. Cette
zone, est perçue par tous comme une zone sûre et paisible. Surtout
que le Cameroun à ratifier la convention de l'OUA relatifs aux
problèmes des réfugiés. Selon Dieudonné Zognong
« le Cameroun est l'un des rare des havres de paix dans une Afrique
centrale minée par les conflits de toutes sortes et qui
génère des réfugiés »41
c'est-à-dire que dans la sous-région d'Afrique centrale, le
Cameroun est l'un des rares pays ou on retrouve une stabilité politique,
la paix et la tranquillité contrairement à ses pays voisins qui
sont en perpétuelle crise et qui engendrent de ce fait des
réfugiés.
De plus, Gado-Badzéré est reconnu comme
étant une zone ouverte à tous. La présence des
réfugiés dans cette zone justifie cette assertion. Le
déplacement des réfugiés centrafricains vers
Gado-Badzéré se justifie d'autant plus par la continuité
culturelle. Le concept du culturalisme occupe une place capitale dans le choix
de la zone d'accueil. Il est donc un facteur d'inclusion et d'exclusion au sein
des communautés hôtes. Selon Luc Cambrezy « les conditions de
vies des réfugiés sont un phénomène
extrêmement variable selon le lieu d'accueil »42. Les
réfugiés subissent cependant du rejet s'ils ne se sont pas
intégrés socialement et culturellement avec les
communautés hôtes43. Cela se justifie par le fait que
la plupart des réfugiés préfèrent aller dans des
zones où ils s'intègreront très facilement, là
où on parle le même dialecte qu'eux.
En outre, on retrouve dans notre zone d'étude, des
diversités culturelles, religieuses, et ethniques. Les chrétiens,
les musulmans, les gbayas sont d'autant plus présents au Cameroun qu'en
Centrafrique. C'est pour cela, que les Centrafricains préfèrent
se refugiés à l'Est car ils n'auront guère de
problème d'adaptation.
41 Zognong Dieudonné, « le Cameroun, une
destination privilégiée pour les réfugiés »,
Gouvernance, Alert N°6, Décembre-Février, 2001, Pp.
16-21.
42Cambrezy Luc « une enquête chez les
réfugiés urbains : le cas des exilés rwandais à
Nairobi » Autre part, 1998, Pp.79-93
43 Ibid.
25
SECTION 2 : L'INSTALLATION DES REFUGIES A
GADO-BADZERE
L'installation des réfugiés centrafricains
à Gado-Badzéré est corrélatif à leur accueil
(paragraphe1) et au mode de gestion des réfugiés
centrafricains (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : les dispositifs juridiques et
institutionnel d'accueil des réfugiés à
Gado-Badzéré
La crise en République centrafricaine accentue le
déplacement des centrafricains vers l'extérieur du pays, en
créant un nombre considérable des réfugiés
accueilli par les autorités ceci, en se référant aux
instruments juridiques internationaux et nationaux (A) et aux
institutions d'encadrement des réfugiés
Centrafrique(B).
A. Les instruments juridiques internationaux et
nationaux
· Au niveau International
« Devant la persécution, toute personne a le
droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile des autres
pays »44. C'est-à-dire que toute personne qui estime
être en danger lors d'une crise dans son pays d'origine et qui ne s'y
sent pas en sécurité, a le droit de quitter son pays afin de
s'exiler dans un autre pays qui aura la responsabilité de le
protéger, de l'accueillir. Il va cependant acquérir le statut de
réfugiés. La convention de 1951 relative au statut des
réfugiés et son protocole de 1967, textes fondamentaux qui
relève de la protection des réfugiés contraint les pays
signataires de ladite convention à concéder l'asile aux personnes
vulnérables, qui se sentent en perpétuelles danger dans son pays
à cause des conflits ou des crises intérieures. La
définition du statut de réfugiés dans la convention de
1951 est adoptée le 28 juillet de la même année. Cette
convention fait énoncée le fait qu'aucun pays ne peut forcer un
refugiés ou un demandeur d'asile à retourner dans son pays
d'origine.
Le Haut-Commissariat des réfugiés est cet
organisme chargé de la protection des réfugiés. Sa mission
régalienne, consiste à défendre les droits des
réfugiés et de garantir leur sécurité au niveau
international. La communauté internationale intervient pour garantir le
droit des réfugiés lorsque les réfugiés ne sont
plus protégés par leur gouvernement d'accueil.
La convention de l'Organisation de l'Union africaine qui
régit les différents aspects aux problèmes des
réfugiés en Afrique est le texte réglementant les
conditions des réfugiés sur le plan régional. Il fut
adopté par la conférence des chefs d'Etat et des Gouvernements
à Addis-Abeba le 10 juin 1969. Il entre en vigueur le 20 juin 1974 et
note un tourment sur
44 Article 14 de la déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948.
26
l'augmentation du nombre des réfugiés en
Afrique, se souciant aussi de leur assurer une vie et un avenir meilleur.
Les premiers textes qu'il faut évoquer au niveau
international sont la Convention des Nations Unies relative au statut des
réfugiés qui a été adoptée à
Genève le 28 Juillet 1951 et son Protocole adopté le 31 Janvier
1967 à New York. En général, ces textes couvrent trois
questions principales. La première question est la définition du
concept de réfugié et les conditions d'expiration et d'exclusion
du statut de réfugié.
Il analyse ensuite le statut juridique des
réfugiés dans le pays d'accueil ou d'asile, leurs droits et leurs
obligations, c'est-à-dire leur obéissance à la loi. Ces
droits constituent un ensemble de droits fondamentaux que les étrangers
qui résident légalement dans un pays particulier, et dans de
nombreux cas, les citoyens de ce pays, doivent au moins respecter les
libertés dont ils jouissent. Ce sont des droits essentiels à la
protection des réfugiés et ce sont les droits fondamentaux
énoncés dans la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948, depuis l'expulsion et la protection contre la trahison
jusqu'aux zones où la vie et les libertés des
réfugiés peuvent être menacées. Les obligations de
l'État, y compris la coopération et le soutien avec le
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ou
d'autres agences des Nations Unies qui pourraient réussir à mener
à bien sa mission, sont en définitive l'application de la
Convention. Une vague de questions récentes abordées dans ces
deux textes importants sur la protection internationale des
réfugiés.
Enfin, le texte international, cette fois non contraignant,
sur la protection des réfugiés est la Déclaration des
Nations unies sur l'asile territorial adoptée par l'Assemblée
générale des Nations unies le 14 décembre 1967. Cependant,
le droit international (DI) a évolué vers un concept
général, incluant toute la protection qu'un État accorde
aux réfugiés sur son territoire. Dans ce cas, l'asile devrait
être compris au moins comme une protection de base temporaire avec la
possibilité de rester dans le pays d'accueil jusqu'à ce qu'une
solution soit trouvée en dehors du pays d'accueil. En d'autres termes,
un réfugié ne peut pas être expulsé ou
renvoyé dans un État qui menace sa vie ou sa
sécurité (Jastram et Achiron, 2001).
Conformément aux instruments internationaux, l'Afrique
a adopté la Convention de l'Organisation de l'unité africaine
(OUA) en 1969 pour réglementer certains aspects du problème des
réfugiés africains. C'est également le seul traité
régional juridiquement contraignant pour les réfugiés.
· Au niveau national
27
La loi camerounaise N°2005/006 portant sur le statut des
réfugiés et promulguée le 27 juillet 2005 dans son
chapitre II, est l'une des législations propres au Cameroun. Dans cette
loi, une personne qui vient se réfugier au Cameroun, ne peut en aucun
cas être refoulée vers les frontières, ni être
obligée de rentrer dans son territoire d'origine. Le Cameroun, à
pour obligation au vu du statut juridique ratifié, d'accueillir et de
protéger la population qui sollicite se réfugier au sein de son
territoire.
A travers la Loi n°2005/006 du 27 juillet 2005 portant
Statut des réfugiés au Cameroun et son décret
appliqué le 28 novembre 201145, Le Cameroun a adopté
la position de la convention de l'organisation de l'union africaine sur les
réfugiés en Afrique en 1969 et de la déclaration de
Carthagène sur les réfugiés en 1984, qui
énonçait des dispositions institutionnelles réglementaires
spécifiques aux problèmes des réfugiés en Afrique.
Cela conduit à une définition assez précise du
refugié, qui prend en compte toutes les situations de violence, à
l'exclusion de celles qui sont protégées par les
réfugiés. En effet, son article 2 prévoit :
Est considérée comme «
réfugiée" ... et conformément à la
Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des
réfugiés telle qu'amendée par son protocole de New York du
31 janvier 1967 et à la convention de l'OUA régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en Afrique
signée à Addis-Abeba le 10 septembre 1969.
- Toute personne qui, craignant avec raison d'être
persécutée, à cause de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social, ou
de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ,
· ou qui, si elle n'a pas
de nationalité, et se trouve hors du pays où elle avait sa
résidence habituelle, à la suite de tels
événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y
retourner ,
·
Toute personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation
extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa
45Décret N°2011/389 du 28 novembre 2011
portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des
réfugiés et fixant les règles de procédure, en
application de la loi N°2005/006 du 27 juillet 2005 portant statuts des
réfugiés au Cameroun
28
résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre
endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle
a la nationalité.46
L'évolution de la législation nationale sur
l'accueil et la prise en charge des réfugiés reflète la
revendication de la souveraineté camerounaise sur l'octroi du statut de
réfugié. La loi camerounaise accorde aux réfugiés
le droit d'asile à travers son cadre normatif, tel que défini
dans les textes internationaux. La loi prévoit notamment que "les
réfugiés résidant légalement sur le territoire
camerounais ne peuvent être expulsés que pour des raisons de
sécurité nationale ou d'ordre public et de bonnes moeurs".
Globalement, ce texte porte sur le droit à l'indistinction, le droit de
culte, le droit de propriété, le droit d'association, le droit
d'ester en justice, le droit au travail, le droit à l'instruction, le
droit à un appartement. Le décret du 28 novembre 2011
complète la loi camerounaise sur les réfugiés et
règle les détails de l'organisation et des méthodes de
travail des autorités chargées des réfugiés. Son
article 16 dispose : « Un comité de reconnaissance des
réfugiés et un comité d'appel des réfugiés
ont été créés, et leurs organisations, fonctions et
règles sont déterminées par la loi. » Ces nouveaux
moteurs à combustion interne fixent les règles de la
procédure.
Application de la loi n° 2005/006 du 27 juillet 2005
relative au statut des réfugiés au Cameroun. Ils sont
fondés au ministère des Relations extérieures (MINREX) et
travaillent avec le HCR et de nombreuses autres institutions nationales telles
que le bureau présidentiel de la République, le cabinet du
Premier ministre, la gendarmerie nationale, la direction générale
des études étrangères et la commission nationale.
Ministère de la Justice, Ministère de l'Aménagement du
Territoire pour les droits de l'homme et les libertés.
B. Les institutions d'encadrement des
réfugiés centrafricains à
Gado-Badzéré
Lorsque vous acceptez les réfugiés dans un pays
d'accueil, vous avez d'abord besoin d'une institution. Seul le HCR est
compétent sur cette question de la représentation collective
vis-à-vis des réfugiés. Cependant, l'Etat conserve le
privilège d'apporter assistance et protection aux réfugiés
car le HCR ne peut accomplir seul cette mission. Ainsi, le sous-préfet
est la première institution étatique qui est en charge des
réfugiés centrafricains. Il est un représentant
légitime et direct du gouvernement camerounais. Il est chargé de
conseiller et d'encadrer les réfugiés dès leur
arrivée dans sa zone de responsabilité. Autre le
sous-préfet, il y a le Maire et
46 Article 2 de la Loi N°2005/006 du 27 juillet 2005
portant statut des réfugiés au Cameroun. Nous précisons
que cette Loi est intégralement insérée en annexes.
29
le chef de village de Gado-Badzéré, qui sont
chargés d'accueillir les réfugiés de la République
centrafricaine.
Enfin, en vertu de l'article 35 des Conventions de
Genève de 1951, le HCR est tenu d'appliquer la loi sur la protection des
réfugiés. Selon Yves Beygbeder, la mission principale du HCR est
de protéger juridiquement les réfugiés sous sa juridiction
et de promouvoir le droit international des
réfugiés.47 En effet, à travers la loi n°
2005/006 du 27 juillet 2005 portant statut des réfugiés au
Cameroun, le pays exprime sa volonté sincère de remplir son
obligation internationale de protection des réfugiés. La
promulgation d'un décret d'application de la loi ci-dessus contribue
davantage à la protection des réfugiés et, plus largement,
au renforcement des droits de l'homme. Les réfugiés et les autres
hommes jouissent de droits égaux en raison de la Déclaration
universelle des droits de l'homme de 1948 et de l'accord que le Cameroun promet
de protéger toute personne sur son territoire et assorti de
garanties.
Depuis lors, si le Cameroun est connu comme un "pays
généreux" pour les réfugiés, c'est en grande partie
grâce à son lien avec de nombreux documents juridiques
internationaux, mécanismes normatifs internes de protection des droits
des réfugiés, etc. En effet, le Cameroun a une mesure visant
à protéger et à faire respecter les droits de tous sous sa
juridiction, y compris les non-ressortissants, et à assurer une
sécurité effective aux réfugiés conformément
au droit national et international applicable.
En outre, le Cameroun, en collaboration avec le HCR et ses
partenaires opérationnels, met en oeuvre une stratégie
pluriannuelle ou une structure de coordination pour la prise en charge des
réfugiés, en plus des mesures de souveraineté
principalement liées à l'octroi de l'asile aux
réfugiés. Le Plan de Réponse Humanitaire 2017-2020
adopté par le Gouvernement du Cameroun et la communauté
humanitaire en 2017, tenant compte de la situation humanitaire
préoccupante des migrants forcés camerounais, figure parmi les
outils de prise en charge des migrants forcés dans le contexte du
Cameroun. Il faut aussi mentionner la stratégie annuelle
multi-partenariale 2018-2020 qui est un important cadre de consensus
stratégique entre le HCR, l'Etat du Cameroun et les partenaires
associés, dont l'objectif principal est d'améliorer de
manière significative et durable la protection des
réfugiés au Cameroun et dans ses communautés d'accueil.
47Beigberder Yves, le haut-commissariat des Nations
Unies pour les Réfugiés ; 1e éd, Paris, PUF,
1999, P.48.
30
En outre, le gouvernement du Cameroun offre protection et
asile aux personnes affectées par le 11CR en allouant des terres aux
camps de réfugiés, chacun accueillant des réfugiés
en Afrique centrale. Les autorités, avec le soutien du 11CR48
à Gado-Badzéré, permettent aux enfants
réfugiés d'accéder aux écoles et aux centres de
santé locaux.
Outre les actions du Cameroun, les organisations des Nations
Unies et les organisations non gouvernementales internationales et nationales
sont également actives, et des études ultérieures sur les
zones d'attribution et les stratégies d'utilisation peuvent
compléter l'analyse des indicateurs de protection.
Comme nous venons de le mentionner, le rôle de l'Etat
dans la protection des réfugiés camerounais est essentiel,
incontournable, important, ou du moins central. Lorsqu'une évacuation
à grande échelle se produit soudainement de la frontière
pour recevoir l'asile, la sécurité et l'assistance, un
défi à multiples facettes se pose. Cependant, sans la
coordination et la supervision du 11CR, une organisation internationale de
protection responsable en vertu des obligations légales imposées
par les Nations Unies en vertu de Genève, les actions de protection des
réfugiés sont à long terme et cohérentes.
Même si c'est le cas, elles ne peuvent pas être
exécutées.
PARAGRAPHE 2 : Mode d'acquisition du statut de
réfugié et son insertion sociale
Dès leur arrivé dans un pays hôte, les
personnes demandeur d'asile doivent d'abord acquérir le statut de
réfugié, pour être installé dans les camps. Ils
doivent d'abord se faire identifier et enregistrer (A) afin
d'obtenir une carte de refugié, ce qui qui leur permettra d'avoir le
statut de réfugié (B).
A. Identification préalable
En effet, c'est la première étape que le
demandeur d'asile effectue dans le but d'entrer en possession du statut de
réfugié. Pour cela, le demandeur d'asile devrait fournir
certaines informations qui seront utiles au cours de leur enregistrement. Il
s'agit en outre de l'âge, de la nationalité, du sexe, de la
religion, la ville de naissance, l'année de naissance, son appartenance
ethnique. Pour les femmes, d'autres questions supplémentaires lui seront
posées. Exemple : si elles sont accompagnées de leurs enfants, de
leurs époux, des questions liées au nombre d'enfants qu'elles
ont. Il s'agira tout de même pour les personnes mineures et les
handicapés. Cette identification a pour but d'adopter l'aide aux besoins
des futures refugiés.
48Rapport Global HCR 2014-2015
31
Apres l'étape de l'identification et de
l'enregistrement, les personnes demandeurs d'asile vont entrer en possession de
ce qu'on appelle couramment la carte de rationnement. C'est une carte qui donne
droit à la nourriture et à d'autres avantages. Une fois rentrer
en possession de cette carte qui est très courtisée, les
personnes qui demandent l'asile seront conduit dans des Camps, ou ils vont
attendre que leurs cartes de réfugiés soient établies,
afin d'entrer en possession de celles-ci. Ce qui leur donnera le statut de
réfugiés.
La protection internationale des demandeurs d'asile et des
réfugiés commence par l'admission dans un pays d'asile,
l'enregistrement et la délivrance de documents par les autorités
nationales ou le HCR.49
Afin que les États connaissent le parcours des
réfugiés et facilitent leur accès à une assistance
et une protection de base, Il faut d'abord que les réfugiés
passent par l'enregistrement et l'identification. L'enregistrement permet
d'identifier en amont les personnes ayant des besoins spécifiques au
sein d'une population et leur orientation vers une réponse
appropriée en matière de protection. Le simple fait d'être
enregistré peut, dans de nombreux cas, protéger contre le
refoulement (retour forcé), les arrestations et détentions
arbitraires. L'enregistrement permet d'aider à maintenir les familles
unies et aide le HCR à réunir les enfants isolés avec
leurs familles.
Juin 2022 Photo HCR
Photo 1: Identification et Enregistrement des Refugiés
Les données individuelles et personnelles qui sont
recueillies lors de l'enregistrement
fournissent les informations sur le nombre exact de
réfugiés et aide à planifier les programmes,
particulièrement pour les logements, la nourriture, l'eau, les
équipements sanitaires, les allocations d'aide en espèces et
d'autres formes d'assistance ciblée. Les informations
49 UNHCR 2001
32
enregistrées, constituent également un outil
important pour garantir la protection des réfugiés, pour
prévenir et combattre la fraude, la corruption et la
criminalité.
De plus en plus souvent, les documents d'identités sont
délivrés par les autorités gouvernementales, alors
même que l'enregistrement a été effectué par le HCR.
Les refugié, en possession des documents légaux, peuvent
s'identifier car ces documents, attestent ou alors constituent une preuve. Dans
le cadre du Pacte mondial sur les réfugiés, le HCR s'est
engagé à mettre ensemble ses ressources et ses compétences
pour renforcer les capacités nationales en matière
d'enregistrement et de documentation individuels, y compris l'appui à la
numérisation, la biométrie et d'autres technologies relatives
à l'enregistrement, ainsi que le partage de statistiques
d'enregistrement de qualité, ventilées par âge, sexe,
handicap et diversité, conformément aux principes en
matière de protection des données et de
confidentialité.50
B. La carte de refugié
C'est une preuve que le demandeur d'asile a effectivement
acquis le statut de réfugiés de façon officielle, en se
faisant au préalable identifier et enregistrer. Au cas contraire, le
demandeur d'asile ne pourra en aucun cas prétendre à un
quelconque statut de réfugiés et les avantages qui vont avec. Il
ne serait donc possible de dire qu'un centrafricain à
Gado-Badzéré est un refugié ou pas. Pour être
reconnue en tant que refugié, il faut avoir une carte qui atteste qu'on
est réfugiés. Le refugié ayant en sa possession cette
carte, bénéficiera des droits et des devoirs des
réfugiés.
La loi N°2005/006 du 27 juillet 2005, reconnais le statut
de réfugié par une prise en compte d'une identification au
préalable et d'un enregistrement formel. L'article 9 de la loi
N°2005/006 confer au refugié des droits et des devoirs. Le statut
de réfugié donne le droit au refugié de pratiquer
librement sa religion, de se loger, d'avoir recours aux services sanitaires,
à l'éducation, à la liberté d'association, à
l'assistance sociale. C'est à travers cette carte, que les
réfugiés se voient protégés au sein de sa
communauté d'accueil. La responsabilité pour
l'établissement de cette carte de refugié, incombe au pays
hôte51, c'est-à-dire au Cameroun. Ce qui
malheureusement n'est pas le cas visible sur terrain, ou c'est le HCR qui se
voit encore dans l'obligation d'établir la carte de refugié.
50ibd
51 Article 28 de la convention de 1951 et la loi camerounaise de
2005 sur le statut de réfugié.
33
Pour un réfugié, le fait d'être sans
papiers peut être une cause bien plus importante de
désagréments. Dans la plupart des pays, les étrangers
doivent non seulement prouver leur identité, mais aussi que leur
présence dans ce pays est légale. Dans certains pays, les
étrangers sans documents nécessaires peuvent être
détenus ou même expulsés sur place. Ces mesures sont
particulièrement sévères pour un réfugié,
qui risquerait alors d'être renvoyé dans son pays d'origine.
Même si le fait d'être sans papiers a des conséquences moins
graves, le réfugié, afin de bénéficier d'un
traitement répondant aux normes internationalement reconnues, doit
pouvoir témoigner auprès des représentants de
l'autorité publique son identité.
Dans des circonstances où ils sont parfois contraints
de quitter leur pays d'origine, les réfugiés peuvent être
plus susceptibles que les autres étrangers de se retrouver sans
pièce d'identité. Par ailleurs, alors que d'autres
étrangers peuvent se rendre auprès des représentants de
leur pays d'origine pour obtenir ces documents, les réfugiés ne
peuvent pas et à ce titre dépendre des autorités
compétentes de leur pays d'origine, du statut de réfugié
ou de l'assistance du HCR. Dans les accords antérieurs à la
Convention de 1951, la délivrance de documents d'identité ou de
voyage était généralement limitée aux
réfugiés résidant légalement sur le territoire d'un
État contractant, à quelques exceptions près. La
Convention de 1951 a adopté une approche un peu plus libérale et
globale en ce qui concerne les documents de voyage au titre de l'article 28 et
les documents relatifs au statut de réfugié en
général.
En vertu de l'article 28, les États contractants sont
tenus de délivrer des titres de voyage aux réfugiés
résidant légalement sur leur territoire, conformément
à la Convention, sauf raisons impérieuses de
sécurité nationale ou d'ordre public. Les pays sont
également autorisés, voire encouragés, à
délivrer ces documents à tout autre réfugié se
trouvant sur leur territoire et ne disposant pas de titre de voyage.
Malgré ces dispositions favorables de l'article 28, il existe des
situations dans lesquelles un réfugié ne peut se voir accorder un
permis de voyage en vertu des dispositions de la Convention. Pour permettre
à tous les réfugiés d'obtenir une identification, les
auteurs de la Convention de 1951 ont ajouté l'article 27 qui se lit
comme suit : « Les États contractants délivrent des
documents d'identification à toute personne se trouvant sur leur
territoire sans titre de voyage valable. »
Depuis la Convention de 1951 relative au statut des
réfugiés, le but de l'article 27 est d'assurer que tous les
réfugiés, y compris les réfugiés qui ne
résident pas légalement sur le territoire du pays, soient
placés dans les situations extrêmement difficiles. Des
représentants de l'Organisation internationale pour les
réfugiés ont souligné la nécessité de ces
dispositions.
« Les hommes sans papiers sont des exilés risquant
d'être arrêtés du seul fait qu'ils sont sans papiers.
»52 L'article 27 ne précise pas le type de pièce
d'identité délivrée. Il est clair qu'ils n'ont pas besoin
d'accorder des droits de séjour, et l'article 27 ne dit même pas
que les parties doivent être identifiées en tant que
réfugiés. L'article 27 stipule simplement que chaque
réfugié doit être en mesure de prouver son identité,
et il appartient à l'État partie de déterminer le format
et le contenu exacts du document délivré.
Pendant la période de prédétermination,
il est clair que les demandeurs d'asile, tels que les réfugiés
approuvés, auront besoin d'une pièce d'identité
appropriée. Dans de précédentes conclusions, le
comité exécutif a recommandé aux demandeurs d'asile de
"leur permettre de rester dans le pays jusqu'à ce que leur cas soit
révélé", et le principe de non-refus des personnes
risquant d'être persécutées. Indépendamment du fait
qu'ils soient officiellement classés comme réfugiés. Les
demandeurs d'asile peuvent en fait courir un risque accru d'expulsion ou de
refus. Pas encore établi-plus que les réfugiés
reconnus.
Il n'existe pas de modèle pour produire une carte
d'identité délivrée aux réfugiés, mais si
elle aide les réfugiés à prouver leur identité, des
instructions pratiques spécifiques doivent être fournies. L'agent
qui enquête sur le document doit être en mesure de confirmer qu'il
est authentique. Vous pouvez facilement vérifier l'authenticité
de votre document de plusieurs façons. Par exemple, les exigences
relatives aux documents de voyage délivrés en vertu de la
Convention recommandent l'utilisation de formulaires imprimés sur du
papier spécial afin que la contrefaçon puisse être
facilement identifiée. Des moyens moins sophistiqués, tels que
l'utilisation de cachets et cachets officiels, suffisent
généralement à prouver l'authenticité du document
utilisé dans le pays dans lequel il est délivré.
34
52 UNHCR, pièce d'identité pour les
réfugiés ; EC/SCP/33, 20 juillet 1984.
35
Conclusion
Ce chapitre portait sur les raisons de départ et les
logiques d'installation des réfugiés au Cameroun en
général et dans la localité de Gado-Badzéré
en particulier. Les réfugiés centrafricains qui ont fui leur pays
pour se réfugier à Gado, semblent s'être installés
pour des raisons humanitaires. Ces motivations ne tiennent pas compte des
aspirations spécifiques, de la vraie valeur des réfugiés.
Certains refusent d'être reconnus comme réfugiés et
s'installent par eux-mêmes et à leur propre compte.
L'arrivée et l'installation des réfugiés centrafricains
dans la région de Gado Badzéré est le fruit d'un grand
dynamisme.
CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES DE LA
PRÉSENCE DES RÉFUGIÉS A GADO-BADZERE ET L'ACCÈS AUX
TERRES
36
Introduction
La localité de Gado-Badzéré depuis
l'arrivé massif des réfugiés, à connue et continue
de connaitre des mutations tant sur le plan socioéconomique que
démographique. Sur le plan socioéconomique, on remarque
l'émergence des nouveaux petits métiers en occurrence du commerce
pour la vente des produits agricoles. Les réfugiés de la
localité de Gado-Badzéré possèdent des terres sur
lesquelles ils cultivent les produits alimentaires afin de les écrouler
sur le marché. Outre le commerce, les réfugiés
possèdent des boutiques le plus souvent implantées sur les terres
qu'ils ont achetées. Ils justifient cette appartenance par la
présentation d'un titre foncier. Il sera important pour nous,
d'étudier dans un premier temps les dynamiques de la présence des
réfugiés dans la localité de Gado-Badzéré
(Section1) et en suite, les textes qui encadrent
l'accès des réfugiés à la terre (Section
2).
SECTION 1 : LES CHANGEMENTS DUS A LA PRESENCE DES
REFUGIES DANS LA LOCALITE DE GADO
Dans la localité de Gado, l'arrivée massive des
réfugiés à transformer la zone d'abord au niveau de sa
population, qui s'est vu augmenté de façon anarchique
(Paragraphe 1) et a aussi eu des répercussions sur le
plan socio et économique (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Les changements démographiques et
environnementaux
Le mouvement migratoire des réfugiés dans la
zone de Gado a eu des conséquences démographique (A)
et environnementale (B).
A. Dynamiques de la population
On distingue l'émergence de deux catégories de
population. La première catégorie comprend les humanitaires et
les réfugiés. Depuis le début de la guerre en
République centrafricaine, nous avons assisté à un afflux
massif de citoyens centrafricains dans la région de Gado. Il s'agit
d'une catégorie de personnes qui modifient considérablement la
démographie de leur région d'accueil. Selon le Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés
37
(HCR), on dénombre 24 581 en 2018, 28 181 en 2021 et 29
164 en janvier 202253. Par conséquent, ces données
fournies par le HCR montrent que la population de Gado augmente
considérablement chaque année. Les gouvernements locaux et les
institutions publiques ont pris des mesures appropriées afin de pallier
aux problèmes de surnombre des réfugiés. Ainsi, un nouveau
camp a été créé à Gado1 et Gado 2. De
nouveaux sites ont vu le jour à Gado à la suite des mesures
prises par les organismes gouvernementaux pour accroître la
capacité.
Deuxièmement, l'arrivée des humanitaires
à Gado est due à diverses crises, notamment en Afrique centrale.
Leur travail est de protéger et d'aider les réfugiés. Cela
affecte la démographie du lieu d'intervention. Avec l'arrivée des
réfugiés, de nouveaux changements se sont produits dans le
village de Gado. Vous ne pouvez pas parcourir la ville sans rencontrer ces
réfugiés de divers nationalités et d'horizons
différents.
En outre, les autres catégories de population outre les
humanitaires et les réfugiés, nous avons les forces de
sécurité et de Défense.
Ils garantissent la sécurité des biens et des
personnes et la protection des frontières. L'arrivée de
réfugiés centrafricains lors de nombreuses attaques
ultérieures a permis aux forces de défense et de
sécurité d'arriver dans la localité de Gado. En plus des
forces de défense déjà en place, d'autres sont venues les
renforcer. La présence de ces forces de défense, a modifié
la configuration sécuritaire. En outre, elles sont chargées de
protéger les personnes et les biens et sont prêtes à
réagir en cas d'attaque potentielle. Dès lors, vous remarquerez
des soldats armés stationnés dans le centre-ville de
Gado-Badzéré. La douane a également été
renforcée. Le nombre de policiers et de militaires a
considérablement augmenté, par conséquent, la population
de Gado s'est vue augmentée.
B. Les dynamiques environnementales
Des camps de réfugiés sont créés
sur des espaces vides. Ce sont eux qui amènent la transformation car
dès l'arrivée des réfugiés, les organisations et
les administrations cherchent des terrains pour héberger ces
réfugiés. Par conséquent, ils auront besoin de
matériaux comme le bois, pour construire des huttes ou des maisons de
fortune. De plus, les réfugiés auront besoin de terres agricoles
ou de champs non loin de là où ils vivent déjà.
53 Data.unhcr.org/
38
Généralement, il s'agit de terres en
jachère et des forêts qui ont été
défrichées à cet effet54. Pour cette raison,
certaines activités sont réalisées pendant leur
séjour dans la zone d'accueil. A Gado, par exemple, lorsqu'un site est
choisi, les réfugiés doivent d'abord défricher pour
installer leur abri. Au fil du temps, cette activité s'est
élargie dans le but de créer des voies d'accès,
d'instaurer un environnement sain et de favoriser l'implantation
d'activités agricoles. L'agriculture est une activité de
subsistance exercée par les hommes et les femmes. Dans ce cas, les
surfaces utilisées sont de petite taille. Mais elle peut aussi
être commercialisée et pratiquée sur des surfaces un peu
plus grandes. L'arrivée de réfugiés à Gado a
entraîné une pression accrue sur la terre.
Les modifications du couvert végétal dans la
zone d'accueil sont le résultat le plus visible de la présence de
réfugiés. Selon Richard Black, les réfugiés sont
des pollueurs, car la déforestation dans la zone d'étude a
entraîné la pollution. En d'autre, la superficie cultivée a
été augmentée par les activités agricoles,
où la plupart des matières premières sont obtenues
à partir de la forêt. De plus, les résidents prennent du
bois pour cuisiner.
Par ailleurs, les modifications du couvert
végétal d'une zone d'accueil sont sans doute le résultat
le plus visible de la présence de réfugiés. S'appuyant sur
les connaissances concernant les changements environnementaux dans les
régions du tiers monde touchées par des flux massifs de
réfugiés, Richard Black estime que l'arrivée massive de
ces réfugiés dans une localité s'accompagne de
fluctuations de la végétation, des terres, etc. Selon lui, les
réfugiés sont des pollueurs locaux. La déforestation dans
la zone d'étude a entraîné une pollution locale plus grave.
La présence d'animaux appartenant au groupe des réfugiés
centrafricains a augmenté la surface de pâturage. La superficie
cultivée est également augmentée grâce aux
activités agricoles, où la plupart des équipements
agricoles sont obtenus à partir de la forêt. De plus, les
populations collectent du bois de chauffe pour la cuisine. C'est ainsi que la
forêt qui existait là où a été construit le
camp de réfugiés de Gado a été détruit.
PARAGRAPHE 2 : Les dynamiques
socioéconomiques
L'arrivée des réfugiés dans la
localité de Gado-Badzéré a entraîné des
changements sociaux (A) et économiques
(B).
54jacobsen K. « the impact of refugees on the
environnment : A review of the evidence », Washington DC,
Redugee policy Group, P. 49.cité par Richard Black, op. Cit, 1994, P.
39.
39
A. Les mutations sur le plan social
L'accueil et installation des réfugiés à
Gado-Badzéré a accru la vulnérabilité des
communautés et la création d'infrastructures et de camps. En
termes d'augmentation de la vulnérabilité des communautés,
la présence de réfugiés a accru la concurrence pour
l'accès à l'eau. Les problèmes d'approvisionnement en eau
ne sont certainement pas nouveaux à Gado. Avec la croissance
démographique, la demande en eau n'est pas satisfaite lorsqu'elle n'est
pas fournie.
Avant le forage des forages dans le camp de
Gado-Badzéré, il y avait de petits points d'eau. De plus, les
habitants ont accusé les réfugiés d'avoir endommagé
les forages qu'ils avaient trouvés. En règle
générale, le camp de réfugiés de
Gado-Badzéré dispose d'un point d'eau potable. Cependant,
l'accès à l'eau potable demeure un grave problème local.
Certaines ONG ont installé des points d'eau potable, mais le
problème reste aigu en raison des pressions intenses
créées par la population réfugiée de la
République centrafricaine.
En l'absence d'infrastructures, l'accès aux services
sociaux de base avant l'arrivée des réfugiés est une
équation difficile à résoudre. En raison du manque de
structures d'accueil. La présence de réfugiés a
aggravé la situation et entraîné de nombreux transferts.
Ces changements mettent beaucoup de pression sur les infrastructures
existantes. Dans le secteur de la santé6, l'arrivée des
réfugiés a entraîné des pénuries de
médicaments. Enfin, dans le secteur de l'éducation, il y a un
manque de bancs et de salles de classe. L'arrivée des
réfugiés a créé un énorme déficit
d'infrastructures et de personnel enseignant. Sur le plan du
développement et de la création d'infrastructures, depuis
l'arrivée des réfugiés centrafricains à
Gado-Badzéré, les organisations humanitaires se sont
déployées pour développer les infrastructures existantes
dans le but de faire du bien au plus grand nombre.
La présence de réfugiés à
Gado-Badzéré a conduit à la construction d'un camp
scolaire... Dans le camp, un centre médical et un forage ont
été créés. Camp6 a été
créé pour héberger des réfugiés de la
République centrafricaine. De nouvelles salles de classe ont
été construites. En fait, le site accordé par le HCR pour
recevoir les réfugiés n'est qu'un gros buisson. Des machines ont
été mises à disposition pour créer des voies
d'accès. C'est ainsi que les routes sont construites et que les routes
sont réaménagées.
Les habitants, en particulier les pauvres, sont souvent
mécontents des réfugiés qui bénéficient ou
bénéficient de ce qu'ils n'ont pas. Le principe du HCR est de
promouvoir une approche intégrée des services sociaux tout en
respectant les politiques locales, tandis que les
40
réfugiés ont accès à des services
tels que l'éducation et la santé, mais pas les résidents
locaux. Les salaires plus élevés offerts par les ONG ont
encouragé le personnel à quitter la clinique locale. Certains de
ces agents peuvent être d'anciens réfugiés qui ont
contribué au développement de ces services.
De plus, les réfugiés peuvent contribuer aux
zones qui les accueillent. Les réfugiés apportent les
compétences et les connaissances qu'ils peuvent utiliser au profit de la
population locale. Ces compétences varient, mais incluent souvent des
compétences de groupes plus éduqués tels que B. Même
un nombre limité peut apporter une contribution significative dans les
régions éloignées Professionnel de la santé ou
enseignant. Parmi toutes les compétences que les réfugiés
peuvent apporter, il convient de mentionner la culture entrepreneuriale qui
peut dynamiser l'économie locale et fournir des techniques agricoles
innovantes jusque-là inconnues dans la zone d'accueil.
B. Les dynamiques économiques liées
à la présence des refugiés à
Gado-Badzéré
De manière générale, lorsque les
réfugiés arrivent, ils rivalisent avec la population locale pour
des ressources rares telles que la terre, l'eau, les abris, la nourriture et
les soins de santé. Au fil du temps, leur présence exerce une
pression encore plus grande sur les ressources naturelles, les services
d'éducation et de santé, l'énergie, les transports, les
services sociaux et l'emploi. Cela peut entraîner des pressions
inflationnistes et des baisses de salaires. Dans certains cas, promettre une
initiative d'ajustement structurel peut sérieusement perturber le flux
de biens et de services dans la société et affecter la balance
des paiements du pays d'accueil. Par exemple, la nécessité de
louer un immeuble ou un logement pour les expatriés ainsi que du
personnel embauché localement pour répondre aux urgences peut
perturber le marché. L'industrie de la construction se redresse,
généralement avec des augmentations de loyer qui profitent aux
propriétaires mais désavantagent les personnes à revenu
fixe telles que les pauvres et les fonctionnaires. L'achat de grandes
quantités de matériaux de construction peut créer une
pression inflationniste et rendre les matériaux de construction
indisponibles ou indisponibles pour les habitants.
De même, une demande accrue de denrées
alimentaires et d'autres produits de base peut faire grimper les prix du
marché, ce qui stimulera l'activité économique
régionale sans profiter aux plus pauvres. La présence de nombreux
réfugiés dans les zones rurales crée inévitablement
du travail supplémentaire pour les gouvernements locaux. Les
autorités nationales et régionales
41
du pays hôte consacrent d'importantes ressources
humaines et matérielles nécessaires à leur propre
développement pour sauver les réfugiés, réduire
leurs souffrances et assurer la sécurité de toute la
communauté. La plupart des gouvernements hôtes sont
généralement disposés à supporter ces coûts,
mais paient les coûts d'infrastructure supplémentaires qui peuvent
être nécessaires pour accepter les réfugiés en plus
d'autoriser l'asile.
Cependant, l'impact économique des
réfugiés sur les pays d'accueil n'est pas nécessairement
négatif. La présence de réfugiés peut dynamiser
l'économie et ouvrir et développer des zones d'accueil. Ce
stimulus peut être obtenu directement ou indirectement, entre autres, par
la nourriture, les produits non alimentaires, les achats locaux de
matériaux de construction par les agences d'aide, les paiements des
aides, les contributions propres des réfugiés, l'emploi et les
revenus. Les projets d'assistance conçus pour les zones d'accueil des
réfugiés sont portés à la population locale. La
présence de réfugiés contribue également à
la création d'emplois qui profitent directement ou indirectement aux
populations locales. En outre, les services connexes impliqués dans les
activités en faveur des réfugiés en tant qu'homologues du
HCR aux niveaux central et local bénéficient également de
l'appui du HCR visant à renforcer leurs capacités de
réponse et de gestion. Ce soutien peut inclure la livraison
d'équipement, le renforcement des capacités et les composantes de
formation connexes.
Si la présence de réfugiés attire
l'attention, elle peut également attirer des organisations de
développement dans la zone d'accueil. L'infrastructure n'a
été développée qu'au début pour faciliter
les activités du gouvernement hôte, du HCR et des partenaires de
mise en oeuvre dans la zone d'accueil des réfugiés, mais sinon
comme catalyseur pour ouvrir la zone d'accueil aux efforts de
développement. Vous avez atteint ces franges.
SECTION 2 : LA GOUVERNANCE DE L'ACCÈS AUX
TERRES AU CAMEROUN FACE AUX DROITS DES REFUGIÉS
Dans cette partie réservée à la
gouvernance de l'accès aux terres et le droit des
réfugiés, nous allons dans un premier temps parler du
régime des terres au Cameroun (paragraphe 1) et dans un
deuxième temps, du droit foncier coutumier camerounais
(paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Le régime des terres au
Cameroun
Parlant du régime des terres au Cameroun, il serait
important pour nous de Présentation des différentes
catégories de terres au Cameroun (A) en suite de
montrer Procédure d'obtention des terres selon le droit étatique
(B).
A. Présentation des différentes
catégories de terres au Cameroun
42
Au Cameroun, deux modes de gestion de terres coexistent,
notamment le Droit statutaire et la coutume. La juxtaposition de
l'administration publique sur les institutions traditionnelles de gestion
foncière engendre une pluralité de sources de droit. Le
système du droit étatique est construit sur les ordonnances de
197455, et leurs textes d'application. Il classe les terres en trois
grandes catégories :
Le domaine public, constitué de terres non
appropriables. Il est géré par l'État. Il comporte, entre
autres espaces pertinents pour l'analyse de la situation foncière dans
la zone d'étude, « les marécages, à l'exception des
plantations aménagées »56.
Le domaine privé, composé des terres
immatriculées au nom de personnes morales de droit public (Etat,
collectivités territoriales décentralisées par exemple) ou
de droit privé (compagnies privées, associations par exemple), ou
au nom de personnes physiques.
Le domaine national, constitué de terres ne relevant
d'aucune des deux catégories précédentes. Il
représente environ 85% du territoire national, et la plupart des zones
rurales en font partie. L'ordonnance N°74-1 fixant le régime classe
le domaine national en deux catégories :
Le domaine national de première catégorie,
comprenant « Les terrains d'habitation, les terres de culture, de
plantation, de pâturage et de parcours dont l'occupation se traduit par
une emprise évidente de l'homme sur la terre et une mise en valeur
probante »57
Le domaine national de deuxième catégorie,
composé de terres libres de toute occupation effective58.
Traditionnellement, chaque village possède des terres
qu'il revendique comme propriété commune. Au sein de ce terroir,
on distingue les terres de propriété traditionnelle, qui sont la
propriété privée d'un individu ou d'une famille qui ont en
communs une sorte d'espace protégé dans le village et qui permet
d'exercer des activités exclusives parmi les membres de la
communauté (ex. chasse, cueillette de produits forestiers,
pâturage). C'est sur ces terres collectives que se développent les
dépenses privées des membres de la communauté, par
55Il s'agit des ordonnances N°74-1 du 6
juillet 1974 fixant le régime foncier et N074-2 du 6 juillet 1974 fixant
le régime domanial. Il existe une multitude de lois et de textes
réglementaires complétant ce dispositif. Voir MINDCAF, Recueil
des textes sur le régime foncier et domanial au Cameroun,
Yaoundé, 2012.
56Voir l'article 3 de l'ordonnance N°74-2 du 6
juillet 1974 fixant le régime domanial.
57 Article 15 de l'ordonnance N°74-1 fixant le régime
domanial.
58 Voir l'article 15 de l'ordonnance N°74-1
fixant le régime domanial.
43
exemple pour créer de nouvelles fermes. Un terroir
traditionnel dans un village classique se compose généralement de
trois éléments :
Les lieux d'habitation sont souvent situés le long des
pistes. Ils relèvent de la propriété privée
traditionnelle de personnes/familles bien identifiées. Les plantations,
relèvent de la propriété privée de
personnes/familles bien identifiées ; les terres communes,
relèvent de la propriété collective du village. Elles sont
gérées suivant des règles connues et acceptées des
membres de la communauté, qui dispose du pouvoir d'exclure de ces
espaces toute personne n'appartenant pas à la communauté. Le
village a également le pouvoir d'accueillir toute personne
extérieure à la communauté, et lui fixe des règles
dont le respect garantit la cohabitation harmonieuse avec les membres de la
communauté. Ces terres communes correspondent aux terres du domaine
national de deuxième catégorie, dans la nomenclature
étatique. C'est aussi l'une des principales pommes de discorde en
matière de gestion foncière : l'Etat estime qu'elles sont «
libres de toute occupation effective », alors qu'elles font partie
intégrante du système de production des communautés, qui
estiment par ailleurs qu'elles leur appartiennent.
Les lieux d'habitation et les plantations sont
généralement cessibles (par don, prêt, location ou vente)
et peuvent être transmit sous forme d'héritage. Les ventes, dons
et locations à des personnes voisines venant des autres villages ou pays
font généralement l'objet d'une validation par le chef, parce
qu'ils autorisent l'entrée « d'étrangers » au sein de
la communauté, ce qui n'est pas interdit par la tradition et reste
très réglementé.
Le territoire traditionnel est généralement bien
connu, même si parfois les limites avec les autres villages ne sont pas
très précises, surtout loin des localités
habitées.
B. Procédure d'obtention des terres selon le droit
étatique
Le droit moderne érige l'immatriculation en mode unique
de reconnaissance des droits fonciers. L'ordonnance N°74-1 fixant le
régime foncier prévoyait en effet une conversion de toutes les
anciennes preuves de la propriété foncière en une
immatriculation (« publication dans les livres fonciers
»)59, afin de garantir leur opposabilité aux tiers.
59Article 3 de l'ordonnance N°74-1 fixant le
régime foncier.
44
La possibilité d'immatriculer était reconnue, en
1974, à ceux qui occupaient paisiblement des terres du domaine national.
Aussi l'article 17 de l'ordonnance N°74-1prévoyait-il que :
« ... Les collectivités coutumières,
leurs membres ou toute autre personne de nationalité camerounaise qui,
à la date d'entrée en vigueur de la présence ordonnance,
occupent ou exploitent paisiblement des dépendances de la
première catégorie prévue à l'article 15,
continueront à les occuper ou à les exploiter. Ils pourront, sur
leur demande y obtenir des titres de propriété ».
Ceux qui peuvent établir l'antériorité de
leurs mises en valeur sur les terres par rapport à l'entrée en
vigueur de l'ordonnance du 6 juillet 1974 jouissent donc toujours de la
possibilité d'immatriculer leurs terres. Il faudrait concrètement
pouvoir établir qu'il y a 46 ans l'on était exploitant paisible
des terres sollicitées pour l'immatriculation. En dehors de cette
possibilité, qui ne concerne désormais que les membres les plus
âgés des communautés, l'ordonnance ouvrait trois
possibilités pour l'accès légal aux terres du domaine
national : la concession, le bail ou l'affectation60. Ces options
sont ouvertes pour les terres du domaine national de deuxième
catégorie, ou terres en propriété traditionnelle
collective, suivant les villages concernés.
Le droit étatique reconnait toutefois le droit des
communautés à utiliser la terre et les ressources. L'ordonnance
N°74-1 du 6 juillet 1974 précise : « Dans le respect de la
réglementation en vigueur, un droit de chasse et de cueillette leur est
reconnu sur les dépendances de deuxième catégorie..., tant
que l'Etat n'aura pas donné à ces terres une affectation
précise ». De même, la loi du 20 janvier 1994 fixant le
régime des forêts, de la faune et de la pêche reconnait aux
communautés riveraines un droit d'usage en vertu duquel les populations
riveraines peuvent exploiter tous les produits forestiers, fauniques et
halieutiques à l'exception des espèces protégées,
en vue d'une utilisation personnelle61. Enfin, la législation
foncière prohibe formellement toute transaction sur les terrains urbains
ou ruraux non immatriculés au nom du vendeur ou du
bailleur62.
60 Voir l'article 17 de l'ordonnance N°74-1
fixant le régime foncier.
61 Article 8(1) de la loi du 20 janvier 1994 fixant le
régime des forêts, de la faune et de la pêche
62 Article 8 de l'ordonnance N° 74-1 fixant le
régime foncier
45
PARAGRAPHE 2 Le droit foncier coutumier camerounais
Les droits fonciers coutumiers font référence
à des systèmes de valeurs et de représentations, de
règles, de permis et d'interdits, pour l'essentiel non écrits,
adossés aux institutions traditionnelles, organisant l'accès et
l'usage des terres pour les hommes et les femmes au sein des différentes
communautés (A) et des modalités d'accès
à la terre dans le système coutumier
camerounais(B).
A. Représentation de la terre et modes
d'organisation des patrimoines fonciers au sein des
communautés
Qu'elle soit désignée, « Lesdi » en
Fulfulde ou « Nou » en Gbaya, la terre, patrimoine matériel et
immatériel, détermine l'appartenance communautaire et
lignagère, tout en favorisant la mobilisation sociale,
économique, et culturelle des hommes et des femmes. La terre semble
être au centre des conditions humaines à
Gado-Badzéré. À partir des données
collectées, on peut identifier trois fonctions de la terre :
ü Fonction politique : Pour les dirigeants
communautaires, la terre est un symbole d'autorité, la terre
représente la zone dans laquelle ils exercent le pouvoir de marquer.
ü Fonction socioculturelle et économique : La
terre est la richesse la plus importante que les ancêtres laissent
à leurs descendants. C'est en quelque sorte un outil de
différenciation et de classement social entre hommes, femmes, enfants du
village et même étrangers. En tant que ressource de production
pour l'agriculture et l'élevage, la terre permet aux acteurs
communautaires de construire une autonomie par la sécurité
alimentaire et l'indépendance économique vis-à-vis de la
consommation et de la commercialisation des produits issus des activités
de production.
En général, les terres communautaires sont
divisées en deux catégories : les terres familiales et les terres
commune.
La terre familiale est une terre qui a été
autrefois conquise « au droit d'une machette ou d'une hache »,
généralement par le fondateur de la première famille. Par
son labeur, il « délimite » un espace, dont
l'aménagement marquera la propriété, inaliénable
d'un tiers de la communauté. Ceci n'est explicitement documenté
nulle part, mais fonctionne comme un indicateur clair de la présence
d'un tiers dans l'espace et donc de la propriété d'un tiers. Ces
terres sont gérées par des propriétaires familiaux, et
peuvent être délimitées par des
générations.
46
Elles ne sont transmises que dans la lignée familiale.
Dans les communautés Peuhle (éleveurs), elles étaient
indivisibles, mais progressivement dans les communautés Gbayas
(agriculteurs), elles ont été délimitées.
La terre commune, en revanche, est une terre qui, dans les
villages, n'appartient manifestement à aucune famille. Elles font partie
du patrimoine communautaire. Ces terres sont essentiellement sans ressources ou
non développées par des membres individuels de la
communauté. Le chef du village est le gestionnaire principal de ces
terres. Ils forment des terres de réserve, qui sont utilisées par
les fils et filles du village, sous la diligence du chef, pour créer ou
agrandir leur ferme. Les ressources qui les contiennent sont une
propriété commune et peuvent être utilisées par tous
les membres de la communauté. La communauté se réserve le
droit de ne pas autoriser toutes les personnes réputées
étrangères à utiliser ces espaces. Les deux types de
terres définissent le type d'usager, l'approche et la nature des droits
coutumiers reconnus.
B. Les modalités d'accès à la terre
dans le système coutumier camerounais
Dans le cadre du régime foncier coutumier, le concept
de tradition est souvent mal compris. Au contraire, les propriétaires
fonciers comptent sur leur longévité. Dans la pratique, le
régime foncier coutumier reste « courant » et est
déterminé par ce que les communautés existantes
considèrent comme acceptable. Ainsi, le régime foncier coutumier
est un régime flexible qui répond aux conditions changeantes
telles que la liberté d'accès des réfugiés et est
restreinte pour les mêmes raisons. Cela peut avoir du sens pour les
proches, les réfugiés ou d'autres groupes qui ont
traditionnellement obtenu l'accès, avec le consentement tacite de la
communauté d'accueil. Actuellement, une autorisation officielle est
généralement requise et l'accès peut être
limité ou soumis à une allocation de "donation".
Ainsi, dans le système coutumier, le mode
d'accès à la terre était principalement
hérité du droit des premiers occupants d'utiliser une hache ou
une pioche. D'autres formes comprennent les dons, les prêts, la vente
après déclaration d'abandon du droit coutumier et les locations.
Ces ressources sont principalement destinées à être
distribuées aux membres de la communauté tandis que d'autres,
comme les personnes en déplacement, sont régies par les principes
d'hospitalité et de solidarité. Donc, aucune personne
déplacée ne peut revendiquer des droits sur une parcelle de
terrain pour la construction de logements, des terres arables et la
propriété de biens obtenus à partir des ressources
communautaires. C'est la résidence communautaire ou l'appartenance
à la communauté qui donne accès à ces ressources.
En outre,
l'administration territoriale reconnaissant le pouvoir
coutumier comme légitime et même légal63, les
chefs traditionnels représentent le pouvoir traditionnel, tout en
étant des auxiliaires de l'administration. Ceci laisse penser que les
coutumes foncières selon lesquelles ils administrent le secteur foncier,
ont force de Loi.
