Chapitre I. GENERALITES SUR LE COMPORTEMENT DES MENAGES
SUR L'UTILISATION DE SERVICE DE SANTE
1.1. FACTEURS SOCIOCULTURELS
1.1.1. Niveau d'instruction du chef de
ménage
Au Sénégal, cinq femmes sur dix au village de
médina ne fréquentent pas les structures sanitaires pour la CPN
suite au niveau d'instruction très bas(TABARA,
2002).
Les résultats d'une enquête dans les
ménages réalisée à Nouna, au Burkina Faso, sur les
déterminants du premier recours à un système des soins de
santé et de la fidélité du patient au système
choisi démontrent que le niveau d'études en est l'un des facteurs
(MUGISHA, 2004).
En RDC, une étude menée sur la «
santé pour tous : identification des facteurs explicatifs de
l'accessibilité aux soins de santé » pour un
échantillon de 289 ménages, dans la commune de Ngaba à
Kinshasa, révèle qu'il y a une interdépendance entre
l'accessibilité, la religion, le revenu et la prise en charge des soins
par les ménages. Il ya également une relation entre le niveau
d'instruction et l'accessibilité aux soins
(KABELA, 2004).
La relation entre l'utilisation des services de santé
et le niveau d'instruction du chef de ménage est un facteur important
car un chef de ménage ignorant, qui ne connait pas l'importance des
structures de santé ne peut pas consulter ou faire consulter ceux qui
sont sous sa responsabilité.
1.1.2.
Appartenance à une mutuelle de santé
Bon nombre de chercheurs ont affirmé qu'appartenir
à une mutuelle de santé favoriserait l'utilisation des structures
de santé.
Une étude menée en France démontre que
les personnes bénéficiant d'une assurance complémentaire
engagent des dépenses ambulatoires supérieures de 29% à
celles des personnes qui en sont dépourvues(RAYNAUD, 2005).
Au Rwanda, dans une étude sur la contribution des
mutuelles de santé à l'accessibilité de la population aux
soins de santé, BAYEGE (2005)explique que six ans après le
démarrage des mutuelles de santé dans le district de Byumba,
l'utilisation des services de santé a doublé passant de 21% en
1999 à 48% en 2003.
Par ailleurs, dès lors que la barrière
financière à l'accessibilité aux soins de santé est
enlevée par les MS, en cas de maladie les membres sont susceptibles
d'utiliser 4 fois plus que les non membres les services de santé
modernes(MSP/RWANDA, 2004).
En 2009, RAMAN et BARTHES dans une étude sur le fond
d'achat des services de santé dans le Kassaï occidental (RDC),
comparent le système de financement des soins au Rwanda et la RDC
etarrivent à une conclusion, qu'on ne peut comparer le Rwanda et la RDC
en ce qui concerne l'utilisation des services de santé du fait que le
système de financement rwandais est basé sur les mutuelles de
santé.
1.1.3. La confiance envers le personnel
soignant
Il convient de dire que même si les structures des soins
sont à la portée de la population, il sera difficile à
cette dernière de les fréquenter si elle n'espère pas
trouver guérison ou le rétablissement de sa santé.
Les déterminants du premier recours à un
système des soins de santé et de la fidélité du
patient au système choisi sont différents. Pour les services de
santé, la qualité perçue des soins était non
seulement aussi déterminante mais à elle seule prédictif
positif pour la fidélité du patient à une FOSA (MUSHIGA,
2004).
Une étude menée en RDC analyse les
déterminants de choix des populations pour les centres de santé
par une enquête de comportement des ménages sur un
échantillon représentatif de 1000 ménages, dans les zones
de santé de Kinshasa. Ses résultats expliquent que si les
populations choisissent les soins offerts par le centre de santé, c'est
parce qu'elles les jugent de bonne qualité. Des soins
intégrés et offerts par le même technicien, de formation
requise, sont un atout majeur à l'acceptabilité du premier
échelon des soins de santé primaires à Kinshasa(MANZAMBI, 2009).
