5-Le financement de l'émergence du Cameroun
S'interroger sur le financement de l'émergence du
Cameroun est loin d'être un exercice superflu encore moins
superfétatoire car l'émergence ne se résume pas aux
discours politiques. Mais, l'émergence est davantage le fruit d'une
construction permanente par les acteurs sociaux en général et en
particulier les acteurs institutionnels qui nécessitent un ensemble de
moyens. L'émergence comme toute politique publique, nécessite un
ensemble de moyens financiers pour être effective.
Dans sa perception des économies de l'Afrique noire en
général, le diplomate et politologue Jean-Claude SHANDA TONME
nous fait comprendre que ce sont des économies d'imprévision
structurées par des projets mal pensés, mal ficelés qui ne
répondent pas aux besoins de la population. Il nous fait
également comprendre que ses projets qui dans leurs conceptions sont
d'abord mal pensés, n'est pas à l'abri d'une crise de financement
nécessaire à leurs réalisations. A ce sujet, il
déclare que :
Presque au même moment, plusieurs grands projets ont
été lancés, soi-disant
dans le cadre d'une politique des grandes ambitions.
Seulement, tous les projets
ont été tellement mal conçus et mal
ficelés pour ce qui est des financements, que
l'on se demande à quoi ressemblera la finalité
dans dix ans.101
Il est également important de souligner que
l'émergence qui est une construction non
seulement des acteurs étatique mais également de
l'ensemble de la population, nécessite de ce point de vue aussi bien les
moyens humains, financiers que matériels. Suivant cette logique, dans
les sous-sections suivantes, nous nous intéresserons davantage aux
moyens financiers qui sont engagés par les pouvoirs publics pour
permettre à ce pays d'atteindre son émergence car comme le fait
remarquer Jean Didier BOUKONGOU, « il ne suffit pas de déclamer
des plans d'action et des programmes ; encore faut-il se doter des ressources
suffisantes, indiquer les stratégies de financement et trouver les
moyens adéquats en corrélation avec l'environnement
économique et juridique actuel ».102
'°°Daniel ETOUNGA
MANGUELE, Le Cameroun : une exception africaine ?
Yaoundé SHERPA, 2004, p.58.
'°'SHANDA TONME, La
malédiction de l'Afrique Noire : De la négritude à la
négrocratie, Paris L'Harmattan, 2011, p. 82.
'°2Jean Didier
BOUKONGOU, « L'Afrique, responsable du financement de son
émergence », in Jean Didier BOUKOUNGOU, (sous
dir), L'émergence de l'Afrique, Yaoundé, Presse de
l'UCAC, 2015, p.86.
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Nous observons à ce niveau à la suite de Jean
Didier BOUKONGOU que certains projets et politiques de développement
implémentés en Afrique général (le Plan d'action de
Lagos, les objectifs du millénaire pour le développement) ont
échoués à cause d'un manque de financement. L'auteur pense
que le financement de l'émergence de l'Afrique en général
sera l'oeuvre de la solidarité internationale telle que
prônée par les Nations unies. A ce sujet, il écrit : «
non pas qu'il s'agisse de s'en contenter, il est pertinent d'admettre
qu'actuellement, le premier levier de financement du développement de
l'Afrique est la solidarité internationale prévue par la charte
des Nations Unies ».103
En nous référant au projet d'émergence du
Cameroun, nous nous sommes rendu compte qu'en ce qui concerne le financement de
cette politique publique, plusieurs acteurs vont intervenir en occurrence
l'Etat, le secteur privé et les ménages.
5.1-L'Etat
Il tire l'essentiel de ses revenus des recettes fiscales et
non fiscales, des emprunts obligataires ainsi que les emprunts sur le
marché international, les revenus de placement, l'apport
extérieur des capitaux et des techniques plus connu sous le nom de
l'aide public au développement (les prêts et les dons) et les CTD
(collectivités territoriales décentralisées) qui
constituent une source supplémentaire de cette émergence.
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