Conclusion
Dans ce chapitre, il était question pour nous
d'analyser les logiques d'installations des réfugiés dans la
localité de Gado-Badzéré, et les normes
édictées par l'Etat du Cameroun dans l'encadrement des refugies
règlementant les questions foncières. Après plusieurs
recherches sur le terrain auprès des personnes ressources et la
recherche via les documents, nous avons observé un vide juridique ou du
moins, un flou sur les modalités d'accès au foncier par les
réfugiés dans un contexte où les ressources
foncières sont considérées, comme des ressources
communautaires sous la gestion du responsable communautaire. C'est ce qui
justifie une diversité de pratiques sur le terrain pour l'accès
à la terre par les réfugiés, y compris pour les camps et
sites d'installation et leur insécurité foncière.
47
63 Décret N° 77/245 du 15 Juillet 1977 portant
organisation des Chefferies Traditionnelles
DUXIEME PARTIE : PRATIQUES DE L'ATTRIBUTION ET DE LA
SÉLECTION DES SITES DE RÉFUGIÉS SUR LE TERRAIN
48
La deuxième partie de ce mémoire est
constituée de deux chapitres (3 et 4). L'un met un accent sur le
processus de sélection des sites pouvant abriter les
réfugiés, l'autre, présente les différents modes
d'acquisition des terres par les réfugiés au de-là des
camps.
Le chapitre 3 analyse le processus de sélection des
sites qui sous-tendent l'usage des terres avant l'arrivée des
réfugiés et les critères de sélection dudit site
pour l'installation des réfugiés. Ensuite, les mécanismes
d'acquisition des terres pour l'installation des camps pour abriter les
réfugiés ce qui fait allusion à l'implication des
communautés hôtes dans le processus d'attribution des terres et la
compensation pour les pertes relatives aux mises en valeur des terres.
Le chapitre 4, quant à lui, fait une analyse sur les
différents modes d'acquisition des terres par les réfugiés
au-delà des camps. En effet, dans ce chapitre, nous allons identifier
les différents modes d'accès aux terres par les
réfugiés et pour finir énumérer quelques impacts
lies à leurs installations et des recommandations.
CHAPITRE III : LES MÉCANISMES DE SÉLECTION
ET D'ACQUISITION DES TERRES POUR INSTALLER ET ABRITER LES
RÉFUGIÉS
49
Introduction
Ce chapitre propose de décorer le processus de
sélection et d'acquisition des terres pour l'installation des
réfugiés. Dans un premier temps, nous passerons en revu le
processus de sélection des sites et nous y analyserons deux axes :
l'usage des terres avant l'arrivée des réfugiés, les
acteurs et les critères de sélection des sites pour abriter les
réfugiés (Section 1). Dans un deuxième
temps, nous nous attarderons sur le processus d'acquisition des terres pour
installer les camps de réfugiés. Pour cela, nous allons
présenter l'implication des communautés hôtes dans le
processus d'attribution des terres et la compensation pour les pertes relatives
aux mises en valeur et aux terres (Section 2).
SECTION 1 : PROCESSUS DE SÉLECTION DES SITES
POUR L'INSTALLATION DES REFUGIÉS
Les principales parties prenantes au processus de
sélection sont les autorités administratives (Préfet et
Sous-préfet) qui sollicitent les autorités traditionnelles, suite
à une demande préalable du HCR. L'État, à travers
ces autorités, identifie et propose un site au HCR qui s'assure de sa
viabilité selon les normes sphères Abris et Habitations. Les
Standards minimums Sphère en matière d'abris et d'habitat
constituent une expression pratique du droit à un logement décent
dans les contextes humanitaires. Dans cette partie, l'on fera d'abord un
aperçu sur ce à quoi servait les terres avant l'arrivée
des réfugiés (paragraphe 1) et en suite faire un
état sur le Processus de sélection du site devant abriter un camp
de réfugiés (paragraphe2).
PARAGRAPHE 1 : Usage des terres avant l'arrivée
des refugiés
Parler de l'usage des terres avant l'arrivée des
réfugiés revient d'abord à décrire la zone d'etude
(A) et ensuite faire une analyse cadrée sur ce à
quoi servait les terres avant l'arrivée des réfugiés
(B).
A. Description de la zone d'étude
Dans le cadre de cette étude, une zone a
été sélectionnée pour observer les processus
d'attribution des terres pour l'installation des camps de
réfugiés, l'accès à la terre par les
réfugiés au-delà des camps et des sites d'installation. Il
s'agit de la zone de Gado-Badzéré à l'Est.
Gado-Badzéré est une localité
située à 35 Kilomètres de Garoua-Boulaï,
département du Lom et Djerem, région de l'Est du Cameroun,
située sur le corridor Bangui Douala, point de contact entre le Cameroun
et la RCA, est ainsi devenue l'un des lieux privilégiés d'accueil
des réfugiés provenant de la RCA alors confrontée à
une importante insécurité liée à l'action de
coupeurs de route et des groupes rebelles.
Ouvert le 1er mars 2014, le camp de Gado-Badzéré
comptait 17 959 réfugiés au mois d'octobre de la même
année. En 2016, ce chiffre s'élevait à 22 876 pour
s'établir en fin 2017 à 24 365 pour 7778 ménages de 3
individus en moyenne. Les femmes représentaient 53% de cet effectif et
les jeunes de moins de 18 ans, 59%. Le profil ethnolinguistique du camp est
étroitement associé aux incidences des crises politiques en RCA
qui ont souvent affecté de manière spécifique certaines
« communautés ». Aussi en avril 2017, 93% des
réfugiés présents dans le camp revendiquaient une
appartenance peule et 2,5% une appartenance haoussa. Plus de 9
réfugiés sur 10 étaient de confession musulmane. Le gros
du contingent de ces réfugiés (67%) provenait des
préfectures centrafricaines de Nana-Mambéré et
d'Ombella-Mpoko. La première est une préfecture contiguë au
département du Lom-et-Djerem tandis que la seconde se situe vers le
centre de la RCA. Le camp est constitué de tentes (en bâches
blanches) fournies par les ONG et quelquefois recouvertes de chaume.
Géré par l'ONG Première Urgence International, le camp
subdivisé en deux secteurs : Gado 1 et Gado 2.64
50
64 Enquêtes, HCR, 2014 ; 2015
51
Juin 2021 photo Google Earth
Photo 2: Vue du Camp de Gado-Badzéré
En 2003, à la suite du coup d'État
perpétré par François Bozizé et de
l'intensification du banditisme rural, on a enregistré un premier afflux
d'environ 3000 personnes aux frontières camerounaises, dont à
Garoua-Boulaï. Il s'agissait d'individus identifiés comme des
Peulhs Mbororo et leur arrivée conduisit, quelquefois, à des
regroupements affinitaires. Par regroupement affinitaire, il faut entendre une
association de personnes basée sur des intérêts communs.
Dans le cas d'espèce, les arrivants se sont regroupés en fonction
de leur identité culturelle.65
Ces personnes se sont d'abord dirigées vers les espaces
ruraux situés autour de centres urbains. Une proportion moins importante
s'est orientée directement vers les centres urbains comme
Garoua-Boulaï, là où des connaissances, des parents
étaient susceptibles de faciliter leur installation et où la
sécurité était garantie. L'espace urbain
représentait également à leurs yeux, un cadre propice
à des occupations professionnelles mêmes précaires. Les
premiers dispositifs institutionnels prirent place dans la ville aux fins
d'accueil et de prise en charge de ces déplacés.
65Minfegue, « S'engager quand on est
réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). »
Carnets de géographes, 2019.
52
La crise de 2013 en RCA fut marquée par une
arrivée plus importante de réfugiés, nécessitant
une infrastructure humanitaire de forte capacité. Le fait
caractéristique de ce redéploiement humanitaire fut la
création du camp de réfugiés de Gado-Badzéré
en 2014, situé à environ 30 kilomètres de
Garoua-Boulaï66.
Au 30 Novembre 2019, la population du site de Gado
s'élevait à 25602 réfugiés centrafricains, soit
7975 ménages à prédominance peuhl (92,9%) et musulmans
(98,8%). Ouvert le 1er Mars 2014, le site a actuellement une
superficie de 55 hectares. Selon le HCR (document profile du site), la
majorité des réfugiés est agro-pasteurs, mais la plupart
d'entre eux n'a pas un accès facile aux terres et/ou aux pâturages
aux environs du site.
Selon des données HCR de Janvier 2019, la région
de l'Est compterait 174 076 réfugiés centrafricains, dont 113 718
réfugiés hors site et demandeurs d'asile (soit 65%).
B. Usage des terres à
Gado-Badzéré avant l'arrivée des
refugiés
Dans le camp de Gado-Badzéré, région de
l'Est, l'espace identifié était « vide » selon les
autorités administratives et communales locales rencontrées. En
revanche, pour les autorités traditionnelles rencontrées au cours
de la collecte des données, une partie était constituée
des jachères (sols non utilisés) des vieilles femmes et l'autre
partie tenait lieu de marché à bétail qui a
été délocalisé. Etant donné qu'il n'y avait
pas de mise en valeur évidente et encore moins un titre foncier sur ces
terres, l'administration foncière déconcentrée les
considère comme faisant partie du domaine national libre de toute
occupation. Pourtant, la jachère revêt plusieurs valeurs (voir
encadré 3) qui devraient lui valoir une meilleure considération
que celle introduite par les colonisateurs (terres vacantes sans maîtres)
à travers l'ordonnance impériale de la couronne allemande du 15
Juillet 189667et reprises par le droit statutaire en vigueur
66 Ibid.
67Cette ordonnance, qui définissait la
politique foncière allemande au Cameroun, a été prise
après le transfert, par les Rois Douala Ndumbé Lobè Bell
et Akwa Dika Mpondo, de la souveraineté, la législation et
l'administration des territoires camerounais aux firmes commerciales allemandes
Woermann et, Jantzenet Thormählenà l'issue du traité
Germano-Douala signé le 12 Juillet 1884.
Encadré 1 : Les valeurs de la jachère
|
53
La jachère occupe une place importante dans le foncier
rural et la gestion
foncière. En effet, selon Maiga (1998), les raisons pour
lesquelles les agriculteurs
abandonnent la jachère sont :
V' Agro-écologie : la jachère vise
à restituer naturellement les éléments nutritifs du sol.
Par conséquent, le problème est de créer les conditions
d'une
restauration des sols pour augmenter leur fertilité, afin
d'augmenter leur
|
productivité dans le futur ;
V' Troupeaux : jachère pour fournir du
fourrage au bétail ;
V' Économique : les jachères
fournissent les produits récoltés (bois, fruits, herbes
médicinales, etc.) ;
V' Socio-culturel : les terres en jachère
constituent un fonds de réserve foncière pour les agriculteurs
à utiliser plus tard (dans ce cas, les femmes âgées et
leurs descendants).
C'est donc une grave erreur de penser que la friche est
inexploitée et dépourvue de
toute occupation.
Il faudrait souligner que la superficie exacte des camps est
méconnue par presque tous les acteurs (autorités traditionnelles,
communales et administratives). La superficie initiale de Gado serait d'environ
32 hectares selon l'administration foncière départementale et le
profil actuel du site laisse entrevoir une extension de 23 hectares pour se
fixer à 55 hectares.
A l'Extrême- Nord par exemple, c'était un espace
agricole utilisé par des hommes et des femmes des communautés de
différents cantons pour la culture du coton, du mil rouge, du mil de
contresaison et pour des cultures ligneuses. « Certaines personnes avaient
d'ailleurs déjà
54
commencé les semis au moment de l'acquisition
»68. Une étude précédente de Brangeon et
Bolivard (2017) l'avait déjà relevé en ces termes : «
le site a été construit sur des terres cultivables,
précédemment utilisées par les communautés
avoisinantes pour cultiver le sorgho. De plus, les alentours du camp
étaient autrefois des zones de pâturages importantes ».
L'espace appartiendrait au canton de Gawar, mais était utilisé
par les membres de la communauté de Gadala (y compris le Lawan de
Gadala, chef coutumier) qui dépend du canton Matakam Sud.
PARAGRAPHE 2 : Les besoins de terre pour l'installation
des refugiés
On observe une installation anarchique des
réfugiés sur les terres, mais également une occupation
organisée par certains chefs réfugiés qui attribuent les
terres à leurs frères réfugiés, sans consultation
de la communauté et du chef du village même (A)
or les besoins des terres pour l'installation des
réfugiés doivent être encadrés par les
autorités compétentes (B).
A. Installation sans autorisation
Dans le premier cas, cette pratique est observée dans
la localité de Gado-Badzéré. Il est créé
à deux niveaux : au niveau des espaces divisés en agriculture et
en élevage. A ce niveau, les réfugiés ne respectent pas
toujours les espaces délimités dans le cadre du zonage. Ils se
plaignent que la terre donnée pour l'agriculture est non seulement
limitée en superficie, mais aussi infertile. Ils sont donc
réinstallés avec tous les risques dans le territoire
réservé à la reproduction. Parfois, ils se trouvent dans
les fermes d'élevage. Le chef du billage et les autorités, ne
sont avertis qu'en cas de litige avec les éleveurs. La communauté
de Gado a exprimé sa colère face à l'incident et au fait
que si les réfugiés sont autorisés à
récolter ce qu'ils ont semé cette fois, ils ne permettront pas de
telles évasions à l'avenir.
Plusieurs limites ressortent de cette analyse, qui menace
toutes la stabilité et la paix entre les réfugiés et les
communautés d'accueil. En pratique, ce mode de gestion pose plusieurs
problèmes : la qualité des terres attribuées aux
réfugiés (généralement gratuites) : Celle-ci
était très appréciée par la plupart des
réfugiés. En fait, les réfugiés ont trouvé
des communautés installées autour des villages et cultivant des
terres plus propices à l'agriculture et à l'élevage. De
plus, les réfugiés n'ont généralement droit
qu'à des terres plus isolées et inoccupées. Afin
d'éviter les conflits sur les terres agricoles, les terres agricoles et
la zone d'élevage du bétail ont été
séparées et marquées. Les réfugiés
agriculteurs sont plus attirés par les terres pastorales car ils sont
plus fertiles et moins commercialisables que dans d'autres terres.
68 Investigations de terrain à Gado-Badzéré
(janvier 2022)
55
De plus, la présumée propriété
coutumière des terres par les réfugiés, qui auraient la
possibilité de céder les terres à leurs descendants. En
fait, ce mode d'acquisition est souvent opposé à un
système de dons temporaires (les communautés ont tendance
à dissuader les réfugiés de faire des cultures
pérennes). Enfin, il n'est pas clair si ces terres ont été
concédées à titre temporaire ou permanent. C'est
très inquiétant car les réfugiés sont susceptibles
d'enterrer leurs morts sur ces terres. Habituellement, les tombes sont des
éléments qui confirment la propriété du terrain, le
propriétaire a toujours voulu être proche du défunt. En fin
de compte, le message est que le réfugié "possède"
l'espace autant qu'il le souhaite. Il ne fait aucun doute que l'acquisition de
ces terres ne se fera pas sans conflits et controverses, si cela devenait
nécessaire à l'avenir.
B. Installation des réfugiés dans les
Camps sous autorisation des autorités compétentes
Selon le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour
les réfugiés, il existe deux types de besoins fonciers pour les
réfugiés : les camps d'installation et les villages
d'installation des réfugiés. L'arrivée de
réfugiés dans un pays d'accueil est souvent inattendue. Dans
plusieurs cas observés, les réfugiés ont d'abord
été dispersés parmi la population d'accueil. Il appartient
au Gouvernement et au HCR de déterminer le type de règlement
(règlement ou liquidation) à accepter. Pour l'installation,
l'accompagnement et le suivi, le HCR a soumis une demande foncière
à l'Etat du Cameroun. Les autorités administratives locales
demandent aux autorités traditionnelles d'identifier les lieux. Les
extensions se font simplement avec l'accord des autorités
traditionnelles après l'obtention des deux premiers exemplaires. Il
ressort clairement de l'entretien avec les autorités traditionnelles,
que le HCR n'a pas le droit de fournir la terre, contrairement
l'État.
Cependant, il y a beaucoup d'ambiguïté concernant
le document confirmant l'attribution de terres de l'État du Cameroun au
HCR pour divers emplacements. Ce document n'est pas disponible auprès
des représentants du MINDCAF ou des sous-représentant du HCR ou
au niveau des bureaux régionaux décentralisés. Cela
comprend la reconnaissance des chefs traditionnels comme intendants locaux des
terres, sous réserve de la décision de l'administration du
district de mettre les terres à disposition pour l'installation des
réfugiés, tout en respectant les droits fonciers des
réfugiés et des communautés hôtes.
56
SECTION 2 : LES CRITERES DE SELECTION D'UN SITE DEVANT
ABRITER UN CAMP DE REFUGIES ET L'IMPLICATION DES COMMUNAUTES HOTE DANS LE
PROCESSUS D'ATTRIBUTION DES TERRES
Les réfugiés de l'Est Cameroun en
général et en particulier dans la zone de
Gado-Badzéré dès leur arrivé, sont accueillis par
les communautés hôtes et le HCR. La recherche des terres en
jachère ou vacante dans le but d'installer ceci, se détermine par
des critères de sélection bien définies. Nous allons dans
cette partie, voir les différents acteurs et critères de
sélection des sites où devront être logés les
réfugiés (paragraphe 1) et par la suite donner
l'implication des communautés hôtes dans le processus
d'attribution des sites (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : les acteurs et les critères de
sélection du site devant abriter un camp Il sera indispensable
pour nous dans un premier temps d'énumérer les critères de
sélection d'un site (A) et dans un deuxième
temps, donner le rôle des acteurs dans la section des sites
(B).
A. Les critères pour la sélection d'un
site
Les différents critères qui guident la
sélection d'un site, selon les enquêtes de terrains
rencontrés, sont :
Ø Le niveau d'éloignement de la
frontière avec le pays d'origine pour éviter qu'il n'y ait un
mouvement pendulaire entre le pays d'accueil et le pays d'origine (plus de 25
Kilomètres de la frontière) ;
Ø La sécurité des personnes
affectées ;
Ø La disponibilité de la terre et la
possibilité d'extension ;
Ø La viabilité du terrain ;
Ø La topographie ;
Ø L'accessibilité du terrain aux services
sociaux de base y compris l'infrastructure routière et l'accès
à l'eau ;
Ø Le degré d'hospitalité des
communautés d'accueil.
L'on peut constater que le statut de la terre n'est pas
évoqué par les responsables du HCR comme critère, car
comme le révèle la section « droits fonciers » dans le
tableau 1 ci-dessous, c'est le gouvernement qui doit mettre à
disposition les terres et clarifier leur statut par écrit.
57
En situation normale, lorsque l'Etat du Cameroun veut mettre
des terres à la disposition d'un projet, il peut cibler soit les terres
de son domaine privé ou celui des autres personnes morales69
de Droit public, soit celles du domaine national qui sont attribuées par
voie de concession, bail ou affectation. Ainsi, pour la réalisation des
opérations ou projets d'intérêt public, économique,
social ou culturel, l'Etat peut, selon l'article 12 de l'Ordonnance n°
74-1 du 6 Juillet 1974 fixant le régime foncier, recourir à
l'expropriation qui intervient après que la zone cible ait
été déclarée d'utilité publique.
Toujours pour les motivations d'intérêt
général, l'Etat peut incorporer dans son domaine privé ou
celui des autres personnes morales de Droit public, des portions du domaine
national tel que prévu à l'article 18 de l'Ordonnance
sus-évoquée. Pour le camp de réfugié de
Gado-Badzéré qui a été installé sur les
terres du domaine national, il s'avère, à l'issue des discussions
avec les responsables des Ministères des Domaines et de l'Administration
Territoriale rencontrés, qu'aucune de ces deux procédures n'a
été suivie par l'Etat. L'arrivée inopinée des
réfugiés et l'urgence peut donc justifier le fait que le
Gouvernement camerounais n'ait eu à recourir ni à
l'expropriation, ni à l'incorporation pour une cession ultérieure
par voie de concession. Le tableau (1) donne en effet plus d'informations sur
les facteurs importants à considérer pour la sélection
d'un site selon les règles internes du HCR
69 Il s'agit des Collectivités Territoriales
Décentralisées, des Etablissements publics, des concessionnaires
de service public et des sociétés d'Etat.
58
Tableau 1 : facteurs importants pour la sélection d'un
site
Topographie,
Drainage, conditions du sol
|
La topographie du terrain doit permettre un drainage facile et
le site doit être situé au-dessus du niveau des crues. Les sols
rocheux et imperméables doivent être évités. Un
terrain recouvert d'herbe empêchera la poussière. Dans la mesure
du possible, les pentes abruptes, les vallées étroites et les
ravins doivent être évités.
|
Idéalement, un site devrait avoir une pente de 2%
à 4% pour un bon drainage, et pas plus de 10% pour éviter
l'érosion et le besoin de terrassements coûteux pour les routes et
la construction de bâtiments.
|
Éviter les zones susceptibles de devenir
marécageuses ou gorgées d'eau pendant la saison des pluies.
Consulter les données météorologiques nationales et les
communautés d'accueil avant de prendre une décision.
|
Les sols qui absorbent rapidement les eaux de surface facilitent
la construction et l'efficacité des latrines à fosse.
|
Le sous-sol doit permettre une bonne infiltration (permettre
au sol d'absorber l'eau et de retenir les déchets solides dans les
latrines). Les sols très sableux peuvent avoir une bonne infiltration,
mais les fosses des latrines peuvent être moins stables.
|
Si possible, sélectionner un site où le terrain est
adapté aux jardins potagers ou à la culture à petite
échelle. Éviter les sites excessivement rocheux ou
imperméables, car ils gênent la construction d'abris et de
latrines. Les latrines à fosse ne doivent pas pénétrer
dans les eaux souterraines. La nappe phréatique doit être d'au
moins 3 mètres sous la surface du site.
|
Ressources en eau
|
Choisir des emplacements qui sont raisonnablement proches
d'une bonne source d'eau et, idéalement près d'un terrain
élevé avec un bon ruissellement et drainage de l'eau de surface.
Une fois localisées, les sources d'eau doivent être
protégées. Idéalement, aucun individu ne devrait avoir
à marcher plus de quelques minutes. Il devrait y avoir au moins un point
d'eau pour 250 personnes.
|
Idéalement, les levées hydrologiques fourniront
des informations sur la présence d'eau. Un site ne doit pas être
sélectionné en supposant que l'eau sera trouvée par
forage. Le transport d'eau sur de longues distances doit être
évité si possible.
|
|
Les réfugiés devraient bénéficier
d'une utilisation exclusive du site dans lequel ils vivent, en accord avec les
autorités nationales et locales.
|
Les gouvernements mettent souvent à disposition des terres
publiques.
|
59
Droits fonciers
|
Les terres privées ou communales (y compris les terres
pastorales non fermées) ne peuvent être utilisées que si le
gouvernement a convenu d'un accord juridique formel avec le (s)
propriétaire (s), conformément aux Lois du pays.
|
Le statut des terres occupées pour les sites devrait
être clarifié par écrit par le gouvernement. En association
avec le gouvernement et la communauté d'accueil, convenir et clarifier
le droit des réfugiés à mener à bien certaines
activités (chercher de la nourriture, collecter du bois de chauffage,
collecter du bois et d'autres matériaux d'abri tels que de l'herbe ou de
la boue, rassembler du fourrage et faire paître les animaux).
|
Accessibilité
|
S'assurer que le site dispose d'une infrastructure
routière adéquate ; son accès doit être fiable, y
compris pendant la saison des pluies pour la fourniture de l'aide d'urgence et
d'autres biens
|
Évaluer la proximité du site avec les services
nationaux, y compris les établissements de santé, les
marchés et les villes. L'accès aux services traditionnels est
encouragé dans la mesure du possible et évite la
nécessité de développer des services parallèles
pour la population du camp
|
Assurer la liaison avec les agences de développement, y
compris le PNUD et les Ministères concernés, pour garantir
l'amélioration des voies d'accès.
|
Le HCR devrait financer le coût de la construction de
routes d'accès courtes reliant le site à la route principale.
|
Sécurité
|
Le site doit être situé à une distance
suffisante des frontière internationales (50 kilomètres), des
zones de conflit et d'autres zones potentiellement sensibles (telles que les
installations militaires). Eviter les endroits qui subissent des conditions
climatiques extrêmes ou présentent des risques évidents
pour la santé (paludisme), l'environnement ou autres.
|
Les vents violents peuvent endommager les abris temporaires et
augmenter les risques d'incendie.
|
Evaluer les variations saisonnières. Les sites
idéaux pendant la saison sèche peuvent être inhabitables
pendant la saison des pluies.
|
Eviter de placer les réfugiés dans des endroits
dont le climat est très différent de celui auquel ils sont
habitués.
|
Environnement et Végétation
|
S'assurer que le site a une couverture végétale
suffisante car, la végétation fournit de l'ombre, protège
du vent et réduit l'érosion et la poussière.
|
Eviter les sites où les nuages de poussière sont
courants ; ceux-ci provoquent des maladies respiratoires.
|
Eviter les sites situés à moins d'une
journée de marche d'une aire protégée ou d'une
réserve.
Prendre des mesures pour garantir l'accès à un
approvisionnement en bois de chauffage, en collaboration avec les
autorités forestières locales et en négociation avec la
communauté hôte.
|
Source : Camp planning standards (planned settlements), UNHCR
60
B. Le rôle des acteurs dans la sélection
des sites devant abriter les refugiés
Dans le cas précis du site de
Gado-Badzéré, les autorités administratives ont
énoncé plus de critères lors de notre entretien : la
distance entre le site et la frontière, le fait que le terrain
était « vacant » « parce que personne n'était
disposé à faire campagne pour une indemnisation », et
l'insécurité dans le village de Mborguene a d'abord
suggéré l'établissement d'un camp. Pour ce site, la Ville
de Garoua-Boulaï a été consultée et contestée
pour le choix du site de Gado en raison d'expériences traumatisantes
passées. En effet, écarter ce camp, son isolement ou plus
précisément son éloignement dans le village Mborguene, au
demeurant peu peuplé (539 habitants), pour les droits communaux, qui est
un moyen de protéger les insécurités des citadins
liées à la présence des
réfugiés70.
Pour le pouvoir traditionnel de Gawar, un des critères
serait l'acceptation par le Lamido (niveau de pouvoir traditionnel
1er degré) et du propriétaire des champs. Cependant,
selon certaines administrations, le choix du site sera guidé par le
souci de résoudre le conflit entre les deux territoires (l'état
de Gawar et celui du Matakam Sud). Ceci est également confirmé
par des recherches antérieures de Brangeon et Bolivard, selon
lesquelles, « Le terrain, qui faisait l'objet d'un contentieux entre deux
communes, a été choisi par le gouvernement camerounais pour
résoudre le conflit, le déclarant ainsi territoire « neutre
»71.