1.1.4. L'automédication
Différentes études ont démontré
que l'automédication par la population constitue l'un des facteurs du
non consultation dans les services des soins de santé.
A ce sujet, un travail effectué au Tchad sur
l'étude socio économique, le coût et accessibilité
des populations aux soins de santé révèle que 61 % de la
population font recours aux structures de santé lorsqu'ils sont malades,
20% vont chez les tradi-praticiens et 19% font recours à
l'automédication (ITAMA , 2006).
Selon ITAMA (2006), contrairement au Tchad où seulement
19 % font l'automédication, les études effectuées en
guinées déclarent qu'en dépit de la proximité des
structures des soins de santé, 59% des personnes vivants en milieu rural
utilisent l'automédication contre 20% en milieu urbain, ce facteur est
considéré comme étant à la base de la sous
utilisation des services des soins de santé.
Au Cameroun, il a été
constaté que 80% de la population revêt un profil de consommation
de pauvre. Le manque d'argent a constitué pour l'automédication
moderne et l'abstention la raison fondamentale de la décision
thérapeutique(COMMEYRAS, 2003).
En RDC, une enquête de comportement des ménages
sur un échantillon représentatif de 1000 ménages, dans les
zones de santé de Kinshasa en 1997 a démontré 23,9% pour
l'automédication pharmaceutique et 16,9% pour l'automédication
traditionnelle (MANZAMBI, 2002).
Ainsi, des pratiques tellesque l'automédication, soins
traditionnels ont un impact négatif sur l'utilisation de services de
santé.
1.1.5.
La médecine naturelle
Une étude menée au Sénégal sur
l'utilisation et la demande des soins de santé a pu noter la
fréquentation excessive de la médecine naturelle parmi divers
facteurs qui jouent sur l'utilisation des structures de santé. Parmi les
6331 individus d'une zone de santé rurale ayant déclaré
être tombés malades durant le mois précédent le
passage des enquêteurs, 50% n'ont pas cherché les soins au moment
opportun. La majorité de la population se dirige principalement vers les
tradi-praticiens(SADIO, 1994).
L'étude faite au Tchad démontre que 20% de la
population utilisent la médecine naturelle contre 19 et 61% qui
utilisent respectivement l'automédication et la médecine moderne
(ITAMA, 2006).
En RDC l'enquête sur Les déterminants du
comportement de recours au centre de santé en milieu urbain africain
démontre que 21% avaient fait recours au tradipraticien(MANZAMBI,
2002).
Partant, même si cette proportion est moins
inquiétante, il est important de savoir la proportion qu'occupe la
médecine naturelle dans leDistrict Sanitaire de Mbujimayi, Zone de
Santé Urbaine de Kansele.
1.1.6. Fréquentation du
guérisseur ou d'une maison de prière
Un vaste champ de la recherche anthropologique et ethnologique
a démontré que dans différentes sociétés
traditionnelles, la maladie n'était pas toujours perçue de
façon rationnelle mais considérée comme prenant source
dans le monde de l'invisible. Les différentes causes de la maladie
couramment évoquées dans les sociétés
traditionnelles sont : l'incorporation d'un objet maléfique, perte d'une
âme, possession par un esprit, violation d'un interdit, agression d'un
sorcier. Dans ce contexte de perception transcendante de la plupart des
maladies, les solutions envisagées pour recouvrer la santé
passeraient le plus souvent par le recours aux guérisseurs, magiciens,
sorciers, etc. (COULIBALY, 2008).
Une étude sur les pratiques thérapeutique en cas
de paludisme chez les enfants de moins de 5 ans en milieu rural
sénégalais révèle que les parents recourent
essentiellement à la médecine moderne (même si à
cause des problèmes d'accessibilité aux centres de santé,
il s'agit essentiellement de l'automédication) et/ou aux plantes
médicinales traditionnelles en cas de fièvre. Mais, quand
l'enfant fait une crise ou convulse, la même maladie est perçue
comme ayant une cause surnaturelle et l'enfant est malheureusement conduit chez
le guérisseur traditionnel ou chez le marabout(FAYE,2004).
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