1.2. FACTEURS SOCIOECONOMIQUES
Dans la conférence tenue à Alma Ata en 1978, les
organisations internationales dont l'OMS ont fixé les objectifs de la
santé pour tous d'ici l'an 2000, visant l'accès universel de la
population mondiale aux soins de santé primaires.
(OMS, 1978)
Cependant, la crise financière des années 80 qui
a frappé le monde et surtout les pays africains sans épargner la
RDC, les restrictions budgétaires imposées par les instances
financières notamment la FMI et BM ont occasionné la
réduction du budget alloué à la santé. Cette
situation a contraint ces pays à mettre fin à la gratuité
des services des soins entraînant comme conséquence la
détérioration de la qualité des soins et la sous
utilisation de services de santé.
Dans la
province du Sud-Kivu en RDC, une enquête socioéconomique et
d'accessibilité aux soins démontre que les conditions
socioéconomiques précaires dans lesquelles vivent les populations
ne permettent pas à la population d'accéder facilement aux soins
de santé de base (MALTESER, 2004).
1.1.7. Revenu du ménage
Dans son ouvrage les fondements de l'économie de la
santé, PHELPS note que, comme pour tout autre bien économique, la
demande des soins médicaux, dépend des revenus. Des revenus plus
important créent une demande des soins plus importante (PHELPS,
1995).
Selon l'OMS, la pauvreté conduit à une grave
insuffisance d'utilisation des services de santé
(OMS, 2002).
Dans une thèse de Doctorat soutenue au TOGO, les
résultats démontrent que le revenu joue un rôle sur
l'utilisation des services des soins « le financement de la santé
est reparti de la manière suivante : 11% par des fonds publics, 84% par
les ménages et 5% par les aides diverses. Cependant 72,2% de la
population vit avec moins d'un dollar par jour. Les togolais ne consultent pas
le médecin immédiatement car ils savent que le prix de la
consultation pourra engloutir le budget mensuel de la famille. Ils
commenceront par voir un infirmier qui parfois porte le nom seulement, mais qui
demandera d'acheter quelques produits.» (HOUNKPATI,
2007).
L'enquête menéeau Burundi sur les soins des
personnes vulnérables révèle que plus de 17% de la
population ne se rend pas à une simple consultation principalement pour
des raisons financières, 82% de ces malades ne consultent pas par manque
d'argent. Parmi les patients qui ont trouvé le moyen financier de payer
la consultation, certains n'ont pas eu l'argent nécessaire pour un
traitement ne serait-ce que partiel. Pour payer la consultation et se soigner,
la majeure partie des Burundais est contrainte de recourir à des moyens
extrêmes, tel l'endettement ou la vente d'un bien, les poussant dans une
pauvreté encore plus grande (MSF/Belgique, 2004).
Une étude menée dans la ZS de MINOVA en RDC dans
la province du sud Kivu affirme la relation entre revenu du ménage et
utilisation des services de santé. Selon cette étude, le faible
pouvoir d'achat des populations ne permet ni aux structures de soins de
s'autofinancer ni aux pauvres d'accéder aux soins de santé. La
pauvreté de la population et la précarité des revenus
expliquent le fait que les ménages ne parviennent pas à couvrir
les soins, 60% d'individus vivent avec moins d'un dollar par jour (KIBALONZA,
2009).
L'enquête menée en 2005 par CIF/SANTE Nord Kivu
sur l'accessibilité aux soins de santé dans la province du Nord
Kivu, révèle que la santé constitue un problème
prioritaire de la population: 44% des ménages ont vendu un bien de
valeur pour recourir aux soins.
1.1.8. Coût des soins
Une étude sur les priorités de l'économie
de la santé en Afrique confirme la relation"coût des soins -
utilisationdes services de santé" en ces termes: « De nos jours, il
n'est pas étonnant de s'entendre dire ici les gens n'ont pas de sous,
ils préfèrent mourir avec leurs maladies». La
généralisation du recouvrement du coût imposé par
les bailleurs des fonds dans les formations sanitaires n'a-t-elle pas
transformé celles-ci en centres des soins payant «pas d'argent, pas
de soins» au point d'en vider les structures, les tarifs de consultation
très élevés pour 59% des populations pauvres constitue la
première cause de non consultation »(afhea.org).
Une autre étude menée par la DEP
révèle que 10% des ménages interviewés n'ont eu
recours à aucun traitement pour se faire soigner y compris avec des
plantes médicinales par manque d'argent dans 79% de cas. Le
problème de manque d'argent (78,81%) et du coût excessif (11,02%)
constituent à 90% le motif principal de renoncement aux soins de
santé dans un établissement moderne des soins(MSP/RDC, 2004).
Ainsi, bon nombre de personnes n'utilisent pas les services de
soins de santé car le coût des soins est supérieur à
leurs avoirs.
1.1.9.
Le chômage
La part majeure du financement des soins reposant sur les
ménages (70%),le chômage ne peut qu'entrainer une sous utilisation
des services de santé (MSP/RDC, 2004).
Au Togo, une étude sur l'utilisation de soins de
santé illustre l'impact du chômage sur cette
dernière,l'appartenance de la personne malade à un ménage
dont le chef est issu d'un groupe socioéconomique donné a une
influence sur l'utilisation des soins médicaux. L'utilisation des
structures sanitaires par les malades appartenant aux ménages dont le
chef est salarié du secteur de l'Etat ou privé est plus forte
avec des proportions respectives de 88 et 72%, que ceux dont le chef est
inactif ou chômeur, 61% suivis des agriculteurs avec 58% (tg.undp.org).
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