Dans les deux cas étudiés, il s'est
avéré qu'en plus de la procédure administrative
«officielle », le HCR était en contact direct avec les agences
traditionnelles impliquées dans l'accès au foncier. L'un des
arguments utilisés par ces derniers pour obtenir leur consentement est
que la présence des réfugiés constitue une
opportunité pour la communauté d'accueil en termes
d'infrastructures sociales. Au final, il apparaît que les espaces
d'installation des sites ont été choisis comme s'ils
étaient « libres de toute occupation » Par conséquent,
on peut supposer que l'utilisation antérieure des terres par la
communauté n'est pas un critère de sélection du site. Cela
affirme que la loi foncière ne reconnaît les droits d'usage
précaires que pour les
70Minfegue C. S'engagé quand on est
refugié centrafricain à Garoua-Boulaï (Cameroun), Analyse
des formes de mobilisation et des luttes dans un champ associatif humanitaire
local, Carnets de Géographes,
https://journals.openedition.org/cdg/44932019,
71Brangeon S. et Bolivard E. L'impact
environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact
environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du
Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires,
URD, 2017
61
communautés, qui sont cependant les
propriétaires légaux des droits fonciers. Cette
considération a certainement un impact sur le processus d'acquisition
des terres.
PARAGRAPHE 2 : La participation de la
communauté d'accueil au processus d'accès aux terres et de
compensation foncière
Nous ferons référence dans cette partie à
l'implication des communautés hôtes dans le processus
d'attribution des terres (A) et ensuite aux compensations pour
les pertes relatives aux mises en valeur des terres et au sort de la terre
après le départ des réfugiés
(B).
A. Implication des communautés hôtes dans le
processus d'attribution des terres
Après quelques violences dues à la
première vague de réfugiés centrafricains à l'est,
certaines autorités traditionnelles du village voisin de Garoua-boulai
ont refusé d'accueillir la vague de 2013. En conséquence,
l'autorité traditionnelle de Gado a dû accepter de lui donner par
écrit. Ce soutien était davantage motivé par l'engagement
du HCR envers les avantages ou les opportunités de l'existence des
réfugiés dans la construction d'infrastructures sociales
(santé, éducation, eau potable, etc.).
Malheureusement, ce consentement a été
donné sans consultation appropriée avec une communauté
plus large et des femmes âgées qui ont utilisé des terres
précédemment abandonnées. Ces derniers savaient seulement
qu'ils quittaient le pays pour une bonne raison sans compensation car la loi ne
considérait pas la friche comme un développement. Dans
l'Extrême-Nord, force est de constater qu'une des autorités
traditionnelles hésitait à quitter les terres qui avaient
largement bénéficié de la culture du coton et du mil en
raison de la présence des autorités administratives et des
autorités traditionnelles hiérarchiquement supérieures.
À Gawar, les auditions populaires ont été
privilégiées par rapport aux auditions de
célébrités car elles sont considérées comme
des représentants du peuple. Cependant, lors de petites discussions avec
des personnes directement affectées par la communauté, ils ont
exprimé leur mécontentement face à la perte de terres.
Enfin, elle s'est laissé convaincre en faisant prendre conscience des
opportunités qu'offre la présence des réfugiés en
termes d'infrastructures sociales (eau, électricité) et de
travail. Cependant, il est dommage qu'une telle promesse n'ait pas
été mentionnée dans des documents tels que des notes de
service et des cahiers des charges. Lors de la collecte des données, des
individus rencontrés au sein de la population hôte se sont plaints
de la lenteur de la réalisation de certaines promesses (eau et
électricité) faites par le HCR lors de la mise en place du
camp.
62
Les conflits sont moins fréquents dans le contexte de
richesse foncière relative, comme dans l'Est du Cameroun. Dans les
situations où les terres fertiles sont rares, comme dans
l'Extrême-Nord du Cameroun, le consentement de la population hôte
est présenté comme un facteur fondamental à
considérer et le principe d'innocuité (Do no harm)72
doit être revisité et démontré par l'organisation
afin de construire une infrastructure d'accueil pour les
réfugiés.
Dans le manuel des urgences du HCR, la consultation et la
participation des communautés est encouragée, en particulier au
moment de la mise en place des camps et de la préparation de leur
fermeture. Il est par exemple dit dans le Camp strategy guidance (planned
settlements, HCR) qu'il faudrait considérer la consultation de plusieurs
parties prenantes lors de la mise en place d'un camp telles que : les agences
de gestion des camps, les autorités nationales, divers
représentants des réfugiés et communautés
hôtes incluant les Hommes, les garçons et les filles,
(santé, eau, hygiène et assainissement, sécurité,
logistique, éducation, protection) et de l'agences de Nations Unies, ou
les ONG, les experts techniques, y compris ceux en gestion des terres et en
droits coutumiers.
Le but de la consultation est, entre autres, lié
à la décision sur l'emplacement et l'installation du stockage
afin d'obtenir des informations précises sur les facteurs
énumérés dans le tableau 1. Compte tenu des impacts
environnementaux et sociaux potentiels de la construction du camp, aucun
consentement libre et éclairé des résidents (CLIP) n'est
requis pour transférer le terrain. Le HCR, qui assiste les pays dans la
prise en charge des réfugiés, se réfère aux
procédures et lois établies par le pays d'accueil. Cependant, le
Cameroun n'est pas clairement conscient des droits coutumiers de la
communauté et ne prévoit pas le mécanisme de consultation
dans l'attribution des terres aux projets.
Comme le soulignent Dryden Peterson et Hobir, les
communautés qui jouent un rôle important dans l'intégration
des réfugiés par le biais d'institutions sociales et culturelles
sont souvent censées s'engager auprès des acteurs politiques du
pays d'accueil, en restant à l'écart des discussions sur les
solutions permanentes. Néanmoins, ils jouent un rôle important
en
72Ne pas nuire : Dans certains contextes, une
intervention humanitaire, en matière d'abris, peut entraîner
l'expulsion de groupes vulnérables. Dans d'autres, faire valoir la
sécurité de l'occupation foncière peut accroître le
risque d'expulsion pour les groupes vulnérables. Une approche
raisonnable et Prudente permettra d'identifier les risques en matière de
sécurité d'occupation encourus par les différents groupes.
Dans certains cas, lorsque ces risques sont trop importants, il est
préférable de ne rien faire du tout (Normes sphères abris
et habitats).
63
garantissant l'accès aux moyens de subsistance des
réfugiés. Il est donc important de les impliquer dans la
recherche d'une solution durable pour les réfugiés73.
.
En fait, les Directives volontaires de la FAO promeuvent la
consultation et la participation comme l'un des principes
généraux pour la mise en oeuvre d'une bonne gestion des terres,
déclarant qu'il faut tenir compte de leur soutien et de leurs
contributions. Elle tient compte du déséquilibre des pouvoirs
entre les différentes parties et assure la participation active, libre,
efficace, utile et éclairée des individus ou des groupes au
processus décisionnel.74
B. Compensations pour les pertes relatives aux mises
en valeur des terres et sort de la terre après le départ des
réfugiés
Dans les deux cas enquêtés, la perte de terrain
n'a pas été indemnisée par la municipalité. A
Gado-Badzéré, aucun développement en vertu de la loi
foncière camerounaise n'a été observé au moment de
l'acquisition des terres. Le Maire de Garoua-boulai a également
souligné que la sélection des sites avait été faite
avec ce critère à l'esprit pour éviter des conflits
juridiques dans des situations imprévues telles que l'arrivée de
réfugiés. Cependant, selon une interview, certaines parties du
pays étaient des friches pour les femmes âgées.
Dans le village de Gado-Badzéré, des discussions
avec la communauté ont révélé que l'attribution des
installations qui fonctionnent actuellement comme centres de transit pour les
réfugiés n'est pas soumise à une consultation
préalable avec la communauté d'accueil. En fait, le terrain,
autrefois utilisé par Jauro (le chef du district), représente une
perte énorme pour lui. Il y cultive du mil, avec une production annuelle
atteignant 25 sacs de 100 kilogrammes et du coton avec un potentiel de
rendement de 450 000 FCFA/ an en moyenne75 (cette perte n'a pas
été compensée).
Le HCR ne compense pas l'acquisition de terres et
considère l'infrastructure établie comme une compensation pour la
communauté d'accueil. De plus, tous les projets sont conçus et
mis en oeuvre en gardant à l'esprit les ratios des
bénéficiaires suivants : 70% pour les réfugiés et
30% pour les communautés d'accueil76. Cette politique du HCR
vise à empêcher que les réfugiés soient
perçus comme ceux qui viennent conquérir la terre, et non comme
ceux qui en
73 Dryden-Peterson et Hovil, local integration as a durable
solution: Refugees, host population and education in uganda. New issues in
refugees research, PDES Working Paper N°93, 2003.
74 Idem.
75 Enquête de terrain juin 2021
76 Idem
64
profitent. Mais la question demeure. Les personnes ayant perdu
des terres ciblent-elles la part de 30 % allouée à la
communauté d'accueil ?
Les communautés qui ne pouvaient pas obtenir de
compensation pour le terrain sans un certificat formel de
propriété de l'espace réclamaient des avantages en nature
tels que l'eau potable, le grenier, l'accès à
l'électrification. Lors de l'examen de l'impact, il est
considéré en termes d'économie et de services du pays ou
de la région d'accueil, plutôt que des divers individus ou groupes
dans le pays d'accueil77. Il en va de même pour les
compensations ci-dessus (infrastructures construites par le HCR). Cependant,
gardez à l'esprit que la communauté d'accueil n'est pas
uniforme.
Comme le souligne Chambers, les populations hôtes les
plus pauvres peuvent être des perdants cachés dans les zones
rurales qui acceptent des réfugiés, en particulier dans les zones
où les terres sont rares et la main-d'oeuvre relativement abondante. Les
hôtes pauvres peuvent perdre la concurrence pour la nourriture, la
main-d'oeuvre et les ressources communes. Les hôtes vulnérables
n'ont pas les mêmes opportunités que les réfugiés
qui peuvent envoyer leurs proches les plus vulnérables dans des camps et
des installations de réfugiés pour obtenir de
l'aide78. Les hôtes, n'ont pas la même
possibilité d'obtenir de la nourriture gratuitement que les
réfugiés. Ils n'ont généralement pas de filet de
sécurité. Ils ne peuvent pas se rendre dans des camps ou des
colonies pour obtenir de la nourriture, des outils ou des semences.
Conclusion
Arrivé au terme de ce chapitre, l'objectif était
d'analyser le processus de sélection et d'acquisition des terres pour
l'installation d'un camp pouvant abriter les réfugiés (dans la
marge Est de la région de L'Est Cameroun). Il ressort qu'avant
l'arrivée et la sélection des camps, l'espace identifié
était vide, c'était des sols en jachères et d'autres
partie étaient réservées ou tenaient lieux de
marché de bétail, qui avait en effet été
délocalisé par manque de titre foncier. Cependant, ces lieux
(marchés de bétails) étaient considérés
comme faisant partie du domaine national libre de toute occupation,
proposé au HCR par l'Etat. Ces terres, devraient en principes
répondre à certains critères que nous avons
énumérés : le niveau d'éloignement
77Chambers R, Hidden Losers? The Impact of Rural
Refugees and Refugee programs on Poorer Hosts, 1986. 78 Ibid.
65
de la frontière avec les pays d'origine, la
sécurité, la viabilité, l'accessibilité et le
degré d'hospitalité des Communautés hôtes.
CHAPITRE IV : DIFFERENTS MODES D'ACQUISITION DES TERRES
PAR LES RÉFUGIÉS AU DE-LÀ DES CAMPS ET
RECOMMANDATIONS
66
Introduction
De façon générale, l'acquisition d'une
terre recouvre de multiples formes. Elle renvoie au fait de devenir
propriétaire d'un bien moyennant une contrepartie, entre personne
vivante. Elle peut découler d'un contrat de vente ou de donation, un
échange etc. Dans le cadre de ce chapitre, nous allons analyser les
différents modes ou procédés par lesquels les
réfugiés ont accès aux terres dans et en dehors des camps
pour leur installation (Section 1). Pour cela, nous allons
analyser les normes et pratiquent d'accès aux terres par les
réfugiés, les facteurs qui entravent à leur installation
et quelques recommandations pour la prise en compte du droit foncier, des
refugies et des communautés d'accueils (Section 2).
SECTION 1 : LES DIFFÉRENTS MODES D'ACCÈS
AUX TERRES PAR LES RÉFUGIÉS AU DE-LÀ DES CAMPS ET QUELQUES
IMPACTS LIÉS À LEURS INSTALLATION
Au de-là des camps, les réfugiés sont le
plus souvent confrontés à certains litiges fonciers avec la
population hôte. Néanmoins, ils parviennent à
accéder aux terres selon certains modes bien déterminés,
pour satisfaire leurs besoins agricoles, ou faire de l'élevage. D'autres
y accèdent pour se loger. Dans cette section, il sera important pour
nous de présenter au préalable les différents modes par
lesquels les réfugiés ont accès aux terres à
Gado-Badzéré (paragraphe 1) et de montrer les
impacts sociaux et économiques liés à l'installation des
réfugiés à Gado-Badzéré (paragraphe
2).
PARAGRAPHE 1 : Les modes et les pratiques
d'accès aux terres par les refugiés
Dans le cadre de l'autonomisation des réfugiés,
des terres sont demandées par les réfugiés eux-mêmes
ou par des organismes d'appui aux chefs traditionnels et aux membres des
populations hôtes coutumièrement propriétaires. Lorsque les
réfugiés font la demande eux-mêmes, ils peuvent obtenir des
terres gratuitement selon l'entendement que leur présence est temporaire
et qu'une fois les réfugiés partis, les communautés
rentreront en possession de leurs terres. Nous allons présenter les
modes d'accès aux terres par les réfugiés (A)
et les pratiques d'accès aux terres (B).
67
A. Les modes d'accès aux terres par les
étrangers/réfugiés dans les coutumes à l'Est
Il est important de rappeler que les us et coutumes dans leur
énoncé et leurs principes ne traitent pas seulement des
réfugiés. Mais dans toutes les communautés
étudiées, les normes coutumières réglementent des
droits fonciers pour les étrangers, selon deux modes spécifiques
: les étrangers installés définitivement et les
étrangers de passage. Plus précisément, les pratiques
d'accès aux terres par les réfugiés ont quelque peu
poussé les coutumes à se réajuster, au point où les
discours sur les normes historiques d'accès aux terres par les
étrangers sont aujourd'hui très nuancés. Nous nous
efforcerons de présenter les normes coutumières, tout en nous
éloignant, pour le moment, des pratiques qui elles sont individuelles et
multiformes. Les droits coutumiers consacrent cinq types de droits fonciers aux
réfugiés, selon leur trajectoire au sein des communautés,
et leurs conditions économiques.
ü La location
Plusieurs organisations de soutien interviennent et louent
des terres aux réfugiés. Les autorités traditionnelles
mettent à leur disposition des terres en location pour une durée
renouvelable de 1 à 2 ans. Un document en attestant est visé par
le Sous-préfet.
La location fait référence à
l'accès à la terre en payant un loyer à son
propriétaire. Elle est appelée fermage lorsque la terre est
louée pour des fins agricoles. L'agriculteur reçoit ici la terre
à bail contre un loyer indépendant du revenu qu'il tire du
travail de la terre. La culture est une autre forme de bail foncier. Le
locataire accède à la terre en redonnant au propriétaire
un pourcentage de la production. Le boisement et l'agriculture partagée
ont en commun d'être une forme de location et de ne concerner
spécifiquement que des terres pour les activités agricoles de
base. La location peut être saisonnière et le prix
négocié varie en fonction de l'importance et de la nature des
liens, qu'il s'agit des voisins ou de la famille79.
La location des terres était à l'origine
destinée aux étrangers, soit par manque de moyens pour acheter le
terrain, soit pour d'autres raisons. Cependant, il précise que le droit
exercé par un mandataire d'autoriser l'exploitation de parcelles pendant
un temps déterminé se fait en échange d'une compensation
financière.80 Le paiement de la rente foncière est de
deux types : en nature ou en espèces ou payé en totalité
au début du contrat, ou au début ou à la fin de la
période déterminée.
79 Avore Chatelain, « Accès des femmes à
la propriété foncière et développement
socio-économique dans la Commune de Bafia », Mémoire de
Master en Géographie Urbaine, 2020, Uy1, 151p.
80 ibid
68
Il s'agit d'une cession temporaire, contre paiement, des
droits fonciers. La nature et l'étendue des droits cédés,
ainsi que la durée et la contrepartie, sont déterminées
d'un commun accord entre les deux parties. Dans la zone d'étude, les
terrains résidentiels ne peuvent être loués qu'au sein des
communautés peuhles, tandis que chez les Gbayas, les terrains
résidentiels et agricoles peuvent être loués. Les contrats
peuvent être rédigés et parfois confirmés par le
chef de village ou de quartier.
ü L'achat
Dans le cadre des achats, étant donné que la
plupart des villageois n'a pas de titres fonciers, les achats par les
réfugiés à l'Est n'ont pas de valeur juridique, mais cela
leur confère un certain droit coutumier sur les terres obtenues et ils
peuvent obtenir des titres fonciers avec le témoignage du chef de
village et d'autres témoins. En outre, selon certaines autorités
administratives, les réfugiés n'ont pas le droit d'obtenir des
titres fonciers sur la bande frontalière à cause des enjeux
sécuritaires et territoriaux. Dans certains villages à l'Est et
à Gado en particulier, les réfugiés sont plus nombreux que
la population hôte. Selon le HCR cité par Lémouogué
et al, le petit village Gado accueillait, en Avril 2018, 24 678
réfugiés centrafricains, contre 2 498 habitants
dénombrés lors du troisième recensement de 2005. Face
à l'achat massif des terres par les réfugiés, certaines
personnes interviewées entrevoient des conflits fonciers à
l'avenir entre les générations futures des populations
hôtes et des réfugiés.81
Face à l'achat massif des terres par les
réfugiés, certaines personnes interviewées entrevoient des
conflits fonciers à l'avenir entre les générations futures
des populations hôtes et des réfugiés. De plus, l'achat est
une méthode par laquelle le propriétaire foncier acquiert la
propriété du terrain en échange d'un paiement en
espèces au propriétaire foncier. Cela permet le transfert de
propriété. Cette approche de la propriété
foncière semble plus sûre, en particulier pour les femmes, et
offre un certain nombre d'avantages, tels que la sécurité de
posséder des documents administratifs, la liberté de gérer
et de planifier les activités agricoles et le droit de se
déplacer.
Dans la zone de Gado, dangereuse reste la vente des terres,
car vendre sa terre est comme vendre ses biens, sa richesse ce qui aura pour
conséquence la pauvreté. A ce sujet, Moupou
81Lémouogué J., et Fofiri E «
Cameroun : les zones d'accueil des personnes déplacées, entre
recomposition sociodémographique et gestion des personnes à
besoins spécifiques », Alternatives Humanitaires, n°12, 2019,
p. 59-75.
69
partage cet avis et déclare : « Vendre la terre
c'est s'appauvrir, c'est appauvrir la famille, le lignage, la communauté
»82.
V' L'emprunt
L'emprunt est un droit dont jouit une personne qui a
délégué l'usage d'un terrain à un tiers sans
contrepartie monétaire. Ces démarches foncières n'ont
souvent pas de durée clairement définie et s'observent beaucoup
plus fréquemment que parmi les entités concernées. Les
bénéficiaires sont majoritairement des personnes liées par
des liens de parenté ou d'amitié.
V' Le prêt
Il s'agit d'un droit reconnu à tout étranger,
qui nouvellement arrivé dans une localité, doit
bénéficier d'un endroit où s'abriter. En fonction de sa
situation et de sa condition du moment, une maison, ou une parcelle de terre
peut lui être prêtée gratuitement par le chef du village. La
parcelle de terre cédée est en principe située dans la
catégorie des terres des communautés. En s'installant,
l'étranger est informé, même de façon implicite
(interdiction de planter un arbre fruitier, exigence de construction en
matériau provisoire, il est interdit de vendre ce qu'on a reçu
gratuitement) de l'étendue de ses droits sur les parcelles de terres qui
ont été mises à sa disposition gratuitement. Ces droits se
limitent à l'usage et la jouissance des fruits de la mise en valeur. En
cas de départ, l'étranger dispose de ses différentes mises
en valeur, mais est tenu de rendre à la communauté les terres
qu'il a perçues.
V' Le don
Il s'agit ici d'un prolongement de la situation
précédente (prêt), qui crée des droits permanents
sur la terre. L'étranger peut, au bout d'un très long
séjour avec la communauté d'accueil, décider de rester de
façon définitive. Il ne s'agit pas d'une décision qui est
expressément signifiée, même si dans certains cas, le
bénéficiaire peut exprimer ce besoin au chef.
Mais, l'intégration dans la communauté du
nouveau venu, l'accroissement de sa cellule familiale, la nature et l'ampleur
de ses investissements dans le village, communiquent à la
communauté hôte la volonté de « l'étranger
» de s'installer définitivement sur sa terre d'accueil. A ce
moment, aucune formalité nouvelle n'est nécessaire, sauf si
l'espace cédé appartenait initialement à un membre la
communauté, absent pour une longue période. Dans ce cas
82 Moise Moupou, « Fronts pionniers et structuration de
l'espace dans le Cameroun méridional : de nouveau territoire en mutation
rapide », Les cahiers d'outre-mer, 2010, p.72-96.
70
seulement, un autre espace, libre de toute occupation sera
présenté au demandeur. Cette mutation du statut d'étranger
à celui de membre de la communauté, entraine aussi une extension
du droit de l'étranger sur les terres. Il peut en plus de les utiliser,
les transmettre à ses fils en héritage. Mais il ne peut, ni les
vendre, ni les louer, ni même les prêter à un tiers autre
que ses descendants connus de la communauté. Bien plus, s'il arrive que
toute la famille, même les descendants, souhaitent quitter la
communauté, ils ne peuvent, en principe, pas vendre la terre, qui
retourne logiquement dans le patrimoine foncier du village. Cependant cette
relative précarité des droits pousse certains étrangers
souhaitant s'installer durablement à rechercher des mécanismes
plus « durables » d'accès aux terres.
La terre est une ressource communautaire, devant en principe
circuler dans un sens restreint dans les lignages familiaux et dans un sens
large entre les membres des communautés partageant les mêmes
manières de faire, d'agir et de penser. Dès lors, pour les fils
et filles du village, la transmission du patrimoine foncier familial se fait
dans le lignage familial, favorisant ainsi une perpétuation et une
conservation de ce patrimoine. En principe, aucun fils ne peut aliéner
la terre, même si elle relève de sa propriété dans
le partage familial. Par ce principe, l'accès des étrangers
à la terre est consubstantiel au passage du statut d'étranger
à celui de membre de la communauté. Le lien d'adhésion,
qui est construit sur l'acceptation et la soumission aux coutumes de la
communauté donne un certain droit sur les terres appartenant à
ces communautés. Le chef du village, principal gardien du patrimoine
foncier des communautés, diligente ainsi cet accès.
La coutume semble toutefois n'avoir prévu que les cas
d'arrivées en nombre limité, et ne prévoit pas un
dispositif pour gérer la complexité de la situation
créée par la présence de réfugiés : ils sont
nombreux, arrivés à l'improviste, dans une situation de grande
indigence, en quête d'un accueil temporaire et de moyens de subsistance.
Dans certains villages, les réfugiés sont plus nombreux que les
populations-hôtes (cas du village Borgop). Leur arrivée a
entraîné l'entrée en lice de nouveaux acteurs et de
règles particulières dans la gestion des espaces et des hommes
sur le territoire des communes d'accueil : le droit international humanitaire,
et le droit national en matière de gestion foncière et de statut
des réfugiés, qui ne sont pas nécessairement connus des
communautés hôtes. Cette situation ouvre la voie à des
pratiques et transactions foncières formelles et informelles
susceptibles d'exacerber les tensions foncières et de fragiliser la
cohésion sociale entre les différentes communautés
hôtes et réfugiés.
71
B. Les pratiques d'accès aux terres par les
refugiés
Les terres sont très sollicitées par les
organismes humanitaires pour l'installation des sites officiels des
réfugiés, qui sont entre autres les camps, et aussi pour des
activités agricoles ou pastorales hors site. Le choix des terres pour
les sites de réfugiés s'est fait de manière sans conflit,
impliquant un certain nombre d'acteurs institutionnels, pour répondre
à l'urgence et au souci de solidarité.
Pour ce qui est des terres hors site, leur choix se fait de
gré à gré, entre les propriétaires coutumiers et
les bénéficiaires. Les réfugiés individuellement ou
en groupe sollicitent et obtiennent de plusieurs manières des terres
dans les villages. Soit ces terres sont proches des camps, notamment pour les
femmes réfugiées qui y sont basées et qui ne souhaitent
pas s'éloigner de leur lieu de résidence malgré le besoin
pressant ; soit elles ont été identifiées et
sollicitées par les réfugiés pour leur potentiel agricole
et/ou pastorale ; parfois encore, le réfugié souhaite s'installer
dans un village dans lequel des parents ou connaissances l'ont
précédé. Dans ce cas, la présence de membres de sa
famille (même éloignée) facilite l'installation et
l'intégration du réfugié dans le village d'accueil ; ou
encore le réfugié qui n'est pas passé par le camp de
réfugiés, à bout de force physique ou financière
sollicite de la terre dans le village le plus proche espérant y trouver
l'hospitalité.
Pour la circonstance, c'est la manière dont la
communauté va l'accueillir qui déterminera son installation ou
non. Enfin, un dernier cas de figure qui motive le réfugié dans
le choix de la terre est la sécurité qu'il pense y trouver. En
effet plusieurs réfugiés ont fait l'expérience de certains
villages où ils ont été confrontés aux coupeurs de
route ou aux enlèvements, parce qu'ils étaient
considérés comme solvables du fait de leur statut
d'éleveurs disposant encore de bétail. Ainsi, après un
passage dans différents villages, ils ont fini par s'établir.
Dans tous les cas, du côté des communautés hôtes, la
présence du réfugié constitue un bouleversement des
habitudes, avec des retombées à la fois positives et
négatives.
Les modalités d'accès aux terres par les
réfugiés varient selon les régions, les pratiques locales
et les ethnies (les peulhs, musulmans et généralement
éleveurs, et les Gbayas, en majorité chrétiens et
agriculteurs). Dans ces conditions précises, l'autorité
traditionnelle (Ardo ou chef de village) est au centre des transactions.
L'étude a identifié au moins quatre pratiques
d'accès à la terre par les réfugiés qui sont entre
outre :
· 72
Les négociations directes donnant lieu à des
locations et/ou ventes hors site.
Le recours à ce mode d'accès à la terre
est très inégal suivant les villages. C'est le cas à Gado,
où les réfugiés ont évoqué le fait que ceux
qui ont de l'argent peuvent acheter des terres hors site. A Gado, il y a 10
chefs de quartier qui font les papiers pour valider les ventes. Dans ce
village, de très nombreux réfugiés ont acheté des
parcelles hors site, payant des prix qui varient entre 40 mille et 250 mille
FCFA selon les données qui nous sont parvenus du terrain. Mais il s'agit
en général des terres d'habitation, dont les propriétaires
sont clairement identifiables. S'agissant de la location, les
négociations se font directement auprès des propriétaires
coutumiers de la terre. La forme de compensation varie. Dans certains cas, le
paiement des frais de location se fait en nature, avec une partie de la
production, qui varie selon les enquêtes du terrain, entre 10% et 15% de
la récolte. Dans d'autres cas, le paiement se fait en espèce.
Dans le cadre du contrat de location, la communauté
pose une condition : ne pas planter d'arbres à fruits, qui marqueraient
une présence pérenne, la durée de vie d'un arbre qui
produira des fruits pouvant aller au-delà d'une
génération. Le contrat généralement dure le temps
de la campagne agricole. On reste donc dans un délaissement à
court terme. Il peut cependant être renouvelé plusieurs fois, par
rapport à la demande du bénéficiaire et de la
disponibilité de la terre. Quant à la vente, elle se fait
directement avec le vendeur. Un certificat de vente est établi par le
chef, et l'acheteur peut faire ce qu'il veut de la terre (la vendre, la
transmettre ou la louer). Il arrivait dans un passé proche que la vente
se fasse sans un document qui l'atteste, mais de plus en plus, compte tenu de
la pratique développée par les OSC, les réfugiés
demandent des documents. C'est le cas par exemple d'un réfugié
qui a acheté un lopin de terre. Il se sentait alors en
sécurité car il a mis le chef au courant de la transaction et ce
dernier n'a guère contesté. Il ne connaissait rien de la pratique
des « certificats de vente » jusqu'à ce qu'un de ses voisins
autochtones, ne lui en parle. Il se dit que, « si les gens parlent de
ça, c'est que c'est très important ».
Les brousses ne peuvent être vendues. Les
réfugiés peuvent exploiter, et aussi louer les brousses, mais ils
ne peuvent pas l'acheter. Dans certaines communautés, une
échappatoire serait utilisée par les réfugiés pour
accéder aux terres « Quand ils viennent, ils ne se
présentent pas toujours en tant que réfugiés » ; Ils
parlent à des particuliers qui leur cèdent leurs terres
traditionnelles, de gré à gré, avec validation d'un
notable. Donc pas de possibilité de contrôle des installations par
le chef.
· 73
Les attestations de donation de terres.
Ces attestations sont co-signées par le
sous-préfet, le délégué de l'agriculture, et le
chef de village. Il s'agit d'une donation collective et provisoire, dans
laquelle les ONG interviennent bien souvent comme facilitateurs du processus
(SI, PUI, LWF, etc.). On retrouve deux variantes de cette approche :
- Les bénéficiaires entrent en
négociation, et l'ONG prépare des documents à faire signer
par le bénéficiaire, le propriétaire et les
autorités traditionnelles et administratives ;
- Les organismes humanitaires recherchent des terres
disponibles, négocient avec les propriétaires coutumiers, et
organisent le partage entre les réfugiés
bénéficiaires. Les ONG ont pour préférence
d'apporter un appui à des bénéficiaires ayant
eux-mêmes amorcé la transaction. LWF et les autres ONG apportent
des compensations (non monétaires, qu'elles soient matériel
agricole, intrants et formation). Dans ces cas, la rupture par le
propriétaire terrien est définie dans le temps (3 à 5 ans)
et assortie d'un certificat de mise à disposition des terres
signé par le chef de village et les « propriétaires terriens
». Solidarités International insiste pour que le document soit
aussi signé par le sous-préfet.
En général, ce mode d'accès a en fait
facilité l'implantation des sites des réfugiés à
Gado 1 et Gado 2. Les espaces donnés ont permis à installer les
réfugiés mais également certains espaces (les terres) ont
été réservés à l'agriculture et
l'élevage à l'intérieur de ces sites. C'est le cas du site
de Gado qui s'étend sur 55 ha qui n'est pas entièrement
occupé par les habitations mais aussi aux activités agricoles.
Avec l'augmentation anarchique du nombre de réfugiés, les terres
n'ont pas suffi à couvrir leurs besoins car devenues insuffisantes en
raison du nombre sans cesse croissant des réfugiés, et certaines
terres à l'intérieur des sites ne seraient pas favorable aux
activités agricoles et pastorales : selon les femmes agricoles qui y
mènent des activités maraichères et/ou vivrières,
les terres pour la plupart, sur lesquelles se développent ces
activités agricoles, ne sont pas fertiles. C'est le cas à Gado
où les femmes ne sont pas satisfaites des récoltes. Elles
justifient cela en grande partie par le fait que les terres ne sont pas
propices à l'agriculture. Ce sont ces raisons qui ont donc amené
les ONG et les réfugiés à demander davantage de terres en
dehors des sites pour pouvoir y faire des champs.
La pression des réfugiés a donc
entraîné une demande forte de terres à l'extérieur
des sites. Cette demande s'est aggravée avec la diminution de la ration
octroyée par le HCR aux
74
réfugiés. Presque tous les
réfugiés, assistés au début et poussés par
la suite par les ONG, ont dû trouver des activités qui
génèrent de revenus, en grande partie l'élevage du petit
bétail et l'agriculture. Les lopins de terres sont sollicités de
manière collective et les groupes reçoivent un accompagnement,
notamment des matériaux et des formations. On retrouve donc des terres
occupées dans la majorité des villages enquêtés par
les réfugiés, et surtout dans les villages limitrophes du site,
pour faciliter le retour du réfugié au camp après le
travail dans les champs, et limiter les risques d'agression, notamment pour les
femmes. C'est le cas dans la localité de Gado-Badzéré,
où les ONG ont sollicité et ont obtenu des terres agricoles pour
les réfugiés.
Dans le cadre de ce processus, la cession de terres se fait
selon une condition phare : celle de ne pas planter d'arbres qui produira des
fruits, dans le but de ne pas prétendre à des droits durables sur
la terre. Nous remarquons que cette condition n'est toujours pas
respectée dans cette localité. Les réfugiés, y ont
insisté et ont eu gain de cause, en promettant qu'ils laisseront les
terres et les mises en valeur encartant. Il est à noter que dans le
cadre des champs communautaires qui sont mis en place au bénéfice
des femmes réfugiées, le principe d'héritage ne vaut pas.
En cas de décès d'une femme refugiée, sa parcelle de terre
est confiée à une autre femme réfugiée, et non aux
descendants de la femme décédée.
· Les prêts et dons à travers le pouvoir
traditionnel
Les prêts et les dons à travers le pouvoir
traditionnel placent les autorités traditionnelles au coeur des
transactions foncières. Ces autorités seraient non seulement
celles qui octroient, mais également celles qui garantissent la
sécurité foncière et la jouissance paisible de la terre au
réfugié. Ce serait l'un des modes les plus courant dans les
communautés rencontrées (il a été difficile pour
nous pendant nos recherches de prouver si cette cession est gratuite, les
enquêtées qui parlent de gratuité et les ONG qui
soutiennent que cela se fait toujours contre une compensation ou
rétribution, fut-elle minime). Les terres qui sont léguées
ne le sont que pour l'usage. Ce pourquoi, on trouve des pratiques qui rendent
cet usage pérenne. C'est le cas par exemple de la possibilité de
transmettre la terre par héritage d'un réfugié
décédé à sa descendance. Cela est compris et aussi
accepté par les réfugiés et les chefs des villages qui
l'ont affirmé pendant les enquêtes. Les enterrements des parents
décédés des réfugiés sont faits sur la
plupart des terres cédées. Très souvent, ces terres sont
léguées de façon durable, en raison de l'incertitude sur
la date de l'apaisement de la RCA et le retour des réfugiés dans
leur pays.
C'est généralement le chef de village qui donne
les terres. Tout commence avec la demande des terres et les démarches
qui sont verbales. Dans les communautés peuhles, les
75
besoins en terre s'expriment en communauté, bien que
les réfugiés aient en leur possession de petits champs. C'est le
« Ardo » qui porte les doléances des réfugiés
auprès du Chef du village, puis négocie avec lui, et fait un
compte rendu aux réfugiés. On note aussi des cas ou les
demandeurs vont directement voir le chef du village, et obtiennent afin les
terres de façon individuelle. Une fois de plus, il faut distinguer entre
les terres destinées aux activités agricoles et destinées
aux habitations. Les terres d'habitation sont prêtées (quelques
fois avec la maison) au réfugié qui les sollicitent. Pour les
activités agricoles, la terre est donnée en général
pour des cultures non pérennes. C'est le cas à Gado
Badzéré où les hommes et les femmes du village donnent la
terre pour une durée précise aux réfugiés et en
leur interdisant d'y planter des arbres. L'octroi des terres par le chef reste
toutefois le mode principal, et presque exclusif d'accès à la
terre dans certains villages.
Si la terre d'une famille est sollicitée par un
étranger, le chef peut interpeller le chef de famille pour avoir son
avis avant de céder la terre. Aucune transaction foncière ne peut
être faite dans le village entre un chef de famille et un demandeur sans
l'information au préalable du chef de village. L'étranger
à qui la terre a été donnée, ne peut
réaliser sur cette portion qu'une exploitation agricole, ou des
activités d'élevage, ou encore, construire une maison
d'habitation. S'agissant du réfugié, il ne peut ni acheter, ni
vendre la terre, même s'il existe de plus en plus d'exceptions à
cela du fait de l'urbanisation progressive des zones d'accueil.
A Gado, on a observé que la cession des terres n'est
pas l'apanage du chef. Il existe des quartiers qui ont à leur tête
un chef de quartier qui gère les besoins en terre des personnes relevant
de son ressort territorial, et qui cependant rend compte au chef du village.
Dans ce même village, les autorités traditionnelles ont fait un
recensement d'où ils ont distingué deux catégories de
réfugiés : ceux qui ont de l'argent et ceux qui n'en ont pas.
L'accès à la terre pour les deux cas est différent : celui
qui a les moyens achète la terre et obtient un certificat de vente
signé par le chef du village, tandis qu'une personne qui n'a pas de
moyen reçoit « en attendant » une maison et des terres pour
ses cultures par don, ou location.
· La cession des terres entre réfugiés et
à leurs descendants
Le fait de récupérer les terres
prêtées aux réfugiés est rarement observé, en
raison du fait que les retours n'ont pas encore eu lieu. De manière
implicite, il est entendu que les terres cédées, même sous
certaines conditions, demeurent entre les mains du réfugié et
ainsi de
76
génération en génération. Elle se
transmet alors de père en fils, sauf si le réfugié
lui-même soumet le désir de partir et de laisser la terre. Dans ce
cas, la terre est restituée.
S'agissant de la première vague de
réfugiés de 2006 qui avaient fui les coupeurs de route, ceux-ci
sont intégrés dans le village, et la terre est de fait transmise
au sein de la famille. Ils apparaissent désormais comme les fils du
village. S'agissant de la vague de 2014, beaucoup plus nombreuse, il est assez
tôt même de nos jours pour dire si à terme la terre
deviendra la propriété du réfugié. Seule
l'indication de la durée reste un élément qui
prévoit une possibilité de fin de contrat, mais les pratiques
vont dans le sens d'un renouvellement ou encore d'un don à durée
illimitée et sans conditions.
Cette notion est plus développée dans les
communautés peulhs. Ceci est sans doute lié à l'usage des
terres : les terres appartiennent à la communauté. Ces terres
sont donc accessibles aux réfugiés qui s'installent dans les
villages avec l'autorisation du chef. Les terres d'habitation sont
sollicitées et données, tandis que les terres pour les
activités agricoles sont libres d'usage. Dans ce cas, les conflits ne
proviennent en général des riverains agriculteurs que lorsqu'il y
a des accidents tels que des destructions de plantations par le bétail,
ou encore quand ceux-ci contestent les limites des espaces qui ont
été données.
77
Source : enquête Avoré, janvier2022
Figure 1 : Différents mécanismes d'accès
à la terre par les réfugiés observés dans le site
de l'étude
De l'analyse de différents mécanismes
d'accès à la terre par les réfugiés, il ressort
plusieurs contraintes qui sont autant de facteurs qui rendent précaires
la stabilité et la paix entre les réfugiés et les
communautés hôtes. En effet ces modes de gestion de terre posent
plusieurs problèmes :
- Le côté « provisoire » de la cession
qui n'est pas encadré par des normes juridiques. Dans les
différentes pratiques recensées (don, vente ou crédit), la
forme orale prévaut, sauf lorsque les ONG interviennent en fournissant
des documents. Cependant, d'un point de vue purement juridique, ces documents
n'ont aucune valeur juridique et la loi interdit les transactions avec des
terrains non immatriculés.
- La Qualité des terres attribuées aux
réfugiés sont généralement gratuites : Cela a
été critiqué par la plupart des réfugiés. En
fait, les réfugiés ont trouvé des communautés
78
d'installation et des terres arables à proximité
des villages plus propices aux activités agricoles. En fait, les
réfugiés n'ont généralement droit qu'à des
terres plus isolées et inoccupées. Ces terres sont
divisées en terres agricoles et en terres d'élevage pour
éviter les conflits fonciers agricoles. Les agriculteurs
réfugiés sont plus attirés par leurs activités
agricoles car, contrairement à d'autres terres, elles sont plus fertiles
et non à vendre. Les réfugiés pastoraux sont
également plus attirés par les terres agricoles plus proches des
villages et plus sûres que celles qui leur sont attribuées. Cela
crée du ressentiment parmi les détenus qui pensent que les
réfugiés ne respectent pas les normes traditionnelles et les
bergers qui veulent de meilleures conditions pour leurs activités. Les
conflits agro-pastoraux, principalement dus à la destruction des
récoltes par le bétail, se terminent souvent pacifiquement sans
compensation qui ne couvre pas la valeur des biens détruits.
- Le caractère communautaire du terrain demandé
et accordé par l'OSC au réfugié. En effet, ce
régime exclut les particuliers. D'autre part, les organisations de la
société civile ont tendance à exiger de plus en plus de
terres pour les réfugiés. On a vu des cas précis à
Gado où ce dernier revendiquait 20 hectares, puis 15 hectares, puis 35
hectares. Cet espace de plus en plus limité dans le village. Ce statut
ne plaît pas toujours aux communautés concernées, qui sont
de plus en plus conscientes de la réduction des surfaces, mais qui
l'acceptent car la compensation est offerte. Ce fut également le cas du
village de Borgop proche du site, où les terres ont été
envahies par des réfugiés qui sont venus s'y installer sans
demande ni autorisation du chef traditionnel.
- Établir un système de métayage et
louer des terres fertiles et productives. Cela joue en faveur des
réfugiés qui ont les moyens par rapport aux
réfugiés qui n'en ont pas les moyens.
- La présumée propriété
coutumière des terres par les réfugiés, qui auraient la
possibilité de céder les terres à leurs descendants. En
effet ce mode d'acquisition est contradictoire par rapport au mode de donation
généralement provisoire (les communautés refusent en
général que les réfugiés plantent des cultures
pérennes) ou encore de location. Il n'est pas clair finalement si les
terres sont cédées de manière provisoire ou
définitive. Cela est d'autant plus troublant que les
réfugiés auraient la possibilité d'enterrer les morts sur
ces terres. Les tombes en général, sont des
éléments qui témoignent de la propriété de
la terre, dans la mesure où l'occupant aspirera toujours à rester
proche de ses morts. En fin de compte, le message qui transparait est que le
réfugié restera, tant qu'il le voudra, le«
propriétaire » de l'espace. A l'avenir il est certain que la
79
dépossession de ces terres si le besoin s'en fait sentir
ne se fera pas sans conflits ni heurts.
PARAGRAPHE 2 : Impacts liés à
l'installation et question d'intégration locale des
refugiés
Tout au long de cette partie, nous allons présenter
les impacts socio-économiques et environnementaux liés à
l'installation des réfugiés (A) en suite, parler
dela question de l'intégration locale des réfugiés
(B).
A. Les impacts socio-économiques et
environnementaux
Contraints de fuir la violence dans leur pays d'origine, les
réfugiés sont des personnes vulnérables qui
nécessitent une attention particulière. Après avoir tout
abandonné, ils font face à d'énormes difficultés
pour survivre et doivent parfois lutter contre des communautés d'accueil
réticentes, notamment dans un contexte de raréfaction des
ressources naturelles. Si ce n'est pas de leur faute, on ne peut cacher le fait
que cette augmentation démographique a souvent un impact sur les
communautés d'accueil, une conséquence que les organisations
humanitaires tentent de « compenser » par des infrastructures
sociales. Les communautés d'accueil des deux sites étudiés
ont admis avoir bénéficié d'un certain nombre
d'infrastructures en raison de la présence de réfugiés.
Ces communautés démontrent également une bonne coexistence
avec les réfugiés.
Cependant, des impacts négatifs sont observables
à plusieurs niveaux : foncier, sécuritaire, alimentaire, social
et environnemental. Malheureusement, la question sécuritaire
(agressions) constitue un défi. Quelques acteurs interviewés
estiment que certains réfugiés participent également
à l'insécurité qui sévit dans la région de
l'Est83. Cette insécurité, conjuguée aux
conflits agricoles, empêche les agriculteurs de mener sereinement leurs
activités agricoles dans les champs plus ou moins reculés. En
conséquence, la sécurité alimentaire de la zone d'etude
est menacée. Selon la Commune, Garoua-Boulaï est devenue
dépendante de la Centrafrique pour l'approvisionnement en manioc, qui
est l'aliment de base dans la région.
Une conséquence significative du camp de
Gado-Badzéré, selon Brangeon et Bolivard, concerne la
réduction de la superficie des terres arables et des pâturages
disponibles dans la zone. En effet, l'emplacement même du camp (choisi
par le gouvernement) pose un problème,
83 Agressions, coupeurs de route.
80
car il a été construit sur des terres
cultivables précédemment utilisées par les
communautés avoisinantes pour cultiver le sorgho84.
De plus, autour du camp se trouvaient autrefois d'importantes
zones de pâturage. De même, plusieurs personnes interrogées
ont indiqué que les anciens utilisateurs des terres étaient
confrontés à une réduction des rendements et, par
conséquent, à certains cas d'insécurité
alimentaire. Cela conduira à un exode vers les campagnes des jeunes
membres des familles concernées, qui ne disposent de ces parcelles que
comme moyen de subsistance. Ceux qui avaient utilisé les terres
cédées au camp de réfugiés de Gado ont
été contraints de les louer ailleurs en raison de la
rareté des terres fertiles et de l'augmentation naturelle de la
population associée à l'arrivée de personnes
vulnérables (réfugiés. Le Département du Mayo
Tsanaga compterait en effet 4 950 réfugiés hors
camp85.
Le déplacement à long terme a imposé un
fardeau imprévu aux communautés d'accueil. Cela se manifeste de
différentes manières. Face au déplacement prolongé,
les services d'hébergement sont en effet devenus des occupations sans
aucune forme d'aménagement ni de location. Cette situation conduit
à la détérioration des relations sociales entre la
communauté d'accueil et les personnes en situation de
déplacement, surtout que certains déplacés
reçoivent de l'aide humanitaire alors que les familles, qui les ont
accueillis et ont partagé leurs ressources au départ, n'ont pas
vu leurs revenus augmenter86.
La norme Sphère traite de l'impact environnemental des
résidences des réfugiés et les met en évidence
comme des actions importantes à travers le standard 7 sur les abris, les
établissements humains et la durabilité environnementale :
évaluation et gestion globales de l'environnement. La restauration et
l'amélioration de la valeur écologique des abris et des habitats.
Malheureusement, les questions environnementales, traditionnellement
considérées comme le travail des acteurs du développement,
ont encore peu retenu l'attention des acteurs humanitaires. Dans le contexte de
la gestion des crises, l'environnement est encore largement perçu comme
une préoccupation coûteuse et peu prioritaire qui nécessite
des compétences techniques non disponibles pour les organisations
humanitaires. Cependant, le blocage est
84Brangeon S. et Bolivard E., L'impact
environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact
environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du
Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires,
URD, 2017
85OIM, Cameroun, Extrême-Nord : Rapport sur
les déplacements, Round 20, du 25 Novembre au 06 Décembre
2019.
86NRC, Déplacement forcé et
accès au logement, à la terre et à la
propriété : Cas de l'Extrême-Nord du Cameroun, 2018.
81
avant tout dû à des problèmes culturels
dans le secteur qui recréent la crise d'une même pratique.
Les acteurs humanitaires ont mis sur place des actions pour
réduire l'impact environnementale, celles-ci s'ancrent davantage dans
une approche « réparatrice » qu'«anticipative
»87. Selon l'arrêté N°0070/MINEP du 22 Avril
2005 modifié par l'Arrêté N°00001/MINEPDED du 8
Février 2016 fixant les catégories d'opérations dont la
réalisation est soumise à la réalisation d'une Evaluation
Environnementale Stratégique ou d'une Etude d'Impact Environnementale
Social, l'installation du camp de Gado-Badzéré aurait dû
être soumise à une Etude d'Impact Environnemental. Car,
l'installation de recasement des populations (Article 4-II-B-5) fait partie des
projets qui doivent être soumis à une Etude d'Impact
détaillée88., si cette étude avait
été réalisée au préalable, Il aurait
été opportun de communiquer les résultats à la
population hôte dans le but de permettre à ces populations
hôtes, de donner leur consentement et d'apporter des contributions dans
la quête des solutions durables afin d'installation et
l'intégration plus facilement les réfugiés.
B. La question d'intégration des
réfugiés dans la localité de Gado
Dans la perception locale, les réfugiés sont
des invités qui retourneront dans leur pays d'origine une fois la
situation serait stabilisée. Cependant, le temps moyen pendant laquelle
les gens se trouvent en situation de déplacement n'a cessé
d'augmenter au fil des ans. La « normalisation » peut prendre des
dizaines d'années et, dans certains cas, rester élusive de
manière non définitive. Il est démontré que des
personnes ayant vécu loin de leurs pays pendant de plusieurs
années auront beaucoup plus difficultés à avoir
accès à la terre à leur retour. L'intégration
locale est donc parfois la seule voie d'issue pour certains
réfugiés. Dans la région de l'Est Cameroun, la population
de réfugiés est plus importante que la population d'accueil. Il y
a des centaines de villages d'installation des réfugiés à
l'Est Ceci constitue une occupation de terres importante.
De plus, une faible proportion de réfugiés
vivant dans des camps (le reste des cas) choisit souvent de s'intégrer
dans le pays d'accueil. Selon les chiffres du HCR au 31 décembre 2019, 3
309 réfugiés centrafricains ont été pris en charge
par le HCR et les gouvernements du
87Brangeon S. et Bolivard E., L'impact
environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact
environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du
Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires,
URD, 2007.
82
Cameroun et de la RCA, retournant volontairement dans la
sécurité et la dignité, prévu pour 4 000 en 2019.
Il représente 82 % des réfugiés humains.
Selon le principe du retour volontaire, les pays d'accueil,
notamment le Cameroun, sont intéressés à favoriser
l'intégration régionale des réfugiés
non-rapatriés, ces derniers ayant souvent besoin de terres comme la
majorité vit en milieu rural. La réforme agraire doit donc en
tenir compte. Par conséquent, il est important de définir des
lignes directrices claires pour la mise en oeuvre de l'intégration
locale. Celles-ci doivent souligner la nécessité d'impliquer
correctement les habitants du pays d'accueil dans la discussion sur le
potentiel d'intégration locale afin d'assurer un large consensus. En
outre, le droit au logement des réfugiés consiste à
garantir un logement sûr afin que les réfugiés puissent
vivre sans crainte d'expulsion. Cependant, cette certitude ne signifie pas
nécessairement la persistance ou le titre de propriété.
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN COMPTE
DU DROIT FONCIER DES REFUGIES ET DES COMMUNAUTES D'ACCUEIL
L'Etat du Cameroun a des obligations à l'endroit des
deux groupes d'acteurs : personnes déplacées
(réfugiés) et communautés d'accueil. De ce fait, il est
important que des mesures soient prises pour que les deux parties jouissent
simultanément de leurs droits fonciers, d'où les recommandations
suivantes : du gouvernement en faveur des refugié et des
communautés hôtes (paragraphe 1) et du HCR, en
faveur des autres acteurs humanitaires (pargraphe2).
PARAGRAPHE 1 : Au Gouvernement, en faveur des
réfugiés et des communautés hôtes Nous
allons dans un premier temps analyser les obligations du gouvernement en faveur
des réfugiés(A) et dans un deuxième temps
au gouvernement en faveur des communautés
hôtes(B).
A. En faveur des refugiés
· Concevoir une politique de (ré) installation des
réfugiés :
Compte tenu des différentes conventions
ratifiées par le Cameroun, l'Etat est tenu d'assurer la
sécurité des réfugiés. Le problème est donc
de trouver des solutions pratiques pour les réfugiés qui n'ont ni
la terre ni les ressources pour l'obtenir, ne serait-ce que temporairement.
L'Union africaine, à travers sa politique sur la migration, encourage
les pays à faciliter l'accès à la terre pour les
réfugiés en déclarant : « Grâce à des
mesures visant à améliorer l'autosuffisance des
réfugiés, résider dans des camps de terre, la
liberté de mouvement et d'autres droits socio-économiques lorsque
cela est possible ».
83
Cette politique devrait clarifier les droits d'utilisation des
réfugiés. L'accès ne doit pas être
considéré comme étroitement lié aux droits de
propriété, car il englobe tout l'éventail des droits de
propriété et des accords allant du droit de paître, de
partager, de transférer le droit d'utilisation et toutes les formes et
conditions de location possibles. Cette politique fournit non seulement des
lignes directrices pour l'intégration des réfugiés dans la
localité où ils résident, mais aussi pour une
réintégration durable dans leur lieu d'origine à leur
retour. Cela signifie créer des conditions favorables au retour
volontaire.
· Mettre en place une politique pour guider l'allocation
des terres :
Les gouvernements devraient élaborer des politiques
d'acquisition de terres pour éviter les acquisitions risquées qui
pourraient provoquer des conflits. Les gouvernements devraient également
mettre en oeuvre une planification territoriale pour déterminer les
terres allouées aux réfugiés en fonction de l'occupation
du réfugié et de l'occupation de la famille d'accueil. Cela
nécessite un processus transparent de planification de l'utilisation des
terres qui implique la communauté dans le processus de prise de
décision et prend en compte les besoins fonciers des personnes
déplacées, y compris les réfugiés, les personnes
déplacées à l'intérieur du pays et les immigrants
à l'intérieur et à l'extérieur des camps. Le
processus devrait également prendre en compte les réfugiés
qui choisissent l'intégration régionale après la fermeture
des camps. Concrètement, il se compose de :
y' Initier un projet de Loi ou un texte réglementaire
pour régulariser la procédure d'acquisition de terres où
les camps de réfugiés sont déjà installés en
conformité avec la politique préalablement
développée ;
y' Prendre en compte les besoins de terres des
réfugiés dans la politique de gestion des catastrophes au
Cameroun.
B. En faveur des communautés
hôtes
· Reconnaitre les droits fonciers coutumiers des
populations d'accueils :
En ne reconnaissant pas les droits fonciers coutumiers des
communautés, leurs droits socio-économiques, et en particulier le
droit à l'alimentation, seront violés. Par conséquent, le
cadre juridique doit être amélioré pour garantir les droits
d'usage des propriétaires coutumiers et également pour assurer la
transparence et la responsabilité lors de l'acquisition des terres
(IRRI, 2018). Il est donc important de reconnaître leurs droits afin
qu'ils soient rémunérés de manière juste et
équitable.
·
84
Appliquer systématiquement le cadre juridique en
vigueur sur les indemnisations et octroyer aux propriétaires coutumiers
une compensation adéquate et équitable :
Il s'agit de respecter le cadre légal en vigueur, au
moins de prévoir une compensation de récolte qui profite aux
communautés voisines du camp de Gado. De plus, la reconnaissance des
droits coutumiers des communautés d'accueil leur permettra de recevoir
une compensation juste et équitable, non seulement pour la perte de
terre mais aussi pour les impacts négatifs subis du fait de
l'établissement des camps de réfugiés.
· Consulter les communautés hôtes et obtenir
leur Consentement Libre, Informé et Préalable
Cela suppose que les différents groupes sociaux qui
composent la communauté d'accueil (femmes, jeunes, etc.) doivent
participer aux discussions concernant la sélection des sites
d'installation des réfugiés. Il est logique d'obtenir leur
consentement sans faire pression sur les promesses de développement. De
plus, pour permettre ce consentement éclairé et préalable,
il serait utile de fournir à la communauté des informations
concernant les études d'impact liées à l'installation des
réfugiés sur un site, avec la langue ou l'outil de communication
approprié. Les communautés doivent également être
consultées sur les formes de compensation qu'elles souhaitent recevoir.
En outre, la pleine participation des populations locales à toute
discussion concernant l'intégration locale des migrants
(réfugiés) est nécessaire pour garantir un large consensus
et pour que l'intégration locale soit perçue plus favorablement
par la population d'accueil. Sans cela, cette intégration ne peut
être durable.
· Clarifier les modalités de rétrocession des
espaces dédiés aux camps de refugiés
Il est important de clarifier dès le début qui
reviendra (commune, communauté, pays) après le départ des
réfugiés. Pour les communautés, les familles
abandonnées et les zones abandonnées doivent être
répertoriées avant la mise en place d'un centre d'accueil des
réfugiés pour faciliter l'accouchement. Ce recul n'est possible
que dans les zones où les infrastructures durables ne sont pas
construites (écoles, centres de santé, etc.). Le droit
international des réfugiés interdit l'expulsion et la
période d'occupation des terres n'est pas connue à l'avance, mais
il a un protocole d'accord avec la communauté d'accueil qui
spécifie une période limitée, ainsi que des dispositions
sur la possibilité de retour des terres. Avant la période
prévue, selon les circonstances ou prolongation de la période, si
le réfugié n'a pas encore librement accepté
85
de retourner dans sa ville natale. Par conséquent,
l'indemnité ci-dessus est proportionnelle à la période
définie et constitue donc une sorte de bail du terrain du
propriétaire normal.
PARAGRAPHE 2 : Au HCR, en faveur des autres acteurs
humanitaires
Il sera important dans cette partie d'énumérer
les obligations du HCR en faveur des autres acteurs humanitaires (A)
et donner quelques recommandations transversales
(B).
A. Au HCR et autres acteurs humanitaire
La justification de toutes les actions humanitaires
dépend de la valeur des droits de l'homme, y compris les droits
fonciers. En d'autres termes, le respect des droits fait partie
intégrante de tout comportement humanitaire et il ne devrait y avoir
aucune discrimination. En conséquence, les organisations humanitaires
n'ont pas le droit d'utiliser des terres privées pour construire des
écoles, des routes et des puits sans l'autorisation de leurs
propriétaires habituels et sans versement d'indemnités au
besoin.74. Le HCR doit travailler avec le gouvernement pour respecter les
droits fonciers de la communauté d'accueil et des
réfugiés, reconnaissant les efforts du HCR pour assurer une
coexistence pacifique entre les deux groupes. Pour cela il faudrait :
y' S'assurer que l'assistance et la programmation des
interventions humanitaires intègrent suffisamment une analyse des
relations foncières locales ;
y' Intégrer un spécialiste de la gouvernance
foncière dans la phase de planification de l'installation des
réfugiés pour obtenir le consentement des propriétaires
fonciers coutumiers et faire respecter les droits fonciers légitimes des
communautés d'accueil ;
y' Encourager la diversification des moyens de subsistance
afin que les réfugiés et les communautés d'accueil n'aient
pas à dépendre entièrement de la terre pour satisfaire
tous leurs besoins de subsistance. Les techniques de conservation de
l'environnement telles que l'agroforesterie, associée à
l'utilisation de foyers améliorés, devraient être
intégrées dans les programmes de subsistance pour lutter contre
la dégradation de l'environnement.
Ces programmes devraient cibler, à la fois, les
réfugiés et les communautés d'accueil. Les
communautés d'accueil sont également touchées par la crise
en partageant des ressources avec des espaces publics et privés, un
soutien équitable et ciblé doit donc être envisagé.
La stratégie d'intervention du HCR, qui cible 70 % des
réfugiés et 30 % de la communauté d'accueil, cible ceux
qui ont directement perdu leurs terres et ceux qui ont le plus d'impact sur
leurs moyens de subsistance en partageant les ressources communautaires avec
les nouveaux arrivants.
B. Recommandations transversales
y' Définir clairement et diffuser largement les
politiques, les Lois et les procédures dans les langues
appropriées, et faire largement connaître les décisions
prises dans les langues appropriées et sous une forme accessible
à tous ;
y' Prévenir les conflits entre les
générations futures issues des personnes déplacées
et des communautés d'accueil, en considérant que les principales
questions relatives aux conflits et à la terre sont : la
sécurité foncière, l'accès à la terre et la
distribution équitable de la terre ;
y' La terre étant une ressource limitée, il est
nécessaire d'entreprendre des activités de fertilisation du sol
pour accroitre l'accès à la terre pour les deux groupes d'acteurs
(communautés hôtes et personnes déplacées) ;
y' Etant donné que le recasement des populations
(Article 4-II-B-5) fait partie des projets qui doivent être soumis
à une Etude d'Impact Environnemental et Social détaillée
selon
l'Arrêt N°00001/MINEPDED du 8 Février 2016
fixant les catégories
d'opérations dont la réalisation
est soumise à la réalisation d'une Evaluation Environnementale
Stratégique ou d'une Etude d'Impact Environnemental et Social,
l'installation des camps de personnes déplacées doit être
soumise à des Etudes d'Impacts Environnemental et
Socio-économique.
86
Conclusion
Dans ce chapitre, il était question pour nous
d'identifier les différentes pratiques et normes d'accès à
la terre par les réfugiés au-delà des camps où ils
sont logés ou installés. Il se dégage de nos
investigations sur le terrain que les réfugiés accèdent
aux terres par plusieurs manières : la location qui est le fait
d'obtenir de l'argent par moi ou par année ; l'achat qui est moins
fréquent ou alors absent ; l'emprunt ; le prêt et la donation.
Toutes ces modalités d'accès
87
aux terres se pratiquent par des négociations directes
qui donnent lieu à des locations, par des attestations de donation des
terres signées par le sous-préfet ou le
délégué de l'agriculture ou encore le chef du village.
Nous avons en outre, les prêts et les dons à travers le pouvoir
traditionnel. Les réfugiés, installés dans un camp qui au
préalable avait été sélectionné, sortent de
ces camps à la recherche des terres pour survivre. Toutefois, des
impacts négatifs sont donc observés sur le plan
socio-économique et environnemental. Ce qui nécessite des
recommandations de l'Etat et du HCR en faveur des réfugiés, des
communautés hôtes et des acteurs humanitaires.
88
CONCLUSION GENERALE
L'analyse du processus de sélection et d'acquisition de
terres pour l'installation des camps de réfugiés au Cameroun a
également laissé entrevoir le rôle primordial des
autorités administratives et traditionnelles dans l'identification des
terres et les extensions, la faible implication de l'administration
foncière et la non-considération des usages antérieurs des
terres par les communautés hôtes. On peut également noter
une consultation insuffisante des communautés hôtes et un faible
accès à l'information sur les potentiels impacts des camps. Ceci
ne leur permet pas de donner leur Consentement Libre, Informé et
Préalable, et de participer à la recherche des solutions pour
l'intégration durable des refugies. De manière
générale, les communautés hôtes ont
bénéficié d'un certain nombre d'infrastructures sociales
du fait de la présence des réfugiés. C'est dans cette
optique que tout au long de notre étude, nous avons essayé de
répondre à la problématique suivante : En quoi
l'arrivée massive des réfugiés favorise-t-elle la
création des camps, devant abriter les réfugiés ?
De cette question principale, découlent trois questions
secondaires à notre étude, celles de savoir en premier les
logiques d'installation des réfugiés à
Gado-Badzéré et les normes édictées par l'Etat du
Cameroun dans l'encadrement des réfugiés réglementant les
questions foncières ? Deuxièmement, Comment s'opère le
choix des lieux devant servir de camps de réfugiés et les
mécanismes d'accès aux terres par les réfugiés
au-delà des camps ? en fin, Quelles mesures l'Etat et le HCR doivent
prendre pour que les réfugiés au même titre que les
communautés hôtes puissent jouir de leurs droits fonciers ? Nous
avons émis l'hypothèse principale selon laquelle le flux
migratoire des réfugiés vers Gado-Badzéré, favorise
la création des camps qui s'opère suivant un cadre juridique
assez rigoureux et des critères bien définis, afin d'abriter les
réfugiés, une fois accueillies dans la zone de Gado.
Comme hypothèses secondaires nous disons qu'il il
existe des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs à
la protection des réfugiés une fois arrivée dans une zone
d'accueil pour des raisons sécuritaires et les normes
édictées par l'Etat du Cameroun réglementant les questions
foncières. Aussi, le processus d'attribution des terres pour
l'installation des réfugiés dans et en dehors des camps
s'opère selon des procédures et critères destinés
à garantir leur sécurité, leur accessibilité et les
droits fonciers attachés aux sites d'installation. Pour finir, L'Etat et
le HCR doivent prendre des mesures en faveur des communautés hôtes
et des réfugiés pour qu'ils jouissent chacun de leur droit
foncier.
89
Tout au long de notre étude, nous nous sommes
fixés pour objectif de démontrer comment les mouvements
migratoires sont facteur de création des sites devant abriter les
refugies. Dans l'optique d'atteindre cet objectif, nous avons utilisé
dans un premier temps, la théorie du transnationalisme de Luc SINDJOUN
qui pense que de manière directe ou indirecte, les
réfugiés à travers les flux nationaux, subvertissent le
principe de souveraineté et affectent les zones d'accueil de diverses
manières et ensuite la théorie de l'institutionnalisme qui est
l'une des théories phare de notre travail car elle met en
évidence la participation des institutions internationales et nationales
au bon fonctionnement du système internationale. Le comportement de
chaque acteur du système international est d'avantage influencé
par des conditions structurelles. L'approche
hypothético-déductive comme méthode de travail nous a
soutenue tout au long de notre étude afin de vérifier nos
hypothèses.
A travers les recherches effectuées dans le cadre de
notre étude, nous avons en premier temps, identifié les mobiles
d'installations des réfugiés centrafricains à
Gado-Badzéré, (les facteurs de départ et les raisons du
choix de la destination de Gado-Badzéré). Nous y avons
identifié les dispositifs juridiques et institutionnels d'accueil des
réfugiés à Gado-Badzéré sur le plan
international, et nationales qui sont entre outre, la Convention des Nations
Unies relative au statut des réfugiés adoptée à
Genève le 28 Juillet 1951, la Déclaration des Nations Unies sur
l'asile territorial, La Convention de l'OUA régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1969 et
la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 etc.
Pour le second, nous avons ressorti le processus de
sélection et d'acquisition des terres pour installer et abriter les
réfugiés et les différents modes d'acquisition des terres
par les réfugiés au de-là des camps. Il ressort de notre
étude que les différents processus de sélections des sites
et d'acquisition des terres pour installer les refugies sont entre outre : Le
niveau d'éloignement de la frontière avec le pays d'origine pour
éviter qu'il n'y ait un mouvement pendulaire entre le pays d'accueil et
le pays d'origine (plus de 25 Kilomètres de la frontière) ; La
sécurité des personnes affectées ; La disponibilité
de la terre et la possibilité d'extension; La viabilité du
terrain ; La topographie ; L'accessibilité du terrain aux services
sociaux de base y compris l'infrastructure routière et l'accès
à l'eau ; Le degré d'hospitalité des communautés
d'accueil.
Tout au long de notre étude, nous avons
été confrontées à plusieurs difficultés,
notamment la non prise en considération des institutions dans la
réponse à nos demandes d'interviews, ainsi que la rareté
de certaines informations liées à notre étude. De
même, il nous
90
a été demandé, de garder la
confidentialité des personnes qui nous ont aidés dans le
processus de collecte des données via le guide d'entretien. Toutefois,
notre recherche n'a porté que sur une région
délimitée, celle de l'Est Cameroun dans la localité de
Gado-Badzéré. La question pourrait être tout autre en ce
qui concerne d'autres région du Cameroun. Ainsi, le travail que nous
avons réalisé pourrait être poursuivi et approfondi sous
différents aspects en l'étendant au niveau national.
BIBLIOGRAPHIE
91
I. OUVRAGES
A. OUVRAGE GENERAUX
1- ALAGBE FREEDY, M. Les camps dans les
crises humanitaires : l'envers du décor. Paris : IRIS, 2016.
2- BAKEWELL, O. « Research Beyond the
Categories: The Importance of Policy Irrelevant Research into Forced Migration.
» Journal of Refugee Studies 21, 2008, Pp. 432-453.
3- BARA BOUKARE KHALIL, problématique
foncière et décentralisation : l'accès à la terre
en zones urbaines et rurales, sous la direction de M. BENON T. Pascal,
Mémoire ENAM, section Administration Générale, 1995,
p.5.
4- BEIGBERDER YVES, le haut-commissariat des
Nations Unies pour les Réfugiés ; 1e éd, Paris, PUF, 1999,
P.48
5- Bouvet C. et al, Géographie 2nd Edition Hachette
Education, Paris, 1993, P.495
6- BRANGEON S. ET BOLIVARD E. L'impact
environnemental du camp de réfugiés de Minawao : L'impact
environnemental de la crise migratoire à l'Extrême-Nord du
Cameroun et la prise en compte de l'environnement par les acteurs humanitaires,
URD, 2017.
7- CAMBREZY LUC, « une enquête
chez les réfugiés urbains : le cas des exilés rwandais
à Nairobi » Autre part, 1998, Pp.79-93.
8- CLOCHARD, O., Y. GASTAUT, ET R. SCHOR «
Les camps d'étrangers depuis 1938 : continuités et
adaptations. Du modèle français à la construction de
l'espace Schengen. » Revue Européenne des Migrations
Internationales, 2004 Pp. 57-87.
9- FAO, La gouvernance responsable des
régimes fonciers et le droit, Un guide àl'usage des juristes et
autres fournisseurs de services juridiques, Guide technique pour la gouvernance
des régimes fonciers N° 5, 2016.
10- JACOBSEN K. « the impact of
refugees on the environnment : A review of the evidence », Washington DC,
Redugee policy Group, P. 49. Cité par Richard Black, op. Cit, 1994, P.
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11-
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recomposition sociodémographique et gestion des personnes à
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12- MINFEGUE, « S'engager quand on est
réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). »
Carnets de géographes, 2019.
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structuration de l'espace dans le Cameroun méridional : de nouveau
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14- OIM, Cameroun, Extrême-Nord : Rapport
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2019.
15- OLIVIER LAURENCE ET AL,
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Harmattan, 2005, P.24.
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Internationales Africaines, Paris, Karthala, 2002, P.99
17- UNHCR, piece d'identité pour les
réfugiés ; EC/SCP/33, 20 juillet 1984.
18- VAN DAMME, « How Liberian and Sierra
Leonean Refugees Settled in the Forest Region of Guinea (1990-1996). »
Journal of Refugee Studies 12, 1999, Pp. 36
B. OUVRAGES SPECIALISES
1- AGIER MICHEL, gérer les
indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement
humanitaire, Paris, Flammarion, 2008, 350 pages.
2- BARA BOUKARE KHALIL, problématique
foncière et décentralisation : l'accès à la
terre en zones urbaines et rurales, sous la direction de M. BENON T.
Pascal, Mémoire ENAM, section Administration Générale,
1995, p.5
3- CAMBREZY LUC, territoire et dimension
géopolitique de l'accueil des réfugiés : les colonies
agricoles des exilés du Soudan en Ouganda. Nature Sciences
sociétés, 2006, p.365-375.
4- HCR, Les réfugiés dans le
monde en quête de solutions. Paris, La Découverte 1995.
5- HCR, Protection des
réfugiés : Guide sur le droit international relatif aux
réfugiés, Union Interparlementaire -UIP- et Office du
Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, IUP,
Genève, 2001.
6- MINFEGUE, « S'engager quand on est
réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). »
Carnets de géographes, 2019.
7-
93
ODELAG, « La protection et la
défense des droits fonciers des déplacés et
réfugiés », in Observatoire de l'Action Gouvernementale,
2006, p.7
8- OIM, Cameroun, Extrême-Nord : Rapport
sur les déplacements, Round 20, du 25 Novembre au 06 Décembre
2019.
9- ZOGNONG DIEUDONNE, « le Cameroun, une
destination privilégiée pour les réfugiés »,
Gouvernance, Alert N°6, Decembre-Fevrier, 2001, Pp. 16-21.
II. ARTICLES DE REVUE SCIENTIFIQUES ET CONTRIBUTION
D'OUVRAGE
A. ARTICLES DE REVUE SCIENTIFIQUES
1- AUGUSTIN JEROME, «
l'équilibre entre la sécurité et les garanties des
droits en RCA », Enjeux N°40, juillet- septembre 2009.
Pp.43-46.
2- DRYDEN-PETERSON ET HOVIL, local integration
as a durable solution: Refugees, host population and education in Uganda.
New issues in refugees research, PDES Working Paper N°93, 2003.
3- EISENMANN CHARLES, Cours de Droit
administratif, T.1 Paris, L.G.D.J, 1982, p 18.
4- KALIN WALTER, « L'avenir des Principes
directeurs relatifs au déplacement de personnes à
l'intérieur de leur propre pays », in numéro
spécial Revue des migrations forcées, vol. 4, 2007, p. 5.
5- LEABA OSCAR, « La crise centrafricaine
de l'été » 2001, Éditions Karthala | « Politique
africaine »,2001/4 N° 84, Pp. 163-175.
6- MAYNERI ANDREA, « La Centrafrique, de
la rébellion Séléka aux groupes antibalakan: usages de la
violence, schème persécutif et traitement médiatique du
conflit », Éditions Karthala, « Politique africaine »
2014 N° 134, Pp. 179-193.
7- MEARSHEIMER JOHN, sécurité
internationale vol.19, n°3, 1994-1995, P.5-49.
8- OLINGA ALAIN DIDIER, « La question des
réfugiés en Afrique centrale », In Friedrich Eber Stifung,
Paix et Sécurité dans la CEEAC, Yaoundé, Presses
universitaires d'Afrique, 2007, pp. 31-54.
9- PASSERAULT, Une approche centrée sur
les usagers scolaires de la recherche documentaire informatisée, CNRS,
Reprise du n° 39 de la revue Hermès, Critique de la raison
numérique, 2004, p.45.
94
B. CONTRIBUTION D'OUVRAGE
1- LASSAILLY-JACOB, « Migrants
malgré eux : une proposition de typologie. » In
Déplacés et réfugiés. La mobilité sous
contrainte, sous la direction de V. Lassailly-Jacob, J.-Y. Marchal, et A.
Quesnel, Paris : Éditions de l'IRD, Collections Colloques et
Séminaires, 1999 Pp.27-47
2- SHANYSA A., « Incidence de la
présence des réfugiés dans les pays d'accueil en Afrique :
cas des femmes et cadres », in Reginald APPLEYARD (Dir), Incidence des
migrations internationales sur le développement, Paris, OCDE, 1989,
Pp.269-284.
III. MÉMOIRE ET THESE
A. THESE
1- NSOGA ROBERT EBENEZER, « La
protection des réfugiés en Afrique Centrale : quelle gouvernance
des migrations forcées pour les Etats centre- africains ? Le cas du
Cameroun », Thèse de doctorat en géographie
politique, Université de Bordeaux Montaigne, 2020.
B. MEMOIRE
1- AVORE CHATELAIN, « Accès des
femmes à la propriété foncière et
développement socio-économique dans la Commune de Bafia »,
Mémoire de Master en Géographie Urbaine, 2020, Uy1,
151p.
2- NGA RITHA « l'impact de la
présence des réfugiés sur le développement des
zones d'accueils : cas des réfugiés Centrafricains à
Garoua boulai dans l'Est du Cameroun », Mémoire de Master en
Relation Internationale, 2015, IRIC, 128p.
IV. OUVRAGES METHODOLOGIQUES
1- AKTOUF OMAR, Méthodologie des
sciences sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction
à la démarche classique et une critique, Montréal, les
Presses de l'Université du Québec, 1987, p.27.
2- CRESWELL W. « Les écrivains
conviennent que l'on entreprend la recherche qualitative dans un cadre naturel
où le chercheur est un instrument de collecte de données qui
rassemble des mots ou des images... », dans Qualitative Inquiry and
Research Design : Choosen Among Five Approches, New York, Sage, 1998, p.17
3- GARREAU LIONEL, Méthodes de
recherche Qualitatives Innovantes, Paris, Economica, 2005, p.178.
4- GRAWITZ MADELEINE, méthodes des
sciences sociales, Paris, Dalloz, 11 éditions, 2001, P. 18.
5-
95
OLIVIER LAURENCE ET AL, l'élaboration
d'une problématique de recherché, Paris, Le Harmattan, 2005,
P.24.
6- POPE CATHERINE, Qualitative research in
health care, Oxford, Wiley Blackwell, 4e edition, 1995, p.43.
V. DICTIONNAIRE
1- Dictionnaire Larousse, 455p.
2- Dictionnaire universel, Paris, Hachette, 2011, Pp. 189-192
3- GEORGE ET VERGER, dictionnaire de la
géographie, collection Quadrige, 2013, P.478
4- LEVY ET LUSSAULT M. dictionnaire de la
géographie et de l'espace des sociétés, 2003, P.1024
VI. LOI, CONVENTIONS ET TEXTES
1- Convention de Kampala (2009), Convention de l'Union
Africaine sur la protection et l'assistance aux personnes
déplacées en Afrique
2- Convention de Genève du 28 juillet 1951 portant
statut des Réfugiés et son protocole additionnel de 1967
3- Convention de l'OUA du 10 septembre 1969 régissant
les aspects propres aux problèmes des Réfugiés en
Afrique
4- Ordonnance N° 74 du 06 Juillet 1974 fixant le
régime foncier
5- Décret N° 76-165 du 27 Avril 1976 fixant les
conditions d'obtention du titre foncier Arrêté
N°00001/MINEPDED du 8 Février 2016 fixant les catégories
d'opérations dont la réalisation est soumise à la
réalisation d'une Evaluation Environnementale Stratégique ou
d'une Etude d'Impact Environnemental et Social.
6- Loi N° 80-21 du 14 Juillet 1980 modifiant et
complétant certaines dispositions de l'ordonnance N° 74-1 du 06
Juillet 1974 fixant le régime foncier
7- Loi N° 2005/006 du 27 Juillet 2005 portant statut des
réfugiés au Cameroun
8- Décret N° 2011/389 du 28 Novembre 2011 portant
Organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut des
réfugiés au Cameroun
VII. WEBOGRAPHIE
1- CRISP J., Forced Displacement in Africa:
Dimensions, Difficulties and Policy Directions, 2015, consulté sur
www.rsq.oxfordjournals.org/,
le 09/05/2022.
2- DSCE, Gouvernement du Cameroun, 2010-2020
consulté sur
www.paris21.org/cameroon/
le 24 juillet 2022
3-
96
HCR, Principes directeurs relatifs au
déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre
pays, 1998, consulté sur
www.unhcr.org/fr/protection/idps/.html
le 06/06/2022
4- HCR, Statistiques des personnes relevant de
la compétence du HCR, 2019, consulté sur
www.data2.unhcr.org/en/documents/download/67964
le 30/05/2022 le 06/06/2022
5- OCHA, conflits et mécanismes de
résolution de crises à l'Extrême-Nord du Cameroun,
consulté sur www.humanitarianresponse.info/ru/operation/cameroun
le 17 décembre 2021
6- TAMEKAMTA, « Le Cameroun face aux
réfugiés centrafricains: Comprendre la crise
migratoire et les résiliences subséquentes »,
Note d'analyses Sociopolitiques n°01, CARPADD, Montréal. 2018
Consulté sur
www.carpadd.com/publications/note-danalysessociopo/
le 17/04/2022.
97
TABLE DE MATIERE
SOMMAIRE i
DEDICACE ii
REMERCIEMENT iii
LISTE DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS vi
RESUME vii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : CADRE D'APPREHENSION DES DYNAMIQUES MIGRATOIRES
ET LES LOGIQUES D'INSTALLATION DES REFUGIES CENTRAFRICAINS A GADO-BADZERE
19
CHAPITRE 1 : LES MOBILES D'INSTALLATION DES REFUGIES
CENTRAFRIACAINS A
GADO-BADZERE. 20
SECTION 1 : FACTEURS DE DÉPART DU PAYS D'ORIGINE
ET RAISONS DU CHOIX DE
LA DESTINATION DE GADO-BADZÉRÉ 20
PARAGRAPHE 1 : Les sources du départ des refugiés
centrafricains de leur pays 20
A. La République Centrafricaine : un pays en
instabilité politique 20
B. La crise centrafricaine de 2013 22
PARAGRAPHE 2 : Gado-Badzéré, ville
stratégique et une destination importante pour les
réfugiés centrafricains 23
A. Zone stratégique 23
B. Les considérations du choix de la destination de
Gado-Badzéré 24
SECTION 2 : L'INSTALLATION DES REFUGIES A GADO-BADZERE 25
PARAGRAPHE 1 : les dispositifs juridiques et institutionnel
d'accueil des réfugiés à Gado-
Badzéré 25
A. Les instruments juridiques internationaux et nationaux 25
B. Les institutions d'encadrement des refugiés
centrafricains à Gado-Badzéré 28
PARAGRAPHE 2 : Mode d'acquisition du statut de
réfugié et son insertion sociale 30
A. Identification préalable 30
B. La carte de refugié 32
CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES MIGRATOIRE DE LA
PRÉSENCE DES RÉFUGIÉS A
GADO-BADZERE ET L'ACCÈS AUX TERRES 36
98
SECTION 1: LES CHANGEMENTS DUS A LA PRESENCE DES
REFUGIES DANS LA
LOCALITE DE GADO 36
PARAGRAPHE 1: Les changements démographiques et
environnementaux 36
A. Dynamiques de la population 36
B. Les dynamiques environnementales 37
PARAGRAPHE 2: Les dynamiques socioéconomiques 38
A. Les mutations sur le plan social 39
B. Les dynamiques économiques liées à la
présence des refugiés à Gado-Badzéré 40
SECTION 2 : LA GOUVERNANCE DE L'ACCÈS AUX TERRES
AU CAMEROUN FACE
AUX DROITS DES REFUGIÉS 41
PARAGRAPHE 1 : Le régime des terres au Cameroun 41
A. Présentation des différentes catégories
de terres au Cameroun 41
B. Procédure d'obtention des terres selon le droit
étatique 43
PARAGRAPHE 2 Le droit foncier coutumier camerounais 45
A. Représentation de la terre et modes d'organisation des
patrimoines fonciers au sein des
communautés 45
B. Les modalités d'accès à la terre dans le
système coutumier camerounais 46
DEUXIEME PARTIE : PRATIQUES DE L'ATTRIBUTION ET DE LA
SÉLECTION DES SITES
DE RÉFUGIÉS SUR LE TERRAIN 48
CHAPITRE III : LES MECANISME DE SÉLECTION ET D'ACQUISITION
DES TERRES POUR
INSTALLER ET ABRITER LES RÉFUGIÉS 49
SECTION 1: PROCESSUS DE SÉLECTION DES SITES POUR
L'INSTALLATION DES
REFUGIÉS 49
PARAGRAPHE 1 : Usage des terres avant l'arrivée des
refugiés 49
A. Description de la zone d'étude 50
B. Usage des terres à Gado-Badzéré avant
l'arrivée des refugiés 52
PARAGRAPHE 2 : Les besoins de terre pour l'installation des
refugiés 54
A. Installation sans autorisation 54
B. Installation des réfugiés dans les Camps sous
autorisation des autorités compétentes 55
SECTION 2 : LES CRITERES DE SELECTION D'UN SITE DEVANT ABRITER
UN CAMP
DE REFUGIES ET L'IMPLICATION DES COMMUNAUTES HOTE DANS LE
PROCESSUS
D'ATTRIBUTION DES TERRES 56
PARAGRAPHE 1 : les acteurs et les critères de
sélection du site devant abriter un camp 56
A. Les critères pour la sélection d'un site 56
B. Le rôle des acteurs dans la sélection des sites
devant abriter les refugiés 60
PARAGRAPHE 2 : La participation de la communauté
d'accueil au processus d'accès aux terres
et de compensation foncière 61
A.
99
Implication des communautés hôte dans le processus
d'attribution des terres 61
B. Compensations pour les pertes relatives aux mises en valeur
des terres et sort de la terre
après le départ des réfugiés 63
CHAPITRE IV : DIFFERENTS MODES D'ACQUISITION DES TERRES
PAR LES RÉFUGIÉS
AU DE-LÀ DES CAMPS ET RECOMMANDATIONS 66
SECTION 1: LES DIFFÉRENTS MODES D'ACCÈS
AUX TERRES PAR LES RÉFUGIÉS AU
DE-LÀ DES CAMPS ET QUELQUES IMPACTS LIÉS À
LEURS INSTALLATION 66
PARAGRAPHE 1 : Les modes et les pratiques d'accès aux
terres par les refugiés 66
A. Les modes d'accès aux terres par les
étrangers/réfugiés dans les coutumes à l'Est 67
B. Les pratiques d'accès aux terres par les
refugiés 71
PARAGRAPHE 2 : Impacts liés à l'installation et
question d'intégration locale des refugiés 79
A. Les impacts socio-économiques et environnementaux
79
B. La question d'intégration des réfugiés
dans la localité de Gado 81
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN COMPTE DU
DROIT FONCIER
DES REFUGIES ET DES COMMUNAUTES D'ACCUEIL 82
PARAGRAPHE 1 : Au Gouvernement, en faveur des
réfugiés et des communautés hôtes 82
A. En faveur des refugiés 82
B. En faveur des communautés hôtes 83
PARAGRAPHE 2 : Au HCR, en faveur des autres acteurs humanitaires
85
A. Au HCR et autres acteurs humanitaire 85
B. Recommandations transversales 86
CONCLUSION GENERALE 88
BIBLIOGRAPHIE 91
TABLE DE MATIERE 97
ANNEXES 100
ANNEXES
100
ANNEXE 1 : Convention De Genève Du 28 Juillet 1951,
Relative Au Statut Des Réfugiés, (Entrée En Vigueur Le 22
Avril 1954)
ANNEXE 2 : Protocole De 1967 Relatif Au Statut Des
Réfugiés
ANNEXE 3 : Convention De L'OUA Régissant Les Aspects
Propres Aux Problèmes Des Réfugiés En Afrique De 1969.
ANNEXE 4 : Loi N°2005/006 Du 27 Juillet 2005 Portant Statut
Des Réfugiés Au Cameroun ANNEXE 5 : Guide d'entretien pour chefs
et/ou notables et les autorités administratives ANNEXE 6 : Guide
d'entretien pour les refugiés
ANNEXE 7 : Projet Work
101
ANNEXE 1 : CONVENTION DE GENÈVE DU 28 JUILLET
1951, RELATIVE AU STATUT DES RÉFUGIÉS, (entrée en vigueur
le 22 avril 1954)
Préambule
LES HAUTES PARTIES CONTRACTANTES,
CONSIDÉRANT que la Charte des Nations
Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme
approuvée le 10 décembre 1948 par l'Assemblée
générale ont affirmé ce principe que les êtres
humains, sans distinction, doivent jouir des droits de l'homme et des
libertés fondamentales,
CONSIDÉRANT que l'Organisation des
Nations Unies a, à plusieurs reprises, manifesté la profonde
sollicitude qu'elle éprouve pour les réfugiés et qu'elle
s'est préoccupée d'assurer à ceux-ci l'exercice le plus
large possible des droits de l'homme et des libertés fondamentales,
CONSIDÉRANT qu'il est désirable
de réviser et de codifier les accords internationaux antérieurs
relatifs au statut des réfugiés et d'étendre l'application
de ces instruments et la protection qu'ils constituent pour les
réfugiés au moyen d'un nouvel accord,
CONSIDÉRANT qu'il peut résulter
de l'octroi du droit d'asile des charges exceptionnellement lourdes pour
certains pays et que la solution satisfaisante des problèmes dont
l'Organisation des Nations Unies a reconnu la portée et le
caractère internationaux, ne saurait, dans cette hypothèse,
être obtenue sans une solidarité internationale,
EXPRIMANT le voeu que tous les États,
reconnaissant le caractère social et humanitaire du problème des
réfugiés, fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour
éviter que ce problème ne devienne une cause de tension entre
États,
PRENANT ACTE de ce que le Haut-Commissaire
des Nations Unies pour les réfugiés a pour tâche de veiller
à l'application des conventions internationales qui assurent la
protection des réfugiés, et reconnaissant que la coordination
effective des mesures prises pour résoudre ce problème
dépendra de la coopération des États avec le
Haut-Commissaire,
SONT CONVENUES des dispositions ci-après
:
CHAPITRE I : DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Article premier
DÉFINITION DU TERME
"RÉFUGIÉ"
A. Aux fins de la présente convention,
le terme « réfugié » s'appliquera
à toute personne :
(1) Qui a été
considérée comme réfugiée en application des
arrangements du 12 mai 1926 et du 30 juin 1928, ou en application des
conventions du 28 octobre 1933 et du 10 février 1938 et du protocole du
14 septembre 1939, ou encore en application de la Constitution de
l'Organisation internationale pour les réfugiés ; Les
décisions de non-éligibilité prises par l'Organisation
internationale pour les réfugiés pendant la durée de son
mandat ne font pas
102
obstacle à ce que la qualité de
réfugié soit accordée à des personnes qui
remplissent les conditions prévues au paragraphe 2 de la présente
section ;
(2) Qui, par suite d'événements
survenus avant le 1er janvier 1951 et craignant avec raison d'être
persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de
ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de
nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle à la suite de tels événements,
ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. Dans le cas d'une
personne qui a plus d'une nationalité, l'expression « du pays dont
elle a la nationalité » vise chacun des pays dont cette personne a
la nationalité. Ne sera pas considérée comme privée
de la protection du pays dont elle a la nationalité, toute personne qui,
sans raison valable fondée sur une crainte justifiée, ne s'est
pas réclamée de la protection de l'un des pays dont elle a la
nationalité.
B. (1) Aux fins de la présente
convention les mots « événements survenus avant le
1er janvier 1951 » figurant à l'article 1, section A,
pourront être compris dans le sens de soit
a) « événements survenus avant le 1er janvier
1951 en Europe » ; soit
b) «événements survenus avant le 1er janvier
1951 en Europe ou ailleurs» ; et chaque
État Contractant fera, au moment de la signature, de la
ratification ou de l'adhésion, une déclaration précisant
la portée qu'il entend donner à cette expression au point de vue
des obligations assumées par lui en vertu de la présente
Convention.
(2) Tout État Contractant qui a
adopté la formule a) pourra à tout moment étendre ses
obligations en adoptant la formule b) par notification adressée au
Secrétaire général des Nations Unies.
C. Cette Convention cessera, dans les cas
ci-après, d'être applicable à toute personne visée
par les dispositions de la section A ci-dessus :
1) Si elle s'est volontairement réclamée
à nouveau de la protection du pays dont elle a la nationalité ;
ou
2) Si, ayant perdu sa nationalité, elle l'a
volontairement recouvrée ; ou
3) Si elle a acquis une nouvelle nationalité et jouit
de la protection du pays dont elle a acquis la nationalité ; ou
4) Si elle est retournée volontairement
s'établir dans le pays qu'elle a quitté ou hors duquel elle est
demeurée de crainte d'être persécutée; ou
5) Si, les circonstances à la suite desquelles elle a
été reconnue comme réfugiée ayant cessé
d'exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer
de la protection du pays dont elle a la nationalité ; Étant
entendu, toutefois, que les dispositions du présent paragraphe ne
s'appliqueront pas à tout réfugié visé au
paragraphe 1 de la section A du présent article qui peut invoquer, pour
refuser de se réclamer de la protection du pays dont il a la
nationalité, des raisons impérieuses tenant à des
persécutions antérieures.
6) S'agissant d'une personne qui n'a pas de
nationalité, si, les circonstances à la suite desquelles elle a
été reconnue comme réfugiée ayant cessé
d'exister, elle est en mesure de retourner dans le pays dans lequel elle avait
sa résidence habituelle ; Étant entendu, toutefois, que les
dispositions du présent paragraphe ne s'appliqueront pas à tout
réfugié visé au paragraphe 1 de
103
la section A du présent article qui peut invoquer, pour
refuser de retourner dans le pays dans lequel il avait sa résidence
habituelle, des raisons impérieuses tenant à des
persécutions antérieures.
D. Cette Convention ne sera pas applicable aux personnes qui
bénéficient actuellement d'une protection ou d'une assistance de
la part d'un organisme ou d'une institution des Nations Unies autre que le
Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Lorsque
cette protection ou cette assistance aura cessé pour une raison
quelconque, sans que le sort de ces personnes ait été
définitivement réglé, conformément aux
résolutions y relatives adoptées par l'Assemblée
générale des Nations Unies, ces personnes
bénéficieront de plein droit du régime de cette
Convention.
E. Cette Convention ne sera pas applicable à une
personne considérée par les autorités compétentes
du pays dans lequel cette personne a établi sa résidence comme
ayant les droits et les obligations attachés à la possession de
la nationalité de ce pays.
F. Les dispositions de cette Convention ne seront pas
applicables aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser
:
a) qu'elles ont commis un crime contre la paix, un crime de
guerre ou un crime contre l'humanité, au sens des instruments
internationaux élaborés pour prévoir des dispositions
relatives à ces crimes;
b) qu'elles ont commis un crime grave de droit commun en
dehors du pays d'accueil avant d'y être admises comme
réfugiées ;
c) qu'elles se sont rendues coupables d'agissements
contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
CHAPITRE II CONDITION JURIDIQUE
Article 12
STATUT PERSONNEL
1. Le statut personnel de tout réfugié sera
régi par la loi du pays de son domicile ou, à défaut de
domicile, par la loi du pays de sa résidence.
2. Les droits, précédemment acquis par le
réfugié et découlant du statut personnel, et notamment
ceux qui résultent du mariage, seront respectés par tout
État Contractant, sous réserve, le cas échéant, de
l'accomplissement des formalités prévues par la
législation dudit État, étant entendu, toutefois, que le
droit en cause doit être de ceux qui auraient été reconnus
par la législation dudit État si l'intéressé
n'était devenu un réfugié.
Article 13
PROPRIÉTÉ MOBILIÈRE ET
IMMOBILIÈRE
Les États Contractants accorderont à tout
réfugié un traitement aussi favorable que possible et de toute
façon un traitement qui ne soit pas moins favorable que celui qui est
accordé, dans les mêmes circonstances, aux étrangers en
général en ce qui concerne l'acquisition de la
propriété mobilière et immobilière et autres droits
s'y rapportant, le louage et les autres contrats relatifs à la
propriété mobilière et immobilière.
Article 14
PROPRIÉTÉ INTELECTUELLE ET
INDUSTRIELLE
104
En matière de protection de la propriété
industrielle, notamment d'inventions, dessins, modèles, marques de
fabrique, nom commercial, et en matière de protection de la
propriété littéraire, artistique et scientifique, tout
réfugié bénéficiera dans le pays où il a sa
résidence habituelle de la protection qui est accordée aux
nationaux dudit pays. Dans le territoire de l'un quelconque des autres
États Contractants, il bénéficiera de la protection qui
est accordée dans ledit territoire aux nationaux du pays dans lequel il
a sa résidence habituelle.
Article 15
DROITS D'ASSOCIATION
Les États Contractants accorderont aux
réfugiés qui résident régulièrement sur leur
territoire, en ce qui concerne les associations à but non politique et
non lucratif et les syndicats professionnels, le traitement le plus favorable
accordé aux ressortissants d'un pays étranger, dans les
mêmes circonstances.
CHAPITRE IV: BIEN-ÊTRE
Article
21
LOGEMENT
En ce qui concerne le logement, les États Contractants
accorderont, dans la mesure où cette question tombe sous le coup des
lois et règlements ou est soumise au contrôle des autorités
publiques, aux réfugiés résidant
régulièrement sur leur territoire un traitement aussi favorable
que possible ; ce traitement ne saurait être, en tout cas, moins
favorable que celui qui est accordé, dans les mêmes circonstances,
aux étrangers en général.
Article 26
LIBERTÉ DE CIRCULATION
Tout État Contractant accordera aux
réfugiés se trouvant régulièrement sur son
territoire le droit d'y choisir leur lieu de résidence et d'y circuler
librement sous les réserves instituées par la
réglementation applicable aux étrangers en général
dans les mêmes circonstances.
Article 27
PIÈCES D'IDENTITÉ
Les États Contractants délivreront des
pièces d'identité à tout réfugié se trouvant
sur leur territoire et qui ne possède pas un titre de voyage valable.
Article 31
RÉFUGIÉS EN SITUATION
IRRÉGULIÈRE DANS LE PAYS D'ACCUEIL
1. Les États Contractants n'appliqueront pas de
sanctions pénales, du fait de leur entrée ou de leur
séjour irréguliers, aux réfugiés qui, arrivant
directement du territoire où leur vie ou leur liberté
était menacée au sens prévu par l'article premier, entrent
ou se trouvent sur leur territoire sans autorisation, sous la réserve
qu'ils se présentent sans délai aux autorités et leur
exposent des raisons reconnues valables de leur entrée ou
présence irrégulières.
2. Les États Contractants n'appliqueront aux
déplacements de ces réfugiés d'autres restrictions que
celles qui sont nécessaires ; ces restrictions seront appliquées
seulement en attendant que le statut de ces réfugiés dans le pays
d'accueil ait été régularisé ou qu'ils aient
réussi à se faire
105
admettre dans un autre pays. En vue de cette dernière
admission les États Contractants accorderont à ces
réfugiés un délai raisonnable ainsi que toutes
facilités nécessaires.
ANNEXE 2 : PROTOCOLE DE 1967 RELATIF AU STATUT DES
RÉFUGIÉS
LES ETATS PARTIES AU PRÉSENT
PROTOCOLE,
CONSIDÉRANT que la Convention relative
au statut des réfugiés signée à Genève le 28
juillet 1951 (ci-après dénommée la Convention) ne
s'applique qu'aux personnes qui sont devenues réfugiés par suite
d'événements survenus avant le 1er janvier 1951,
CONSIDÉRANT que de nouvelles
catégories de réfugiés sont apparues depuis que la
Convention a été adoptée et que, de ce fait, lesdits
réfugiés peuvent ne pas être admis au
bénéfice de la Convention,
CONSIDÉRANT qu'il est souhaitable que
le même statut s'applique à tous les réfugiés
couverts par la définition donnée dans la Convention sans qu'il
soit tenu compte de la date limite du 1er janvier 1951,
SONT CONVENUS de ce qui suit : Article
premier
DISPOSITION GÉNÉRALE
1. Les États parties au présent Protocole
s'engagent à appliquer aux réfugiés, tels qu'ils sont
définis ci-après, les articles 2 à 34 inclus de la
Convention.
2. Aux fins du présent Protocole, le terme
«réfugié», sauf en ce qui concerne l'application du
paragraphe 3 du présent article, s'entend de toute personne
répondant à la définition donnée à l'article
premier de la Convention comme si les mots «par suite
d'événements survenus avant le 1er janvier 1951 et...» et
les mots «...à la suite de tels événements» ne
figuraient pas au paragraphe
2 de la section A de l'article premier.
3. Le présent Protocole sera appliqué par les
États qui y sont parties sans aucune limitation géographique ;
toutefois, les déclarations déjà faites, en vertu de
l'alinéa a du paragraphe 1 de la section B de l'article premier
de la Convention par des États déjà parties à
celle-ci, s'appliqueront aussi sous le régime du présent
Protocole, à moins que les obligations de l'État déclarant
n'aient été étendues conformément au paragraphe 2
de la section B de l'article premier de la Convention.
Article II
COOPÉRATION DES AUTORITÉS NATIONALES AVEC
LES NATIONS UNIES
1. Les États parties au présent Protocole
s'engagent à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés ou toute autre institution des Nations Unies
qui lui succéderaient, dans l'exercice de ses fonctions et, en
particulier, à faciliter sa tâche de surveillance de l'application
des dispositions du présent Protocole.
2. Afin de permettre au Haut-Commissariat ou à toute
autre institution des Nations Unies qui lui succéderaient de
présenter des rapports aux organes compétents des Nations Unies,
les États parties au présent Protocole s'engagent à leur
fournir, dans la forme appropriée, les informations et les
données statistiques demandées relatives :
a)
106
Au statut des réfugiés ;
b) A la mise en oeuvre du présent Protocole ;
c) Aux lois, règlements et décrets qui sont ou
entreront en vigueur en ce qui concerne les réfugiés.
Article III
RENSEIGNEMENTS PORTANT SUR LES LOIS ET RÈGLEMENTS
NATIONAUX
Les États parties au présent Protocole
communiqueront au Secrétaire général de l'Organisation des
Nations Unies le texte des lois et des règlements qu'ils pourront
promulguer pour assurer l'application du présent Protocole.
Article IV
RÈGLEMENTS DES DIFFÉRENDS
Tout différend entre les parties au présent
Protocole relatif à son interprétation et à son
application, qui n'aurait pu être réglé par d'autres
moyens, sera soumis à la Cour internationale de Justice à la
demande de l'une des parties au différend.
ANNEXE 3 : CONVENTION DE L'OUA RÉGISSANT LES
ASPECTS PROPRES AUX PROBLÈMES DES RÉFUGIÉS EN AFRIQUE DE
1969.
Nous, Chefs d'Etat et de Gouvernement, réunis
à Addis-Abeba, du 6 au 10 septembre 1969,
NOTANT avec inquiétude l'existence
d'un nombre sans cesse croissant de réfugiés en Afrique, et
désireux de trouver les moyens d'alléger leur misère et
leurs souffrances et de leur assurer une vie et un avenir meilleurs ;
RECONNAISSANT que les problèmes des
réfugiés doivent être abordés d'une manière
essentiellement humanitaire pour leur trouver une solution ;
CONSCIENTS, néanmoins, de ce que les
problèmes des réfugiés constituent une source de friction
entre de nombreux États membres, et désireux d'enrayer à
la source de telles discordes
;
DÉSIREUX d'établir une
distinction entre un réfugié qui cherche à se faire une
vie normale et paisible et une personne qui fuit son pays à seule fin
d'y fomenter la subversion à partir de l'extérieur ;
DÉCIDÉS à faire en sorte
que les activités de tels éléments subversifs soient
découragés, conformément à la déclaration
sur le problème de la subversion et à la résolution sur le
problème des réfugiés, adoptées à Accra, en
1965 ;
CONSCIENTS que la Charte des Nations Unies et
la Déclaration universelle des Droits de l'Homme ont affirmé le
principe que les êtres humains doivent jouir sans discrimination des
libertés et droits fondamentaux ;
RAPPELANT la résolution de
l'Assemblée générale des Nations Unies 2612 (XXII) du 14
décembre 1967 relative à la Déclaration sur l'asile
territorial ;
CONVAINCUS que tous les problèmes de
notre continent doivent être résolus dans l'esprit de la Charte de
l'Organisation de l'Unité Africaine et dans le cadre de l'Afrique ;
107
RECONNAISSANT que la Convention des Nations
Unies du 28 juillet 1951 modifiée par le Protocole du 31 janvier 1967,
constitue l'instrument fondamental et universel relatif au statut des
réfugiés et traduit la profonde sollicitude des États
envers les réfugiés, ainsi que leur désir d'établir
des normes communes de traitement des réfugiés ;
RAPPELANT les résolutions 26 et 104
des conférences des Chefs d'État et de Gouvernement de l'OUA dans
lesquelles il est demandé aux États membres de l'Organisation qui
ne l'ont pas encore fait, d'adhérer à la Convention de 1951
relative au statut des réfugiés et au Protocole de 1967 et, en
attendant, d'en appliquer les dispositions aux réfugiés en
Afrique ;
CONVAINCUS que l'efficacité des
mesures préconisées par la présente Convention en vue de
résoudre le problème des réfugiés en Afrique exige
une collaboration étroite et continue entre l'Organisation de
l'Unité Africaine et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés ;
SOMMES CONVENUS des dispositions ci-après
:
Article I
DÉFINITION DU TERME « RÉFUGIÉ
»
1. Aux fins de la présente Convention, le terme «
réfugié » s'applique à toute personne qui, craignant
avec raison, d'être persécutée du fait de sa race, de sa
religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain
groupe social et de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a
la nationalité et qui ne peut, ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays, ou qui, si elle n'a pas de
nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa
résidence habituelle à la suite de tels événements,
ne peut, ou en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.
2. Le terme « réfugié » s'applique
également à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une
occupation extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité.
3. Dans le cas d'une personne qui a plusieurs
nationalités, l'expression « du pays dont elle a la
nationalité » vise chacun des pays dont cette personne a la
nationalité ; on ne considère pas qu'une personne ne jouit pas de
la protection du pays dont elle a la nationalité si, sans raisons
valables, fondées sur une crainte justifiée, elle ne se
réclame pas de la protection de l'un des pays dont elle a la
nationalité.
4. La présente Convention cesse de s'appliquer dans
les cas suivants à toute personne jouissant du statut de
réfugié :
a) si cette personne s'est volontairement
réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la
nationalité ; ou
b) si, ayant perdu sa nationalité, elle l'a
volontairement recouvrée ; ou
c) si elle a acquis une nouvelle nationalité et si
elle jouit de la protection du pays dont elle a la nationalité ; ou
d) si elle est retournée volontairement
s'établir dans le pays qu'elle a quitté ou hors duquel elle est
demeurée de crainte d'être persécutée ;
108
e) si, les circonstances à la suite desquelles elle a
été reconnue comme réfugiée ayant cessé
d'exister, elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer
de la protection du pays dont elle a la nationalité ;
f ) si elle a commis un crime grave de caractère non
politique en dehors du pays d'accueil après y avoir été
admise comme réfugiée ;
g) si elle a enfreint gravement les buts poursuivis par la
présente Convention.
5. Les dispositions de la présente Convention ne sont
pas applicables à toute personne dont l'État d'asile a des
raisons sérieuses de penser :
a) qu'elle a commis un crime contre la paix, un crime de
guerre ou un crime contre l'humanité, au sens des instruments
internationaux élaborés pour prévoir des dispositions
relatives à ces crimes ;
b) qu'elle a commis un crime grave de caractère non
politique en dehors du pays d'accueil avant d'être admise comme
réfugiée ;
c) qu'elle s'est rendue coupable d'agissements contraires aux
objectifs et aux principes de l'Organisation de l'Unité Africaine ;
d) qu'elle s'est rendue coupable d'agissements contraires aux
buts et aux principes des Nations Unies.
6. Aux termes de la présente Convention, il appartient
à l'État contractant d'asile de déterminer le statut de
réfugié du postulant.
ANNEXE 4 : LOI N°2005/006 DU 27 JUILLET 2005
PORTANT STATUT DES RÉFUGIÉS AU CAMEROUN
L'Assemblée nationale a délibéré
et adopté, le président de la République promulgue la loi
dont la teneur suit :
Chapitre I : Dispositions générales
Art 1er : La présente loi porte statut
des réfugiés au Cameroun et s'applique sous réserve des
conventions internationales ratifiées par le Cameroun.
Art 2 : Est considérée comme
"réfugiée" au sens de la présente loi et
conformément à la convention de Genève du 28 juillet 1951
relative au statut des réfugiés telle qu'amendée par son
protocole de New York du 31 janvier 1967 et la convention de l'OUA
régissant les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique signée à Addis-Abeba le 10
septembre 1969 :
- toute personne qui, craignant avec raison d'être
persécutée à cause de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de
ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de
nationalité et se trouve hors du pays où elle avait sa
résidence habituelle, à la suite de tels
événements, ne peut ou, en raison de la dite crainte, ne veut y
retourner ;
- toute personne qui, du fait d'une agression, d'une
occupation extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité.
109
Art 3 : Les dispositions de la
présente loi ne sont pas applicables à toute personne à
l'égard de laquelle des raisons sérieuses permettent de penser
:
- qu'elle a commis un crime contre la paix, un crime de guerre
ou un crime contre l'humanité
;
- qu'elle a commis un crime grave de caractère non
politique et en dehors du pays d'accueil avant d'être admise comme
réfugiée :
- qu'elle s'est rendue coupable d'agissements contraires aux
objectifs et aux principes de l'Union
Chapitre II : Dispositions applicables aux demandeurs
d'asile
Art 7 : (1) Aucune personne ne peut
être refoulée à la frontière, ni faire l'objet
d'autres mesures quelconques qui la contraindraient à retourner ou
à demeurer dans un territoire où sa vie, son
intégrité corporelle ou sa liberté seraient
menacées pour l'une des raisons indiquées à l'article 2 de
la présente loi.
(2) Tout demandeur d'asile doit, à l'entrée du
territoire national, se présenter aux autorités
compétentes dans un délai de quinze (15) jours.
(3) L'autorité ainsi saisie établit un
procès-verbal détaillé indiquant l'état civil du
requérant, ses activités professionnelles, sa nationalité,
les raisons précises de son exil, les raisons du choix du Cameroun pour
son immigration et toutes informations de nature à éclairer
l'instruction de son dossier.
(4) Un sauf conduit d'une validité de deux mois non
renouvelable est délivré à l'intéressé par
l'autorité l'ayant entendu qui transmet sans délai le dossier
à la commission d'éligibilité au statut de
réfugié visée à l'article 16 ci-dessous.
(5) Une demande peut être irrecevable si le demandeur a
séjourné dans un premier pays d'asile.
Est considéré comme pays de premier asile, le
pays tiers sûr dans lequel le demandeur d'asile a été admis
en qualité de réfugié, ou pour d'autres raisons
justifiées, y jouit d'une protection et peut encore en
bénéficier.
(6) Sans préjudice des dispositions de l'alinéa
(2) ci-dessus, tout ressortissant étranger se trouvant sur le territoire
de la République et qui ne peut retourner dans son pays d'origine ou
dans le pays dans lequel il a sa résidence habituelle, pour les raisons
énoncées à l'article 2 de la présente loi est
fondé à introduire une demande d'asile sur laquelle une
décision est prise conformément aux procédures
fixées par le décret d'application de la présente loi.
Art 8 : (1) Aucune sanction pénale ne
peut être prise à l'encontre d'une personne qui, du fait de son
entrée ou de son séjour irréguliers sur le territoire
national, arrivant directement du territoire où sa vie ou sa
liberté seraient menacées au sens de l'article 2 de la
présente loi, sous réserve qu'elle se présente sans
délai aux autorités nationales visées à l'article
7. Lorsque ladite personne a été interpellée pour des
raisons d'enquête, la garde à vue ne doit pas dépasser
vingt-quatre (24)
Chapitre III : Droits et obligations des
réfugies
Art 9 : Sans préjudice des
dispositions des chapitres I et II énoncées ci-dessus, tous les
droits fondamentaux et les dispositions prévues aux chapitres II, III,
IV et V de la Convention de Genève relative aux réfugiés
du 28 juillet 1951 et celle de l'OUA du 10 septembre 1969 relative
aux réfugiés s'appliquent à tout
réfugié régulièrement installé au Cameroun
et dans la limite
des droits accordés aux nationaux. Ceux-ci concernent,
entre autres :
- la non-discrimination ;
- le droit de pratiquer sa religion librement ;
- le droit à la propriété ;
- la liberté d'association ;
- le droit d'ester en justice ;
- le droit au travail ;
- le droit à l'éducation ;
- le droit au logement ;
- le droit à l'assistance sociale et publique ;
- la liberté de circulation ;
- le droit d'obtenir des titres d'identité et des
documents de voyage ;
- le droit au transfert des avoirs ;
- le droit à la naturalisation.
110
ANNEXE 5: Guide d'entretien pour chefs et/ou notables
et les autorités administratives
111
Région : Département :
Arrondissement
:
Commune : District : Village :
Localité :
Statut de l'enquêté(e):
Date de l'enquête (jj/mm/aaaa) :
|------|------|/|------|------|/|------|------|------|
|
Le présent guide d'entretien se situe essentiellement
dans le cadre de la recherche académique. Il a pour but d'évaluer
les dynamiques migratoires et le processus d'acquisition des terres pour
installer pour les réfugiés.
Nous vous serons reconnaissants de l'attention que vous
voudriez bien accorder à sa réalisation harmonieuse en nous
apportant des éléments d'informations dont nous vous garantissons
la confidentialité et l'anonymat. Ces informations ne seront
utilisées qu'à des fins de notre recherche.
Nous vous remercions d'avance pour votre franche et
sincère collaboration.
A : Statut sociale de
l'enquêté
N°
|
QUESTIONS
|
MODALITES
|
REPONSES
|
SAUTS
|
Q101
|
Sexe du répondant
|
1. Masculin
2. Féminin
|
/__/
|
|
Q102
|
Age de l'enquêtée
|
1. [25-29] 6. [50-54]
2. [30-34] 7. [55-59]
3. [35-39] 8. [60-64]
4. [40-44] 9. [65-69]
5. [45-49] 10. [70 et +
|
/__//__/
|
|
Q103
|
Région d'origine de l'enquêté
|
1. Extrême Nord 6.
Ouest
2. Nord 7. Littoral
3. Adamaoua 8.Nord-Ouest
4. Est 9. Sud-ouest
5. Sud 10. Centre
11. Autres (si étranger)
|
/__//__/
|
|
Q104
|
Groupe ethnique
|
1. Ewondo 5. Douala
2. Eton/Boulou 6. Grand Nord
3. Bassa 7. Bamiléké
4. Yambassa 8. Autres ......
|
/__//__/
|
|
Q105
|
Quelle religion pratiquez-vous ?
|
1. Aucune 6. Eglise de réveil
2. Catholique 7. Témoin de
Jéhovah
3. Protestant 8.Bouddhiste
4. Pentecôtiste 9. Autres
5. Musulmane
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B : Présence et installation des
réfugiés dans les camps
Objectif : Collecter des informations
auprès des chefs et notables sur les normes traditionnelles de gestion
des terres, les modalités d'accès aux terres par les
réfugiés, les modalités de rétrocession par
ceux-ci, les représentations sociales associées à leur
présence et leur installation dans le village, et la question des
conflits (éventuellement).
1 : Description et historique du village - Nom
du village. Où se situe-t-il ?
112
- Comment s'est-il installé ?
- Quels sont les limites ? (Indiquez-les).
- Quels sont les voisins ? Ont-ils changé au fil du temps
?
2 : Organisation traditionnelle des espaces dans le
village riverain
Comment appelle-t-on la terre dans la langue parlée ici ?
Qu'est-ce qu'elle représente pour les membres du village ? Comment est
reparti le patrimoine foncier du village ? (Il s'agit de voir en profondeur si
les terres sont reparties par famille ? par clan ? ou globalement en
accès libre pour la communauté)
Existe-t-il une terre commune (appartient au village et pas
à un individu précisément) pour tous les membres du
village ? Si oui quelle est sa fonction ? Comment chacun l'utilise ?
Existent-ils des terres que personne (y compris les notables)
ne peut utiliser ? Si oui que représentent ces terres pour le village
?
3 : Normes traditionnelles d'accès aux terres pour
les fils et filles du village
Comment les réfugiés de ce village font-ils pour
avoir la terre ? Comment peuvent-ils l'utiliser ? Peuvent-ils la vendre ? Si
oui comment ? Si non pourquoi ?
4 : Normes traditionnelles d'accès aux terres
pour les étrangers (étrangers : non natif d'une autre
région, non natif d'un autre pays)
Un étranger au village peut-il avoir une terre dans ce
village ? Si oui comment procède-t-il ? Quelles sont les
modalités d'accès ? Quelle est l'étendue de ses droits ?
En cas de départ hors de la communauté, comment
procède-t-il ? Peut-il la vendre ? Quels sont les mécanismes de
rétrocession ?
5 : Perception de l'accès aux terres par les
refugiés
Y a-t-il des réfugiés qui travaillent ou sont
actuellement installés sur les terres de ce village ? Que pensez-vous de
leur présence ? (Laisser l'enquêté aller jusqu'au bout,
selon sa propre logique, la question peut être sensible et les relances
mal interprétées)
Êtes-vous prêt à concéder des
espaces aux réfugiés ? Si oui quelles en sont les conditions ? Et
à quelle échelle ? Si non quelles en sont les raisons ?
Y a-t-il des espaces qui ne peuvent être
concédés aux réfugiés ? Et quelles en seraient les
raisons ?
Pensez-vous que dans le village il y aurait des
réticences quant à la cession des terres aux
réfugiés ? Si oui pourquoi ?
Avez-vous déjà enregistré des conflits
entre les réfugiés et les populations de votre village ? Quelles
étaient les causes ? Comment avez-vous géré ?
6 : Perceptions de l'accès des
réfugiés aux terres
Comment les étrangers accèdent-ils aux terres ?
Quelle est l'étendue de leurs droits sur les terres ? Peuvent-ils les
transmettre à leurs descendants ? Peuvent-ils les vendre ? Si non
pourquoi ?
Y a-t-il des réfugiés installés dans
votre village ? Que pensez-vous de leur présence ? Que pensez-vous de
leur accès aux terres ?
Quelles seraient les meilleures conditions de leur
accès aux terres ? Quelle serait l'étendue idéale de leurs
droits ? Quelles seraient les limites de leurs usages ? Et pourquoi ? Sous ces
conditions, pensez-vous qu'ils seraient en sécurité ?
ANNEXE 6 : Guide d'entretien pour les
refugiés
113
Objectif : Collecter des informations
auprès des refugiés identifiables empiriquement dans les sites de
réfugiés ;
1 : Description des catégories
concernées :
Sexe, âge, statut matrimonial, nombre d'habitants au
sein du ménage
2 : Représentation de la terre
Pour vous que représente la terre ? Que couvre-t-elle ?
Quelles sont les ressources associées à la terre qui sont
indispensables pour votre vie ?
Description des activités
Quelles sont vos principales activités ? Quelles sont
les difficultés auxquelles vous faîtes face ?
3 : Accès à la terre
Disposez-vous actuellement de terres où mener vos
activités ?
Si oui : Pouvez-vous estimer la superficie ? Quelles ont
été les modalités d'accès ? Auprès de qui ?
Quelle est l'étendue de vos droits sur ces terres ? Vous sentez vous en
sécurité sur ces terres ? Si oui/non pourquoi ?
Si non : Êtes-vous seul-e- à vivre cette
situation ? Quelles sont selon vous les raisons ? Comment vivez-vous cette
situation ?
4 : Représentation réfugié et
foncier
Que pensez-vous de la situation foncière des
réfugiés (femmes, jeunes) dans le site ? Quelles sont les mesures
qui selon vous favoriseraient un accès sécurisé aux terres
pour ces catégories ?
Merci pour votre disponibilité.
UNIVERSITE DE YAOUNDE II THE UNIVERSITY OF
YAOUNDE II
INSTITUT DES RELATIONS
INTERNATIONALES
DU
CAMEROUN
859, Rue de Kribi/7001
Yaoundé 3
B.P. :
1637 Yaoundé
Tél: 222 31 03 05
Fax: (237) 22 31 89 99
E-Mail:
contact@iricuy2.net
Site Web:
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INTERNATIONAL RELATIONS
INSTITUTE OF
CAMEROON
859, Kribi Street /7001
Yaoundé 3
P.O Box: 1637 Yaoundé Tel: 222 31 03 05 Fax: (237) 22 31
89 99
E-Mail: contact@iricuy2.net
Website:
www.iricuy2.net
Master en Relations Internationales
Filière : Coopération internationale,
Action Humanitaire et Développement Durable Option : Coopération
au Développement et Action Humanitaire
PROJET WORK
PROJET D'APPUI POUR LA SCOLARISATION DES ENFANTS DES
ZONES À
FORTS DÉFIS
Projet work rédigé,
présenté et soutenu en vue de l'obtention du diplôme de
master en Relations Internationales
Par :
JUNIOR CHATELAIN AVORE SIMBE
Géographe-urbaniste
Sous la Supervision de :
Pr. ABDOUL AZIZ YAOUBA Maitre de
conférences
Sous la Direction de:
Dr. OUSMANOU NWATCHOCK A BIREMA Maitre-Assistant
en sciences politiques
Année académique 2021-2022
1
2
SOMMAIRE
1
I. INTRODUCTION 2
A. Les objectifs de l'appel 2
B. Publics cible visés 2
C. Éventuelles références et lien
internet de l'appel 2
D. Durée minimale et maximale indiquée 2
E. Zone géographique visée par l'appel 3
F. Possibilité prévues pour la constitution du
partenariat du partenariat et
financement prévu 3
II. Description de l'action 4
III. Pertinence 5
A. La situation avant le projet est la suivante 5
B. Description du groupe cible et des
bénéficiaires finaux 6
C. Besoins et limites du groupe cible 6
D. Processus de participation des groupes cibles et des
bénéficiaires finaux 7
IV. Valeur ajoutée de l'action 7
2
I. INTRODUCTION
A. Les objectifs de l'appel
L'objectif principal de cet appel est d'assurer la
continuité de l'éducation dans des zones où le
système éducatif est affecté par la crise
sécuritaire.
Comme objectifs spécifiques nous avons :
ü Permettre un accès inclusif à une
éducation formelle de qualité, pour les enfants
déscolarisés déplacés et les populations
hôtes, par le développement des capacités d'accueil des
écoles formelles des territoires refuges et la mise en place
d'activités favorables à la qualité des enseignements et
des apprentissages ;
ü Développer / promouvoir des alternatives
d'éducation adaptées pour les enfants non scolarisés des
populations déplacées et des populations hôtes dans les
territoires refuges avec la mise en place de formules de Stratégie de
Scolarisation Accélérée / Passerelle (SSA/P) ;
ü Favoriser la résilience des enfants en
situation de grande vulnérabilité notamment les filles, des
enseignants et des acteurs de la communauté éducative,
grâce à des mesures spécifiques de prévention et de
protection dans les espaces éducatifs et dans la communauté.
B. Publics cible visés
Le public concerné est composé des enfants en
âge de fréquenter le cycle d'éducation de base (primaire et
post-primaire). Le Projet couvrira en priorité les besoins
éducatifs des enfants précocement déscolarisés ou
non scolarisés des populations déplacées et des
populations hôtes, en apportant des réponses pertinentes et
adaptées au contexte d'urgence.
C. Éventuelles références et lien internet
de l'appel
Nous avons trouvé cet appel à projet sur le
site de l'Agence Française de Développement (AFD). Via le site
https://www.afd.fr/fr/appels-projets.
D. Durée minimale et maximale indiquée
Ce projet durera 30 mois. Un lancement effectif est
prévu pour juin 2020, mais idéalement les activités
peuvent être préfinancées par des ONG. Il est
nécessaire de préciser les activités pouvant être
réalisées pendant les vacances scolaires et la saison des pluies.
Le projet sera mis en oeuvre selon le calendrier suivant.
3
V' Appel à projets ouvert : 24 février 2020
V' Date limite de réception des propositions (+8 semaines)
: 20 avril 2020
V' Comité d'ouverture des propositions : 22 avril 2020
V' Sélection des ONG contractées : 6 mai 2020
V' Achèvement de l'évaluation avec des
ONG/consortiums sélectionnés : mai 2020
V' Signature du contrat : début juin 2020
V' Début du projet : été 2020
V' Fin de projet : 30 mois après le début
E. Zone géographique visée par l'appel
La zone d'intervention du projet couvrira principalement les
3 provinces du Centre Régional Nord (Bam, Namentenga et Sanmatenga) et
éventuellement les provinces limitrophes touchées par
l'insécurité. La sélection de ces provinces du Centre-Nord
repose sur cinq critères : nombre de déplacés internes,
reflétant l'importance de la demande de scolarisation et la pression sur
l'offre scolaire, nombre d'élèves touchés par les
fermetures d'écoles, couverture des besoins (présence
opérationnelle des agents d'urgence et financement), les conditions de
sécurité et d'accessibilité à ce jour, et la
continuité géographique de la cible de zone ciblée.
F. Possibilité prévues pour la constitution du
partenariat du partenariat et financement prévu
Les organisations sélectionnées doivent
répondre aux critères suivants :
V' Avoir une licence pour opérer dans le pays selon les
réglementations locales. Il existe des éléments
spécifiques qui démontrent la capacité. Une
évaluation des problèmes et des risques de sécurité
dans la zone cible de l'intervention et une expérience antérieure
dans au moins une des zones désignées comme zones à haut
défi de sécurité au Burkina Faso.
V' Démontrer une forte capacité à
interagir avec l'agence AFD du Burkina Faso et le MENAPLN. Lors de
l'évaluation des propositions, une attention particulière sera
accordée à la mise en oeuvre du SSEZDS et à la
clarification des mesures avec des mécanismes de suivi et de rapport au
MENAPLN.
ü
4
Possède une base territoriale et est acceptée
par les communautés dans les zones avec un afflux important de personnes
déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI).
La région Centre-Nord, qui accueille actuellement le plus grand nombre
de déplacés internes et où les tensions
intercommunautaires sont fortes, est une priorité vitale de la logique
de « réponse » compte tenu de l'ampleur de la crise et du
manque de financement. Toutefois, pour la continuité des services
éducatifs, le projet couvrira également tout ou partie des
États frontaliers de la région Centre Nord.
ü justifier de l'expérience de mise en oeuvre de
projets pédagogiques en situation d'urgence, selon la nature de
l'activité proposée ;
ü Posséder une compétence
pédagogique pour mettre en oeuvre des activités répondant
aux standards et normes liés à la qualité de
l'enseignement et de l'apprentissage au Burkina Faso.
Démontrer sa capacité à mettre en oeuvre
des projets à grande échelle : l'ONG candidate dispose de solides
instruments de contrôle financier et administratif, de mise en oeuvre, de
suivi et d'évaluation pour assurer une gestion financière
transparente des 3 millions d'euros nécessaires. De plus, le budget
annuel du projet soumis ne doit pas dépasser 35% des ressources
annuelles moyennes de l'organisation mettant en oeuvre le projet au cours des
trois derniers exercices accrédités. Le budget annuel du projet
représentera jusqu'à 70 % de la moyenne annuelle des ressources
pour les trois dernières années certifiées, surtout si la
capacité n'est pas compromise par le leadership du personnel
présent et des administrateurs de l'organisation mettant en oeuvre le
projet. Possibilité.
Le budget total du projet est de trois millions (3 000 000)
d'euros. Ce budget est destiné à couvrir tous les coûts
associés à la mise en oeuvre du projet. Les fonds peuvent couvrir
100% du budget TTC des projets présentés par les ONG. Cela prend
en compte les coûts opérationnels associés à la mise
en oeuvre du projet, les coûts de suivi du projet, les réunions du
comité et les coûts structurels des ONG. La ventilation des
coûts comprend divers événements imprévus
jusqu'à 10 % du budget total. Les frais d'examen sont estimés
à environ 3 %.
II. Description de l'action
A- Les circonstances dans lesquelles cette action est
entreprise sont qu'il y a une crise sécuritaire croissante dans la
région et qu'il y a une migration à grande échelle de
la
5
population vers les régions susmentionnées. La
région Centre-Nord, qui accueille actuellement le plus grand nombre de
déplacés internes et où les tensions intercommunautaires
sont fortes, est prioritaire dans la logique d'une réponse
impérative face à l'ampleur de la crise et au manque de
financement de ses besoins.
B- Considérant l'objectif principal de réduction
de l'analphabétisme dans les régions de Bam, Namentenga et San
Matenga au Burkina Faso, cette action comprend un éventail de
stratégies et de mécanismes qui permettront de réduire le
nombre d'enfants déplacés internes. Je ne vais pas à
l'école. Il s'agit maintenant de développer ces différents
dispositifs pour proposer des activités et des actions pour
l'éducation de ces enfants, leur meilleure prise en charge et la
formation de différents éducateurs, dans deux buts
précis.
Les différents acteurs des actions C sont : Les ONG et
les organisations de la société civile locale qui ont besoin
d'établir des partenariats pour faciliter le travail de l'action. Cadre
pédagogique. D- Ainsi, les différentes activités comptent
les enfants non scolarisés dans divers domaines, sensibilisent chaque
parent des enfants nommés, prennent en charge les frais de
scolarité de chaque enfant répertorié et les fournitures
scolaires, forment les enseignants potentiels, et construisent
(complétent) et développent écoles (existantes).
III. Pertinence
La pertinence de cette action contribuera à
l'amélioration de l'égalité d'accès à une
éducation de qualité et à l'offre de scolarisation
continue des enfants déplacés et des groupes d'accueil
affectés par la crise sécuritaire dans la région du
centre-nord. En outre, il couvre principalement les besoins éducatifs
des enfants défavorisés sur le plan éducatif qui ont
abandonné l'école ou sont issus de groupes
déplacés. Nous offrons également une éducation de
qualité à tous les enfants.
A. La situation avant le projet est la suivante
La région du Centre-Nord abrite 270 476
déplacés internes, soit 48 % des 560 033 déplacés
internes du pays identifiés par le CONASUR au 31 décembre 2019.
Cependant, ces chiffres cachent des différences importantes au sein de
la région. Sanmatenga accueille 40,38% des déplacés
internes, tandis que Bam et Namentenga accueillent respectivement 9,6% et
5,59%. Ces personnes déplacées sont souvent très
démunies, sans emploi ni revenu. Si l'on considère les enfants
d'âge scolaire (6-15 ans) issus de ces mouvements, le groupe cible
comprend 58 679
6
enfants à San Matenga, dans la seule région du
Centre Nord. Il est suivi de près par 56 609 Soum (région
sahélienne), Bam 20 375 (région Centre-Nord), Oudalan 8 552
(région sahélienne), Namentenga 8 261 (région Centre-Nord)
et Loroum 7 002 (région Nord). Ces grandes tendances devraient se
poursuivre compte tenu des différences entre États. Cependant,
les données peuvent fluctuer en fonction de l'évolution de la
situation en matière de sécurité. Les
événements récents de novembre ont entraîné
la fermeture d'écoles dans le district de Ouindigui, provoqué des
expulsions et augmenté le nombre d'élèves de Lorum
touchés par l'insécurité. La pression sur l'offre scolaire
par le grand nombre de déplacés internes à Bam, Namentenga
et San Matenga surtout dans la région du Centre Nord, les 87 315 enfants
de 6 ans qu'ils accueillent, et les conditions de sécurité et
d'accessibilité au Centre Nord est un domaine prioritaire pour ce
projet.
B. Description du groupe cible et des
bénéficiaires finaux
En termes d'élèves touchés par les
fermetures d'écoles, la région la plus touchée est le
Sahel, avec 61 938 élèves, dont 33 873 dans la province du Soum.
Viennent ensuite le Nord (34 562 élèves dont 22 905 à
Lorum), le Centre Nord avec 26 226 élèves dont 19 000 à
San Matenga, et la Boucre du Mouffoon avec 23 086 élèves dont 17
000 à Slough. Si l'on considère le nombre total d'enfants
déplacés de six ans, 51 % de la population active est
concentrée dans le centre-nord, 39,5 % dans le Sahel et 5,6 % dans le
nord. De toutes ces données, il ressort que le centre-nord est la zone
habitée majoritairement par les étudiants déplacés
des régions sahéliennes et septentrionales.
La région du Centre-Nord abrite 270 476
déplacés internes, soit 48 % des 560 033 déplacés
internes du pays enregistrés auprès du CONASUR au 31
décembre 2019. Viennent ensuite le Sahel avec 212 298 (37,9%) et le Nord
(38 244 soit 6,8%). Cependant, ces chiffres cachent de grandes
différences au sein de la région. San Matenga (centre-nord)
accueille 40,38% des PDI, suivi par la province voisine du Soum (Sahel) avec
27,32%, Bam et Namentenga (centre-nord) avec respectivement 9,6% et 5,59%, et
Lorum (sud-est). Région Nord) 4,74 %. Ces personnes
déplacées sont souvent très démunies, sans emploi
ni revenu.
C. Besoins et limites du groupe cible
Les besoins comprennent la scolarisation, l'éducation
et la protection. Les limites comprennent les limites de
sécurité, les inégalités, la qualité de
l'apprentissage et les limites financières. La pertinence de la
proposition par rapport aux besoins et contraintes du groupe
7
cible est de répondre aux contraintes de qualité
d'apprentissage et aux contraintes financières. Il répond
également aux besoins de ce groupe cible.
D. Processus de participation des groupes cibles et des
bénéficiaires finaux
Le projet veille à suivre autant que possible une
approche participative et inclusive, mettant l'accent sur les
communautés (y compris les enfants) et les gouvernements locaux tout en
respectant les privilèges que les politiques nationales
d'éducation confèrent à chaque catégorie d'acteurs.
Cela est particulièrement vrai si l'activité proposée
concerne des interventions touchant aux fonctions régaliennes du MENAPLN
(formation des enseignants, pédagogie, pédagogie et
administration), des activités relevant de la compétence des
communes, notamment des communes. (Surtout scolaire). La mobilisation
communautaire et la participation à la conduite des activités
doivent être une approche transversale.
Les activités doivent être basées sur une
approche participative qui implique les acteurs locaux (élèves,
enseignants, etc.) dans la cartographie des vulnérabilités
spécifiques dans chaque zone d'intervention du projet et la
définition de plans d'urgence. Les actions proposées doivent
être justifiées par une analyse approfondie de la
vulnérabilité de la zone cible et des facteurs d'exclusion du
système scolaire. La participation communautaire
(bénéficiaire et non bénéficiaire) est
encouragée dans l'identification, le suivi et l'évaluation des
activités.
IV. Valeur ajoutée de l'action
La valeur ajoutée de cette activité est qu'elle
est innovante dans le sens d'une initiative. En effet, il vise à former
les enseignants restants après l'achèvement du projet et à
maintenir le cap en matière de prise en charge des enfants
déplacés internes dans la région. Crise sécuritaire
au Burkina Faso. Cette action nous permet également de connaître
les véritables besoins des déplacés internes. Les conflits
sont en cours dans le monde et cette action souligne les initiatives durables.
Enfin, l'action promeut les droits des déplacés internes en
prônant l'égalité des chances et une éducation de
qualité pour tous.
8